09 - Aomine Daiki x OC [Jalousie] - Mettre les choses au clair

Avant, la vie d'Aomine était vraiment simple, tout allait comme il le voulait. Un peu trop, même. Il n'allait quasiment pas en cours, séchait les entraînements de basket et écrasait quand même ses adversaires pendant les matchs. Sans oublier les filles qui lui couraient après, n'ayant que l'embarras du choix. Simple et efficace, telle était sa vie.

Seulement, depuis quelque temps, ce n'était plus aussi évident. En effet, tout d'abord son équipe avait été battue par Seirin, au premier tour de la Winter Cup, ensuite il s'entraînait plus qu'avant pour que cela ne se reproduise pas, ce qui le fatiguait plus qu'il ne le voulait et enfin, les filles n'avaient plus d'importance pour lui. Seule une était parvenue à retenir son attention, les autres n'existaient plus. A cette pensée, le basketteur exhala un soupir plein de contrariété et de frustration.

_ Bordel, souffla-t-il, allongé comme à son habitude sur le toit du lycée.

Si on lui avait dit qu'il serait autant mordu d'une seule fille, Daiki ne l'aurait pas cru un seul instant. Mais elle le rendait fou, elle le rendait fou à ne pas le prendre au sérieux, à jouer avec lui comme il jouait autrefois avec les filles. L'arroseur arrosé, lui dirait sans aucun doute Tetsu. Un sourire amer lui vint aux lèvres à cette pensée. Il aurait raison.

Cette fille, c'était une des camarades de classe de Satsuki, à qui il n'avait pas fait attention pendant des mois. Il fallait dire qu'il n'y avait que le basket et l'envie de vaincre ses anciens coéquipiers à tout prix qui comptaient pour lui, à ce moment-là. La première fois qu'il l'avait vraiment regardée, Aomine avait été séduit par l'étincelle d'amusement qu'il avait vu briller dans ses prunelles olives. Elle l'avait juste salué d'un signe de tête avant d'aller rejoindre un garçon qui l'appelait. Et à ce moment-là, son envie de défigurer ce mec le surprit grandement. Tout cela pour une fille qu'il ne connaissait même pas, en plus !

Quand il avait parlé d'elle à Satsuki, quelque temps plus tard, celle-ci s'était montrée surprise de son intérêt mais elle avait répondu à ses questions. Son amie d'enfance lui avait alors appris qu'elle s'appelait Yasui Kanoko et qu'elle était vraiment sympa. Qu'elle soit sympa, Daiki s'en fichait comme de sa première chemise. Lui ce qu'il voulait savoir, c'était si elle s'intéressait à lui, auquel cas il pourrait tenter de la séduire, s'était-il dit à ce moment-là.

Seulement, cela n'avait pas marché comme prévu. Finalement, c'était lui qui se retrouvait à courir après elle, alors que cela aurait pourtant dû être l'inverse. Quelle plaie, quand même ! Lui qui avait eu jusque là toutes les filles qu'il voulait, en voilà une qui lui résistait. C'était nouveau pour lui mais c'était un défi qu'il était prêt à relever et à remporter.

Le bruit d'une porte qui s'ouvrait le fit revenir à la réalité. Satsuki qui venait le chercher pour aller à l'entraînement ? Ou bien Kanoko ? La réponse lui parvint bien vite quand il entendit la voix agacée de la rose l'appeler.

_ Tu es en retard, Dai-chan, lui reprocha-t-elle, les sourcils froncés.

_ Je sais, soupira-t-il avant de se lever et de darder sur elle un regard moqueur. Tu devrais arrêter de froncer les sourcils comme ça, Satsuki, tu vas avoir des rides avant l'âge, sinon.

_ C'est de ta faute aussi !

Le basketteur ne l'écoutait plus, il quitta le toit en sifflotant d'un pas souple pour se rendre au gymnase. Oui, aujourd'hui, il était décidé à battre tous ses coéquipiers et il sentait qu'il allait bien s'amuser.

Seulement, Aomine n'avait pas oublié la petite Kanoko et il avait hâte de la retrouver le lendemain. Hâte de voir ce qu'elle avait trouvé comme façon de le repousser. Mais il était encore plus impatient de la voir enfin succomber pour lui. Ce serait sans nul doute la plus belle de toutes ses victoires.

En effet, elle lui résistait alors qu'ils savaient tous les deux qu'elle était attirée par lui et qu'elle succomberait tôt ou tard. Un sourire carnassier apparut sur son visage alors qu'il entrait dans les vestiaires pour se changer. "Tôt ou tard, ma belle, tu me supplieras de t'embrasser… et bien plus encore." Enfin, s'il ne craquait pas avant…

OoOoOoO

Il n'y avait pas à dire, cette journée avait été excellente, songea-t-elle en fermant la porte de son appartement derrière elle. Oui car pour Kanoko, une journée où elle avait fait tourner en bourrique le don Juan de son lycée était une magnifique journée. Ainsi, ce cher Aomine Daiki, pour ne pas le nommer, savait enfin ce que cela faisait quand une fille lui résistait vraiment. Et c'était cela qui était jouissif pour la jeune fille car c'était elle qui lui tenait tête.

Certes, Kanoko ne pouvait pas nier que le basketteur vedette de leur équipe était à tomber, ce serait mentir et elle n'était pas une menteuse. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle lui tomberait dans les bras comme un fruit mûr. Elle ferait tout pour qu'il craque le premier, elle se l'était jurée à partir du moment où il avait commencé à s'intéresser à elle, du jour au lendemain.

Elle s'en souvenait comme si c'était hier : c'était un peu après la défaite de l'équipe de basket de son lycée à la Winter Cup qu'il l'avait vraiment regardée pour la première fois. Sa camarade de classe et amie Momoi lui avait expliqué que cela avait été un choc que l'équipe perde mais elle avait ensuite affirmé que c'était un mal pour un bien. Bien sûr, Kanoko avait été surprise par ses paroles sur le coup. Puis la rose lui avait confié que Daiki avait ainsi redécouvert son amour pour le basket et qu'il était revenu à l'entraînement pour ne pas se faire battre une nouvelle fois.

A ce moment-là, la brune ne parlait pas encore avec le basané mais une semaine environ après cette conversation, elle avait surpris le regard bleu nuit d'Aomine se poser sur elle, l'air intéressé. Sur le coup, elle s'était dit qu'elle rêvait et elle n'y avait pas accordé plus d'attention que cela, connaissant sa réputation de séducteur. Mais elle n'avait pas pu s'empêcher de le regarder avec amusement juste avant de retourner dans sa classe. Comme si elle lui lançait un défi…

Plus de deux mois s'étaient écoulés depuis ce premier regard échangé et la jeune fille devait admettre que parler avec le basketteur et le faire tourner en bourrique rendait ses journées bien plus drôles et vivantes. En effet, il ne se passait pas un seul jour sans qu'elle ne lui parle. Seulement, cela avait un effet secondaire plutôt dérangeant : à chaque fois qu'elle était avec lui, son attirance pour lui augmentait de manière préoccupante.

C'était un jeu dangereux, la brune ne l'ignorait pas mais c'était justement cela qui l'intéressait. Aomine lui faisait de l'effet et cela ne datait pas de la veille. Seulement, elle n'avait jamais fait le premier pas car être un trophée sur un tableau de chasse n'était pas pour elle. Momoi lui avait décrit les travers de celui qui était son ami d'enfance, au détour d'une conversation, et Kanoko avait décidé de ne rien tenter pour ne pas souffrir inutilement. Ainsi son cœur restait intact, ou presque.

