04
La rumeur n'avait cessé de croitre depuis ce jour-là. Tout le monde savait qu'Adiris avait surpris le nouveau survivant sur ces terres en dehors des jeux proposés par l'Entité. Et depuis, elle n'avait cessé d'être appelée par sa divinité pour tuer des sacrifiables. Elle n'avait plus recroisé la route de Vittorio, cependant, elle avait eu tout le loisir de croiser Tarhos, pendant un court instant, et ce dernier ne lui avait pas donné une très bonne image de lui. Un rustre. Mais ça aurait été un comble de croire le contraire. Heureusement, lui et ses compagnons d'infortune -il semblait qu'il ne soit pas arrivé seul- restaient sur leurs terres la plupart du temps, ce qui épargnait à Adiris bien des situations gênantes.
La prêtresse se faisait couler un bain, avec du thym, alors qu'au-dessus de sa tête se déchainaient hurlements et appels à l'aide. L'Entité avait demandé à Myers de tuer sur ses terres et comme elle était bloquée dans sa cachette, autant en profiter pour se prélasser un peu. Le bruit de fond et l'ambiance donnée par les hurlements au-dessus d'elle n'ajoutait qu'une touche un tantinet atypique qui lui plaisait pas mal. Alors que l'eau chauffait doucement sur le feu, et que l'odeur des encens commençait à se répandre tout autour d'elle, Adiris ferma les yeux pour savourer ce moment où elle pouvait enfin se retrouver seule avec elle-même.
Il faut dire que la prêtresse n'était pas du genre à aimer se mêler aux autres. Introvertie au possible, elle se satisfaisait bien plus de la solitude que d'un contact avec autrui. Et dans cette petite pièce, attenante à la chambre que lui avait offert l'Entité, elle était encore plus seule qu'à l'ordinaire. D'un mouvement de la main, elle caressa son bras malade. Le contact lui arracha une plainte de douleur. Sa peau nécrosée était sensible, trop sensible pour supporter son propre toucher. Toutefois, elle avait bien remarqué que quelque chose changeait en elle, à commencer par son visage. Autrefois, la distinction entre la partie malade, qui se trouvait sur la gauche, et la partie saine sur la droite était parfaitement définissable, aujourd'hui, elle avait le curieux sentiment ''d'aller mieux''. La jeune femme n'était certaine de rien, peut-être se confortait-elle dans un piètre mensonge, toutefois, en elle, elle se sentait guérir. Et, bien qu'elle fût incapable de l'expliquer convenablement, elle ne cessait de penser que l'Entité avait peut-être exaucé son souhait le plus profond en la récompensant enfin pour ces nombreux sacrifices. Si tel était le cas, alors Adiris était prête à poursuivre sur cette voie et tuer davantage.
Un bruit dans son dos la tira de sa réflexion et, se tournant, elle découvrit avec stupeur Vittorio, le survivant, qui la scrutait depuis l'embrassure de sa porte. Mal à l'aise a l'idée qu'il puisse être là, a l'observer de la sorte depuis longtemps, elle se redressa et le toisa avec colère
« - Que fais-tu ici ? »
Il recula d'un pas. La prêtresse se sentait vulnérable, plus qu'à n'importe quelle autre occasion. Il n'avait pas à être ici, encore moins lorsqu'elle s'apprêtait à avoir un moment intime avec elle-même. Là, vêtue seulement d'une fine robe de lin, elle avait l'impression d'être la proie, et non la traqueuse.
