NDA 13/08/23: Bonsoir à tous, merci pour les précédentes reviews, ça me touche énormément. Atomerunner, c'était une surprise très agréable, je suis ravie que l'histoire te plaise, et j'espère que la suite te donnera tout autant envie! SunsetNo, tu es officiellement ma plus grande lectrice, et tu es folle, mais j'adore!

Au passage, certains l'auront vu, la fic passe en rating M, parce que ça va partir dans des zones de turbulences, et que je ne veux pas d'ennuis.

Pour ce chapitre, je vous conseille une petite écoute, qui démarre, dans les faits, au précédent, et se poursuit encore ici. Il s'agit du morceau classique "Miserere" de Gregorio Allegri. Ceux qui trouveront au passage, la référence, auront un cadeau!

Bonne lecture à tous!


Chapitre 22 : Le sens du sacrifice.

Harry fut le premier à réagir.

L'expelliarmus avait d'ailleurs quitté sa baguette avant même qu'il ne le prononce. Mais le sort ne repoussa absolument pas la bête hideuse, dont les crocs, qui faisaient probablement la taille d'un bras humain, approchaient dangereusement de Sacha.

Cette dernière ne voyait toujours rien. Perdue dans son monde intérieur, loin de tout et de tous. Et avec lui. Lui qui était là, au-dessus d'elle, qui l'attendait, lui tendait les bras. L'appelait. Meleth nin. Cet inconnu lié à son âme. Il n'y avait que lui. Lui, et sa douleur.

Le sort frappa la gueule noire de la créature, mais ne la fit même pas ciller. Et un juron plus tard, Harry lançait un nouveau sort, tandis que les membres de leur groupe de fortune s'éparpillaient tout autour.

« Accio éclair de feu ! » Hurla le garçon en se rapprochant du vestiaire au mieux.

« Ary, stop, ce n'est pas un dragon, tu ne pourras pas la récupérer comme ça ! » Mais la réclame de Fleur ne fut pas écoutée.

Harry enfourcha le balai dans un sifflement, et s'envola aussi sec en direction de Sacha et de la bête. Fleur leva sa baguette, mais Cédric l'en empêcha.

« Non, il attire l'attention de ce truc ! » Tournant la tête pour voir un peu qui il avait à portée… Cédric déglutit. Ce n'était pas comme la première tâche. L'œuf d'or n'avait aucune valeur à côté de la vie de sa cousine. C'était une vie. Précieuse. Fragile. Et le monstre qui était bien décidé à en faire son diner n'avait rien d'un dragon.

Pour ainsi dire, il ne savait absolument pas ce que c'était.

Un hurlement aigu, effroyable, le fit grimacer. La créature avait tourné la tête vers Harry, qui lui lançait toutes sortes de sorts offensifs à hauteur des yeux, pour détourner la gueule carnassière de sa victime. En voyant le monstre claquer des dents à quelques millimètres du balai le plus rapide du monde, le constat qu'ils allaient devoir travailler de concert se fit. Il fallait réfléchir. Et vite.

« Granger, combien de temps peux-tu tenir ce soleil ? » Dans la voix du brun, l'urgence était palpable.

« Je ne sais pas. Je ne l'avais jamais tenté avant. C'est… » C'était instable. Pas besoin de le dire, il le voyait. D'une main, elle tenait sa baguette, et de l'autre, elle contenait l'aura magique qui s'en échappait.

« Est-ce que ça peut exploser si tu lâches ? »

« Oui ! »

« Bien ! » Les têtes rousses se tournèrent vers lui comme un seul homme.

« T'es malade ? tu veux qu'elle nous fasse tous sauter !? » C'était Ron.

Mais dans les perles grises de Cédric était en train de germer un plan. Complètement fou, totalement même. Mais il fallait que ça réussisse. Pour Sacha, qui avait souffert toute seule, et pour tous ceux qui étaient prêts à l'aider ce soir.

