Chapitre 12
22 mars 2002
Harry, Hermione et Parkinson étaient installés sur les bancs inconfortables du tribunal du Ministère depuis une dizaine de minutes, attendant que la session s'ouvre. Le Magenmagot prenait doucement place ainsi que le public curieux.
L'annonce d'un débat parlementaire public avait fait beaucoup de bruit dans la communauté sorcière britannique. Le dernier avait eu lieu après les grands procès pour définir un plan de reconstruction du pays après la guerre qui avait ravagé tout un système politique. Le débat avait été ouvert au public pendant près d'une semaine mais avait dû être fermé pendant les quinze jours restants à cause d'une population furieuse de ne pas être représentée dans cette sphère politique étriquée, fermée et vieillissante.
Depuis cet épisode, le Magenmagot faisait tout pour laisser ses portes fermées au public et ainsi éviter qu'une populace ignorante vienne réclamer un droit de vote direct ou des sièges qui ne seraient pas liés à leur sang.
Il aperçut rapidement Drago du coin de l'œil. Il dut rapidement tourner la tête face aux regards de la population qui cherchait à savoir qui avait provoqué cette assemblée.
Deux coups de marteau le firent sursauter et l'assemblée présente se tut. Le président du Magenmagot se racla la gorge.
- Nous sommes réunis ce jour pour débattre d'un projet soumis à notre institution par Monsieur Harry James Potter…
Le brouhaha de la foule reprit, coupant le Président. Il fallut quelques coups de marteau pour réinstaurer le calme.
- Avant d'énoncer le sujet du jour, annonçons les partis prenants voulez-vous. Ludwick Guilbert, Président de l'assemblée du Magenmagot. Monsieur Potter, veuillez vous lever.
Harry ricana. Ça ressemblait plus à un procès qu'à un débat sur la possibilité ou non que son orphelinat voie le jour. Il se leva.
- Harry James Potter, Ordre de Merlin première classe, dépositaire du projet soumis à débats ce jour. Soutenu par Hermione Jean Granger, Ordre de Merlin première classe ainsi que Pansy Parkinson représentante du Département des Aides Sociales du Ministère de la Magie britannique.
Un petit bonhomme chauve que Harry n'avait jamais vu se leva à son tour. Il sentit Hermione se crisper à sa droite. Parkinson grogna pendant qu'il se rasseyait.
- Warren Eden Smith, représentant du Ministère des affaires internes du Ministère de la Magie britannique.
- Edith Muriel Anderson, représentante du Ministère du budget et des finances du Ministère de la Magie britannique, se présenta une immense sorcière aux épaules si larges qu'elle ne devait pas passer les portes.
Harry haussa un sourcil en se tournant vers Hermione. Cette dernière lui rendit son air interrogateur. Avaient-ils lu la partie dans laquelle il était précisé qu'aucun effort financier n'était attendu du Ministère ? Et si ça n'était pas le cas, qu'avaient-il lu à part le titre du projet ?
- Percy Ignatius Weasley, Ordre de Merlin seconde classe, greffier de la séance en date du 22 mars 2002.
L'homme roux se rassit en adressant un discret clin d'œil à Harry qui réussit à lui renvoyer un léger sourire. Il coinça ses mains tremblantes entre ses cuisses.
- Nous sommes donc ici, reprit le Président de l'instance, afin de débattre du projet soumis par Harry Potter à cette instance le 26 février 2002 par le biais du Ministère des Aides Sociales. Son sujet est l'implantation en Grande-Bretagne d'un orphelinat magi…
La foule derrière eux se réveilla encore une fois, encore plus bruyante qu'avant. Harry ne sut définir si leurs termes étaient positifs ou négatifs.
- Sileeeeeeence ! hurla le Président, sa voix magiquement amplifiée. Si je dois encore intervenir pour réclamer le calme, cette session se fera en huit clos, ajouta l'homme en lançant un regard noir à Harry.
Harry lui rendit un regard carnassier. Il avait demandé – exigé – que la session se fasse en public, au plus grand malheur du Magenmagot, qui avait sûrement pensé à étouffer l'affaire avant qu'elle ne soit rendue publique. Cette exigence était tout à fait légale mais si la demande n'était pas faite en bonne et due forme au Mangemagot exactement 48 heures avant la session, ils décidaient eux-mêmes d'ouvrir ou non les débats au public. Et bien entendu, ils ne le faisaient que lorsque ça les arrangeait. Ce qui n'était définitivement pas le cas ici.
