Dans le chapitre précédent :

Les souvenirs de Remus remontent à la surface. Il se souvient de sa vie précédente mais plus particulièrement d'un moment peu avant sa mort. Il se rappelle de son frère qui avait été manipulé par une espionne. Son souvenir s'arrête en cours, et il retrouve Romulus qui lui raconte la fin, l'intervention du roi Arthur et des autres seigneurs pour supprimer tous les sorts de contrôle sur lui, la création de la pierre protectrice des peuples magiques. Il explique également la découverte de dernière minute de la condition pour que les portails soient fermés : une personne doit également le fermer de l'intérieur depuis le portail principal. A la fin, ils quittent la forêt escortés de Dorélius et Louis pour se rendre au repas, puis à la réunion des Seigneurs pour Romulus.

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Attention, modification de la fin du chapitre précédent, il n'y avait besoin que d'un seul sacrifice et pas à chaque portail.

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Château Potter, salle à manger, mercredi 4 janvier 1995

Le repas se déroulait dans une ambiance sereine, pleine de paroles, de sourires, le tout entrecoupé d'éclats de rire. Les enfants étaient réunis à une table, bien que les deux plus jeunes, John et Jonathan, s'étaient endormis sur leur chaise.

― Tu crois qu'on devrait dire aux adultes qu'ils se sont endormis ? demanda Hermione dans un murmure à Harry.

Harry jeta un coup d'œil à la table principale, celle des adultes. Normalement il aurait dû y être installé en tant que Premier Prince, mais il avait dit qu'il préférait être avec ses amis et les autres de son âge. Ce qu'avaient parfaitement compris les adultes. Ils avaient donc séparé en deux la table, pour laisser aux plus jeunes leur impression de liberté. Harry ne trouva ni Marc, celui dans la famille dont il se sentait le plus proche, ni Benedict, le père de Léo. En regardant de plus près, il remarqua qu'aucun des membres siégeant à la table ronde, ni des seigneurs n'étaient présents. La réunion ne devait pas être encore terminée, ce qui était étrange.

― Viens, on va les ramener nous-même, pas la peine de les déranger.

Hermione regarda son ami en levant un sourcil avant de le suivre.

― Tu ne crois pas qu'il faudrait prévenir leur parents ?

― Pas besoin, Antonn, le père de John vient de nous faire un signe de tête. Je te laisse prendre Jonathan.

La jeune fille attendit qu'ils soient sortis de la salle pour prendre la parole.

― Bon, et maintenant, si tu me disais pourquoi on est sorti ? Je te connais, et j'ai bien vu ton regard Harry James Potter.

Harry poussa un léger soupir, son amie était décidément trop observatrice. Mais elle ne serait pas Hermione sans ça. Il commença à monter les escaliers, Hermione à sa suite avant de répondre à sa question.

― Je m'inquiète. La réunion n'est toujours pas finie.

― Comment ? s'étonna-t-elle tout en faisant attention de chuchoter pour ne pas réveiller les petits. Mais elle a commencé il y a plus de deux heures non ?

― Oui, Marc m'avait pourtant assuré que cela serait vite terminé, et ce qui ne me plaît pas par-dessus tout, c'est que comme il est en Avalon, on ne peut pas discuter par le lien. D'après mon grand-père cela viendra avec le temps. Mais pour l'instant rien.

― Et donc, que veux-tu faire ?

Pour toute réponse, Harry se contenta de regarder son amie avec un sourire en coin. La jeune fille comprenant vite ce que voulait son ami, commença à paniquer.

― Non, non et non Harry !

― Non à quoi ? Je n'ai rien dit !

― Et moi je te connais bien ! Il est absolument hors de question que l'on se rende en Avalon pour espionner la réunion !

― Mais personne ne le saura !

― Moi je le saurai ! s'exclama Hermione en s'arrêtant.

― Je reformule, personne autre que nous ne s'en rendra compte.

― Harry…

― Viens, on en parlera en montant, c'est qu'il commence à peser le petit et sa chambre n'est pas tout à fait à côté.

Hermione grommela, mais raffermit sa prise délicatement et emboita le pas de son ami. Ce n'est qu'une fois arrivé sur le palier qu'une information revint à la mémoire d'Hermione.

― Harry… Ne me dis pas que tu te sers de l'excuse de devoir ramener les garçons au lit pour accéder à la porte d'Avalon qui se trouve dans le couloir des branches secondaires de ta famille ?

― Alors je ne te le dirai pas.

― Mais enfin Harry, si tu veux tant que cela y aller, pourquoi ne pas utiliser celle qui est dans tes appartements ? Il n'y en a pas une aussi ?

― Si, mais elle est dans l'appartement que j'occuperai à ma majorité. Et Marc y a non seulement accès, mais en plus y est relié tant que je n'aurai pas eu ma troisième maturation magique lors de mes dix-sept ans. Et je ne veux pas qu'il soit au courant de notre passage en Avalon.

― Ne le saura-t-il pas ? Après tout vous êtes relié non ?

― Il ignorera si je ferme notre connexion avant notre passage.

― Harry ?

Harry et Hermione se figèrent à l'entente de cette petite voix endormie, avant de baisser les yeux vers Jonathan. Ce dernier les regardait et fit grogner Hermione en constatant la lueur dans son regard. Lueur qu'elle ne connaissait que trop bien car il lui arrivait de la trouver dans celui de son meilleur ami. En tournant légèrement la tête elle remarqua que John était tout autant réveillé et posait sur eux le même regard.

― Oui Jonathan ? demanda Harry d'un ton doux qu'il n'employait que rarement.

― On ne dira rien si tu nous emmènes avec toi.

