Chapitre 15.

Snape mangeait dans la grande salle, l'air totalement ailleurs. Vint l'heure du courrier matinal, et pour une fois, le directeur des Serpentard et celle des Gryffondor tiraient la même tête ahurie. Au loin, on pouvait apercevoir une chouette qu'on ne croisait que rarement dans la Grande Salle.

C'était une espèce d'hibou albinos plutôt effrayant et peu engageant, avec son regard rouge et dissuasif. Et pourtant, il peinait à voler, tenant entre ses griffes un sac de toile énorme qui faisait le double de sa taille. Chaque coup d'aile ressemblait à un supplice et Snape retint sa respiration en reconnaissant le hibou qu'il utilisait pour son courrier au loin. Il fallait dire qu'il était plutôt facilement repérable.

Snape eut tout de même le réflexe de reculer sa chaise et il fit bien, lorsque le sac de toile s'éclata sur la table, et au passage, dans son assiette où les pancakes venaient de s'éclater en un splash peu engageant. La bête, soulagé du poids du sac qu'elle portait, repartie en un cri aigu montrant sa contrariété.

« Qu'est-ce que vous avez fait encore ? demanda le professeur McGonagall.

_ Rien ! s'exclama le maitre des potions. »

Minerva monta ses yeux vers le dessus de l'épaule de son collègue. Il ouvrit le sac qui était rempli de tas d'enveloppes non ouvertes. Toutes étaient cachetées du ministère, sauf une, comportant le cachet des Weasley.

Snape plongea alors sa main dans le sac pour l'en sortir et l'ouvrit avec suspicion.


« Severus,

Je te joins l'ensemble des P.V que s'est amusé à m'envoyer le ministère depuis deux semaines. Tu auras peut-être du mal à le croire, mais figure-toi que ma bien aimée voiture volante a été désensorcelée. Et va savoir pourquoi, elle a quitté Poudlard en pleine nuit pour se rendre dans la banlieue londonienne, en face de la maison d'un couple de dentistes portant le bien cher nom de « Granger ». »

Snape s'arrêta soudain dans sa lecture, relevant un regard absolument abominable sur la masse de lettres que contenait le sac. Combien y en avait-il ? 30, 40 ? Et à quelle somme se chiffrait une amende pour stationnement gênant pour une voiture volante au juste ?

« Même si techniquement, cette voiture m'appartient encore, mon bien cher fils m'a fait part de cette soirée, lunaire j'en conviens, de chasse à la voiture que tu as entrepris avec lui au beau milieu de la forêt interdite il y a de cela quelques mois. C'est pourquoi, dans ma grande naïveté, j'ai pensé judicieux de te contacter étant donné que tu semblais bien plus au courant des événement m'ayant amené à avoir presque les huissiers aux fesses. Faute d'avoir été tenu au courant de toute cette histoire en personne, j'ai donc jugé bon de te renvoyer les dits courriers.

Après tout, c'est de bonne guerre puisque cette voiture m'appartient techniquement toujours et que personne ne m'a consulté dans le but d'en faire l'acquisition officielle. Pourrais-tu donc avoir l'amabilité d'aligner les gallions auprès du Ministère et au passage, de convaincre Granger de me rendre mon bien ? J'ai entendu dire que tu t'entendais mieux avec elle depuis quelques temps.

Bien à toi,

Arthur Weasley. »


Snape manqua presque de se claquer le front contre la table.

Il avait peur, très peur d'ouvrir les enveloppes, mais il se résolu à en décacheter une en tremblotant presque.

« Vingt-cing gallions la journée, beugla Snape de sa voix grave qui raisonna dans toute la salle. »

L'ensemble des professeurs se retournèrent vers Snape qui se leva d'un bond en faisant grincer sa chaise derrière lui.

« Granger ! hurla-t-il plus qu'il ne l'appela.

_ Severus, chuchota Minerva. Allez doucement, ce n'est pas sa faute.

_ Oh, vous voulez que j'y aille plus doucement ? Ohoh, Granger, chuchota Snape d'un air abominable. »

Minerva soupira en levant les yeux au ciel. Il ressemblait plus à Jack Nicholson dans son dernier film qu'à un ours en peluche, mais c'était Snape, et il fallait s'en accommoder.

La jeune femme s'avança vers la table des professeurs à reculons. Cela faisait bien longtemps que le maître des cachots n'avait pas paru aussi enragé, surtout envers elle.

« Oui ? grimaça-t-elle.

_ Vous vous souvenez de la voiture volante de votre copain ? »

Pourquoi lui parlait-il d'un truc pareil ? Évidemment qu'elle s'en souvenait, la voiture avait erré pendant des jours devant sa fenêtre avant qu'elle ne la chasse.

« Oui… répondit-elle avec suspicion.

_ Figurez-vous qu'elle crèche devant chez vous depuis quinze jours. Et que Arthur reçoit des amendes à la pelle.

_ Le ministère donne des amendes aux voitures volantes ?

_ Il faut croire ! siffla-t-il.

_ Mais ce n'est pas de ma faute, réalisa soudain Hermione.

_ Hé, je vous avais fait ce cadeau, vous auriez du l'accepter, accusa Snape en pointant son index sur elle.

_ Vous êtes sérieux ?!

_ On ne peut plus sérieux ! »

Albus ferma les yeux de dépit. S'en suivit une série d'échanges peu cordiaux ponctués par quelques noms d'oiseaux balancés de toute part, à un tel point que le directeur lui-même du intervenir au bout de trente secondes à peine.

« Stop ! gronda Dumbledore, d'ores et déjà pris de maux de tête. Severus, vous irez récupérer cette voiture et Granger, vous l'accompagnez.

_ Quoi ?! s'exclama Hermione. Mais…

_ Fin de la discussion. »

xXx

Hermione avait plus que marmonné son mécontentement ce soir-là.

Elle avait du attendre Snape, et lui saisir le bras pour transplaner en pleine nuit, au milieu d'une ruelle déserte d'une ville avoisinante Londres. Fort heureusement, c'était assez résidentiel pour qu'on ne remarque pas la présence de deux sorciers à l'allure bien singulière, sans compter sur celle d'une foutue voiture volante qui, au loin ils le voyaient, continuait d'attendre sagement Hermione, tout feux allumés avec le poste radio diffusant un morceau vraiment abominable.