- Donc… Un orphelinat magique ouvert à tous les enfants de 17 ans ou moins issus du monde magique, ceci incluant les sorciers orphelins, les enfants de Moldus ainsi que les enfants sans magie ayant des parents sorciers.
Harry hocha la tête en signe d'assentiment. Jusqu'ici tout allait bien. Il vit Warren Smith lever les yeux au ciel.
- Commençons. Tous les partis pris ici présents se doivent d'avoir pris connaissance dans son entièreté du projet d'un orphelinat magique proposé par Monsieur Potter ici présent. Confirmez-vous ?
Harry vit Smith et Anderson hocher la tête, tout comme l'assemblée complète du Magenmagot vers qui le Président s'était tourné. Il sentit Parkinson et Hermione faire de même. Le Président se tourna ensuite vers lui.
- Monsieur Potter, en tant que dépositaire officiel de la demande de projet numéro 237-3-6 concernant les affaires sociales, veuillez vous lever et présenter le projet au public ici présent en quelques phrases, dit-il en foudroyant la foule des yeux.
Hermione lui serra la cuisse en signe d'encouragement. Il inspira légèrement. Il détestait vraiment parler en public.
- Je souhaite donner à la population sorcière un orphelinat qui accueillera tous les enfants ayant des liens avec la magie. Je propose de donner à ces enfants une éducation à la fois sorcière et moldue, afin de rapprocher ces deux modes de vie. Cela permettra, à terme, aux enfants de moldus de s'intégrer plus facilement dans notre monde, qui est également le leur, mais aussi aux enfants nés sans magie de parents sorciers de s'intégrer dans le monde moldu. Une éducation parentale pourra également être proposées. Je donnerai également à nos orphelins de guerre ou à tout autre enfant errant dans nos rues, l'accès à une éducation, un foyer, de la nourriture et un guide à travers les adultes qui seront présents pour m'épauler dans ma démarche.
Harry se rassit. Un silence pesant avait empli l'audience lors de sa présentation. Le raclement de gorge de Warren Smith déchira l'air.
- Quel projet admirable Monsieur Potter, minauda-t-il.
Harry sentit la chair de poule envahir ses bras et sa nuque. Cet homme allait lui mettre des bâtons dans les roues.
Edith Anderson se leva. Harry fut impressionné par sa taille. Tout chez elle était immense.
- Puis-je intervenir, Monsieur le Présent ?
Le Président hocha la tête et Anderson se tourna vers Harry. Parkinson lui mit un coup de coude dans les côtes pour qu'il se lève.
- Monsieur Potter, bien que ce projet soit admirable, le Ministère du Budget et des Finances a quelques inquiétudes. Dans votre rapport, il est souligné que le Ministère n'aurait à sa charge aucun financement, qu'il soit de l'ordre de la construction des bâtiments ou encore du salaire à verser aux différents intervenants. Mais qu'en est-il des frais annexes tels que la déposition officielle de sorts de protections autour de la bâtisse, obligatoirement apposés par un représentant officiel du Ministère ou encore le référencement de votre orphelinat dans les registres européens ?
Harry soupira discrètement. Le point positif était qu'au moins une personne dans cette assemblée avait réellement lu son dossier.
Il sentit Hermione se lever à ses côtés.
- Madame Anderson, débuta-t-elle. Tous ces frais annexes seront pris en charge par la trésorerie de l'orphelinat et non pas, comme il en est coutume, par le Ministère.
Harry se retint de rire mais quelques personnes dans le public n'eurent pas sa retenue. Ou comment faire pour rappeler au Ministère de la Magie quels sont ses devoirs par Hermione Granger, Volume I. Elle poursuivit :
- Ce sera le cas pour les sorts de la bâtisse, le référencement ou encore le recensement des enfants pris en charge, qui là encore, est censé être fait par le Ministère selon la loi de 1584, Article 7 des recensements, paragraphe II traitant des personnes les plus démunies.
- Comme il est également stipulé dans le dossier remis au Ministère, poursuivit Harry pendant que Hermione se rasseyait, nous renoncerons également au droit à la soupe populaire proposée aux institutions accueillant un public fragile comme les hôpitaux ou les centres psychiatriques.
Une exclamation choquée sortit de la foule mais un regard noir du Président les rappela à l'ordre.
Anderson se tourna vers le Président du Magenmagot, les joues légèrement rougies.
