Isaac riait. Il courait sans aller trop vite, laissait volontairement son homme le rattraper. Lorsque son lycan préféré entoura sa taille de ses bras, il n'essaya même plus de fuir. De toute manière, en avait-il réellement envie ? Non, encore moins lorsqu'il sentait ses lèvres aventureuses titiller la peau sensible de son cou – d'autant plus sensible qu'il était un loup-garou. Les informations un peu stupides que leur livrait Stiles de temps en temps n'étaient finalement pas si idiotes que cela… Parce qu'avec Peter, il découvrait à quel point il avait raison. A quel point certaines zones de son corps, déjà érogènes, l'étaient davantage encore depuis qu'il était un loup-garou.
Mais aujourd'hui, Isaac était joueur et même s'il mourait d'envie de passer à la suite, il n'avait pas l'intention de laisser Peter l'avoir aussi facilement. Alors, il se retourna dans son étreinte et l'embrassa à pleine bouche d'un coup, sans prévenir. Le bouclé lui roula la pelle de sa vie et ce fut si fort, si intense, que Peter resta pantelant une seconde.
Une seconde dont Isaac profita car il se remit à courir – un peu plus vite cette fois-ci. Il n'était guère aisé de le faire avec le tissu frottant et serrant son membre particulièrement en forme, mais… Le jeune homme s'en fichait. Il s'amusait. La chasse qu'il lui imposait ne rendrait le moment que plus fort, plus torride – et mérité. Isaac n'était pas un garçon facile et Peter devait toujours lui montrer qu'il le voulait vraiment.
S'il y avait autre chose qui importait à Isaac, c'était de se trouver un coin un peu discret. Faire l'amour dans la nature, au su et au vu de tous, c'était une chose fort sympathique, excitante, mais… Il appréciait de pouvoir se cacher, juste au cas-où. Avoir un semblant d'intimité. En continuant sa course, Isaac sentit une odeur familière lui effleurer les narines, mais il fut trop pris par son jeu avec son amant pour y faire réellement attention.
C'est alors qu'il aperçut une cabane, une sorte de petit chalet qui semblait abandonné. Mais il n'eut pas le temps d'avancer davantage : il se retrouva plaqué contre un arbre par un Peter affamé qui l'avait rattrapé. Isaac, particulièrement excité, passa ses bras autour de lui et colla leurs corps demandeurs de plus de contacts. Demandeurs d'amour, de sexe. De cette chose si particulière qui les liait.
Isaac fondit sur les lèvres de Peter avec une faim indéniable et bien vite, leurs langues entamèrent une danse endiablée tandis que le plus vieux s'amusait à frotter leurs bassins pour faire monter la température. Et pourtant, il n'en avait pas besoin. Parce qu'Isaac le voulait, Isaac avait faim. Faim de lui, de ses caresses, faim de cet amant qui le faisait toujours grimper aux rideaux. Faim de cet homme qui le faisait se sentir important, désiré, vivant. Car Isaac avait parfois du mal à se dire qu'il était là, qu'il servait à quelque chose, qu'on pouvait le regarder comme s'il était la personnification du désir. D'autres fois, il se demandait pourquoi son père n'avait jamais pu le tuer. Pourquoi l'un des innombrables coups qu'il lui avait portés ne s'était pas révélés mortels.
Mais Peter lui faisait oublier tout ça. Peter le faisait rire. Sourire. Jouir. Et ses mains l'emmenèrent loin alors même qu'elles ne faisaient pour l'instant que se balader sur son corps d'albâtre. Isaac fondit, le laissa lui faire miroiter les étoiles alors qu'ils n'en étaient qu'au début.
L'image du petit chalet, toujours dans son champ de vision, se rappela à lui. Il murmura sensuellement à l'oreille de l'ancien alpha qu'il avait trouvé quelque chose d'intéressant. Peter se recula légèrement et le regarda, une lueur coquine et malicieuse dans les yeux. Il tourna la tête, avisa la bâtisse… Et ne perdit pas une seconde. Ses mains flattèrent les fesses d'Isaac, qu'il caressa avec ardeur, avant de le porter en le faisant enrouler ses jambes autour de ses cuisses fermes. Le bouclé passa ses bras autour de ses épaules et l'embrassa sauvagement tant il avait peu de mal à imaginer la suite. Elle l'excitait à outrance. Il en avait diablement besoin. Il n'attendait que ça.
Et à sentir l'immense protubérance contre son bassin… Peter était sur la même longueur d'ondes que lui. Ils allaient s'envoyer en l'air comme ils en avaient l'habitude et… Dans un endroit qui, pour le coup, leur était exotique. Ils avaient l'habitude de l'appartement d'Isaac, la chambre de Peter au loft, des cabines d'essayage, des toilettes dans les magasins… Rien ne pouvait les arrêter tant que ça restait un minimum décent. Ils aimaient l'excitation, l'adrénaline… Mais n'étaient parfois pas contre un peu d'intimité, de se dire qu'ils pouvaient y aller, qu'on ne les entendrait pas.