« C'est vous qui avez soufflé l'éventualité que je ne resterais pas à Poudlard ? Parce que ce n'est pas pour rien que cette voiture attend soudain devant le domicile de mes parents alors qu'on approche de la fin de l'année scolaire.
_ Non vous pensez ! Ça, c'est l'œuvre de votre copain Ron. »

Hermione grogna avant de se secouer la tête.

« Ce gamin a hanté mon monde presqu'autant que vous. À croire qu'il est à l'origine de pas mal de conneries, tout comme les idées qui ont pu traversé mon esprit de détraqué pendant que j'étais en proie à votre philtre d'amour à la noix.

_ C'est bon, j'ai compris, soupira-t-elle. »

Hermione avança vers la voiture qui ouvrit directement les portières à sa vision.

« Mais attendez, lança-t-elle en se figeant. On ne pourra jamais transplaner avec elle !

_ Non ? Vous avez déduit ça toute seule ? »

Face à son ton cynique, Hermione le fusilla de nouveau du regard, mais il choisit sciemment de l'ignorer.

« Maintenant, croisons les doigts pour que le système de guidage et d'invisibilité fonctionne encore. »

C'était encore pire que ce qu'elle avait pu penser. Ils mettraient des heures à rentrer ! Soupirant de fatigue, Hermione vint s'installer sur le siège passager tandis que Snape, installé derrière le volant, se mit à prier pour que tout cet attirail fonctionne malgré la multitude de coups qu'à pu se prendre cette maudite Ford.

Hermione s'enfonça dans son siège, peu rassurée quand Snape démarra à tout allure. Il accéléra jusqu'à enclencher rapidement la vitesse leur permettant de décoller du sol. Bordel à quelle allure roulaient-ils ? Au dessus de celle réglementaire c'était certain !

« Quelle idée, mais quelle idée, répéta-t-elle, effrayée, le visage protégé par ses mains. Je me croirais dans retour vers le futur !

_ Oh fermez-là, vous avez combattu Voldemort presque en face à face et vous avez peur d'une vieille bagnole volante ?!

_ Vous avez vu l'allure à laquelle vous conduisez ?! se mit-elle à répliquer. Attention aux fils électriques ! »

D'un coup de volant un peu plus violent, Snape évita en effet un ensemble de lignes hautes tensions, mais les frôlant des pneus, il créa quand même une étincelle assez forte. Hermione osa enfin sortir de sous ses mains pour constater qu'il venait de condamner une bonne partie d'un quartier d'électricité. Alors, elle se tourna vers lui d'un air sévère, mais il continuait de slalomer comme un malade dans le ciel, sans doute pour arriver plus vite à Poudlard.

« Et faites la taire, nom d'un chien ! »

En effet, l'autoradio continuant de diffuser des morceaux aussi romantiques que niais, et surtout, carrément dépassés. Hermione se contenta de diriger sa baguette vers celui-ci pour l'éteindre une bonne fois pour toute, soulagée que le silence remplace des « elle me contrôle » beuglant à un niveau sonore insupportable.

S'en suivit un long moment de mutisme, assez gênant entre eux.

« Désolé pour ça, finit par balancer Snape, acerbe. »

Hermione se tourna vers Snape, et finit par se mordre la bouche, puis à éclater vraiment de rire cette fois.

« Fermez-là, marmonna le sorcier en tenant plus fermement le volant.

_ Admettez que c'était drôle. Il y a même des fois où je vous entends encore marmonner cette chanson que vous m'avez écrite, laquelle était-ce déjà ?

_ Oh je vous en prie ! L'air a le don de vous rester dans le crâne, balança Snape en grognant, ses mains faisant de drôles de gestes autour de ses tempes. »

Hermione se retint de nouveau de rire, mais sa moue ne laissait aucune place à l'imagination. Alors, Snape balança son bras pour la frapper aléatoirement, mais se reprit lorsque Hermione hurla « la voiture ! » en reprenant encore une fois le contrôle du volant durant une seconde.

« Je vous déteste, marmonna-t-il.

_ On arrive quand ?

_ La ferme ! »

Hermione fit une drôle de moue, avant de s'accouder sur le bord de la fenêtre et de regarder le paysage en contre bas. D'ici, elle jaugerait qu'ils mettraient encore peut-être une heure, ou une heure et demi à arriver au château.

« Vous voulez vraiment passer le temps qu'il nous reste à nous taire ?

_ Oui !

_ On va s'ennuyer comme des rats morts, marmonna Hermione.

_ Alors que proposez-vous donc ? Nous pourrions faire étale de mes exploits de ces derniers mois, balança Snape en continuant d'illustrer ses propos avec ses mains à un tel point que Hermione dut reprendre le volant de justesse, deux fois. Comme la fois où j'ai peins un tableau de moi et que ce dernier est désormais perdu dans la salle sur demande dont le plafond doit être maintenant envahi de bulles en forme de coeur popant dans les airs.

_ En plus, étant donné que le contenu à été en grande partie détruit durant la guerre, je suis sure qu'il doit être extrêmement bien mis en valeur vu qu'il n'y a plus autant de bazar qu'avant.

_ Merci, je suis extrêmement rassuré !

_ Vous voulez bien vous concentrer sur la route ?!

_ Et pourquoi vous ne conduisez pas pour commencer ? Désolé, mais en ce moment voyez-vous, je suis légèrement sur les nerfs.

_ Vous êtes toujours sur les nerfs ! Et en plus de ça, figurez-vous que je n'ai pas le permis de conduire. »

Soudain, la voiture pilla avec une telle force que les deux sorciers songèrent qu'ils avaient vraiment bien fait d'attacher leur ceinture.

« Je crois que vous n'auriez pas du dire ça, réalisa soudain Snape avec effroi en se tournant vers elle d'un air totalement horrifié. »

Après ces mots, la portière s'ouvrit et la jeune femme manqua de tomber dans les airs, alors qu'ils se trouvaient, volant juste au dessus d'un village sorcier.

« Hermione ! hurla Snape, totalement paniqué, par pur réflexe. »

Le sorcier se pencha presque dans le vide, la rattrapant de justesse, même si sa ceinture la retenait de tomber. La jeune femme se raccrocha à son bras comme à une bouée de sauvetage et la voiture se secoua dans tous les sens. Face à son incapacité à les déloger, la vieille Ford plongea en piquet. Snape, de son autre main, tentait bien de remonter le véhicule, mais rien à faire.

