Salut!

Pardon pour la retard !

Voici l'avant denier ou avant avant dernier chapitre...je ne suis pas encore décidée.
C'est difficile de finir l'aventure ;)

Merci à toutes d'être présentes pour commenter ou juste suivre cette histoire!

A bientôt!

¤o¤o¤o

Chapitre 31

A Change Is Gonna Come
(Sam Cooke)

¤ Edward ¤

Reprendre le boulot va faire beaucoup de bien à Bella c'est certain, mais à Jasper tout autant.

Le lendemain de la visite de Carmen et Eleazar, Bella s'est consacrée à appeler ses clients, tous cette fois. L'avenir s'ouvre de nouveau sur de belles perspectives et Bella retrouve des couleurs et le sourire qui lui faisaient tant défaut ces derniers temps.
Rien n'est encore gagné mais j'ai bon espoir.

J'ai émis tout de même une petite condition.
Comme elle avait déjà annulé plusieurs rendez-vous, je lui ai suggérée de ne pas les renouveler tout de suite et que nous pourrions en profiter pour partir tous les deux, au moins deux semaines. Je préfèrerais trois et je pense que bousculer un peu ses habitudes est une bonne chose mais je ne veux pas non plus la brusquer.
L'idée même de quitter son quotidien est délicate à gérer pour Bella. Ceci dit, ces derniers temps son quotidien n'est plus le même, la vie s'est chargée de lui montrer que rien n'était acquis et que tout pouvait exploser du jour au lendemain sans préavis. Elle va s'apercevoir qu'elle peut tout encaisser, j'en suis sûr.
Elle n'a pas émis une grosse objection à ma demande. J'ai déjà plusieurs idées sur notre destination, j'espère la faire céder.

Ce soir, nous avons de nouveau de la visite.

Elle est ravie et veut annoncer la bonne nouvelle pour le salon de Carmen à Jasper.

Mais, nous savons que nous allons discuter du salon, de l'incendie, des Volturi. Alice m'a envoyé un message dans l'après-midi. Elle a des nouvelles fraiches. Jasper n'en peut plus de tout gérer de front. Il prend toute cette affaire à bras le corps et il est épuisé et il se sent plus que jamais esseulé par ses compagnons de route.
Ils ont besoin de nous et pas seulement de moi, de nous deux.

Bella sait, nous savons tous les deux que cette étape sera la moins évidente, la plus délicate, mais je la sens prête et elle n'est pas seule.

Je suis à la fois impatient et nerveux d'être à ce soir et d'avoir des nouvelles d'Alice.

J'ai suivi le dossier de loin. L'unique information que j'ai réussi à avoir est que les deux experts, ceux dépêchés par le cabinet Volturi et ceux qu'a contactés Alice sont d'accord, l'incendie est d'origine criminelle.

Je pense que ça n'annonce rien de bon, mais en réalité je n'en sais rien.

Ce qui m'inquiète par-dessus tout est que je suis sûr que Bella était seule dans le salon. Salon qu'elle avait fermé elle-même. Je ne suis ni expert ni enquêteur mais la conclusion me parait logique, elle sera la première incriminée.

Je n'ai pas voulu soulever cette hypothèse devant Alice. J'avoue j'ai un peu peur de sa réponse.
Et d'un autre côté, Alice semble assez sûre d'elle pour que je n'aie à m'inquiéter de rien. J'ai envie de lui faire confiance et j'ai envie de croire qu'une issue heureuse est enfin possible.

Parce qu'après tout, on le mérite. On a assez galéré comme ça, on a eu notre lot de merde à gérer, maintenant ça suffit.

Alice n'a pas voulu dire exactement (ni à moi ni à Jasper) la teneur des nouvelles informations qu'elle va nous donner ce soir. Par contre, elle a insisté pour savoir si Bella était sur pied, si elle se sentait mieux.
Bella va mieux, c'est un fait indiscutable. Quant à savoir si elle est de taille à entendre ce qu'Alice a à nous annoncer, je ne peux pas en être certain.

Cela dit, nous avons toute la journée avant d'être à ce soir.
Je sais qu'elle déteste les surprises mais celle que je lui ai concoctée ne peut que la réjouir.
Même si je ne peux pas en être tout à fait sûr, j'y crois de toutes mes forces et je m'en remets à mon jugement parce que là tout de suite c'est tout ce qu'il me reste.

¤ Bella ¤

C'est ce soir qu'Alice vient diner avec Jasper.

Je ne sais pas bien dire comment je me sens. Je n'ai eu et n'ai voulu aucune nouvelle de l'affaire et je ne suis pas sûre d'en vouloir encore aujourd'hui.

Je n'ai pas revu Alice ni Jasper depuis un certain temps et dans un sens je suis heureuse de les retrouver. Mais leur visite sonne comme si quelque chose de terrible allait (une fois de plus) nous tomber dessus.

Je suis mieux, plus forte. La perspective de reprendre le travail, même dans un salon qui n'est pas le nôtre me motive à aller de l'avant. Le fait d'avoir discuté avec Carmen m'aide aussi à retrouver celle que j'étais et que je suis encore au fond.

Et puis, je me dois de me ressaisir pour Edward qui s'est beaucoup démené pour moi. Dernièrement, mais aussi depuis le début de notre histoire.
Il s'est accroché pour me montrer que j'avais tort de ne pas croire en nous, en moi. Il a eu raison de le faire parce que si aujourd'hui je suis dépassée par les événements, je sais que je suis heureuse avec lui, qu'il est mon tout. Et je tiens à ce qu'il sache que ses efforts ne sont pas vains.

Hier soir, je sentais Edward nerveux. Quelque chose de diffus dans son attitude me laissait perplexe. Même lorsque nous avons fait l'amour je le sentais préoccupé ce qui est très mais vraiment très inhabituel chez lui.
C'est louche.
Soit il mijote quelque chose qu'il veut me cacher, soit il s'inquiète pour ce soir.

Dans les deux cas, ça n'annonce rien de bon.

De mon côté, je me prépare mentalement, je peux même dire que je me concentre. Quelles que soient les nouvelles, Jasper a besoin de moi et je ne veux pas le décevoir. Et puis, moi j'ai une bonne nouvelle à lui annoncer, nous allons reprendre le tatouage dans le salon de Carme, salon où nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Tout un symbole...

C'est bon ça suffit le malheur. Nous avons eu assez de sales coups du sort.
Maintenant je veux m'en sortir et me battre pour être enfin heureuse.
Quoiqu'il en coûte.

Le réveil du téléphone d'Edward sonne…
C'est louche.

¤ Edward ¤

Mon réveil sonne alors que Bella n'est pas encore réveillée.
La surprise commence mal.

Je pensais me lever après elle et la rejoindre sur son parcours de jogging matinal.
Bella a peut-être changé dans son comportement mais elle ne s'est pas transformée. Les rituels bien réglés et calculés font toujours partie de son quotidien.

Il faut croire que je ne connais pas l'heure à laquelle elle se lève. Crétin !
Je vais devoir la jouer fine.

- Tu n'es pas encore partie courir ? je demande innocemment.

Non ce n'est pas très fin.

Elle s'appuie sur un coude et me regarde avec un air inquisiteur.
Je ne lui ai pas fait de câlin, pas de baiser pour lui dire bonjour et je m'inquiète de savoir pourquoi elle est encore là.

Non, pas fin du tout…

- Pourquoi ? Tu es pressé de me voir partir ? demande-t-elle en arquant un sourcil.

Prends ça dans les dents Cullen, t'es vraiment qu'un con.

- Viens là.

J'essaie d'éluder autant que possible en la prenant dans mes bras.

Elle ne résiste pas et se fond contre moi. Elle est douce, elle sent bon le matin, ses cheveux chatouillent un peu mon cou. Je suis au paradis.
Mon sexe devient dur et je dois absolument contrôler ça parce que « ça » ne fait pas partie de mes plans. Pas tout de suite en tous cas.

Mais bien sûr, ma Bella a senti la protubérance dans mon boxer et doucement, langoureusement, elle vient frotter son bassin contre le mien et j'avoue qu'à cet instant, j'ai bien envie d'envoyer valser tous mes plans et mes putains d'idées saugrenues de surprise.

Il faut que je réagisse rapidement sans quoi je suis perdu.
Mais je ne vois aucune façon de me défiler sans paraitre étrange. Alors je me lance sans trop réfléchir.

- Attends, fais-je doucement en la repoussant. Je dois aller boire un verre d'eau.

¤ Bella ¤

Hein ? J'ai bien compris ?

