Chapitre 6 : Une vie pour une rose

Ruines Englouties, 7ème jour de l'Eté…

Lest eut l'impression de sentir le monde s'écrouler autour de lui. Les mots qu'avaient prononcés Frey peinaient à prendre sens dans son esprit.

Payer le prix.

Pour une rose.

_ Non ! Je refuse de te laisser mourir ici, Frey !

La jeune fille ignora les protestations de son frère et se tourna vers le cheval. Il n'était pas un monstre à ses yeux, elle ne le désignerait donc pas ainsi.

_ Allez-vous me tuer si je reste ici ?

_ Je ne suis pas un assassin.

_ Et l'éclaireur que nous avons dépêché ici, est-ce que vous l'avez vu ?

_ Oui. Il allait repartir sans heurt mais une Chimère à choisi cet instant pour se reposer sur l'une de mes terrasses. Votre homme s'est fait dévorer. En cherchant bien vous devriez trouver des morceaux d'os.

_ Je vois. Merci. Lest, ceci règle l'affaire. Tu vas rentrer à Selphia et raconter ce qu'il est advenu de notre pauvre éclaireur. Quant à moi, je vais rester là.

_ Certainement pas ! Je suis ton grand frère, c'est à moi de te protéger !

Il se rappelait encore du jour de la naissance de sa petite sœur. Lui-même n'était encore qu'un garçonnet, mais quand on lui avait déposé le bébé dans les bras, il avait été envahi d'un tel sentiment d'amour inconditionnel… Dès cet instant, sa petite sœur était devenue toute sa vie, et toujours il avait veillé sur elle.

Et voilà qu'il se trouvait incapable de la sauver.

Des larmes se mirent à rouler le long de ses joues.

_ Non… Je ne veux pas te laisser… Tu n'as pas à payer pour mon erreur…

Frey sourit doucement et étreignit son frère avec force.

_ Je t'aime Lest… S'il-te-plait, tu me protèges depuis toujours, laisse-moi te rendre la pareille.

Le jeune homme regarda sa sœur, la gorge nouée. Accepter signifierait l'abandonner. Il ne pouvait pas s'y résoudre… mais face à son regard si confiant, il ne trouva rien à opposer. Ses larmes se renforcèrent.

_ Non… je suis désolé… Petite sœur… pardon… ma Frey, pardon…

_ Allons, ne soit pas si triste. Je ne vais pas mourir, juste rester ici tenir compagnie à ce charmant cheval. Occupe-toi bien de Selphia pour moi, Lest. Et si les monstres y entrent, évite de les tuer pour les faire sortir. Demande à Kiel, il t'aidera à les faire partir en douceur. S'il-te-plait…

_ J'essaierais…

Frey posa sa main sur la joue de son frère et chassa ses larmes. Elle déposa un baiser sur son front et lui sourit avec tendresse.

_ Prend soin de toi, grand frère…

_ Toi aussi…

Frey hocha la tête et raccompagna Lest jusqu'au pont de pierre qui le ramènerait sur la rive. Le jeune homme avait l'impression que ses pieds étaient lestés de plomb alors qu'il s'éloignait. Il aurait tant voulut pouvoir emmener sa sœur, tellement voulu…

_ Lest ! Je t'interdis de revenir me chercher, tu m'entends ? Je te l'interdit ! Et surtout, je veux que tu vives ta vie, d'accord ? Et si on se revoit un jour, je veux que tu me dises que tu es heureux, comprit ?

Lest ravala ses larmes et se retourna pour offrir un sourire à sa sœur. Il leva les bras et les agita.

_ J'en dis autant pour toi !

Il reprit son chemin, le cœur brisé.

_oOo_

Frey sourit doucement en se tournant vers le cheval stoïquement debout à côté d'elle.

_ Dites-moi, avez-vous un nom ? J'aime autant le savoir si je dois rester ici.

