08 - Akashi Seijuro x OC [Jalousie] - Tu dépasses mes espérances...

Tout en passant ses doigts doucement dans ses courts cheveux blonds vénitiens lui arrivant juste sous le menton, Kiyoka laissa errer ses prunelles grises sur la pièce où elle se trouvait. A chaque fois qu'elle venait chez son petit-ami, elle ne se sentait pas très à l'aise. Tout était un peu trop luxueux et elle avait l'impression de se noyer sous cette richesse apparente.

Elle préférait vraiment quand c'était lui qui venait chez elle, ce qui arrivait seulement quand ses parents étaient absents. Sinon, elle n'osait pas imaginer ce qu'ils pourraient bien dire. C'était d'ailleurs bien trop rare. Donc pour être seuls, il n'y avait pas d'autre option que de se retrouver chez lui, vu que le père de son copain était plus souvent à Tokyo qu'ici. Un jour, elle s'habituerait à ce luxe, se promit-elle en pensée. Enfin, il fallait que leur relation dure assez longtemps pour le lui permettre.

Quand elle y pensait, cela faisait déjà presque six mois qu'elle était en couple avec Akashi Seijuro, le garçon le plus beau et le plus impressionnant qu'elle avait rencontré jusqu'ici. La jeune fille se demandait encore pour quelle raison il l'avait choisie elle alors que d'autres filles bien plus belles lui tournaient sans cesse autour. Ce qui attisait toujours plus sa jalousie, même aujourd'hui. Et bien sûr, à chaque fois, le rouge souriait d'un air narquois car il savait ce qu'elle ressentait. Elle n'avait pas pu le nier quand il le lui avait demandé, bien trop observateur pour elle. Oui, elle était jalouse et elle se trouvait parfois ridicule.

Certes, ils formaient un couple mais personne n'était au courant de cette relation car le capitaine de l'équipe de basket de leur lycée avait voulu la garder secrète. Pour la protéger, avait-il dit quand elle lui en avait demandé la raison. Cependant, Kiyoka soupçonnait qu'il avait voulu se concentrer sur la Winter Cup qui allait bientôt arriver, à ce moment-là. Et jamais Seijuro ne lui avait dit qu'il l'aimait, alors elle ne savait que penser.

_ Ce secret commence à être trop lourd à porter…, murmura-t-elle en prenant le verre de jus de fruit posé devant elle.

Au début, sa relation avec le jeune homme avait été très compliqué. Très possessif, il exigeait toujours qu'elle passe chaque pause avec lui, dans la salle du conseil étudiant. Et elle devait avouer qu'il n'avait pas été le plus aimant des petits amis, à ce moment. Mais vu qu'elle l'aimait, elle avait accepté ce côté un peu étrange de sa personnalité.

Un sourire doux naquit sur ses lèvres en songeant que Akashi se montrait bien plus tendre depuis qu'il avait changé. Plus tendre et presque… amoureux, si elle l'osait l'espérer. Et il n'exigeait plus qu'elle reste tout le temps avec lui, lui laissant la distance et la liberté dont elle avait parfois besoin et retrouver ses amies. De l'amour, vraiment ? C'était encore trop pour le dire. Son regard écarlate était si profond et doux quand il se posait sur elle qu'elle se sentait comme hypnotisée. Mais elle aimait aussi ses prunelles hétérochromes, étrangement envoûtantes et effrayantes, si elle osait dire. Un étrange mélange…

_ Désolé de t'avoir fait attendre, déclara soudain une voix masculine derrière elle.

Bon, il ne le lui dirait certainement pas mais cela faisait quelques minutes que le basketteur se trouvait dans l'entrée du salon, en train d'observer sa petite amie qui semblait perdue dans ses pensées. Drôlement mignonne, songea-t-il en souriant. En tout cas, il l'avait indéniablement surprise, à en juger par le sursaut qu'il venait de voir.

_ Akashi-kun, ce n'est pas drôle, l'avertit-elle en voyant son sourire en coin.

_ Tu sais que j'aime te surprendre comme ça, répliqua-t-il en se rapprochant d'elle. Et appelle-moi par mon prénom, Kiyoka, on en a déjà parlé.

_ Toujours aussi autoritaire, hein ?

Cette petite provocation était une vengeance pour l'avoir effrayée, Seijuro le savait bien, aussi il décida de ne pas lui en tenir rigueur. D'autant plus que cela faisait un certain temps qu'ils n'avaient pas pu passer un moment seuls tous les deux. Et il devait avouer que cela lui manquait. Depuis qu'il était en couple avec elle, il voulait toujours passer plus de temps avec elle mais jamais il ne le lui avait dit. Même quand son autre personnalité avait encore le dessus, elle l'apaisait et il se sentait bien, se montrant moins tranchant avec les autres.

Entendre son prénom dans sa bouche, le capitaine de Rakuzan se demandait quel effet cela allait bien lui faire. En tout cas, il aimait indéniablement voir ce que cela faisait sur sa petite amie. A chaque fois, elle cachait sa gêne sous une petite pique mais il n'était pas dupe. Il ne pouvait pas manquer ses rougissements légers sur ses joues.

Et quant à révéler leur relation aux yeux du monde, disons qu'il lui laissait le choix du moment, tout en l'incitant en jouant sur sa jalousie. Mais elle n'avait pas encore craqué, ce qui amusait Seijuro qui se demandait jusqu'à quand elle allait bien pouvoir tenir. En tout cas, lui avait hâte que tout le monde sache que cette fille magnifique et adorable était à lui. Mais sa patience porterait bientôt ses fruits, sa belle ne tiendrait plus longtemps, il le sentait. Et quant à être autoritaire, il était un Akashi…

_ Tu devrais le savoir, darling.

Pour seule réponse, elle leva les yeux au ciel avant de lui sourire avec amusement. Cette nouvelle facette taquine du jeune capitaine lui plaisait beaucoup, même si cela avait tendance à la troubler plus qu'il ne le faudrait. Et ces petits mots tendres qu'il distillait petit à petit la faisait fondre et elle ne parvenait pas à rester en colère contre lui. Bon, la colère était un grand mot, hein…

L'appeler par son prénom ? Kiyoka y pensait mais elle le ferait au moment où il s'y attendrait le moins. Elle aussi saurait le surprendre, elle se le jura, car elle avait toujours échoué jusqu'à maintenant. Mais elle ne perdait pas espoir, ce n'était pas son genre. Et l'appeler par son prénom était la meilleure façon qu'elle avait trouvé pour le faire.

Prenant la main que son amour lui tendait, la blonde se leva du canapé et le suivit à l'étage. Sans doute allaient-ils regarder un film ensemble, allongés dans le lit du jeune homme, comme à leur habitude… Elle aimait ces instants loin de tout, rien qu'à eux, sans personne pour accaparer Akashi et l'emmener loin d'elle. Là, il était tout à elle et elle comptait bien profiter de la chaleur de ses bras.

Et comme elle l'avait prévu et espéré, Kiyoka se trouvait étendue sur le lit, dans les bras de Seijuro, sa main à elle posée légèrement sur son torse. A vrai dire, elle aimait beaucoup le film qu'il avait choisi mais aujourd'hui, elle préférait mille fois se concentrer sur lui. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas profité de sa chaleur ainsi. Ses prunelles grises le dévisageaient sans retenue aucune, il était décidément bien trop beau pour elle et elle se demandait encore aujourd'hui ce qu'il pouvait bien lui trouver. Elle était vraiment idiote à se faire du mal ainsi mais c'était plus fort qu'elle.

_ A quoi tu penses ? lui demanda-t-il soudain.

En baissant le regard sur la jolie blonde collée à lui, Seijuro vit qu'elle semblait étrangement triste, ou irritée, peut-être. Sans doute encore des pensées qui n'avaient pas lieu d'être mais il ne pouvait pas la blâmer d'être si peu sûre d'elle. Cela faisait partie de sa personnalité. De toute façon, c'était à lui de lui donner confiance en eux et il s'y emploierait. Il effacerait chacune de ses pensées parasites pour qu'elle soit toujours heureuse avec lui. Et une fois que leur couple serait connu de tous, il arrêterait de jouer ainsi avec ses nerfs car il avait conscience que cela ne l'aidait pas. Même si en soi, sa jalousie l'amusait plus qu'autre chose car elle lui prouvait qu'il était important pour elle.

_ A rien en particulier, Akashi-kun, mentit-elle sans le regarder.

_ Ne me mens pas, Kiyoka, je vois bien que tu n'es pas dans le film, lui fit-il remarquer alors qu'il mit sa tête au dessus de la sienne, la faisant rougir. Ah, je préfère ça…

Le ton taquin du rouge fit rougir de plus belle la jeune fille qui ne pensait plus à rien d'autre qu'à celui qui était si proche d'elle que leurs lèvres se touchaient presque. Que faisait-il ? C'était bien la première fois qu'il se comportait de la sorte avec elle et elle ne savait plus trop sur quel pied danser. Certes, Akashi l'avait déjà embrassée mais cela avait toujours été si rapide qu'elle avait eu à chaque fois l'impression de l'avoir rêvé.

_ Je crois que te voir rougir te rend encore plus adorable, à mes yeux, lui avoua-t-il sans aucune honte.