Je fais des avances à Edward de bon matin au réveil, et il veut boire un verre d'eau ?
Son comportement n'est plus louche il est carrément bizarre !
Il a envie de moi et je peux assurer ce que j'avance parce que je le connais assez bien pour sentir que tout son corps me réclame, pas seulement la partie tendue de son anatomie.

J'attends un peu, pensant qu'il va forcément me rejoindre, mais non. Il se lave les dents et prépare ses affaires. Un short et un teeshirt.

- Tu viens courir avec moi ? je m'étonne.

Entendons-nous bien, Edward aime le sport, mais se lever à 7 heures du matin, non ce n'est définitivement pas son truc. Je le sais, il le sait, il sait que je le sais et que ça ne me dérange pas le moins du monde.

- Oui…

Il ne développe pas et je reste sur ma faim. Je m'assois sur le lit et fronce les sourcils.
Pas que je ne sois pas heureuse qu'il m'accompagne mais son comportement m'inquiète passablement.

Il vient s'assoir près de moi, mais pas assez près pour que nous puissions nous toucher.

- Je pense à ce soir, explique-t-il sur le ton de la confidence. Je sais que ça va être compliqué pour nous tous. J'ai envie de me changer les idées et de partager ma journée avec toi.

Il passe une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et son regard se veut rassurant.

J'abdique.

J'ai bien compris qu'il prépare quelque chose. Je n'aime pas être surprise, ne pas savoir où je vais. Mais Edward m'a prouvé plus d'une fois que je pouvais lui faire confiance les yeux fermés.

Et puis cette journée ne va pas être confortable. Attendre d'être à ce soir nous met tous les deux sous tension. Ne pas le quitter un instant est forcément alléchant.

- Allez lève-toi et habille-toi avant que je change d'avis, sourit-il.

Alors, parce qu'il est le plus merveilleux des hommes, parce que j'ai une chance folle de l'avoir et parce que tôt ou tard il sera contre moi, en moi, je saute sur mes pieds pour me préparer.

¤ Edward ¤

Quand Bella se lève enfin, un sourire accroché aux lèvres, je sais que j'ai gagné.

J'ai passé les deux derniers jours à tout préparer avec minutie, il n'est pas question de rater cette journée.

Elle est affolante dans sa tenue de sport. Mon désir matinal inassouvi se rappelle à moi. Il faut que je courre devant elle sans quoi je vais me jeter sur ses fesses moulées dans son tout petit short et les dévorer dans un fourré.

Allez Cullen un petit effort ! Nous avons tout le temps de faire l'amour.

Nous sommes tous les deux prêts et Bella se dirige vers la baie vitrée. Merde ! Elle a changé son parcours beaucoup trop radicalement. Je me rappelle maintenant qu'elle est revenue par le chemin il y a deux jours.

Encore une fois pris au dépourvu, j'essaie de me dépatouiller comme je peux.
Ça n'a l'air de rien, et pour la plupart des mortels ce n'est rien, mais changer quelque chose à la routine de Bella peut s'avérer très difficile, voire impossible.

- Attends, j'aimerais passer en ville prendre des viennoiseries pour le petit déjeuner.

- Tu veux courir en ville ?

Ses yeux me toisent comme si je disais n'importe quoi.

- Pas vraiment mais je pensais qu'on pourrait prendre ton parcours habituel, je tente.

Elle fronce les sourcils et sa bouche se tort en une moue de dégout, son parcours habituel est celui qui la conduit au salon de tatouage qui est en cendre, forcément cette idée ne la réjouit pas.

Alors, à bout d'argument, je m'approche d'elle est lui prend la main. Elle lève des yeux inquiets vers moi.

- Juste, fais-moi confiance, je demande avec douceur.

- Je savais que tu mijotais quelque chose ! elle s'exclame son index pointé vers moi et le regard rieur.

- Je ne...

- Je te suis beau gosse, me coupe-t-elle.

Elle se laisse faire et elle est complètement détendue. J'ai gagné.

Une fois sur le bitume, avant que je n'aie pu engager ma première foulée, Bella s'élance.

Encore une fois il va falloir la jouer fine. Parce que nous n'allons pas prendre

J'arrive à la rattraper tant bien que mal. Elle a un très bon niveau en course et je rame toujours pour la suivre. C'est aussi une des raisons pour lesquelles je suis plus que ravi qu'elle courre seule.

- Dis-moi, je commence à bout de souffle. J'aimerais te montrer un coin sympa que j'ai repéré la dernière fois.

- Pour courir ? elle demande sans une once d'essoufflement dans la voix.

- Oui pour courir. Viens suis-moi.

Je ne lui laisse pas le choix de la réflexion et je dévie du sacrosaint parcours.
Elle me suit sans riposter.

Les étoiles sont alignées, mon plan va fonctionner.

¤ Bella ¤

Je suis Edward qui ne court pas assez vite à mon goût. En plus, agiter mes fesses moulées dans ce short qu'il adore devant lui m'aurait permis d'obtenir une douche endiablée comme je les aime.

En même temps, il veut passer du temps avec moi alors je m'astreins à lui obéir et ce même quand il change de destination.

Nous passons sur les trottoirs dans la rue, les gaz d'échappement me dérangent. Je sais où nous sommes et je ne vois vraiment pas où se trouve cet endroit si génial que nous devions nous asphyxier au dioxyde de carbone pour y arriver.

Et puis, petit à petit, je comprends.
Je reconnais ce quartier sans l'ombre d'un doute. Je réalise où il m'amène mais c'est impossible, nous sommes samedi le club n'ouvre pas avant 17 heures, nous n'avons pas nos affaires…

Et pourtant si.

Nous nous arrêtons devant la grande porte du hangar.

- Ça te tente ? sourit Edward avec un air malicieux.

- Putain oui !

Ma réponse fuse. Son idée est plus que bonne et je me demande même pourquoi je n'y ai pas pensé avant.

- Viens.

Il prend ma main et nous faisons demi-tour pour rejoindre… sa voiture !

Le jouet préféré d'Edward, je pourrais même dire son bébé, a passé la nuit dehors.
Je crois que je viens de passer dans une dimension parallèle.

Je comprends alors qu'il a préparé son coup. Qu'il y a réfléchi en amont et qu'il a fait ça pour moi.
Je suis touchée et je me résous à le suivre aveuglément où qu'il veuille me conduire.
Il fait le tour de la voiture, certainement pour vérifier qu'elle n'a pas d'égratignures. Je souris discrètement. Son jouet je disais…

Il ouvre le coffre et en sort un sac de sport. Il a pensé à prendre nos affaires.

Il s'approche de moi et m'offre un sourire rayonnant.
Sans quitter ses yeux, je passe ma main dans ses cheveux dans un geste tendre. Je l'observe comme si je le voyais pour la première fois.
Il n'existe rien de plus magnifique que cet homme.
Pas seulement ses traits dignes des plus grands mannequins, ses yeux sans cesse malicieux, sa bouche qui se fend sans cesse de ce sourire joyeux mais aussi et surtout son aura. Ce charme prégnant qui m'a envahi dès les premières secondes de notre rencontre.

Il prend mon visage entre ses grandes mains doucement. Ses pouces caressent mes joues. Mes jambes me tiennent à peine. Il avance lentement ses lèvres vers les miennes. Il m'embrasse avec sérénité, calme et dévotion. Mon cœur bat plus fort et mon amour pour lui me déborde. Mes doigts tremblent quand ils passent sur son torse et serrent son teeshirt pour le rapprocher plus encore.
J'ai l'impression de voir des étoiles sous mes yeux clos et j'aimerais que ce baiser pourtant chaste ne s'arrête jamais.

Mais quelqu'un va venir contrecarrer mes plans.

- Hey ! Il y a des hôtels pour ça !

Je n'ai pas entendu cette voix depuis longtemps mais je ne suis pas surprise par cette vanne bien ringarde.

- Je ne me suis pas levé aux aurores pour vous regarder vous bécoter !

Je regarde Edward les sourcils froncés, pas ravie de me farcir le lourdaud qui vient troubler notre tranquillité. Il hausse les épaules avec un sourire d'excuse mais ses yeux brillent d'anticipation.

Nous tournons la tête en même temps et dans la même direction.

Jacob se marre et avance clé en main vers la salle de boxe.

¤ Edward ¤

Je n'ai pas besoin de lui demander si mon idée lui plait. Bella sautille quasiment en suivant Jacob qui entre dans la salle.

- J'ai de la paperasse à faire, déclare-t-il. Je vous laisse une heure et demi pas plus. Après ça je devrai rentrer.

Je ne peux être que reconnaissant envers Jacob de nous ouvrir la salle sur son temps libre mais qu'est-ce qu'il peut être foutrement pénible.