_ Tu n'es pas au bout de tes peines, mon petit Daiki, murmura-t-elle une fois seule dans sa chambre, tu vas souffrir.

Oui, elle l'appelait par son prénom et vu que cela n'avait pas l'air de le déranger, elle avait continué. Parce qu'elle ne pouvait pas nier que voir cette lueur gourmande dans ses prunelles bleu nuit quand elle le faisait était tout bonnement excitant. A chaque fois, la lycéenne de Too devait se faire violence pour ne pas lui sauter dessus, et cela commençait à être difficile.

Quand elle revoyait son sourire en coin porteur de mille et unes promesses de volupté, la lycéenne sentait son coeur s'emballer mais heureusement, il ne l'avait pas remarqué. Du moins, elle le croyait, le jeune homme n'ayant rien montré dans son comportement qui puisse signifier le contraire. Pourtant, elle sentait presque constamment son regard intense sur elle, ce qui lui procurait beaucoup de satisfaction. Elle était visiblement à son goût et c'était justement pour cela qu'elle lui résisterait le plus qu'elle le pourrait.

Même si penser au beau ténébreux lui procurait toujours autant d'amusement -et de trouble, il ne fallait pas le nier-, il était temps qu'elle se concentre sur les devoirs qu'elle devait faire pour le lendemain. Dont un devoir de littérature qu'elle devait rendre et qui était presque terminé. Bien sûr, la jolie brune aurait pu le finir plus tôt mais il fallait dire que son esprit et son corps avaient été obnubilés par ce qui s'était passé entre Aomine et elle, quelques jours auparavant.

Et comme de fait, elle y pensa une nouvelle fois, perdue dans les sensations étourdissantes qu'elle avait éprouvées tout contre lui.

Flash Back :

Cela s'était passé trois jours plus tôt, alors qu'elle se rendait sur la piste de course du lycée pour s'aérer l'esprit. En effet, quand quelque chose lui prenait la tête, Kanoko se rendait ici pour courir de tout son soûl, de la musique entraînante dans les oreilles. Et là, ce qui la préoccupait, c'était bien sûr cet idiot d'Aomine qui ne cessait de la poursuivre de ses assiduités. Elle ne cessait de se demander durant combien de temps encore elle parviendrait à lui résister. Car il savait bien s'y prendre pour lui donner envie de céder à la tentation, le bougre…

Non, stop ! Il fallait qu'elle se vide la tête et la vue du terrain lui amena un sourire soulagé sur les lèvres. Pile ce dont elle avait besoin, à ce moment précis. Elle se dirigea là-bas à toutes jambes et commença à s'étirer correctement, afin de ne pas se blesser. Elle n'était pas une sportive de haut niveau mais elle adorait courir car elle ne pensait à rien et c'était le meilleur moyen qu'elle avait trouvé pour oublier ne serait-ce qu'un instant son attirance presque insoutenable pour cet imbécile de basketteur.

Alors qu'elle allait commencer à courir, un souffle chaud frôla la peau de sa joue et Kanoko sursauta avant de jeter un regard noir au responsable. A cause de la musique, elle ne l'avait pas senti arriver, et c'était bien dommage. Le coeur battant la chamade, elle sursauta, ce qui amena une étincelle de moquerie dans les prunelles bleu nuit du ténébreux.

_ Bordel, Daiki ! s'écria-t-elle en retirant ses écouteurs d'un geste brusque avant de lui faire face. T'es pas bien de me faire peur comme ça !

_ Je vois que ça te fait plaisir de me voir, Kanoko-chan, susurra-t-il avec un sourire entendu. Tu vas courir ?

Que cela lui fasse plaisir de le voir ? C'était même plus que cela mais hors de question de lui dire, car il y avait un gros risque que cela gonfle l'égo du basketteur, qui n'en avait pas besoin.

_ Non, je vais jouer au golf, ironisa-t-elle en soupirant. A ton avis, abruti ?

Le basané n'avait pas perdu son sourire et il s'était approché d'elle un peu plus, lui prenant la main. Elle avait tenté de se dégager mais il était trop fort pour elle. Bon sang ! La peau sombre et chaude de Daiki faisait un énorme contraste avec sa peau pâle.

_ Que veux-tu ? Car je suppose que si tu es venu me rejoindre, ce n'est pas pour rien, pas vrai ?

_ Je peux courir avec toi ?

Euh… pardon ? De base, si elle voulait courir, c'était pour ne pas penser à lui mais s'il était là, cela ne marcherait pas. Seulement, Kanoko ne trouvait pas de raison valable de refuser, aussi accepta-t-elle en levant les yeux au ciel.

_ D'accord, viens, mais ne me dérange pas, ok ?

La jeune fille l'entendit accepter tranquillement mais si elle l'avait regardé à ce moment-là, au lieu de refaire ses lacets, elle aurait compris que Aomine avait une idée derrière la tête et elle se serait méfiée de lui. Sauf que malheureusement pour elle, elle ne se douta de rien et elle allait regretter amèrement d'avoir accepté qu'il la suive sur la piste.

Et puis, pourquoi lui avait-il demandé son autorisation ? Habituellement, l'as de Too lui imposait sa présence… Rien que cela aurait dû lui mettre la puce à l'oreille mais elle ne voulait pas se prendre la tête avec tout cela, préférant se concentrer sur la musique qui résonnait à son oreille. En effet, elle avait remis un écouteur, histoire de ne pas se trouver dans un silence pesant.

Evidemment, il était devant elle, songea-t-elle en retenant un sourire amusé. C'était logique, elle ne faisait pas le poids face à son endurance de sportif de haut niveau. Seulement, tellement concentrée dans ses pensées sur lui, Kanoko ne le vit pas s'arrêter et elle le percuta de plein fouet avant de se retrouver allongée au sol, lui au dessus d'elle.

Comment c'était arrivé, la jeune fille ne le savait pas car cela s'était passé si vite qu'elle n'avait rien compris. Mais ce dont elle était certaine, c'était qu'elle était dans de beaux draps, à présent. Il allait percevoir son trouble, obligatoirement.

_ Daiki, pousse-toi, t'es lourd, souffla-t-elle en tentant de contrôler son souffle.

_ Faut croire que j'ai la flemme, je suis bien là, fit-il avec une lueur étrange dans ses yeux.

Le poids du basketteur sur elle, le contact brûlant de son corps allongé sur le sien, et son souffle chaud au niveau de ses lèvres faillit lui faire perdre la raison. Comment pouvait-elle être autant attirée par un garçon tel que lui ? Cela commençait sérieusement à l'effrayer…

_ Daiki, bouge de là, tu m'empêches de respirer, là !

Mais bien entendu, il ne bougea pas. Enfin si, mais pas de la manière dont Kanoko l'espérait. Il s'était relevé, tout en la maintenant serrée contre lui. Elle parvenait même à sentir les battements rapides du coeur d'Aomine dans sa poitrine, ce qui lui coupa le souffle. Ainsi donc, c'était réciproque ? Et surtout, pourquoi elle ne le repoussait pas ? Non, il fallait qu'elle se reprenne mais le sourire narquois qu'il affichait la figea sur place.

_ Je pensais pas que je te faisais autant d'effet, Kanoko-chan, murmura-t-il suavement à son oreille, la faisant frémir de la tête aux pieds.

_ J'aurais dû me douter que tu avais une idée en tête, vu que ce n'est pas ton genre de te fatiguer en faisant des efforts inutiles, soupira-t-elle sans relever ce qu'il venait de dire. Lâche-moi, maintenant.

_ D'accord, mais avant, je veux faire ça.