« Non. J'ai un plan. Granger, tient bon le temps qu'on éloigne Sacha. Ensuite, tu relâcheras le tout ! »

« Okay ! » La lionne riait nerveusement. Elle ne savait pas pourquoi c'était ce sort là qui lui était venu en premier pour éclairer le stade. Et elle s'était sentie poussée par les chants étranges qu'il y avait tout autour. Mais elle l'avait fait. Et maintenant, elle avait une bombe entre les mains. Les garçons allaient certainement lui en vouloir en comprenant la puissance de ce truc. Leur précieux stade de Quidditch allait être balayé.

« Jordan, tu sais faire un bouclier ? »

« Evidemment ! » Rétorqua le lion aux tresses plaquées sur la tête, baguette en main.

« Alors protège Granger. » Annonça Cédric. « Weasley ! »

« Lequel ? » Demanda l'un des jumeaux.

« Les trois ! Aidez Harry à détourner l'attention de ce truc. Sorts, farces, peu importe. Il ne faut pas qu'il s'intéresse à l'un d'entre nous, d'accord ?»

Les trois rouquins ne prirent même pas la peine de répondre. D'une part, parce qu'il n'y avait rien à dire, et de l'autre, parce que Harry venait de frôler la mort suite à un coup de queue. Parce que oui, ce truc avait une queue. Ron, lui, fonça aux vestiaires à la recherche des cognards et du souaffle. Et c'est à mi-chemin qu'il eut une idée de génie.

« Accio balais des jumeaux ! Accio male de Quidditch ! » Le tout lui rentra dedans avec violence. C'était son premier essai du sort d'attraction, et il avait définitivement mal dosé. Mais peu importe. Attrapant les balais, il hurla le nom de ses frères, qui après avoir jeté des pétards surpris, se relayèrent un à un pour lancer des sorts et récupérer leur balai ainsi que ce que tendait Ron. Des battes. Leurs battes.

Maintenant, restait plus qu'à ensorceler les cognards pour qu'il vise essentiellement la créature. Mais comment faire ? Il n'en avait aucune idée. Il fallait réfléchir vite. Faire vite. Comment faisait Hermione ? Jetant un regard derrière lui pour apercevoir la brune qui maintenant le mini soleil en l'état, il fut saisi une seconde. Elle était superbe… Elle irradiait, bien plus que dans sa robe pervenche ! C'était idiot… Il n'avait jamais vu un sort comme le sien.

C'était du Hermione tout craché, sortir un enchantement inconnu des sorciers pour les éblouir. Il ne savait pas faire ça, lui. Il jouait aux échecs sorciers depuis tout petit, mais apprendre avec acharnement tous les sorts du monde, ce n'était pas son truc. Il aimait s'amuser. Il aimait la stratégie. Mais il connaissait un sort pour animer plus violemment les pièces d'un échiquier. Et si ? Il ne se posa pas plus de question.

« Ira animatum ! » Les cognards sanglés dans la malle s'en extirpèrent avec violence, arrachant leurs sangles. « Focus ! » Lança-t-il ensuite, priant pour que son idée - stupide - fonctionne. Ron dû s'aplatir brutalement au sol pour esquiver les deux balles virulentes qui prirent d'assaut la bête, frôlant les trois sorciers sur balai au passage. « Oh merde. J'ai réussi. J'ai réussi ! »

Près du reste du groupe, Cédric et Fleur avaient déjà commencé à envoyer toutes sortes de maléfices sur la bête, espérant transpercer sa cuirasse, mais sans effet. Luna ne pouvait rien faire pour le moment, et certainement pas approcher le monstre qui gesticulait dans tous les sens. Manquant d'écraser Sacha une fois ou deux.

« Les sorts ne fonctionnent pas ! Ni sur ta cousine ni sur la bête ! »

« J'avais remarqué, merci ! » Gronda Cédric, envoyant pourtant une nouvelle rasade de flamme. Il fallait penser au plus pratique. La bête ne craignait pas la magie, mais elle s'écartait désormais des cognards que les jumeaux lui renvoyaient dessus. Le brun jeta un coup d'œil aux alentours, avant de revenir vers le soleil d'Hermione.

« Cédric ! » Hurla Fleur, tout en jetant un sort du bouclier entre Sacha et la bête, qui venait de poser sa patte arrière dessus. Enfonçant le bouclier dans le sol, mais ne pouvant toucher la jeune femme toujours inconsciente.