Il ne peut pas simplement faire une gentille blague, non, il faut qu'il soit ringard au possible et totalement déplacé. Il doit montrer qu'il est le maitre des lieux et que, malgré sa sympathie à nous accorder un peu de son temps, ça ne l'arrange pas forcément. Il consent à nous « faire une fleur » et il ne se gêne pas pour nous le faire remarquer, bien au contraire.

Je sens ma Bella se tendre et je me retiens moi-même de lui envoyer une réplique bien acerbe dans les dents.
Peu importe, nous allons boxer, dépenser notre énergie, décharger notre stress. Là tout de suite cette idée me parait tellement géniale que je me demande comment je n'y ai pas pensé avant.

Je donne ses affaires à Bella qui va se changer dans le vestiaire des femmes et je rejoins celui des hommes.
S'il n'y avait pas eu Jacob et ses gros sabots, nous aurions pu partager le même vestiaire mais le connaissant, il y trouverait à redire.

Je sors le premier et je commence à m'échauffer. Mine de rien, ça fait un certain temps que je n'ai pas boxé et mes membres sont raides. Ce n'est pas le moment de me claquer un muscle.

Bella arrive droit sur le sac de frappe.

- Non ! Attends ! Echauffe-toi d'abord, je conseille.

- J'ai couru, c'est suffisant non ?

- Non, viens on va le faire ensemble.

Elle est à fond ! J'adore ça !

Nous échauffons nos coudes, nos bras et nos jambes.

Normalement, dans la boxe anglaise, nous n'utilisons pas les jambes, mais Bella a sa propre normalité, ses propres règles, d'autant plus qu'elle n'a jamais fait de combat sur le ring et qu'elle n'a jamais voulu en faire.
Quand elle tape dans le sac, elle se sert de ses poings bien sûr, mais aussi ses coudes, ses tibias et ses genoux.

- C'est bon, je suis prête, déclare-t-elle.

Sans demander mon accord elle s'approche du sac. Elle se met en garde et je la sens se concentrer.
Elle commence à frapper, d'abord doucement, comme si elle appréciait les coups, la résistance du sac, la douleur dans ses poignets.
Puis sa frappe se fait plus prononcée.

Je ne veux pas en perdre une miette alors sous prétexte de tenir le sac, je me rapproche pour l'observer.
Ses yeux sont rivés sur sa cible, droits et sérieux, son souffle se fait court, elle tape de toutes ses forces, pieds, poings, genoux. Elle sautille, cherche le meilleur angle.

Elle a besoin de plus.

Je l'abandonne une minute pour aller chercher les pattes d'ours, du matériel que j'enfilerais comme des gants pour qu'elle puisse frapper en étant plus mobile.

- Jacob, où se trouvent les pattes d'ours ? je demande.

Il est affalé sur sa chaise, les pieds croisés sur le bureau. Il n'est pas en train de faire des papiers mais de tripoter son portable. Le connaissant comme je le connais, il est sans doute en train de jouer.
Il souffle comme si je le dérangeais dans un moment très important.

- Tu ne les as pas trouvées ?

- Eh bien si, je viens juste te les demander pour te faire chier, j'ironise.

Il souffle de nouveau.

- Mais d'abord, pourquoi tu veux ces foutues pattes d'ours ? s'agace-t-il en claquant son portable sur le bureau.

- Viens voir.

Il daigne sortir de la pièce et je tends la main pour lui montrer Bella.

Elle est en feu, surmotivée.
Quelques mèches autour de son visage collent sur son front, elle laisse échapper un petit cri à chacun de ses coups, elle se baisse, se redresse, sautille.
Il est évident que le sac de frappe ne lui convient pas. Elle a besoin d'un partenaire.

- Putain, c'est une vraie lionne, souffle Jacob.

Je n'aime pas du tout son regard sur elle et j'aime encore moins ce mot « lionne » prononcé par sa bouche. Il a une connotation sexuelle qui me tord les boyaux.

Je serre les poings.

- J'ai une idée, dit-il en se dirigeant vers Bella.

¤ Bella ¤

Dire que boxer me fait du bien est un euphémisme.
Je décharge toute ma colère et toute la pression des dernières semaines. Ce n'est pas le sac que je vois, c'est ma mère, c'est mon enfance de merde, c'est ce connard d'Alec, c'est Jasper qui pleure contre moi, c'est la maladie d'Emmett, c'est Edward déçu qui me regarde comme si je lui avais planté un couteau dans le cœur.
J'y mets toute mon énergie, toute ma hargne mais ce n'est pas assez, ce n'est définitivement pas assez.

- Bella ?

La voix de Jacob me sort de mon délire.

- On se fait un combat ?

- Tu veux un combat contre moi ? Sur le ring ?

- Oui ! Si tu t'en sens capable bien sûr.

Il y a différentes façons de comprendre la réplique de Jacob, mais vu son ton ce n'est rien de moins qu'une provocation. Toute son attitude, ses yeux moqueurs, son torse qui se bombe, ses pieds bien ancrés au sol dénotent que tout ça l'amuse. Il est sûr qu'il ne va faire qu'une bouchée de moi.
Si d'ordinaire, je me fous des provocations, et d'autant plus des siennes, aujourd'hui je suis en feu. Je crois que je pourrais défoncer tous les sacs de frappe de la salle.

Je plisse un peu les yeux avant de les plonger dans les siens.

- C'est d'accord.

Son regard est brillant et son sourire carnassier.

- Je vais chercher les protections.

- Non ! Pas de protections, j'exige.

- Bella je risque de t'abimer, lance-t-il un sourire sûr de lui aux lèvres.

- Je m'en fous.

- Bella..., tente Edward.

- J'ai dit pas de protections, je grince mes pupilles enfoncées dans celles d'Edward.

Je n'ai jamais porté de protections. Je ne veux pas me sentir gênée dans mes mouvements. A mon sens, ces protections vont être un handicap.

- Ok alors juste le casque.

- Je…

Mais Jacob ne me laisse plus le choix, il a déjà disparu pour récupérer le matériel.

Edward attrape mon bras. Je suis surprise par son geste mais il n'est pas brutal et surtout, son visage inquiet me rassure.

- Bella tu…

Il me fixe comme s'il cherchait une réponse. Sa prise se fait moins forte. Il baisse et secoue la tête de gauche à droite. Puis ses yeux reviennent vers les miens.

- Tu es sûre de ce que tu fais ?

Je lui lance un sourire resplendissant.

- Putain oui je suis plus que sûre beau gosse.

Il sourit en entendant les mots « beau gosse » et lâche définitivement mon bras en mettant ses mains devant lui.
Il a compris qu'il ne pouvait pas intervenir et surtout il comprend que je retrouve de mon assurance. Celle qui me faisait tant défaut ces derniers temps.

Ce sentiment me donne des ailes.

Je suis Bella Swan bordel ! Comment ai-je pu l'oublier ?

Jacob revient tout guilleret. Son sourire satisfait ne le lâche plus et j'ai plus qu'envie de le faire disparaitre de toutes mes forces.

Il monte en premier sur le ring et propose de m'aider en me tendant la main.
Je la repousse et monte d'un bond.

- J'aime ça un adversaire coriace.

Je ne réponds pas, pas utile. J'enfile le casque en mousse.

- Ok Bella, on va se mettre d'accord sur deux ou trois petites choses avant que je te mette une raclée.

Je pourrais penser qu'il fait exprès de me défier pour m'énerver. Mais Jacob est juste très sûr de lui, il ne pense pas une minute que je puisse avoir l'avantage.
Cette idée ne fait qu'accentuer ma détermination.

- On se le fait en free fight. Ça te va ?

- Jacob tu exagères, s'interpose Edward. Bella n'a jamais combattu personne ! argue-t-il.

Moi je ne sais pas ce que c'est que ce free fight… et si je ne suis effectivement jamais montée sur un ring, on ne peut pas dire que je n'aie jamais combattu personne.
Mais je ne relève pas, si Jacob me croit inexpérimentée, cela peut me donner un avantage.

- Elle ne connait pas les règles de la boxe Edward.

Edward réfléchit. Je lui lance un regard interrogateur. Il le perçoit malgré le masque qui cache une grande partie de mon visage.

- Tu as droit à tous les coups, pieds, poings, genoux… m'explique Edward.

- Ça me va !

De toute façon, je ne sais pas faire autrement.

Le combat est imminent, mes muscles se tendent, je sautille sur place, je tape mes mains dans les gants l'une sur l'autre. On se tourne autour un moment, cherchant une faille pour attaquer.

Je dois me défaire de l'air arrogant de Jacob, sans quoi je vais faire n'importe quoi. Je dois quand même me concentrer et penser à le toucher au moment où il s'y attend le moins.
Il est lourd, ringard et suffisant mais il boxe depuis des années, il a une bonne technique.
Moi je ne connais que les combats de rue, ma seule technique est de frapper la première ou à défaut, frapper là où ça fait mal.