Il resta silencieux si longtemps que Frey cru qu'il ne répondrait pas. En le regardant de coin, elle eut presque l'impression de voir la silhouette d'un jeune homme aux cheveux longs, bras croisés, détournant avec pudeur le regard.

_ Dylas.

_ Dylas ? C'est votre nom ? Il est très beau…

_ Vous êtes stupide. Ne franchissez jamais ce pont sans mon accord. A part cela, vous êtes libre d'aller où bon vous semble dans ces ruines.

Le cheval frappa le sol de son sabot et se cabra légèrement pour faire demi-tour et partir au trot quelque part dans les ruines. Frey pencha la tête sur le côté et sourit avec douceur.

_ Alors c'était toi, les cris… comme tu as dus te sentir seul… N'ais pas peur Dylas, je ne partirais pas.

_oOo_

Ville de Selphia, Palais du Dragon, 8ème jour de l'Eté…

Lest se tenait dans la salle d'audience, se tordant les mains avec nervosité. Il aurait voulut hurler, pleurer, vociférer… Sa petite sœur, sa seule famille, prisonnière d'un monstre… Tout ça pour une simple rose.

Le jeune homme se maudissait.

Tout était de sa faute.

Il ne se faisait pas d'illusion, le monstre équin tuerait Frey, comme il avait probablement tué l'éclaireur, et sans doute beaucoup d'autres personnes. Les Ruines Englouties étaient pleines de squelettes, après tout !

Un souffle de vent agita vivement ses cheveux, le forçant à relever les yeux. Du toit largement ouvert, un immense dragon aux écailles vertes se glissait sans bruit dans la salle.

_ Dame Ventuswill…

La créature reptilienne déploya ses larges ailes de plumes irisées allant du bleu au rouge pour ralentir sa descente et se posa en silence sur le sol de marbre blanc de la vaste salle. Son ventre ocre était orné d'une marque en arabesque plus sombre témoignant de son importance. Un Dragon Divin, l'un des quatre protégeant le royaume de Norad, La Dame de Selphia, crainte et vénérée par les habitants.

Si Frey n'avait jamais laissé la divinité l'intimider et se comportait comme avec une amie, Lest se trouvait toujours plus formel avec Ventuswill.

D'une voix hachée, le jeune homme relata les évènements des derniers jours à La Dame, depuis son départ pour les ruines jusqu'à son retour après le sacrifice de sa petite sœur.

_ Je vois… ce monstre pourrait-il être… Prince Lest, garde foi en ta sœur. Frey n'est pas le genre de personne à prendre des risques inconsidérés.

_ La situation est différente ! Elle… Ce monstre ne nous aurait pas laissé repartir vivants tous les deux ! Elle… C'est moi son grand frère, c'est à moi de la protéger… Il faut que je lève une armée pour aller la libérer, que je…

_ Je te l'interdis.

Lest regarda le dragon avec stupeur. Ventuswill le scrutait de son regard aux pupilles fendues avec intensité, lui donnant envie de disparaitre sous le moelleux tapis couleur vin recouvrant une partie du sol.

_ Ta sœur te l'a défendu, et je le fais aussi. Il est regrettable qu'elle soit née femme et que cela lui interdit de monter sur le trône, elle a toujours eut les épaules plus solides que toi. C'est terrible à dire, mais pour l'instant nous avons des problèmes plus urgents à régler que de monopoliser une armée pour une seule fille inutile à la ville. Nos ennemis de l'Empire de Sechs s'agitent, je le sens. Si nous leur offrons la moindre faille, ils s'y engouffreront et mettront la ville à feu et à sang… puis le royaume tout entier. N'oublie pas le rôle de Selphia, prince Lest. Cette ville se dresse comme un bouclier face à l'envahisseur, aussi bien humain que monstre. Et ton rôle est de protéger cette ville. Un prince ne s'appartient pas, il ne se doit qu'à son peuple. N'oublie jamais ça.