Alors, son précieux fardeau dans ses bras, Peter se rapprocha du chalet qui lui semblait complètement abandonné. Mais à peine fut-il au niveau de la terrasse qu'il s'arrêta de manière assez brusque. Il sépara sa bouche de celle d'Isaac qui se pinça le nez au même moment que lui.
L'on imaginerait d'un endroit abandonné… Des odeurs de poussières, un peu de pourri, à la limite et dans une mesure moindre. Mais les différentes fragrances qui parvenaient si violemment à leurs narines étaient fortes. Multiples.
Et elles prenaient aux tripes.
Isaac regagna le sol et se sépara de Peter.
- Tu sens ce que je sens ?
L'ancien alpha hocha la tête. Son excitation avait perdu de sa superbe. Aucun humain n'aurait pu percevoir ce qu'ils sentaient. Pour des loups-garous, c'était flagrant.
Et ça l'était d'autant plus lorsque quelque chose, dans ce marasme d'odeurs, leur paraissait familier. S'ils les sentaient aussi bien, cela ne voulait tout simplement dire qu'il s'était passé quelque chose. De grave. De macabre. Parce qu'ils percevaient des émotions. Violentes. Morbides. Sur leurs langues, un arrière-goût de larmes. Du sang, aussi. Un peu d'alcool en fond.
A cet instant précis, Isaac et Peter oublièrent leur envie de se sauter dessus. Le bouclé s'avança et approcha sa main de la poignée de la porte d'entrée dont la serrure apparaissait défoncée. Elle semblait avoir été cassée il y a longtemps. Si aucun des deux loups ne perçut la présence de qui que ce soit dans cette cabane, aucun ne pouvait se détacher de ce mélange d'odeurs horrible.
Peter saisit le poignet d'Isaac avant que sa main n'atteigne la poignée de la porte. Il voyait son visage, sentait ses émotions et… Il n'avait pas un très bon pressentiment.
- Eloigne-toi un peu, lui conseilla-t-il.
Car si Isaac ne le montrait pas, les fragrances le retournaient complètement, si bien que le loup intérieur de Peter avait décidé de faire parler ses instincts et de l'empêcher de voir ce qui pouvait bien se trouver à l'intérieur. De ce qu'il sentait, cela ne lui disait rien qui vaille. En lui, des tonnes d'alarmes s'étaient enclenchées. Oubliée, l'envie de sexe torride avec le bouclé. En lui ne régnaient qu'inquiétude et curiosité. Une curiosité… Un peu malsaine, certes, mais pas forcément des plus agréables à ressentir.
Isaac le fixa longuement et ne dit rien. Recula, simplement. Il lui obéissait, parce qu'il lui faisait confiance.
Et qu'il se sentait de plus en plus mal. Il sentait un malaise croître en lui, comme si… Comme s'ils étaient sur le point de découvrir quelque chose d'horrible. Une scène de crime ou quelque chose de semblable à ce qu'il avait déjà vu dans plusieurs films d'horreur.
- Si quelqu'un arrive, préviens-moi, lui ordonna doucement Peter.
Isaac hocha la tête et s'éloigna de quelques mètres. Son amant l'entendrait et ce, même s'il chuchotait. Prendre de la distance avec cet endroit qui lui avait paru si parfait dans leur situation lui faisait du bien. Il ressentait moins ces élans d'horreur, de peur, de souffrance, de… De sang, aussi. Il y avait d'autres choses, bien sûr, des choses qu'il n'était pas sûr de vouloir comprendre ou même d'avoir réellement senties, mais… Il s'était passé quelque chose ici. Récemment. C'était frais. Et Isaac en était certain. Et puis… Il conservait cette impression étrange, celle de connaître quelque chose dans ce mélange d'odeurs. Il y avait trouvé quelque chose de familier, à tel point que c'en était extrêmement dérangeant. Pour éviter de s'imaginer mille et une scènes, il détourna son regard du chalet et surveilla les alentours. Faire le guet, ça, il savait faire... Et ça ne lui tordait pas l'estomac.
Peter, de son côté, poussa la porte du bout des doigts. Il avait beau savoir, grâce à ses sens surnaturels, qu'il n'avait pas à craindre la présence de quelque personne que ce soit, il faisait attention. Rien de ce qu'il sentait ne le rassurait et pour être honnête, il appréhendait réellement ce qu'il pourrait trouver dans cet endroit qu'il savait ne pas pouvoir ignorer. Peter était parfois un peu timbré, mais il restait en lui quelques morceaux de celui qu'il était autrefois. Si quelque chose s'était passé, il avait besoin de le savoir, pour alerter ou la meute, ou les autorités compétentes si cela s'avérait nécessaire.