Il porte le premier coup. Il touche ma pommette mais elle est protégée.
Deuxième coup, il tente une balayette et touche ma cheville. Il me déséquilibre mais pas assez pour me faire tomber. Sur ce il tente un crochet du gauche que j'esquive difficilement.

Je l'entends ricaner, comme si c'était trop facile.

Alors à mon tour j'avance vers lui en oubliant un peu ma garde.
Ses coups me touchent mais pas assez pour me retenir. J'envoie un coup de genoux dans ses côtes. Il plie et grogne sous l'assaut. J'enchaine avec un coup de poing sur le front.

Les coups s'enchainent. Je ne sais pas déterminer qui a l'avantage mais je me défoule et franchement, il n'y a plus que ça qui compte. Comme devant le sac, je pense aux récents événements, à tout ce qui m'a empêché et m'empêche encore d'être pleinement heureuse.
Même les bourrades que je reçois ne m'arrêtent pas. La douleur me motive encore plus si c'est possible. Je suis comme possédée.

Soudain, je tape avec le tibia derrière son genou. Il tombe à genoux à mes pieds.

J'envoie un coup du plat du pied sur son flan. Je suis tellement enragée que j'ai bien envie de continuer dans ses côtes ou son visage mais sa main se lève en signe de paix.

Je ne le lâche pas des yeux. Je ne sais pas s'il rend les armes ou s'il me demande d'attendre un peu. Je reste que le qui vive, prête à tout.

Puis j'entends Edward applaudir. Il est tout sourire et semble… fier.

- Je crois que Jacob est au tapis ! annonce-t-il.

Je sors de ma transe, parce que oui ce combat a été une sorte de transe pour moi et je regarde Jacob plus avant.
Il est sur un genou, sa main au sol le soutient, il est à bout de souffle et ne lève pas la tête.

- C'est bon Bella. Je me rends, souffle-t-il.

Je regarde Edward avec des yeux exorbités d'incompréhension, mes mains se soulèvent de part et d'autre de mon corps.

- Très beau combat, sourit-il.

Alors je souris à mon tour.

- On refait ça quand tu veux champion. C'était génial.

Je me moque un peu de lui en disant « champion » mais gentiment, je ne veux pas l'accabler non plus.

Je saute du ring dans les bras d'Edward.

- Ouch, je grince.

Je n'ai pas vraiment senti la douleur lors du combat, je l'ai même appréciée, à présent il semble qu'elle se rappelle à chacun de mes muscles.

- Doucement ma Bella. Je vais te passer de la pommade.

- Tu as prévu la pommade ?

Je ne suis pas surprise, je suis choquée, Edward n'est pas vraiment doué pour faire un sac, ou pour s'organiser sans rien oublier.

- Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et je ne suis pas aussi fort que toi pour faire des préparations alors j'ai prévu tout ce à quoi j'ai pu penser.

Mon mec est juste génial.

Jacob descend du ring comme il peut, son arrogance tout à fait disparue.

- Rappelle-moi de ne plus jamais me battre contre Bella, dit-il en s'appuyant contre le mur.

J'ai très envie de me tordre de rire et de le narguer comme une gamine mais d'abord, je pense que rire va me faire mal aux côtes et ensuite, je ne suis pas comme lui.
Des combats comme celui-ci, j'ai l'impression d'en avoir vécu des dizaines, sans les gants et sans le casque.

- Bon, je te laisse les clés de la salle je dois filer.

L'amour propre de Jacob vient de prendre un sacré coup. Il baisse la tête et son regard traine sur le sol.

- Mets les clés dans la boite aux lettres en partant, j'ai un double je les récupèrerai plus tard.

Edward va pour lui serrer la main mais il s'éclipse rapidement en nous faisant un léger signe de la main. Il le remercie tout de même chaleureusement tandis qu'il passe les portes.
Je souris de toutes mes dents, assez fière de ma petite victoire.

Edward s'approche à pas de velours. Il enlace ma taille et je sais exactement ce qui lui passe par la tête.

- Quelque chose a changé, dit-il en me contemplant.

- Edward, t'as vraiment eu une putain de bonne idée. Je me sens légère comme je ne m'étais pas sentie depuis des mois.

- Je retrouve ton regard ma Bella. Je retrouve ton sourire.

C'est vrai. Boxer me rappelle qui je suis vraiment.
On peut me rabaisser, je peux tomber et me faire mal mais je me relève et il n'existe rien sur cette Terre qui puisse m'anéantir vraiment.

- Viens, on va prendre une douche.

- Tous les deux ? je demande en minaudant un peu.

- Tu vois quelqu'un qui peut nous en empêcher ?

On éclate de rire. Je vais récupérer mes affaires dans le vestiaire des femmes et je le suis dans celui des hommes.

Arrivés là, son regard se fait lubrique.

- Tu sais que je n'ai pas pu te toucher ce matin, dit-il en embrassant mon cou.

- C'est toi qui n'as pas voulu de moi.

- Je suis un fou.

Il mordille mon cou et je m'accroche à ses cheveux.

- Et te voir sur ce ring mettre une raclée à Jacob était...

Je relève ma tête pour le laisser embrasser ma poitrine.

- Tu étais foutrement sexy.

Il pince mon sein par-dessus le tissu avec ses dents. Je commence déjà à être ailleurs.

Il enlève son teeshirt et j'essaie de faire de même.
Je bloque.
Mes bras sont engourdis et mon haut trop serré. Je râle de douleur.

- Attends bébé.

Doucement, il enlève mon maillot. Il passe ses mains sur mon corps mais sans appuyer pour ne pas me faire mal.

Il dégrafe mon soutien-gorge, enlève mes chaussures, baisse mon short avec beaucoup de précautions.

Il se relève et se plante devant moi.

Ses bras sont tendus de chaque côté de son corps, ses poings serrés, il passe sa langue sur ses lèvres et son regard foncé par le désir me trouble plus encore que d'habitude. Je n'ai jamais vu personne d'aussi sexy.

Il approche et prend un de mes seins en coupe.

- Edward je dois me doucher, je pue.

- Non bébé. Tu as l'odeur de la victoire, ricane-t-il.

J'éclate de rire et j'essaie de me dérober mais mon corps est trop engourdi. S'il ne m'aide pas je ne pourrais jamais me débarrasser de ma culotte.

- Edward, je lui montre ladite culotte pour qu'il s'en charge.

Ses yeux brillent et ses poings se ferment.

- Je suis ton serviteur.

Il ancre ses pupilles aux miennes, se saisit du tissu et déchire la culotte avec un plaisir bien visible.

Ses lèvres fondent sur les miennes. Il attrape ma nuque pour me rapprocher plus encore si c'est possible.
Sa langue entre dans ma bouche et nous gémissons de concert.
J'ai l'impression de flotter.

Quand il prend ma fesse, j'ai mal. Je ne peux retenir une plainte.

- Merde ! Pardon bébé.

Il est désemparé, il ne sait plus où me toucher.

- Viens, l'eau chaude te fera du bien.

Bien que son désir soit puissant, Edward se retient et se fait doux.
Il retire l'élastique de mes cheveux et entreprend de me laver la tête.

Je souris.
Il est tendre, attentionné. L'eau chaude et ses caresses me détendent.

Ses mains descendent sur mes épaules, puis sur ma poitrine. Je geins un peu quand ses doigts serrent mes tétons et plus encore quand il vient les sucer.
Il m'embrasse et ses doigts courent sur moi avec la pression exacte pour ne pas me faire mal.
Puis sa main se pose sur mon pubis. Il plante son regard dans le mien.

- C'est ça que tu veux bébé, demande-t-il avec une voix de velours un peu rauque.

Son doigt s'agite lentement.

- Putain oui, je souffle en renversant ma tête en arrière.

Avec une lenteur sans borne et presque insupportable, il entre un doigt en moi. Un gémissement plus aigu s'échappe de mes lèvres.

- Comme ça ? souffle-t-il.

- Oui… , je ferme les yeux pour me laisser aller.

Je ne sais plus ni où je suis, ni qui je suis. Mon esprit s'évade, absolument concentré sur le plaisir qu'il me procure. Edward a se pouvoir sur moi, me faire perdre la tête et je crois qu'il n'y a rien de plus au monde qui me donne une telle satisfaction, une telle plénitude.

Je soupire comme son doigt va et vient langoureusement, ma respiration devient plus hachée. Même si je ne le vois pas, je sens son regard sur moi.
Ses lèvres viennent embrasser mon ventre et mon désir se fait plus pressant. Elles descendent son mon pubis. Tous les muscles de cet endroit précis se tendent au supplice. Je gémis plus fort.
Je sais ce qui m'attend et je grogne d'anticipation. J'adore qu'il me déguste parce que je sens qu'il adore le faire.