Le choc sur le regard de son meilleur ami tira à Hermione un léger rire, qu'elle eut du mal à dissimuler.

― Vous ne préférez pas aller au lit ? tenta le jeune homme. Vous dormiez profondément il y a moins de deux minutes.

― Vous êtes pas discrets quand vous parlez, râla Jonathan en frottant ses yeux contre l'épaule d'Hermione qui ajusta sa prise en conséquence. Nous on veut juste revoir les Qilins. S'il te plaît ! Promis on ne t'embêtera pas, on restera avec les Qilins et vous viendrez nous chercher quand vous aurez fini d'espionner les grands.

― Les Qilins ? demanda Harry.

― Tu ne les connais pas ? s'étonna John en se redressant d'un coup, obligeant Harry à le poser par terre. Ce sont les animaux de notre famille ! Ils sont d'une grande fiabilité et capable de juger une personne en l'espace de quelques secondes. Ils sont parfois utilisés pour élire le représentant des peuples. Il faut absolument que tu les rencontres !

― Harry, intervint Hermione, je croyais que tu voulais utiliser la fin du repas pour faire parler Remus sur ce qui lui est arrivé tout à l'heure ?

― Pas grave, je lui en parlerai plus tard.

― Il a retrouvé sa mémoire… intervint John avant de préciser, enfin, la mémoire de sa vie passée. Et le trop plein de souvenirs l'a rendu malade.

― Comme sais-tu ça ?

Hermione avait posé sa question en plissant des yeux en direction du jeune homme. L'enfant de seulement quatre ans la laissait sans voix.

― Les adultes ne font pas attention à nous… il nous suffit de faire semblant de dormir et on entend tout ce que l'on veut…

― Vous ! s'exclama Hermione comprenant que ces petits chenapans les avaient espionnés. Mais enfin, vous avez quel âge ?

John la regarda en haussant légèrement les épaules avant de répondre.

― On est des Potter, on apprend plus, plus vite et plus tôt que le commun des mortels, c'est en quelque sorte un don de Magia.

― Harry ce gène ne t'aurait pas oublié par hasard ? le questionna Hermione.

― Non, j'ai juste grandi avec les Dursley. Ne t'en fait pas, la coupa Harry alors qu'elle allait s'excuser, Marc et Emma m'ont aidé avec ça. Et je peux t'assurer que depuis six mois maintenant je suis bien content de cette capacité à engendrer des informations plus rapidement que d'autres.

Hermione hocha la tête, comprenant par son intonation lorsqu'il avait évoqué les Dursley qu'il ne voulait pas en parler. Elle se traita mentalement d'idiote, comment n'avait-elle pas pu y penser plus tôt. Et si elle était honnête avec elle-même, elle avait autant envie que lui d'aller en Avalon, sa curiosité était en train de prendre le pas sur la raison. Mais ce fut l'arrivée d'un elfe de maison et son message qui la fit définitivement changer d'avis.

― Maître Harry, cette lettre est arrivée par courrier d'urgence pour vous. Je l'ai analysé comme le voulait la procédure et n'ai rien trouvé de suspect.

― Merci, répondit Harry en prenant la lettre.

Dès que la lettre quitta son plateau, l'elfe disparut d'un claquement de doigt. Harry parcourut la lettre et fronça les sourcils au fur et à mesure de sa lecture.

― Harry que ce passe-t-il ?

― Cette lettre vient de Penelope Deauclair, sa mère est au magenmagot, et elle a reçu une convocation étrange pour vendredi. Elle m'explique que normalement la tradition veut que le prince en titre ou son représentant le cas échéant co-signe la convocation. Si elle n'était pas étonnée les années précédentes du manque de co-signature du fait de mon âge, au vu des derniers événements, l'absence de la signature de Marc la rend suspicieuse. Ça plus le fait que la réunion aurait dû avoir lieu une semaine après. Sirius devant y présenter le projet de loi aboutit sur l'orphelinat.

― Oui, c'est étrange, sans doute un oubli du ministre. Ils ont l'air d'avoir vite oublié les bonnes pratiques. Il faudra le leur rappeler.

― Oui, tu as sans doute raison, j'en parlerai avec Marc, soupira Harry avant de se tourner vers ses petits cousins. Bon, on va les voir ces Qilins ?

― OUI!

Bien qu'il mourrait d'envie d'aller espionner la réunion, Harry s'était résigné. Il ne pouvait pas prendre le risque que ces deux espions en herbe n'entendent des choses qu'ils ne devraient pas à leur si jeune âge. C'est en ayant cette réflexion qu'il se dit que peut-être lui-même n'était pas encore assez âgé et mur pour entendre ce qui était dit lors de la réunion. Tout d'un coup, le sentiment d'urgence de devoir savoir absolument quel était le problème s'estompa. Marc avait toute sa confiance, et s'il avait fermé le lien s'était pour une bonne raison. Il pouvait lui faire confiance pour lui rapporter les événements survenus pendant la réunion, mais aussi pour y mettre les formes, lui évitant des réactions trop disproportionnées, réactions qu'il parvenait de plus en plus à éviter grâce aux conseils d'Emma et de Marc.

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Magenmagot, vendredi 6 janvier 1995

Du fond de la salle, dissimulé par la cape familiale, Marc observait les membres du Magenmagot s'installer. Du regard, il chercha Jazz, et ne put laisser échapper un sourire en coin en le voyant s'asseoir à la place qui lui était réservée. Enfin, pas vraiment la sienne, plutôt celle réservée à la personne dont il avait pris l'apparence, à savoir, Lady Deauclair. Ils avaient travaillé toute la journée de la veille, jusque tard dans la nuit pour être certain d'imaginer tous les scénarios possibles. Les chevaliers n'étaient pas d'accord avec leur plan et ils l'avaient bien fait comprendre. Laisser deux princes de Magia, en présence d'une personne qui leur était visiblement opposée, sans la possibilité de pouvoir les protéger correctement était au-dessus de l'acceptable. Mais Marc avait été intransigeant, Il était beaucoup trop risqué de dissimuler autant de personnes au sein du Magenmagot.