Malgré les hurlements, d'un second réflexe, Snape ferma les yeux pour rassembler sa concentration, et parvint à les faire transplaner jusqu'en bas. Hermione manqua de tomber et le sorcier la rattrapa de justesse en la serrant contre lui, avant que, quelques secondes plus tard, la voiture ne tombe sur le sol de nouveau en un immense fracas.

Hermione se raccrochait à Snape aussi fort qu'elle le pouvait, le coeur battant, restant dans un état d'angoisse dans lequel elle peinait à sortir. Puis, elle sentit que Snape la dégageait soudainement de lui, non par pudeur, mais pour s'assurer qu'elle était en un seule morceau. Ainsi, ses mains se baladèrent autour d'elle avant qu'il ne prenne son visage en coupe.

« Vous allez bien ?! »

Hermione se contenta d'hocher la tête frénétiquement, et Snape soupira en la prenant de nouveau dans les bras, soulagé.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle en se commençant enfin à se calmer.

_ Il semblerait qu'on ait assisté au suicide d'une voiture en direct.

_ Vous plaisantez ? »

Hermione tourna la tête et vit avec effarement la Ford plantée là, branlante, encore plus qu'elle ne l'était de base.

« Mais pourquoi ?!

_ Je pense qu'elle n'a pas digéré quand vous avez avoué que vous ne pourriez pas la conduire.

_ Je crois que cette histoire me dépasse.

_ Et moi dont, lâcha-t-il en un soupir. »

Hermione se détacha de Snape, pour avancer prudemment vers la voiture qui ne réagissait plus. Elle l'ouvrit et la portière fit un bruit peu engageant.

« Vous avez les clés ? demanda-t-elle.

_ Cette voiture n'a pas de clés. »

Hermione soupira de dépit. Elle finit par prendre place sur le siège conducteur, mais rien ne fonctionna. C'était comme pénétrer dans un véhicule moldu des plus banal. Snape grogna en s'appuyant contre le haut de la voiture.

« On ne peut quand même pas la laisser là ! Monsieur Weasley va croire qu'on la détruite.

_ Mais on l'a détruite !

_ S'il vous plait ! minauda Hermione.

_ Mais que voulez-vous qu'on fasse au juste ?! s'agaça-t-il.

_ C'est devenu une bagnole normale, allez savoir combien de temps elle restera dans cet état. Il y a bien un moyen de faire démarrer une voiture sans avoir de clés, non ?

_ Mais quel sorcier complètement dégénéré s'intéresserait à une voiture moldu ne servant à rien d'autre que de rouler ? »

Hermione jeta un coup d'oeil entendu vers Snape, qui finit par agiter les bras dans tous les sens. Oui, c'était peut-être bien justement du genre d'Arthur Weasley que de faire une telle chose.

« Bon, d'accord ! s'emporta-t-il. Vous avez gagné ! »

Agacé, Snape reprit sa place d'origine tandis que Hermione sortit du véhicule. Le sorcier balança, d'un coup bien placé, son pied sur le couvercle en plastique situé juste en dessous du volant. Puis, il glissa sur le siège pour parvenir au panneau lui donnant accès aux connecteurs. Hermione se pencha pour mieux observer ce qu'il fabriquait alors qu'il s'affairait à chercher les bons fils. Une fois ceux-ci en main, Snape tenta de les enrouler l'un avec l'autre plusieurs fois tandis que le moteur crachait son envie de démarrer à chacun de ses tentatives.

« Par Merlin, où est-ce que vous avez appris ça ?

_ Ne posez pas de questions dont vous ne souhaitez pas connaître les réponses.

_ Je suis sérieuse, nous parlons de voitures moldues. Vous cachez une passion secrète pour la mécanique ?

_ J'ai grandi avec un père alcoolique. »

Hermione leva les sourcils et se contenta de cette réponse aussi détachée que succincte. Enfin, elle entendit le moteur démarrer. Le bruit ne payait pas de mine, cette épave ne donnait franchement pas envie d'y rester, mais avaient-ils vraiment le choix ?

Hermione reprit ainsi sa place sur le siège passager, et Snape parvint à, prudemment cette fois, les faire sortir du bois pour revenir sur des routes bétonnées, même si le chemin restait bien sinueux.

Pour le reste, ils se firent silencieux durant de longues minutes.

« Vous savez, quand votre paternel a décidé de vous balancer des bouteilles d'alcool à la figure, le vélo, ça ne va pas assez vite pour slalomer entre les jets.

_ Quoi ? demanda soudain Hermione.

_ Il est possible, que j'ai pu avoir l'occasion de piquer une ou deux voitures dans ma jeunesse pour me casser à un peu plus loin que 5 kilomètres de mon domicile durant les vacances scolaires. »

Hermione leva de nouveau les sourcils, avant de doucement sourire d'amusement.

« Je ne vous imaginais pas être le petit caïd du quartier.

_ Comment croyez-vous que j'arrive à détecter et épingler les pires éléments de ma maison ? Rien de tel que l'expérience de la vie.

_ Vous avez dû secrètement bien en rire quand Harry et Ron ont piqué cette voiture pour se rendre à Poudlard.

_ Je les ai envié, si vous saviez, soupira Snape. J'aurais tué pour avoir une voiture volante quand j'étais gosse. »

Hermione sourit un peu d'amusement, mais la voiture commença peu à peu à cracher, puis à avoir du mal à avancer.

« Non… Non, non, non ! s'emporta Snape, à bout de nerfs. »

Le sorcier tapa sur le tableau de bord et, affolé, trouva un coin reculé avant que la voiture ne finisse par s'arrêter une bonne fois pour toute.

« Il n'y a plus d'essence, soupira-t-il, dépité.

_ Vous vous foutez de moi, n'est-ce pas ?

_ Je voudrais bien.

_ Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?! s'exclama Hermione, elle aussi, à bout de patience.

_ Baiser, je suppose. »

Soudain, la sorcière s'arrêta avant même d'avoir pu exploser de colère.

« Quoi ?!

_ Une boutade de mauvais gout, oubliez.

_ Vous êtes hilarant, lâcha-t-elle, stoïque. »

Hermione voulut ainsi sortir de la voiture… Tout en paniquant lorsque la portière refusa de s'ouvrir. Elle tourna la poignée une fois, deux fois, trois fois, puis frénétiquement avant de se tourner vers Snape d'un air affolé. Le maître des cachots en fit tout autant et dut se rendre à l'évidence : ils étaient coincés.

« C'est une blague. Seigneur, dites-moi que c'est un blague Severus.

_ Oh, vous m'appelez enfin Severus maintenant ?

