Chalut à toutes !
L'aventure reprends !
Je crois qu'il est temps de mettre fin au suspens (un peu)
Merci à mes fidèles et à ceux qui laissent un commentaire :
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Précision importante : je ne suis pas médecin (juste un peu véto parfois : ) donc je m'excuse si je commets quelques erreurs, j'ai travaillé mon sujet mais j'avoue : je fais passer mon imagination avant la rigueur quand cela m'arrange !
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Bonne lecture !
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-« Je réalise qu'Agnès a abandonné son sac tout à l'heure… »
-« Et vous pensez qu'il contiendrait des éléments intéressants ? »
-« Au moins son téléphone. Peut être quelques notes ? » Estima l'ex agent « Il faut que je retourne le chercher. J'en ai pour un instant »
-« Mieux vaut ne pas le laisser c'est sur »
-« Puisque je vais rentrer tôt, quelque chose vous tente ? Un resto ? »
-« Et les bagages ? »
-« C'est vrai. Je prendrais à emporter alors. Une envie ? »
-« Juste vous » murmura Finch puis il reprit, provocateur « Quoique, depuis un certain plongeon dans la piscine j'ai très envie d'aller m'entrainer un peu dans la mienne »
-« Et les bagages ? » paraphrasa Reese
-« C'est vrai » approuva Finch, jouant le jeu « J'attendrais notre retour alors»
Reese eut un sourire entendu
-« Et vous aurez besoin de votre coach ? » tenta t-il taquin
-« Bien sur. Je ne peux rien de valable sans lui»
-« Et il adore vous entrainer Harold. Même faire des heures supplémentaires ne le dérange pas si c'est pour vous. D'ailleurs je crois qu'il vous apprécie un peu trop. Je vais devoir surveiller cela d'un peu plus près »
-« Je crois que votre jalousie me manquait John » murmura l'informaticien
-« Tant mieux car vous allez devoir à nouveau la supporter ! »
-« Avec vous je m'en doute »
-« Vous ne me changerez pas Harold : je vous aime c'est tout ! »
-« Moi aussi John. Et je ne veux pas que vous changiez »
-« Quelle chance ! » se moqua Reese
Finch allait répondre lorsqu'il entendit la voix de John qui avait soudain perdu son ton badin
-« Bear ? Qu'y a-t-il ? »
Finch cru entendre gronder le malinois, chose tout à fait inhabituelle chez lui
-« John ? » appela t-il. Un appel retentit alors et l'angoisse dans la voix de John lui glaça le sang, une faible plainte lui faisant écho
-« Bear ! Non ! » Entendit-il. Un claquement sec retentit et la phrase s'éteignit dans un gémissement douloureux. Finch bondit de son fauteuil
-« Un coup de feu » murmura t-il affolé. Il entendit un aboiement, un souffle court, douloureux. Puis un bruit étrange, une voix inconnue cria, il y eut des grognements, des grondements. Un second coup de feu claqua et Finch vacilla en entendant un jappement plaintif lui faire écho. Quelques instants plus tard il perçu un bruit d'eau puis des pas précipités et enfin le silence. Un silence de mort qui le terrorisa. Il appela désespérément son compagnon mais seul ce terrible silence lui répondit…
…
Finch saisit rapidement un second téléphone
-« Oui ? » interrogea Lionel
-« Inspecteur Fusco ! Il est arrivé malheur à John ! Vous devez retourner à la villa vite ! »
-« Je suis encore devant, qu'est ce qui se passe ? » s'alarma Fusco en faisant demi-tour. Jamais il n'avait entendu une telle terreur dans la voix de l'informaticien. Il héla un agent au passage lui faisant signe de le suivre
-« J'ai entendu des coups de feu, John ne répond plus » répondit Finch paniqué. Il entendait le souffle court de l'inspecteur tandis qu'il courrait vers l'arrière de la maison. Fusco déboucha sur la terrasse et avisa immédiatement la longue forme blanche dans la piscine, face vers le fond, l'eau rougie tout autour
-« Et merde ! John ! » S'exclama t-il. Il posa sans ménagement son téléphone qui se déconnecta sous l'impact, ôta veste et chaussures et plongea dans le bassin « Prévenez les secours ! » hurla t-il à l'attention de l'agent. Celui-ci saisit aussitôt sa radio pour réclamer une ambulance puis aida Fusco à remonter le corps de John sur le bord de la piscine. L'inspecteur se hissa à son tour et tata le pouls « Il ne respire plus » constata t-il nerveux. Il se mit aussitôt en position pour pratiquer un massage cardiaque « Allez John, respire, fait un effort ! » supplia t-il Après une bonne minute d'acharnement il vit la poitrine de l'ex agent se soulever faiblement. « Ouais c'est ça c'est bien ! » se réjouit-il John eut un hoquet, recracha un peu d'eau, mais ne reprit pas réellement conscience. Sa tête retomba mollement sur le côté, inerte. « John ? » appela Fusco cherchant à le réveiller. Il vit alors la tache rouge sur sa chemise qui s'élargissait. « Merde ! » répéta t-il saisissant sa veste pour faire un point de compression sur la blessure