« Les gradins ! »

« Quoi ? »

« Il faut faire s'écrouler les gradins sur lui ! » Hurla-t-il en se protégeant momentanément d'un cognard renvoyé par un coup de queue.

« Ta cousine est en dessous ! » Il jura.

Il fallait dégager Sacha de là au plus vite. Jetant un coup d'œil à Luna, sous la cape de la française, qui tenait fortement sa baguette entre ses doigts, le jaune et noir sentir son cœur battre trop vite dans son torse. Comme elle, Sacha avait toute la vie devant elle. Et pourtant, quelque chose, ou quelqu'un l'avait attiré ici contre son gré. Et elle allait peut-être se faire manger.

« Sale véracrasse mal embouchée ! » La voix masculine qui venait de hurler surprit autant Cédric que les combattant dans les airs.

La silhouette d'un garçon aux cheveux très pale était à peine visible, et pourtant, au milieu des tribunes de Serpentard, il faisait de grands signes. Le monstre ne l'avait qu'à peine entendu, mais ce fut suffisant pour que Fred s'écarte de la patte griffue qui voulait l'embrocher une demi seconde avant. Un sort jaillit de la baguette du garçon, jaune, et fila droit sur le monstre. Pour la première fois depuis le début de leur combat, la bête fut réellement touchée.

Et hurla de rage.

Laissant tomber les combattants volants, la chose noire fit craquer des ailerons dans son dos, et deux énormes ailes similaires à celles des chauves-souris se déployèrent. Prenant appui du sol, le monstre se propulsa vers les gradins des verts et argents. Sacha fut expulsée au loin par l'onde de choc, et son corps roula dans la neige, la teignant de rouge et de noir.

Il y eut plusieurs cris. Celui du blond, qui se mit à courir entre les bancs pour essayer de redescendre, jusqu'à ce qu'une patte s'abatte sur la structure et que tout s'écroule pendant sa course. Celui d'Harry, qui s'était précipité dans cette direction et venait de récupérer le garçon au vol, lui déboitant l'épaule au passage. Ceux de Fred et George, qui furent emportés par la bourrasque causée par l'envol de la bête.

Et celui de Luna, en voyant le corps de sa meilleure amie inerte au sol qu'elle rejoignit en courant. Cédric n'avait pas le temps d'aller voir Sacha. Même si le rouge qu'il avait entraperçu lui avait fendu le cœur. D'un seul regard, lui et Fleur se mirent d'accord sur la marche à suivre. Et, faisant le tour des tribunes en courant, ils enchainèrent les sorts d'explosion. Les craquements sinistres du bois se poursuivirent, en écho avec les hurlements du monstre.

Déjà bien prisonnier à cause de sa propre attaque, le monstre poussa un nouvel hurlement chimérique lorsque la première tour des tribunes vint s'écrouler sur sa tête. Puis une seconde. Et une autre… Prenant conscience que leur manœuvre avait trop bien marché, puisqu'ils étaient désormais en danger eux aussi, Fleur et Cédric se mirent à courir dans l'autre sens aussi vite que possible. Derrière eux, le monstre se débattait encore sous les tonnes de bois et de toiles qui s'écroulaient dans un fracas assourdissant.

Hermione tenait avec de plus en plus de difficulté, son soleil de poche. Ce dernier grossissait et rapetissait de manière aléatoire, son instabilité réchauffait d'ailleurs la zone et rendait la neige glissante. D'autant que le carnage orchestré par les deux champions du tournois l'avait perturbé. Elle voyait les gradins s'écrouler les uns après les autres, et cette destruction massive s'approcher de plus en plus vite d'elle et Lee.

Un nouveau crac.

Cette fois, la sorcière se rendit compte que le chant qu'elle entendait depuis le début avait cessé. Mais le silence ne remplissait pas le stade, au contraire. Ron fonça au milieu du champs de bataille, baguette à la main. Luna secouait Sacha comme elle pouvait pour la réveiller, sans succès.

« Laisse tomber, Lovegood, vaut mieux qu'elle reste inconsciente pour le moment ! » Lui cria-t-il pour couvrir le bruit autour.