Lest baissa les yeux en se mordant la lèvre. Il ne le savait que trop bien. Il était le prince, il n'aurait jamais le moindre droit de vivre sa vie seulement pour lui, d'aimer qui il voulait, de faire ce qu'il voulait… Il se devait à sa ville, et à elle seulement.

Le jeune homme aurait voulut hurler contre ça aussi. Il n'avait pas demandé à naitre prince de la ville ! Mais il ne pouvait pas se rebeller, c'était inutile. Il se contenta d'incliner le buste devant le Dragon Divin.

_ Puisque telle est la volonté de Notre Dame…

_oOo_

Ruines Englouties, 10ème jour de l'été…

Frey abaissa ses doubles lames et regarda le monstre s'éloigner à tire d'ailes. Elle aimait ces créatures, mais n'était pas stupide au point de laisser une Chimère ayant visiblement prit gout à la chair humaine la dévorer. Et puis se battre lui avait permit d'occuper une petite heure de sa journée.

La jeune fille observa son reflet dans l'une de ses lames vertes. Elle s'ennuyait. Son geôlier n'était pas des plus loquaces, et elle ne l'avait pour ainsi dire pas vu depuis son arrivée, trois jours plus tôt. Elle avait bien songé à faire un peu de ménage, mais les ruines étaient dans un tel état qu'elle s'était sentie découragée devant l'ampleur de la tâche. Elle avait passé sa première journée de captivité à tenter de capter l'attention du monstre dénommé Dylas, la seconde à se tourner les pouces… et la troisième à comprendre que le temps allait être très long.

Avec minutie, Frey passa un long moment à nettoyer ses lames de toute trace de combat. Identiques, le vert de leur lame était niellé d'or, comme des volutes dansant au gré du vent qui semblait avoir inspiré leur allure au forgeron les ayant forgées. Frey astiqua minutieusement leurs poignées d'or finement ouvragées et les rangea finalement dans ses fourreaux dorsaux.

_ Je n'aurais pas cru que vous soyez une combattante de cette trempe.

La princesse de Selphia se retourna et observa le cheval noir se tenant droit derrière elle, immobile, le vent bruissant dans sa crinière plus grise que mauve en cette journée sans soleil.

_ Personne ne le sais, pas même mon frère. J'ai apprit à me battre avec un voyageur quand j'étais enfant. Normalement, rares sont les femmes à avoir le droit de toucher une arme. Forte, une Chevalier Dragon, est une exception, mais je ne doute pas qu'elle a dû bataille ferme pour se faire accepter. A ce qu'il parait, nous sommes trop sensibles pour pouvoir l'utiliser, trop faible pour pouvoir même la soulever. Et a plus forte raison lorsque la femme en question est la princesse de la ville ! Apparemment, je suis supposée rester oisive à me peigner la chevelure en attendant que mon frère me trouve un mari convenable.

Dylas souffla bruyamment par les naseaux, ce que Frey traduit par une sorte d'acquiescement un peu bougon. Elle sourit et se leva en s'étirant.

_ Bon, c'est bien beau tout ça, mais je commence à avoir faim.

Manger était une autre difficulté, dans ces ruines désertes. La façon même dont Dylas se nourrissait était un mystère, sans doute le lierre envahissant les murs. Frey s'était jusque là débrouillée avec les poissons attrapés dans le lac mais rien que d'imaginer manger exclusivement du poisson jusqu'à la fin de sa vie lui donnait la nausée. Et puis les eaux n'étaient pas très poissonneuses, aux alentours des Ruines Englouties. Si seulement Dylas l'avait autorisée à aller sur l'autre rive. Mais son geôlier ne la laissait même pas s'approcher du pont, alors le traverser…

Elle sursauta lorsque le son de ses sabots résonna sur la pierre alors que le maitre des lieux s'éloignait, ayant visiblement décidé avoir discuté suffisamment pour la journée.