-« Ils font quoi les ambulanciers ? » râla t-il
-« Ils ne vont pas tarder » répondit l'agent
-« C'est pas possible ! Tiens bon John ! » Plaida t-il maintenant la position, inquiet de la pâleur du visage de l'ex agent, de son souffle court, visiblement douloureux. Concentré sur sa position son attention fut tout de même détournée par des gémissements plaintifs. Il jeta un regard circulaire alentour « Vous n'entendez rien ? » demanda t-il
-« On dirait… une plainte ? »
-« Allez voir par là » intima Fusco « derrière le buisson »
L'agent se redressa et obéit. Il contourna le buisson et s'écria :
-« Y'a un chien inspecteur. Il est couvert de sang »
-« Oh non c'est pas vrai ! » s'alarma Fusco « Il est conscient ? »
-« On dirait oui »
-« Webster enlevez votre blouson, vous allez entourer le chien dedans. Vous le porterez à votre voiture et vous allez l'emmener en urgence à la clinique sur la 5ème »
L'agent écarquilla les yeux
-« Mais inspecteur… »
-« Quoi ? Vous allez aider ce chien sinon je vous jure que ce soir vous irez pointer à la circulation ! » Hurla Fusco
Devant la colère de son chef l'agent n'osa plus répliquer et obéit aux ordres. Il ôta son blouson mais eut une hésitation qui n'échappa à l'inspecteur
-« Dépêchez vous bon sang ! » râla t-il. L'agent sursauta et se décida. Il déposa le chien sur le blouson avec précaution. Bear gémit mais ne se rebella pas. L'agent croisa son regard, il n'était que douceur malgré la souffrance évidente et il en fut impressionné. Il souleva le malinois et l'emporta au pas de course. Il sortait du jardin au moment où les infirmiers y faisaient irruption
-« C'est pas trop tôt ! » s'exclama Fusco. L'équipe médicale entoura immédiatement le blessé
-« Faut me l'emmener au Général. Je vais prévenir son médecin, dépêchez vous ! »
-« Il faut d'abord le stabiliser inspecteur » répliqua le premier infirmier
-« C'est pas gagné » grinça le second « Laissez nous faire notre travail ! »
Fusco s'éloigna à contre cœur. Il voulut saisir son portable mais se souvint qu'il l'avait laissé tomber. Il le chercha, le ramassa et constatant qu'il était éteint il le ralluma en espérant qu'il n'était pas inutilisable. L'appareil fonctionnait toujours. Il enclencha aussitôt l'un des numéros pré enregistré
-« Allo ? »
-« C'est moi Meg, on a un problème »
-« Qu'est ce qui se passe Lionel ? »demanda la jeune femme alertée par le ton de sa voix
-« John est blessé et je crois que c'est grave. Ils vont te l'amener »
-« J'étais rentrée pour la pause. Je me mets en route immédiatement. Tu peux m'en dire un peu plus ? » Interrogea Mégan. Fusco l'entendait rassembler ses affaires tout en parlant. Il lui fit un bref résumé « Je serais là bas dans dix minutes je vais faire préparer le bloc
-« Merci »
-« Et Harold ? »
-« Il faut que je le prévienne »
-« D'accord. Bon courage Lionel »
-« Il va m'en falloir » jugea Fusco en observant les urgentistes qui s'agitaient autour de son ami
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Finch se tenait près du téléphone depuis que la conversation avait été coupée. Il n'avait pas bougé comme si cela pouvait retenir le temps, comme si cela pourrait arrêter les événements... Il avait clairement entendu l'exclamation de l'inspecteur et redoutait le pire. La peur s'insinuait en lui, l'envahissant comme un poison mais il ne voulait pas lui céder, pas encore. Pourtant il était tellement inquiet qu'il lui semblait que son cerveau avait cessé de fonctionner et qu'il se sentait incapable de réfléchir. Lorsqu'il entendit sonner son portable, affichant le numéro de Fusco, il décrocha par reflexe et ferma les yeux
-« Finch ? »
-« Inspecteur dites moi tout de suite s'il est vivant »murmura t-il
-« Oui il est vivant. Pour l'instant » ajouta prudemment Fusco et cette précision fit l'effet d'un coup de poignard à son interlocuteur « Il s'est pris une balle dans le ventre et il était dans la piscine quand je l'ai trouvé. J'ai réussi à le ranimer. Les infirmiers font le maximum et j'ai prévenu Mégan elle l'attend »