Il se pencha et récupéra le corps parsemé d'ecchymoses de Sacha, prenant conscience que la peste de Poudlard était non seulement particulièrement petite, mais fragile. Il savait déjà que l'angle de ses poignets n'était pas normal, et il n'osait imaginer le reste. Même la poitrine à peine couverte ne détournait pas son attention, pour une fois. Et pourtant, il faisait partie des garçons à l'avoir commenté comme bien fournie.

« Faut se mettre à l'abri ! » Et il emporta le corps dans ses bras, entrainant Luna sur son sillage.

Fred et George s'étaient heureusement reprit, et chacun fonçait désormais sur les destructeurs du stade. Fred agrippa Cédric, le laissant grimper derrière lui, tandis que George ceinturait Fleur et l'emportait dans sa course. Harry, bien que plus rapide, suivait du mieux possible en tenant toujours Malfoy par le bras. Il n'avait pas pu le remonter, et ce dernier s'accrochait toujours au manche de l'éclair de feu de son bras valide.

À peine Ron eu passé l'estrade qui surplombait l'entrée du stade, que Cédric hurlait dans un sonorus.

« GRANGER MAINTENANT ! »

Hermione n'eut pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit. Lee Jordan, plus rapide, avait baissé le bouclier et embarqué l'adolescente dans sa course, coupant la connexion entre la baguette et l'étoile. Désormais sans magie pour la nourrir ou la contrôler, la sphère lumineuse se remit à enfler, et enfler… La neige autour fondit avec force et la température fut aussi étouffante qu'en plein mois de juillet. Lee Jura dans sa barbe.

Cédric et Malfoy firent de même. Le hurlement d'effroi qui percuta ensuite la structure déjà affaiblie du stade reparti dans l'autre sens et fit trembler l'eau du lac et les murs de Poudlard. Ron trébucha, emportant celle qui venait de se réveiller dans sa chute.

Fleur clos ses paupières avec force, serrant le bras qui la tenait sur le balai, tout en sachant pertinemment que le soleil allait les tuer sous la force de son implosion. Lee leva sa baguette, le sort du bouclier mourut sous ses lèvres sèches. C'était foutu. Une première vague de chaleur le happa, et il tomba à genoux. Derrière lui, Hermione s'était arrêtée de courir, murmurant en boucle des sorts pour essayer de reprendre le contrôle du soleil instable qu'elle avait invoqué en premier lieu.

Elle pleura lorsque la chaleur lui retourna la peau. Harry, couché sur son balai, serra l'épaule du serpentard de toutes ses forces. Fred et Cédric fermèrent les yeux d'horreur, tout en essayant de faire accélérer le vieux Comète sur lequel ils étaient. Ron couvrit de son corps les deux filles à terre dans un réflexe que sa mère aurait félicité si elle l'avait appris un jour.

Le monstre, enseveli mais toujours vivant, poussa un hurlement de douleur assourdissant. Puis… Le silence reprit enfin ses droits sur tout le stade. La lumière de l'étoile mourante cessa d'augmenter, l'ensemble se mit à rétrécir, et rétrécir, encore et encore, jusqu'à totalement disparaître.

Le clocher de l'école laissa retentir les douze carillons de minuit.

Et tout fut noir.

oOoOoOo

Albus Dumbledore sentit qu'un impardonnable venait d'être jeté, alors qu'il buvait tranquillement son infusion du soir. Camomille et citron. Bien qu'il ait atténué la barrière protectrice afin de laisser la possibilité à l'ancien auror de les employer pour faire cours à ses élèves, il était bien trop tard pour que ce soit la raison de cet usage. Plus encore, il sentait, dans les fondations même de l'école, que ça n'avait pas eu lieu près de la salle de défense.

Se plongeant dans la magie même du château, le vieux sorcier ferma les yeux pour chercher la provenance d'un tel sortilège. La magie laissait toujours des traces, une signature, qui, pour qui est capable de la lire, permet de savoir où a eu lieu un sort, et par qui il fut jeté. Dans le cas de Poudlard, on pouvait toujours trouver l'emplacement d'un sort, mais rarement son lanceur, puisqu'il y avait toujours trop d'interférence. Rapidement, la marque sombre se délimita sur une seule zone de l'école, à l'extérieur.