Quoi, ça ? Oh, mais elle allait le tuer, cet imbécile ! Malgré elle, la brune se sentit fondre en sentant les lèvres d'Aomine se poser doucement dans son cou. De quel droit se permettait-il ce geste ?

_ Refais ça encore une fois et je te castre, Ahomine, gronda-t-elle après qu'il l'ait relâchée.

_ Ce serait dommage pour nous plus tard, tu crois pas ? la nargua-t-il avec ce sourire. Et je préfère quand tu m'appelles Daiki, tu sais.

CE sourire qui lui donnait envie de l'arracher à son visage, tellement il la mettait hors d'elle. Et que dire de ce sous-entendu plutôt explicite ? En tout cas, il n'allait pas l'emporter au paradis, c'était certain. Et le connaissant, elle savait exactement quoi faire pour l'énerver car elle avait déjà vu ce côté possessif chez lui, ce qui allait lui faciliter les choses.

Oui, sa vengeance allait être terrible et il lui en dirait des nouvelles ! Foi de Kanoko, il allait lui payer !

Fin flash back.

Le souffle court, Kanoko secoua la tête pour faire disparaître toutes les images bien trop troublantes qui avaient pris possession de son esprit encore embrumé. Même quand il était absent, Aomine Daiki avait le don de la rendre folle. C'était à la fois frustrant et excitant, elle ne pouvait pas le nier, bien que cela soit paradoxal.

Bon, il fallait qu'elle se concentre, à présent, ses devoirs n'allaient pas se finir tout seul et elle avait déjà assez pris de retard comme cela. Se penchant sur sa gauche, la jeune fille s'empara de son sac de cours et prit ce dont elle avait besoin pour commencer ses devoirs.

Mais en levant légèrement la tête, après plus d'une heure de travail, Kanoko remarqua que son smartphone émettait une lumière bleue, signe qu'elle avait reçu un message. Elle décida de s'en préoccuper plus tard, étant donné qu'elle était presque certaine de savoir de qui provenait ce message. Elle avait déjà assez pensé à lui, pour le moment.

Heureusement, il ne fallut pas très longtemps à la lycéenne pour tout terminer, étant donné qu'elle s'était plutôt bien avancée, la veille. Une heure et trente minutes, en tout et pour tout. Il lui restait donc bien deux heures à tuer avant que le dîner ne soit annoncé. Après avoir posé son stylo, la jeune fille brune s'étira en soupirant d'aise. Non, rester une heure et demi assise sur une chaise sans prendre de pause n'était pas très confortable.

Qu'allait-elle bien pouvoir faire, maintenant ? En fait, Kanoko n'avait pas vraiment d'idées sur la question. Soudain, ses prunelles olives s'attardèrent sur son téléphone posé sur son lit, non loin d'elle, et le message qu'elle avait reçu un peu plus tôt lui revint en mémoire. Devait-elle répondre tout de suite ? Ou bien attendre ? Elle n'eut pas le temps de réfléchir à cette question qu'une vibration se fit entendre, signalant l'arrivée d'un nouveau message.

_ Quand il le faut…, souffla-t-elle en fermant brièvement les yeux avant de se pencher pour prendre l'appareil.

La brune le déverrouilla et constata la présence de deux messages espacés de vingt minutes, venant de la même personne. Cette personne dont elle voulait justement se venger… Esquissant un sourire amusé à cette pensée, elle lut tranquillement ce qu'il lui avait écrit.

De Aomine Daiki
A Yasui Kanoko :
Qu'est-ce que tu fais ? Moi je pense à toi.

De Aomine Daiki
A Yasui Kanoko :
Tu fais la gueule ? Pourquoi tu réponds pas ?

Ce dernier message accentua le sourire de Kanoko, qui se retint de rire à gorge déployée, pour ne pas déranger la sieste de son père. S'inquiétait-il ? Pas vraiment, ce n'était pas son genre, mais elle savait aussi que tout pouvait arriver avec lui. Ce qui faisait qu'elle ne savait jamais sur quel pied danser quand il était là… Perturbant ? Le mot était faible.

Elle devait reconnaître que lui avoir donné son numéro de téléphone n'était pas une aussi mauvaise idée qu'elle l'avait d'abord cru. Après tout, cela lui faisait de la compagnie avant qu'elle n'aille dîner, même après d'ailleurs. C'était les seuls moments où le basketteur n'était pas trop entreprenant avec elle, ils apprenaient simplement à se connaître, même si bien sûr, il ne manquait pas d'insérer quelques petits sous-entendus, par-ci par-là.

Un sourire quelque peu malicieux apparut sur son visage. Devait-elle le faire attendre encore un peu ? Ce n'était pas une mauvaise idée mais, en même temps, la jeune fille voulait lui répondre. Quel dilemme… Bon, ce n'était pas la mer à boire si elle lui envoyait un message maintenant, car après tout cela faisait bientôt quarante minutes qu'il lui avait envoyé le premier message. Oui, il avait assez patienté comme cela, surtout que cela n'était clairement pas son fort, songea-t-elle avec amusement.

De Yasui Kanoko
A Aomine Daiki :
Non, je ne te fais pas la tête, idiot, je finissais simplement mes devoirs.
Tu sais, cette chose obscure que tu devrais faire, toi aussi. *clin d'oeil moqueur*

Après avoir cliqué sur le bouton "envoyer", la brune reposa tranquillement son téléphone sur son lit et se leva de sa chaise pour se dégourdir enfin les jambes. Cela faisait clairement du bien, tellement qu'elle exhala un soupir d'aise. Son regard vert se posa sur la fenêtre, située au-dessus de son bureau et le ciel étoilé se présenta à elle. Elle s'approcha doucement et s'adossa au mur pour regarder tranquillement la voûte céleste.

Seulement, Kanoko ne put pas en profiter très longtemps car une vibration venant de son lit l'arracha à sa contemplation apaisante. Il n'avait pas perdu de temps pour répondre, tiens, elle le reconnaissait bien là. Le basketteur n'avait pas une once de patience et c'était d'ailleurs en grande partie pour cette raison qu'elle aimait autant le faire tourner en bourrique. Bon, ce n'était pas sans conséquences sur son coeur mais elle savait que tôt ou tard, elle allait finir par succomber à son attirance pour lui. Le plus tard possible serait le mieux mais on n'était à l'abri de rien, en amour.

De Aomine Daiki
A Yasui Kanoko :
Je vais pas me faire chier à faire quelque chose que j'aime pas, faut pas déconner.
Je préfère largement imaginer plein de choses entre nous *sourire en coin* Tu es à moi seul, après tout…

Ben voyons, il ne perdait pas le nord, celui-là, songea la jeune fille en secouant la tête de dépit, amusée tout de même. Heureusement qu'il ne pouvait pas la voir à cet instant précis car sinon il aurait vu ses joues rougir quelque peu. Ce qu'il n'aurait pas pu s'empêcher de lui faire remarquer, elle le connaissait bien. Quand Aomine trouvait une chose qui la mettait mal à l'aise avec lui, il ne pouvait s'empêcher d'appuyer dessus, en espérant la voir rougir.

De Yasui Kanoko
A Aomine Daiki :
Ca ne m'étonne pas de toi, il n'y a que le basket qui compte pour toi *doux euphémisme*
Je ne vois absolument pas de quoi tu parle, Daiki, il n'y a rien entre nous. Et non, je ne t'appartiens pas, idiot !