_ C'est vraiment quelqu'un de taciturne… pourtant…

Frey leva les yeux vers le ciel parcourut de nuages, enviant les oiseaux le fendant à toute vitesse.

_oOo_

Ville de Selphia, 12ème jour de l'Eté…

Clorica bailla en sortant de son sommeil. Encore une fois, elle s'était endormie au beau milieu de la rue, alors qu'elle revenait du marché avec un plein panier de pommes bien rouges et sucrées. Elle ne connaissait rien de meilleur que ces pommes dont Arthur avait établi le commerce.

_ Bonjour Clorica. Tu devrais faire attention, c'est dangereux de t'endormir n'importe où.

La jeune femme aux longues tresses violette tourna la tête, encore toute engourdie par le sommeil et sourit d'un air absent.

_ Oh, c'est toi Forte. Bonjour ! Belle journée n'est-ce pas ? Cette petite sieste m'a fait du bien !

_ Tu es au courant qu'un voleur te faisait les poches pendant que ce que tu faisais, toi, c'était ta petite sieste ? Heureusement que nous passions par là. Oural et Mistral l'ont arrêté et emmené en prison.

Forte soupira devant l'attitude inconsciente de Clorica. La jeune servante souffrait certes de narcolepsie, mais ça ne devrait pas l'empêcher de faire attention à elle ! Or, Clorica semblait se moquer de ce qui risquait de lui arriver.

_ Un de ses jours tu vas te retrouver dans de beaux draps. Vishnal et tes amis ne seront pas toujours là pour voler à ton secours. Et moi, excuse-moi de te dire ça comme ça, mais j'ai mieux à faire que de jouer les nounous avec toi. J'ai dû mettre ma patrouille sur pause pour m'assurer que rien ne t'arrivait jusqu'à ce que Tully me ramène ton fiancé.

_ Vishnal… J'aime bien quand il vient me chercher…

Forte leva les yeux au ciel. L'amour était bien une chose lui échappant totalement. Pourtant elle devrait se renseigner sur le sujet, son petit frère grandissait et elle était bien décidée à le mettre en garde contre tous les dangers que recelait ce sentiment. La Chevalier Dragon se leva en apercevant la belle silhouette de Tully traverser la place, suivie par Vishnal. L'elfe noire jeta un regard dédaigneux à une créature de rêve tentant de la charmer. Elle était bien la seule à ne pas soupirer de désir face à Meryem, l'ignorant la plupart du temps. Son teint parfait, sa ligne admirable, ses cheveux de soie, tout ça semblait laisser Tully parfaitement de marbre. Peut-être que si Meryem avait été une épée, elle aurait daigné lui jeter un regard. La beauté absolue s'éloigna avec un haussement d'épaule de sa démarche chaloupée, suivie du regard par toutes les personnes sur la place, hommes ou femmes. Personne ne résistait à son charme indescriptible.

Pas même Forte.

_ Forte, reviens sur terre.

La jeune femme blonde sursauta alors que son amie elfe claquait des doigts sous son nez.

_ Je t'ai ramené Vishnal, mais on dirait qu'il n'aura pas besoin de porter sa dame. C'est toujours ça.

_ Oui… Vishnal, pardon de t'avoir dérangé.

_ Ce n'est rien, je suis toujours prêt à m'arrêter dans mes tâches pour aller chercher Clorica. Merci de l'avoir surveillée.

Forte hocha la tête et s'éloigna avec Tully pour reprendre leur patrouille, espérant que Léandre au moins avait put l'effectuer convenablement, et qu'il ne s'était pas arrêté pour une histoire fumeuse à La Lanterne Rouge simplement pour voir sa Naoko. Parfois Tully se demandait si leur ami homme-lion avait conscience que sa douce Naoko était une prostituée et était la douce Naoko de tout homme payant pour l'avoir.

Vishnal regarda les deux jeunes femmes s'éloigner et se tourna vers Clorica.

_ Allons-y, M. Volkanon s'inquiétait de ne pas te voir rentrer. C'est toi qui es chargée du repas, aujourd'hui.