En disant cela, Seijuro était parfaitement sincère. Il avait compris que sa douce avait besoin d'être rassurée alors il décida de lui dire ce qu'il gardait pour lui, enfin. Il n'était jamais trop tard, n'est-ce pas ?

_ Et ce n'est pas tout, continua-t-il alors qu'il la faisait assoir juste devant lui. Je ne te l'ai jamais dit avant, peut-être par fierté mal placée, ou je ne sais quelle autre excuse idiote, mais je ne me serais jamais mis en couple avec toi si je ne t'aimais pas, tu sais.

En entendant sa confession, Kiyoka le fixa, les yeux écarquillés, peinant à réaliser ce qu'il venait d'avouer. Non, minute, il lui avait vraiment dit qu'il l'aimait ou bien elle rêvait ?

_ Pince-moi, je rêve, souffla-t-elle avant de sourire, plus radieuse que jamais. Je t'aime, moi aussi, Seijuro-kun !

_ Je le sais déjà, ma belle, la taquina-t-il, et tu viens de m'appeler par mon prénom, d'ailleurs.

Ah oui, tiens ! Bon, tant pis, le reste était bien plus important que cela. Alors qu'elle souriait de plus belle, la jeune fille blonde se sentit doucement attirée tout contre son copain qui la couvait du regard. Ses magnifiques prunelles écarlates lui laissaient voir tellement de chose qu'elle se sentait comme étourdie de bonheur : amour, tendresse, un peu de malice aussi, et une lueur chaude qui la rendait toute chose.

Cela faisait longtemps que Akashi voulait un vrai baiser et le moment était vraiment parfait. Lentement, sans doute trop pour elle, il baissa la tête et déposa un léger baiser sur le bout de son nez, la faisant bouder. Comme il aimait la taquiner ainsi… Non, plus sérieusement, un vrai baiser où il laisserait enfin ses sentiments pour elle s'exprimer totalement, voilà ce qu'il attendait.

_ Patience, voyons, la tempéra-t-il en prenant son menton entre ses doigts pour plonger son regard dans le sien.

_ Tais-toi, idiot, maugréa-t-elle, tentant en vain de baisser la tête pour ne plus voir son sourire moqueur.

S'il ne l'embrassait pas maintenant, elle allait le tuer, Kiyoka se le promit. Comment osait-il la tenter avec l'idée d'un baiser et ne pas le lui donner ensuite ? Il voulait sa mort, ou bien… ? Seulement, alors qu'elle allait ouvrir la bouche pour protester, elle sentit des lèvres chaudes se poser sur les siennes, la faisant frémir intensément. Leurs langues se mouvaient dans un ballet sensuel et Akashi la dominait complètement, elle fondait dans ses bras. Il la dévorait et son coeur allait exploser.

Une main polissonne passa sous son haut et quand sa peau entra en contact avec la sienne, la blonde gémit doucement et se colla plus encore à lui, pour le sentir encore plus proche d'elle. Mais malheureusement, ce fut à ce moment que son copain se détacha d'elle. Le petit sourire en coin qu'il affichait était particulièrement agaçant mais tant pis, elle avait eu ce qu'elle désirait plus que tout : le coeur de son bien-aimé.

Le reste de la journée se déroula tranquillement, entre câlins, films et révisions, et il fut ensuite temps pour Kiyoka de rentrer chez elle. Bien sûr, en gentleman qu'il était, Seijuro allait l'accompagner car il était hors de question de laisser sa belle rentrer seule alors que la nuit était tombée depuis plusieurs heures.

Après une vingtaine de minutes de trajet, les voilà enfin arrivés devant la petite maison familiale des Nakano. A chaque fois que Seijuro se rendait à cet endroit, il était étonné de voir à quel point c'était chaleureux. Il était déjà venu une fois où deux chez elle et il s'y était senti bien, comme allégé d'un poids. Le capitaine de Rakuzan sortit de la voiture et tendit la main vers sa copine qui la prit sans hésiter.

_ On se retrouve demain, au lycée, bonne nuit Kiyoka, la salua-t-il en déposant un léger baiser sur sa joue.

_ Bonne nuit, Seijuro-kun, répondit-elle en se lovant dans ses bras.

On lui avait toujours dit de ne pas se priver des bonnes choses et être dans les bras de son capitaine de petit-ami était sans aucun doute la meilleure, si elle ne comptait pas ses baisers. La jeune fille poussa un soupir de bien-être avant de le quitter à regrets pour rentrer chez elle. Et comme à son habitude, il attendait qu'elle ait fermé la porte d'entrée derrière elle pour partir. Toujours aussi attentionné, songea-t-elle alors qu'elle se dirigeait dans sa chambre.

En tout cas, cette journée avait été parfaite. Kiyoka avait pu profiter pleinement de la présence d'Akashi rien que pour elle et de plus, il lui avait enfin avoué l'aimer. Elle ne savait pas si elle pouvait être plus heureuse que maintenant. C'était un peu cliché de dire ce genre de chose mais elle s'en moquait car c'était ce qu'elle ressentait.

Une pensée lui vint soudain en tête : à présent qu'elle connaissait les sentiments de Seijuro pour elle, est-ce que sa jalousie s'apaiserait enfin ? C'était difficile à dire car après tout, personne ne connaissait leur couple et certaines personnes mal intentionnées pourraient en profiter pour tenter de mettre le grappin sur son petit-ami.

Bon, il était temps pour elle d'aller dormir, à présent, étant donné qu'elle avait dîné avec lui, avant de rentrer. Après tout, elle devait être en forme le lendemain pour le lycée car elle voulait être la meilleure élève possible. Même si au grand jamais, elle ne serait aussi forte que Akashi, il ne fallait pas non plus pousser. Un sourire amusé étira ses lèvres à cette pensée. Son petit-ami était parfait, pas elle, et c'était très bien ainsi. Elle enfila sa nuisette de coton restée dans sa chambre, au pied de son lit, et s'allongea sous les couvertures. Ses yeux se fermèrent rapidement, la laissant plonger dans ses doux rêves.

OoOoOoO

Bientôt l'heure de la pause du midi, se dit Kiyoka se retenant de bailler d'ennui à grand-peine. Habituellement, elle aimait beaucoup les cours d'anglais mais pas aujourd'hui. Elle n'arrivait pas à se concentrer sur les notions transmises par leur professeur et se contentait de rêvasser en contemplant les nuages à travers les grandes fenêtres de la classe.

Cela faisait presque une semaine que Seijuro lui avait dit l'aimer et la jeune fille parvenait encore à peine à y croire. Elle avait du mal à redescendre de son petit nuage, elle devait le reconnaître. Seulement, les cours n'allaient pas s'apprendre tout seul, donc elle devait vraiment se concentrer.

Puis tristement, la blonde se souvint que son petit-ami n'était pas disponible pour manger avec elle, ce midi, à cause d'une réunion imprévue du conseil des élèves. Il l'avait avertie dès le matin-même mais elle n'avait pas pu lui masquer sa déception. Akashi lui avait donc promis qu'il se rattraperait plus tard et elle était certaine qu'il tiendrait parole. Il le faisait toujours.

Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, Kiyoka mangerait avec ses amies de la classe. Cela lui ferait sans doute du bien de penser à autre chose qu'à son petit-ami en présence des autres filles du conseil étudiant. Et comme à chaque fois que cette image lui venait en tête, la jalousie la dévorait. Elle avait pleinement confiance en Seijuro mais c'était en ces harpies qu'elle n'avait pas foi. Après tout, elle les avait déjà vu essayer de faire leur intéressante pour attirer l'attention du rouge. Cela n'avait pas fonctionné, certes, mais les faits étaient là.

Ce fut la sonnerie de la fin des cours qui l'arracha à ses mornes pensées. La jeune fille retint un soupir en voyant Akashi quitter la salle de classe, sans même lui jeter un regard -même si elle savait que c'était de la comédie pour ne pas mettre la puce à l'oreille de leurs camarades, c'était douloureux- et se concentra sur ses deux amies qui la rejoignaient. Elle les accueillit avec un sourire joyeux, les invitant à prendre place devant elle.

_ J'ai faim, gémit faiblement l'une d'elle en s'affalant sur la table en face d'elle.

_ C'est toujours le cas, pas vrai ? la taquina Kiyoka après avoir posé son bento sur son pupitre.

La jolie brune lui jeta un regard noir, avant de se mettre à rire avec elle. En effet, cette jeune fille du nom de Fujimura Yoshino éprouvait un amour profond pour la nourriture et elle ne s'en cachait pas. Comme de fait, les yeux verts de Yoshino se mettaient à briller en voyant ce que sa mère lui avait préparé. Cela amusait toujours la blonde, ainsi l'ambiance était assurée pour le reste du repas.

_ Eh, dites, chuchota soudain la troisième fille présente, une lueur de conspiration dans ses prunelles bleu nuit, il y a des rumeurs qui disent que Akashi est en couple, vous en pensez quoi ?

Bien sûr, que serait un groupe de filles sans commérages ? Sakeda Usami était celle qui était toujours au courant de tout avant les deux autres. Cette jeune fille à la chevelure caramel laissait toujours traîner ses oreilles partout, ce qui, dans le cas présent, n'arrangeait pas les affaires de Kiyoka.

