Dernier Refuge

Chapitre 19

Il faisait bien trop beau pour une journée pareille. Fleur se regarda dans le miroir, tentant de se motiver pour ce qui l'attendait. Elle aurait vraiment aimé porter son tailleur blanc pour un autre évènement que celui auquel elle devrait assister, mais en bonne sorcière qu'elle était, elle se devait d'être impeccable, en privé comme en public.

Elle entendit la porte s'ouvrir et vit dans le miroir Gabrielle y jeter sa tête avant d'y entrer plus franchement, Corban sur ses talons. Tout comme elle, Gabrielle s'était également vêtue d'un tailleur mais un peu plus dans les tons gris. Gabrielle se rapprocha d'elle tandis que le loup alla se placer aussitôt près d'une fenêtre afin d'observer quelques jeunes loups qui s'amusaient dans les jardins. Quand il fût satisfait, il se tourna vers les sœurs Delacour. Leurs morphologies différaient mais chacune avait son charme dans sa tenue.

Fleur analysa sa sœur de la tête aux pieds, observant chaque détail afin de voir si elle y voyait un défaut. Un sourire satisfait naquit sur son visage et elle fit un geste de sa baguette pour faire apparaître un objet. Il s'agissait d'une broche en or d'un colibri en plein vol, croisé d'un fleuret pointu. Elle aurait pu paraître futile mais pour l'évènement auquel elles allaient assister, cette broche leur serait primordial. Fleur le prit en main puis s'avança vers Gabrielle qui reconnut bien là le blason de leur famille.

- Ne la perds pas. C'est notre laisser-passer. J'en ai fait faire une deuxième pour toi.

- Est-ce important que je vienne ?

Fleur la regarda alors qu'elle fixait la broche sur le tailleur de Gabrielle. Elle ne semblait pas du tout comprendre l'importance de la situation et cela l'irrita un peu.

- Rassures-toi. Si j'avais eu le choix, tu serais resté au manoir.

- Ils ne m'ont pas convoqué.

- Ils ont convoqué les héritiers et, comme moi, tu es aussi une héritière. Je compte sur toi pour rester discrète.

- Je saurai me taire.

Malheureusement elle ne savait que trop bien que cela n'allait pas être le cas. Contrairement à elle, Gabrielle n'avait pas sa langue dans sa poche. C'était déjà un reproche qu'on lui faisait depuis toute petite. Et si cette honnêteté convenait aux loups garous, elle les mettait en danger devant les sorciers. Doucement l'aîné lui tendit sa main.

- Ta main.

- Fleur, protesta Gabrielle.

Fleur ne dit rien, se contentant de la fixer, sa main tendue vers sa sœur en attendant que cette dernière lui donne en retour la sienne. À contrecœur, Gabrielle tendit sa main à sa sœur et ferma ses yeux. Fleur se tourna vers Corban qui continuait de les observer calmement.

- Sais-tu faire de la magie ?

- Fleur !

Corban se rigidifia aussitôt, ne s'attendant pas à une telle question. À sa réaction, Fleur sût qu'elle avait fait mouche et avait touché la corde sensible. Que croyait-il ? Elle n'était pas idiote. Le fait que Lucius Malfoy l'utilise devait sûrement dire que ses loups les plus forts et les plus proches devaient sûrement savoir l'utiliser. Et Corban Yaxley était fort. Pas forcément le plus fort, mais très habile dans ses mouvements. Elle avait pu le voir par le biais des différents sorts qui protégeaient et surveillaient le manoir. Ce loup qui avait su se montrer très discret était incrédulement habile de sa magie.

- La concentrer suffira, dit-elle imperturbable.

- Je ne vois pas pourquoi je devrais le faire.

- Voyons voir …

Fleur se tourna vers sa sœur et un sourire mutin naquit pour la première fois depuis bien longtemps, surprenant autant le loup que sa petite sœur. Ce n'était pas froid ou mesquin mais malicieux comme quand on était prêt à embêter un proche.

- Contrairement à ce que tu pourrais penser, une demoiselle aura plus de chance de mettre votre situation en péril que moi. Tu veux tenter cette chance ?

Gabrielle rougit de honte alors qu'elle se remettait à fixer Corban.

- Je vais essayer de me taire.

- Non, tu vas la faire et je ne te donne pas le choix, claqua Fleur, Notre but présent est de protéger les loups garous, chose qui sera difficile si on a toute l'armée sorcière à notre porte.

- Mais tu sais que je déteste ces réunions.

Fleur se rapprocha de sa sœur et lui tint le menton.

- Ils ont déjà compris que les loups sont sous protection. Inviter toutes les grandes familles sorcières est déjà une preuve qu'ils sachent que les loups garous sont sous des anciennes protections. Ils chercheront à nous tester dès notre arrivée et ce n'est pas le moment de jouer avec notre chance.

Gabrielle se mordit la lèvre, se retenant de crier de frustration. Merlin, ce qu'elle pouvait ressembler à leur mère ! Elle comprenait très bien ce qu'on lui demandait, mais elle n'était du genre à retenir sa langue quand elle entendait des paroles injustes ou fausses. Fleur avait pourtant raison, elles devaient faire bonne figure afin de ne pas se vendre devant tout le Magemagot. Résignée par son propre point faible, elle se tourna vers Corban qui s'était un peu rapproché.

- S'il te plaît, sois notre témoin.

- Que comptez-vous faire ?, demanda le loup.

- Un serment inviolable, répondit Fleur.

Corban ne comprit pas tout de suite les termes de Fleur. Un serment ? Pourquoi avaient-elles besoin de magie pour se promettre quelque chose ? Par le regard de Gabrielle et leur précédente discussion, il comprenait très bien que c'était une manière de l'obliger à ne pas faire une faute mais il ne penserait pas les humains aussi faibles pour ne pas tenir leur parole. Un tique nerveux lui prit en repensant au traité de paix qui avait été bafoué une fois de plus. Le loup de rapprocha des sœurs et fixa Fleur.

- Que veux-tu que je fasse ?

Un sourire en coin naquit sur les lèvres de Fleur : ils se comprenaient enfin. Calmement, Fleur prit le temps d'expliquer à Corban en quoi ce serment consistait et ce qu'il fallait faire pour qu'il soit efficace. Le loup écouta attentivement et comprit rapidement ce qu'elle attendait de lui. Quand les explications furent faites, Fleur serra les mains de sa sœur entre les siennes et fit un regard à Corban en direction de leurs mains jointes.

- Tout ce que tu as à faire c'est de concentrer ta magie que tu poseras ta main sur les notre.

Corban, bien que réticent, fit comme demandé et posa sa main sur celles des sorcières. Quand il les toucha avec sa magie, il put ressentir deux sortes de magies émaner des jeunes femmes. Il lui fallut un instant avant de comprendre qu'il s'agissait de la magie de chacune d'elle. Si celle de Gabrielle semblait fébrile et inconstante, la magie de Fleur était calme et fluide mais incroyable lourde. L'aîné dépassait de loin la benjamine.

- Calme-toi, Gabrielle, tu peux le faire.

Les encouragements Fleurs réussirent à calmer Gabrielle qui semblait paniquée par le sort. Quand la magie de Gabrielle fut plus calme, Fleur lui sourit et commença le rituel. D'une voix distante, les paroles et les questions de Fleurs résonnèrent dans la pièce suivies des réponses de Gabrielle.

Quand Gabrielle sortit les derniers mots que Fleur attendait, Corban sentit tout à coup une grosse partie de son énergie partir. Il avait envie de lâcher prise et de s'asseoir. Cette sensation dura quelques minutes avant que cela se calme. Fleur lâcha les mains de sa sœur qui se laissa tomber au sol, le corps tremblant et le souffle saccadé. Corban s'éloigna des deux sorcières mais resta debout, sa fierté de loup revenant de plein fouet en voyant la blond se contenter de remettre son tailleur en place tout en regardant sa sœur d'un sourire moqueur.

- Tu vois ?, sourit-elle, Ce n'était pas si compliqué.

Offensé par cette attaque, Gabrielle se releva et tout en la toisant, se dépoussiéra un peu.

- Tu étais obligé de mettre autant d'énergie dans ce serment.

- Serais-tu en train de dire que le loups ne valent pas la peine qu'on les protège ?, sourit encore plus Fleur.

- Tu vois ? C'est ça ton problème tu …

Fleur roula des yeux et pointa sa baguette vers la cheminée qui s'illumina de flammes vertes. Elle tira sa sœur qui continuait de pester contre elle et lança un regard à Corban.

- Nous reviendrons en début de soirée.

L'instant d'après, les deux sœurs Delacour avaient disparues dans les flammes, laissant un Corban bien épuisé.

O ~ O ~ O ~ O

Godric's Hollow était en effervescence. La nouvelle de la disparition de Ginny avait fait le tour du village. Chacun allait de bon train dans des suppositions et des rumeurs avaient vite fait leur chemin dans les différentes ruelles possibles. Le nom Weasley était sur toutes les langues.