Rien entre eux ? Tiens, tiens… Ce n'était pas ce que le jeune homme avait pu remarquer, pourtant. Cette réponse fit sourire le ténébreux d'un air amusé. Comment pouvait-on être autant de mauvaise foi ? A en croire Kanoko, cela devait être simple, vu que c'était son pain quotidien. Elle ne perdait jamais une occasion pour nier l'évidence, ce qui lui donnait encore plus envie de la faire admettre ce qu'elle ressentait pour lui.

Une envie de l'appeler le prit soudain, désirant entendre le son de sa voix. Ce qu'il fit aussitôt et la jolie brune décrocha au bout de la troisième sonnerie.

_ Pourquoi tu m'appelles, Daiki ?

_ Dis que je te dérange, Kanoko-chan, lança-t-il du tac au tac.

_ Bah écoute, maintenant que tu en parles…

Daiki ricana devant cette réponse prévisible. Il adorait quand elle le taquinait de la sorte et lui ne s'en privait pas non plus. La mettre mal à l'aise était devenu son jeu préféré et il adorait la voir rougir, à chaque fois. Cela l'amusait beaucoup et il devait avouer qu'il ne parvenait plus à imaginer son quotidien sans Kanoko pour l'égayer un peu.

Seulement, quand elle disait que seul le basket comptait pour lui, ce n'était pas tout à fait exact. Il était heureux d'avoir retrouvé ses anciens coéquipiers et de passer du temps avec eux, quand c'était possible, même si Kise était toujours aussi chiant. Mais à présent, une autre personne s'était ajoutée dans l'équation : elle, Yasui Kanoko. Oui, elle était importante à ses yeux, bien qu'il ne l'admettrait jamais à voix haute devant elle.

Ces appels étaient devenus pour l'un comme pour l'autre un moment d'évasion et ils aimaient se parler de tout et de rien, passant ainsi le temps. Seulement, un lien se créait à leur insu, un lien bien plus puissant que ce qu'ils auraient pu imaginer. Et cela, Aomine Daiki allait en prendre conscience dès le lendemain, au lycée, à son corps défendant.

OoOoOoO

Quand le réveil sonna le lendemain matin, Kanoko enfouit son téléphone sous son oreiller pour ne plus entendre cette sonnerie stridente qui lui cassait les oreilles. Elle n'aimait vraiment pas les réveils en fanfare… Il allait falloir qu'elle songe à mettre une sonnerie plus douce car à chaque fois ou presque, cela lui donnait un mal de tête carabiné. Ce qui n'était pas vraiment super pour commencer une nouvelle journée de cours.

D'ailleurs en parlant de cours, Aomine allait-il faire acte de présence, aujourd'hui ? Rien n'était moins sûr, songea-t-elle désabusée. Ce serait sans doute trop fatigant pour lui, il allait sans doute préférer glander sur le toit en attendant l'heure de son entraînement de basket. Cette pensée l'amusa.

Tout en prenant son uniforme avant de se rendre dans la salle d'eau, la jeune fille se rappelait de la conversation de la veille avec son ami. Enfin, ami avec ambiguïté, plus précisément. Elle se confiait de plus en plus facilement à lui et cela lui faisait presque peur. Alors qu'elle désirait plus que tout ne pas le laisser trop s'approcher d'elle, il y parvenait quand même et sans difficulté.

Au bout du compte, ce jeu commençait à se retourner contre elle, Kanoko en prenait conscience. Durant leurs conversations téléphoniques, Aomine lui montrait une facette de lui que peu de personnes connaissaient, d'après ses dires, et cela lui plaisait beaucoup, voire un peu trop… Cela lui montrait qu'il lui faisait confiance. Or, elle redoutait plus que tout de tomber amoureuse de lui, car ce serait lui donner trop de pouvoir sur elle.

Devait-elle s'éloigner de lui, au risque qu'il ne comprenne pas ? Non, elle ne pouvait pas faire cela, car elle ne saurait pas quoi lui dire pour s'expliquer. Et puis, cela lui manquerait bien trop… Il fallait donc qu'elle trouve une autre idée pour ne pas craquer, ce qui allait être laborieux. Surtout qu'elle n'était pas loin d'atteindre ses limites…

Bon, au lieu de se perdre dans ses pensées, elle ferait mieux de se préparer pour se rendre au lycée, elle avait déjà perdu assez de temps comme cela, songea-t-elle en remarquant qu'il était déjà 7h30. Plus qu'une demi-heure pour s'habiller et prendre son petit déjeuner, elle n'était pas en avance. Bon, elle n'avait pas sa douche à prendre, l'ayant prise la veille au soir, ce serait déjà cela de gagné.

_ Kanoko, tu vas être en retard ! entendit-elle sa mère l'avertir au même moment.

_ Je suis presque prête, j'arrive !

En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, Kanoko boutonna son chemisier, enfila sa veste d'uniforme et noua le foulard rouge autour de son cou, avant de quitter la salle d'eau. Elle courut presque dans la cuisine où sa mère l'attendait patiemment. Elle la salua avec chaleur avant de prendre place en face d'elle, comme tous les matins quand la brune avait cours.

_ Panne de réveil ? s'enquit sa mère en lui servant un petit bol de riz.

_ On peut dire ça, oui…

_ Courage, c'est bientôt la fin de l'année, ma chérie.

La fin de l'année ? Ah oui, c'est vrai… Aujourd'hui, c'était jeudi et les cours se terminaient la semaine suivante, soit le six mars, pour cette année. Trois semaines de tranquillité où elle n'allait pas supporter les tentatives de drague éhontées d'Aomine. Tranquillité ? La brune n'en était pas aussi sûre, hélas… car rien n'interdisait à cet imbécile de la bombarder de messages et d'appels.

Il était encore trop tôt pour songer à cela, de toute façon. Elle verrait bien quand elle y serait. Les minutes passaient tellement vite qu'il était déjà temps pour Kanoko de partir pour le lycée. Elle prit donc le bento que sa mère venait de poser sur la table de la salle à manger et fila vers le genkan pour enfiler ses chaussures ainsi que son manteau et son écharpe.

_ A ce soir, Maman !

_ A ce soir et travaille bien !

En fermant la porte derrière elle, la jeune fille eut un petit sourire empreint de nostalgie. Cette phrase, sa mère la lui disait depuis qu'elle avait l'âge d'aller en cours toute seule et en général, cela annonçait une bonne journée.

Une bonne journée ? Cela pourrait l'être, en effet. Plus qu'à voir si son beau basketteur allait montrer le bout de son nez. Enfin, même si ce n'était pas le cas, elle ne serait pas seule, de toute façon, donc tout irait bien. Du moins, elle l'espérait grandement…

OoOoOoO

Alors qu'il somnolait sur le toit du lycée, pour changer, Daiki se posait quelques questions. Étrangement, il n'avait pas eu de réponse à son message de ce matin. Or, il était certain que Kanoko l'avait reçu car il avait eu l'accusé de réception. Peut-être qu'elle n'avait pas eu le temps de le lire, cela pouvait arriver, bien qu'il n'aimait pas attendre.

En soupirant, il se redressa, le bras posé sur son genou. Dire qu'il avait espéré recevoir une réponse pendant la pause du matin mais cela lui semblait à présent compromis. En effet, la pause était bientôt terminée et toujours aucun signe d'elle.

_ Qu'est-ce que tu fous, Kanoko ? murmura-t-il en levant les yeux sur le ciel bleu. T'en mets du temps à me répondre.

Et d'ailleurs, pourquoi cela l'agaçait-il autant ? Il n'y avait aucune raison, en plus. Puis une chose lui revint à l'esprit : et si elle était occupée avec un autre que lui ? Le même mec que le premier jour où il l'avait remarquée ? Inconsciemment, l'as de Too serra les poings de colère.