-« Je me met en route immédiatement »
-« Attendez Finch. Je peux l'accompagner le temps qu'il soit admit au Général. Parce que… » Fusco inspira pour se donner du courage « Il y a autre chose »
-« Quoi donc ? » s'alarma Finch la main crispée sur le téléphone à faire blanchir les jointures de ses doigts
-« Bear. Il est blessé lui aussi. Je crois que l'agresseur lui a tiré dessus. J'ai envoyé un agent le conduire à la clinique. Finch ? Vous êtes toujours là ? » Interrogea Fusco inquiet du silence à l'autre bout de la ligne. L'informaticien fit un effort pour répondre
-« Oui inspecteur »
-« Finch, Bear a besoin de vous ! Une fois là-bas il ne pourra rien dire lui ! Il faut que vous alliez le voir au moins le temps qu'ils le reçoivent et ensuite vous nous rejoindrez »
L'informaticien ne savait quoi répondre, prit entre deux feux
-« Mais John… » Murmura t-il
-« Il va tenir le coup » affirma Fusco même s'il n'en savait rien, parce qu'il fallait que ce soit vrai, parce que son ami ne pouvait pas mourir
-« Entendu inspecteur mais promettez moi… »
-« Oui Finch. Je vous tiens au courant. Faites-vite, c'est pas le moment de flancher Harold ! Ils vont avoir besoin de vous tout les deux ! » Insista Lionel
-« Oui » approuva machinalement l'informaticien. Il raccrocha, se leva comme un automate, prit son manteau et quitta la bibliothèque d'un pas lourd
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Finch poussa la porte de la clinique et scruta la salle d'attente. Il avisa un agent debout dans un coin entre deux sièges, occupés l'un par une vieille dame tenant une caisse avec un gros chat noir à l'intérieur et l'autre par un jeune garçon tenant sur ses genoux une cage contenant des hamsters qui semblaient beaucoup intéresser le chat. Il s'approcha de lui
-« Monsieur l'agent, est ce vous qui avez amené mon chien ? Un malinois ?» demanda t-il en fixant le nom sur l'uniforme
-« Possible »répondit l'homme prudemment
-« Vous travaillez avec l'inspecteur Fusco »
-« Oui c'est ça » affirma l'agent rassuré
-« Où est-il ? »
-« L'assistante l'a emmené direct en salle de soins et depuis j'attends »
-« Je vais prendre le relais. Merci de l'avoir transporté ici »
-« Pas de quoi » répondit l'agent un peu honteux de ses hésitations. Même blessé, même souffrant, Bear n'avait à aucun moment montré de signe d'agressivité envers lui comme s'il comprenait qu'il allait l'aider et il avait été touché de son intelligence « Je vais retourner à mon poste » Il fit quelques pas puis se tourna de nouveau « Monsieur ? »
-« Oui ? »
-« J'espère qu'il va s'en tirer. Ca semble un brave chien »
-« Il l'est agent Webster »
L'assistante réapparut à cet instant et reconnu son client
-« M Wren ! Un agent nous a emmené Bear»
-« Oui on m'a prévenu »
-« Le docteur l'a pris en charge immédiatement »
-« Comment va-t-il ? »
-« Je ne sais pas trop mais à priori ça devrait aller » ajouta t-elle devant l'expression inquiète de son vis-à-vis. Finch était très pale et semblait au bord du malaise. Il savait que Bear avait besoin de lui mais il était torturé d'être là quand John…
-« M Wren ça ne va pas ? » insista la jeune femme « Asseyez vous, voulez vous un verre d'eau ? »
-« Ca ira Mademoiselle merci » répondit l'informaticien en prenant un siège « J'aimerais juste avoir des nouvelles »
-« Le docteur ne va plus tarder » jugea l'assistante. Elle retourna derrière le comptoir s'occuper des autres clients mais Finch sentait qu'elle le surveillait du coin de l'œil. Enfin au bout de vingt interminables minutes la vétérinaire apparut et l'appela. Il se leva et la suivit aussitôt dans une salle de soins. Son cœur se serra douloureusement en voyant Bear allongé dans l'une des cages, immobile, revêtu d'un large bandage
-« Ne vous inquiétez pas M Wren, tout va bien » le rassura la vétérinaire
-« Vraiment ? »
-« Franchement quand on nous l'a amené j'ai crains bien pire » affirma t-elle en ouvrant la cage pour que Finch puisse caresser son chien « Bear a reçu une balle dans l'épaule mais qui n'a pas fait trop de dégât. J'ai pu réparer. J'ai relevé quelques traces laissant penser qu'il a reçu des coups aussi mais ce sera sans conséquences. Je vais lui prescrire un traitement, des soins et avec du repos et de l'attention il retrouvera vite toute ses capacités »
-« Pourquoi est-il si inerte ? » demanda Finch en caressant doucement la petite tête rousse