Les chevaliers n'avaient pas été les seuls à convaincre de rester à l'écart de toute cette histoire. Harry, entre autres, n'était pas d'accord pour être écarté d'une telle situation. Même si le jeune homme avait fait beaucoup de travail sur lui-même pour ne plus être soumis à ce sentiment d'insécurité et de ne pouvoir faire confiance à personne, il avait encore du mal, d'autant plus lorsque des proches à lui étaient mis en danger, à rester à l'écart. Marc et sa mère avaient dû travailler avec Harry toute leur soirée de la veille, et même ce matin jusqu'à la dernière minute. Emma avait dû retenir Harry et l'entraîner avec elle, pour l'empêcher de s'accrocher ou de trouver ils ne savaient quel subterfuge pour s'accrocher à Marc lorsque ce dernier transplanerait. Pour rassurer le jeune Gryffondor, Marc avait accepté de laisser leur lien ouvert mais uniquement dans le sens sortant pour lui, c'est-à-dire que Harry voyait et entendait ce qu'il se passait au sein du Magenmagot.

Malgré tout cela, Marc était heureux de la relation qu'il avait avec Harry, il ne s'attendait pas à ce que son jeune cousin s'attache autant à eux et si vite. Mais le fait d'avoir été en quelque sorte abandonné tout au long de son enfance, avait rendu Harry méfiant envers les adultes et les personnes exerçant l'autorité.

Un léger raclement de gorge fit taire le brouhaha ambiant, et ramena Marc à l'instant présent.

― Lord, Ladies, Messieurs et Mesdames, merci d'avoir tous répondu présent ici et aujourd'hui.

La voix aiguë et nasillard de la personne qui parlait, irrita l'oreille de Marc. Un seul clin d'œil lui suffit à identifier la femme qui avait pris la parole. Un élan de haine à son encontre Le traversa, élan qu'il parvint rapidement à contenir. Cette femme, la secrétaire du ministre de la magie, était à l'origine d'un nombre de lois allant à l'encontre de Magia tellement important qu'il n'en revenait toujours pas qu'elle ait pu en faire passer autant. Sa présence mais surtout sa prise de parole lui laisser penser qu'il ne pourrait sans doute pas exaucer le vœu de l'ordre Dracula, à savoir s'occuper lui-même de cette femme.

Contrairement à ce qu'elle espérait, ses propos soulevèrent un grand nombre d'interrogations, et parfois même de protestation. Marc réussit à percevoir de nombreuses interrogations de Lords envers leurs voisins, questionnant sur l'absence des membres des familles chevaliers ainsi que de la famille royale.

― Un peu de calme je vous prie, vous êtes en présence du Ministère de la Magie, le respect s'impose, s'exclama la secrétaire d'État.

― Comment osez-vous nous parler de respect s'égosilla une personne que Marc ne parvint pas à identifier, alors que vous avez osé commettre un crime contre Magia en convoquant l'assemblée dans son intégralité à l'exception des êtres bénis par Magia, et de sa famille doit-on le rappeler.

― Monsieur MacIntyre, du calme, du calme, répondit le ministre. Nous ne sommes pas ici en ayant commis un crime contre Magia. Non, nous, nous sommes là pour rétablir la vérité. La famille de Magia a été intégralement décimée par les maladies, les guerres et les accidents. C'est une histoire bien connue de tous ! Malheureusement, il ne reste maintenant plus que le jeune Lord Potter. Moi ministre de la magie, j'accuse toute personne se faisant passer pour la famille de Harry Potter, d'imposture et de traîtrise envers Magia. Comment ont-ils pu croire que le ministère de la magie se laisserait berner par de telles divagations ! Toute cette histoire de partir pour protéger la famille est une aberration ! Comment, nous, le peuple germanique, le peuple le plus proche de Magia pourrait avoir participé à l'extinction de la famille Royale ! Et que dire de cette histoire encore plus loufoque, cette accusation à l'encontre du professeur Dumbledore ! Lui ! Le vainqueur de Grindelwald ! Celui que les mages noir craignent ! Nous devons le sauver ! Lui et le jeune Potter de cette bande d'imposteur ! Nous devons condamner ses traites se faisant passer pour nos Princes ! Une telle imposture ne mérite qu'une seule et unique chose, le baiser des Détraqueurs !

Les propos tenus par le ministre coupèrent le souffle des membres présents. Tous se regardèrent, n'osant prononcer le moindre mot. S'interrogeant muettement, d'un regard, sur la véracité des dires du ministre de la magie. Cependant beaucoup réalisèrent bien vite que les propos du ministre étaient incohérents et impossibles, ils avaient pour la plupart assisté au bal du Nouvel An donné au sein du Palais Royal. Et c'était sans parler de leur apparition lors du bal de Noël à Poudlard.

Marc commençait à bouillir intérieurement. Comment ce simulacre de politicien osait tenir de tels propos ! Ne se rendait-il pas compte que par ces derniers propos il signait le glas du ministère de la magie ! Il pouvait sentir Magia trembler ! Cet homme menaçait sa famille. De loin il voyait Jazz qui tentait de contenir sa Magie, mais il avait de plus en plus de mal. Marc n'eut pas le temps de penser à quoi que ce soit d'autre, un grand mal de tête le prit d'un seul coup. Harry tentait de forcer leur communication. Il se rappela alors que Harry écoutait tout, mais qu'il avait fermé l'écoute de son côté pour être plus concentré. Il décida d'écouter son cousin, après tout, il ne pouvait rien entendre autour de lui avec ce marteau piqueur que provoquait Harry.