Sa bouche embrasse mon clitoris et je suis perdue. Sa langue me caresse, il entre un deuxième doigt en moi. Mes mains se perdent dans ses cheveux, tantôt les caressant, tantôt les serrant.
Il soulève délicatement ma jambe pour la poser sur son épaule.

Il sait que je suis au bord de la jouissance. Il sent tous mes muscles contractés sous ses doigts, il entend clairement dans mon souffle que je veux plus.
Alors ses mouvements se font plus appuyés. Sa langue se fait plus exigeante et affole tous mes sens.

J'explose dans un cri aigu, plus tout à fait consciente de ce qui m'entoure. Le plaisir se propage dans tous mon corps, il me foudroie littéralement.
Je sens les baisers d'Edward qui remontent sur mon ventre, je sens son souffle dans mon cou, je sens qu'il me regarde mais je suis incapable d'ouvrir les yeux. Je suis partie loin, et je mets un certain temps à reprendre mes esprits.

Lorsqu'enfin j'ouvre les yeux, Edward est devant moi et me dévisage comme si j'étais une déesse. Un sourire fend mon visage.
Je l'embrasse avec ferveur.

- Je t'aime Edward, je murmure sur sa bouche.

Notre baiser se fait plus fougueux.

Je mets ma main sur son érection et il râle de plaisir.

- Bella… je vais te faire mal si…

Sa phrase meurt dans un soupir alors que ma main monte et descend sur son sexe. J'essaie de me baisser mais je geins un peu.
Il me retient.

- Bella non... dit-il fermement.

Je réfléchis une seconde pas. J'enlace Edward et je me retourne. Je place mes mains en appui sur le mur carrelé et j'écarte un peu mes jambes.

- Viens, je demande.

- Bella, grogne-t-il.

- Viens ! j'exige en me cambrant davantage.

Ce n'est plus une demande c'est un ordre et je sais qu'il ne me résistera pas. Il pose ses mains sur mes hanches et s'enfonce très, trop lentement en moi.

- Bella… , il gémit. Dis-moi si je te fais mal.

- Oui, je gémis en retour.

Je creuse un peu plus mes reins. C'est un peu douloureux, mais la douleur n'est rien comparée au plaisir qu'il me donne.
Ses va-et-vient sont doux, il se retient.

- Plus fort, je souffle.

Il accélère un peu mais je veux plus. Alors j'imprime moi-même un mouvement plus rapide.

- Bella… , se plaint-il.

Je prends sa main sur ma taille et la pose là où je veux qu'il me fasse du bien.

- Putain !

Je crie sous chacune de ses poussées, incapable de me maitriser.
Ses râles de plaisir augmentent encore mon excitation. Il va venir, lui non plus ne maitrise plus et c'est incroyablement bon de le sentir s'abandonner ainsi.
Nos doigts emmêlés massent mon clitoris plus durement.

La tension monte rapidement et à son paroxysme, de nouveau, je décolle dans un éclat d'étoiles pétillantes alors qu'il se déverse en moi.
Nous restons quelques secondes sans bouger, lui contre mon dos, son souffle erratique sur mon épaule.

Quand enfin, nous nous regardons, nous éclatons d'un fou rire difficilement maitrisable.
Parce que tout stress a disparu, parce que ce que nous vivons semble être toujours plus fort, parce que nous nous aimons, parce que nous sommes heureux tout simplement.

¤ Edward ¤

Notre plaisir assouvi, je passe de la pommade sur les endroits douloureux du corps de Bella.

Ma Bella !

Je retrouve cette étincelle particulière, celle qui lui est tellement propre, celle qui fait qu'elle ne ressemble à personne, celle qui lui faisait défaut ces dernières semaines.
Je ne sais pas du tout si son état va maintenant se stabiliser ou si c'est juste l'adrénaline du combat qui la rend si « elle-même » mais je suis foutrement heureux de la voir ainsi et je profite de chaque instant.

Nous retournons à ma voiture. Je m'empresse de lui ouvrir la porte côté passager. Elle roule des yeux et sourit comme si c'était ridicule mais je suis fait ainsi. Je ne peux pas m'en empêcher.
Je veux prendre soin d'elle de toutes les façons possibles.

Je mets le contact et elle s'étire de tout son long en baillant. Non ce n'est pas très délicat mais j'adore.

- Je suis rincée, dit-elle. Et morte de faim.

- Ça tombe très bien, je souris de toutes mes dents.

Elle me lance un regard suspicieux.

- Edward… ne me dis pas que tu as prévu d'autres choses ?

- Bien sûr que si, je réponds sûr moi.

Mon sourire malin ne se départ pas de mes lèvres.

- Tu sais que je déteste les surprises ! râle-t-elle en me faisant un regard noir

- Dis que tu n'as pas aimé boxer.

Elle croise les bras et s'enfonce dans son siège.
Je pourrais croire qu'elle boude mais d'abord, ce n'est pas son genre, et ensuite, je vois bien qu'elle n'est pas si contrariée.
Je souris de plus belle.

Bien sûr ma voiture est décapotée. Le soleil chauffe et l'air nous fait du bien.
Bella a encore les joues rouges, quelques mèches de ses cheveux s'échappent de sa queue de cheval. Elle est accoudée à la portière dont la fenêtre est baissée. Elle chantonne sans que je ne l'entende vraiment le morceau qui passe sur l'autoradio, elle a l'air sereine, elle a même l'air heureuse. Elle est divine.

Ses yeux perdus sur la route ne sont pas maquillés, ils le sont rarement. Elle a revêtu le petit short en jean moulant et le débardeur noir un peu large (un de ceux qui laisse entrevoir une toute petite partie de la dentelle de son soutien-gorge) que je lui avais préparé. Ses jambes fines et halées sont une vraie tentation, sa bouche pulpeuse et rosie par les baisers que je lui ai donnés plus tôt tout autant.
Elle est belle à se damner. Je pose ma main sur sa cuisse et elle sourit.

J'ai envie de lui dire que je l'aime, que je suis foutrement heureux d'être avec elle là tout de suite mais aussi tous les jours que nous vivons.
Mais ces paroles me semblent dérisoires. Nous le savons, l'air est empli de notre bien-être.

Je m'arrête devant un fast-food mais pas n'importe lequel. Celui où nous avons passé notre premier rancard non officiel.
Il n'était surtout pas officiel d'ailleurs et ce jour-là, comme souvent au début de notre rencontre, je n'aurais pas parié un centime sur le fait qu'elle accepte de me suivre.
D'ailleurs elle avait tout de même émis une condition, elle voulait payer la note. J'étais un peu contrarié parce que ce n'est pas dans mon tempérament, surtout lors d'un rendez-vous, mais je n'en avais rien laissé paraitre. Je crois que cette attitude lui avait plu.

Nous nous étions battus dans la rue et je l'avais amené boxer pour la première fois. Elle avait choisi elle-même de manger un hamburger et aujourd'hui que je la connais mieux, ce choix me semble invraisemblable. Je ne savais pas à cette époque qu'elle s'appliquait à choisir sa nourriture bio, à éviter de manger de la viande. Mais elle s'était régalée.
Et même si elle était pugnace à me résister, j'avais passé une bonne soirée. Je la découvrais petit à petit et ce que j'apprenais me donnait toujours envie de plus.

Elle reconnait l'endroit immédiatement. Je lis sur son visage son émotion. Ses yeux brillent, elle semble ravie et peut-être un peu émue.

- Burger ? je demande connaissant déjà la réponse.

- Oui ! dit-elle d'un air ferme. Mais c'est moi qui paye !

J'éclate de rire. Je me doutais qu'elle voudrait payer je lui tends son sac à main dans lequel se trouve bien sûr son porte-monnaie. Non je n'ai rien oublié et je me félicite mentalement pour ça.

Je sors du véhicule et je cours vers la portière de Bella mais comme d'habitude, elle est déjà sortie. Je me sens ridicule et je frotte mes cheveux. Elle rit franchement et nous entrons dans le restaurant. Je n'arrêterais jamais d'essayer de lui ouvrir la porte.

Elle commande un burger plein de fromage, des frites et un soda. Je commande la même chose en double.

- Est-ce que tu te rappelles à quel point j'ai galéré avec toi au début ?

Elle appuie ses coudes sur la table et croise ses bras. Elle me regarde avec un air espiègle.

- Ce n'était pas très compliqué de te résister, dit-elle comme une évidence.

Je mets les mains sur mon cœur et grogne comme si elle m'avait planté une flèche dans la poitrine.