« - Je suis désolé, répondit l'intéressé après un moment d'hésitation. Je ne voulais pas te déranger. »
Adiris secoua la tête et en quelque pas, elle attrapa un vieux peignoir dans lequel elle s'enveloppa pour se donner davantage de contenance. Hors de question de donner à cette idiot le sentiment qu'il puisse la dominer d'une quelconque manière que ce soit
« - Comment fais-tu pour toujours venir ici ? L'entité ne t'a-t-elle pas suffisamment puni la dernière fois pour que tu oses recommencer ? »
Lassée par cette intrusion, et agacée de la venue de l'indésirable, elle fit quelques pas dans sa direction, bien décidée à le punir elle-même en allant l'accrocher, à nouveau. Un vent de panique souffla dans le regard de l'homme qui recula, les mains devant lui comme pour se protéger d'elle
« - A-attends ! S'il te plait ! »
Adiris ignorait pourquoi, mais elle l'écouta. Probablement une curiosité mal placée ou une réminiscence de son ancienne vie qui la poussait à ne pas agir sous la colère et à écouter le petit homme devant lui. Quoi qu'il en soit, ce dernier en profita pour poursuivre
« - Claudette a dit que tu guérissais. Enfin, elle a émis l'hypothèse. Après que Dwight ait évoqué ton nom. »
Ils parlaient donc d'elle, entre eux. Ça n'avait rien d'étonnant en soi, mais Adiris n'avait jamais envisagé ne serait-ce qu'une seconde que quelqu'un puisse avoir le quelconque intérêt de citer son nom dans une conversation. Toutefois, elle était intriguée. La curieuse Claudette avait eu le nez fin, en observant des changements chez elle. Si les survivants l'avaient finalement remarqué, nul doute que ses confrères tueurs aussi. Et ça, ça ne lui disait rien qui vaille.
« - Mon nom, lâcha Adiris en marquant une longue pause. Dwight ne m'appelle que d'une seule façon, et je doute que ce soit mon nom. »
Amère, elle le toisa avec colère. Il dû comprendre de quoi elle parlait car elle vit son expression se ternir. Il était absolument évident que Dwight ne témoignait aucun respect a la prêtresse et s'il connaissait peut-être son prénom, elle doutait qu'il ne l'ait jamais utilisé. Dans la bouche de l'humain aux lunettes, il n'y avait que haine à son encontre.
« - Je suis désolé, fit Vittorio en semblant comprendre ce qu'elle avait voulu dire. »
Adiris fit un léger signe de la main, comme si tout cela lui importait peu.
« - Je voulais voir si c'était vrai, poursuivit-il. Si tu guérissais vraiment. »
Cette fois-ci, la prêtresse roula des yeux d'une façon théâtrale
« - Supposons que ce soit vraiment la raison de ta venue ! Tu ne pouvais pas attendre que l'Entité ne réclame ton sacrifice pour te retrouver face à moi ? »
Pour toute réponse, Vittorio eut un rictus cynique et haussa les épaules.
« - On ne peut pas discuter, si tu te mets à me courir après. »
D'une certaine manière, il avait raison. Jamais elle n'aurait arrêté un sacrifice en cours pour prendre le thé avec lui et échanger sur certaine banalité comme son état de santé. Toutefois, elle n'aimait pas le fait qu'il débarque de la sorte. C'était déjà la deuxième fois et à comme précédemment, elle savait qu'à tout moment, elle pouvait entrer dans les disgrâces de l'Entité
« - Tu n'as pas idée de ce que je risque, à chaque fois que tu débarques ici. »
Ses propos eurent pour effet d'effacer le rictus satisfait du visage de l'homme. Visiblement il n'avait pas envisagé qu'Adiris lui fasse une telle confidence. Toutefois, comme toujours, il semblait qu'il tenait par-dessus tout à avoir raison
« - Personne ne vient jamais dans cette partie de ton temple, toi seule en connait l'accès. Et les murs sont suffisamment épais pour que personne ne t'entende. C'est bien pour ça que tu es là, pas vrai ? »
Certes. Bon, il avait raison. Mais hors de question pour la jeune femme de le lui faire savoir. Elle poussa un soupir et fronça les sourcils, le toisant avec impatience
« - Tu poses trop de questions, tu m'agaces. »
- Je suis désolé. »
Mais il ne partit pas pour autant. Diantre, Adiris lui donnait toutes les occasions du monde de s'en aller et de la laisser en paix et pourtant il restait là, près de la porte, à la regarder avec une curiosité étrange qui commençait presque à la mettre mal à l'aise.
« - As-tu vu Tarhos ? Demanda-t-il finalement.»