_ Je suis sur que c'est un de vos pièges encore !

_ Un de mes pièges ?! Vous vous foutez de moi, vous croyez que je crève d'envie de me retrouver dans une Ford minable et exiguë en une pleine nuit de juillet avec vous ?! Ça va vous paraître bien étrange, mais non ! Non, tout ce que je veux, c'est retrouver mes quartiers et mon putain de lit parce que ça fait deux nuits que je passe à réparer mes conneries ! Mes conneries qui sont, au passage, dues à vos conneries Granger car oui, si vous ne m'étiez pas tombé dessus ce jour là avec votre potion de merde, on ne serait pas coincé au beau milieu de la campagne dans une putain d'épave en rade d'essence.

_ Mes conneries ? s'emporta Hermione. Mais ça fait des mois que je tente de les réparer, et que je vous supporte !

_ Arrêtez de mentir, vous m'avez dragué en plus !

_ Quoi ?! s'étrangla Hermione. »

Snape semblait vraiment enragé, et Hermione rougissait, de chaleur d'une part, mais aussi de colère.

« Parfaitement !

_ Qui m'a envoyé des fleurs ? Qui a fondé une foutue comédie musicale pour me demander en mariage ? Qui me donnait des surnoms ridicules à tout bout de champs ? énuméra-t-elle en hurlant.

_ J'étais sous l'influence de la potion alors que vous, hé bien vous m'avez embrassé, bafouilla Snape en voulant garder tout de même un semblant de dignité.

_ Il est sur que vous vous êtes extrêmement plains sur le moment, lâcha-t-elle avec cynisme.

_ Miss Weasley a été la seule à voir dans votre petit manège et a essayer de vous raisonner, mais non ! Non, vous, vous aviez complètement occulté l'existence de l'Amortencia et vous en avez profité ! Non qu'elle n'ait pas tenté de me faire entendre raison non plus d'ailleurs, mais c'est un autre sujet.

_ Mais je vous emmerde, et vous n'avez qu'à aller la draguer elle, vu que vous l'avez tellement en estime !

_ Mais ça va pas, vous êtes devenue dingue ou quoi ? »

Enragée, Hermione l'était bel et bien. Elle ôta même son gilet avec rage avant de le balancer sur le tableau de bord.

« Moi ? Dingue ? Est-ce si dingue au final, vous qui avez une préférence manifeste pour les rouquines.

_ Oh Granger, un conseil : fermez-là.

_ Quoi, j'ai tord peut-être ? Après tout, Ginny a été présente en tant que bonne samaritaine pour vous faire entendre raison, elle vous a défendu, elle essayait de vous raisonner vous, et de me faire arrêter moi, la vilaine méchante Hermione qui profite de son professeur. Alors allez-y, allez la voir elle, vu qu'elle a tant pris votre parti !

_ Vous n'allez quand même pas me taper une crise de jalousie maintenant !

_ Moi, jalouse ? Alors ça c'est la meilleure, rit-elle jaune en croisant les bras sous sa poitrine.

_ Ce que vous me racontez n'a aucun sens, trancha Snape.

_ Oh, vraiment ? Vous le croyez, vous ? Parce que c'est aussi ce que Ron m'a balancé quand je lui disais que Lavande Brown n'avait d'yeux que pour lui, que c'était une folle à lier, qu'elle me détestait et qu'on est partie en guerre froide durant prés d'un an.

_ Lavande Brown ?! Mais merde Granger, vous divaguez complètement. Comme si j'allais finir par me taper Ginerva Weasley, vous êtes vraiment frappée. Déjà, elle part avec un handicap : si vous enlevez une lettre de son prénom, ça donne Minerva. Et rien que d'y penser, ça me file des frissons dans tout le corps.

_ Donc si je m'étais appelé Ginerva, vous ne m'auriez pas touché, c'est ça ?! »

Snape ne répondit pas, se contentant de se pincer l'arête du nez tandis qu'une vilaine migraine commençait à lui envahir le crâne.

« Miss Weasley ne m'a jamais et ne m'intéressera jamais en aucune façon. Vous avez vu l'âge qu'elle a ?

_ Nous n'avons que deux ans de différence.

_ Oui, mais vous ce n'est pas pareil.

_ Et pourquoi je vous prie ?

_ Parce que. Ensuite, nous n'avons aucun point commun. Et puis, figurez-vous que je me fiche qu'elle soit rousse autant que vous soyez brune. Pour finir, il ne suffit pas qu'une femme prenne ma défense pour que je tombe éperdument amoureux d'elle.

_ Oui, et j'ai commencé à comprendre que vous ne m'aimiez pas, éclata Hermione presque en sanglotant.

_ Oh Seigneur, pourquoi a-t-il fallu que je reste bloqué dans une voiture volante ayant fait une tentative de suicide, avec vous, en pleine nuit, en train de me taper une crise ? »

Hermione se mit à pleurer un peu, mais se calma assez rapidement. Ils restèrent ainsi dans un silence gênant, Snape regardant le paysage à sa droite tandis qu'Hermione faisait de même à sa gauche. Ils restèrent ainsi de nombreuses minutes, attendant que la voiture ne finisse par daigner les laisser sortir, à défaut qu'un fermier ne passe par la. Ce qui serait peu probable avant au moins 7h du matin.

« Je suis désolée d'avoir sous entendu que vous étiez en train de me piéger en me faisant le coup de la panne, marmonna Hermione. »

Snape sourit malgré lui en se secouant la tête, prenant bien garde à ce qu'elle n'y voit rien. Depuis cette histoire de potion, sa vie avait vraiment pris un tournant particulier.

« On peut dire que vous m'en aurez fait voir de toutes les couleurs Granger.

_ Je ne le fais pas exprès figurez-vous.

_ C'est bien ça le pire. »

Hermione se retourna vivement pour lui lancer un regard noir, mais tomba sur le demi sourire de son professeur et se détendit un peu.

« J'y suis allée un peu fort, c'est ça ? demanda-t-elle d'une petite voix.

_ Non ?! Vous ? Oh, si peu ! Sous entendre que je finirais par faire ma vie avec Ginny Weasley, c'est une inquiétude, tout ce qu'il y a de plus rationnel.

_ Je suis désolée ! répéta-t-elle, un peu agacée.

_ Vous êtes jalouse.

_ Quoi ? Non.

_ Si, vous êtes jalouse, s'amusa Snape, ravi de la situation.

_ Et pourquoi je serais jalouse ?