Les aînés arrivent ! Ils nous ont enfermé ! Ils étaient à côté de moi et je leur ai relaté les propos du ministre ! Oncle James et Oncle Jasper sont dans un tel état ! Leur magie crépitait ! Ils veulent que vous partiez discrètement et rejoigniez le château !

Comment ! s'exclama Marc en rejoignant aussi discrètement qu'il le pouvait Jazz. Comment ça vous ne pouvez pas sortir ?

Ils ont activé les protections de temps de guerre d'après un tableau. Et Magia refuse de nous écouter et de nous laisser sortir ! Elle a même ouvert des passages vers Avalon ! Elle les ouvre en dessous de nous ! John et Jonathan y sont tombés, leur parents les ont rejoints ! Ah et Léo vient d'y tomber dedans ! Magia a ouvert le passage dessous son siège ! Il faut maîtriser le ministre de la magie ! J'ai l'impression que Magia veut couper l'Angleterre d'Avalon !

Harry calme toi, j'ai une idée. Connaissant mon grand-père, il sera là d'ici cinq minutes, peut-être dix. Laisse-moi gérer d'accord ?

Après avoir coupé sa communication avec Harry, Marc ferma les yeux et se concentra sur Magia. Il devait la rassurer avant toute autre chose. "Magia, tout ira bien. Il ne nous fera rien. Les sorciers ne le croient pas. Il subira ton procès et ton courroux, je te le promets. Alors je t'en conjure ne nous renvoie pas tous en Avalon, laisse-nous le temps de leur apprendre." Un courant d'air parcourut l'assemblée, figeant toutes personnes se trouvant à l'intérieur de l'hémicycle. Marc entendit un très lointain "d'accord". Il soupira de soulagement, Magia acceptait de lui laisser une chance de calmer la situation. Heureusement qu'elle ne pouvait créer des passages que depuis leur Palais…. Sinon il n'aurait rien pu faire, il en était persuadé.

― Jazz, chuchota Marc, calme, plan.

Marc n'osait pas prononcer plus de mots de peur d'être entendu. Il devait rester caché jusqu'à ce qu'il atteigne le centre de l'hémicycle. Jazz ferma les yeux et hocha la tête. En passant à côté de lui, Marc lui tapota deux fois l'épaule, c'était le signal, il devait prendre l'antidote du polynectar. Le temps qu'il fasse effet, Marc aurait retiré sa cape, et il aurait atteint le centre de l'hémicycle.

Une fois qu'il eut pris l'antidote, Jazz regarda fixement devant lui. Il entendit un hoquet de surprise venir de sa droite, mais ne détourna pas son regard pour autant. Il commençait à reprendre son apparence. D'un geste de la main, il redonna leur apparence à ses vêtements. Au même instant, Marc retirait sa cape, provoquant un mouvement de recul et des cris de toute l'assemblée. Jazz n'eut que le temps de remarquer le blanchissement du ministre avant que son regard ne soit attiré par un mouvement rose. La secrétaire du ministre semblait vouloir s'échapper. Malheureusement pour elle, les portes s'ouvrirent dès qu'elle les eut atteints. Malheureusement, car derrière elles se tenaient l'ensemble des Chevaliers et les aînés des Princes. Dans un couinement peu distingué, elle recula de quelques pas avant de rejoindre le ministre en courant et de lui chuchoter quelques mots à l'oreille. Cependant ce dernier ne sembla pas l'entendre. En réalité, il ne semblait plus entendre quoi que ce soit. Son regard était fixé… perdu devant lui, comme s'il commençait à se réaliser ce qui l'attendait avant même que la décision n'ait été prise…. Sa secrétaire ne l'entendait pas ainsi. Non, elle le lui fit bien comprendre en lui écrasant le pied de manière violente, l'obligeant à réagir. Le Ministre, après avoir dégluti pris la parole.

― Auror ! Arrêtez ces intrus ! Ils sont coupables de traîtrise envers Magia.

A l'entente de ces mots, Jazz se dit qu'il devait être devenu fou… Marc haussa un sourcil et regarda sans fléchir le ministre. Les aurors se regardèrent, semblant chercher à savoir ce qu'ils devaient faire.

― Vous êtes bien courageux monsieur le ministre, ou plutôt stupide, ou peut-être les deux à la fois.

Marc avait parlé d'un ton à la fois doux et tranchant, ce qui rendait sa prise de parole glaciale. Personne ne pouvant deviner ce qui allait être dit par la suite, rendant l'ambiance dans la salle pesante.

― Je pense que c'est la deuxième option… Après tout, s'il était réellement courageux, il aurait agi même en présence des Chevaliers.

Les regards se tournèrent vers Jazz, qui dans un mouvement lent se leva et se dirigea vers son cousin, pour se placer à ses côtés, la baguette au point, son tatouage familial bien en évidence. Il s'adressa ensuite aux différents aurors présents dans la pièce

― Aurors, vous savez ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire. Maintenant, à vous de déterminer quel est le choix le plus judicieux que vous devez faire, à savoir, écoutez votre ministre ou pas ? Mais en attendant, nous avons un message pour vous.

― En effet. Il était normalement prévu d'attendre les vingt-cinq ans de Harry avant de prendre une telle décision. Mais vos actions nous font prendre des mesures désespérées…. C'est pourquoi, sur les demandes de Magia, Destinée et Mort, je relève le ministère de la magie d'Angleterre de ses fonctions. Le délai de réflexion et de remise à niveau accordé est maintenant révoqué. La famille de Magia reprend sa place pleine et entière de souverain du monde magique de Grande Bretagne.