_ J'ai du mal à l'imaginer en couple, personnellement, réfléchit Yoshino, la main sur le menton.

Pendant que ses deux amies débattaient sur ce fait, la blonde baissa la tête sur son bento, l'appétit coupé. Voilà la raison pour laquelle ce secret la gênait, elle détestait le fait de mentir à ses amies. Pour se donner une contenance, elle prit ses baguettes et commença son repas tant bien que mal.

_ Tu en penses quoi, Kiyo-chan ? lui demanda Usami, avec un sourire.

Retenant un tremblement malvenu, la mentionnée releva la tête, un peu tendue, et répondit en tentant de ne rien laisser paraître de son malaise :

_ Je ne sais pas trop, Usami-chan, je n'y ai pas réfléchi.

Quelque temps auparavant, Kiyoka avait avoué à ses deux amies qu'elle éprouvait des sentiments pour Akashi. C'était avant qu'elle ne se mettre en couple avec lui, en secret. Mais elle se détestait de leur mentir, la culpabilité ne cessait d'augmenter. Souvent, elle voulait le leur dire mais les mots ne sortaient pas, comme bloqués dans sa gorge. Et plus le temps passait, moins elle y parvenait. Elle espérait juste que Yoshi et Usami ne lui en voudraient pas de ses cachotteries.

_ Oh, désolée, Kiyoka-chan, s'excusa la brune en posant une main compatissante sur la sienne.

_ Non, ça va, ne vous en faites pas…

Sans que la blonde ne les voit, son regard étant rivé sur son repas, les deux autres adolescentes s'échangeaient un regard entendu. Devaient-elles lui dire qu'elles savaient, pour Akashi et elle ? Car après tout, si Kiyoka ne voulait pas leur en parler pour le moment, c'était son choix. En effet, Usami et Yoshino les avaient surpris ensemble, un soir, alors qu'elles quittaient leur club. Elles se trouvaient non loin de la salle du conseil quand elles virent Akashi Seijuro et leur amie quitter le bureau, leurs mains liées. Et le baiser qu'il avait déposé sur le front de la blonde les avait surprises. La seule inconnue était depuis combien de temps ils étaient en couple en secret. Parce qu'elles imaginaient mal leur président du conseil embrasser une fille juste comme cela.

Seulement, pourquoi un tel secret ? Surtout que Kiyoka était une des filles les plus honnêtes qu'elles connaissaient ! Peut-être une exigence du jeune homme, elles ne sauraient le dire. Toujours est-il que cela faisait souffrir leur amie, ce secret devait lui peser énormément. Elles hochèrent la tête, se comprenant parfaitement.

Pour le moment, elles feraient comme si elles n'étaient au courant de rien, jusqu'à temps que leur amie ait besoin d'elles. Car oui, il était évident pour les deux jeunes filles que la blonde était terriblement jalouse des filles qui gravitaient autour du capitaine de leur équipe de basket mais qu'elle rongeait son frein, ne pouvant rien dire. Surtout si c'était bien Akashi qui avait pris la décision de cacher leur relation à tout le monde. Et d'ailleurs, pour quelle raison ? Avait-il honte de Kiyoka ? Usami et Yoshino espéraient pour lui que non, car Akashi ou pas, elles ne se priveraient pas de lui dire leur façon de penser.

_ Vous avez fini vos révisions pour les examens de fin d'année ? demanda soudain Kiyoka, ayant terminé son repas.

Il fallait reconnaître que le silence qui les entourait était quelque peu pesant et la jeune fille n'aimait pas cela. Cela la mettait mal à l'aise et elle avait peur que ses deux amies lui en veuillent pour quelque chose. Mais elle n'avait pas de mouron à se faire car la brune lui répondit avec un sourire chaleureux :

_ Je ne m'en sors pas du tout mais c'est de ma faute, je m'y suis prise à la dernière minute.

Yoshino n'avait pas l'air de s'en inquiéter plus que cela. De toute façon, elle ne voulait pas continuer ses études après le lycée, Kiyoka le savait très bien. Mais c'était quand même plus simple de trouver un bon travail avec de bons résultats -ses parents n'arrêtaient pas de le lui répéter. Ce qui avait parfois tendance à l'agacer mais bon, elle savait qu'ils ne voulaient que son bonheur.

La pause de midi continua dans la joie et la bonne humeur, les trois amies riant et plaisantant ensemble comme elles aimaient le faire. Même si dans un coin de son coeur, Kiyoka aurait quand même aimé pouvoir être avec Akashi. Il lui manquait beaucoup. Mais bon, ses camarades lui changeaient les idées et cela lui faisait beaucoup de bien au moral.

OoOoOoO

_ Dix minutes de pause, annonça soudain le coach Shirogane.

A cette annonce, Akashi se dirigea tranquillement vers le banc afin d'essuyer la transpiration qui dégoulinait sur son visage et dans son cou. Il prit ensuite sa gourde et la vida de moitié, tout en écoutant d'une oreille distraite la conversation de ses coéquipiers. Le jeune homme esquissa un sourire amusé quand il remarqua que leurs bavardages portaient sur lui et une certaine rumeur. Tiens donc…

_ Tu crois vraiment que c'est vrai, Leo-nee ? s'étonna Kotaro, les yeux grands ouverts dirigés vers Akashi, avant de les poser à nouveau sur son autre coéquipier.

_ Ce n'est pas la première fois que j'entends ça mais il n'y a pas de preuve, encore, confirma le brun en posant sa gourde vide sur le banc.

Histoire de les taquiner un peu, Seijuro alla vers eux d'un pas nonchalant. Apparemment, ils ne l'avaient pas vu arriver, ce qui lui donna une idée.

_ Vous savez, je suis là, hein, se moqua-t-il allégrement en les rejoignant. Si vous avez une question à me poser, je vous écoute.

Mibuchi et Hayama sursautèrent à l'entente de sa voix, ce qui le ferait presque rire. Les deux deuxièmes années lui envoyèrent un regard d'excuse mais le capitaine ne leur en tenait pas rigueur. Il était normal que ses coéquipiers soient curieux, après tout, il ne laissait jamais rien transparaître ou presque. Nebuya semblait s'en moquer complètement, comme en témoignait son expression blasée. En effet, mis à part le basket et la gonflette, rien d'autre n'intéressait le pivot…

_ Ca nous regarde pas, fit le métisse avant de prendre un ballon pour le faire tourner sur son doigt.

Les deux autres rois sans couronne se regardaient, un peu craintif, l'air de se demander lequel d'entre eux ferait le premier pas car même si Akashi avait changé, il ne fallait pas non plus l'énerver. Seulement, le rouge trouvait que cette scène était plutôt drôle mais l'entrainement n'allait pas tarder à reprendre alors s'ils voulaient lui poser cette question, c'était maintenant.

Alors qu'il se disait que personne n'allait finalement parler, la voix de son vice-capitaine s'éleva soudain.

_ Dis, Sei-chan, la rumeur dit que tu serais avec quelqu'un, c'est vrai ? se lança Leo, les mains cachées dans son dos.

_ A ton avis ? Si c'était vrai ?

Le sourire mystérieux de leur jeune capitaine surprit ses deux aînés, qui ne savaient pas trop quoi dire. C'était vrai ou non ? Ils n'en avaient pas appris plus et c'était frustrant. Ce sourire voulait tout et rien dire, à la fois, alors que penser ?

_ Si c'est vrai, je veux la rencontrer ! s'écria Kotaro, des étoiles plein les yeux.

_ Idiot, soupira Leo en lui frappant l'arrière de la tête.

_ Eh mais Leo-nee…

_ L'entraînement reprend, annonça Akashi en retournant sur le terrain, l'air de rien.

Cependant, au fond de lui, le basketteur était plutôt satisfait d'avoir semé la confusion chez ses coéquipiers. Leur dire la vérité ne lui coûterait rien mais ce n'était pas encore le moment.

_ Tu ne t'en tireras pas comme ça, Akashi ! le menaça Hayama.

_ Nous verrons bien, répliqua celui-ci avec un sourire moqueur.

Sur ces mots, il vola le ballon sans effort apparent au blond bien trop déconcentré et marqua aisément un panier.

_ Si tu comptes me faire parler, il faudra faire mieux que ça, Hayama.

_ Tu vas voir !

Tellement facile d'énerver son coéquipier, songea Akashi en se remettant en place. Un jour, Kiyoka viendra le voir à l'entraînement, en tant que petite amie officielle. Et si elle devenait la manager de l'équipe, ce serait encore mieux. Oui, il allait lui en parler… quand leur couple serait connu de tout le monde.

Cela ravirait sans doute les deux curieux d'avoir enfin une manager, depuis le temps qu'ils le demandaient. Bon, chaque chose en son temps, tout d'abord, prendre le ballon des mains de Kotaro qui espérait le dribbler. Pas de chance pour lui, encore raté !

OoOoOoO

Alors qu'elle lisait tranquillement dans son lit avant d'aller dormir, Kiyoka eut un sursaut en entendant la vibration qui venait de son téléphone, posé sur la table de nuit. Qui pouvait bien l'appeler à cette heure tardive ? Cela n'arrivait jamais, en temps normal.