Peter n'aperçut rien de suspect dans le couloir qui le fit directement frissonner même s'il était petit. Il s'avança et à peine eut-il pénétré à l'intérieur du chalet que le mélange d'odeurs se fit plus fort, plus violent. Plus dur à encaisser, même pour lui. Son loup intérieur se manifesta instantanément et ses yeux se parèrent de leur teinte lupine bleu électrique habituelle. Ça, il ne le contrôlait pas… Peut-être parce que son loup avait compris quelque chose avant. Peut-être que le marasme d'odeurs ne le prenait pas aux tripes par hasard.
Ce qu'il sentait n'était pas juste horrible.
Comme Isaac, Peter avait l'impression de sentir quelque chose de familier et il savait d'instinct qu'il était censé reconnaître ce que c'était. Il devait arriver à faire le vide et à dissocier les odeurs les unes des autres. Mais avant cela, il fallait avancer.
La pièce principale lui donna envie de vomir. Elle était pourrie. Dans un coin, de la pisse. Sur un vieux tapis noirci de crasse, du sang et du vomi s'entremêlaient pour former un mélange des plus dégoûtants, avec d'immondes relents d'alcool. Peter eut un haut-le-cœur et se permit de se couvrir le nez et la bouche à l'aide d'un pan de son manteau. Il avança, encore un peu, évita le tapis. A sa droite, une chaise à côté d'un placard ouvert. Son regard fut attiré par quelque chose qui le sidéra. Son cœur se mit à battre un peu plus vite et il détourna les yeux. On le comparait souvent à un psychopathe – ce qu'il avouait être parfois – mais jamais, ô grand jamais Peter n'avait utilisé ce genre de choses.
Après tout, l'ancien alpha n'avait eu besoin d'avoir recours à des chaînes ou des strips pour immobiliser ses anciennes victimes… Ces enfoirés qui avaient détruit sa famille. Son regard terrifiant suffisait, ses griffes aussi. Un détail le fit se rapprocher dudit placard. Une odeur qui ressortait. Un changement de couleur, également. Peter enjamba le tapis pourri et crut halluciner. Oh oui, il allait appeler la police d'ici la fin de son inspection – et pour cela, il fit bien attention à ne pas laisser de traces.
Car si ce n'était pas un meurtre qui avait eu lieu ici, il ne voyait pas ce qu'il aurait pu se passer d'autre. Et pourtant, la suite le détrompa à peine quelques minutes plus tard, lorsqu'il se décida à ouvrir la pièce du fond. Si le chalet en lui-même n'était pas vraiment meublé, il y avait quelques petites choses que, s'il était en bon état et propre, on aurait pu juger comme étant le minimum.
Le matelas qui se trompait exactement au centre de la pièce aurait pu passer pour… Presque normal, s'il n'était pas aussi… Sale. Tâché de sang à moitié séché par endroits et humide. Humide de plusieurs choses. Peter ne regardait pas tout, ne cherchait pas à faire une expertise détaillée de l'endroit qui commençait sérieusement à lui retourner l'estomac à son tour. Mais ce matelas retint toute son attention car il sut, à l'instant même où il débarqua dans cette pièce, que la plupart des odeurs de cet horrible mélange entêtant en provenaient. Surtout qu'il en remarqua d'autres. Et une qui fit rater un battement à son cœur alors que l'une d'elle lui permit de comprendre ce qui avait pu se passer ici… Récemment. Pire que ça : la chose lui semblait extrêmement fraîche. Comme si ça s'était passé aujourd'hui. Souffrance. Douleur. Cassures. Violence. Peter, avec ces odeurs-là, eut presque l'impression d'entendre supplier. D'entendre pleurer. D'entendre mourir.
La clé du puzzle ? Un vêtement, roulé en boule dans un coin de la pièce. Une chemise, qui lui disait vaguement quelque chose. Ça, par contre, il allait le toucher. Il n'avait pas le choix. Il sentait qu'il le fallait, même si tout ce qui se trouvait ici le dégoûtait plus qu'il ne l'avait jamais été dans sa vie. Bordel, il avait réellement envie de vomir. Peter savait qu'en rentrant, il ne retrouverait pas l'envie de s'unir avec Isaac comme il en avait l'habitude après chacune de leurs expéditions torrides. Non, il se doucherait. Plusieurs fois. Et se laverait le nez à l'eau de javel… Ou à l'acide.
Peter se saisit de la chemise et la rapprocha de lui pour la renifler. Soudain, il crut que son cœur allait s'arrêter, parce que… Cette odeur si familière, il ne réussit à l'identifier qu'à cet instant. Et pourtant, il se rendit compte qu'elle embaumait le chalet dans son entièreté. Presque au sens littéral du terme.
L'urgence le prit. Il se leva, la chemise toujours dans la main. Il fallait qu'il sorte. Tout de suite.
Et soudain, dans le silence de la forêt, une voix s'éleva.
Celle d'Isaac.
- Stiles !
La manière dont son amant hurla le nom de l'hyperactif lui glaça le sang. Peter sortit de sa torpeur horrifique et s'engouffra rapidement hors de cet endroit cauchemardesque.
La vision à laquelle il eut droit une fois dehors le fit agir au quart de tour.