Tout en parlant, Marc laissa la magie s'échapper de ses mains. Sa magie se transforma rapidement en un léger tourbillon. Les membres du Magenmagot regardèrent impuissant leur siège disparaître, et tous se retrouvèrent propulsés, ainsi que le ministre dans un coin de la salle. L'estrade sur laquelle siégeait le ministre disparut, avant de laisser place à deux trônes, précédant une rangée de sièges sur lesquelles figuraient l'emblème royal. Devant l'estrade se tenait une autre rangée de sièges, sur lesquelles figuraient les emblèmes de chaque famille Chevalier.

Marc fut le premier à s'avancer. Il ne s'installa pas sur le trône le plus haut, mais sur celui à sa droite, légèrement moins grand. Jazz et les deux aînés, Jasper et James le suivirent et s'installèrent sur des sièges dans son dos.

Les familles Chevalier de leur côté s'inclinèrent devant Marc avant de prendre place dans leur siège.

Toute cette installation s'était faite dans un silence lourd. Les membres du magenmagot n'avaient pas soufflé un seul mot, et ce pendant toute l'installation des Princes et Chevaliers. Aucun n'osez ne serait-ce que respirer trop fort. Quoi que puisse dire le Ministre, quoi qu'il puisse inventer comme fable, tous savaient la vérité. Quelque chose au plus profond d'eux-mêmes la leur avait soufflée. Mais, ils ne pouvaient l'accepter, non ils n'y arrivaient pas. Car l'accepter signifiait qu'en étant présent ce jour et en ayant laissé la réunion commencer sans protester face à l'absence des membres Chevaliers de la table ronde, ils avaient trahi.

Marc, le regard dur et implacable fixa chaque membre de cette "noble" assemblée. Il les fixa tous, les uns après les autres, prenant le temps de déchiffrer leurs expressions, de voir apparaître la peur sur leur visage. Car même s'ils ne voulaient pas l'admettre, même s'ils niaient leur implication, tous avaient participé et accepté cette réunion sans la présence ni des Chevalier, ni des Princes. Tous avaient accepté ces dernières années de réduire les droits et pouvoirs des Potter sous prétexte que Harry était trop jeune. Tous avaient accepté de voter des lois allant à l'encontre de Magia. Tous étaient coupables et ils le savaient. Tous étaient conscients de leurs erreurs.

Marc soupira, ils devraient maintenant faire le tri entre ceux qui avaient trahi et ceux qui avaient suivi sans vraiment réfléchir ni avoir conscience de l'impact de leurs actes. Ils ne pouvaient pas tous les sanctionner de la même manière. Une fois qu'il eut fait le tour de tous les membres présents, il se concentra sur son lien avec Harry. Ce dernier le rassura, Magia s'était bien calmée. Elle avait cessé de les envoyer les uns après les autres en Avalon, mais refusait pour l'instant, que ceux qui y étaient, rentrent...

Marc retint un soupir. Il savait, avec certitude que si elle l'avait pu, Jazz et lui auraient été les premiers à être envoyés. Mais le ministère n'était pas directement lié à Avalon, ses ancêtres y avaient veillé, comme s'ils se doutaient que les Anglais, les sorciers Anglais n'étaient pas des êtres en qui ils pouvaient avoir totalement confiance. Les seuls endroits directement reliés à Avalon étaient les maisons ancestrales des familles Chevalier et le Palais royal. C'est pourquoi, en temps de trouble, et lorsque les membres l'acceptaient, ils étaient confinés au Palais. Sachant cela, il ne comprenait pas pourquoi des mesures de confinement n'avaient pas été prises bien avant l'exil de la famille au États-Unis.

Son grand-père lui avait expliqué que rien ne prouvait concrètement qu'ils étaient des cibles, à l'exception de leur instinct. Magia elle-même n'a pu voir ce qu'il se passait, et Destinée a été prise par surprise. Le cours des choses a été bouleversé. De plus, le caractère de la famille étant ce qu'il était, ils refusaient de vivre cachés, enfermés dans un endroit clos, d'autant plus que les drames frappaient de manières imprévisibles, parfois espacés de quelques années. L'exil avait été une alternative tout juste acceptable pour eux.

Un raclement de gorge provenant de l'assemblée le sortit de ses pensées. Il jeta un regard sombre à l'espèce d'être humain qui ressemblait plus à un crapaud rose qui avait osé émettre ce son. Ne possédait-elle pas un instinct de survie ? se questionna Marc. Il haussa un sourcil en braquant son regard sur elle, puis, tout d'un coup, la lumière se fit dans son esprit et il dû masquer son étonnement. Il comprenait maintenant pourquoi un des tableaux de ses ancêtres, le petit-fils du roi Arthur plus précisément, avait tenu à ce qu'il apprenne à lire les liens de Magia. Elle n'avait pas le lien habituel pour les sorciers lambda. Non, pas du tout même. Il ne put se retenir de froncer les sourcils en l'analysant un peu plus. Heureusement pour lui, l'intégralité de l'assemblée prit ce froncement de sourcil comme un signe de réprobation. Il chercha dans sa mémoire mais il ne se rappelait pas avoir évoqué un tel aspect du lien. Il le mémorisa pour en discuter avec lui plus tard, mais il était sûr que ce n'était pas normal. C'était comme si son lien avec Magia avait été recouvert par un autre lien. C'était étrange…. Bon, il allait devoir remettre à sa place cette opportuniste, mais sans trop, c'était elle que le seigneur Vladimir s'était réservé. Halala, mais pourquoi avait-il promis de la lui laisser.