- Pas d'autres questions Monsieur le Président. Le Ministère du budget et des finances exige une budgétisation complète du projet pour archivage ainsi qu'un engagement écrit de la part de Monsieur Potter sur l'indépendance du financement du projet. Si ces deux contraintes sont tenues, nous ne nous opposerons pas au projet.
Un vote à main levée de l'assemblée accepta les conditions demandées et Harry souffla. Une bonne chose de faite. Ne restait que le Ministère des Affaires internes. Et l'attitude de Smith suggérait à Harry que ce serait une autre paire de manches.
Un coup de marteau lui fit reporter son attention sur l'assemblée.
- Nous allons faire une courte pause. Retour dans dix minutes. Le Ministère du budget et des finances peut se retirer s'il le souhaite.
La foule derrière Harry se relâcha soudain. Un tonnerre de cris, d'acclamations lui parvint. Il vit des têtes s'étirer en espérant sûrement l'apercevoir, lui ou Hermione. Un soupir lui échappa.
- Percy se précipita sur lui, les mains couvertes d'encre. Harry le regarda faire en fronçant les sourcils.
- Harry ! s'exclama-t-il. Fais attention à Smith, c'est un homme véreux qui déteste le changement. Il est malhonnête et ne jouera pas à la loyale. Tiens le coup, d'accord ?
- Merci Percy, lui sourit Harry.
Le roux hocha la tête et repartit à sa place.
Parkinson se tourna vers lui.
- Weasley a raison, Potter. Le Magenmagot est certes réticent mais lui c'est un abruti de première. Il a sûrement mené son enquête et va tenter de te détruire. J'espère que tu n'as rien à cacher.
Les cachets bleus et les bouteilles d'alcool apparurent devant ses yeux, sa respiration s'accéléra. Il sentit aussitôt des mains agripper ses épaules.
- Détends-toi Harry, nous sommes là, chuchota la voix rauque de Ron à son oreille.
Parkinson le regarda, surprise, mais le Président demandant le calme l'empêcha de poser des questions. Harry tenta de reprendre contenance. Il s'agissait de son avenir, il pourrait se préoccuper de ses bêtises après la cession.
- Reprenons, clama le Président. Le Ministère des affaires internes souhaite intervenir dans le débat, continua-t-il en farfouillant dans ses parchemins entassés sur son pupitre. Je donne la parole à Monsieur Smith, son représentant.
Smith se leva et se plaça devant le Magenmagot, tournant le dos à Harry et au public.
- Mesdames, Messieurs du Magenmagot. Monsieur Potter, ici présent, nous a proposé dans toute son innocence un projet grandiose, empli de bonté, certes, mais également de naïveté.
Harry entendit les dents de Hermione grincer et les mains de Ron se resserrèrent sur ses épaules. Parkinson gigota sur son banc.
- Nous avons décidé, depuis bientôt quatre ans, avec cette même Cour, la reconstruction de notre population, de nos vies, à l'identique de ce qui était connu auparavant.
La population derrière eux s'agita.
- Ce projet n'est-il pas à l'encontre de cette décision ? questionna Smith en regardant un à un les élus du Magenmagot.
À sa grande horreur, Harry en vit certains hocher gravement la tête.
La Grande Bretagne sorcière a toujours vécu sans instance telle qu'un orphelinat, pourquoi en aurait-elle besoin d'une aujourd'hui ? Quelles seraient les conséquences sur la population, encore traumatisée de cette guerre ? Un tel changement dans nos habitudes de vie, dans notre société pourrait avoir un effet négatif. Des familles pourraient abandonner leurs enfants sous prétexte que quelqu'un d'autre qu'eux pourrait s'en occuper.
Des sifflements peu amènes sortirent du public. Le Président donna un coup de marteau en guise d'avertissement.
Smith laissa un long blanc, laissant ses mots percuter l'assemblée de l'État, puis se tourna vers Harry, qui n'eut d'autre choix que de se lever. Il cacha ses mains tremblantes dans les plis de ses robes. Une goutte de sueur coula le long de sa nuque. Il était aux portes des Enfers.
- Monsieur Potter, nous avons trop à reconstruire, il est inimaginable que le Ministère de la Magie perde son temps et ses ressources précieux en accords de construction. Et les sociétés de reconstruction ont encore trop à faire pour pouvoir se dédier à cette histoire d'orphelinat.
Harry y avait pensé, lui aussi. Construire un orphelinat demandait des ressources et des hommes, qui étaient toujours occupés à une reconstruction lente et pénible du pays.
