NB : Et voilà la fin des aventures de Maze Chance! J'espère que vous avez apprécié cette histoire. Les aventures de Maze devraient se poursuivre dans deux suites si jamais ça vous intéresse. Merci à tous ceux qui ont laissé des reviews depuis le début, ça me touche beaucoup ! Merci également à Azkadellia, ma beta en ligne et mon amie dans la vie, sans qui cette histoire n'aurait sans doute jamais abouti... Merci ! Bonne lecture à tous et n'hésitez pas à laisser une dernière review!
Epilogue
Johanna et Blight l'avaient laissée seule dans le train. Même Polly avait renoncé à commenter sa performance de la veille lors de l'émission de Caesar, se contentant de s'éventer et de demander des sels. Maze s'en fichait. Elle ne pouvait pas comprendre. Elle ne pourrait jamais comprendre.
Le train était parti à l'aube et devait arriver au District 7 le lendemain au coucher du soleil. La jeune fille ne parvenait pas à croire qu'elle allait rentrer chez elle. Elle avait gagné. Pourtant, elle ne se sentait pas victorieuse. Elle se sentait perdue, la plupart du temps, et vide. Le monde qui l'entourait avait perdu tout sens et elle, l'intérêt d'essayer de le comprendre.
Elle s'était affalée sur une banquette dès qu'elle avait pénétré dans le train et elle avait regardé le paysage défiler. Les couleurs se mêlaient en une étrange aquarelle à cause de la vitesse mais peu lui importait. Elle avait l'impression que le trajet aller avait eu lieu des années auparavant et non une dizaine de jours.
Partout où elle posait les yeux, elle voyait l'ombre de Kenai et c'est avec une certaine culpabilité qu'elle réalisa qu'il n'avait jamais été plus qu'une ombre pour elle. Et pourtant, cette ombre avait éloigné la solitude lors du voyage aller, elle s'en rendait compte à présent qu'elle était seule. Elle pensa qu'il lui faudrait aller voir ses parents pour leur transmettre son message. Elle sentait son estomac se nouer à cette simple pensée mais elle le ferait.
Au bout d'une heure, la pluie avait commencé à tomber et Maze avait suivi des yeux les gouttelettes qui glissaient sur la vitre avant de disparaître. Le ciel était noir et elle entendait le tonnerre gronder. De temps en temps, un éclair illuminait froidement le paysage pour le replonger aussitôt dans l'obscurité.
Elle passa la journée ainsi, immobile et le regard dans le vague. Les montagnes disparurent pour laisser place à des plaines et à des champs à perte de vue. Johanna vint la prévenir que le repas allait être servi mais elle ne répondit pas, absorbée dans la contemplation des plantations qu'on pouvait à peine distinguer à cause de la vitesse du train. Johanna soupira et quitta la pièce. Elle revint une heure plus tard pour déposer une assiette à côté de Maze.
Maze ne dormit pas. Elle dormait peu et mal depuis son réveil à l'hôpital. Quand elle parvenait à s'endormir, elle était invariablement hantée par des cauchemars tellement réels qu'ils la plongeaient dans un état de terreur et d'angoisse qui perdurait longtemps après son réveil en sursaut. Alors, elle préférait autant ne pas dormir.
Le lendemain matin, Johanna la trouva exactement dans la même position, avec la même expression d'indifférence sur le visage. Elle sembla néanmoins soulagée de voir que l'assiette déposée la veille au soir était vide.
Maze observa le soleil se lever derrière l'horizon, inondant de sa timide lueur les derniers champs de maïs. Bientôt, il disparaitrait derrière les arbres immenses de la forêt et à cette pensée, Maze sentit son cœur se serrer. Les averses de la veille s'étaient arrêtées et un temps estival les accompagnait.
Maze se sentait toujours aussi vide. Depuis son retour, elle s'était efforcée de ne pas penser à Penn et à Cody mais au plus le train la rapprochait d'eux, plus ils étaient omniprésents dans ses pensées. Elle ne savait pas comment se comporter avec eux. Quand elle repensait à leurs adieux, à leurs étreintes, elle ne trouvait plus en elle la force de refaire ses gestes.