Voyant qu'il tardait à réagir et connaissant son cousin, Jazz se leva et s'avança. Un coup d'œil discret lui permit de confirmer ce qu'il savait déjà…. Son cousin s'était encore perdu dans ses pensées…. Dire que cette manie lui avait valu de nombreuses blagues si on pouvait appeler ça des blagues, de la part de sa famille maternelle et cela n'a pas suffi à la lui faire perdre. Bon, puisque c'est comme ça, c'était à lui de jouer.

― Qui êtes-vous pour vous permettre un tel…. geste en présence du second prince ?

― Ce n'est déplacé que si vous êtes réellement qui vous dites être. Comment pouvons-nous vous croire ? Qui nous dit que vous n'avez pas ensorcelé par un puissant sort de magie noire l'intégralité du peuple Britannique, et plus précisément les proches des défunts princes ? Et quand bien même cela serait vrai, ne pensez-vous pas avoir perdu tous vos droits en vous enfuyant, laissant le peuple sorcier Anglais aux mains d'un dangereux mage noir ?

― Parce que les légères démonstration auxquelles vous avez assisté ne vous ont pas suffi ? répondit avec morgue Marc qui était sorti de ses pensées dès l'intervention de son cousin. Désespérant. Le niveau d'intelligence du ministère ne pouvait pas être plus bas.

― Marc… grinça entre ses dents son cousin de façon à ce que personne ne remarque son intervention.

― Si le fait que la salle cœur du ministère soit entièrement modélisée à l'ancienne ne suffit pas à vous convaincre, murmura Marc d'un ton plus doux, alors nous ne pouvons plus rien pour vous. Sorciers, sorcières, afin d'être le plus juste, je vous annonce que vous allez tous être soumis à l'inspection Royale. Cette inspection déterminera si oui ou non vous serez soumis au jugement de Magia lors d'un procès. Nous allons commencer l'inspection dès maintenant. Grand-père ?

Tout en posant la question Marc s'était levé et tourné vers son grand-père. Ce dernier, comprenant où il voulait en venir, se leva pour le seconder. Ils s'avancèrent ensemble jusqu'à dépasser les Chevaliers, provoquant leur grimace, mais ils n'en avaient que faire. Seuls les premiers et second Princes connaissaient le rituel qu'ils allaient utiliser. Personne ne pouvait donc les remplacer. Si Jasper s'était assuré que son petit-fils le connaisse avant même qu'il n'entre à l'école, Harry n'était pas là, et il fallait être deux pour l'utiliser. Tous deux prononcèrent un chant ancestral, la magie se mit à tourbillonner autour d'eux. Ils étaient maintenant dissimulés par un vent magique, on ne pouvait que deviner leur silhouette. Jazz s'était posté à leur côté, suffisamment éloigné pour ne pas être pris dans le vent magique, bien qu'il ne lui arriverait rien de part son sang, mais pas trop éloigné non plus pour pouvoir agir en cas d'attaque. Son grand-oncle James était resté assis mais il le savait redoutable en combat, même sans baguette.

Une fois l'incantation terminée, une fontaine dont le bassin était en pierre était apparue devant eux. Cette fontaine était surmontée de deux main se faisant face. Marc ne laissa pas plus de temps pour l'observer et prit la parole.

― Voici la fontaine de la vérité. Vous êtes trop nombreux pour que nous procédions différemment et je n'ai pas la patience d'attendre après le véritassérum. Vous allez vous approcher les uns après les autres. Vous verserez une goutte de votre sang dedans tout en prononçant les mots suivants " je n'ai pas sciemment trahi Magia". Si l'eau de la fontaine devient verte, cela signifie que vous dites la vérité. Vous pourrez sortir, un examen plus approfondi de votre passif se fera par la suite mais de manière moins urgente. Si les mains de la fontaine claquent et que l'eau devient rouge, cela signifiera alors que vous avez menti et que vous saviez que par une de vos actions vous avez trahi Magia. Vous serez alors immédiatement transporté dans les geôles du ministère en attendant votre procès devant Magia qui se tiendra dans un mois jour pour jour.

Si beaucoup de membres parurent soulagés de cette nouvelle, une bonne partie quant à elle était inquiète. Mais ce n'est pas la réaction des membres du Magenmagot qui inquiéta Jazz. Non, c'était le fait qu'il savait ce qui allait se passer pour son cousin. Il l'avait aidé lorsqu'ils étaient enfants à mémoriser les différents rituels. Personne ne le savait mais il l'avait fait. A chaque fois qu'une personne était soumise à la fontaine de vérité, le maître de cérémonie, ici Marc devait lui aussi donner à la fontaine une partie, non pas de sa magie mais de son énergie. Et plus la fontaine était sollicitée en peu de temps, plus elle réclamait. Jazz s'approcha alors de son cousin, de manière discrète alors que le vieux Jasper rejoignait son siège, masquant la fatigue provoqué par l'incantation.

Une fois qu'il eut atteint Marc, il s'adressa à lui de manière discrète.

― Es-tu certain de pouvoir en supporter autant ?

― Cela ira, répondit Marc sur le même ton.

― Si jamais cela ne va pas, tu puises dans ma magie, et n'hésite pas !

Pour toute réponse, Marc se contenta de presser l'épaule de son cousin avant de s'avancer pour se positionner face à la fontaine, d'un geste de la main, il invita le ministre à se positionner de l'autre côté de la fontaine.

― Monsieur le Ministre, vous avez été à l'origine de cette réunion, vous serez donc le premier à passer. Avancez-vous je vous prie.