Bon sang, il ne parvenait plus à s'enlever cette image de la tête, une image où Kanoko et l'autre étaient un peu trop proches, où il osait la prendre dans ses bras et l'embrasser. Hors de question, il n'avait pas attendu aussi longtemps pour qu'elle lui passe sous le nez. Et en plus, il était certain de ne pas lui être indifférent alors raison de plus. N'y tenant plus, Daiki se leva et décida de partir à la rencontre de la brune. Non, il n'était pas jaloux et celui qui disait le contraire finirait la tête encastrée dans un mur.

Le basketteur chercha la brune dans tout le lycée mais c'était à croire qu'elle avait disparu de la surface de la Terre car il ne la trouva nulle part. Et si… ? Non, il refusait de penser qu'il s'était fait des idées. Il n'avait pas rêvé les regards voilés qu'elle lui lançait quand elle pensait qu'il ne la voyait pas, la gêne sur ses joues quand il la taquinait. Et surtout, la sensation de son corps contre le sien avait été indescriptible et il se souvenait parfaitement de la réaction de Kanoko à ce moment-là : le souffle court, les joues rougies, le coeur battant à toute allure. Oui, elle le désirait autant que lui et elle serait à lui. Jamais il ne partagerait.

_ Où est-ce qu'elle est encore ? s'impatienta-t-il en s'arrêtant non loin du gymnase du club de basket.

Son corps était en ébullition et il devait vraiment lui parler. Lui parler d'eux deux. Mais la sonnerie de la fin de la pause retentit et Aomine lâcha un grognement de frustration. Bon, il allait devoir encore attendre avant de la voir, ce qui l'agaça prodigieusement.

En se retournant pour se rendre sur le toit, comme à son habitude, une scène très dérangeante apparut devant les prunelles bleues du jeune homme qui se renfrogna. Le visage sombre, il vit celle qu'il cherchait partout depuis plus de dix minutes en compagnie du mec d'autrefois. Elle riait et lui s'approchait un peu trop près d'elle, à son goût. Le sourire et le regard du garçon ne laissaient aucun doute sur ce qu'il voulait réellement et Daiki vit rouge.

Seulement, il n'eut pas le temps de faire le moindre geste car les deux "amis" quittèrent les lieux afin de retourner en cours. Cette main sur l'épaule de la brune, il mourrait d'envie de la lui arracher. Trop proche, bien trop proche d'elle…

Fou de rage, le basketteur se rua dans son refuge en maudissant ce mec qui voulait lui voler sa place. Est-ce que Kanoko était aveugle ou elle faisait semblant de ne rien voir ? Ne pas connaître la réponse l'énervait encore plus. Il fallait vraiment qu'il mette les choses au clair avec elle, cela ne pouvait plus attendre. Elle était à lui et il allait le lui faire comprendre bien assez tôt.

_ Qu'est-ce que je fous ? soupira-t-il désabusé. Elle me change complètement…

En effet, cela ne lui ressemblait absolument pas de se laisser envahir ainsi par la jalousie. Une jalousie si puissante qu'elle le laissait presque dans un état second. Serait-il… amoureux ? Non, impossible. Elle lui plaisait, c'est tout. "Si elle te plaît simplement, pourquoi tu te mets dans des états pareils ?" lui souffla pernicieusement sa conscience.

C'était une excellente question pour laquelle Aomine n'avait aucune réponse. Et cela le faisait royalement chier. Peut-être devrait-il en parler avec Satsuki ? A peine cette pensée émise qu'il frissonna. C'était bien la dernière personne avec qui il en parlerait car elle allait vouloir s'en mêler, et cela, jamais de la vie.

Testu, alors ? Cela lui semblait déjà bien mieux. Son ancienne ombre ne prendrait pas de gant et il lui dirait les choses telles qu'elles étaient, même si cela ne lui plaisait pas. Et le plus important, il ne s'en mêlerait pas. Prenant son téléphone, il envoya un message à son ami, lui disant qu'il avait besoin de lui parler seul à seul. Même pas une minute plus tard, la réponse fut reçue. Toujours aussi rapide, songea le bleuté avec un léger sourire amusé.

De Kuroko Tetsuya
A Aomine Daiki :
D'accord, on se retrouve au parc que tu sais à 19h.
A ce soir, Aomine-kun.

Une bonne chose de faite, songea le basané en rangeant son téléphone dans la poche de son pantalon d'uniforme. Cela lui laissait l'occasion d'aller se défouler durant l'entraînement, il avait besoin d'évacuer toute cette colère et toute cette frustration qui le tenaillait. Et quoi de mieux pour cela que l'effort physique ? Bien sûr, il connaissait un moyen encore plus agréable mais ce n'était carrément pas le moment.

Pour l'instant, il décida de faire ce qu'il faisait le mieux afin de faire passer le temps plus vite : dormir de tout son soul pour ne plus penser à rien. Juste avant de fermer les yeux, Daiki se dit que l'autre abruti ne perdait rien pour attendre. Et la brune non plus, d'ailleurs…

OoOoOoO

Pas de devoir à faire pour le lendemain… Dans ce cas, comment Kanoko allait-elle occuper son esprit ? Depuis qu'elle était rentrée chez elle, juste après les cours car elle n'avait pas de club, elle ne cessait de penser au fait qu'elle n'avait pas vu Aomine de la journée. Et mise à part le message auquel elle venait de répondre, plus aucune nouvelle de lui. Surtout qu'il était venu au lycée, aujourd'hui, car Momoi lui avait assuré l'avoir vu ce matin.

Aurait-elle fait quelque chose qui ne lui avait pas plu ? Ou, plus simplement, peut-être qu'il n'avait pas pu venir la voir comme il le faisait en temps normal à chaque pause. Les imprévus existaient, elle le savait, mais jamais cela ne l'avait empêché de venir la retrouver devant sa classe, avant. Elle avait attendu, même espéré, qu'il vienne la voir pour la délivrer d'une compagnie quelque peu dérangeante.

A la fin des cours, la jeune fille s'était même rendue sur le toit où il se trouvait habituellement mais il n'y avait personne. Bon, elle avait perdu du temps à cause de son camarade de classe, Kobayashi, qui l'avait appelée pour une broutille. Cela l'avait agacée mais elle commençait à comprendre qu'il ne voulait pas seulement être ami avec elle, car le blond se montrait de plus en plus insistant.

Ce n'était pas flagrant, au début, mais elle avait aperçu une lueur étrange dans les yeux verts de son camarade et cela l'avait mise mal à l'aise. A chaque fois, elle cherchait le moindre prétexte pour lui fausser compagnie et elle commençait à être un peu à court d'idées.

Sauf que ce n'était clairement pas cela qui la préoccupait le plus à l'heure actuelle… Allongée sur son lit depuis son retour, la brune ne pensait qu'à lui.

_ Daiki, qu'est-ce qui se passe ? murmura-t-elle faiblement dans le silence de sa chambre.

Kanoko se trouvait seule chez elle, ses parents étaient encore au travail et son grand frère était à son club de volley. Et à cause de cette solitude, trop de choses se bousculaient dans son esprit et elle ne parvenait plus à réfléchir calmement. Kobayashi, Aomine, ses sentiments pour le basketteur, l'attirance réciproque entre eux…

Soudain, la notification des messages retentit dans la pièce et Kanoko se redressa vivement sur son lit. Les mains tremblantes, elle s'empara de son téléphone, espérant que ce soit le basketteur qui lui répondait. Hélas, ce n'était pas lui mais leur amie commune, Momoi Satsuki. Cela voulait donc dire que l'entraînement était terminé… Mais aussitôt, la jeune fille s'en voulut de sa déception car après tout, ce n'était pas la faute de la rose si elle se sentait mal. En soupirant, elle ouvrit le message et commença sa lecture.