Elle se marre. Putain que ce rire m'avait manqué !

- En réalité, commence-t-elle. Plus je te connaissais et plus c'était difficile.

Elle baisse la tête.

- Je crois que je me battais surtout contre mes sentiments. Et… je me sentais faible de me laisser aller avec toi.

Mon regard s'attendrit parce que c'est la première fois que nous parlons de notre rencontre de cette façon.

- Tu es tout sauf faible Bella, j'argue.

- Je le suis parfois.

Elle baisse encore un peu plus les yeux et je lui prends la main parce qu'il est hors de question qu'elle se rabaisse.

- Oui parfois, j'insiste fort sur ce mot et elle relève la tête. Tu as le droit d'avoir des moments de doutes ou de faiblesse appelle ça comme tu veux. Mais ces moments ne te définissent pas. Tu es bien plus forte que le commun des mortels et si tu flanches parfois, alors quoi ? Qu'est-ce qu'il va se passer ?

Elle secoue la tête de droite à gauche. Je serre plus fort ses doigts.

- Tu vas te relever Bella, parce que tu te relèves toujours. Montrer ses faiblesses n'est pas un tort, c'est juste une étape. On a tous besoin de baisser les armes parfois.

Ses yeux sont amplis de conviction quand elle lance.

- J'ai beaucoup de chances de t'avoir rencontré Edward.

- Ce n'est pas de la chance, tu m'as choisi. Tu ne m'as pas laissé entrer dans ta vie par hasard. Tu savais que je serai bon pour toi.

- C'est sûr, elle rigole. Mais j'ai beaucoup de chance que tu te sois accroché. Je ne sais pas ce qui t'a poussé à ça parce que franchement quand j'y repense j'ai envie de me mettre des tartes !

Je repense à notre première relation sexuelle (on ne peut pas dire que nous avions fait l'amour même si ce que j'avais ressenti était très fort) dans l'entrée de son immeuble et la façon dont elle m'avait claqué la porte au nez.
Ce soir-là j'étais bien décidé à la sortir de ma vie.

- Plus d'une fois j'ai décidé de ne plus te revoir. Tu étais dure, vraiment très dure.

Je lui fais un sourire pour ne pas la culpabiliser. Elle prend ma main sur la table et mord sa lèvre.

- Mais c'était toi Bella. Ça a toujours été toi. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite mais tu m'as attiré comme personne ne l'avait jamais fait et c'est toujours vrai aujourd'hui.

Ses yeux s'humidifient.

- Quand je t'ai dit que je n'avais jamais rien vu d'aussi beau que toi, je ne parlais pas seulement de ton physique, je parlais de toi tout entière. Tout me plait chez toi Bella, près de toi je me sens exactement à ma place.

Je suis ému moi aussi je dois l'avouer. Je serre sa main et la caresse avec mon pouce.

- Ça a toujours été toi Edward, commence-t-elle doucement. Même au tout début je n'arrivais pas à te sortir de ma tête.

Elle rigole en se remémorant quelque souvenir.

- Quoi que je fasse, tout me ramenait à toi. J'ai longtemps refusé de m'écouter parce que ce que je ressentais était dérangeant mais en même temps c'était tellement fort.

Bon sang j'adore qu'elle me décrive ce qu'elle pensait de moi. J'adore savoir qu'elle aussi, dès le début avait senti quelque chose de spécial entre nous.
Ses pupilles s'ancrent aux miennes intensément.

- Quand je te regarde, quand je sens ton odeur, quand je touche ta peau ou que tu me touches, quand tu ris, quand... tu m'embrasses...

Sa langue passe sur ses lèvres furtivement.

- Je sais que je suis exactement où je dois être, je sais que ma place est près de toi.

Nos regards ne se lâchent pas et une putain d'étincelle passe entre nous. Je ne vois plus quelle, toute le reste a disparu.

- Et puis, ajoute-t-elle plus détendue. Tu es encore plus têtu que moi, rit-elle.

Et sur son rire, nous finissons nos burgers en parlant de sujets plus légers.

Son regard est plus assuré, même son ton retrouve sa détermination.

¤ Bella ¤

En sortant du fast-food j'ai l'estomac bien plombé mais je me sens ragaillardie.
La nourriture a nourri mon corps, la boxe a nourri mon mental et les paroles d'Edward ont nourri mon esprit.

Je ne sais pas ce qu'Edward a prévu pour la suite mais je sais qu'il a prévu autre chose et je sens qu'il va encore m'étonner.
Je suis prête, je n'ai même plus envie de résister.

- Tu te sens bien ? demande-t-il.

- Je me sens plus que bien !

- Ok bébé, sourit-il.

La voiture démarre dans un vrombissement. Je regarde ses longs doigts sur le volant, sa main sur ma cuisse, son sourire satisafait, ses cheveux s'agiter dans tous les sens par le vent.

Je me sens foutrement bien !

Je ne me demande même pas quelle sera notre prochaine étape. Je dois dire qu'Edward me surprend d'une façon agréable et pour une fois, j'ai bien envie de me laisser aller sans chercher à comprendre.
Cette idée fait son chemin dans mon esprit quand la voiture s'arrête.
Mon cœur s'emballe.
Je regarde Edward, je regarde la devanture du salon, puis encore Edward.

Putain ! Il sait vraiment me surprendre !

- Il me semble que tu as quelque chose à finir, sourit-il avec tendresse.

Je lève les bras au ciel en criant un « wouhou ! » et en tapant des pieds.

Après tout ce temps, je vais enfin reprendre ce que j'aime le plus au monde. Ce qui fait de moi qui je suis.

- Je vais finir ton tatouage beau gosse ! je dis toute excitée.

Je saute de la voiture et c'est presqu'en courant que j'arrive devant le salon de Carmen.
Quand j'entre une foule de souvenirs m'assaille et serre ma poitrine. C'est un sentiment étrange mais il ne s'agit pas de peine ou de nostalgie. Je suis heureuse, franchement et pleinement heureuse.
Les années que je vivais quand je tatouais ici n'était pas les plus tendres mais dès que je mettais un pied dans ce salon, tout disparaissait.
J'étais concentrée sur ma tâche, sur l'apprentissage, sur les mains de Carmen qui guidait la machine, sur un modèle que nous élaborions ensemble, sur la façon dont elle parlait aux clients.

Je ne peux pas croire que j'ai la chance de rependre mon activité en ce lieu. Il signifie pour moi l'évidence que tout est possible, que la vie peut être merdique ou pire, il y a toujours une solution de s'en sortir. Le prix à payer est parfois cher mais le résultat en vaut toujours la peine.

Je me tourne vers Edward mais je suis sans mot. Mon corps pétille d'excitation.

Il s'approche les mains dans le dos et je ne comprends pas trop pourquoi ses yeux comme son attitude sont hésitants.

- J'ai une dernière surprise ma Bella, murmure-t-il.

Le silence est lourd. Je me demande de quoi il parle parce que son ton est sérieux mais j'attends en trépignant d'impatience.
Il me tend un album, grand et épais. Mes mains tremblent. Je n'ose pas le toucher.

- Je t'assure que c'est ma dernière surprise, sourit-il.

Ma bouche s'ouvre mais rien n'en sort, mes yeux passent d'Edward à l'album.

Je m'en saisis avec beaucoup de précautions. Je devine ce qu'il contient et j'ai vraiment du mal à y croire. Je l'ouvre doucement.

C'est bien ça. C'est l'album de tous mes tatouages. Forcément, ce n'est pas exactement le même que celui qui a brulé dans l'incendie mais toutes les photos y sont, classées par thème qui plus est.

De plus, il a pris soin d'ajouter une jolie couverture. Mon prénom y est écrit en belles lettres entrelacées dorées sur un fond bleu nuit. Elle est magnifique de simplicité, tout ce que j'aime.

- Tu… les mots me manquent. Comment as-tu ?

Il sourit de plaisir.

- Je n'y suis pas pour grand-chose, j'ai juste imprimé les photos et acheté un album.

- Emmett ? je demande comme une évidence.

- Lui-même ! Il a gardé toutes les photos de tes tatouages sur un cloud. Et c'est lui qui a dessiné la couverture.

- Bon sang ! Toutes les photos même les plus anciennes ?

- Absolument toutes.

Mes sentiments me débordent. Je ne suis pas triste, je suis loin de l'être, mais empêtrée entre la confusion, la gratitude, l'émotion, l'excitation.
Edward me prend dans ses bras et je lui rends son étreinte en le serrant fort. Sans que je ne le veuille ou que je cherche à l'arrêter, une larme dévale ma joue.

Il me regarde, prend mon visage en coupe et embrasse les trainées humides sur mes joues avec un sourire.