_ Oh mais je vous retourne la question Hermione, pourquoi seriez-vous jalouse alors que vous avez littéralement plus de conversation, vous êtes plus loquace, intelligente et surtout, bien plus frappée du bulbe qu'elle.

_ Ce n'est pas un concours, marmonna-t-elle.

_ C'est vous qui en faite un concours, tout avec vous est un concours !

_ C'est faux.

_ C'est vrai, rétorqua-t-il.

_ C'est faux, j'avais juste peur que vous finissiez par en aimer une autre. »

Soudain, Hermione réalisa l'énormité qu'elle venait de sortir et plaqua ses mains sur sa bouche. Son regard était le seul à montrer sa surprise face à sa confession, et Snape en fit de même, en étant bien moins expressif néanmoins.

Un levé de sourcil suffit à montrer sa perplexité.

« Je vous demande pardon ?

_ Nous devrions changer de sujet, évita-t-elle. »

Snape soupira de lassitude. Il s'enfonça dans son siège, et continua de regarder le paysage en l'ignorant durant quelques secondes avant de reprendre la parole tout en évitant à tout prix tout contact visuel.

« J'étais sous l'influence de la potion. En dehors de cela, je ne tombe pas amoureux d'un claquement de doigts, déclara-t-il d'une voix plus grave. »

Devait-elle en être rassuré ? Etait-ce une tentative pour aplanir la situation ? Hermione n'en savait rien, et préféra ne faire aucun commentaire supplémentaire, au risque de s'enfoncer encore plus.

Elle commençait à crever de chaud et ôta de dépit, ses chaussures qu'elle laissa tomber sur le sol. Snape la regarda du coin de l'oeil, un peu troublé avant de tenter de penser à autre chose, autre chose que Hermione en débardeur blanc et dans son jean prés du corps, autre chose que sa peau luisante et de ses tentatives vaines de se rafraîchir.

« Je suppose que je dois vous présenter des excuses à mon tour, lâcha Snape, tendu.

_ Pourquoi ? demanda sincèrement Hermione en posant ses pieds sur le tableau de bord.

_ Ma blague douteuse n'a pas aidé à éviter ce conflit.

_ Vous voulez dire, quand vous avez suggéré qu'on baise dans la voiture ? »

Snape finit par pouffer de rire pour de bon.

« Je ne peux pas vous reprocher de chercher un moyen de passer le temps qu'il nous reste avant qu'on sorte d'ici.

_ Arrêtez deux minutes Granger, plaisanta-t-il en osant enfin la regarder en face.

_ Mais je suis extrêmement sérieuse. »

Snape cligna des yeux vers une Hermione rougissante, mais pourtant assez fière pour soutenir son regard à lui.

De nouveau, de longues secondes de silence passèrent avant qu'il ne sursaute face à ses propres pensées déviantes.

« Je crois que nous n'avons pas les idées très claires tous les deux, se mit-il précipitamment à ironiser sur un ton se voulant léger.

_ Je crois aussi, marmonna-t-elle.

_ Cette idée est ridicule.

_ Tout à fait.

_ Il y a d'autres façons de passer le temps, arrêtons de dire n'importe quoi.

_ Surement, lâcha Hermione, néanmoins peu convaincue.

_ C'était une parole extrêmement mal venue et maladroite, qui me paraissait drôle sur le moment en vue de la situation. Et j'admets que j'ai un sens de l'humour douteux. »

Hermione continua de jeter un drôle de regard à Snape qui faisait tout pour l'éviter.

« Arrêtez !

_ J'ai rien fais, se défendit-elle.

_ Vous êtes dingue, vraiment frapadingue, ajouta-t-il.

_ Je vous répète que je n'ai rien dis.

_ Vos yeux parlent à votre place.

_ Et qu'est-ce qu'ils disent, mes yeux ? lâcha-t-elle, fièrement en se penchant ostensiblement sur lui. »

Snape se tourna vers elle en prenant une grande inspiration, qu'il bloqua dans sa poitrine. Il resta ainsi en apnée, silencieux durant plusieurs secondes avant de détourner vite le regard sur autre chose que son décolleté.

« Qu'est-ce que vous croyez ? Que je vais me jeter sur vous comme un animal peut-être ? rit-il jaune. Eh bien, figurez-vous que je ne suis pas ce genre d'homme.

_ Et quel genre d'homme êtes-vous donc ? demanda-t-elle, amusée de son malaise.

_ Le problème réside là Granger, vous ne le savez pas assez pour rendre concret quoi que ce soit. »

La phrase lui fit mal.

Mais Snape ne sembla pas s'en préoccuper. Il trifouilla mécaniquement son siège pour en renverser le dossier, et soupira en position demi assise, les yeux plongés vers le plafond.

« Mais qu'est-ce que vous faites ?!

_ Je me détends. Ce n'est pas comme si on pouvait sortir d'ici de toute façon. »

Hermione soupira. Puis, elle finit par en faire de même, avec un peu plus de délicatesse néanmoins. A son tour, elle expira l'air, le regard dans le vide, un peu songeur aussi puisqu'elle se trouvait désormais plongée dans ses pensées.

« J'ai vraiment eu peur tout à l'heure, finit-elle par dire, pour briser le silence.

_ Je sais. »

De nouveau, elle soupira, ne sachant que rajouter de plus.

« Moi aussi, finit-il par avouer à demi-mot.

_ Je sais. Vous m'avez appelé Hermione, avoua-t-elle. »

Et il l'avait serré contre lui comme si sa vie en dépendait.

« Je n'ose pas imaginé si vous n'aviez pas été là, finit-elle par avouer.

_ Vous vous seriez bien reprise, lâcha-t-il, nerveux.

_ Je ne sais pas, chuter de si haut m'a pétrifié.

_ Je vous dis que vous vous seriez reprise, finit-il par gronder. »

Il fallait qu'elle le pense autant que lui, car il ne pouvait vivre avec l'éventualité qu'il lui arrive malheur, un jour comme celui-ci où il n'aurait justement pas été là.

« J'imagine que vous serez toujours là pour me rattraper à l'avenir de toute façon.

_ Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? demanda-t-il avec sincérité en se tournant vers elle.

_ Mon instinct, chuchota-t-elle. »

Snape ferma un instant les yeux, avant de détourner le visage.

« Je me trompe ? demanda-t-elle d'un ton bas.