- Je peux proposer la réhabilitation du Manoir Potter, pouvant garantir le secret des lieux et de notre existence et ce, sans ponctionner les ressources ministérielles et les entreprises recrutées pour reconstruire notre pays.
Il entendit une exclamation de surprise sortir de la bouche de Hermione. Il n'avait jamais parlé de son héritage à qui que ce soit. Et s'il n'avait pas été fouiller la maison de son enfance à Godric's Hollow, il n'aurait jamais connu l'étendue de son héritage. Étrangement, le Ministère n'avait rien fait pour lui rendre ce qui lui était dû.
Il vit Smith serrer les dents.
- Le Manoir Potter n'a jamais été réclamé, il a été officiellement placé sous la garde du Ministère après deux ans de non réclamation de ses droits par l'héritier deux ans après sa majorité.
Smith le regarda d'un air triomphant qui s'affaissa légèrement lorsque Harry lui rendit un petit sourire.
Une petite femme replète se leva des tribunes du Magenmagot.
- Peneloppe Robins, Ministre de la Famille. Je demande l'autorisation d'intervenir.
- Accordé, acquiesça le Président.
- Le Manoir Potter a bien été réclamé par l'un de ses ayant droits, soit Monsieur Harry James Potter ici présent, le 14 juin 2001 soit 23 mois après sa majorité. Sa succession a été acceptée par les Ministères de la Famille et de la Justice le 24 janvier 2002. Monsieur Potter est bien l'héritier unique et légal du Manoir Potter, sa proposition est tout à fait recevable. Une copie des documents officiels sera adressée aux partis prenants à l'issue de cette audience.
Smith se reprit rapidement.
- La restauration d'une bâtisse telle qu'un Manoir coûte énormément d'argent et de ressources. Qui va pouvoir faire les travaux alors que nos entreprises du bâtiment sont déjà débordées ?
- Nous ferons appels à des bénévoles, répondit Harry. Tout le monde sait faire quelque chose de sa baguette et nous accepterons toute l'aide que l'on souhaitera nous apporter.
- Des bénévoles ? s'exclama Smith. Qui voudrait aider à un projet aussi stup… fou ? se reprit-il au dernier moment.
- Moi ! s'exclama une voix dans le public.
- Moi aussi !
- Et moi aussi !
- Quand vous voulez, Monsieur Potter !
Harry se tourna légèrement vers l'auditoire avec un grand sourire sur les lèvres. C'était exactement pour cela qu'ils avaient voulu une session publique.
Un coup de marteau se fit entendre. Il porta son index sur ses lèvres avec un clin d'œil et se retourna vers la tribune, faisant rire quelques personnes. L'air déconfit de Smith le ravit.
Hermione lui serra discrètement le mollet. Draco camouflé derrière un pilier, lui fit un signe encourageant de la tête.
- Soit Monsieur Potter, soit, reprit Smith. Mais dites-moi, comment un alcoolique dépressif suivant un psychomage peut-il prétendre éduquer des enfants issus de la rue, des délinquants ?
Harry se figea. Comment ? Comment ce cancrelat savait-il ? Le secret était extrêmement bien gardé par ses proches et par le Ministre lui-même. Les mots de Percy lui revinrent. Il avait enquêté.
Il se sentit trembler mais n'eut pas le temps de répondre. Parkinson s'était levée, faisant taire les chuchotements de la Cour et du public.
- Monsieur Smith, il s'agit là d'une affaire publique, la vie privée de Monsieur Potter n'a rien à faire dans ce débat.
Smith lui répondit par un air hautain. Il avait la tête d'un chat ayant mangé la souris. Parkinson soutint son regard sans plier.
- Il n'a jamais été mentionné dans le projet qui vous a été remis que c'est Monsieur Potter qui éduquera ces enfants. Il est stipulé clairement que l'orphelinat sera géré par des professionnels de la santé et de l'enfance. Monsieur Potter en sera uniquement le gestionnaire. Je vous conseille, à l'avenir, Monsieur Smith, de lire attentivement les documents qui vous ont été remis et de ne pas reformuler à votre manière les arguments qui y sont écrits.
L'air goguenard de Smith s'effaça, son visage traversé par un élan de colère. Il avait tapé là où ça faisait mal, mais Parkinson était également douée à ce jeu-là. Son estime pour la sorcière remonta très largement dans l'esprit de Harry.
- Je demande le retrait de cette question déplacée et sans réel objectif de faire avancer le débat, Monsieur le Président.