- Merci.

Je ne peux pas dire autre chose. Il m'embrasse avec douceur.

- Et maintenant, sourit-il mutin.

- Maintenant déshabille-toi, je lance avec entrain.

Il éclate de rire et nous entrons dans la cabine, légers et heureux.

Edward est installé à califourchon sur le siège. Les couleurs sont prêtes. La bécane est dans ma main. J'ajuste la position de mes doigts.
Je prends mon temps avant de la mettre en marche.

Est-ce que je sais encore tatouer après tout ce temps ?
Je me force à sortir cette idée de ma tête. Je souffle profondément pour me détendre.
Quand enfin j'allume la machine, je n'ai plus aucun doute. Je la maitrise sans réfléchir. L'aisance et la souplesse reviennent comme si j'avais tatoué la veille.

La peau d'Edward est parfaite. Elle absorbe l'encre, elle est douce. Je le caresse doucement avec ma main libre pour essayer d'atténuer un peu la douleur.
Comme d'habitude il ne râle pas. Seules ses mains qui s'accrochent au siège trahissent sa souffrance.

Je suis dans ma bulle. Concentrée comme jamais, satisfaite et comblée d'une façon parfaite.
J'apprécie toutes les sensations agréables qui font que j'aime tatouer et qui m'avaient cruellement manquées.

Le téléphone d'Edward sonne et vient troubler le moment. J'éloigne la machine de son dos.

- Hey mon pote !

Je devine dans la seconde qu'il s'agit d'Emmett à la façon dont Edward parle. Mon cœur se serre. Il ne m'appelle plus beaucoup, il appelle Edward.
Je ne peux pas lui en vouloir je réponds rarement au téléphone.

Edward se marre.

- Ouais on est au salon de Carmen.

- …

- Oui, oui, tout va bien.

Il se tourne vers moi et me lance un clin d'œil.

- Merci Emmett.

- …

- A bientôt.

Il coupe la conversation et une idée fait son chemin.

Je regarde le dos d'Edward et j'ai vraiment bien avancé. Encore deux séances et le tatouage sera complètement terminé.

Mais depuis combien de temps sommes-nous là ?

- Bella, ça fait deux heures passées qu'on est là… je ne veux pas faire mon rabat joie mais peut-être que ça suffit pour aujourd'hui non ?

Portée par mon élan, je n'ai pas vu l'heure passer.

- Bien sûr !

Je nettoie le tatouage avant de le montrer à Edward.

- Putain il est juste…, il cherche ses mots. Juste parfait !

Ses yeux ne quittent pas le reflet du miroir et je suis non seulement contente qu'il apprécie mon œuvre mais aussi fière de moi.

- Merci bébé, murmure-t-il admiratif.

- C'est mon job beau gosse, je réponds d'un air détaché sur-joué.

Nous rions, encore un fois débordés par tant de joie.

Je range le matériel pendant qu'il se rhabille.

- Alors ? Quelle est la prochaine surprise ? je demande.

J'aimerais que cette journée ne finisse jamais. D'autant plus que je sais qu'il n'y a plus de surprise et que la prochaine étape est le diner avec Jasper et Alice.

Il s'approche et enlace ma taille.

- On va diner avec Alice et Jasper. On ne les a pas vus depuis longtemps et on va passer une très bonne soirée, dit-il déterminé.

L'optimisme omniprésent d'Edward me gagne.
Oui on peut voir les choses sous cet angle. Je sais et il sait que ce ne sera pas forcément le cas mais il a raison. Je me réjouis de les revoir, ils m'ont manqué.

Cette journée particulière m'a prouvé qu'il n'y a rien que je ne puisse surmonter.

- On a encore un peu de temps.

- Qu'est-ce que tu as en tête ? demande-t-il en laissant trainer sa main sur mes fesses.

Je souris. Ce type n'est jamais rassasié, une vraie machine.

Je tape légèrement son bras.

- Non pas ça.

- Pas quoi ? il demande en raffermissant sa prise.

Incorrigible.

- Je veux passer voir Emmett.

Il lâche ma fesse dans la seconde.
Il m'observe.

- Je me sens bien Edward. J'ai vraiment envie de voir Emmett.

Son visage s'éclaire.

- Très bonne idée.

¤ Edward ¤

Cette journée ne pourrait pas être meilleure.

Je me félicite mentalement pour mes bonnes idées même si je lui ai juste donné un coup de pouce, de mon point de vue c'est elle qui a tout fait.
En définitive, c'est elle qui me surprend. Sa force ma surprendra toujours.

Quand nous arrivons devant chez Rosalie, je sens ma Bella se tendre un peu. Je pose ma main sur sa cuisse pour l'apaiser.

- Emmett va mieux Bella.

Elle me sourit avec reconnaissance. C'est vrai, je lui parle souvent au téléphone, lui ou Rosalie, je vais les voir plus souvent que Bella et son traitement est très efficace.

Il a eu la chance rare de se faire opérer dès l'apparition de la tumeur. De plus, l'intervention s'est très bien déroulée. Les médecins ont pu tout enlever. Pour plus de sûreté et parce chez les personnes jeunes le cancer peut être plus invasif, il a une surveillance étroite et un traitement un peu lourd. Il a eu quelques effets secondaires, de violentes nausées, migraines, une fatigue extrême. Il doit tout de même attendre que les contrôles soient positifs pour être sûr qu'il n'a pas besoin de séance de radiothérapie mais les médecins sont confiants.

J'avoue avoir eu du mal à le voir dans cet état si éloigné du Emmett que je connaissais. J'ai eu du mal à accepter. Mais je savais que mes visites même courtes les soulageaient l'un et l'autre.

Rose a toujours été là. Elle a accepté sans sourciller qu'il passe sa convalescence chez elle. Elle ne se doutait pas de la charge mentale ou physique que cela impliquait mais elle l'a fait sans se plaindre une seconde et toujours avec le sourire. Du moins un sourire de façade parce que je sais qu'elle a beaucoup souffert d'être si impuissante face à l'état d'Emmett.

Bella prend ma main comme nous avançons vers l'entrée.
J'aime qu'elle ait besoin de moi c'est un fait. Être ensemble face aux bons ou mauvais moments est pour moi ce qui fait le ciment d'un couple. Je veux qu'elle sache qu'elle peut compter sur moi toujours. J'espère lui avoir prouvé plus qu'à mon tour.
Elle parvient maintenant à se reposer un peu sur moi mais au fond, je suis convaincu qu'elle pourrait le faire seule.

Rosalie ouvre la porte. Ses yeux s'agrandissent, sa bouche tombe mais elle se reprend dans la seconde et un grand sourire éclaire son visage.

- Génial ! s'exclame-t-elle. Emmett ! On a de la visite !

Elle agite son bras pour nous faire signe d'entrer. Bella avance la première. Rosalie la toise un instant, sourit et l'embrasse.
Elle se tourne vers moi tout sourire. Elle m'enlace et je sens son soulagement.
Les derniers jours n'ont pas été faciles pour elle. Chaque fois que je passe les voir, elle a besoin de me serrer et que je la serre en retour. Elle a besoin de soutien et de réconfort.
C'est rare et je suis fier qu'elle me fasse assez confiance pour se laisse aller avec moi.

- Bella ! lance Emmett.

Son visage s'éclaire, ses yeux brillent de joie, il se lève tout excité et la prend dans ses bras aussitôt. Ses traits sont tirés, il est un peu amaigri et assez pâle mais la visite de Bella lui remonte visiblement le moral.
Bella échappe un sifflement de douleur. Malgré la pommade, ses membres vont rester engourdis un moment.

- Qu'est-ce que t'as encore fait ? gronde-t-il gentiment en se détachant d'elle.

Elle lève les mains devant elle en signe de paix.

- Rien ! J'ai juste mis une raclée à Jacob, sourit-elle malicieuse.

Emmett éclate de rire suivi de près par Bella. Ils s'assoient côte à côte et commencent à discuter gaiement. Je m'installe discrètement près de Rosalie.
Emmett tient absolument à voir mon tatouage. Il s'extasie sur la précision et la délicatesse des traits.
Ils parlent technique et Rosalie et moi les regardons parce que c'est foutrement bon de les voir ainsi. Foutrement bon de les voir aussi complices qu'au premier jour, sans tension ni faux semblants.

- Merci pour l'album Emmett. Je savais pas que tu avais gardé toutes mes photos de tatouages.

Il balaie ses remerciements d'un geste de la main comme si ce qu'il avait fait était tout à fait normal alors qu'il est d'une bienveillance sans borne pour elle.

- T'inquiète beauté c'est vraiment pas grand-chose.

Il ébouriffe les cheveux de Bella et elle râle. Il se moque gentiment.

