Buck allait mieux.

Il recommençait à vivre et c'était plaisant. Il s'était expliqué avec M. Martin qui lui avait dit qu'il serait toujours le bienvenu s'il changeait d'avis. Son collègue Luis lui avait fait promettre de l'appeler au moindre soucis et Buck avait promis.

Il avait eu une conversation sérieuse avec Eddie sur ses peurs.

Il s'était excusé aussi de ce qu'il avait osé lui dire. Eddie avait fait comme si ça n'avait pas d'importance mais Buck savait qu'il l'avait blessé. Il lui avait raconté comment Doug avait patiemment détruit sa confiance en lui et pourquoi il avait aussi peur à l'idée d'être père un jour, peur de ne pas être à la hauteur, même s'il crevait d'envie d'avoir un enfant.

Son amant l'avait écouté patiemment et lui avait dit de prendre son temps, de guérir et il lui avait promis d'être là quel que soit ses décisions. Il se faisait même un devoir de lui prouver à quel point il était digne jour après jour, et il lui avait dit qu'ils n'étaient pas obligé de se marier ou d'avoir un autre enfant ensemble, que leur vie lui convenait temps qu'il continuait à en faire partie.

Buck avait alors décidé de commencer à vivre pour de vrai, de faire quelque chose qui lui plaisait vraiment, de reprendre sa vie en main.

Bobby lui avait donné deux cours de conduite pour lui rafraichir la mémoire avant de l'envoyer le passer avec un examinateur en lui disant qu'il était doué et qu'il n'avait pas à s'inquiéter.

Il venait tout juste de d'obtenir le précieux sésame et tenait à le fêter dignement avec sa nouvelle famille.

Il savait qu'ils devaient se retrouver pour le déjeuner à la caserne, aussi en profita-t-il pour aller y annoncer la bonne nouvelle en personne. Il voulait aussi leur dire qu'il avait décidé de s'inscrire à l'académie et de passer la certification. Eddie avait raison, il était enfin libre, sa nouvelle identité le protégeait, il n'avait plus à s'inquiéter.

Il voulait être heureux.

Buck avait décidé de garder le chiot et de l'élever. Il s'agissait d'une femelle Golden Retriever qu'il avait nommé Daisy et dont il ne se séparait pas. Elle tétait encore le lait au biberon mais réagissait aux odeurs de nourriture qu'elle léchait à présent avidement.

Elle ne tarderait plus à délaisser le lait contre de la nourriture solide.

La petite chienne ne le lâchait pas et Buck lui rendait tout son amour. Elle jouait aussi beaucoup avec Christopher et Eddie avait arrêté de l'appeler « La boule de poils » utilisant son nom. C'était comme si elle avait toujours été avec eux, faisant partie de la famille.

Il entra dans la caserne son chiot dans les bras.

Il ne put retenir un sourire en les entendant tous dans la cuisine en haut et il alla les rejoindre.

Il était certain que Bobby accepterait son aide avec soulagement.

– Buck ! s'exclama Chimney en lui donnant une accolade. Content que tu sois venu, mec.

– Je n'allais pas rater ça, s'amusa-t-il alors qu'il donnait une caresse derrière l'oreille de Daisy.

– Buck, bienvenu, lui sourit Hen avant de lui prendre son chiot des bras.

Beaucoup moins farouche que lorsqu'il l'avait trouvée, Daisy lui donna des coups de langue en remuant la queue énergiquement.

– Bonjour, souffla Eddie en le faisant venir entre ses bras.

– Bonjour, lui sourit-il amoureusement.

– Comment ça s'est passé ?

Buck eut un sourire en récupérant le précieux papier dans sa poche arrière et en le lui tendant.

– Ouais ? s'exclama Eddie.

– Ouais, répondit-il.

– Félicitations ! On va devoir fêter ça dignement. Ce soir, un diner, toi et moi ?

– Ça sonne bien, confirma-t-il.

Ils s'embrassèrent tendrement et chastement avant qu'Eddie ne se sépare de lui à contre cœur mais il était de service et Buck savait qu'il tenait à rester professionnel. A chaque fois qu'il venait leur rendre visite, Eddie ne s'autorisait qu'un baiser à son arrivée et un autre à son départ.

Buck trouvait ça mignon.

– Toujours d'accord pour ce week-end ? souffla Eddie.

– Oui, je ne vais pas rater une occasion de m'amuser à une fête foraine. En plus, ça fait genre... une éternité que je n'y suis pas allé.