_ Bien sûr que non. »

Hermione sourit un peu, pour elle-même avant de se remettre bien à sa place. Elle frissonna malgré la chaleur, même si cette dernière commençait à baisser avec la fraicheur au dehors, celle-ci commençant à créer un contraste qui les empêchaient peu à peu de distinguer l'extérieur au milieu de toute cette condensation.

Snape se défit difficilement de sa redingote, soupirant d'aise quand il se retrouva enfin en chemise qu'il ouvrit de deux boutons pour respirer.

« Vous m'en voulez toujours de vous avoir embrassé ce jour-là ? »

Cette question était sortie de nulle part, et Snape déglutit en grimaçant. Il resta silencieux un long moment, avant d'oser la regarder en coin.

« Non, avoua-t-il enfin. »

Hermione reprit l'inspiration qu'elle avait bloqué sans s'en rendre compte.

« Ce que j'ai dis, je le pensais. Mais Granger, vous vous êtes prise d'affection pour un homme qui n'existe pas. »

Lorsqu'il se tourna plus franchement vers elle, son coeur manqua un battement de la voir si bouleversée, même si elle tentait de le cacher à tout prix.

« Au contraire, je pense… que vous avez été un peu vous même, du moins, plus que ce que vous ne voulez bien l'admettre. »

Snape eut un éclat de rire sans joie, avant de se secouer la tête.

« Quand ? Quand j'ai chanté sous votre fenêtre, ou quand j'ai harcelé les elfes de maison pour qu'ils fassent votre plat préféré matin, midi et soir ?

_ Quand vous m'aidiez à faire l'antidote. »

Sa réponse était simple, factuelle et Snape se tourna une nouvelle fois vers elle, interloqué.

« Quand vous me caressiez le dos quand j'allais mal, quand vous vous penchiez au dessus de mon épaule, que me regardiez en me disant que… Que vous m'offririez le monde. »

Snape la fixa étrangement. Il détourna la tête une première fois, avant de la regarder de nouveau.

« D'accord, murmura-t-il.

_ Quoi, d'accord ?

_ D'accord, on va baiser.

_ Quoi ?!

_ Venez ici avant que je ne change d'avis, balança-t-il en se défaisant de sa chemise.

_ Quoi, mais qu'est-ce vous racontez, s'affola-t-elle.

_ Ne faites pas votre prude Granger, on en a clairement besoin, soyons enfin franche l'un envers l'autre !

_ Mais…

_ Vous n'allez pas me faire croire le contraire, nos corps hurlent… ça, mima-t-il en les désignant tous les deux. C'est comme ça, et jouer au jeu du chat et de la souris, excusez-moi, mais ce n'est drôle qu'un court moment.

_ Vous êtes au courant que cet instant n'a strictement rien de romantique ?

_ Oh, parce que vous avez besoin de pleurer d'émotion sur une bite pour rendre la chose plus acceptable ?

_ Vous voulez dire, sur la votre ? se moqua-t-elle presque en le désignant du regard. »

Snape fronça soudain les sourcils avant de la fusiller comme un prédateur sur le point de tuer sa proie.

« Sur la mienne, oui ! lâcha-t-il en grondant. »

Hermione rit plus franchement avant de se tourner totalement vers lui.

« Bon, vous venez, oui ou non ? »

De nouveau, elle sourit en secouant la tête avant de changer de siège pour se mettre sur lui, à califourchon. Snape la regarda de sa position sans bouger, l'air intrigué. Intrigué de la voir sous cet angle, de la sentir sur lui, qu'elle ne quitte enfin sa blouse d'élève à ses yeux pour de bon.

« Comment pourrait-on s'y prendre pour au moins, faire semblant de ne pas agir comme deux animaux ?

_ Vous n'avez qu'à… imaginer que je viens de vous emmener à un diner, balança Snape, peu convaincu.

_ Un diner ? Où ?

_ J'en sais rien moi, lâcha-t-il en levant les bras avant de les faire tomber de long de son corps.

_ Ok, chinois ou italien ?

_ Italien quelle question.

_ Très bonne réponse, commenta-t-elle en levant l'index. Vous m'avez invité à diner un excellent risotto, et après ?

_ Attendez, je rêve là, c'est quoi ces questions ?

_ J'essaie de rendre le moment un peu moins bizarre en y mettant un contexte.

_ Mais il n'y a aucun contexte à avoir, soupira Snape de façon dramatique.

_ Il est hors de question que j'assouvisse un fantasme vieux comme le monde en vous suçant le chibre dans une voiture en panne, perdue en rase campagne, comme si nous étions dans un film porno à faible budget.

_ Me sucer le… mais vous n'y êtes pas du tout ! s'exclama Snape, assez remonté.

_ Quoi, vous n'en avez pas envie peut-être ? »

Snape cligna plusieurs fois des paupières.

Si.

Enfin non ! Enfin, merde !

« Ce n'est pas la question ! s'emporta-t-il. Bon, je crois que c'était une mauvaise idée finalement, retournez sur votre siège.

_ Maintenant ?

_ Oui, maintenant ! »

Hermione haussa les épaules avant de reprendre sa place, et Snape soupira.

« Je pense que vous flippez.

_ C'est encore une de vos théories à la mord moi le noeud ?

_ Non, c'est une réalité. Vous êtes terrifié par l'idée de m'embrasser de nouveau, terrifié de vous laisser aller.

_ Je vous embrasse quand je veux sans pour autant me jeter sur vous.

_ Allez y dans ce cas. »

Snape grogna et bougea à son tour. Il monta sur elle et sans plus de cérémonie, l'embrassa à pleine bouche, plus pour lui clouer le bec qu'autre chose.

Seulement, au fil des secondes, ce baiser qui n'était qu'une marque de fierté mal placée au premier abord, arracha un gémissement à la jeune femme. D'impulsif, et de violent, Snape se laissa lui aussi, avoir et fondit peu à peu sur elle avec plus de lenteur. Il grogna et glissa son bras vers sa taille pour l'approcher de lui brutalement, alors qu'elle s'accrochait à ses épaules, transportée par ce baiser comme elle avait pu le faire avec tous ceux qu'elle avait échangé avec lui.

Snape la souleva presque de son siège tant il la maintenait contre lui, avant qu'il ne commence à s'enfoncer entre ses jambes, puis à bouger peu à peu contre elle qui se laissait faire, et qui n'attendait même que ça en réalité. Elle parsema alors sa bouche de baisers furtifs avant de ôter les boutons de son pantalon un peu précipitamment.