Le fameux. Adiris hésita un instant. Ô elle avait bien transmis le message, elle avait fait preuve de bien plus de bonté que d'autres en accédant à la demande de l'homme, toutefois elle n'en gardait pas franchement un bon souvenir.
« - Oui, soupira-t-elle avec lassitude.
- Et alors ? Se risqua-t-il à demander.
- Je lui ai passé ton message. Mais il n'a pas eu l'air d'apprécier. Il a essayé de me frapper.
- Quoi ?! S'étrangla Vittorio.
- A moins que ce ne soit la table, qu'il voulait réduire en miettes. Quoi qu'il en soit, il était en colère. Déjà qu'il m'en veut de t'avoir sacrifié la première… »
L'annonce eut l'air de chambouler l'homme, qui se passa une main sur le visage, abasourdit. La prêtresse ne s'attendait pas le moins du monde a une telle réaction et bien qu'elle gardât le silence, elle ne put s'empêcher de l'observer avec une certaine curiosité. Il avait gardé une certaine forme d'humanité dont était dépourvus les tueurs et qu'avait perdus les survivants, qui le rendait fortement divertissant.
« Tarhos est un fou. »
Allons donc ! Adiris, pas étonnée d'une telle remarque, mais un peu amusée par la situation, roula de nouveau des yeux et se redressa face à l'homme.
« - Il a dit exactement la même chose de toi, après s'être calmé.
- Il m'a torturé, argua-t-il comme pour tenter de la convaincre.
- C'est un tueur, répliqua-t-elle en s'asseyant sur une chaise d'osier avec lassitude.
- Il m'a séquestré !
- C'est quelque chose que font les tueurs, oui.
- Il a tué mon peuple Adiris ! S'il y a bien quelqu'un qui peut me comprendre, c'est toi ! »
Ce fut le propos de trop pour la concernée. Le peu de patience qui lui restait à l'égard de l'homme s'envola alors qu'une colère sourde commençait à monter en elle. Comment osait-il comparer sa position de prêtresse, elle qui avait toujours tout fait dans l'intérêt des siens, à sa propre position, celle d'un homme de lettres qui n'avait eu d'autre intérêt que de s'enrichir sur bien des aspects, au mépris de la vie d'autrui ? Tout ça, elle le tenait de Charlotte, qui avait laissé trainer ses oreilles -ou celle de son frère- un soir, lorsque Tarhos s'était confié sur cette haine qui liait les deux hommes. Elle ne savait pas vraiment qui croire, toutefois elle était certaine d'une chose, elle n'avait rien en commun avec Vittorio.
« - Non. C'est là que tu te trompes, humain. J'ai tout fait dans l'intérêt des miens, toujours. Mon existence reposait essentiellement sur leur bonheur et leur bonne santé. Ma seule préoccupation, mon seul but dans la vie était de tous les sauver. Personne n'est venu les massacrer et quand il m'a semblé qu'ils étaient sur le point de mourir, je me suis sacrifié pour eux, sans même envisager de sauver ma propre peau. »
Son petit discours sembla affecté l'homme. Elle aurait pu jurer qu'il avait changé de couleur et qu'il était bien plus pâle qu'avant. Et le fait qu'il n'ose plus rien dire ne faisait que confirmer cette impression. Parfait, elle pouvait donc continuer
« - Je me suis renseignée sur toi, Vittorio. Sur cette obsession malsaine que vous avez, Tarhos et toi. Ses actes sont difficilement pardonnables, mais les tiens ne le sont pas pour autant. Tu aurais pu sauver les tiens, tu ne l'as pas fait. Alors ne me compare pas à toi s'il te plait. »
Vittorio fit un pas en avant, avec un air de défiance
« - Est-ce que tu me juges Adiris ? »
Bien, voilà qu'il se remettait à la défier, comme si une sorte de petite rivalité devait s'installer entre eux. A nouveau Adiris soupira
« - Non. Je ne suis pas la juge. C'est l'Entité qui se charge de ça. Je ne suis que l'un de ses nombreux bourreaux. »
Vittorio, songeur, croisa les bras sur sa poitrine. Visiblement ce qu'elle venait de dire prêtait à la réflexion.