Et pourtant, contrairement à ce que certains auraient pu penser, la maison Weasley était calme malgré la présence de ses membres. Molly, en chef de famille, était assise à sa table, son époux à ses côtés. Si Arthur semblait bouleversé par les précédents évènement, Molly quant à elle semblait garder son sang-froid : son dos droit, son regard fixé sur la personne qui lui faisait face. Ses mains très actives, malgré elle, montraient son stress face à cette situation imprévue. Si son regard se montrait fier et dur, le couple d'Alpha décelait très bien son désarroi.

Bill étaient derrière sa mère, son visage si fermé qu'on n'arrivait pas à déceler sa colère, son inquiétude ou sa déception. Percy, quant à lui était dans un état rapprochant celui de son père. Sa panique à présent calmée, il restait assis regardant par alternance les Alphas et ses parents, craignant la conclusion qu'allait amener cette discussion.

Severus jeta un regard en coin à Harry et Ron qui les avaient suivis pour assister à cette discussion. Si Harry semblait embêté et ennuyé par la situation, Ron était si en colère que son regard vacillait entre cette couleur dorée et sa couleur d'origine. Ses tâches de rousseurs avaient l'impressions de disparaître sous les rougeurs de son visage. Son loup semblait visiblement au bord de la rupture mentale. Ça leur avait pris plusieurs heures avant de retrouver les traces de Ginny. Cette dernière avait réussi à les faire tourner en rond, ce qui leur avait fait perdre des heures considérables.

Sirius éclaira un peu sa gorge et s'appuya sur la table, croisant ses doigts dans un geste engageant à la coopération.

- L'équipe de Harry et Ron ont réussi à retrouver sa trace.

- Vous l'avez retrouvé ?, s'exclama Molly en se relevant.

- Assieds-toi et écoute, grogna Ron.

Molly serra la mâchoire mais se rassit tout de même quand elle sentit Bill appuyer sur son épaule pour l'inciter à le faire. Dans cette situation, ils ne devaient pas oublier que Ron avait un statut supérieur à elle. Ils le savaient tous : Ron ne s'arrêterait pas juste parce qu'elle était sa mère, surtout maintenant. Sirius soupira d'exaspération.

- Ginny vous a dit qu'elle dormirait chez les Mc Donald depuis le départ de la Grande Chasse.

La matriarche Weasley pâlit à cette déclaration mais hocha de la tête pour affirmer ces dires, comprenant très bien où l'Alpha voulait en venir.

- Mais ces traces suivent les chasseurs.

- Ce n'est pas possible, grogna Molly, Ginny ne ferait pas quelque chose d'aussi insensé.

Severus retint un jappement. L'entêtement perpétuel de Molly était quelque chose qui tirait beaucoup sur sa patience. En effet, Ginny n'était pas du genre à désobéir aux ordres et aux règles mais depuis ces derniers mois son comportement avait bien trop changé. L'Omicron Alpha jeta un regard à son neveu, se doutant bien que cela devait encore avoir un lien avec lui.

- Rien n'est sûr mais ses traces suivent le groupe. On va devoir se baser sur ça, dit Severus.

- Pourquoi elle ferait ça ?, questionna Percy, Ne serait-ce pas mieux de la ramener ?

- Nous ignorons encore ses raisons, dit Sirius, Mais nous allons déployer quelques Gammas à sa recherche.

Molly se releva aussitôt de son siège, le visage horrifié par la décision.

- Les Deltas sont meilleurs pour la traque Sirius ! Les Gammas sont plus lents !

Ron émit un grognement sourd, piqué au vif par les paroles de sa mère. Par Gaïa, connaissait-il si peu le clan pour sortir ce genre d'inepties ?

- Ne dit pas n'importe quoi, grogna Ron, Le village a besoin du reste des Deltas et tu le sais.

- Ils ne la retrouveront pas assez rapidement.

- Rapidement ou pas, Ginny se dirige vers les équipes de chasse. Avec les créatures qui y vivent, elle ne tardera pas à faire demi-tour. Les Gammas que nous enverrons seront beaucoup plus sûrs pour son retour en sécurité que les Deltas.

- Rien ne garantit ce que tu dis.

- Par Gaïa, maman ! Tu faisais partie des meilleures guerriers et tu oses douter de nos loups ?! Un Delta serait capable de se laisser plus porter par la chasse que de ramener Ginny !

Molly recula sous le cri de Ron. Le Gamma ne se calma pas pour autant, regardant sa mère avec une certaine rage contenue. Il ne fallut que l'intervention de Harry qui lui tapota légèrement l'épaule pour qu'il se calme. Sirius, qui ne tint pas rigueur des esprits échaudés, continua sur sa lancée. Il y avait beaucoup plus important à parler que la composition des équipes de recherches.

- Nous avons un autre problème.

Les Weasley relevèrent leur regard vers Sirius, inquiets. Son ton n'était plus aussi avenant et ils pouvaient sentir l'aura de l'Alpha ressortir. Son regard conserva cette couleur grise mais la gravité était bien là.

- Ginny n'est pas partie seule.

- Comment ça ?, paniqua Arthur.

Sirius passa sa main dans ses cheveux, embêté.

- La benjamine des Mc Donald est allée avec elle.

Harry serra sa mâchoire. Il aurait préféré que Ginny aille avec un autre loup. À son grand désespoir, il avait fallu mêler les Mc Donald à toute cette histoire. Si Percy n'était pas allé chez les Mc Donald, combien de temps cela leur aurait pris avant de se rendre compte que les deux louves n'étaient plus dans le village ? Molly serra encore plus ses poings et Arthur pâlit plus qu'il ne lui était possible. Le pauvre loup était déjà au bord de l'évanouissement.

- Dans une heure, une équipe partira à leur recherche. Prions Gaïa pour qu'elles nous reviennent en un morceau ou que les équipes de chasses puissent les rencontrer avant des prédateurs.

- Vous ne pensez tout de même pas qu'elle réussira à atteindre le campement des Deltas et des Sigmas ?, s'étonna Arthur, Ginny est encore une louve inexpérimentée, Sirius !

- Ginny ?, s'étonna Ron, Elle est adulte, c'est son choix mais là il s'agit de Nathalie.

- Elle n'a pas encore eu son élévation, souffla Bill.

- Nous déployons déjà le meilleur de nos effectifs présents afin de les ramener. Ensuite, il va falloir que vous discutiez calmement entre vous.

La famille Weasley se redressa, attentive. Ron, déjà bien conscient de tous les éléments se contenta de croiser les bras, le visage fermé à nouveau.

- Ginny commence à dépasser le quota de ma patience, dit l'Alpha, Il va falloir que vous vous mettiez en tête des conséquences qu'elle vient d'engendrer.

- Sirius tu n'oserais pas !

Ron grogna assez fort pour mettre un terme aux plaintes de sa mère. Son regard était fixé sur elle, ahuri par son comportement. Allaient-ils devoir continuer à supporter cela, même devant l'ampleur de la bourde que venait de faire sa sœur ? Par Gaïa, il n'avait pas cette patience de supporter tout ça. Plus maintenant.

- Ginny met la famille dans cette situation et tu trouves encore le moyen de la défendre.

- Ginny n'est pas capable de tenir une telle punition.

- Parce qu'avoir toute la famille exclue du village c'est mieux ?

Ron soupira fortement. Aux yeux de ses parents il le voyait très bien : ils n'avaient pas du tout pensé à cette éventualité. Percy non plus apparemment mais Bill semblait s'en douter. Les Weasley avaient toujours fait partie du clan de Godric's Hollow. Ce clan était l'une des branches des Black, alors pourquoi ils s'en sépareraient ? Le Gamma eut un sourire sarcastique face à cette constatation avant de refermer son visage.

- N'oublies qu'en protestant contre la décision de Sirius, tu mets la famille du côté de Ginny. Si elle revient, et je l'espère, il faudra savoir qu…

- Assez !

Le cri surprit chacun d'entre eux, autant par sa longueur que par le désespoir que Molly laissait de nouveau paraître. Ce même désespoir qu'elle avait eu lors du combat contre Draco. Si elle avait eu cette chance que le loup épargne sa fille, cette fois sa vie dépendait du bon vouloir des Alphas et du village.

Molly jeta un regard désespéré vers ses fils aînés qui semblaient tout aussi accablés et épuisés par la situation. Elle se retourna vers son mari qui la regardait en retour, son regard suppliant de prendre la meilleure décision, puis se tourna vers les Alphas. Elle ouvrit la bouche mais pas un seul mot ne sortit. Elle retenta une fois, puis une deuxième fois mais rien n'y fait : sa décision, elle ne pouvait la prendre. Désemparée, la louve se laissa tomber sur sa chaise, le regard hagard.