Elle sourit d'un air encore brumeux et suivit le majordome, s'agrippant à sa main sans prévenir.

Vishnal lui jeta un regard de côté et soupira.

_ Fais attention, Clorica, notre ville n'est pas un havre de paix remplie d'habitants tous plus gentils les uns que les autres. Les tire-laines et autres voleurs pullulent et n'hésiteront pas à s'en prendre à toi.

_ Oui…

La jeune femme bailla longuement.

_oOo_

De l'autre côté de la petite place agrémentée d'une fontaine en son centre, Amber observait avec attention Clorica et Vishnal tout en grignotant un gâteau au miel.

_ Dis Xiao Pai, pourquoi ils s'attrapent par la main comme ça ?

_ Il me semble que c'est parce qu'ils sont heureux de marcher comme ça. Les couples font ça, c'est connu. Et on dit ''se tenir par la main'', pas s'attraper.

Amber pencha la tête, interrogative.

_ Etre heureux, c'est quand on sourit. Kiel l'a dit à Amber.

_ Alors maman doit être toujours heureuse, elle sourit toujours.

_ Mais lui, il ne sourit pas.

Xiao Pai délaissa son propre gâteau pour regarder le couple s'éloignant. Clorica avait son habituel sourire absent, et les lèvres de Vishnal étaient étirées avec douceur.

_ Bien sûr que si, il sourit.

_ Pas comme Kiel. Quand Kiel sourit à Amber, ses yeux brillent comme des étoiles ! Mais lui, c'est pas comme ça.

_ Il me semble qu'on sourit tous de façon différente.

Amber médita les paroles de son amie avant de hocher vigoureusement la tête et de mordre à nouveau dans son gâteau au miel. C'était presque aussi bon que les fleurs, mais Kiel lui avait bien dit de ne pas manger de fleurs en public. Et les gâteaux au miel de Porcoline étaient de toute façon délicieux. Elle se lécha les doigts avec gourmandise.

_ Tu viens Xiao Pai, on va retourner chercher des gâteaux !

_ Oui ! La dernière arrivée paye pour nous deux !

Les deux amies s'élancèrent en courant dans les rues, riant aux éclats.

Il ne leur avait pas fallut longtemps pour devenir les meilleures amies du monde. Elles s'étaient rencontrée lorsque Illuminata avait livré des fleurs à l'Hôtel du Carillon tenu par Xiao Pai et sa mère, Lin Fa. Amber avait accompagné l'elfe fleuriste et avait immédiatement sympathisé avec la jeune fille maladroite qu'était Xiao Pai, l'aidant à ramasser les morceaux du vase qu'elle venait de casser.

_oOo_

Arnaud releva son collègue pour garder la porte principale de Selphia et s'appuya contre la muraille, guettant la prochaine arrivée. Ce fut un simple marchand qui se présenta quelques minutes plus tard, du moins c'est ainsi que se présenta l'homme qui n'avait en tout et pour tout que ses propres vêtements en guise de marchandises, pas même un sac. Arnaud resta sur ses gardes, sa main prête à voler jusqu'à son épée.

_ Et qu'est-ce qui vous amènes à Selphia ?

_ Je suis simplement venu délivrer une lettre à Doug.

Arnaud regarda la missive que sortait l'homme de sa veste et la prit. Ils s'observèrent durant d'interminables secondes, jusqu'à ce que le garde de la porte baisse les yeux.

_ Je la lui transmettrais.

Le marchand s'éloigna comme il était venu, satisfait, suivant le sentier s'enfonçant dans la forêt en direction de la Route de l'Automne. Arnaud soupira et retourna le courrier entre ses mains, la mine sombre. Il la rangea dans la sacoche pendue à sa taille et se concentra sur sa garde ; tout du moins il essaya.

Jamais il n'aurait cru qu'une simple lettre serait aussi lourde à porter.