Pour ne pas dire jamais.

Buck alla rejoindre Bobby qui lui sourit, amusé et haussa les sourcils.

Il se contenta d'acquiescer et Bobby le serra dans ses bras pour le féliciter. Il en profita pour lui glisser qu'il allait s'inscrire à l'académie mais il préférait que ça reste entre eux pour le moment, finalement il ne voulait pas se mettre la pression inutilement.

Bobby comprenait et c'était ce qu'il aimait le plus chez lui, sa compréhension et ses encouragements aussi.

Ils cuisinèrent ensemble pendant plusieurs minutes avant qu'Athena ne vienne le serrer dans ses bras pour le saluer. Il savait qu'elle avait fait annoncer sa mort à son mari. Doug le croyait mort maintenant et Buck se sentait un peu soulagé de savoir qu'il ne le cherchait certainement plus.

C'était un officier de police d'Austin qui s'en était chargé. Athena avait fait sa connaissance quand elle avait retrouvé son ami Tyler.

Il avait également renoué avec son ami, uniquement par téléphone et leur première conversation avait été un imbroglio de larmes et d'excuses mais ils avaient heureusement dépassé ce stade et parlaient un peu chaque jour.

Buck se sentait à nouveau bien dans sa vie, serein.

– Hey Buck, l'interpella Chimney. Viens, que je te présente ma petite amie.

Buck s'excusa auprès de Bobby et celui-ci lui fit un sourire pour lui répondre qu'il gérait.

Il s'essuya les mains et alla à la rencontre du jeune couple. La jeune femme était la seule personne du groupe qu'il n'avait pas encore rencontré et Chimney lui avait dit à quel point elle était impatiente depuis qu'ils avaient été diner Chez Martin et qu'elle avait vraiment adoré sa cuisine.

– Buck, je te présente Maddie, s'exclama-t-il avec un immense sourire. Maddie, c'est Buck.

Buck sentit les sueurs froides remonter le long de sa colonne vertébrale alors que l'air commençait à lui manquer.

Elle n'avait pas vraiment changé bien qu'elle ait un peu vieillit mais son visage restait le même et son sourire, il le reconnaitrait entre mille. Il haleta de terreur alors que Maddie lui serrait la main avant de froncer les sourcils certainement en réponse à son état de choc.

Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas être possible. Pas maintenant alors qu'il était enfin heureux.

Maddie ne semblait pas l'avoir reconnu mais Buck ne pouvait pas s'empêcher de penser que tout était fini et sa respiration s'accéléra.

Maddie semblait inquiète et il vit son regard s'attarder sur sa tâche de naissance alors que la reconnaissance se faisait sur son visage.

– Evan ? souffla-t-elle choquée.

Buck se dégagea brusquement et recula jusqu'à ce qu'il soit coincé contre la balustrade. Il chercha les escaliers des yeux mais ils étaient trop loin et il n'arrivait plus à respirer. Il devait sortir de là, partir le plus loin possible. Il étudia la hauteur alors qu'Eddie l'agrippait par les bras le forçant à lui faire face.

Il croisa son regard inquiet mais n'entendait pas ce qu'il disait. Sa respiration était de plus en plus laborieuse et il n'arrivait pas à faire refluer son état de panique.

– Buck, bébé, regarde-moi, juste moi !

Buck obtempéra se fixant sur son petit ami. Il avait désespérément besoin d'aide et Eddie allait l'aider, il devait l'aider à reprendre le dessus.

– Respire Buck avec moi. Inspire sur quatre ! Un, deux, trois, quatre. Tu retiens sur quatre. Un, deux, trois, quatre. Et tu expires, toujours sur quatre. Un, deux, trois, quatre. C'est bien mon amour. Encore, avec moi. Inspire.

Buck se concentra sur sa voix, sur son regard, sur la sensation de ses mains autour de son visage, sur son pouce qui lui caressait la joue. Il sentit sa respiration se calmer et les larmes envahirent ses yeux.

– Tout va bien Buck, murmura Eddie. Je suis là ! Tout va bien.

– Non, hoqueta-t-il alors qu'il s'enfouissait entre ses bras. C'est fini, c'est fini.

– De quoi tu parles ?

– Doug, il va me retrouver maintenant.

– Il n'a aucune raison de te retrouver, il te croit mort. Calme-toi, mi amor.

– Tu ne comprends pas...

– Explique-moi !

– C'est Maddie, pleura-t-il. C'est ma sœur, il va me retrouver à cause de ma sœur.