-« Il faut qu'il émerge de l'anesthésie que j'ai pratiqué pour l'intervention, il fallait extraire le projectile »
-« Je comprends »
-« Bear est solide M Wren. Ca ira vous verrez. Il aura juste besoin de soins et de repos pendant quelques jours. Je vais le garder en observation jusqu'à demain. Ensuite vous pourrez venir le récupérer. Il faudra dire à M Randall de modérer les balades pendant la convalescence » A ces mots la vétérinaire vit le visage de son client se décomposer, sa man se crisper dans la fourrure « M Wren ? » interrogea t-elle inquiète
-« Bear était avec John lorsqu'il a été blessé. Ils enquêtaient ensemble »
-« Oh ! Et M Randall… ? »
-« Est blessé lui aussi mais j'ai du venir ici et je ne sais pas encore si… » La voix de l'informaticien se brisa
-« Je suis désolée M Wren »
-« Vous ne pouviez pas savoir docteur »
La médecin posa doucement la main sur le bras de son client
-« Ecoutez M Wren dans ces circonstances je vous propose de laisser Bear ici quelques jours, le temps des premiers soins. Cela vous laissera le temps de chercher une personne de confiance. En attendant ici il sera bien entouré et vous pourrez appeler quand vous voulez »
-« Merci docteur. Je retiens votre proposition mais je pense que j'aurais des volontaires pour le soigner »
A cet instant le malinois s'agita légèrement
-« Il a du reconnaitre votre voix »
Finch accentua ses caresses, Bear bougea et lécha maladroitement ses mains
-« Repose-toi Bear. Tu l'as bien mérité. Je sais que tu t'es battu pour défendre John. Rassure toi il va bien et toi tu guériras vite » L'informaticien déposa un baiser dans la douce fourrure rousse « Je reviendrais dès que possible » ajouta t-il en continuant de le caresser. Le chien parut se rendormir alors Finch s'écarta. Il prit congé de la vétérinaire qui lui adressa un regard navré en le regardant partir.
Une fois dehors, Finch inspira profondément, se préparant mentalement à la suite. Rassuré sur le sort de Bear il pouvait maintenant se rendre à l'hôpital et il était conscient que le plus dur était peut être à venir…
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Mégan ôta son bonnet d'un geste las. Elle acheva de retirer la tunique puis se dirigea vers la salle d'attente où elle trouva Fusco qui faisait les cent pas tel un lion en cage
-« Alors ? » interrogea t-il dès qu'il la vit
-« Il est encore au bloc, le chirurgien termine l'intervention. Les prochaines 48H seront déterminantes »
Fusco soupira de dépit, il avait espéré mieux
-« La balle a touché le foie. Vu l'angle elle a sans doute été déviée d'ailleurs, ce qui est une vraie chance »
-« Pourquoi ?»
-« Quitte à ce qu'il soit atteint mieux vaut que ce soit là. Le foie est un organe qui se régénère contrairement aux autres, cela pourrait être favorable »
-« Mais ? » demanda Fusco qui sentait arriver l'objection
-« C'est tout de même une chirurgie assez lourde »
-« Tu peux déjà prévoir une chambre double » affirma l'inspecteur
-« Je crains que cela ne soit impossible au début. Les visiteurs sont admis sous strictes conditions en soins intensifs et John va devoir y rester au minimum 48H, voir plusieurs jours »
-« Je sais. Mais c'est d'Harold et John dont nous parlons »
-« Je vais essayer de trouver une solution. Mais où est Harold ? » Ajouta la médecin surprise
-« Avec Bear. Il a été blessé lui aussi. Je l'ai convaincu d'aller à la clinique en premier pour prendre les dispositions qui s'imposent »
-« Quelle catastrophe » murmura Mégan
-« Si tu me dis que la balle a dévié je parie que Bear n'y est pas étranger »
-« C'est possible. Pauvre chien il aura voulu défendre son maitre quitte à y laisser sa vie »
-« C'est tout lui ! » confirma Fusco « Mais j'espère bien qu'il va s'en tirer aussi. Par contre quand j'aurais le salaud qui les a agressés lui ne s'en tirera pas ! »
-« Je suis avec toi Lionel » Elle hésita « Ca va aller toi ? Tu es un peu… humide ! »
-« Je n'ai pas eu le temps de me changer mais si je m'enrhume tu me soigneras »
Mégan posa un instant la tête contre l'épaule de son compagnon cherchant un instant de calme et le sentit glisser un bras autour de sa taille en retour. Chaque jour elle redoutait de recevoir un appel comme celui là. Encore s'estimait-elle heureuse d'entendre qu'il était encore temps pour elle d'intervenir et de tenter de sauver ces hommes qu'elle estimait tellement !