Bon, et si au lieu de réfléchir, elle regardait le nom de son correspondant ? Ce serait quand même bien, non ? La jeune fille blonde se redressa rapidement sur son matelas et s'empara de son téléphone avant d'esquisser un sourire radieux. La personne qui cherchait à la joindre n'était autre que son petit-ami, il était donc évident qu'elle allait décrocher. Ce qu'elle fit dans la foulée.

_ Oui ?

_ Bonsoir, Kiyoka, je ne te dérange pas ? résonna la voix d'Akashi dans le combiné.

Cette voix lui procurait toujours des frissons agréables à chaque fois qu'elle l'entendait, et cette fois-ci ne faisait pas exception.

_ Non, pas du tout, lui assura-t-elle avec un sourire qu'il ne pouvait voir, mais pourquoi cet appel tardif ? Ce n'est pas ton genre, en général.

_ En effet, mais j'avais envie d'entendre ta voix…

Devait-elle en conclure qu'elle lui manquait ? Cela faisait presque trois jours qu'elle n'avait pas eu de nouvelles de lui car il l'avait prévenu que pendant ce week-end, il serait occupé avec son père. Ce qui avait causé un manque terrible chez elle, et apparemment, chez lui aussi. Cela lui faisait vraiment du bien d'entendre sa voix, à défaut d'être dans ses bras.

_ Toi aussi, tu m'as manqué, Seijuro, murmura-t-elle soudainement.

Mince, des bruits de pas se faisaient entendre du couloir et il ne fallait pas que ses parents entendent qu'elle parlait à quelqu'un… Au bout de quelques minutes assez stressantes pour elle, Kiyoka poussa un soupir de soulagement quand les pas s'éloignèrent de sa chambre, ce qui alerta immédiatement le jeune homme, comme elle aurait dû s'en douter.

_ Que se passe-t-il ?

_ Mes parents étaient dans le couloir, et je ne suis pas censée téléphoner à cette heure, expliqua-t-elle sur un ton maintenant amusé.

_ Je te laisse, si tu veux ? Je ne veux pas que tu aies des problèmes avec tes parents à cause de moi, lui proposa Akashi plus bas.

La laisser ? Maintenant ? Non, elle voulait encore lui parler, et tant pis si ses parents l'entendaient finalement. Ne se contredirait-elle pas, là ? Et puis, peu importait, après tout. Elle n'allait pas de priver de passer du temps avec son petit-ami juste pour éviter une punition… Même si en soi, ses parents ne l'avaient jamais vraiment punie.

Les deux adolescents passèrent une bonne partie de la soirée au téléphone, se racontant leur week-end en solitaire. Kiyoka était même parvenue à faire rire Akashi avec une anecdote sur sa famille, ce n'était pas rien. Bon, évidemment, ce n'était pas un éclat de rire mais l'entendre lui réchauffait le coeur car cela lui prouvait qu'il se sentait bien avec elle. Et c'était tout ce qu'elle voulait. Même si elle aimerait que leur couple soit enfin reconnu comme tel et c'est assez frustrant.

Ce n'était pas le moment de penser à cela, se sermonna-t-elle intérieurement. Elle devait juste profiter du moment présent car elle ne savait pas quand cela pouvait se reproduire.

Après deux heures de conversation plutôt animée, il était maintenant temps d'aller dormir. Bon sang, déjà 1h30 du matin ! Kiyoka n'en revenait pas ! C'était passé tellement vite, elle ne voulait pas le laisser, pas maintenant. Mais s'ils voulaient tous les deux être en forme, le lendemain au lycée, il fallait raccrocher.

_ Bonne nuit, Kiyoka, je t'aime.

_ Bonne nuit, Seijuro, je t'aime moi aussi, répéta-t-elle d'une voix tremblante avant de raccrocher.

S'habituerait-elle un jour à entendre ses "je t'aime" ? La jeune fille en doutait mais elle adorait cela. Alors qu'elle posait son téléphone sur la table de nuit, Kiyoka souriait bêtement. Cet appel était une merveilleuse surprise, elle ne s'y attendait pas.

Il était plus que l'heure de se coucher mais avant cela, elle mit son marque-page dans son livre avant de le fermer et de le poser à côté de son portable. Ensuite, elle s'allongea confortablement et ferma les yeux, se laissant plonger dans les bras de Morphée, qui l'accueillirent chaleureusement. Cette soirée était parfaite…

OoOoOoO

Une semaine et demi s'était écoulée depuis cet appel surprise d'Akashi et Kiyoka se sentait plutôt bien. Certes, elle n'avait pas beaucoup pu passer de temps avec son copain, au lycée, mais il essayait toujours de lui trouver un moment à lui consacrer dans son emploi du temps chargé, il fallait l'admettre.

Accompagnée de ses deux fidèles amies, Usami et Yoshino, elle retournait dans sa classe après un cours de sport particulièrement épuisant. Évalué, de surcroit. Heureusement, il ne leur restait qu'une seule heure de cours dans cette journée, sinon la blonde n'aurait pas donné cher de leur peau, à toutes les trois.

_ Je n'en peux plus, souffla la rousse, pourquoi Hirako-sensei se montre-t-elle toujours aussi dure ? C'est pas comme si je deviendrai un jour une grande sportive…

_ Ah, ça c'est sûr, répliqua Kiyoka avec un sourire amusé, et ça vaut aussi pour moi, tu peux me croire.

La blonde était quand même plus endurante que ses deux amies mais elle aussi avait été épuisée par ce cours plus intense que d'habitude. La professeur était sans doute de mauvaise humeur, il ne fallait pas chercher plus loin. Elle espérait juste que sa note ne serait pas trop mauvaise, ne voulant pas entacher son bulletin trimestriel à cause de la mauvaise humeur de sa professeur de sport.

Alors qu'elle bavardait gaiement avec les deux filles, la jeune fille vit du coin de l'oeil une scène qui l'agaça particulièrement. Akashi, souriant, discutait avec une élève de la classe voisine qui semblait subjuguée par lui. Ce n'était pas la première fois qu'elle les voyait ensemble et elle n'aimait pas cela. Cette fille faisait partie du conseil et de ce fait, elle passait beaucoup de temps avec son petit-ami. Elle ne devrait pas être jalouse ainsi mais c'était plus fort qu'elle ! Et elle se détestait pour cela.

Seulement, ses deux amies ne savaient pas et Kiyoka espérait qu'elle mettrait cela sur le compte de la tristesse. Après tout, c'était plausible vu qu'elles connaissaient ses sentiments "secrets" pour lui. Décidément, ce mensonge lui pesait sur le moral et il était temps que cela change. La prochaine fois qu'elle aurait l'occasion de se retrouver seule avec le basketteur, elle lui en parlerait parce que ce n'était plus possible.

Usami et Yoshino remarquèrent instantanément le changement d'attitude de leur amie et comprirent ce qui se passait en tournant leur tête dans la même direction qu'elle. Oups… Cela ne sentait pas bon. Akashi était avec une autre fille qui semblait le draguer et il ne faisait rien pour l'arrêter. Certes, il avait toujours eu beaucoup de succès auprès des filles, même plus âgées, mais tout cela n'était pas très gentil pour Kiyoka. Surtout s'ils étaient bien en couple comme elles le pensaient…

_ Tout va bien, Kiyo-chan ? s'inquiéta Usami, une main sur l'épaule de la blonde pour la faire réagir.

_ Oui, ça va, répondit-elle d'une voix morne. On y va…

Les deux filles suivaient leur amie et elles s'inquiétaient pour elle. Le dos voûté, la tête baissée, on aurait dit qu'elle allait pleurer. Non, elles ne pouvaient plus faire semblant de ne rien savoir. Leur amie allait mal et elles seraient là pour elle, comme elles le devaient. Tant pis pour le cours de japonais, le plus important était de remonter le moral de Kiyoka. Et si son absence au cours pouvait inquiéter Akashi, ce serait un bonus. Peut-être qu'il se poserait des questions, cela ne lui ferait pas de mal…

Inconsciente des intentions de ses amies, Kiyoka ruminait de sombres pensées. Pourquoi ne repoussait-il jamais ces filles qui venaient le voir pour des broutilles ? Pourquoi se montrait-il aussi agréable avec elles ? Certes, il était le président du conseil mais ce n'était pas une raison suffisante ! Étrangement, elle avait beaucoup aimé la période où il effrayait tout le monde ou presque car personne n'osait vraiment l'approcher, encore moins les filles. C'était bête à dire mais cela lui manquait presque.

Alors qu'elles arrivaient à leur étage, Yoshino et Usami la tirèrent par le bras pour l'amener dans les étages supérieurs. Mais le cours de japonais ? Et qu'est-ce qui se passait ? N'ayant pas vraiment la force de batailler contre elles, la blonde se laissa guider jusque sur le toit. Le vent soufflait fort mais la vue sur le ciel était magnifique.

Une palette impressionnante allant du gris perle au gris anthracite avec quelques touches de bleu ciel se dessinait sous ses yeux et cela lui donna envie de le peindre. Voilà quelque temps que cela ne lui était pas arrivé, quand elle y songeait. Depuis sa rentrée au lycée, elle n'avait pas eu l'occasion de toucher à un pinceau et Seijuro ne connaissait même pas cette partie de sa vie.