Surpris, la pièce resta quelques secondes dans un silence total. Sirius et Severus se regardèrent : l'un inquiet et l'autre impassible. L'Alpha dominant s'apprêta à parler que Bill s'interposa. L'aîné posa une main sur une épaule de chacun de ses parents et les serra légèrement.

- Je vous remercie Alphas pour votre mise en garde. Nous allons suivre votre conseil et en discuter amplement.

L'intervention de Bill surprit certains mais permit de donner suite à la décision qui devrait être prise. La famille Weasley avait besoin de prendre du recul et de se retrouver afin de visualiser les différentes solutions qui se donnaient à eux. Bill se tourna vers Ron qui hocha de la tête : il était d'accord avec son frère.

Compréhensible, Sirius et Severus acceptèrent la requête et se levèrent de table. Une œillade de la part de Sirius suffit à Harry pour comprendre qu'ils étaient à présent de trop. Le brun hocha de la tête puis soupira doucement. Il se tourna vers Ron et lui serra l'épaule en soutien. Le Gamma comprit le message et les salua avant de rejoindre sa famille à la table.

Quand ils furent assez loin de la maison Weasley, Sirius lâcha un grognement de frustration.

- Par Gaïa, nous n'avons jamais un moment de répit avec vos idioties.

Harry ne chercha pas à répondre. Il n'en avait ni l'envie, ni la motivation de le faire. À cet instant le silence était la meilleure chose à faire.

- Nous avons choisi d'envoyer des Gammas mais je me demande s'il n'aurait pas mieux fallu envoyer les hommes d'Harry et de Fenrir, dit Severus.

- Peut-être ceux de Fenrir, grimaça Harry, Mes hommes reviennent de mission et n'apprécient guère Ginny. Ils pourraient faire exprès de ne pas la retrouver, au détriment de Nathalie. Les hommes de Ron seront mieux.

- C'était la meilleure solution, affirma Sirius, La priorité est qu'elles reviennent en un morceau.

Le trio continua sa route encore quelques mètres mais Harry ne se sentait pas à l'aise. Les dernières paroles avec les Weasley avait fait naître une frustration chez lui qu'il n'arrivait pas à calmer.

- Vous comptez vraiment exclure toute la famille Weasley ?

- Que penses-tu que je devrais faire, Harry ?

Pris de court, le Bêta ne dit pas un mot. Il était rare qu'on lui demande son avis dans ce type de situation. Semblant comprendre, Sirius se tourna vers lui et plissa un peu son regard à son attention :

- Penses-tu que cette décision soit bien trop dure ?

- Je n'ai jamais pensé à ce genre de solution, réfuta Harry, Les Weasley nous ont montré à de nombreuses reprises leur loyauté et cela avant même de devenir une sous branche des Black.

- Là tu réfléchis avec ton affection que tu as pour les Weasley et nos histoires communes.

- Et pourquoi devrais-je ignorer ces éléments ? Il s'agit quand même de se séparer de plusieurs membres du clan et je en parle pas que de la famille de Ron mais aussi leurs cousins, leurs oncles… Vous vous rendez compte que cela aura un gros impact sur le clan ?

Le Delta s'arrêta, les poussant à s'arrêter à leur tour. Son visage était fermé et ne semblait pas se détendre. La fatigue, quant à elle, commençait à se voir sur son visage et Harry eut ce soudain rappel de Luna qui leur avait dit que Sirius arrivait à sa fin en tant qu'Alpha : Le loup commençait à saturer.

- Si cela avait été un loup qui venait à peine d'entrer dans le village, qu'aurais-tu fait dans ce cas ?

- C'est différent.

- À peine, grimaça Severus, Mais mets les avec les mêmes capacités, la même loyauté. Que ferais-tu ?

Harry ne pût leur donner une réponse et cela apporta un léger sourire compatissant de la part des Alphas. Sirius se rapprocha de lui et mit sa main sur son dos pour le pousser à avancer.

- Quand ça sera ton tour, tu verras que parfois se séparer d'une famille ou d'un loup peut permettre de protéger le reste du clan et c'est ça notre priorité.

O ~ O ~ O ~ O

Cette journée s'annonçait compliquée. Draco circulait un peu sur le camp, regardant les dommages qu'il pouvait y avoir. Les attaques des harpies les avaient beaucoup plus touché que prévues. Elles avaient réussi à passer les protections mises par Dean, ce qui avait poussé les chefs à mettre beaucoup plus de loups dans la garde du camps. Neville était resté toute la nuit éveillé avec Charlie pour maintenir les harpies à distance. Ces dernières avaient fini par rebrousser chemin mais bon nombre de proies avaient fini entre leurs griffes. Par Gaïa, au moins un tiers de leurs proies n'étaient plus entre leur mains.

Grâce à l'équipe de réserve, ils avaient pu préserver certaines proies mais leur attention devait rester à leur maximum afin d'éviter plus de pertes. Draco arriva près des proies et vit Hagrid s'affairer avec des cordes et filets en tout genre, ce qui attisa sa curiosité.

- Que fais-tu, Hagrid ?

- Oh Draco !, sourit le loup, Tu es placé en réserve ?

- Non, je faisais juste un tour avant la chasse, expliqua-t-il en haussant des épaules.

Loup hocha de la tête et lui sourit avant de se désintéressé pour continuer ce qu'il faisait.

- Alors ? Que fais-tu ?

- Je prépare des pièges pour aider l'équipe de réserve.

Le Sigma était perplexe face à ce loup. Ils atteignaient la moitié de leur séjour dans ces montagnes mais c'était bien rare de le voir intégrer une équipe pour aller chasser. Il s'occupait des pièges mais il ne chassait pas vraiment. C'était intrigant. Encore plus intrigant que les méthodes de chasse de Neville.

- Tu chasses d'une manière différente des autres. Ça te plaît comme ça ?

- Par Gaïa, oui ! Tu sais j'ai toujours voulu être un Delta et personne ne me voulait dans son équipe. Si Harry ne m'avait pas aidé à améliorer mes outils, je serais sûrement encore dans les montagnes de Godric's Hollow.

Draco releva la tête, curieux. Il savait que le loup était proche de Potter mais il ne s'était pas rendu compte de ce dévouement de la part du Delta.

- Tu connais Harry depuis longtemps ?

- Depuis qu'il est petit, sourit le loup, Je connaissais ses parents. Mais Harry est très gentil, tu sais ?

Le Sigma retint une grimace en entendant le Delta lui confirmer le caractère du Bêta. Pas qu'il ait besoin d'une confirmation maintenant qu'ils étaient réconciliés mais Gaïa c'était trop. Le regard du loup brillait à la mention de Potter. C'était le même regard que lui avait montré Théodore quand il l'avait défendu lors de la dispute. Cette loyauté. Comment ce loup réussissait à gagner la loyauté des loups avec autant de facilité ? Il avait l'impression que le fossé qui les séparait venait de s'agrandir avec ce constat.

- Pourquoi j'ai l'impression que tu cherches à m'affirmer qu'il a un bon côté ?

Hagrid tonitrua les cordes qu'il manipulait. Il jeta un regard au blond et ce dernier ne retint pas son rire. C'était léger mais il n'avait pu s'en empêcher. Voir ce regard désolé du loup qui tentait de lui expliquer ne fit qu'améliorer son humeur. Calmement, il vint s'asseoir sur le char où était Hagrid et le regarda continuer à se dépatouiller dans ses explications.

- Ce n'est pas du tout ça, hésita Hagrid, Je sais que vous vous êtes disputé avec Harry mais je ne veux pas que Harry soit triste. Il n'aime pas les disputes.

- Personne n'aime les conflits.

- Je sais, souffla-t-il, Mais si on ne l'aide pas, Harry ne va pas chercher à arranger la situation.

- Tu trouves que la situation n'est pas arrangée ? Il était pourtant avec nous lors de notre départ.

Hagrid fronça des sourcils et fit un léger grognement de contradiction. Il n'avait pas l'air convaincu et cela plu un peu à Draco dont son sourire ne voulait pas le quitter. Ça ne datait pas d'aujourd'hui mais les interactions qu'il avait eu avec Hagrid depuis le départ pour cette chasse lui donnait l'impression de discuter avec un grand louveteau. Les conversations avec lui étaient légères mais sans trop être niaises et il appréciait.

- Harry est distant comme s'il marchait sur des œufs. Je n'aime pas le voir comme ça. C'est le premier à nous aider quand nous avons besoin de lui mais il ne veut jamais qu'on l'aide.

- Si Potter ne veut pas s'ouvrir, je ne pense pas pouvoir faire mieux que ses amis.

- Depuis votre arrivée, Harry communique plus avec nous. Avant il était beaucoup plus distant car il ne voulait pas causer de problèmes. Je ne veux pas revoir ça.

- Même avec toi ?

- Non, sourit Hagrid, Harry m'a toujours parlé gentiment.

Hagrid se tourna vers lui et son regard navré revint aussitôt.