Le ton faussement gentil de Marc ne leurra pas le ministre sur le fait que le Prince n'avait aucun doute quant à son sort. Le ministre, dans son opposition, et toujours sur de lui quant au fait que la Grande Bretagne magique n'avait pas besoin de la royauté pour survivre, après tout, ils l'avaient fait pendant plus d'une décennie. C'est pour ces raisons qu'il resta campé sur ses positions, et le fit savoir.

― Je refuse de me soumettre à un jugement plein de magie noire et désuet…

Seulement le ministre n'eut pas le temps de terminer sa diatribe. Marc avait usé de sa magie sans baguette pour faire venir le ministre qui glissa à une vitesse telle jusqu'à la fontaine qu'il ne réussit pas à attraper quelqu'un pour se retenir malgré ses maigres tentatives.

Marc ignora le grognement de réprobation de son cousin avant de sourire au ministre.

― Il est inutile de tenter d'y échapper, nous agissons selon la volonté de Magia. Ne vous en rendez-vous pas compte ?

― Magia n'est qu'une légende !

L'exclamation du ministre provoqua une effervescence dans la foule. Certains se demandaient si le ministre n'avait pas perdu la tête pour proférer de tels propos. Le sourire de Marc s'agrandit. Il avait réellement affaire à un sot. Le Chevalier Malefoy l'avait averti, mais le constater était autre chose…Le peuple Britannique avait mis un imbécile au pouvoir. Il faudra qu'il se penche un peu plus sur les dernières élections.

― Monsieur le Ministre, de tels propos sont… étonnant lorsque l'on sait que lors de votre prise de fonction vous jurez allégeance à Magia. Je rappelle que si la magie de votre lignée diminue, c'est parce que mère Magia vous juge indigne d'elle. Mais, attendez, votre petit-fils qui est né il y a moins de deux ans, n'a-t-il pas été déclaré cracmol par les médicomages ?

Les murmures qui s'étaient tus pendant la prise de parole de Marc reprirent avec virulence devant cette information. Voyant que son cousin ne serait pas patient pour attendre que le silence revienne, Jazz prit les devant et, d'un geste négligé de la baguette, comme s'il était agacé, jeta un silencio à l'assemblée. Tous se turent et le regardèrent pour certains avec des yeux écarquillés comme s'ils n'arrivaient pas à croire que l'on ait osé leur jeter un tel sortilège. Cependant, ils prirent rapidement un air contrit lorsque Jazz prit la parole.

― Soyez heureux que je me sois contenté d'un silencio. Dois-je vous rappeler que vous êtes en audience royale devant le Second Prince ! Il va vous falloir revoir le protocole ! En présence officielle de la famille de Magia, nul ne peut prendre la parole sans y être invité par le membre de la famille de Magia le plus éminent présent. C'est déjà la deuxième fois que vous vous laissez emporter, qu'il n'y ait pas de troisième fois !

Les membres de l'assemblée se regardèrent et pour la plupart inclinèrent légèrement la tête en signe d'excuse et de respect. Certains, continuèrent à fixer Jazz avec défi. Ce dernier se contenta de les regarder en souriant avant de montrer d'un geste la fontaine. Le sort de ceux-là était réglé, et il se chargerait plus tard de leur rappeler qu'on ne défiait pas un prince. Pour l'heure, ils devaient revenir au test, chaque minute de présence de la fontaine ici plutôt qu'en Avalon coûtait de la magie à Marc.

Marc regarda pendant quelque secondes l'assemblée maintenant silencieuse avant de tendre le couteau de cérémonie au ministre.

― Je m'y refuse ! Mon petit-fils s'est fait volé sa magie par des êtres inférieurs ! Cela n'a rien à voir avec le choix d'un soi-disant esprit supéri…

― Je crois monsieur le Ministre que vous vous oubliez à nouveau, le coupa Marc d'un ton agacé. Vous n'avez pas compris, vous n'avez pas le choix. J'ai oublié une particularité de la fontaine…, dans le cas où l'accusé refuse de se soumettre au jugement de la fontaine, il est automatiquement mis en procès devant Magia. Même si je ne pense pas que le résultat soit différent, souhaitez-vous procéder au test, oui ou non ?

Tout en arborant un air renfrogné, le ministre attrapa le couteau d'un geste rageur. Il prononça les paroles voulues, et comme l'avait prédit Marc, l'eau vira au rouge. Jazz, d'un geste, immobilisa le ministre et le positionna à côté des aurors.

― Il ne sera pas le seul, tous les accusés de traîtrise seront immobilisés dans ce coin jusqu'à ce que tout le monde soit passé, expliqua Jazz. Maintenant madame la secrétaire, à votre tour.

La secrétaire du ministre, qui n'était autre que la femme qui avait raclé sa gorge de façon fort peu délicate, s'avança d'un pas rageur. Voyant son attitude, Jazz ne baissa pas sa garde, bien au contraire. Cette femme ne lui inspirait pas confiance, et il savait que tant que la fontaine serait ici, son cousin ne pourrait pas se défendre, toute sa magie étant canaliser pour stabiliser la présence de la fontaine en ce lieu. Ce genre de test ne devrait avoir lieu que dans l'enceinte du château royal, là-bas au moins, le lien avec Avalon permet d'user de moins de magie pour maintenir la présence de la fontaine.

Son grand-oncle James réagit en même temps que lui. Aucun des deux ne laissa passer le geste de cette femme. Son grand-oncle l'avait immobilisé en l'air alors que lui avait intercepté le couteau de cérémonie à un moins d'un centimètre de l'œil de Marc. Ce dernier n'avait pas bougé d'un pouce, restant impassible, comme si la tentative de meurtre qu'il venait de subir n'avait pas d'importance.