Beth passa dans le couloir et s'étonna de trouver son amie dans les lieux
-« Mégan tu n'es pas allée prendre ta pause ? »
-« J'y étais. Jusqu'à ce que Lionel me prévienne que John allait être admis » soupira la jeune femme
-« Oh ! Et comment va-t-il ? »
La médecin l'informa des événements.
-« D'ailleurs, tu tombes bien. Est-ce que tu sais si la première chambre près de l'entrée est disponible en réanimation ? »
-« Je crois que oui la patiente devait être transférée ce matin »
-« Tu peux aller la réserver ? »
-« Bien sur. Tu penses au bureau à côté ? » Devina l'infirmière
-« Exact »
-« J'y vais immédiatement »
-« Merci Beth » répondit Mégan. L'infirmière faisait déjà demi-tour pour s'acquitter de sa mission
-« Elle a quoi cette chambre ? » demanda Fusco
-« Elle communique avec un bureau. Elle dispose même d'une vitre entre les deux. On peut surveiller le patient de la pièce voisine. Je ne vois que cette solution pour permettre à Harold de rester près de John »
-« Ce sera très bien » approuva Lionel
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et ils reconnurent la silhouette de leur ami. Mais pas avec le port fier, distingué qu'il arborait à l'ordinaire. Finch semblait tassé sur lui-même, les épaules voutées, boitant davantage qu'à l'ordinaire. Son regard inquiet se posa sur eux et son cœur s'accéléra devant leurs mines graves
-« Harold » appela Mégan en s'avançant vers lui
-« Est-ce qu'il est ? » paniqua Finch
-« Non. John est vivant et je ferais tout pour qu'il le reste » affirma t-elle en lui prenant les mains. Elle les sentit trembler entre les siennes « Venez dans le bureau, je vais vous expliquer » Elle l'entraina vers le fond du couloir ne voulant pas lui parler dans une salle d'attente. Lorsqu'il fut assit, Fusco en renfort derrière sa chaise, elle lui expliqua la situation
-« John a été atteint au foie. Par chance la balle n'a touché que l'extrémité. Le chirurgien a retiré la partie endommagée qui n'était pas très importante. Le foie étant un organe avec de grande capacité de régénération, avec les soins adéquats il se reconstituera de lui-même en quelques mois et John ne devrait pas garder de séquelles. Si aucunes complications ne surviennent dans les 48H tout ira bien »
-« Et s'il y en a ? » interrogea Finch
-« Nous aviserons » éluda Mégan
-« Y'a pas de raison d'être pessimiste » ajouta Fusco en écho
Cela ne rassura pas l'informaticien mais il n'insista pas
-« Et Bear ? » demanda Fusco
Finch le rassura
-« Il a reçu une balle dans l'épaule et quelques coups mais sa vétérinaire répond de lui »
-« Je vais le découper en morceaux l'autre »marmonna Fusco
-« C'est déjà une bonne nouvelle » jugea Mégan
-« Vous ne pourrez pas vous occuper de lui si vous passez vos journées ici Finch »
-« Je vais appeler M Tao »
-« Ok mais Léon travaille, enfin aux dernières nouvelles. S'il faut veiller sur lui les premiers jours ce sera compliqué. Je peux le prendre la première semaine Lee est à la maison en vacances. Après il ira chez Léon. Qu'est ce que vous en dites ? »
-« Si Lee est d'accord »
-« Je ne me pose même pas la question. Je passerais le chercher demain »
-« Merci inspecteur »
-« Venez Harold. Je vais vous conduire à la chambre où sera installé John, vous pourrez l'attendre »
Finch se leva, un peu raide, Mégan et Lionel échangèrent un regard inquiet mais se gardèrent bien de tout commentaire.