_ Pourquoi on est là ? demanda-t-elle sans les regarder.

Usami jeta un regard à son acolyte brune et lui fit comprendre que c'était le moment. La lueur qui brilla dans les prunelles vertes de Yoshino lui confirma qu'elle était d'accord. Aussi, la châtaine lança sur un ton manquant quelque peu de conviction :

_ Dis, Kiyo-chan, est-ce que tu es en couple avec Akashi ?

A peine cette question fut-elle posée que Kiyoka se retourna vivement vers ses deux amies, les yeux écarquillés sous le coup de la surprise. Le nier ? Le confirmer ? Elle se laissa tomber sur le sol, dépitée, la tête baissée. Elle ne savait pas quoi faire mais de toute évidence, Usami n'en avait pas fini.

_ On vous a vus ensemble, un soir, alors qu'on passait devant la salle du conseil et vous sembliez plutôt proches, ajouta-t-elle avec un petit sourire d'excuse.

_ On n'osait pas trop t'en parler car tu nous l'aurais dit si tu voulais qu'on soit au courant mais à chaque fois, on te voit souffrir quand il se fait aborder et on en a assez de faire semblant de ne rien voir, continua Yoshino d'une voix douce en prenant place aux côtés de la blonde, assise par terre.

Elles étaient au courant, ses deux amies le savaient… Les prunelles grises de la jeune fille se remplirent de larmes, elle ne savait pas si elle devait être heureuse ou catastrophée par rapport à cette révélation. Mais à en juger par leur mine inquiète, elles n'avaient pas l'air de lui en vouloir d'avoir gardé ce secret et c'était un immense soulagement. Seulement, elle tenait quand même à s'en assurer.

_ Vous ne m'en voulez pas de ne rien vous avoir dit depuis si longtemps ? murmura-t-elle, la tête baissée, leur donnant ainsi la confirmation qu'elles attendaient.

_ Non, tu avais l'air assez accablée comme ça, on ne voulait pas en rajouter, la rassura la brune d'une voix douce.

Ces deux filles étaient vraiment adorables et Kiyoka se rendait à présent compte de la chance qu'elle avait de les avoir pour amies. Elles séchaient même les cours pour tenter de lui remonter le moral. Les larmes qu'elle retenait se mirent soudain à couler sur ses joues pâles, elle se sentait tellement plus légère à présent et cela faisait un bien fou.

_ Ce secret, c'est l'idée de qui ?

La question d'Usami surprit les deux autres filles qui sursautèrent en même temps. La châtaine aux yeux bleu nuit s'en amusa un instant mais cette question avait toute son importance. Si c'était l'idée d'Akashi, il allait en prendre plein son grade, président du conseil étudiant ou pas. Et ce, même si son amie blonde n'était pas d'accord.

_ Pas la mienne, mais il a seulement voulu me protéger, Usami-chan, tenta-t-elle d'expliquer.

_ Te protéger de quoi ? C'est comme s'il avait honte de toi et c'est inacceptable, trancha la mentionnée d'un ton sans réplique.

Mais en voyant le visage de son amie s'assombrir, la jeune fille à la chevelure ébène s'en voulut aussitôt de ses paroles malheureuses. Cela avait déjà dû lui traverser l'esprit à maintes reprises et elle n'avait pas besoin qu'elle le lui rappelle.

_ Désolée, Kiyo-chan.

Kiyoka ne lui en voulait pas, elle se doutait qu'elle voulait seulement la défendre et la protéger. Mais elle aimait Seijuro et il l'aimait aussi, ce n'était pas un menteur, elle en était certaine.

_ En tout cas, si tu veux lui donner une bonne leçon, Usami et moi, on sera là, déclara Yoshino sur un ton quelque peu amusé.

_ Je compte sur vous, alors !

Les trois filles échangèrent un regard de connivence avant d'éclater de rire toutes ensemble. Quand l'amour faisait mal, l'amitié était là pour panser les blessures, Kiyoka ne pouvait plus en douter. Si son petit-ami ne se décidait pas à révéler la vérité, ce serait elle qui s'en chargerait et il lui en dirait des nouvelles.

_ Ce qui est quand même cool, c'est que tu as réussi à mettre le grappin sur le mec le plus populaire du lycée, il fallait le faire, Kiyoka-chan, continua la brune sur un ton de conspiratrice, faisant rire ses amies.

_ Et un des plus beaux, aussi, Yoshino, voyons ! renchérit Usami, une lueur d'amusement dans ses prunelles bleu nuit. J'imagine la tête de ces filles qui lui tournent autour quand elles sauront que c'est toi qu'il a choisi !

_ J'ai trop hâte !

Kiyoka ne pouvait nier être d'accord avec ses meilleures amies. Oui, le jour où son couple serait connu de tous serait indéniablement un des plus satisfaisants de sa vie, et aussi un des plus beaux, car la tête de toutes ces idiotes vaudraient le détour.

OoOoOoO

Kiyoka soupira, attirant l'attention de son petit-ami sur elle. Elle ne parvenait pas à se concentrer sur ses révisions pour les examens finaux et cela commençait à devenir quelque peu préoccupant, étant donné qu'ils avaient lieu dans deux petites semaines. Bientôt la fin de sa première année de lycée, il s'en était passé des choses, quand même…

Remarquant que la blonde ne semblait pas dans son assiette, Seijuro esquissa un petit sourire attendri avant de poser son stylo et la regarda, gentiment moqueur. Cela lui arrivait assez souvent de se déconcentrer, ces derniers temps, et il avait une petite idée de la raison. Mais ce serait dommage de ne pas réussir ses examens, surtout que les notes de la jeune fille avaient toujours été très bonnes.

_ Tout va bien, Kiyoka ? Tu n'es pas concentrée, lui fit-il remarquer, la surprenant.

Ne s'attendant pas à entendre le son de sa voix, la jeune fille sursauta avant de lui lancer un regard plein de reproche, ce qui l'amusa de plus belle, à en juger par le léger rire qui s'empara de lui. Pourquoi ne parvenait-elle pas à lui en vouloir ? En tout cas, il avait parfaitement raison, elle ne pouvait pas le nier.

_ Tu es toujours aussi observateur, Seijuro, soupira-t-elle en rejetant sa tête en arrière, mais tu as raison.

_ Quand ça te concerne, oui, et j'ai toujours raison.

La lycéenne sourit, ayant anticipé cette réponse. Elle le connaissait plutôt bien, à présent, et elle parvenait parfois à deviner sa réaction à certains événements. Mais lui la connaissait encore mieux, tellement que parfois, cela lui ferait presque peur si elle n'avait pas confiance en lui.

_ Tu veux m'en parler ? lui proposa-t-il d'une voix douce.

_ C'est juste que je suis toute seule, tout le week-end, mes parents partent en amoureux au mont Fuji, pour leur anniversaire de mariage, expliqua-t-elle un peu gênée.

Certes, il était son petit-ami mais elle n'était pas encore tout à fait à l'aise quand elle lui parlait de sa famille. Après tout, il n'avait pas encore rencontré ses parents, donc cela ne devait pas être très intéressant pour lui. Et elle ne voulait surtout pas l'ennuyer.

Oh, elle était seule tout le week-end ? Cette nouvelle ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd et le capitaine de Rakuzan eut une idée qui, il le savait pertinemment, ferait plaisir à sa belle. C'était l'occasion parfaite pour passer plus de temps avec elle, et de réviser ensemble, entre autre. Ainsi, il serait certain qu'elle ne ferait pas l'impasse sur les révisions, s'il était présent. Mais il décida de garder le secret, pour le moment. Il la mettrait devant le fait accompli, un peu plus tard.

Mais là, il était temps de quitter le lycée, car il allait bientôt fermer. Posément, le jeune homme rangea ses affaires de cours et il encouragea la blonde à faire de même. Et ce qu'il l'amusa de plus belle, c'était qu'elle n'avait même pas remarqué l'heure qu'il était. Elle était incorrigible mais il l'aimait comme cela. Elle n'avait pas à être parfaite, il voulait juste qu'elle soit elle-même.

_ Tu viens ?

Kiyoka fut surprise de voir la main d'Akashi tendue vers elle. Certes, la plupart des élèves étaient déjà partis mais d'autres pourraient les voir. Seulement, elle ne put résister à l'envie de la prendre dans la sienne, sa chaleur l'entourant aussitôt.

_ Je te suis.

Le jeune couple sortit tranquillement de la bibliothèque et se dirigea vers l'entrée de l'établissement, dans un silence reposant. C'était cela que la jeune fille aimait chez lui : ils n'avaient pas besoin de se parler pour être bien ensemble.

Comme à son habitude, Kiyoka se fit raccompagner par son petit-ami et elle y avait pris goût. Elle se sentait presque comme une princesse quand il prenait soin d'elle ainsi. Et elle aimait sentir qu'elle était importante pour lui, ce qu'il lui montrait de plus en plus au fil du temps. Mais à son grand regret, encore une fois, ils étaient déjà arrivés devant chez elle. Ils allaient donc devoir se quitter…

_ Je t'appelle ce soir, d'accord ?