Le stade de Quidditch.

Quittant son bureau, il n'eut pas besoin d'aller plus loin, ni même de jeter un sort, pour comprendre que quelque chose de terrible était en train de se produire. Car à presque minuit, on y voyait comme en plein jour à travers le vitrail. Usant d'un sonorus, le directeur s'apprêtait à ordonner la fermeture des salles commune, et la réunion des professeurs près du stade, lorsqu'une violente secousse fit trembler tout le château.

Forcé de se tenir à la cheminée couverte de babioles, ces dernières s'écrasèrent sur le sol dans un fracas terrible, mêlant bris de verre, sons métalliques et perles roulantes sur le plancher.

« Merlin… » Albus glissa sur l'une des billes de cristal issu d'un boulier ancien.

Si sa chute fut douloureuse, le flash de lumière intense qui suivit, traversant sa fenêtre et l'obligeant à fermer les yeux fut pire que tout. Quelques notes sur un piano lointain résonnèrent.

Hagard, le directeur se frotta la barbe en grimaçant. Comment s'était-il retrouvé à terre ? Il n'en avait aucune idée, mais il avait mal au séant ainsi qu'au dos. La plupart de ses objets de décoration étaient cassés ou éparpillés sur le plancher et le tapis était visiblement imbibé du liquide jaune dans lequel reposait une pierre scintillante.

Particulièrement fatigué, le sorcier se frotta les yeux des deux mains avant de se redresser, titubant un peu.

« Décidément, Fumseck, je me fais vieux. Je devrais peut-être… » Albus hésita en fixant le bazar qu'il avait mis. Parce que oui, maintenant, il s'en souvenait. Il avait voulu se remémorer quelques souvenirs de sa pensine, mais, se prenant les pieds dans le tapis, il avait trébuché et s'était appuyé sur la cheminée. La décoration sur cette dernière avait donc chuté en même temps que lui et la surprise l'avait fait lâcher le bord. « Non. Ça attendra demain. Une bonne nuit, mon ami. »

L'oiseau de feu fixa son propriétaire, avant d'émettre une longue plainte mélancolique. Lui, n'avait pas perdu une miette de ce qu'il s'était réellement passé. Et, tandis que la mélodie sur ce piano lointain poursuivait son jeu, le phénix chanta pour accompagner l'instrument.

oOoOoOo

Au même instant, éparpillées dans le parc, de nombreuses personnes reprirent connaissance, avec plus ou moins de force.

Se redressant dans un crac sonore, Fleur s'éjecta de la poigne de George Weasley, cherchant l'air qui était venu à lui manquer. Le rouquin, surprit par ce retrait soudain de sur son bras, se retourna sur le côté, pinça sa cuisse, avant d'inspirer à son tour une grosse goulée d'air. Par quel miracle il était en vie ? Il n'en avait aucune idée. Mais dans le doute…

« Forge ? »

« Vivant… » Grogna une voix, à deux pas de lui. Le soulagement l'empli tout entier. Est-ce qu'ils venaient de faire imploser un soleil en plein stade ? Oui. Et ce n'était même pas une farce !

« Putain… » Murmura Cédric, essayant de se relever.

« On est vivant. C'est impossible à croire mais nous sommes vivants » La voix trainante de Malfoy avait ce petit côté nerveux, rare chez lui, qui faussait absolument tout sérieux de sa part. « Je suis vivant ! Pourquoi ?»

« Quel sens de l'observation, Drago ! » Se moqua Fleur, bien qu'elle soit secouée de spasmes.

Harry, qui tenait toujours son ennemi juré par l'épaule, le relâcha, et laissa tomber son éclair de feu, avant de se redresser sur ses genoux pour contempler le parc. Son pull était imbibé de neige, et pourtant, il était chaud, ce qui témoignait de leur aventure. Ses lunettes, en revanche, avaient rendu l'âme. Et devant ce constat, il les tira de sur son nez, avant de se mettre à rire.