En arrivant ils trouvèrent Beth qui préparait un second lit dans la pièce contigüe bien qu'elle ne fut visiblement pas prévue pour cela
-« M Wren » murmura t-elle pleine de sollicitude. Finch hocha la tête pour la remercier
-« Harold, je préfère vous prévenir. Ici c'est une unité de soins intensifs, les visites sont limitées à une heure deux fois par jour. Je fais une exception en vous installant dans ce bureau d'où vous pourrez le voir. Mais vous ne pourrez le rejoindre que pour un temps limité »
-« Je respecterais vos consignes docteur et je resterais dans le bureau » promis Finch
-« J'ajoute que si jamais cela se passait mal je serais contrainte d'isoler John »
-« Entendu »
-« Il restera ici 48H. Et ensuite nous procéderons à une évaluation. Il sera transféré dans une chambre normale si son état le permet mais les jours qui suivent ce genre d'opération peuvent être très délicats et il n'est pas rare que nous gardions les patients en soins intensifs quatre à six jours pour ce genre de chirurgie» Mégan posa la main sur le bras de l'informaticien « Je sais que ce ne sera pas facile mais je ne peux pas faire plus »
-« C'est déjà beaucoup, j'ai conscience d'être privilégié docteur »
-« Une chance que mon chef soit en congé cette semaine » s'amusa Mégan « Il ne m'aurait pas laissé faire si facilement »
-« A voir » grogna Fusco
-« Bien. Je retourne voir ce qu'il en est. Vous pouvez rester ici en attendant » affirma la jeune femme en quittant la pièce
Finch observa les lieux et se glissa jusqu'au fauteuil où il prit place avec un soupir. Son dos tendu à l'extrême le faisait souffrir et dans sa précipitation il n'avait pas emporté de quoi le soulager. Fusco trépigna un instant puis s'installa devant lui
-« Finch c'est surement pas le bon moment pour vous demander ça mais vous savez que plus vite on agit mieux c'est ! » l'informaticien lui adressa un regard vague « Je vais avoir besoin de tout les fichiers sur votre dernière mission. Je dois tout savoir si je veux coincer celui qui a fait ça ! » Insista Lionel
-« Bien sur inspecteur » répondit l'informaticien en se ressaisissant « Je vous transmettrais tout mais… » Il écarta les mains en signe d'impuissance « je n'ai pas mon portable ». Fusco songea que c'était là une attitude inédite de sa part mais se garda de toute réflexion
-« Je peux passer le chercher à la planque ? » Finch réfléchit. Son portable était chez eux mais il y en avait un autre dans leur repaire « Je suis désolé de vous presser mais il le faut » insista Fusco « Je ne laisserais pas le salaud qui les a attaqué s'en sortir »
-« Je sais. Il faut que vous passiez à la bibliothèque. Vous en trouverez un sur le bureau principal »
-« Ok. Je fermerais tout. Besoin d'autre chose ? Des vêtements de rechange ? »
-« Ce serait bien merci »
-« Je vous ramène tout ça » Fusco posa la main sur son épaule « Ca va aller ? »
-« Oui inspecteur » Fusco balança un instant, inquiet de le laisser seul mais pressé d'agir « Le docteur Tillman est ici, Beth aussi. Vous pouvez partir » affirma Finch en voyant ses hésitations
-« Je ne serais pas long » affirma Lionel avant de quitter le bureau à contrecœur
Resté seul Finch laissa son regard parcourir les lieux. Le bureau était un peu sombre, en désordre. De l'autre côté de la vitre la chambre lui sembla froide, impersonnelle. Les chambres d'hôpital lui avait toujours semblées une antichambre de l'enfer. Sans doute à cause de ses expériences. Celle-ci ne lui apparut pas autrement, surtout sachant qu'elle était destinée à John. La peur le reprit en pensant à son compagnon. Une sensation de terreur qui lui donna presque la nausée. Si jamais… ? Que deviendrait-il sans lui ? Il en avait eu un avant goût ces derniers jours mais c'était différent John s'était seulement éloigné de lui, il pouvait le revoir mais si cette possibilité lui était enlevée jamais il ne le supporterait !
Il se força à respirer profondément pour se calmer. John était vivant. Il ne devait pas se laisser envahir par le pessimisme. Mégan avait promis de le sauver. Il se força à repousser la pensée que la jeune médecin n'était malheureusement pas toute puissante. Il retira ses lunettes et se frotta les yeux d'un geste las. Une migraine le tenaillait mais là non plus il n'avait rien pour le soulager. Il n'avait surtout pas les soins attentifs de son compagnon. Il ferma les yeux. Il lui semblait presque pouvoir sentir ses longs doigts puissants, si doux pour lui, le masser doucement pour chasser la douleur. Il terminerait par un baiser sur sa nuque qui le ferait frémir et lui rappellerait une énième fois sa tendresse. John ne manquait jamais de la lui rappeler, un geste, un mot, une caresse, un simple sourire, une taquinerie. C'était un besoin constant de partager cet amour entre eux. Au début de leur relation il avait eu parfois un peu de mal à le suivre lui qui n'était pas très démonstratif. Mais avec le temps ces petites attentions lui étaient devenues indispensables, tout comme le besoin de les lui rendre. Chaque séparation devenait toujours plus difficile. Cette tendresse était une drogue puissante entre eux. Il ne pourrait jamais vivre sans cela, jamais !