Dos à l'assemblé, Jazz avait maintenant une vue sur les deux aînés. et c'est là qu'il comprit qu'il devait faire quelque chose avant qu'ils ne perdent la face. Marc n'était pas le seul à donner de sa magie pour maintenir la présence de la fontaine, Jasper également, et James devait lui donner de sa magie s'il en jugeait par le regard tendu de ce dernier qui devait maintenant se concentrer sur deux actes de magies puissants, à savoir le transfert de la magie et l'usage de la magie sans baguette de manière continue. A leur âge, un tel usage de la magie pouvait être dangereux. Il devait vraiment faire quelque chose pour ces trois inconscients qui vidaient leur réserve magique comme on vide un verre de bièraubeurre. D'un geste souple, il fit pivoter le couteau avant de le tendre à son cousin. Ce dernier devait le charger en magie avant de le transmettre au suivant. Une fois délesté du couteau, il se tourna pour s'occuper du crapaud rose. Dès qu'il eut fait un pas dans sa direction, son oncle James relâcha son sortilège. D'un geste de sa baguette il la fit léviter face à lui, les bras maintenus en arrière. Il aurait voulu lui régler son compte comme elle le méritait pour avoir attenté à la vie de son cousin, mais d'un autre côté, son geste, aux vues de tous, d'après les lois ancestrales lui permettait s'il le souhaitait de prononcer directement la sentence. L'avantage d'un ministère qui est incompétent et n'annule pas des lois centenaires. Il pouvait lire dans son regard nul regret face à son acte.

― Dolores Jane Ombrage, vous êtes maintenant en détention pour crime envers une altesse royale. Vous comparaîtrez prochainement pour connaître votre sentence. Vous auriez dû vous soumettre au rituel plutôt que de commettre un tel acte de folie. Peut-être qu'ainsi vous auriez eu une chance de survie. Car je vous rappelle la loi, toute tentative de meurtre sur une personne Royale est punie de la peine de mort. Il ne nous reste maintenant plus qu'à décider des modalités. Mais ce sera l'objet d'une autre discussion. Maintenant on va un peu accélérer le mouvement car nous n'avons pas que cela à faire. Donc vous allez tous vous mettre en ligne.

Ne voyant pas les différents membres de l'assemblée se déplacer pour répondre à son ordre, Jazz, qui avait pourtant donné son ordre d'une manière calme, leur fit comprendre sa façon de penser.

― Qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans "vous mettre en ligne" ? Il me semble pourtant l'avoir dit d'une façon parfaitement compréhensible.

Malheureusement, aucun des membres de l'assemblée ne semblait se décider à bouger, ce qui agaça encore plus le jeune prince. D'un geste de sa baguette, il mit en ligne les membres de l'assemblée. Certains essayèrent de protester, mais le silencio faisant toujours effet, personne n'entendit la moindre protestation. Les membres Chevaliers présents, qui n'avaient pas le droit de se lever en temps normal, demandèrent à Jazz s'ils le pouvaient pour aider à canaliser la foule.

Jazz accepta, il leur demanda même de conduire aux cachots les différents accusés au fur et à mesure, cela libérera un peu la salle, qui bien que grande, donnait l'impression d'étouffer.

Après une heure, ils arrivaient au dernier membre présent. À leur soulagement, sur les deux cents présents, seuls vingt-deux sorciers de plus seraient soumis au procès devant Magia. Jazz avait partagé sa magie pour les cinq derniers sorciers. Dès que le dernier fut passé, d'un geste de la main Marc renvoya la fontaine. Pour se laisser le temps de se reprendre et de récupérer un peu de la magie, il regagna son siège, et Jazz posa négligemment une main sur son épaule et se pencha comme s'il voulait lui parler, alors que le but était tout simplement d'accélérer le transfert de magie afin que Marc en ait suffisamment pour avoir le mot de la fin. Après cinq minutes, Marc indiqua à Jazz de rendre aux sorciers encore présents la parole, avant de parler d'un ton grave.

― Les événements de ce jour ont conduit à une condamnation à mort et un total de vingt-trois procès devant Magia. Ils se tiendront sur plusieurs jours. Un tel nombre est historique et inquiétant. Il indique que nous allons avoir beaucoup de travail de restructuration du ministère, enfin, étant donné qu'il a été dissous et que la monarchie a repris sa place ancestrale, nous allons plutôt devoir organiser ce nouveau temps. Mais la journée a été longue, vous serez convoqué ultérieurement pour débattre de plusieurs points. Vous pouvez disposer !

A peine ces mots prononcés, l'intégralité des membres de l'assemblée se précipita vers la sortie. Ils ne souhaitaient pas commettre un nouvel impair, beaucoup décidèrent qu'ils allaient se replonger dans le protocole royal dès leur arrivée chez eux. Car contrairement à ce que le ministre laissait entendre, aucun n'avait le moindre doute quant à la véracité de l'identité des Potter.

Marc donna également congé aux Chevaliers, et dès qu'ils ne furent plus qu'entre Potter, il s'affala sur son siège en fermant les yeux, imité au même moment par son grand-père.

― Penses-tu pouvoir te lever ? demanda Jazz à son cousin.

― Me lever, oui, répondit dans un murmure Marc, mais je préfère attendre encore une dizaine de minutes, juste le temps que le ministère, où ce qu'il en reste, se vide. En attendant, je vais fermer les yeux un peu.

Jazz sourit, voyant que les deux aînés faisaient de même. D'un geste de la baguette, il verrouilla les portes avant d'envoyer un patronus à son fiancé, lui annonçant qu'il le verrait dans la soirée. Après une telle journée, il avait besoin de se détendre, mais il devait, avant cela, s'assurer que l'intégralité de sa famille allait bien.