« - Nous ne nous sommes pas encore croisés, fit-il. Pourquoi ? »
Il devait faire allusion à Tarhos. En tout cas ça en avait tout l'air. Elle haussa les épaules, n'ayant aucune réponse concrète à lui apporter. Elle n'était pas à la place de l'Entité et même si elle acceptait de parler en son nom, elle ne pouvait s'imaginer ce qu'il se passait dans son esprit divin
« - Ne soit pas pressé. De toute façon Tarhos te tuera. Encore et encore. Au mieux tu parviendras à lui échapper un instant, mais les accalmies sont de courtes durées ici. Peut-être qu'un jour il se lassera, et alors c'est là que commencera sa longue pénitence. Forcé à tuer pour l'éternité. Certains s'y complaisent, beaucoup se persuadent qu'ils aiment ça, mais nous, tueurs, nous paierons toujours pour nos péchés. »
Vittorio fronça les sourcils, toujours aussi pensivement. Apparemment, leur discussion prenait un aspect plus profond qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Et quelque part, même si c'était plaisant -d'une certaine manière- elle se garderait bien de le lui dire.
« - Et nous alors ? Interrogea l'homme. Nous ne sommes que des victimes collatérales ? »
Bonne question. Adiris secoua doucement la tête et lui répondit
« - Non. Je ne pense pas qu'un seul d'entre vous soit parfaitement innocent. Certains l'étaient peut-être, chez eux, mais ici, mourir en permanence n'engendre qu'une haine violente et sans fin dans laquelle vous vous bercez de douces illusions. Les bons deviennent mauvais, alors que les mauvais tentent de devenir bons, sans jamais l'être réellement. »
A nouveau, il y eut un instant de silence. Adiris en profita pour regarder l'homme du coin de l'œil, avec une curiosité qu'elle tentait de maitriser. Finalement, comme si ce dernier semblait satisfait des ses réflexions, il hocha la tête puis la toisa de nouveau.
« - Tu parles avec beaucoup de sagesse, Adiris. »
Elle haussa les épaules, avec flegme.
« - Et si les tueurs arrêtaient de tuer ? Et les survivants de s'échapper ? »
Voilà un monde idyllique qui ne verrait jamais le jour. Elle aussi, elle en avait rêvé, fut un temps, mais c'était une utopie jamais réalisable, et elle l'avait appris avec le temps. D'une certaine façon, elle trouvait cela touchant que Vittorio, qui semblait pourtant tant en savoir sur l'Entité, demeurait aussi naïf et candide qu'un nouveau-né.
« - Ça n'arrivera jamais Vittorio, assura Adiris.
- Et comment peux-tu en être aussi sûre ?
- A chaque fois que les tensions se calment, de nouveaux survivants et de nouveaux tueurs arrivent, pour nourrir un cercle de haine.
- Et tu acceptes de servir l'Entité ?
- L'Entité n'est en rien coupable des péchés des hommes. Elle n'est que l'observatrice, l'expiatrice qui permet au monde d'évoluer. Sa présence est notre équilibre. »
Vittorio lui lança un drôle de regard et Adiris fut absolument persuadée qu'il y avait une pointe de jugement dans ses yeux. Comme si ce qu'elle venait de dire la rendait moins sympathique aux yeux de l'homme. Mais la prêtresse n'avait aucun intérêt à paraitre sympathique, ou aimable. Elle ne lui devait rien, absolument rien, et s'il désirait juger ses actes et ses propos, qu'il s'en donne à cœur joie, elle doutait que cela puisse avoir un quelconque impact sur elle
« - Je comprends mieux, pourquoi elle te soigne. »
Touché. La prêtresse resta de marbre, mais elle jura que son cœur venait de s'emballer dans sa poitrine, l'espace d'une seconde. Un comble pour quelqu'un décédé des milliers d'années plus tôt. Finalement, il réussit à avoir un impact sur elle. Elle c'était donc trompée. Ce petit homme avait vraiment le chic pour la mettre dans des situations improbables et la pousser dans ces retranchements. Elle avala sa salive mais préféra garder le silence. Qu'aurait-elle pu dire de toute façon ? Elle n'avait pas envie de se justifier, surtout pas devant lui.