Une demi heure s'écoula, interminable, puis Mégan revint dans la pièce. Il se leva aussitôt
-« Il est en salle de réveil, enfin nous surveillons que l'effet de l'anesthésie se dissipe, mais nous avons décidé de le maintenir en sommeil pour lui éviter de trop souffrir » Finch blêmit « C'est une procédure normale lors d'une hépatectomie. Ca ne doit pas vous inquiéter. Et le connaissant cela l'obligera à se reposer » ajouta Mégan avec un sourire qui se voulait rassurant « Sans cela il ne tiendrait pas en place ! »
-« Oui bien sur » murmura l'informaticien qui ne parvenait pas à partager son optimisme
-« Harold. Pour l'instant il va bien. Vous devez vous montrer positif si vous voulez l'aider »
-« Je le serais Mégan »
-« Les infirmiers ne vont plus tarder »
-« Je suis prêt » affirma Finch qui en réalité ne l'était pas du tout
-« Très bien. A tout de suite » L'informaticien reprit sa place. Un quart d'heure plus tard Mégan revint accompagnant le chariot encadré par deux infirmiers. Finch se leva de son fauteuil mais resta figé, les mains serrées l'une contre l'autre pour qu'elles ne tremblent pas. A travers la vitre il observa les infirmiers installant son compagnon dans son lit, branchant les appareils de surveillance. Son regard allait des machines aux perfusions, puis se fixa sur le visage impassible de son agent. Finch s'efforça de faire abstraction de la sonde installée. Il ne semblait pas souffrir. En fait il n'y avait pas d'expression sur son visage trop calme, trop rigide. Ni sérénité ni trouble, il était comme déconnecté et Finch songea que cela ne lui correspondait pas, lui dont le visage, le regard, pouvaient être si expressifs.
-« Vous tiendrez le coup Finch ? » demanda Mégan qu'il n'avait même pas entendu approcher
-« Oui docteur »
Elle ne fut pas dupe
-« Au moindre problème appelez-moi »
-« D'accord »
-« Pour l'instant il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre et administrer les soins. Donc je repasserais tout à l'heure. Je vous autorise à aller près de lui lorsque les infirmiers auront terminé. Mais pas plus d'un quart d'heure »
-« Entendu »
-« Tout ira bien » insista Mégan. Elle quitta le bureau espérant l'avoir tout de même un peu rassuré
Dès que les infirmiers furent sortis Finch se rendit dans la chambre. Il s'approcha du lit avec hésitation et prit la main de son compagnon. Elle lui parut glacée et il lutta pour ne pas laisser la peur l'envahir à nouveau. Il tendit l'autre main et caressa doucement le front de son compagnon. Le geste l'apaisa même si Reese n'eut aucune réaction
-« John si vous m'entendait je… Je suis là près de vous. Vous allez guérir et je vous attends » murmura t-il continuant ses caresses. Il aurait voulu en dire plus mais les mots restés bloqués dans sa gorge. Le quart d'heure écoulé il se résigna à rejoindre le bureau mais il s'installa derrière la vitre, les mains contre le carreau froid, guettant un signe, un mouvement.
Il n'aurait su dire depuis combien de temps il se tenait là, debout derrière la vitre, immobile, lorsque, après avoir frappé trois coups légers, Fusco passa la tête à la porte. Il embrassa la scène du regard. Il ne dit rien mais, entrant dans la pièce d'un pas décidé, il tira le fauteuil et y fit asseoir l'informaticien
-« Pas la peine d'en avoir deux à soigner » grogna t-il. Finch se laissa faire docilement « Ca va ? »
-« Aussi bien que possible inspecteur »
-« J'ai croisé Mégan. Elle m'a donné ses consignes » il hésita « J'ai votre portable »
Finch parut revenir à la réalité
-« Donnez le moi. Je vais vous transférer tout ce dont vous avez besoin »
-« Merci Finch »
L'informaticien exécuta quelques manipulations puis annonça :
-« Voilà. Je vous ai tout envoyé. Toutes les informations que j'avais collecté sur les protagonistes de cette affaire »
-« Ca reprends qui au juste ? »
-« Miss Marbery, les jeunes femmes qu'elle employait actuellement et quelques autre plus anciennes, certains clients, quelques relations, son ex compagnon qu'elle fréquentait toujours»
-« Je suis sur que le coup vient d'elle ! Pour se venger elle a dû embaucher quelqu'un ou utiliser un type qui était à son service »
-« C'est possible »
-« Finch, je sais que ce n'est pas facile mais est ce que vous vous rappelez un détail ? Est-ce que John a dit quelque chose pendant l'appel ? Une remarque sur le tireur ? »
-« Non. Rien du tout »
-« Pas un mot qui indiquerait qu'il le connaissait ? Ou un truc qui nous indiquerait si c'était un homme ou une femme ? »
-« Non inspecteur et je vous avoue que je n'ai pas très envie de me remémorer cette conversation. Pas maintenant. Toutefois… »
-« Oui ? »
-« J'enregistre tout les appels »
-« Donc vous avez aussi celui là ? »
-« En effet. Mais le fichier audio est dans mon système principal »
-« Il faut faire quoi ? »
-« Je vais m'en occuper inspecteur. Je dois m'y connecter, mon portable n'est pas censé y accéder »
-« En gros vous allez vous pirater ? »
-« On peut dire cela »
-« C'est la meilleure » ricana Lionel « En même temps vous êtes bien le seul à en être capable »
Il fallut quelques minutes à l'informaticien pour récupérer le fichier mais il parvint finalement à le transférer
-« Rassurez vous Finch je n'écouterais que l'essentiel » tenta Fusco. La remarque arracha un minuscule sourire à son vis-à-vis et il s'estima récompensé.