La jeune fille hocha simplement la tête, les lèvres tremblantes. C'était à chaque fois un crève-coeur de le quitter mais il fallait bien qu'il rentre chez lui. Ce fut ce qui la décida à passer le pas de la porte de sa maison, le pas lourd. Avant de fermer la porte d'entrée, elle se retourna vers la voiture noire et vit le sourire tendre qu'il lui adressait. Cela la calma et elle lui envoya un baiser pour le remercier. Ses prunelles écarlates pétillaient de bonheur et à sa plus grande surprise, il lui en envoya un en retour, accompagné d'un clin d'oeil. Cela ne lui ressemblait pas mais elle adorait cela.

La voiture démarra ensuite, contraignant les deux amoureux à se séparer pour un temps. Une fois que Kiyoka ne fut plus en vue, Seijuro ferma la vitre et sourit d'un air malicieux. Non, elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'il débarque chez elle pour un week-end entier, et c'était cela qui était le plus drôle. Il avait hâte d'être à ce soir, oui très hâte, songea-t-il alors que le véhicule s'engagea sur la route presque déserte.

OoOoOoO

Posée dans le salon devant une série, Kiyoka salua ses parents qui étaient sur le départ. Après les recommandations d'usage et des au revoir émus, elle se retrouva seule, un peu mélancolique.

C'était la première fois qu'elle restait livrée à elle-même pendant autant de temps et elle était un peu stressée. Même si au fond d'elle, elle s'en réjouissait grandement. Pas d'heure de coucher imposée à condition de ne pas en abuser, elle pouvait également se faire livrer ce qu'elle voulait pour dîner, ses parents lui ayant laissé de l'argent pour qu'elle puisse se faire plaisir.

Sans doute pour se faire pardonner de la laisser seule mais après tout, elle avait l'âge pour se débrouiller pendant quelques jours sans problème particulier. En vérité, c'était plus elle qui les avait rassurés que l'inverse, ce qui était assez ironique, car c'était eux les parents. Et puis, c'était leur anniversaire de mariage, c'était normal qu'ils veuillent se retrouver seuls tous les deux. Elle leur avait déjà offert son cadeau donc ils n'avaient plus qu'à profiter de leur petit voyage, maintenant.

La nuit commençait doucement à recouvrir le quartier et la jeune fille ferma les yeux, apaisée, à présent. Certes, elle était seule mais si elle voulait appeler ses amies pour qu'elles viennent lui rendre visite, elle en avait le droit. Elle avait vraiment des parents géniaux, pas vrai ? Ils lui laissaient la maison un week-end entier et elle avait le droit d'inviter ses amies.

D'ailleurs, la blonde se demandait à quel moment Akashi allait l'appeler car il était pas loin de 18h00. Sans doute plus tard dans la soirée, comme quelques semaines auparavant. Un appel nocturne… elle aimait beaucoup l'idée.

Bon, et si elle se faisait une séance de révision avant de dîner ? Elle n'était pas vraiment motivée mais quand elle aurait fait cela, elle serait tranquille pour le reste de la soirée. Elle avait promis à ses parents de ne pas négliger ses révisions donc elle tiendrait parole.

Mais alors qu'elle allait se lever pour se rendre dans sa chambre, où se trouvaient ses affaires de cours, la sonnerie d'appel de son téléphone résonna dans la pièce. Déjà ses parents ? Ils étaient donc si inquiets ? A croire qu'ils ne pouvaient pas s'en empêcher… Avec un sourire amusé sur son visage, elle s'empara de l'appareil et frémit en voyant le nom de l'appelant. Seijuro, déjà ?

Alors qu'elle décrochait, elle allait se mettre à parler quand le jeune homme la prit de vitesse :

_ Ca te dit une petite surprise, Kiyoka ?

_ Quel genre ? l'interrogea-t-elle, un peu soupçonneuse.

_ Ouvre la porte d'entrée et tu comprendras.

Euh… quoi ? Elle voulut lui demander de quoi il parlait mais il avait déjà raccroché. Prenant quelques secondes pour réfléchir, elle se dit qu'elle ferait mieux de faire ce qu'il avait demandé. Mais pourquoi tant de mystères ? Elle retira ses chaussons en allant dans le genkan et déverrouilla la porte.

Non… Cela ne pouvait tout de même pas être ce qu'elle espérait… Et si, constata-t-elle en ouvrant le battant. Akashi Seijuro se tenait là, devant elle, un sourire taquin aux lèvres. Kiyoka n'en croyait pas ses yeux, elle était tellement heureuse qu'elle ne savait même pas quoi faire ou dire. Peut-être le laisser entrer et poser ses affaires, ce serait un bon début, se reprit-elle en s'effaçant afin qu'il puisse pénétrer dans le genkan.

_ Qu'est-ce que tu fais ici ? s'enquit-elle avec ravissement. Je pensais que tu allais simplement m'appeler.

_ Je t'ai appelée, non ? la taquina-t-il en se débarrassant de son manteau et de ses chaussures.

Evidemment, il ne pouvait pas s'en empêcher, songea la lycéenne de Rakuzan en secouant la tête, dépitée. Il fallait toujours qu'il la taquine et elle ne savait jamais comment elle devait réagir dans ces situations-là. Mais la joie de le voir chez elle, avec elle, effaçait tout le reste. La surprise était réussie, pas de doute possible.

_ Tu restes pour la soirée ? lui demanda-t-elle en le conduisant dans le salon.

_ Pour le week-end, si tu veux bien de moi ici, rectifia le basketteur avec un sourire en coin.

Un week-end ? Euh, un week-end entier avec lui sans être obligée de se cacher des autres ? Mais comment qu'elle était d'accord, la question ne se posait même pas ! Elle l'aurait pour elle toute seule pendant deux jours entiers. Bon, elle se doutait qu'ils allaient passer une partie de leur temps à réviser mais cela n'entachait pas sa joie car elle savait que son aide serait précieuse pour les parties du programme qu'elle n'avait pas comprises.

_ Tes parents sont au courant, si c'est ça qui t'inquiète, lui avoua-t-il sérieusement.

_ Quoi ? Mes parents savent que tu es ici ? Mais comment ?

Toujours aussi spontanée dans ses réactions, pensa Akashi avec tendresse. Pourtant, en le connaissant comme elle le connaissait, elle aurait dû s'en douter. Jamais il ne se serait imposé ainsi chez sa copine sans demander la permission auparavant à son père et sa mère. Il aurait sans doute pu le faire, quelques mois plus tôt, mais plus maintenant.

_ Je leur ai demandé la permission au début de cette semaine, sans savoir qu'ils seraient justement absents, ce week-end-ci, lui expliqua-t-il en prenant le verre d'eau qu'elle venait de lui servir avant qu'elle ne le pose sur la table basse. Je leur ai dit que j'allais t'aider pour tes révisions et ils étaient plutôt contents de cette nouvelle.

_ Je n'en reviens pas, souffla-t-elle en se laissant tomber sur le canapé, non loin de lui. Tu as fait tout ça derrière mon dos et mes parents étaient complices, en plus… C'est le monde à l'envers…

_ Je peux repartir, si tu préfères, la nargua-t-il en faisant mine de se lever.

Mais il fut aussitôt retenu par les bras de la jeune fille autour de lui.

_ Maintenant que tu es là, tu restes.

C'était trop beau pour être vrai ! Non seulement ses parents savaient qu'il était là, seul avec elle pendant tout un week-end, mais en plus ils n'y trouvaient rien à redire. Il y avait quand même anguille sous roche, non ? Une fille seule avec un garçon de son âge, il pouvait se passer beaucoup de choses, quand même…

_ Ils savent aussi qu'on est ensemble ?

_ Je leur ai tout dit, oui, mais je leur ai promis qu'on se tiendrait bien, assura le rouge avec un sourire entendu sur le visage.

Dieu, ce qu'il aimait la faire rougir ainsi avec des insinuations à peine voilées. Son coeur battait de manière saccadée et il mourrait d'envie de l'embrasser. L'ambiance se réchauffait autour d'eux et il attira doucement sa belle dans ses bras, plongeant ses prunelles écarlates dans celles claires de Kiyoka. Pour la taquiner, une nouvelle fois, il lui embrassa doucement le bout de nez, la faisant bouder de manière adorablement enfantine.

_ Sei, arrête ça, ce n'est pas drôle, murmura-t-elle en tentant de se détourner de lui.

_ Sei ? C'est nouveau, non ? lui fit-il remarquer. A partir de maintenant, tu ne m'appelleras que de cette façon.

_ C'est un ordre…, Akashi-kun ?

La jeune fille esquissa un sourire, sachant pertinemment ce qui l'attendait si elle le provoquait de cette façon. En effet, même s'il s'était considérablement adouci, il était toujours Akashi Seijuro, n'est-ce pas ?

_ Exactement, et gare à toi si tu me désobéis encore une fois, la prévint-il faussement menaçant.

Et comme il l'avait prévu, elle éclata de rire en posant sa tête sur son épaule. Il n'y avait pas à dire, les moments qu'il passait avec elle étaient vraiment les meilleurs. Et il comptait bien en profiter autant qu'il le pourrait. Une lueur inquiète passa brièvement dans ses yeux, que la jeune fille ne vit pas. Et tant mieux car il désirait tout sauf l'effrayer, voulant simplement passer du temps avec elle.