Ce dernier se tourna vers l'assemblée qui accepta la demande d'un autre vote à main levée. Harry enrageait. Les journaux allaient être infernaux avec cette révélation.
- Le Ministère des Affaires Internes a-t-il d'autres interrogations ? reprit le président en regardant Smith.
Ce dernier fusilla une dernière fois Parkinson des yeux et retourna s'assoir sans prendre la peine de répondre.
- Le dernier parti prenant est le Département des Aides Sociales. Madame Parkinson, si vous le voulez bien.
Elle se leva et partit au-devant du Magenmagot, ignorant les grincements de la foule derrière elle.
- Mon Département a décidé d'appuyer la demande de Monsieur Potter.
Elle s'arrêta pour regarder la Cour face à elle. Certains avaient l'air sceptiques.
- Le projet de Monsieur Potter a apporté beaucoup de questions au sein du Ministère, dont certaines ont déjà été posées par Monsieur Smith ici présent. Oui, la guerre nous a tous abîmés, oui, le changement fait peur, oui un orphelinat est une nouvelle donnée dont ne connaitrons les conséquences que lorsqu'il aura ouvert. Mais les incertitudes font partie de l'inconnu. Cet inconnu qui va nous mener vers une égalité des enfants, qu'ils soient moldus ou sorciers, qui va effacer les préjugés entre les deux mondes. Qui va permettre à des enfants dont les parents sont décédés dans la guerre, d'être pris en charge, nourris, aimés et éduqués par des personnes qui en ont finalement quelque chose à faire. C'est tout ce que mon département souhaite, aider ses prochains et les amener à une vie meilleure et au bonheur. Le projet de Monsieur Potter est en totale adéquation avec les ambitions que nous prônons.
Elle s'arrêta pour reprendre son souffle et se tourna vers Harry, comme si elle avait senti son regard sur sa nuque. Il se leva à son tour, son courage Gryffondor de retour, décidé à faire entendre à tous ces vieux enfermés dans leurs habitudes que son projet était bon, excellent même, et qu'il ne voulait que le bien de ceux qui l'entouraient.
- Monsieur Smith a rappelé très justement tout à l'heure que cette Cour a jugé nécessaire pour sa population une reconstruction à l'identique de notre pays, tel qu'il l'était avant la seconde guerre et ce, contre l'avis d'une majorité de la population. Certes, les instances n'ont pas changé, les bâtiments officiels, les Ministères, la politique extérieure, les implantations des magasins, les impôts ou nos lois du secret n'ont pas changé. Mais cela veut également dire continuer à fermer les yeux sur ces enfants sans familles, se nourrissant de nos déchets, continuer à fermer les yeux sur ces nés moldus ou nés sans magie, coincés entre deux mondes, deux éducations qui créent nos inégalités sociales. Nous sommes au 21ème siècle, il est temps d'évoluer ! Il est temps d'ouvrir les yeux et voir qu'en France, aux États-Unis, au Portugal ou en Inde, des orphelinats existent depuis plusieurs siècles et ne posent aucun souci dans leur gestion. Il est temps d'ouvrir les yeux sur notre Grande-Bretagne magique, certes, mais si archaïque dans sa manière de penser et de vivre !
Des cris le coupèrent dans sa tirade. Il se tourna et vit avec surprise le public se lever des bancs et l'applaudir. Le marteau du Président tapa plusieurs fois mais sans succès.
Soudain redevenu timide, Harry alla se rassoir, les jours rouges. Ses doigts s'entortillaient les uns les autres et son sang battait à ses tempes. Hermione lui déposa un baiser sur la joue et murmura des paroles douces à ses oreilles. Sa respiration se calma doucement. Il réussit à reprendre ses esprits lorsque le président clôtura la séance.
- Les partis ayant tous pris la parole, le débat est clôturé. Le Magenmagot se retire pour délibérer. La séance est levée.
Un dernier coup de marteau résonna dans la salle. Harry resta figé sur son banc, ne voulant pas sortir de la salle. En demandant une séance ouverte, il n'avait pas pensé aux journalistes, et autres foules en liesse qui l'attendraient à la sortie.
Il se leva tout de même et se tourna vers la salle. Puis vers Hermione.
- Je t'en supplie, sors-moi de là…
Hermione se contenta de hocher la tête.
- Tout est prévu, ne t'inquiète pas. Reste ici, lui indiqua Ron.
Il se rassit sur le banc et attendit.