-« Je me rends compte que j'ai beaucoup de chance inspecteur »
-« Pourquoi ? »
-« Parce que bien des gens n'ont pas le temps de dire à ceux qu'ils aiment ce qu'ils ressentent pour eux » affirma Finch « Et moi j'ai eu cette chance lors de cette conversation. Alors si elle devait être la dernière… » Sa voix se brisa et il ne put achever
-« Mais c'était pas la dernière Finch et vous aurez encore bien des occasions de lui répéter que vous l'aimez vous verrez » affirma Lionel en lui donnant une accolade sur l'épaule « En plus méfiez vous ! Si vous ne le faite plus ou pas assez je ne serais pas bien loin »
-« Merci inspecteur Fusco » répondit Finch pas dupe « Je ne vous ai pas remercié de votre intervention… »
-« Comme si y'avait besoin de le faire » marmonna Lionel « Bon je retourne au poste et je vais éplucher tout les fichiers. Veillez bien sur lui mais n'en faite pas trop quand même ok ? »
-« Appelez-moi en cas de besoin. Je veux vous aider, cela m'occupera l'esprit »
-« D'accord » concéda Fusco
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OoooooooooO
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Une heure s'écoula puis Mégan entra dans le bureau, Beth sur les talons
-« Ca va Harold ? »
-« Oui docteur »
-« Nous allons nous occuper des soins. Vous devriez aller faire quelques pas »
-« D'accord. Je vais aller dans le couloir »
-« Ce ne sera pas long »
Finch sortit et avança dans le couloir. Fatigué, il boitait plus lourdement que d'habitude. Il s'isola dans un recoin et saisit son portable pour appeler la clinique. L'assistante le rassura. Bear était au repos mais il se remettait bien de l'intervention. Il pourrait sans problème sortir le lendemain soir. Rassuré de ce côté, Finch avança vers le distributeur. Il doutait que le thé soit de bonne qualité mais il avait besoin de boire quelque chose. Il comprit dès la première gorgée qu'il avait eue raison de se méfier mais se résigna à boire tout de même
-« Vous êtes là Harold ? » Finch sortit de ses pensées
-« Oui. Tout va bien ? »
-« Très bien. Tout est normal. Vous pouvez retourner dans votre chambre »
-« Merci »
-« Il faut essayer de vous reposer un peu. Voulez vous quelque chose pour vous détendre ? »
-« Allez-vous à nouveau m'endormir docteur ? »
-« Non pas cette fois » s'amusa Mégan « Juste essayer d'atténuer un peu la tension »
-« J'aimerais un comprimé contre la migraine » osa Finch
-« Pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt Harold? » protesta la médecin « Venez avec moi » Elle l'entraina jusqu'à son bureau et après avoir chercher dans une armoire elle lui tendit deux comprimés et un verre d'eau
-« Tenez. Prenez cela. Ensuite vous irez vous allonger. J'ai prévenu le service, ils vous donneront un plateau repas. Et je vais dire à Beth de vous donner votre traitement, je pense que vous ne l'ayez pas avec vous ? »
-« Non. Je n'ai pas pensé à l'emporter »
-« Ce n'est pas bien M Wren ! Mais pour cette fois je ne vous gronderais pas» affirma Mégan d'une voix qui se voulait sévère mais Finch savait qu'elle faisait semblant « En échange il faudra bien prendre votre traitement ! »
-« Je vous le promets Mégan »
-« Bien, je vous raccompagne » Elle le ramena jusqu'au bureau. Dès l'entrée son regard se riva à la vitre « Tout va bien » rappela la jeune femme « Maintenant allongez vous et restez tranquille jusqu'au diner » Finch hésita « Allongez Harold ! Sinon je me fâche »
-« J'obéis docteur » répondit l'informaticien
-« Parfait. Reposez vous, je repasserais tout à l'heure »
Finch resta allongé dans le lit même si l'envie le démangeait de se relever et de se réinstaller dans le fauteuil. Il sentit la migraine desserrer lentement son emprise, la fatigue le rattrapait, le calmant aidant, il finit par s'endormir la tête tournée vers la vitre