Leur Maze n'était jamais sortie de l'arène.
Cette certitude la frappa avec force et elle ferma les yeux.
Elle ferait tout pour que jamais ils ne se rendent compte qu'ils vivaient avec un imposteur. Une pâle copie de leur sœur.
Comme elle l'avait déjà fait tant de fois, elle porta la main à l'anneau qui brillait à son oreille. Quand elle le faisait, elle sentait que Xander était avec elle.
Les champs disparurent pour laisser la place à d'épaisses forêts dont les arbres semblaient toucher le ciel. Maze sentit son estomac se nouer sans en comprendre la raison. Les bois avaient toujours constitué son refuge mais à présent, les voir si grands, si imposants, elle avait l'impression qu'ils étaient prêts à l'engloutir.
« C'est fini, murmurait-elle inlassablement. C'est fini. »
Peut-être qu'un jour elle le croirait.
Elle passa le reste du voyage avec Johanna bien que cette dernière n'ait pas ouvert la bouche depuis qu'elle s'était installée à côté d'elle. Même sans échanger un mot, le temps passait plus vite avec Johanna.
Elles étaient tellement absorbées dans leurs réflexions que toutes deux sursautèrent lorsque trois coups furent frappés à la porte.
Polly entra.
« - Nous devrions arriver d'ici quelques minutes. »
En effet, Maze aperçut les grilles qui cloisonnaient le District se dessiner au loin, apparaissant petit à petit au fur et à mesure que le train se rapprochait.
Johanna et Maze se levèrent.
« - Prête ? » demanda la première.
Maze eut envie de crier non ! mais au lieu de cela, elle hocha la tête. Elle avait appris à être courageuse. Elle allait juste devoir continuer.
« - Il y a un protocole à suivre ? » chuchota Maze.
Johanna secoua la tête.
« - C'est terminé. Etreins tes frères. C'est la seule chose à faire. Et rentrez chez vous. »
Comme si c'était aussi simple…
Presque trop rapidement à présent, le train s'arrêta dans un bruit strident.
Polly fut la première à descendre, impatiente de remonter pour repartir dans son cher Capitole. Ensuite, Blight qui, après un signe de tête, sortit de la gare. Johanna sauta sur le quai et lui fit signe de descendre à son tour.
Le cœur au bord des lèvres, Maze obéit.
Il n'y avait personne sur le quai, hormis eux. Et deux petites silhouettes que Maze parvenait à peine à distinguer dans la lumière du soleil couchant. Elle se figea, la gorge nouée.
Elle avait l'impression que des siècles s'étaient écoulés. Pourtant, elle avança. Timidement d'abord. Puis, ses pas devinrent des enjambées et les silhouettes se mirent à avancer vers elle.
Elle pleurait mais elle s'en rendait à peine compte. Elle riait en même temps d'un rire rauque qui lui semblait tellement étranger. Et elle tremblait.
Elle tremblait tant qu'elle tomba à genoux à quelques mètres de ses frères. Ils se figèrent un instant. Elle ne ressemblait plus à Maze. Si elle l'avait oublié, cela lui revint bien vite en mémoire en voyant le regard interrogateur de Penn. Puis, les deux garçons se jetèrent sur elle, refermant leurs petits bras autour de sa taille et de son cou.
Les larmes continuaient de couler sur les joues de Maze et ses frères s'accrochaient à elle comme si elle allait à nouveau les quitter mais il lui semblait insurmontable de les serrer contre elle.
Elle n'était plus leur Maze.
Leur Maze était toujours dans l'arène.
Elle n'était qu'une copie, qu'une coquille vide.
Ils pensaient l'avoir retrouvée mais elle était perdue.
Elle se souvint de sa résolution dans le train.
Ils ne devaient jamais savoir.
Alors, mécaniquement, elle leva les bras et les referma autour de ses frères.
FIN
