Hermione pencha la tête, curieuse.

— Tu n'aimes plus Harry ?

Ginny grimaça et elle haussa brusquement les épaules.

— Je ne sais pas. Je ne sais plus. J'aimerais qu'il revienne, mais je lui en veux. Je suis furieuse après lui ! Mais…

Hermione soupira.

— Tu l'as aimé avant même de le connaître, parce que tes parents te parlaient de ce petit garçon de ton âge hors du commun. Harry est adorable, il est facile à aimer, n'est-ce pas ? Tu as juste… reporté cette fascination sur le vrai Harry, meilleur ami de ton frère et qui avait désespérément besoin d'une famille.

Ginny se tendit et elle lança un regard furieux à Hermione.

— Tu dis ça comme si j'avais voulu le piéger.

Hermione secoua la tête.

— Bien sûr que non, Ginny. Mais tu as essayé de faire correspondre l'image que tu avais de Harry à celui que tu côtoyais et c'est là que ça ne fonctionne plus.

Les sourcils froncés, Ginny protesta.

— Harry est quelqu'un de bien ! Je ne comprends pas ce que tu essaies de dire, mais…

Hermione laissa échapper un rire amusé.

— Il est quelqu'un de bien. Tu oublies parfois qu'il est humain et qu'il est un jeune homme qui découvre la vie autour de lui. Maintenant qu'il a mis fin à la guerre, après avoir tout sacrifié, il a besoin de liberté et de… d'apprendre à se connaître, je suppose.

Ginny resta silencieuse, visiblement perdue dans ses pensées. Hermione insista légèrement, espérant que Ginny comprendrait.

— Celui que tu connais, c'est le Harry qui tentait de faire ce qu'on attendait de lui. Le Harry qui voulait plaire à tout le monde, en étant ce héros décrit par les sorciers.

Ginny murmura, les yeux dans le vague.

— Mais il avait peur. Il me l'a dit, une fois. Je lui ai juste répondu qu'il était puissant…

Hermione eut un rire triste et elle serra brièvement la main de Ginny.

— Il m'est arrivé de le lui dire aussi. Nous comptions tous sur lui et personne n'était là pour le rassurer.

Ginny se frotta le visage, avant de murmurer avec amertume.

— Ce n'était qu'une illusion.

Hermione hocha doucement la tête, avant de soupirer.

— Tu devrais l'oublier et aller de l'avant, Ginny. Découvrir qui tu es, vivre pleinement, sans te retourner sur le passé. Tu mérites vraiment d'être heureuse et je sais que tu ne veux probablement pas entendre ça, mais…

Ginny hocha sèchement la tête, interrompant Hermione et elle marmonna un vague remerciement signifiant la fin de la conversation. Hermione pressa une dernière fois l'épaule de Ginny avant de récupérer ses affaires et de rejoindre son lit à pas lents.

Le matin des Aspics, Hermione reçut une rose provenant de Drago ainsi qu'une carte où il lui souhaitait bon courage pour les épreuves. Il les passerait en même temps, mais il serait probablement au Ministère, en compagnie de Harry.

Cependant, lorsqu'elle sortit de la grande salle après le petit-déjeuner, sa rose à la main, Hermione découvrit Harry dans l'entrée du château, attendant avec calme. Elle se précipita vers lui et il l'enlaça avec un rire ravi.

— J'ai reçu un message me demandant de me présenter ici pour passer mes Aspics en candidat libre.

Hermione fronça brièvement les sourcils.

— Et Drago ? Il vient aussi ? Il devrait…

Harry l'interrompit en ricanant.

— Du calme ! Il ne devrait plus tarder, je suis venu plutôt en avance. J'imagine qu'il ne tient pas à rester trop longtemps… enfin… tu vois.

Hermione soupira et hocha la tête, regrettant que Drago ne puisse se débarrasser de sa culpabilité. Puisqu'elle avait toutes ses affaires, elle décida d'attendre avec Harry plutôt que de rejoindre la salle dans laquelle devaient se dérouler les épreuves.

Nerveuse, elle tressaillait à chaque bruit. Ils furent rejoints par leurs amis, Neville, Théo, Blaise, Pansy et Luna, mais Hermione n'arrivait pas à se concentrer sur leurs bavardages, préférant surveiller la porte.

Finalement, la porte du château s'ouvrit et un Rusard mécontent entra, suivi de Miss Teigne. Drago les suivait, tête baissée, et les joues rouges.

Une vague d'agacement submergea Hermione lorsqu'elle comprit que le vieux concierge acariâtre avait dû faire remonter de pénibles souvenirs chez Drago, probablement en lui listant ses fautes et en lui reprochant tout ce qui n'allait pas à Poudlard.

Elle se précipita vers le jeune homme au pas de charge, ignorant les protestations de Rusard — apparemment il imaginait qu'elle voulait se battre avec Drago — et elle enlaça férocement le jeune homme, se détendant lorsqu'il répondit à son étreinte avec la même intensité.

Le couinement pathétique de Rusard aurait probablement pu la faire rire, mais elle était bien trop occupée à profiter de l'instant…

Après un moment, elle murmura, hésitante.

— Tu vas bien ?

Drago avait enfoui son visage dans son cou et son souffle lorsqu'il marmonna une réponse inaudible la fit frissonner. Il leva finalement la tête avec un soupir et Hermione en profita pour l'embrasser.

Elle entendit une vague de chuchotements dans son dos et elle grogna avec agacement.

— Par pitié, ne me dis pas que nous sommes l'attraction du moment. Ils n'ont pas des cours qui vont commencer ?

Drago gloussa doucement, la regardant avec affection, puis il secoua légèrement la tête.

— Tu sais que tu serais une professeure redoutable si tu voulais te lancer ?

Hermione roula des yeux et enlaça leurs doigts pour le tirer vers leur groupe d'amis, lançant des regards noirs à ceux qui étaient occupés à les fixer. Elle nota que Ginny les observait, un peu en retrait, et son expression n'était pas hostile. Elle semblait accepter la situation, enfin.

Harry gloussa lorsqu'elle arriva près de lui et elle le bouscula légèrement, lui interdisant de faire le moindre commentaire. La moue boudeuse du jeune homme fit rire Théo et Neville, tandis que Pansy se jetait dans les bras de Drago, avec un cri de joie.

Il la réceptionna avec un grognement agacé, mais il avait un léger sourire en coin qui prouvait qu'il appréciait sa réaction. Cependant, il ne lâcha pas la main de Hermione, lui jetant un bref regard, comme pour lui assurer que Pansy n'était rien de plus qu'une amie.

Hermione oublia tout son stress pour les Aspics. Elle avait révisé avec sérieux. Elle avait envoyé ses cours à Harry et Drago, leur permettant de se maintenir à niveau. Maintenant, ils avaient tous à faire de leur mieux, et ils seraient diplômés, prêts à entrer dans la vie active.

Elle croisa le regard de Drago et une lueur de malice brillait dans ses yeux gris. Il se pencha vers elle, pour murmurer, avec un léger gloussement.

— Pour que notre mariage soit la seule chose qui importe cet été, nous devons réussir ces Aspics, tu ne penses pas ?