Ils étaient essoufflés et plus aucune parole ne sortaient de leur bouche alors que leur raison avaient vraisemblablement foutu le camp. Snape se dégagea d'elle et elle le poussa jusqu'à la plage arrière avant de retirer son jean de coup de main habile et de monter sur lui de nouveau, tenant les appuis tête alors que Snape laissait tomber la sienne en arrière. Il avait envie de jurer, de protester presque, mais ses hanches se mirent à danser tandis qu'elle initia d'elle-même un nouveau baiser, bien plus équivoque que le premier ni qu'aucun autre d'ailleurs.

Sa langue tournant autour de la sienne, c'était bien plus lubrique que ce qu'elle n'avait jamais offert à un autre homme. Mais merde, il avait raison, c'était son corps qui le lui hurlait, le pire étant à quel point elle sentait que cela marchait parfaitement. Ainsi, Hermione tint la mâchoire de Snape de sa main pour que surtout pas il n'arrête cet instant. Mais cela ne semblait pas être franchement dans ses projets alors qu'il serrait si fort sa taille de ses doigts pour la maintenir en place sur lui et qu'elle arrête de le rendre fou de la sorte.

Mais c'était peine perdu. L'homme initia lui même le mouvement, pressant ses mains sur ses fesses afin qu'elle suive la cadence. C'était animal, brut, sans possibilité d'y échapper. C'était même plutôt prévisible en réalité quand on songeait à toute la tension sexuelle régnant entre eux depuis des mois. Plus aucun mot ne sortait de leur bouche, il n'y avait que des grognements, des gémissements féminins et des souffles étouffés. De gestes précipités, elle se contorsionna pour retirer sa culotte dont il ne vit même pas la couleur alors qu'il retirait ce qu'il lui restait de vêtements sur le dos, soit, pas grand chose.

Hermione eut à peine le temps de jeter un véritable coup d'œil sur son attribut d'ores et déjà dressé qu'elle eut tout le loisir d'en deviner la forme quand il la reposa sur lui.

« Je déteste cette position, lui grogna-t-il en remontant ses mains le long de sa poitrine.

_ Moi je l'aime beaucoup !

_ Forcément vous dominez.

_ Exactement, lui glissa-t-elle au creux de l'oreille. »

Severus claqua sa main sur ses fesses et Hermione cria de surprise avant de gémir de langueur lorsqu'il s'attaqua à ses seins. Il les caressa, les choya durant de longues minutes avant de prendre son visage d'une main et de plonger ses yeux dans les siens.

Ces derniers étaient si brillants d'excitation, jamais au grand jamais il n'aurait pu penser en arriver là un jour avec elle. Le regard pénétrant, Hermione le prit en main et le guida en elle, avec timidité d'abord, cherchant un espèce d'accord. Comme si elle en avait besoin !

Snape s'agrippa a ses cuisses qui descendirent sur lui lentement. Hermione se raccrocha tant bien que mal à la fenêtre embrumée, aux sièges tant le plaisir était grand. Elle ne parvînt pas à s'empêcher de gémir longuement, avant de totalement le laisser s'enfoncer en elle. Elle se figea, comme pour imprimer cet instant dans sa tête, puis entama elle-même un mouvement de va et viens, lent d'abord.

Elle le devinait encore bien trop pudique alors qu'il retenait tout son pouvant sortir de sa bouche, mais ses doigts appuyés sur sa peau avec force valaient tous les mots de l'univers. Severus laissa tomber sa tête en arrière et son souffle s'accéléra alors qu'elle commençait à bouger sur lui, dans l'angle qui lui plaisait, avec son rythme à elle. Et dieu, il n'aurait rien changé à cela.

C'était comme se faire utiliser comme un vulgaire jouet, et il ne se laissait que rarement prendre de la sorte. Snape aimait bien trop avoir le contrôle de la situation, mais la, par Merlin…

Ce n'est que quand Hermione se mit à émettre des cris sans aucune retenu qu'il cru vraiment y laisser des plumes. Dieu maudissait cette foutu Ford bien trop exiguë, l'espace l'empêchait de reprendre le contrôle et de faire claquer ses fesses à un rythme bien plus intense. Car ce qu'elle faisait au dessus de lui relevait d'une torture, une véritable torture.

Puis, l'angle de son bassin changea et son rythme bien plus lascif suivit de la prière qu'elle gémit en invoquant son prénom le fit perdre pied.

« Stop stop, intima-t-il en la faisait s'arrêter quelques secondes. »

Snape posa son front sur son épaule et Hermione rit un peu d'avoir un tel pouvoir sur lui.

« J'ai envie de vous prendre c'est terrible, chuchota-t-il contre sa peau. Vous avez manqué de me faire jouir espèce de dingue. »

Snape mit quelques secondes avant de reprendre ses esprits, puis initia le mouvement à son tour. C'était un peu perturbant pour elle, qu'il reste silencieux, mais en même temps, elle n'aurait pu s'attendre à plus. Severus Snape était un homme discret, peu enclin à s'épancher sur quoique ce soit. Alors, il serrait ses hanches, la faisant bouger au rythme qu'il voulait, alors que sa bouche se perdait sur sa gorge. Elle entendait son souffle chaud s'accélérer contre sa peau et se cambra, s'accrochant du mieux qu'elle pouvait afin de suivre cette cadence plus accélérée qu'insidieusement il lui imposait, quitte à prendre appui sur les cuisses du maître des potions.

« Oui, laissa-t-il échapper en un murmure à peine audible. »

L'entendre juste gémir son approbation manqua de la faire flancher, mais lui en avait assez, assez de n'avoir aucun contrôle, assez de ne pouvoir lui faire dépasser ses limites. Alors, il lui saisit les fesses un peu plus rudement, pour la retourner d'un coup de hanche plutôt habile. Hermione couina lorsqu'il la souleva un peu, pour la retourner. Elle se retrouva ainsi assise, les fesses sur la banquette, tandis qu'il s'agenouilla sur le plancher de la voiture et remonta ses jambes pour qu'elles entourent son bassin. Sans se faire franchement prier, Snape s'enfonça en elle sans cérémonie. Cette position allait lui briser les genoux, aucun doute là dessus, mais s'il devait être tout à fait franc, ce n'était guère la partie de son anatomie qui avait à l'heure actuelle, toute son attention.

Aux grands maux, les grand remèdes : à défaut de bénéficier d'un lit king size, il ne laisserait pas cette minuscule banquette avoir raison de sa volonté de faire de cette baise, quelque chose de mémorable.