- Désolé Draco. Je ne voulais pas te forcer la main. Je veux juste que Harry soit heureux.

- Et tu penses qu'en s'entendant avec moi il le serait ?

- Oui, bien sûr. En tout cas c'est ce que je pense.

L'honnêteté de Hagrid surprit Draco une nouvelle fois. Draco sourit et tapota un peu son avant-bras en signe de soutien. Il comprenait mieux ce côté avenant de la part de Potter envers ce loup. Il était bien trop doux et bien trop conciliant pour un dominant et cela le surprit agréablement. Il descendit du char et lui fit signe qu'il y allait.

- Je refuse !

Le cri retentit dans tout le camp, apportant son lot d'inquiétude du côté de Draco qui se retourna aussitôt. Le blond ne put retenir sa grimace cette fois en voyant que son ami s'adressait aux chefs d'équipes. Il ignorait pourquoi Blaise tenait tant à désobéir. Ce n'était pas dans ses habitudes d'autant contredire des ordres mais ces deux ou trois derniers jours cela était devenu récurrent, au point d'irriter les autres. Le blond vit très bien que les chefs n'étaient pas ravis, l'irritation sur le visage de Dean était même palpable. Même Jean, qui était de nature taquine, avait délaissé sa joie pour un visage fermé. Par Gaïa, ça devait la première fois qu'il voyait ce regard si dédaigneux et dégouté de sa tante. En voyant toute l'attention sur eux, Dean se releva et s'avança pour s'adresser aux loups du camp.

- Ceux qui ont eu l'assignation peuvent déjà y aller ! Ne doivent rester que mon équipe !

D'un seul homme les loups s'activèrent plus rapidement et se rassemblèrent. Les chefs d'équipes passèrent leur chemin et allèrent rejoindre leur équipes assignées. Seuls restèrent, Dean, Charlie et les jumeaux. Même l'équipe de soutien trouva quelque chose à faire pour s'éloigner du camp pour un bon moment. Neville, étant le chef de Draco ce matin-là, se rapprocha du blond qui n'avait pas bougé de sa position.

- Allons-y Draco.

- Que compte faire Dean ?

Il était obligé de lui demander. Les visages déterminés et irrités des chefs avaient changé et étaient devenus impassibles : ils savaient que quelque chose allait se passer et cela avait inquiété le blond.

Neville soupira un peu et le poussa en direction du reste de l'équipe du jour. Mais si Draco pensait ne pas avoir sa réponse, le Gamma consentit à lui en donner une partie.

- Blaise a dépassé les bornes mais il ne lui arrivera rien.

- Est-ce si mal qu'il préfère rester avec moi ?

Le brun fronça des sourcils, le regardant quelques secondes sans sortir un mot. Ils venaient de rejoindre l'équipe et d'un seul homme ils prirent le direction qui leur était attribué à ce jour.

- Tu ne sembles pas vraiment connaître la réponse pour me demander ça.

Le Sigma ne dit rien, sachant au fond que Blaise avait dépassé les bornes. Mais c'était la conséquence qui l'inquiétait et il voulait savoir ce que les chefs comptaient faire, ce que Dean allait faire. Voyant son dilemme, Neville le prit par les épaules et le poussa à nouveau pour qu'ils aillent chasser. Ce n'était plus son problème mais celui de Blaise.

Du côté de ce dernier, la situation ne s'était pas arrangée. Voir Draco emmené par Neville, sans lui, ne l'avait pas rassuré. Les jumeaux n'avaient pas aidé. Ayant compris ses intentions, ils lui avaient vite barré la route grâce à leurs hommes. Il avait complètement été isolé du reste du camp et plus les minutes passèrent, plus il comprit qu'il serait seul contre toute l'équipe. Quand il ne resta qu'eux, Blaise laissa son regard doré luire d'irritation alors qu'il crachait son mécontentement envers les chefs d'équipe.

- Je ne vois pas pourquoi je devrais être séparé de Draco.

- On te l'a dit, Blaise, grogna Charlie, Ce n'est pas à toi de choisir ton groupe. Chaque équipe est faite en fonction des choix de chaque chef et des objectifs attendus.

Malgré les paroles, pourtant avenantes de Charlie, Blaise ne décoléra pas et argumenta avec encore plus d'entrain son besoin d'être aux côtés de Draco. Dean, qui avait choisi d'être silencieux, vit au fur et à mesure les loups s'interroger sur l'importance que le Sigma avait besoin d'être auprès du blond. Il en vit certains comprendre le sens de ses paroles en entendant le Sigma parler de l'importance de le protéger. Quand il l'entendit une fois de plus soumettre ses doutes quant à la sûreté de Draco, Dean se détacha du groupe et se plaça au centre d'un petit cercle où un ancien feu avait brûlé dans la nuit.

- Tu ne veux pas nous écouter. Donc comme tu sembles vouloir décider pour toi, bats-toi contre moi.

- Dean…

- Tais-toi, Fred, grogna Dean.

Le Delta se tourna vers Blaise qui le fixait à présent étonné. Il n'avait jamais été question qu'il se batte contre un chef d'équipe. Ces derniers mois et plus particulièrement, ces derniers jours, lui avaient permis d'observer et d'évaluer chaque chef. Dean devait sûrement être le plus mystérieux après Remus mais il restait le plus dangereux. Le loup cachait volontairement sa puissance et s'en amusait allègrement. Son entourage proche était principalement composé de Gammas et de Bêtas, ce qui était très arrangeant pour un Delta. On pourrait le penser faible mais Blaise savait que ce n'était pas le cas. Le respect des autres loups envers lui en était la preuve : Dean était extrêmement fort.

Le jeune Sigma se rapprocha à son tour de Dean alors que ce dernier avait laissé tomber son polaire pour rester en t-shirt. Il lui fit fasse et se mit à craquer ses doigts tout en roulant ses épaules dans un geste décontracté. Les autres loups se rapprochèrent un peu, ne leur laissant qu'un espace pour leur laisser à peine de quoi se battre au corps à corps. Blaise se sentit au milieu d'une exécution.

- Tu sembles te croire dans une position unique et privilégiée. Prouves-moi que tu le mérites.

- Je ne demande pas à me battre.

- C'est la règle, Blaise. Tu veux décider pour toi, tu te bats, grogna Dean.

Dean arrêta ses légers sautillements et en un instant, le regard élargi, il fonça sur Blaise. D'un mouvement fluide, il le prit par la gorge et d'un croche-pied, le fit basculer vers l'arrière avant de le plaquer au sol. Le Delta rapprocha son visage laissant entrevoir au Sigma les premières lueurs dorées de son regard lupin.

- Tu devrais vraiment commencer à descendre de ton pied d'estale.

Blaise ne put répliquer. Le choc entre sa colonne vertébrale et les pierres au sol lui avait coupé sa respiration et sa trachée, encore bloquée par la poigne de Dean, peinait à récupérer l'oxygène dont il avait besoin.

Quand il sentit la poigne se renforcer, son regard se raviva et d'un geste habile, Blaise passa l'une de ses jambes par-dessus le bras et d'un coup sec sur le torse, repoussa Dean. Le Delta se releva, un sourire mesquin sur le visage, alors qu'il se dépoussiérait au niveau de son torse.

Ces quelques secondes avaient, néanmoins, permis à Blaise de se dégager et de se relever. Il chercha une possibilité de trouver une autre solution que de se battre, mais dans le regard des autres il comprit ce qu'il devait faire. Reprenant son souffle, le Sigma se positionna et fit de nouveau face au Delta. Les secondes qui suivirent ne furent qu'échanges de coups de poings ou de pieds. L'irritation monta encore plus de chaque côté.

- Tu crois que tu peux te permettre de refuser les ordres juste parce que Draco est l'Alpha ? Ou serait-ce tes états d'âmes qu'on doit supporter ?

Blaise serra la mâchoire alors qu'il continuait d'encaisser les coups de Dean, sous la nargue de ce dernier. S'ils semblaient légers, ses coups étaient incroyablement lourds. Cela lui empêchait de bien réfléchir à ses paroles et le jeune homme n'était pas sûr de pouvoir tenir bien longtemps.

Un moment d'égarement ou de faiblesse. Il ne savait plus. Cependant, il sentit aussi vite qu'il ne vit le sol rencontrer son visage. Quelques cailloux éraflèrent son visage et d'autre s'entrechoquèrent contre ses dents. Il tenta de se relever mais ses jambes glissaient, le laissant à genoux. Il tenta de se situer mais son regard commençait à devenir flou. Un grognement lui suffit pour qu'il sache où se trouvait Dean. Il n'était qu'à quelques centimètres de lui et Blaise pouvait sentir le poids de sa simple présence. Son loup n'était pas juste intimidé : il était complètement effrayé.

- Penses-tu que tu l'aides vraiment ?

- Ça suffit, Dean, je pense qu'il a compris.