« - Elle cherche à t'asservir, Adiris. »
De nouveau, Adiris haussa les épaules. Ça, elle ne le savait que trop bien. C'était la bien connue stratégie de l'âne et de la carotte.
« - Je le sais. J'en suis parfaitement consciente. Et ça me va très bien ainsi. J'ai passé ma vie à servir l'Entité, pourquoi pas ma mort également ? »
Vittorio n'ajouta rien, toujours pensif, mais il se mit à lui sourire avec satisfaction, chose qui inquiéta la prêtresse. Avait-elle dit ou fait quelque chose de suffisamment drôle pour qu'il réagisse de la sorte ?
« - Pourquoi fais-tu cette tête ?
- Pour rien, je réalise simplement que c'est plaisant d'avoir une conversation poussée. Je n'en ai pas eu depuis longtemps et on ne peut pas dire que les autres soient très loquaces.
- Tu as raison, concéda Adiris à demi-mot. »
Elle n'allait pas lui mentir. Si elle aimait sa solitude, force était d'admettre que parmi les tueurs rares étaient ceux qui faisaient la conversation aussi bien que lui.
« - J'aimerai vraiment revenir te voir, Adiris. »
Elle soupira, roulant des yeux et secouant la tête avec agacement. Il n'avait donc rien compris ? Elle quitta finalement la chaise sur laquelle elle était assise et fit quelques pas dans sa direction.
« - Avant d'envisager de revenir, pense déjà à sortir d'ici.
- Tu veux me séquestrer ? Je ne connaissais pas cette pratique chez les prêtresses de Babylone.
- Qu'est-ce que tu racontes ? S'empourpra Adiris. »
Elle ignorait s'il s'agissait là d'humour ou si elle avait mal compris quelque chose, mais ça ne l'amusait pas le moins du monde.
« - Va-t'en, finit-elle par lâcher en s'étirant paresseusement. Mais ne reviens plus jamais.
- Hors de question. Si c'est comme ça je préfère encore que tu m'accroches. »
Allons donc, voilà que maintenant il se mettait à agir comme un enfant capricieux ? Elle fronça les sourcils, agacée.
« - Les sacrifices sont terminés. Charlotte et Victor me cherchent en haut et Myers rode, toujours à l'affût. Va-t'en s'il te plait. »
Il soupira, semblant abandonner sa folle lubie, et secoua doucement la tête
« - Adiris… Si j'avais mille ans de moins, et toi mille ans de plus, je crois bien que j'aurais aimé te faire la cours.
- Idiot.
- Je suis sérieux. »
Et Vittorio disparu dans l'obscurité. Adiris resta là, songeuse, un moment, à observer l'embrassure de la porte devant laquelle il s'était tenu tout le long de leur conversation. Elle l'avait laissé filer, finalement. L'Entité finirait par l'apprendre et il deviendrait fou de rage, à n'en pas douter, mais pour l'instant, la jeune femme avait d'autre priorités.
« - Idiot quand même, chuchota-t-elle. »
Elle n'avait plus envie de prendre un fichu bain. Elle avait besoin de prendre l'air, de s'aérer l'esprit quelques secondes et comme Charlotte semblait aller et venir au-dessus de sa tête, elle se dit que voir une amie lui ferait le plus grand bien. Elle enleva l'eau chaude du feu et quitta la pièce, puis, simplement vêtue, elle remonta les escaliers qui menaient au temple, parcouru ce dernier et foula finalement l'herbe de la forêt qui s'étendait à perte de vue.
« - Mais où étais-tu encore ? »
La voix de Charlotte trancha l'air, mettant fin au silence ressourçant dont Adiris avait besoin. Cette dernière se tourna vers son amie, qui arrivait en trombe, et haussa doucement les épaules
« - Bain de thym, c'est bon pour la peau. Et je n'avais pas franchement envie que tout le monde se rince l'œil. »
