Petit mot de l'auteure : écrit pour un atelier chez Kinai, il fallait faire une scène qui se passe dans ou près d'une rivière
La rivière est agitée.
De l'extérieur, on ne dirait pas, pourtant. Mais de l'intérieur... c'est autre chose. Sansa n'a qu'à mettre le plus petit bout de son orteil pour se rendre compte de la force de son courant. Enfant, son père lui avait d'ailleurs bien interdit de s'y aventurer - la rivière avait déjà emporté de trop nombreuses âmes innocentes. A l'époque, Sansa avait juré de ne jamais s'en approcher.
Les recommandations de son père et sa promesse d'antan résonnent dans son esprit. Un instant, elle se sent prête à renoncer. Comment pourrait-elle briser son serment d'enfant ?
C'est alors que Theon la pousse, et elle revient à la réalité.
Son père est mort.
Les promesses qu'ils se sont échangées aussi.
Le seul spectre bien réel désormais, c'est celui de Ramsay.
Alors Sansa enfonce son pied plus profondément. Puis met l'autre. Fait ensuite suivre les mollets, les genoux et enfin, son corps tout entier. L'eau est si glaciale qu'elle en a quelques secondes le souffle coupé. Elle en vient même à se demander si elle ne va pas finalement mourir là, rossée par ce tourbillon glacé.
Pourtant, elle continue d'avancer, encore et encore. Elle ne peut faire autrement ; entre nourrir les flots et les chiens, son choix est fait depuis longtemps.
Et, alors que les minutes défilent, l'incroyable se produit : elle en vient à apprécier cette sensation de froideur. Celle-ci est en effet si intense, si violente, que Sansa a l'impression d'être lavée de l'intérieur.
Lavée de son passé.
Lavée de Ramsay.
Lavée d'elle-même.
Lorsqu'elle parvient enfin sur l'autre rive, elle se surprend à remercier l'esprit de la rivière.
Maintenant, plus rien ne peut l'arrêter.