« Granger, ça va ? » Demanda Lee Jordan en se retournant pour tapoter l'épaule de la Gryffondor.

La brune avait les yeux rouges de larmes contenues, mais elle hocha la tête positivement. Se redressant du mieux qu'elle put, avec une seule main, elle fixa l'autre, qui tenait toujours en tremblant, sa baguette. Elle n'arrivait même pas à lâcher l'objet.

Ron, qui couvrait toujours les deux filles de son corps, reprit conscience, et s'écarta vivement de ces dernières, d'une part, parce qu'il craignait de les écraser, et de l'autre, parce que l'une d'elle était toujours à moitié nue. « Je vais bien !... Je vais bien… Lovegood ? »

La petite blonde hocha timidement la tête, avant de se tourner vers son amie. Celle pour qui ils s'étaient tous surpassé ce soir. Elle aurait juré l'avoir entendu se réveiller, juste avant que l'étoile n'implose. Pourtant, Sacha ne bougeait absolument pas. Luna se crispa, avant de tendre la main vers le visage de son amie, plaçant ses doigts au-dessus de sa bouche. Mais aucun souffle ne lui réchauffa les doigts. Rien.

« Sacha ?! »

« Il y a un problème ? » S'affola Cédric en se levant carrément, bien que boitillant, pour rejoindre le trio plus loin.

« Elle ne respire pas ! » Paniqua Ron en essayant de secouer la jeune fille tout près de lui.

Il fut brutalement poussé par Hermione, et Fleur dégagea Cédric qui s'apprêtait à le remplacer. La française jeta à peine un regard en direction de la lionne, s'approchant à son tour du corps.

« Tu pratiques le massage cardiaque ? » Hermione hocha simplement la tête.

« Alors je souffle. » Et sans plus de cérémonie, sans même un regard pour les autres garçons, les deux filles se mirent au travail. Hermione compressa 5 fois la poitrine découverte de Sacha avec ses poings liés, et Fleur pinça le nez de la demoiselle, avant de souffler contre ses lèvres.

« Fred, les étincelles ! » Gronda subitement Lee, alors qu'il observait avec fascination, les deux filles œuvrer pour réanimer la Serdaigle.

Il fallut une seconde au farceur pour se rappeler de comment produire de vulgaires étincelles rouges avec sa baguette. Mais lorsque ce fut fait, il leva sa baguette, et jeta littéralement un feu d'artifice complet.

Cédric, choqué par la manœuvre purement moldue à laquelle il était en train d'assister, se retrouva bientôt à serrer la petite Luna Lovegood entre ses bras. Cette dernière lui assurant avec un aplomb surnaturel, que Sacha allait survivre. Qu'il ne pouvait en être autrement. Le duo médical improvisé recommença la manœuvre une seconde fois. Puis une troisième.

Il y eut un crac, signe qu'une côte venait d'être malmenée. Hermione blêmit, les larmes coulant sur ses joues. Ce n'était pas tant qu'elle appréciait la fille en dessous, c'était qu'une vie était là, piégée entre ses doigts. Ce n'était pas de la magie, ça relevait de la chance. Et plus les secondes s'égrenaient, plus la chance disparaissait. Elle recommença le massage cardiaque avec encore plus d'entrain, désespérée. Fleur n'était pas mieux.

À vrai dire, la française continuait, mais dans ses yeux bleus se lisaient la résignation. Ça faisait trop longtemps que la brune ne respirait plus. Et leur massage cardiaque n'avait aucun effet, si ce n'est briser un peu plus le corps. Reniflant piteusement, Fleur relâcha les lèvres de la Serdaigle et s'écarta, l'air abattue.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Cédric ne comprenait pas. Pourquoi la blonde s'arrêtait ? Sacha ne respirait pas, ne s'était pas réveillée, alors pourquoi elle ne faisait plus ce qu'elle était en train de faire ? « Pourquoi tu t'arrêtes ? »

« C'est trop tard… » Fleur détourna les yeux du garçon. « Je suis vraiment désolée… »

« Non… » Cédric se sentit partir, soudainement malade, les yeux exorbités, il regarda la Gryffondor qui massacrait la poitrine de sa cousine. Hermione n'avait pas lâché l'affaire.