De Momoi Satsuki
A Yasui Kanoko :
Dis-moi, Kanoko-chan, est-ce que tu sais ce qui se passe avec Dai-chan ? Je l'ai trouvé vraiment bizarre pendant l'entraînement et je suis inquiète pour lui.

Si ce n'est qu'il ne lui avait pas parlé de la journée et qu'elle ne l'avait pas vu, non, elle ne savait pas. A présent, elle commençait à s'inquiéter aussi. Pourvu qu'il aille bien… Tous les jours sans exception, Daiki venait la voir, que ce soit pour lui parler, ou même la mettre mal à l'aise avec ses taquineries douteuses qu'elle avait appris à apprécier. Mais aujourd'hui, rien. Il y avait anguille sous roche, elle en était certaine à présent.

De Yasui Kanoko
A Momoi Satsuki :
Je suis désolée, Satsuki-chan, je ne l'ai pas vu de la journée, donc je ne peux pas te dire… J'espère qu'il va bien, tiens-moi au courant si tu as des nouvelles et je ferai pareil si j'arrive à le joindre de mon côté.
Promis !

Alors qu'elle laissait tomber son portable sur le lit à côté d'elle, la lycéenne de Too soupira, une nouvelle fois. Elle ne comptait plus le nombre de fois qu'elle avait pu le faire, depuis ce matin. Que devait-elle faire ? Essayer de lui parler ?

Quelle indécise, franchement ! Du nerf, que diable ! Se lamenter ainsi ne servait à rien, elle ferait mieux de se reprendre. Mais il la rendait folle à l'ignorer comme cela, du jour au lendemain, aussi… "Arrête de te trouver des excuses, il te manque, c'est tout." Aomine lui manquait ? Oui, beaucoup même, admit-elle sans difficulté. La brune s'était habituée à sa présence à la fois troublante et amusante, apaisante parfois, et le fait de ne pas avoir entendu sa voix grave et traînante lui parler était presque insupportable.

_ Je vais lui envoyer un message, je veux savoir ce qui se passe.

Sa décision était prise. S'il ne répondait pas, Kanoko ne saurait pas ce qui allait se passer mais il aurait intérêt à avoir une bonne explication pour l'avoir ignorée ainsi. Elle l'espérait pour lui.

OoOoOoO

Pendant ce temps, Daiki se trouvait au Maji Burger, prenant des burgers à emporter. Il n'était pas encore l'heure d'aller retrouver Kuroko car il était 19h15. Le temps de récupérer sa commande, ce serait bon.

Quelques minutes plus tôt, il avait senti son portable vibrer dans sa poche mais il n'avait pas encore regardé qui cela pouvait être. Tant pis, la personne attendrait car il avait plus important à faire. L'idée que ce fut Kanoko lui effleura l'esprit mais non, elle lui avait déjà répondu et elle n'envoyait jamais deux messages d'affilé. De toute façon, il verrait bien plus tard, car il était temps d'aller rejoindre son ami.

A son arrivée, le joueur fantôme était déjà là, l'attendant patiemment assis sur le banc. En avance, comme à son habitude, songea le basané en prenant place à côté de lui. Il lui tendit un burger qu'il prit avec un "merci" accompagné d'un léger sourire.

_ Ca n'a pas l'air d'aller, Aomine-kun, fit remarquer Tetsuya l'air impassible, un peu plus tard.

_ C'est pas la mort mais c'est pas la joie, non plus, lâcha Daiki avant de mordre dans un burger avec gourmandise.

_ En tout cas, ça ne t'empêche pas de manger.

Euh… il rêvait ou Tetsu se moquait de lui ? Son petit sourire en coin le confirmait et le ténébreux était plutôt d'accord avec lui, d'ailleurs. Il était ridicule. Se mettre dans des états pareils pour une fille, quelle plaie !

De son côté, Kuroko se demandait pour quelle raison son ancienne lumière l'avait fait venir. Il l'avait senti quelque peu perturbé mais il ignorait par quoi. En tout cas, cela avait l'air sérieux car il ne l'avait jamais vu aussi perdu. Attendant simplement qu'il se décide, il posa ses prunelles bleu ciel sur la voûte céleste remplie d'étoiles.

Prenant son courage à deux mains, Aomine lui raconta tout sans rien omettre. De sa rencontre avec Kanoko, passant par ses taquineries et leurs discussions téléphoniques, jusqu'à la scène surprise le jour même entre la jeune fille et un autre. En le racontant, le basketteur sentit la même rage s'emparer de lui à nouveau, ce qui n'échappa pas au regard acéré de Kuroko.

Pour le numéro onze de Seirin, il n'y avait pas de doute : Aomine était amoureux pour la première fois de sa vie. Cela s'était passé de la même façon pour lui avant qu'il ne se mette avec sa copine.

_ Tu es amoureux de Yasui-san, Aomine-kun, énonça-t-il calmement.

Amoureux ? Il était vraiment amoureux de Kanoko ? D'accord, il était dans la merde, alors. Il se sentait tomber des nues, il ne connaissait rien à l'amour. Et il ne voulait pas devenir aussi niais et ridicule que certains mecs en couple avec leur copine. Cela lui donnait envie de vomir. Amoureux, il pouvait à la rigueur accepter, mais devenir une guimauve, non merci.

A présent, Daiki comprenait mieux pour quelle raison il s'était senti aussi furieux quand l'autre abruti avait osé poser sa main sur Kanoko, sans qu'elle ne dise rien. Furieux et jaloux.

_ Que vas-tu faire, maintenant ? s'enquit Tetsuya, curieux.

_ Lui dire, dès demain.

C'était le mieux qu'il avait à faire. Plus vite elle serait à lui, mieux ce serait. L'autre serait sur la touche, enfin si la jeune fille acceptait sa déclaration. Rien n'était encore joué, le dernier quart-temps ne faisait que commencer. Il se sentait mieux, cela lui avait fait du bien de parler avec son ami. Il savait enfin où il en était.

_ Merci, Tetsu.

_ Je t'en prie. Bonne chance, Aomine-kun.

Les deux basketteurs se mirent à sourire, les yeux levés vers le ciel. Demain serait un autre jour et Aomine avait hâte d'y être. Puis, alors qu'ils se séparaient pour chacun rentrer chez soi, il se souvint du message reçu, un peu plus tôt. Sans réelle motivation, il sortit son téléphone de sa poche et constata que c'était Kanoko. Il le lut aussitôt par curiosité.

De Yasui Kanoko
A Aomine Daiki :
Pourquoi je ne t'ai pas vu aujourd'hui ? Tu me fais la tête ou quoi ?
Et autre chose aussi : Satsuki-chan s'inquiète pour toi car elle m'a dit que tu n'étais pas dans ton état normal durant l'entraînement…
Réponds-moi, s'il te plaît…

Lui faire la tête ? Pas vraiment, en vérité, mais il lui dirait bien le contraire, tiens. L'as de Too n'avait pas encore digéré ce qu'il avait vu ce matin, ce serait donc une façon comme une autre de l'énerver. Seulement, il n'était plus assez remonté pour faire cela donc il allait se contenter d'un message laconique. Il attendrait le lendemain pour mettre les choses à plat avec elle et ce serait mieux si l'autre mec était présent.

De Aomine Daiki
A Yasui Kanoko :
Non, je fais pas la tête et ça va, t'inquiète.
A demain, ma belle, et rêve de moi.