En effet, son propre père n'était pas encore au courant de leur relation et il n'était pas aussi gentil que les parents de sa petite-amie. Il espérait juste qu'elle serait acceptée et ce qui pourrait jouer en sa faveur, c'était qu'elle était une bonne élève et qu'elle se donnait les moyens de réussir. Akashi Masaomi appréciait les personnes pleines de détermination, ce que Kiyoka était, sans aucun doute.

_ Tout va bien, Sei ? s'inquiéta la jeune fille, le sentant un peu tendu.

_ Oui, ne t'en fais pas, la rassura-t-il avec un sourire.

Apparemment, il ne désirait pas lui en parler pour le moment, Kiyoka n'allait donc pas insister. Qu'est-ce qu'elle pourrait faire pour lui changer les idées ? Lui faire découvrir quelque chose de nouveau mais il connaissait tellement de choses qu'elle ne savait pas trop quoi faire. Ah mais oui, tiens ! Ce serait l'occasion parfaite de lui faire connaître cette partie d'elle qu'il ignorait.

_ Attends-moi ici, je reviens vite !

Sans attendre de réponse, la blonde se rua hors du salon et courut dans sa chambre à l'étage afin d'aller chercher la dernière peinture qu'elle avait terminé, avant de rentrer au lycée. C'était celle dont elle était la plus fière alors elle voulait avoir son avis.

Pendant ce temps, Akashi se demandait quelle mouche venait de piquer sa copine pour qu'elle disparaisse ainsi aussi vite. Mais puisqu'elle lui avait demandé de l'attendre dans le salon, c'était ce qu'il ferait. Heureusement, elle revint bien vite, essoufflée comme si elle avait couru un marathon, et s'installa à ses côtés, quelque chose sous le bras.

_ Qu'est-ce que c'est ? s'enquit-il avec curiosité.

_ Un de mes passe-temps avant que j'entre au lycée, répondit-elle en déroulant la toile avec précaution.

Tiens donc ! Elle lui avait bien caché ce côté créatif de sa personnalité. En tout cas, elle avait du talent, remarqua-t-il en examinant l'oeuvre de sa belle. Intelligente et créative, elle était parfaite pour lui. Elle serait pour lui cette bouée qui le maintiendrait hors de l'eau quand le poids de ses responsabilités serait trop lourd à porter. Et elles étaient de plus en plus lourdes, au fil du temps.

_ Tu es très douée, Kiyoka, tu devrais continuer dans cette voie, l'encouragea le rouge avec un sourire sincère.

_ Je n'ai plus trop le temps mais j'essaierai de recommencer pendant les vacances.

Tout en rangeant la toile dans un coin de la pièce en attendant de la remettre dans sa chambre, Kiyoka était vraiment heureuse que son petit-ami lui trouve du talent dans ce domaine. Cela l'encourageait vraiment à reprendre mais elle savait d'avance que ce serait ardu de trouver du temps avec les cours. Tant pis, elle se donnerait les moyens d'y parvenir.

Deux heures s'écoulèrent ensuite doucement, les deux jeunes gens regardant un anime pendant qu'ils attendaient les pizzas qui ne devraient plus trop tarder à arriver. Cette ambiance détendue et chaleureuse faisait beaucoup de bien au capitaine de Rakuzan, qui se sentait plus léger et serein. Chose qui arrivait rarement quand il se trouvait chez lui, avec son père qui exigeait toujours plus de lui.

Mais étrangement, il sentait le corps de la blonde se tendre contre lui, tout en malmenant le bas de son pull bleu ciel entre ses doigts. En la regardant de plus près, il vit qu'elle avait les lèvres pincées et il n'aimait pas cela. Pourquoi semblait-elle si inquiète ? Il décida de lui poser la question, l'air de rien :

_ Tu me sembles un peu tendue, mon ange, tu es sûre que ça va ?

Mon ange ? Seijuro venait-il vraiment de l'appeler "mon ange" ? Il voulait qu'elle fonde encore plus pour lui, ou c'était comment ? Elle pourrait vite s'y habituer, à ses petits mots doux. Ce qui ne serait pas un gros problème, en vérité. Mais elle devait reconnaître que quelque chose la tracassait quelque peu et elle ne savait pas comment il allait le prendre. Autant y aller franchement…

_ Usami et Yoshino sont au courant pour nous deux, annonça-t-elle de but en blanc, n'osant pas rencontrer son regard. Et elles m'ont demandée de te dire que tu avais intérêt à avoir une bonne raison pour avoir gardé le secret sur notre relation.

Cette menace amusait énormément Akashi, comme en attestaient ses yeux pétillants. Mais en soi, cette nouvelle ne le dérangeait pas car il savait les amies de sa copine dignes de confiance. Surtout pour menacer de s'en prendre à lui ainsi, alors qu'elles connaissaient les conséquences, juste pour protéger Kiyoka.

_ Je prends note, je les rassurerai moi-même, ne t'en fais pas pour ça, assura-t-il en lui prenant doucement son menton pour la regarder dans les yeux. Tu avais peur de ma réaction, n'est-ce pas ?

_ Difficile de le nier, tu es bien trop observateur pour moi, bougonna-t-elle, le faisant sourire une nouvelle fois.

_ Tu n'as pas à avoir peur de moi, et encore moins de me dire ce que tu as sur le coeur, Kiyoka. Si tu veux me parler de quelque chose qui pourrait ne pas me plaire, selon toi, je t'écouterai quand même car tu comptes énormément à mes yeux.

En prononçant ses paroles, Seijuro espérait seulement que la jeune fille ose enfin lui parler de ce qui la tracasse vraiment. Bon, bien sûr, il comprenait qu'elle soit inquiète par rapport à ses amies mais il sentait qu'il y avait encore autre chose. Et il avait déjà sa petite idée sur la question.

Bon sang, elle avait vraiment un petit-ami parfait ! Et elle aimerait que tout le monde le sache, pas seulement ses proches. Ce qui était déjà plus qu'espéré mais cela ne lui suffisait plus. Le baiser qu'il déposa à cet instant sur son front fit battre son coeur bien plus vite que la moyenne. Tellement de douceur qu'elle faillit verser une petite larme. Elle se blottit contre lui afin de profiter de la chaleur de ses bras, les battements calmes de son coeur au niveau de son oreille.

Serait-ce le moment idéal pour lui en parler ? Si ce n'était pas le cas, elle ne savait pas quand cela le serait.

_ Est-ce que tu comptes rendre notre couple public, un jour ? murmura-t-elle peu confiante.

_ Serais-tu jalouse, ma belle ? la taquina-t-il avant de reprendre son sérieux pour lui répondre. Bien sûr, je veux que tout le monde sache que tu m'appartiens… mais je te laisse l'honneur de l'annoncer de la manière qu'il te plaira.

Quoi ? Il lui laissait la primeur de l'annonce ? Cela ne lui ressemblait pas du tout, dire qu'elle était surprise était un euphémisme. Mais soit, puisqu'il lui avait donné son accord, la prochaine fois qu'elle assisterait à une scène qui ne lui plaisaitt pas, elle ferait son entrée en scène et cela risquerait fort de devenir intéressant.

Mais pourquoi avait-il ce sourire en coin, comme s'il la narguait ? Non, mais… Kiyoka avait soudain peur de comprendre. Il faisait exprès de se faire surprendre par elle avec d'autres filles pour la faire réagir, comptant sur sa jalousie ! Vraiment ?

_ Tu en faisais exprès, n'est-ce pas ? marmonna-t-elle mécontente, en se dégageant pour lui tourner le dos. Tu jouais avec ma jalousie et je n'ai rien remarqué…

_ Oui, exactement mais ce n'était pas faute de t'avoir donnée des indices, ma belle.

Avec le recul, la jeune fille à la chevelure blonde constata qu'il avait raison mais elle s'était quand même fait avoir, ce qui était un peu vexant. Elle décida de le bouder pour le reste de la soirée, afin de lui apprendre à ne pas se moquer d'elle ainsi. Combien de temps tiendrait-elle ? Probablement pas plus de quelques minutes car elle l'aimait trop pour lui en vouloir indéfiniment. Mais c'était pour la forme.

Et comme de fait, quand il lui proposa de regarder un film ensemble avant d'aller dormir pour être en forme le lendemain, Kiyoka avait déjà tout oublié. Il la connaissait vraiment trop bien, c'était presque indécent, se dit-elle alors qu'ils se rendaient dans sa chambre afin de se poser confortablement.

Mais dans un coin de sa tête, elle avait déjà sa petite idée concernant la révélation de leur couple. Ne restait plus qu'à savoir si elle en serait capable. Elle verrait bien plus tard. Pour le moment, dans les bras d'Akashi Seijuro, elle se sentait à sa place.

OoOoOoO

En arrivant au lycée le matin-même, Akashi avait remarqué que les amies de Kiyoka le foudroyaient du regard. Cela l'avait fait sourire intérieurement, surtout quand il avait vu que la jolie blonde leur avait donné une tape sur la tête afin qu'elles arrêtent. Il n'avait pas pu résister à leur défi et était allé les saluer, amusé par la situation. Il se souvenait parfaitement encore maintenant des mots prononcés par Sakeda Usami à son intention. La jeune fille aux cheveux châtains était venue le retrouver dans son bureau, sans doute pour éviter les témoins gênants.