« Hermione… » Commença Ron d'une voix qu'il chercha à rendre apaisante, et pourtant, il avait envie de vomir.

« Quoi ?! » Au bord de la crise de nerf, pleurant toujours en continu, elle ne s'arrêtait pas. « Je peux la sauver ! Je peux le faire ! Je l'ai déjà fait… C'est… je peux ! » Elle décida de faire aussi le bouche-à-bouche, tant pis si Fleur n'avait plus la force, elle, elle l'aurait !

Fred avait lâché sa baguette, soutenu par son jumeau, il fixait sans vraiment voir, la scène terrible qui se déroulait. Sacha était morte. Elle aurait pu se jeter de la tour d'astronomie deux mois plus tôt, il l'avait évité. Mais là, elle ne respirait plus. Elle s'était vraiment éteinte…

Harry s'approcha, ayant délaissé son balai définitivement, et posa une main réconfortante sur l'épaule de sa meilleure amie. Elle allait se rendre folle, et lui-même, il savait reconnaître quand c'était trop tard. Ils avaient vécu des horreurs, Quirrell, Voldemort dans la chambre des secrets, Sirius et les détraqueurs… Hermione tourna la tête vers lui, le suppliant des yeux. Et le noiraud décida que ça ne servait à rien de l'arrêter. Hermione était déterminée à réanimer Sacha. Il s'agenouilla à la place de Fleur et reprit son ancienne manœuvre, en accord avec son amie.

Le son d'une cavalcade, un peu plus loin dans le parc, ne les détourna pas le moins du monde de leur sauvetage. Et tandis que Rogue étouffait un juron en apercevant le groupe et la situation, accélérant le pas, il y eu comme un changement brusque dans l'atmosphère.

Sacha hurla, repoussant Harry et Hermione dans la manœuvre. Ahuris et souffrant de la puissance du cri, tous se bouchèrent les oreilles, et pourtant, l'impossible avait eu lieu. Ils avaient réussi. Tremblante, Hermione se jeta dans les bras du survivant, et Ron vint les serrer tous les deux, tandis que Cédric se jetait sur sa cousine pour lui tenir la tête et lui embrasser le front. Elle était différente, c'est vrai, et elle ne se souvenait pas. Mais c'était sa cousine. La fille de sa tante. Celle avec qui il partageait énormément de souvenirs, et avec qui il en fabriquerait de nouveau. Une petite sœur de substitution.

« Plus jamais… Tu entends ? Plus jamais tu ne me fais un coup pareil ! Et j'irais camper dans ton dortoir s'il le faut, imbécile ! » Il sanglotait, tenant la jeune femme dans ses bras désormais, la berçant comme il l'avait fait lorsqu'elle était plus petite.

« Monsieur Diggory, laissez-moi l'examiner. Je vous promets que ça ira… »

Harry tourna la tête vers Rogue, qui tentait désormais de faire lâcher le champion de Poudlard, tout en douceur. C'était la première fois qu'il le voyait agir avec autant de délicatesse. Luna vint au secours du potioniste et entraina Cédric un peu en retrait, lui assurant que leur professeur savait ce qu'il faisait. Qu'il allait l'aider.

À bien des égards, Severus Rogue pouvait se montrer abject en toutes circonstances. Personne ne savait ce qu'il se passait réellement dans sa tête. Il détestait Potter, tolérait à peine certains de ses collègues, ne supportait pas la majeure partie des joies de la vie, et n'était certainement pas gentil avec un élève, même de sa propre maison. Il était ferme, injuste pour la plupart, et sinistre. Aucun, même parmi ses contacts, ne savait quoi que ce soit sur sa famille, si ce n'est qu'il était un sang-mêlé, et que son père était moldu.

Severus n'avait que quinze ans, lorsqu'il était rentré chez lui, découvrant que Tobias, son alcoolique de géniteur, avait une nouvelle fois passé à tabac Eileen, sa mère, et l'avait laissé pour morte au milieu de leur cuisine miteuse. Les instructions que lui avait donné sa meilleure amie, née moldue, au sujet des premiers secours, n'avaient pas été suffisantes pour qu'il réanime sa mère. Il avait brisé plusieurs côtes en faisant pression sur le cœur, et n'avait jamais eu de retour d'air. Il avait fini par renoncer.