Après avoir rangé son téléphone, Daiki commença à marcher tranquillement pour rentrer chez lui, un léger sourire carnassier aux lèvres. Oui, elle allait lui en dire des nouvelles et il en salivait déjà d'avance.

OoOoOoO

Les cours de la matinée s'étaient déroulés si lentement que Kanoko en avait assez. C'était toujours quand on était pressé que le temps ne passait pas assez vite. Elle voulait parler à Aomine car, malgré son message plutôt rassurant de la veille, elle pressentait qu'il s'était passé quelque chose. Ils n'avaient pas passé leur soirée à parler ensemble comme ils l'avaient toujours fait jusqu'alors et la brune avait peur qu'il veuille soudain prendre ses distances avec elle. Surtout qu'elle ignorait ce qu'elle avait bien pu faire de mal…

Prendre ses distances ? Pas quand il avait réussi à la faire enfin tomber amoureuse de lui, certainement pas ! Dire qu'elle se croyait maligne en pensant être capable de résister à son charme dévastateur… Voilà le résultat : elle en était complètement mordue, comme les autres. Il fallait qu'elle le lui dise, même s'il n'éprouvait pas la même chose qu'elle, elle ne pouvait plus garder cela pour elle.

C'était pour cette raison que la jeune fille attendait avec impatience la pause de midi, elle voulait le voir. Perdue dans ses pensées, elle sursauta quand la sonnerie de fin des cours retentit enfin dans le lycée. Ne perdant pas de temps, elle récupéra ses affaires, les cours de l'après-midi ayant été annulés, pour son plus grand bonheur, et elle se hâta de quitter la salle de classe, sous le regard soupçonneux de Kobayashi qu'elle ne remarqua pas.

Kanoko avait envoyé un message au basketteur pour l'avertir qu'elle l'attendait derrière le gymnase du club de basket et il lui avait dit qu'il arrivait. Or, cela faisait déjà vingt minutes qu'il lui avait répondu, elle commençait à s'impatienter.

Ce qu'elle ne savait pas, c'était que le basané était bien là, mais là où elle ne pouvait pas le voir d'où elle se trouvait. Elle avait l'air agacée et cela l'amusa grandement. Mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'était l'arrivée d'un certain garçon qu'il ne pouvait pas voir en peinture. Il ne fit rien pour le moment, se contentant de regarder et d'écouter.

_ Yasui-chan, que fais-tu ici toute seule ?

_ J'attends un ami, on doit se rejoindre pour rentrer ensemble, mentit la brune avec un sourire qu'il jugeait quelque peu crispé.

_ Je peux l'attendre avec toi, si tu veux, proposa Kobayashi, l'air de rien.

Cet ami, le jeune homme blond ne savait pas qui il était mais il ne l'appréciait déjà pas. Cela faisait quelque temps qu'il avait remarqué que la jeune fille brune était plus distante avec lui et il n'aimait pas cela. Pour lui, c'était évident qu'il y avait quelqu'un d'autre et il ne laisserait jamais cela arriver.

_ Ce n'est pas la peine, il ne va pas tarder, tu sais.

Pourquoi ne partait-il pas ? Kanoko fronça légèrement les sourcils, cachant tant bien que mal son agacement. Et Aomine, il foutait quoi, lui aussi ? Ce fut quand elle sentit une main posée sur son épaule que la jeune fille revint à la réalité dans un sursaut de surprise.

_ Lâche-moi, s'il te plaît, Kobayashi-kun, lui intima-t-elle sans sourire.

_ Je ne fais rien de mal, Yasui-chan, se défendit le blond sans retirer sa main pour autant.

Le sourire du blond se tordit, ce qui fit frémir désagréablement la jeune fille. Elle sentait sa main serrer plus fort son épaule et elle commençait à avoir peur.

_ Peu importe, lâche-moi s'il te plaît, répéta-t-elle plus sèchement.

Quand il entendit cela, Aomine se décida enfin à intervenir. D'un pas vif, il se dirigea vers les deux adolescents, foudroyant l'autre abruti blond du regard. Dire qu'il était satisfait en le voyant reculer serait un doux euphémisme, il jubilait complètement. On ne s'approchait pas comme cela de Kanoko et cet imbécile le comprenait enfin.

_ Tu peux nous laisser, maintenant, lui intima le ténébreux avec un sourire mauvais.

_ C'est donc Aomine, ton ami, Yasui-chan ? comprit le blond sans répondre à Daiki. Je pensais que tu avais de meilleurs goûts que ça.

_ Entre toi et moi, il y a pas photo, mec, fit le basketteur sombrement. Je suis peut-être un connard mais pas un forceur.

Bon, d'accord, là, il y avait quelque chose qui clochait. Ce n'était pas le genre d'Aomine de perdre son temps avec une personne qui n'en valait pas la peine. Il fallait qu'elle l'éloigne de Kobayashi ou cela allait mal finir. Surtout que le blond prenait un malin plaisir à le provoquer. Sauf qu'on ne provoquait pas Aomine Daiki sans être prêt à en assumer les conséquences… Et visiblement, Kobayashi n'avait pas compris l'avertissement contenu dans les prunelles sombres du basketteur.

_ Daiki, viens, on s'en va, le pria-t-elle en prenant sa main.

Dommage, il lui aurait bien mis son poing dans sa sale tronche mais il ne voulait pas énerver la brune plus qu'elle ne l'était déjà. Ce serait pour une prochaine fois et il ne le raterait pas.

_ J'arrive, ma belle.

Pour faire enrager le blond qui semblait mécontent, Daiki lui adressa un sourire mesquin tout en posant son bras sur les épaules de la brune qui ne le repoussait pas. Bien sûr, il avait entendu son soupir mais il fit semblant de rien. Ce geste envoyait un message très clair : "elle est à moi." Les éclairs qu'il vit dans les yeux verts de Kobayashi le firent ricaner de manière sinistre.

Une fois qu'ils furent hors de vue de Kobayashi, la brune se dégagea brusquement de l'étreinte de l'as de Too et darda sur lui un regard sombre.

_ Daiki, ça suffit maintenant, gronda Kanoko. A quoi tu joues, bon sang ?

_ Je pourrais te poser la même question, Kanoko-chan, susurra-t-il, une lueur mauvaise dans ses prunelles sombres.

De quoi il parlait, au juste ? Kanoko ne suivait plus du tout, là. Seulement, elle ne se priva pas de dire ce qu'elle pensait de son petit jeu puéril avec Kobayashi. Et tant pis si cela ne lui plaisait pas.

_ C'était quoi ça, avec Kobayashi ? On est juste amis, bordel !

_ Je supporte pas ce mec, et tu vas me dire que tu aurais voulu que je te laisse seule avec lui, c'est ça ?

Le ton montait peu à peu et Daiki devait avouer qu'il n'imaginait pas que cela irait jusque là. Était-elle donc si frustrée de ne pas l'avoir vu, hier ? Et ça voulait dire quoi, juste amis ? Pourtant, leur relation allait plus loin que cela, même si aucun des deux n'avait voulu l'admettre avant.

_ Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, s'il te plaît, soupira-t-elle en secouant la tête.

_ Je suis qu'un pote pour toi, Kanoko-chan ? murmura-t-il irrité. C'est ce qu'on va voir, ma belle.

D'autorité, Aomine posa ses mains sur les épaules de la brune qui sursauta et la plaqua contre le mur derrière elle. Il se pencha doucement sur elle et un sourire carnassier étira ses lèvres quand il remarqua que le souffle de son "amie" était devenu plus court.

_ C'est quoi ton problème, bordel ? s'écria soudain la jeune fille, paniquée par ce qui se passait en elle.