Charlie qui avait tenté de s'interposer en tirant Dean par l'épaule, se prit un coup de pied de la part du Delta, provoquant le choc parmi les autres loups. Plus personne n'osa s'approcher. Dean resta un moment à observer Charlie qui se fit aidé par ses frères et se releva. Blaise encore troublé par les paroles du Delta, commençait à comprendre le sens de ces mots.

- Relève-toi, Blaise et réponds-moi !, ragea Dean.

Blaise secoua un peu sa tête pour tenter de reprendre ses esprits mais il se sentait partir. Forçant sur ses dernières forces, il se releva, bien qu'avec beaucoup de peine, et fixa son adversaire. Il devait lui dire. Il n'était pas idiot et cela, malgré le fait que cela ne plaise pas aux autres. Si pour cela il devrait sacrifier son corps et son âme alors oui, il le ferait sans aucune hésitation.

- Je …

Gaïa, en avait-il même le droit de le dire ? Des larmes de rage commencèrent à naître au coin de ses yeux. Il avait l'impression de ne plus être à sa place, de ne plus mériter sa place auprès de Draco, voire dans ces montagnes. Il n'arrivait même plus à se défendre contre un loup du clan Black. Il n'arrivait pas à se battre contre un bras-droit de Potter et cette pensée le rendit amère. Était-ce ce qu'ils voulaient lui faire comprendre ? Qu'il était de trop auprès de Draco ? Non. Le regard de Dean montrait pourtant autre chose. Si ce n'était que ça, ils lui auraient fait comprendre bien avant : avant sa colère contre Potter.

- Dean !

Blaise ferma les yeux, encaissant une douleur qu'il sentit traverser son dos et sa tête alors que Dean le refaisait tomber au sol. Il tentait de remettre ses idées en place mais sa frustration actuelle l'empêchait de répondre au Delta qui lui reposa la même question.

Dans un murmure, Blaise dit ce qu'il avait à dire puis sourit amèrement. Ce n'était que quelques mots et il ignora si Dean ou un autre loup avait pu l'entendre : il l'avait dit. Qu'ils n'y croient pas, il s'en fichait. Qu'ils le pensent fou, cela n'avait guère d'importance pour lui. Tout ce qui lui importait c'était que Draco ne sache pas tout ça. Dans un semblant de rire, Blaise s'abandonna et se laissa tomber. Il n'avait plus de force et il n'avait qu'une envie : que toutes ces histoires s'arrêtent.

Quand il rouvrit les yeux, il faisait déjà nuit. Il lui fallut un peu de temps avant de s'y habituer mais la première chose qu'il vit, ce fût le ciel étoilé.

- Réveillé ?

Ce n'était qu'un murmure. Mais ce fût suffisant pour le mettre aux aguets. Il tourna sa tête vers la personne qui n'était autre que Charlie. Le loup l'observait, calmement assis contre un arbre alors qu'il jouait avec deux cailloux dans sa main. Le mate tenta de se relever mais sentit des poids énormes sur ses jambes. Il releva un peu la tête, faisant fi des bourdonnements, et vit deux gros loups : Fred et George.

- Ils voulaient restés près de toi, du coup ils n'ont pas mangé de la journée.

- Ils n'étaient pas obligés.

Charlie soupira mais ne dit rien à sa remarque. Blaise vit son froncement de sourcils s'accentuer, comme s'il se retenait de lui dire le font de sa pensée.

- Draco ?

- Là-bas.

Le rouquin pointa à l'autre bout du clan, où se trouvait justement le blond en grande discussion avec les chefs d'équipes. Aucun ne paraissait ravi de la situation et aucun ne tentait d'avoir la main sur la discussion. Chacun semblait partager son avis, mais le ton était maintenu très bas, empêchant le reste du campement d'entendre ce qu'il se disait.

- Draco n'a guère apprécié le remise à l'ordre de Dean.

- Il n'a pas son mot à dire pourtant.

- Étonnant venant de ta part.

- Ce n'est pas pareil.

- Peut-être, dit Charlie en haussant des épaules, Il a pourtant pris son rôle d'Alpha pour leur parler.

Blaise écarquilla des yeux et tenta de se relever. Ses mouvements réveillèrent les deux gros loups qui le maintenaient au chaud. Réveillés en sursaut, les deux grosses masses se relevèrent immédiatement pour s'enquérir de son état.

- Blaise !

- Tu devrais rester coucher !

- Tu vas mieux ?

- Ça suffit les jumeaux, grimaça-t-il, Je vais bien.

Sa voix ne réussit pas à convaincre les jumeaux. Les deux loups couinèrent un peu mais ne l'obligèrent pas à rester coucher. Quant à Charlie, l'aîné daigna se bouger et lui tendit une gourde qu'il accepta humblement. Blaise grimaça un peu en prenant une meilleure position mais ne lâcha pas Draco du regard. Le blond lui faisait dos mais il pouvait le voir à sa position que quelque chose avait changé chez son ami. Il était distant et froid comme une barrière pour empêcher qu'on n'abuse de sa gentillesse. Le Sigma mordit sa levre en comprenant ce que son ami faisait et se tourna vers les frères Weasley.

- Pourquoi n'êtes-vous pas avec eux ?

- On préférait rester avec toi, sourit Charlie.

- Je n'ai pas besoin qu'on prenne soin de moi.

Le sourire de Charlie, bien que déjà faux, disparut aussitôt.

- Dis-moi, Blaise, ça t'arrive de compter sur des gens ?

- Non.

- Tu plaisantes ?

- C'est comme ça que je suis. Mais si je n'avais pas le choix, je me tournerais vers Draco et Théodore.

- Le ferais-tu réellement ? Et ne me mens pas, ajouta Charlie en le voyant prêt à répliquer.

Blaise fronça ses sourcils, ne semblant pas comprendre sa question. Fred, qu'il reconnut facilement à son pelage, posa sa tête sur ses jambes. Ses yeux allèrent de son grand frère à Blaise avant de rester fixés sur le plus jeune. Ce dernier, habitué par ce côté sentimental de Fred, passa une main sur son pelage pour le rassurer.

- Nous avons entendu ce que tu as dit, grogna George.

Blaise sourit amèrement. Pourquoi ça l'aurait étonné du contraire. Il comprenait mieux ce regard des jumeaux à présent.

- Et donc ? Vous avez pitié de moi ?

- Aucun loup n'est un objet mais un enfant de Gaïa.

- Libre à chacun de penser ce qu'on veut de soi-même.

Charlie se tût, n'osant pas sortir sa parole qu'il avait sur le bout de la langue. Il avait cette sensation que le Sigma faisait tout pour faire ressortir son mauvais côté. Pourquoi devait-il penser de cette façon ? Il n'avait pas l'air d'être un loup qui avait souffert toute sa vie pour penser de cette manière, alors à quel moment cela avait changé ?

- Blaise.

Le petit groupe se tourna vers la voix et y vit Draco, avançant tranquillement vers eux. Draco, qui avait fini sa discussion avec les chefs, n'avait pas tardé et était revenu le plus vite possible à ses côtés quand il le vit éveillé. D'un geste de la tête, il salua les frères Weasley puis vint s'asseoir à côté de Blaise. Doucement, il posa sa main sur celle de Blaise, l'incitant à lever le regard vers lui.

- Comment te sens-tu ?

- Bien.

- Ne me mens pas.

Blaise grimaça mais ne rajouta rien pour autant. Ce ton calme du blond était pire que ses crises de colère. Il avait une image très nette de ce qu'il avait eu avec Dean et son état ne devait sûrement pas être beau à voir. Son corps lui faisait un mal atroce. Il avait cette sensation d'avoir du sang dans sa bouche et sa gorge. Cependant, ses blessures n'étaient rien comparé à son ressenti. Cette sensation d'avoir enfin compris qu'il n'était d'aucune utilité et que sa force n'était que minime. Non. Il ne pouvait tout simplement pas en parler. Il n'en avait pas le droit. Draco resta un instant à l'observer avant de ses tourner vers les frères Weasley.

- La composition des équipes restera la même. Je n'ai pas demandé à changer les équipes.

- Surprenant.

Le sarcasme de Charlie surprit Draco et ce dernier ne manqua pas de lui envoyer une œillade remontée. Le Delta semblait vouloir leur apporter un nouveau problème mais le Sigma n'était pas d'humeur à jouer aux énigmes.

- Tu t'attendais à ce que j'intervienne pour changer la répartition.

- Vu la scène que tu as fait tout à l'heure, tu dois quand même te douter que c'était une éventualité.