Et il était resté tout l'après-midi devant le cadavre de la seule personne qui l'avait toujours aimé. Incapable de réagir autrement que de la pleurer intérieurement. De se reprocher n'avoir pas été capable de la protéger. De ne pas avoir pu la sauver. Ne pas avoir tué son géniteur avant qu'il ne s'en prenne à elle une fois de trop. Celle-là.

Aussi, alors qu'il testait les différentes fonctions motrices de Sacha O'Nigay, il marmonna quelque chose dans sa barbe inexistante. Quelque chose qu'aucun des élèves présents n'entendit. A l'exception du seul qui était resté muet durant tout le sauvetage.

« Dix points pour Gryffondor. Pour avoir persévéré. »

Drago les avait entendus, ces mots. Si lui non plus n'appréciait pas Sacha au début de leur scolarité, il devait bien admettre que les changements de cette année lui avait donné une autre vision de cette fille. Elle n'était pas si écervelée et bécasse qu'il l'avait cru. Talentueuse, bien que dans un autre domaine que la magie, il l'avait aussi vue compatissante avec les Serpentards. Qu'elle soit venu le chercher pour protéger une petite de chez lui, alors qu'à une époque, elle faisait partie des harceleurs, l'avait choqué.

Il avait compris à quel point la situation était compliquée, lorsqu'il avait surpris son altercation avec Zabini. Elle était donc sortie avec l'un des leurs, ceux là-même sur qui elle crachait avant. Le bal de Yule l'avait révélé d'une manière on ne peut plus directe. Une artiste, littéralement folle sur les bords, et quelque peu vicieuse. Beaucoup, en fait. Le marché avec les jumeaux Weasmoches pour pourrir ses anciennes copines n'était plus un secret. Celui qu'ils avaient passé pour protéger Luna Lovegood l'avait confirmé. Elle était folle. Folle et déterminée.

Il avait bien compris qu'elle avait un plan étrange pour se barrer. Et même s'il ne savait toujours pas pourquoi elle voulait désespérément partir de chez elle, quelque chose l'inquiétait là-dedans. Il était parfaitement conscient que certaines familles ne toléraient pas les cracmols. La sienne en faisait partie. Mais dans son cas, c'était comme si elle fuyait des meurtriers en puissance. Il avait prévenu sa mère de la situation dans un courrier, et Narcissa avait envoyé sa carte directement, s'attendant à voir une réponse rapide.

Aucune.

Maintenant, alors qu'il avait simplement rendez-vous avec la Championne de beaubâtons - avec qui il faisait du trafic de parfum français, pour ladite mère et son anniversaire - il avait assisté à un spectacle effroyable. Sacha O'Nigay marchant dans la neige, à moitié-nue, et comme attirée par quelque chose d'invisible. Il avait suivi, d'abord intrigué, puis avait perçu cet étrange chant insensé sorti de nulle part. Une chorale d'outre-tombe.

Drago Malfoy était un fils de mangemorts, il avait grandi dans les anciennes traditions et connaissait, malgré lui, plutôt bien la magie noire. Même s'il ne la pratiquait pas. Il avait torturé des araignées pendant que sa mère ne regardait pas, mais c'était la seule et unique chose qu'il s'était toujours autorisé dans ce domaine. Il n'aimait pas les araignées, de toutes façons. Le fait est qu'il avait compris autre chose, ce soir.

Sacha O'Nigay était la cible d'un mage noir invocateur. Parce que la fille avait clairement été hypnotisée. Ce n'était pas un impardonnable, c'était une transe hypnotique. Et la chose qui avait essayé de la manger… N'existait pas parmi les vivants. C'était donc forcément une création ou une invocation. Et quand on est la cible d'un être aussi dangereux, c'est qu'on est soi-même, quelque chose de bien particulier. Le mystère s'épaississait.

Et Drago aimait les mystères autant que les macarons français.