Elle ne contrôlait plus rien, son corps se rapprochait de celui du ténébreux, son coeur battait à toute allure, son souffle était coupé, et elle voulait désespérément qu'il pose ses mains sur elle et l'embrasse. Sa frustration atteignit le point de non retour à ce moment précis et à ce qu'elle pouvait en juger, Aomine n'était pas dans un meilleur état qu'elle. Elle sentait son regard lourd peser sur ses lèvres, qu'elle humidifia instinctivement à plusieurs reprises pour atténuer la brûlure de ses yeux.

Dire qu'il aimait cette vision, le mot n'était pas assez fort. Daiki sentait son corps s'embraser alors qu'elle se rapprochait de lui. Empoignant ses fesses brusquement, il lui arracha un petit gémissement de surprise qui l'amusa. Puis il la souleva pour amener son visage à hauteur du sien et la fit entourer sa taille de ses jambes avant de la plaquer à nouveau contre le mur et de se coller à elle, lui montrant ainsi l'évidence de son désir.

Il pencha sa tête vers son oreille et fit en sorte de frôler le lobe alors qu'il lui répondit d'une voix sourde, la faisant frissonner intensément tout contre lui :

_ Mon problème ? C'est toi. Si tu veux pas comprendre, je vais être plus clair : je te veux rien que pour moi.

Sans lui laisser le temps de prononcer un seul mot, l'as de Too s'empara de sa bouche entrouverte et approfondit directement le baiser. Enfin ! Sa langue dominait complètement celle de Kanoko, sans répit. Elle était délicieuse et il voulait la goûter jusqu'à la lie. Il se laissait emporter par un tourbillon de passion et plus rien n'avait d'importance pour lui hormis cette bouche qui le rendait fou. Il la dévorait entièrement, ne la laissant pas reprendre son souffle. La maintenant contre lui d'une main, il commença à descendre la deuxième dans le dos de sa belle qui se cambra légèrement. La digue était définitivement rompue et il ne pouvait plus revenir en arrière.

Kanoko perdait pied, son corps brûlait de désir. Elle ne savait plus où elle était et se laissait conduire là où il voulait l'emmener. Jamais elle n'aurait pu imaginer qu'un baiser de Daiki l'emmènerait aussi loin. Elle en voulait encore, elle en voulait plus, ce qu'elle lui fit comprendre en tirant sur sa tignasse bleue, le faisant grogner. En réponse, elle le sentit se frotter contre elle, exacerbant leur désir avec une dextérité affolante. La jeune fille ne se souvenait même plus de ce qu'il lui avait dit avant de l'embrasser et elle devait reconnaître qu'elle s'en moquait complètement.

Depuis combien de temps l'embrassait-il ? Aomine ne le savait pas et il s'en moquait totalement. Mais même lui avait des limites d'endurance donc il rompit le baiser, dardant sur le visage rouge de Kanoko un regard désireux. Il n'en avait pas eu assez mais autant en garder pour plus tard. Les yeux fermés, la tête en arrière, la bouche entrouverte pour laisser passer son souffle erratique, la brune lui fournissait un spectacle des plus chauds et il mourrait d'envie de l'embrasser à nouveau.

_ Je te veux pour moi, répéta-t-il pour être certain qu'elle avait bien compris.

La voix basse de son tourmenteur fit ouvrir à demi les yeux de Kanoko, qui les posa sur lui. Il la voulait pour elle ? Mais il parlait seulement de désir, désir dont elle avait encore la preuve formelle contre son intimité. Et l'amour, dans tout cela ? Oui, elle l'aimait mais lui ? Elle avait beaucoup de mal à réfléchir mais une chose était certaine : elle ne se mettrait jamais en couple avec un gars qui ne l'aimait pas un minimum, quand bien même elle le désirait follement, autant que lui.

_ Je sais que tu me veux aussi, Kanoko-chan, la taquina-t-il avec un sourire moqueur.

_ Je serai… bien en peine de… le nier, balbutia-t-elle péniblement. Sauf que ça ne me suffit pas, Daiki, continua-t-elle de manière plus assurée.

Kanoko plongea ses iris vert olive dans celles bleu nuit de son vis-à-vis et elle crut apercevoir une lueur qui avait disparu aussi vite qu'elle était venue. Qu'est-ce que c'était ? Avait-elle rêvé ? Soudain, il la remit sur ses jambes, s'éloignant d'elle. Était-ce ce qu'elle venait de dire qui ne lui avait pas plu ?

Elle n'eut pas à se poser la question plus longtemps car elle l'entendit murmurer faiblement en se grattant la nuque sans la regarder :

_ Moi non plus, ça me suffit pas.

Et Daiki le pensait vraiment. S'il l'avait voulue seulement pour une nuit, il aurait lâché l'affaire depuis bien longtemps et serait passé à autre chose quand elle lui avait mis un stop. Mais il était resté et il s'était finalement amouraché de ce petit bout de femme impertinente. Il l'avait dans la peau.

_ Deviens ma copine, lâcha-t-il nerveusement.

Depuis quand il manquait à ce point d'assurance ? Si l'amour le rendait faible, cela promettait pour la suite mais il était prêt à supporter ce désagrément s'il pouvait être avec celle qu'il voulait désespérément.

Ce qui se passait était ahurissant ! Aomine Daiki qui lui demandait d'être sa petite amie ! La brune croyait halluciner. Il pouvait avoir n'importe quelle fille, du lycée et d'ailleurs, mais il l'avait choisie elle. Cependant, un doute subsistait encore.

_ Ta copine ? Mais Daiki…

_ Tu es à moi, et je tuerai celui qui s'approchera de toi à moins de dix mètres, la coupa-t-il en l'attirant dans ses bras.

Si elle le connaissait bien, elle saurait que pour lui, cette phrase sonnait comme une déclaration. Et d'après l'émotion et le sourire sur son visage, elle l'avait compris. Euh… elle était heureuse ? Donc cela voulait dire qu'il avait une chance ? Bordel, cela le soulait d'être aussi indécis et impatient !

_ Je t'aime moi aussi, Aomine Daiki, avoua-t-elle d'une voix tremblante avant de le serrer fort contre elle. Mais dix mètres, c'est un peu abusé, tu ne crois pas ? se moqua-t-elle amusée.

Seul un grognement de dépit lui répondit alors qu'il la serrait contre lui à l'étouffer. Cette manière qu'elle avait de se moquer impunément de lui incitait Aomine à lui donner une bonne leçon. Mais plus tard, là il mourrait juste d'envie de l'embrasser à nouveau, pour montrer à tout le monde que cette fille était à lui et à lui seul.

Son rêve devenait réalité, enfin. Kanoko ne savait pas depuis combien de temps elle attendait cela mais c'était chose faite. Elle était en couple avec celui qui faisait battre son coeur et elle se sentait pousser des ailes. C'était quelque peu cliché mais elle s'en foutait royalement. Elle sentit les lèvres de Daiki effleurer les siennes, la tentant irrésistiblement, avec cette lueur mesquine dans ses prunelles qui la rendait toute chose. La brune ne résista pas, ce n'était plus la peine. Elle entoura donc son cou de ses bras avant de le laisser l'embrasser à pleine bouche, leurs langues dansant ensemble une valse endiablée.

Finalement, les clichés donnaient eux aussi leur part de bonheur et d'amour, alors pourquoi s'en priver ? Il ne fallait pas compter sur Daiki et Kanoko pour le faire. Tant pis si leur amour était un peu cliché pour certaines mauvaises langues, tant qu'il était vrai.