Petit mot de l'auteure : Ce texte a été écrit pour la 130e nuit du FoF sur le thème "Briser".
Merci à Marina, Angelica, Lassa, Leptitloir, JessSwann et Destrange (x2) pour leurs review sur les OS précédents !
Sansa Stark est un étrange phénomène.
La première fois qu'elle pose ses yeux sur elle, Daenerys ne sait qu'en penser. Tout comme Jon l'avait prévenu, la rousse est à l'image de sa région : froide, austère, réservée. Mais malgré cette impassibilité et son calme apparent, Daenerys ne peut que ressentir l'émanation d'une grande force. Comme un roc de glace, la dame de Winterfell semble être solide, puissante, tranchante si l'on vient l'embetter de trop près. Et pourtant, terriblement fragile, comme la dragonne ne tarde pas à s'en apercevoir. Son homologue ne laisse rien en voir, mais Daenerys ne peut que remarquer des failles en elle. Ces fissures, qui prennent la forme d'un voile dans les yeux ou de tremblements qu'elle pense avoir réussi à dissimuler, menacent de se propager et faire s'écrouler le bloc de glace.
Parfois, Daenerys se dit qu'elle n'aurait qu'à dire un mot pour la faire vaciller, alors que dans d'autres, lorsqu'elle se dresse devant elle pour défendre le nord, l'argentée se dit que c'est elle risque de vaciller face à elle. Pourtant, il serait facile de s'introduire dans une de ses failles, et de faire fondre le bloc – après tout, le feu l'emporte sur la glace. Que peut cette dernière contre la puissance des flammes ?
Pourtant, c'est bien elle qui a l'impression de fondre. Ce qui est idiot, la glace ne peut faire fondre le feu. Mais dans ce cas, comment expliquer ce sentiment qui s'empare d'elle lorsque les deux yeux bleus de Sansa Stark la transpercent ? Daenerys se sent devenir idiote, encore plus idiote que lorsqu'elle est avec Jon, bien trop idiote pour qu'elle ne s'en inquiète pas. Elle s'en ses mains devenir moites, son cœur s'accélérer, son souffle s'enflammer. Elle qui a toujours su se sortir de ceux qui ont voulus l'impressionner ne peut alors plus que rétorquer qu'un fade sourire de façade aux arguments de Sansa. Et alors qu'elle devrait se montrer furieuse de la voir déclarer l'indépendance du Nord envers et contre tout, elle ne peut que se dire combien elle est belle à défendre avec autant de ferveur sa patrie.
Le feu ne peut tuer un dragon. Mais elle a la désagréable impression que la glace pourrait bien y arriver – et cela l'effraie. Elle est Daenerys du Typhon, Mère des Dragons, et légitime héritière du trône de fer. Sansa Starck ne devrait pas l'impressionner autant. Elle n'est au fond pas si différente des autres ; ce n'est qu'un obstacle sur sa route. Daenerys le sait, alors pourquoi par Aegon ne parvient-elle pas à lui tenir tête comme aux autres ?
Cette question tourne encore et encore dans sa tête, jusqu'à ce que vienne leur triomphe sur les morts – mais pas sur la Mort, les pertes qu'ils ont subi leurs montrent bien qu'ils ne viendront jamais à bout de cette ennemie là. Sansa pleure, elle aussi, et lorsqu'elle prend la main de la rousse pour lui insuffler une force qu'elle même a l'impression de ne plus avoir, elle comprend.
Sansa Stark l'a bel et bien fait fondre. Peut-être parce que comme elle, sa force et son courage n'empêchent pas la présence de failles profondes que rien ne guérira jamais réellement, mais que malgré ces revers de la vie, elle a su avancer. Ou peut-être simplement que la rousse est magnifique.
Elle ne le sait pas.
Tout comme elle ne sait pas comment elle pourra bien gérer cet instant de révélation.
Car tout ce qu'elle est en mesure de savoir en ce moment, c'est qu'elle est tombée amoureuse de Sansa Stark.