Draco resta à fixer Charlie quelques secondes avant de serrer la main de Blaise dans la sienne. Il n'allait pas se voiler la face : il en avait bien eu l'intention. Neville n'avait pas dit un seul mot si ce n'était que tout irait bien et que ce n'était pas à lui de régler cela. Il avait patienté, profitant de sa chasse en se disant que Blaise lui ferait un résumé. Cependant, revenir au camp pour voir Blaise dans un tel état avait achevé sa patience sur tout ce problème. Son aura s'était libérée sous l'émotion et il avait fallu beaucoup de paroles et d'explications avant qu'il se calme. Le regard droit de Dean, l'intégrité de Neville et des autres chefs ainsi que les paroles de Jean, avaient fini de calmer sa colère. Dean n'aurait pas agi par pur caprice et cela il ne l'avait compris que maintenant. C'était frustrant. Frustrant de voir qu'il lui restait encore autant à apprendre du fonctionnement des autres.

- Je conçois très bien que vous êtes les responsables du groupe pendant cette chasse, dit-il calmement, mais cela ne justifie pas une telle correction.

- C'est le Sigma qui parle ou c'est l'Alpha ?

Le blond plissa du regard, ne semblant pas comprendre cette attaque soudaine.

- Tu sembles oublier que tu n'es pas le seul Alpha Premier.

- J'en ai bien conscience, grogna légèrement Draco.

- Permets-moi d'en douter, sourit le Delta.

- Charlie.

Le Delta glissa son regard vers Blaise qui lui demandait silencieusement de ne pas pousser Draco et de le laisser. Il comprenait très bien pourquoi mais il ne voulait pas. Pas après ce que Blaise venait d'endurer. Charlie se releva et vint s'accroupir près de Blaise, face à Draco.

- Laisse-moi deviner. Tu penses que nous avons dépassé les limites de la tolérance en laissant agir Dean de cette façon et je suis persuadé que c'est ce que tu as expliqué aux autres.

- N'est-ce pas le cas ? Blaise est un rescapé de Serdaigle mais c'est aussi mon bras-droit.

- Bras-droit qui dépasse les limites avec un village qui n'est pas le sien, grogna Charlie.

Un lourd silence s'installa dans le groupe et leur entourage. Charlie soupira un peu et s'assit complètement, recommençant à jouer avec des deux pierres dans une certaines nonchalance.

- Tu penses qu'en nous parlant tel quel, avec ton statut, nous accepterons sans broncher ? Et ne dis pas le contraire car c'est exactement comme cela que tu agis.

- Je ne dis pas que vous devez accepter sans broncher, grogna Draco, La discussion que j'ai eu a justement permis de faire comprendre chaque parti.

- Cette discussion n'aurait même pas dû avoir lieu, Draco. Blaise a eu de la chance en n'ayant eu que la correction de Dean.

- Tu me reproches d'avoir intervenu mais tu t'en es bien mêlé de ce que j'ai pu entendre.

- Ce n'est pas pour les mêmes raisons, s'immisça George.

Draco plissa des yeux mais l'ainé avait déjà détourné son regard, semblant embêté, vers la personne concerné qui n'était autre que Blaise. Ce dernier fronça des sourcils ne semblant pas comprendre pendant quelque secondes mais les paroles de George lui suffirent à faire le lien. Un écho dans sa tête qui voulait lui prouver qu'il valait beaucoup pour certains.

- Ron.

Le blond se tourna vers lui, ignorant de son raisonnement. Blaise, le visage encore plus fermé, développa à son ami.

- Il leur a demandé de me protéger.

- Et il a eu raison, grogna George, Il semble t'avoir bien cerné pour savoir que tu n'hésiterais pas à te rebeller contre tous les chefs d'équipes, surtout Dean, bien qu'il ne nous ait pas dit les raisons de cet entêtement de ta part.

- Nous étions très sceptiques quand il nous l'a demandé. Dean est l'un des plus arrangeants de nous tous, ajouta Fred.

Draco fixa les frères Weasley, encore suspicieux qu'ils n'aient agi que sous la demande de Ron. Si ce dernier ne leur avait rien demandé, auraient-ils vraiment laissé Dean continuer son échange avec Blaise ? Un légère bile lui remonta à la gorge. Par Gaïa, il essayait de comprendre les raisons mais il n'y arrivait pas. Il ne voulait pas revoir Blaise dans cette situation mais il savait que s'il faisait quelque chose, il empirerait la situation. Les chefs avaient déjà accepté de discuter avec lui sur les raisons de cette mise en garde et de lui expliquer pourquoi ils agissaient ainsi mais il était persuadé que ça serait la seule fois avant qu'il ne soit réellement prêt à prendre son statut en main.

- Tu aurais pu finir dans un pire état, déclara Charlie, j'espère que tu t'en rends bien compte ?

Blaise hocha de la tête. Il l'avait très bien compris. Certes, ce n'était pas de la façon la plus douce mais il n'avait pas manqué les signes trompeurs de cette remise de leçon. Le Sigma sortit de ses réflexions quand il sentit Draco lui serrer les mains. Il avait très bien compris le message. Cela devait être sûrement pour ça que la discussion n'avait pas été aussi houleuse qu'il l'avait présumée.

- Tu sais ce qu'il te reste à faire.

Blaise soupira puis hocha à nouveau de la tête. Il savait très bien ce qu'il avait à faire, surtout s'il voulait que la Grande Chasse se termine bien pour lui.

O ~ O ~ O ~ O

Cette réunion était plus ennuyeuse qu'elle ne l'aurait cru. Un regard en direction de l'horloge magique lui suffit à empirer son moral. Elles avaient quitté le manoir en milieu de matinée pour que, même après l'heure du dîner, elles soient encore entourées de ces idiots.

Gabrielle fit un tour dans la salle et vit qu'elle n'était pas la seule à avoir dû accompagner un héritier ou chef de famille. Elle pouvait comprendre que sa sœur et les autres héritiers soient convoqués mais pourquoi les autres ? Fleur avait raison. Toute cette mascarade avait uniquement pour seul but de tester les anciennes familles sorcières et elles n'avaient pas été les seules à avoir compris le message.

Dans toute cette assemblée, certaines familles étaient bien présentes alors qu'elles s'étaient éloignées de la société et de la politique de leur monde comme les De Montgascon ou les West. Par Merlin, l'héritier, Rio Santa Cruz, baillait allégrement devant le Comte Lancel qui ne cessait de serrer ses lèvres pour ne pas lui faire de remontrance.

Cet ennui se voyait sur chaque tête. Si le ministère avait cru être discret dans leur convocation et leur plan, visiblement cela n'avait nullement fonctionné. Tous le monde était au courant de la démarche du ministère, leurs dernières lois votées montrant toute leur stratégie politique avec les autres créatures. Et comme de simples idiots qu'ils étaient, ils pensaient que les seuls à agir étaient les anciennes familles sorcières. Un soupire franchit ses lèvres, accablé par toute cette mascarade : elle aurait préféré rester au manoir ou s'affairer à retrouver Rodolphus.

- Mademoiselle Delacour.

Gabrielle sursauta et se tourna subitement quand elle se rendit compte qu'on ne s'adressait pas à elle mais à sa sœur. Cette dernière, nullement préoccupée par les paroles qui s'échangeaient avec le Magemagot, étaient en train d'aborder un sujet avec son ami, le Lord Egerton Saik. Gabrielle avait été très surprise de le voir à leur arrivée, ne pouvant se rappeler de la dernière fois qu'elle l'avait vu pour de vrai. C'était un sorcier assez discret, à ses souvenirs, un homme à la peau noire, un regard de sirène vert très clair allant presqu'au gris. Sa chevelure blanche, qui se démarquait encore plus que le blond platine de Fleur, était un gêne familial qui ne comptait pas disparaître et prouvait encore plus son appartenance génétique. Pendant des générations la famille Egerton avait attiré les regards par son aspect physique parfait au point que des remeurs avait circulé sur leurs origines. Certaines persistaient encore mais la plupart s'étaient tassé grâce à l'intervention d'un aïeul des Delacour.

Les deux familles avaient toujours été très proches, d'où la proximité entre Saik et Fleur. Mais parfois certaines têtes peuvent rompre des liens aussi forte que celle de leurs familles. À sa succession pour le titre, Saik avait pris la décision, contrairement aux objectifs de son père, de s'éloigner de la sphère politique et de se concentrer sur le commerce qu'il avait réussi à exploiter avec les autres civilisations. Ce fût une chose qui avait beaucoup déplu aux parents des deux sorcières mais ravi leur grand-père. C'était aujourd'hui, un des rares sorciers qui était autant investit aux ententes entre races, la première étant les moldus. Tous savaient qu'il avait encore des liens avec des races hostiles mais personne ne savait exactement jusqu'à quel point. Personne à part Fleur.

Peu perturbée, Fleur releva sa tête vers le dirigeant du Magemagot. Gabrielle ne la trouva que plus exceptionnelle. Elle aurait été à sa place qu'elle n'aurait pu lancer un regard aussi hautain et rempli de jugement. Le sorcier, quant à lui, continuait de la fixer, tel un professeur irrité. Par Hélios, ils devaient vraiment être sûrs de leur coup pour ne pas flancher devant Fleur.

- Vous n'avez rien dit depuis le début de cette réunion.