_ J'espère pour toi que ce n'est pas parce que tu as honte de Kiyo-chan que tu gardes votre relation secrète, Akashi. Parce que tu as beau être qui tu es, je te le ferai regretter.

Le moins qu'il pouvait dire était qu'elle n'avait pas froid aux yeux, cette Sakeda Usami. C'était une excellente amie que sa belle avait trouvé. Honte de Kiyoka ? Loin de là. Il le lui avait assuré aussitôt, lui expliquant ce qui allait se passer ensuite. Et étrangement, elle avait beaucoup apprécié l'idée. Seijuro en avait donc conclu que Sakeda aimait elle aussi taquiner la blonde et il était plutôt satisfait d'avoir trouvé une complice. Ainsi, elle s'arrangerait pour amener la jeune fille à l'endroit qu'il lui avait indiqué à une heure précise, durant la pause de midi.

D'après ce que sa copine lui avait dit ensuite, il avait compris que ses amies avaient été rassurées et c'était le plus important. Ces deux filles étaient importantes dans la vie de Kiyoka et si elles soutenaient leur couple, ce serait plus simple pour la suite de leur relation. Bon, en ce qui concernait son équipe de basket, il ne se faisait pas de souci car Hayama et Mibuchi avaient hâte de faire sa connaissance. Ils lui en avaient encore parlé au dernier entraînement. Nebuya était resté fidèle à lui-même, bien qu'il ait décelé dans ses yeux sombres un semblant de curiosité.

Il était d'ailleurs bientôt temps de se mettre en place. Mettant ses affaires en ordre, Akashi quitta le bureau et marcha le long du couloir pour se rendre non loin du gymnase du club de basket, une fille lui ayant demandé de venir le rejoindre là-bas. Sans doute pour une déclaration. Mais Nakano Kiyoka s'était déjà emparée de son coeur au moment où il se pensait absolu et cela, aucune autre fille n'y était parvenue. Il était désolé pour sa camarade mais il la rejetterait, ne voulant pas lui donner de faix espoir. Ce serait inutile et cruel.

Tiens, elle était déjà là, remarqua-t-il en arrivant au bout de quelques minutes. Du coin de l'oeil, il vit aussi le signe de Sakeda, lui indiquant que sa petite-amie ne tarderait plus à arriver, conduite ici par Fujimura Yoshino, elle aussi au courant. Qui aurait cru que les amies de la blonde deviendraient ainsi ses complices ?

_ Je suis désolé, Hirono-san, mais je ne partage pas tes sentiments, fit-il avec diplomatie après l'avoir écoutée respectueusement.

Pendant ce temps, Kiyoka assistait à la scène et cette fois, elle entendait tout ce qui se passait. Cette Hirono Jun ne manquait pas de culot, c'était le moins qu'on puisse dire. De plus, elle insistait alors que Seijuro lui avait déjà fait part de son refus. Quelle fille saine d'esprit faisait cela ?

C'était Yoshino qui était venue la chercher car Usami était tombée par hasard sur Akashi et une fille, à cet endroit, et avait prévenue la brune, étant la seule présente. En effet, à ce moment-là, Kiyoka se trouvait dans les toilettes en train de se laver les mains après avoir mangé.

Mais là, c'était trop pour elle ! Sa jalousie la brûlait au fer rouge et elle allait apprendre à cette fille à vouloir empiéter sur son territoire ainsi ! C'était impardonnable !

S'avançant vers eux d'un pas rapide, elle remarqua que son copain avait un sourire tendrement moqueur sur le visage, comme s'il avait deviné ce qu'elle allait faire. Hirono ne l'avait pas encore vue et c'était tant mieux car elle voulait que la surprise soit totale. Et elle pouvait bien le dire à tout le monde ensuite, cela l'arrangeait car elle n'aurait pas à le faire.

Elle remarqua distraitement que d'autres élèves assistaient à la scène, très intéressés apparemment. Et bien, ils ne seraient pas venus pour rien. Et elle crut voir aussi au moins deux des coéquipiers d'Akashi dans le groupe, ce qui l'amusa, car il lui avait avoué qu'ils voulaient la connaître alors même qu'ils n'étaient pas certains de son existence. C'était adorable et elle avait hâte de les rencontrer officiellement.

S'arrêtant juste devant le jeune homme à la chevelure écarlate, Kiyoka se mit dos à lui et toisa durement celle qui se considérait comme sa rivale, sans le savoir. Elle la regardait de haut et cela ne lui plaisait pas du tout.

_ Qu'est-ce que tu fais là ? Je suis en train de parler à Akashi-kun, donc tu peux partir, lança dédaigneusement Hirano.

_ Désolée, mais j'ai envie de rester, car vois-tu, Akashi Seijuro est MON petit-ami donc c'est à toi de partir, lui asséna-t-elle avec assurance.

L'autre fille perdit un peu de sa superbe pendant quelques secondes mais reprit vite du poil de la bête, alors que les autres regardaient. Hirono ne voulait pas perdre la face, surtout face à une fille aussi quelconque qu'elle. Et puis, comment un garçon comme Akashi aurait pu choisir une fille comme elle ? Elle ne la croyait pas.

Akashi, lui, ne disait mot mais cette facette de Kiyoka lui plaisait énormément. Elle était donc capable de se battre avec acharnement pour défendre leur relation qui ne serait bientôt plus secrète. Il ne savait pas ce qu'elle avait prévu mais il pressentait que cela allait beaucoup lui plaire. Elle ne l'avait jamais déçu et cette fois ne ferait pas exception.

_ Tu ne me crois pas, je vois, fit la blonde faussement dépitée, tant pis pour toi mais je suis une fille plutôt jalouse et je n'aime pas qu'on essaie de me voler ce qui m'appartient.

Sur ces mots, Kiyoka se mit face à Akashi et tourna rapidement la tête vers la jeune fille restée derrière elle, un sourire plein de satisfaction sur le visage.

_ Peut-être que ça, ça te convaincra.

Sans plus attendre, elle attrapa fermement le col de la veste d'uniforme de son petit-ami et le fit se baisser vers elle en tirant dessus avant de l'embrasser, comme si sa vie en dépendait. Ce qui était presque le cas, il fallait l'avouer, car elle ne pourrait plus vivre sans l'avoir à ses côtés.

Seijuro se laissa emporter par ce baiser et enlaça sa belle pour la serrer contre lui. Elle avait dépassé ses espérances, c'était indéniable, et il était fier qu'elle soit sa copine. Rien qu'à lui.

Ne voulant pas faire durer ce moment trop longtemps en présence de témoins, le jeune homme se redressa légèrement et il esquissa un sourire à la fois tendre et amusé, plongeant son regard dans celui de Kiyoka, les joues rouges et manquant de souffle.

_ Tu es incroyable, tu le sais ? lui murmura-t-il avant de déposer un baiser sur le front.

En se redressant complètement, le rouge remarqua que Hirono avait quitté les lieux, sans doute par honte. Même si en vérité, il s'en moquait un peu car il la connaissait à peine et sa manière d'insister ne lui avait pas plu.

Les rumeurs enflaient autour d'eux et la jeune fille blonde ne se sentait pas particulièrement à l'aise, ainsi au centre de l'attention. Et la phrase de son petit-ami n'arrangea pas les choses. Il était en train de la faire passer pour quoi, là, au juste ?

_ Comme vous l'avez vu, ma petite-amie est du genre tenace, alors je vous conseille de ne pas trop vous y frotter…

Ses prunelles se mirent soudain à lancer des éclairs lorsqu'il ajouta, sur un ton tranchant rappelant beaucoup l'ancien Akashi :

_ Sans compter que je ne resterai pas sans rien faire, moi non plus.

N'ayant plus rien à faire ici, le couple s'en alla en direction des deux amies de Kiyoka, qui avaient assisté à la scène de leur côté. Yoshino et Usami étaient vraiment ravies pour la blonde et Akashi leur avait prouvé qu'il était digne d'elle, même si en réalité, elles n'en avaient pas réellement douté. Elles avaient juste voulu protéger leur amie mais tout était bien qui finissait bien.

Nakano Kiyoka et Akashi Seijuro étaient follement amoureux l'un de l'autre, et en les voyant partir ensemble, main dans la main, les deux filles surent qu'elles avaient pris la bonne décision en aidant Akashi.

_ Ils sont beaux ensemble, non ? soupira la brune, un sourire heureux aux lèvres.

_ J'en serais presque jalouse, moi aussi, j'aimerais avoir un copain comme lui, Yoshi-chan, se plaignit la deuxième faussement.

_ Notre tour viendra bien assez tôt.

A présent, leur amie ne craindrait plus que les autres filles viennent essayer de lui voler son petit-ami et finalement, c'était le plus important. N'est-ce pas ?

Une bonne chose de faite, songèrent-elle en même temps alors qu'elles quittaient à leur tour les alentours du gymnase, un sourire ravi sur leur visage.

"Sois heureuse, Kiyoka-chan."