C'est ainsi que Hermione se laissa couler d'extase, n'ayant aucun mal à exprimer tout son plaisir. Ses mouvements étaient bien plus amples, calculés et montrait toute sa détermination à l'explorer sous la moindre couture. Il sembla presque en sourire tandis qu'il atteignait son objectif, enfin.

La voiture faisait un bruit abominable, mais les cris d'Hermione vinrent bientôt les couvrir, même si, agacé, Snape s'empara vite de la baguette de la jeune femme pour faire taire le grincement de l'habitacle, avec un grognement animal.

« Professeur Snape, finit-elle par soupirer. »

Même si cette appellation le faisait tiquer, l'homme trouvait un certain érotisme dans sa façon de prononcer son titre de la sorte. Elle le répéta, doucement d'abord, puis encore et encore, avant d'alterner par des « Monsieur » tout aussi expressifs et enfin, de dérailler sur son prénom.

Transporté par elle, il plongea afin de l'embrasser à pleine bouche, « amoureusement », songea-t-elle béatement avant de se laisser transporter de nouveau.

D'un bras habilement placé derrière son dos, l'embrassant avec toujours autant de passion, il la serra en une étreinte si forte, si intense, qu'ils arrêtèrent tous deux tout mouvement. Sa bouche contre la sienne, son membre en elle, et cette façon de la serrer contre lui, elle n'aurait jamais pu être si proche, si intensément lié à son maître des potions.

Hermione songea soudain qu'elle ne s'était aussi jamais sentie aussi aimée de toute son existence. Si elle était en porcelaine, il aurait pu tout aussi bien la casser tant il la gardait contre lui comme s'il était devenu vital de ne pas la laisser s'échapper de lui, vital de la garder encore une seconde, une minute, juste une de plus. Ainsi imbriqué l'un dans l'autre, elle sentit cet instant hors du temps, hors de l'espace, hors de tout, où plus rien ne comptait.

Ils cherchaient sans doute autant l'un que l'autre à s'imprégner de leur essence respective, avant que l'instinct ne prenne le dessus et qu'un mouvement ne les rappelle à la réalité de cet échange charnel.

Hermione s'accrocha alors à son cou alors qu'il recommençait à bouger en elle. Cette fois pourtant, elle l'entendit bel et bien gémir dans sa bouche. Et le moindre de ces sons-là avaient une portée inégalable. Alors, sa voix se confondit avec la sienne, jusqu'à ce que l'oxygène ne leur manque et qu'il mette fin à ce baiser interminable.

« Je t'aime, chuchota-t-elle presque malgré elle, son front contre le sien. »

C'était comme s'il ne l'avait pas entendu, ou qu'il avait choisi de ne pas l'entendre. Malgré tout, une fois cette phrase dites, il n'arrivait plus à retenir ses gémissements, de plus en plus intenses et désordonnés alors qu'il s'accrochait à son tour avec force sur le siège arrière, tant que ses doigts lui faisaient un mal de chien et qu'il lui semblait sentir ses empreintes s'inscrire dans le cuir.

Ses mouvements étaient de plus en plus anarchiques et puissants, profonds, acharnés alors que son sexe frottait cet endroit si particulier qui fit monter une sensation en elle, un orgasme lui envahissant le corps tout entier, son coeur, sa gorge, sa tête, jusqu'à faire bourdonner ses tympans. Leurs deux corps en nage, il régnait une chaleur ici presque insoutenable.

Hermione entendait sa respiration anarchique, aux portes de la jouissance.

« Bordel ce que c'est bon, jura-t-il en se saisissant de ses cheveux. »

Alors qu'il était si muet, cette phrase si brute, et pourtant, si authentique prit une ampleur telle dans ses oreilles qu'elle la fit jouir, au plus profond d'elle-même. Il fit ainsi basculer sa tête en arrière, avant de l'embrasser à pleine bouche et que les pulsations de son antre n'aient raison de lui.

C'est dans un râle guttural qu'il finit par jouir, répandant sa semence en elle avec bien autant d'intensité que son cri masculin se percuta dans sa gorge. Mais Hermione ne le lâcha pas, tandis que des soubresauts lui arrachaient les toutes dernières secondes de jouissance restantes.

Snape finit par retomber presque sur elle tandis qu'elle soutenait à son tour son visage pour ne pas briser ce baiser, caressant ses joues de ses pouces, puis ses cheveux, s'accrochant à lui comme si sa vie en dépendait. Et c'était bon, si bon en réalité de sentir de dernier lien s'éterniser, même après l'amour.

C'est à contre coeur qu'il mit fin à ce baiser, avec une délicatesse rare. Leurs respirations étaient toujours aussi anarchiques tandis qu'une file pellicule de sueur perlait à présent sur leur deux corps nus. Snape avait son regard perdu dans celui d'Hermione autant qu'elle, et ils peinaient à calmer la cadence de leurs deux coeurs qui menaçaient de sortir de leur poitrine. Pour la première fois de son existence, elle pouvait percevoir le trouble, le réel trouble dans ses pupilles qui ne voulaient pas se détacher de son visage. Alors, elle s'approcha une nouvelle fois de lui pour lui donner un baiser, simple, ce même baiser naïf qu'il avait pu lui offrir, les yeux assez ouverts pour s'assurer de ne pas rêver.

« Ça va ? finit-elle par murmurer faiblement, toujours aussi essoufflée néanmoins. »

Snape déglutit un peu pour humidifier sa bouche, sèche à force de respirer aussi fort. Il se contenta d'hocher la tête, fatigué et de se retirer d'elle. Puis, il s'allongea en travers de la banquette, et la cueillit au passage dans ses bras, alors qu'elle commençait à trembler de ce mélange chaud-froid.

Machinalement, il embrassa sa chevelure ondulée avant de la serrer contre lui, histoire qu'elle ne crève pas d'un choc thermique, ou quelque chose comme ça. C'est que leurs corps étaient si brulants et transpirant à la fois qu'ils pourraient franchement attraper la mort, même en plein été.

« Dommage qu'il n'y ait pas de couverture, chuchota-t-elle, les yeux fermés.

_ Dommage qu'on ne soit pas dans un lit, répondit-il simplement. »

Hermione acquiesça d'un mouvement de tête avant de se blottir contre son corps nu, et de plonger son nez dans sa nuque pour s'imprégner une dernière fois de lui avant de tomber dans les bras de Morphée.