- Suis-je obligée de dire quelque chose ? Il me semble ne pas être la seule à m'être tue pendant vos palabres, Comte Lancel.

- Mais très peu d'entre eux, voire aucun, n'a eu pour chef de famille l'ancien Ministre de la magie, ministre qui était bien connu pour son rêve de « paix » avec ces créatures.

Gabrielle serra ses lèvres, l'empêchant de lancer une parole. Sa sœur avait bien fait de l'obliger à réaliser la promesse. Elle ne pourrait rien faire qui compromettrait la sécurité des loups garous et des autres. Impuissante, elle se tourna vers sa sœur qui continuait de fixer le Magemagot, son sourire supérieur à nouveau en place.

- Le fait que mon grand-père ait eu un objectif de paix, ne veut pas dire que je suivrai ses traces sans y réfléchir.

- Alors peut-être que vous pourriez plus participer à nos idées comme le faisait feu votre mère.

- Comme je viens de vous dire, je ne suis point idiote à suivre des objectifs sans y réfléchir et je dois avouer que tous vos discours me donnent plus envie d'écourter cette assemblée que d'y agréer.

- Pardon ? !

Calmement, Fleur se leva et s'avança un peu. Elle fit un geste circulaire de sa main, englobant toute la partie des héritiers qui étaient à ses côtés ainsi que les membres présents derrières, dont sa sœur, Gabrielle.

- Que ce soit ma sœur et moi, ou encore les autres héritiers. Je trouve déjà bien osé de votre part de nous faire venir ici alors que nous avons déjà bien à faire.

- Vous ne savez point la menace que représente ces créatures.

- Ces créatures comme vous dîtes, restent dans leurs villages et n'interagissent avec nous que lorsqu'elles ont besoin d'une matière rare qu'elles n'ont pas.

L'assistance se tourna vers le Lord Egerton qui avait intervenu pour épauler Fleur face au Magemagot. De sa voix suave, il relata le peu d'échanges qu'il avait pu avoir avec les loups-garous et confirma que ces derniers étaient rares à voir.

- Le seul village sorcier qui aurait pu en rassembler vous l'avez rasé il y a de cela plus de 10 ans.

- Ce n'était pas un village sorcier mais un village de loups-garous, ragea un autre comte du Magemagot, Que des loups-garous noirs. Vous n'aviez pas encore l'âge pour vous y balader, qu'est-ce que vous en savez pour palabrer des informations aussi erronées.

- Les informations erronées sont les votre, Compte Bletchley, héla le Lord Santa Cruz d'un fort accent, Il s'agissait d'un village sorcier mais protégé par un clan de loups-garous. Quel était leur nom encore ?, demanda-t-il en se tournant vers Saik.

- Si je me rappelle bien il s'agissait du clan des Dubois, sourit ce dernier, Mais que sais-je ? Je n'étais que bien trop jeune, c'est cela ?

Betchley devint rouge de colère, mécontent d'avoir été rabroué de la sorte par les deux sorciers qui ne voulaient pas lâcher l'affaire sur cette histoire. Gabrielle s'attrista un peu à ce rappel de cet évènement. C'était un incident qui avait fait beaucoup parler dans leur société mais également dans d'autre peuples. Même les vampires s'en était moqué : l'histoire de sorciers tuant les leurs par simple haine de l'inconnu.

Le compte Lancel frappa fort de son marteau, ramenant le silence et l'attention sur lui.

- Je comprends tout à fait votre raison, Lady Delacour. Comprenez également notre inquiétude quant au futur de notre peuple. Vous ignorez le danger qui pèse au-dessus de nos têtes et ces bêtes en sont la cause.

- Le seul danger qui est visible actuellement c'est votre ignorance. Vous êtes prêts à nous faire retourner dans une guerre contre des créatures dont on ne connaît pas la pleine puissance. Qui vous dit qu'ils seront seuls contre nous ?

- Le Lord Voldermort est justement avec nous pour y remédier.

- « Lord » ?, se moqua Fleur, Qu'est-ce qu'on n'aura pas entendu.

Le sorcière rigola à nouveau, secouant sa tête sous ces affirmations grotesques alors que le reste de l'assistance restait muette face la révélation de Voldemort. Fleur arrêta de rigoler, essuyant une larme invisible. Dans un geste gracieux et impérial, la jeune sorcière joint ses mains devant elle. Gabriel ne put s'empêcher de grimacer. Qu'avait-elle encore derrière la tête ?

Dans un geste fluide, elle leva les paumes de ses mains et un colibri blanc apparût dans sa main. Principalement composé de fumée, ce sort était une magie propre à quelques membres des Delacour et son résultat ne dépendait que de la volonté propre de son lanceur. Un sourire satisfait, Fleur rapprocha sa main et souffla vers l'oiseau.

- Reveal.

L'oiseau sautilla un peu puis s'envola pour planer au-dessus des membres de l'assemblée. Quelques sorciers aux côtés de Gabrielle se tournèrent vers elle, s'inquiétant de ce que sa sœur comptait faire, mais la jeune femme restait calme et muette. Le mot qu'elle avait entendu lui avait suffi pour la rassurer elle-même : Fleur ne tenterait pas de faire des dégâts.

Quand l'oiseau finit son envol au-dessus de l'assemblé, il revint au milieu et se déforma pour dévoiler une immense créature à l'aspect difforme de loup garous et de serpent. Quelques cris d'effroi et de dégoût retentirent dans la pièce apportant un léger confort aux deux sœurs.

- Qu'est-ce que c'est ?, demanda l'héritière De Mongascon.

- Ça ma chère, ce serait le « Lord » Voldemort, sourit Fleur, Mais à en voir le visage de nos chers comtes et comtesses, ils savent déjà à quoi ressemble ce « Lord ».

Les différents membres des familles commencèrent à discuter entre eux, ne s'attendant pas à ce que le Magemagot prenne du soutien d'une telle créature. Ces derniers, un peu déstabilisés ne surent quoi répondre face à cette projection. Mais Fleur ne semblait pas en avoir fini avec eux car ce qu'ils ne savaient pas c'étaient que son sort avait également prélevé un peu de leurs souvenirs et l'un l'intéressa particulièrement.

Doucement la créature commença à bouger et d'autres apparitions se firent. Ils s'agissaient de sorciers. Ces derniers le traitant avec respect tel un égal et le vénérant tel un dieu sur terre. Mais à la dernière seconde la créature empoigna un sorcier par la gorge et trancha la tête de sa seconde main griffue un autre sorcier qui voulut aider celui qu'il avait empoigné. Cela ne dura que quelques secondes mais cela suffit à avoir les informations qu'ils voulaient tous : pouvaient-ils faire confiance à ce Voldemort ? Quand le sort redevint le colibri, Fleur le rappela sur sa main et se tourna vers le Magemagot.

- Dîtes-moi, c'est vraiment cette créature que vous avez choisi de soutenir ?

Fleur laissa planer sa question dans l'assemblée, qui n'eut aucune réponse. Constatant cela, elle fit une mimique sceptique face à la situation mais chacun pouvait déceler le dédain qu'elle avait actuellement pour ceux qui supportaient Voldemort. Chacun continua d'observer le colibri sur la main de Fleur, visualisant encore la scène qu'ils venaient de voir. Même Gabrielle n'avait vu Voldemort avec autant de détails. Il était, certes, grand, mais par de nombreuses fois, il était caché d'une énorme cape, leur empêchant de voir sa forme entière.

- Vous m'avez l'air sûrs de vous.

- Mademoiselle Delacour !

- Comte Lancel, claqua Fleur, Continuez de faire votre discours mais ne nous prenez pas non plus pour des imbéciles. N'oubliez pas qui nous sommes. Vous avez peut-être été élus chefs mais nous restons les piliers de notre société.

Gabrielle ressentit une soudaine pression se faire dans leur assemblée. Plus qu'une menace, elle avait l'impression que quelque chose cherchait à la protéger, de la magie. Elle osa détourner un peu le regard et vit chaque membre des familles sorcières regarder farouchement les membre du Magemagot. Ils n'étaient, certes, pas tous pour la paix avec les créatures mais ils avaient tous très bien compris le but de ce conseil et aucun d'entre eux n'aimaient être pris pour un idiot. Un regard vers sa sœur lui permit de voir que Fleur avait constaté la même chose et qu'elle aimait le résultat. Tel une reine, la sorcière fit de nouveau face aux membres du Magemagot.

- Avez-vous d'autre choses à nous dire si ce n'est votre propagande pour contrer des loups-garous et soutenir une créature qui n'est nullement l'un des nôtres ?

- Vous ne comprenez pas le danger, Héritière Delacour …

- Un danger que vous laissez circuler parmi notre peuple, coupa Fleur, Mais, personnellement, je trouve que nous vous avons déjà accordé assez de notre précieux temps pour écouter.