- T'as l'air d'aller bien, lance Bella.

Si sa remarque est faite sur un ton léger, je sais qu'elle lui coute et que forcément, la réponse l'inquiète un peu. Emmett prend sa main et la regarde avec tendresse.

- Je vais vraiment mieux Bella, son ton se veut rassurant. Même moi je n'en reviens pas. Je supporte mieux le traitement. Ces médecins sont géniaux.

Il donne le change d'un air jovial. Évidemment il est ravi que l'opération se soit bien passée mais il doit encore attendre le bilan de ses contrôles avant de crier victoire.
Je sais qu'il est inquiet et je vois qu'il le cache très bien.

- Bien sûr faudra toujours que je me fasse examiner régulièrement mais ça va c'est pas trop chiant. Les infirmières sont pas mal à l'hôpital.

Il lance un sourire malicieux à Rosalie qui fait les gros yeux mais ne s'offusque pas. Elle connait l'humour d'Emmett et il faut croire qu'elle s'y est résigné.

- Ma Rosie m'a beaucoup aidé… elle m'a plus qu'aidé, elle m'a porté.

L'amour est dans l'air. Il passe dans leurs regards attendris dans lequel trainent des étoiles. Mais Emmett tape fort dans ses mains et rompt le moment romantique.
Nous sursautons tous.

- D'ailleurs faut qu'on vous annonce une nouvelle !

Emmett sourit comme un gamin à la veille de Noël.

C'est vrai qu'il est en forme, plus encore que la dernière fois que je l'ai vu.
La présence de Bella n'y est pas pour rien je suppose mais j'ai bon espoir pour la suite de ses contrôles. J'ai très envie de croire qu'une fin heureuse est possible et je me raccroche à cet optimisme de toutes mes forces.

Rosalie vient se placer près de lui.
Je suis un peu soufflé, tout ça parait très officiel... Est-ce que je comprends bien ce qui se passe ?

- Mes agneaux, commence Emmett. Je vous en avais déjà parlé…

Le suspense est à peine soutenable. D'autant plus que je crois deviner la suite.

- Rosie et moi allons nous marier ! Elle a dit oui ! s'exclame-t-il avec tout l'enthousiasme dont il est capable.

Je ne réagis pas, Bella non plus.
Nous sommes scotchés, l'un et l'autre abasourdis par la nouvelle. Je reprends mes esprits le premier.

- Emmett, tu…, je commence sur un ton (trop) sérieux.

- Je sais ce que vous pensez les gars, me coupe-t-il en agitant ses mains devant lui. Ce n'est pas le bon moment. Il y la maladie, il y a l'incendie. Mais c'est bon ça va, moi je vais bien. Et toute cette affaire avec le salon va se régler tôt ou tard. Ce n'est que du matériel.

Je sais qu'il ne pense pas que le salon soit « juste » du matériel. Je sais qu'il est inquiet à propos de tout ça. Je comprends aussi qu'il décide d'être optimiste et de croire en des jours meilleurs.

- La vie est courte les amis. Il faut faire ce dont on a envie tant qu'on peut le faire.

Le silence plane. Nous méditons ses paroles et pour ma part, je suis plus que convaincu qu'il a absolument raison.

- Et puis on va pas se marier demain, on a fixé une date dans 6 mois.

Bella secoue la tête et se lève. Elle se plante devant lui et le regarde durement quelques instants. Emmett semble ne pas savoir à quelle réaction s'attendre de la part de Bella.
Puis doucement son visage s'éclaire et elle fond dans ses bras.
Emmett passe sa main dans ses cheveux.

- Je savais que tu comprendrais ma beauté.

Elle se redresse soudainement.

- Que je comprenne ? Le mariage ? N'importe quoi ! elle lance avec dérision.

Tout le monde éclate de rire.

- Je comprends que tu es plus têtu qu'une mule oui ! Même Rose ne pourrait pas t'en empêcher ! blague-t-elle.

- Et pourtant j'ai essayé ! ajoute Rose.

Nous rions encore. Parce qu'après tout nous sommes heureux d'avoir une bonne nouvelle et c'est une putain de bonne nouvelle.
Emmett est juste parfait pour Rosalie. Elle ne va pas rester sur un mariage raté, elle va avancer, avec Emmett à ses côtés.

- Il y autre chose…, avance Emmett.

- Encore ? s'offusque Bella exagérément.

Emmett rit un peu et continue.

- Je sais que ce n'est pas trop conventionnel et tu sais que j'aime ce qui l'est, il s'adresse à Bella.

Elle roule des yeux pour lui signifier qu'elle sait et qu'elle trouve ça un peu ridicule.

- Je voudrais que tu sois ma témoin Bella. Toi et Jasper.

Elle laisse passer quelques secondes avant de répondre.

- Moi ? Déjà tu m'obliges à aller à un mariage et en plus tu veux que j'y participe ?! s'étonne-t-elle avec humour.

Emmett rigole doucement.

- Pourquoi ce n'est pas conventionnel ? elle demande tout à fait sérieuse à présent.

Non Bella ne connait vraiment rien au mariage.

- Eh bien parce que normalement, un homme qui se marie doit choisir un homme comme témoin, pas une femme.

- Aaaaah…

Non elle ne comprend pas pourquoi mais fait comme si. Elle souffle exagérément.

- Je vais faire de mon mieux, dit-elle avec un air dramatique comme si tout ça la dépassait et je crois sincèrement que c'est bien le cas.

Emmett passe son bras sur son épaule.

- Petite sœur, lui dit-il avec affection.

Ils se sourient avec affection. Nous sommes tous un peu émus et légers en même temps.

- Edward, commence Rose.

Oh putain…

- Tu es mon meilleur ami depuis des siècles… pour le meilleur et pour le pire, souffle-t-elle comme si elle vivait plus souvent le pire que le meilleur avec moi.

L'ironie de son ton ne m'échappe pas. Je frotte mes cheveux parce qu'elle me rend nerveux.

- Je voudrais que ta sœur et toi soyez mes témoins.

Je suis touché. Et je suis foutrement fier qu'elle ait pensé à moi pour une tâche qui me ressemble si peu.

- Bien sûr Rose.

Ma réponse fuse, je n'hésite pas une seconde. Je veux vraiment être le témoin de Rose. Je ne sais pas encore vraiment comment je vais m'y prendre mais je vais trouver. Elle vient m'enlacer et je suis heureux, même si je ne sais pas vraiment dans quoi elle me fourre.

Nous regagnons la maison, plus insouciants que jamais.

- Ils sont dingues, lance Bella.

- Oui ils le sont…

Je n'arrive pas vraiment à réfléchir à tout ça. C'est soudain et ahurissant.

- Le mariage… quelle drôle d'idée...

Je ne suis pas vraiment d'accord avec elle.
Pour moi le mariage est un engagement de plus. Il prouve qu'on n'a pas peur d'être avec la personne qu'on aime. Il prouve un attachement différent, plus fort.
Mais je n'épilogue pas. Ce n'est pas le moment.

Nous arrivons chez nous et nous commençons à préparer le diner.

- Emmett est quand même très fatigué, commence Bella d'un air sombre.

J'acquiesce.

- Il est plus fatigué qu'il ne le laisse paraitre.

- Je sais.

Elle n'est pas dupe et connait Emmett mieux que personne. Elle a très bien capté qu'il donnait le change pour ne pas l'inquiéter.

- J'ai pas assuré de ne pas être allée le voir.

- Non Bella mais…

- Mais j'irais dorénavant.

Ses yeux sont sur les légumes qu'elle découpe. Elle n'attend pas de réponse, comme si elle parlait pour elle.

- J'irais plus régulièrement. Ça lui a fait plaisir de me voir et ça m'a vraiment fait plaisir aussi, sourit-elle.

Elle ne se résigne pas, elle constate simplement. Ce qui est fait ne peut pas être changé mais elle peut choisir ce qui va se passer maintenant.

Elle tourne enfin son visage vers moi et me sourit, visiblement soulagée. Elle est là, elle est entièrement avec moi. Son regard est plus sûr, ses paroles plus déterminées, son attitude est plus légère, moins accablée.

Nous ne voulons pas assombrir notre humeur même si les angoisses de ce soir nous reviennent. Alors nous nous moquons un peu de nous qui allons être témoins pour la première fois de notre vie et qui ne savons pas ce que ça implique.

Je détends l'atmosphère en passant de la musique. Nous chantons un peu.

Enfin, la sonnette de la maison tant attendue retentit.

Alice et Jasper sont là.

Mon regard va droit dans celui de Bella.

Je n'y vois aucun doute, j'y vois toute sa détermination.

Je suis rassuré… pour l'instant.