Pour affirmer ses paroles l'horloge magique sonna, annonçant la fin du débat pour tous. D'un seul homme les héritiers et leurs familles prirent la direction du hall du ministère. Aucun héritier ne parla mais chaque membre des familles allait bon train concernant la créature qu'ils venaient de voir. Arrivée dans le hall des cheminées, Gabrielle, bien que difficilement, réussit à rejoindre sa sœur qui était en train de tendre quelque chose au Lord Egerton qui le fit aussitôt disparaître pour éviter d'attirer l'attention. Quand il la vit, le sorcier lui fit une légère révérence son doux sourire toujours en place.

- Gabrielle, la salua-t-il avant de s'en aller pour rejoindre les membres de sa famille.

Gabrielle le salua en retour et se tourna d'instinct vers sa sœur qui ne lâchait plus son sourire. Quand il n'y eut presque plus personne, Fleur tira sa sœur par le bras et prirent une cheminée pour rentrer chez elles.

L'atterrissage forcé ne plus pas trop à Gabrielle mais elle savait qu'elle avait autre chose à se préoccuper.

- C'était quoi tout ça ? Depuis quand ton sort peut aller aussi loin ?

Fleur claqua des doigts et une tasse de thé fumant apparût devant elle. Elle prit la tasse et vint s'asseoir à son bureau pour faire face à sa sœur. Elle fit une moue, l'air de prendre le temps de réfléchir avant de lui répondre, son sourire de retour.

- Grand-père m'avait dit que le sort pouvait se moduler en fonction de notre bon vouloir, du coup je me suis entraîner à ce qu'il puisse récupérer les souvenirs.

- Le mien ne peut même pas faire tout ça. Juste un patronus de protection.

- Peut-être devrais-tu chercher à le moduler selon toi et non selon moi.

Gabrielle haussa des épaules mais n'approfondit pas le sujet. Elle n'était pas assez forte pour atteindre le niveau de Fleur alors à quoi bon essayer de moduler le sort selon son envie. Elle n'était pas assez douée pour ça. Gabrielle s'assit à son tour et fixa sa sœur, légèrement inquiète.

- Tu n'as pas peur que toute cette scène se retourne contre nous ?

- Aucune chance.

- Fleur !

Une légère sonnette retentit mais Fleur ne faisait déjà plus attention à sa sœur. L'aîné se leva et s'approcha de sa chambre qui était séparée par une grande porte marron clair. Elle pointa sa baguette vers une grande armoire qui se trouvait dans le fond et retira ses vêtements afin d'en mettre des plus décontractés. Elle délaissa son tailleur pour une longue robe noire à longue manches. Gabrielle, perturbée, ne sembla pas comprendre l'attitude de sa sœur qui semblait trop sereine à cet instant.

- Tu as entendu ce son, grimaça-t-elle, Peut-être que c'est le compte Lancel qui vient demander des comptes.

Fleur se détourna et prit la direction du hall d'entrée. Gabrielle tenta de donner ses arguments mais sa sœur faisait la sourde oreille et son sourire s'agrandissait au fur et à mesure qu'elles se rapprochaient du hall. En descendant les dernier escaliers elles aperçurent Corban Yaxley qui comptait descendre les escaliers.

- Vous êtes rentrés ? Ça a été ?

- Rejoins les autres, lui intima Gabrielle, Je t'expliquerai plus tard.

- Au contraire, dit subitement Fleur, J'aimerais que tu viennes.

- Fleur !

Corban fixa un instant les deux sœurs mais ne sut à qui faire confiance. Pourtant, malgré son inimitié envers Fleur, son loup la poussait à lui faire confiance et à la suivre. L'assurance qui se dégageait d'elle était tellement fort qu'il ne put qu'hocher de la tête dans un assentiment. Ravie, Fleur lui indiqua à les suivre alors que Gabrielle tentait de faire reculer sa sœur. Quand elles arrivèrent devant la salle de réception, Gabrielle retint sa sœur par le bras, lui intimant de s'arrêter une bonne fois pour toute.

- Tu sais que le compte Lancel peut être dangereux et tu le laisses venir là où se trouve les loups garous.

- Il n'en fera rien, Gabrielle, soupira sa sœur.

- Tu m'inquiètes Fleur. Qu'est-ce qui te rend si sûre qu'il n'en fera rien ?

- Parce qu'il a réveillé la colère des héritiers.

Fleur se dégagea de la poigne de sa sœur, cette dernière : surprise, et ouvrit en grand la porte de la salle attenante. Gabrielle put enfin voir qui elle avait en face d'elle. Ce n'était pas le comte Lancel, ni un membre du Magemagot. Ce n'était pas un auror ou un flaireur envoyé par le ministère mais les héritiers des grandes familles sorcières. Fleur, ravie d'y voir chaque héritier présent, poussa doucement Corban et Gabrielle à entrer dans la pièce et ferma la porte. Envoyant un sourire de connivence avec Saik, la sorcière reprit son statut de Lady Delacour.

- Bien, sourit-elle, Et si nous commencions ?

O ~ O ~ O ~ O

Il était là. Théodore évita de justesse un coup de griffes d'un sigma qui s'entraînait avec lui, le poussant à se coucher au sol. Légèrement irrité, le brun se releva et se dépoussiéra. Il se remit sur ses positions et tenta de se concentrer sur son entraînement.

Cela ne dura que quelques minutes, mais celles-ci furent suffisantes pour lui faire comprendre que sa concentration avait totalement disparue. Par Gaïa, la seule présence du loup avait réussi à détruire tout son programme de l'après-midi. Si seulement Harry avait été disponible pour lui tenir compagnie. Même surveiller Scorpius l'aurait arrangé mais le Bêta avait pris le louveteau avec lui pour qu'il ne soit pas déconcentré.

Quand il se vit regarder à nouveau dans la direction de Fenrir alors qu'un coup venait en direction de son visage, Théodore sût qu'il fallait qu'il s'arrête. Prenant de court son partenaire d'entraînement, l'Oméga feint un mal-être et une fatigue soudaine afin de stopper leur échange. Après quelques paroles, il se hâta pour aller chercher ses affaires et quitta le gymnase sans attendre.

Comme il s'en douta, le Bêta l'avait suivi et ne semblait pas se faire discret. Les bonjours des habitant qu'ils croisaient étaient suffisants pour le remarquer mais Théodore sentait que le Bêta relâchait une pression sur lui. Sentant son loup quémander la présence du dominant, Théodore soupira et se tourna vers le loup. Ce dernier, peu perturbé, se rapprocha de lui.

- Que fais-tu ?

- Tu as quitté ton entraînement.

- Parce que j'ai fini.

Fenrir fronça des sourcils, pris entre deux choix. Il était évident qu'il n'avait pas fini son entraînement. Le Bêta avait fait exprès d'attente un peu avant de rejoindre le gymnase et il savait que le brun n'avait pas passé plus d'une heure à s'entraîner.

- Il faut qu'on parle.

- Ça concerne mon entraînement ?

- Oui.

- Alors ça ne m'intéresse pas.

- Théodore, grogna Fenrir.

Théodore grimaça d'irritation en sentant son corps se tendre. Il était bien trop vexé par l'attitude changeante de Fenrir pour accepter cette discussion, mais ce dernier restait en charge de son entraînement. Par Gaïa, il fallait vraiment que Fenrir lui fasse autant d'effet. Il n'était même plus sûr si le loup essayait de l'intimider ou de l'attirer.

- Je suis désolé Fenrir, mais Harry m'aide déjà bien pour mes entraînements et il a même pu demander à quelques Sigmas de m'épauler.

Ce fût au tour de Fenrir de se tendre et Théodore s'en délecta un peu. Le Bêta n'aimait visiblement pas qu'il se débrouille sans son aval. Pourtant Harry restait un loup de confiance pour le combat mais il savait très bien pourquoi Fenrir réagissait de cette manière. Son loup reprenait le dessus sur la situation. Théodore pouvait le voir. Ce rétrécissement dans sa pupille, ses ongles qui s'allongeaient puis revenaient à leur taille initiale, ses dents visiblement plus aiguisées qu'à la normale. Par Gaïa, il avait envie de l'embrasser et de le frapper. Mais il le savait : il ne pourrait faire ni l'un, ni l'autre.

Quelques voix vinrent à ses oreilles et il vit rapidement qu'ils avaient attiré l'attention de quelques loups. Quelques dominants mais surtout, beaucoup de dominés. Certains chuchotaient entre eux et d'autres le regardaient suspicieusement, lui donnant une soudaine envie de partir. Les mots d'Harry résonnaient à nouveau dans sa tête, augmentant son embarras. Encore une fois, on le verrait comme celui qui s'accroche au Bêta. Quelle image donnait-il encore de lui pour qu'on le voit comme ça ? Avait-il l'air si désespéré pour ne se baser que sur le statut de Fenrir ? Les regards de convoitise et de jalousie de certains vis-à-vis de lui : ils ne les aimaient pas. Et pourtant, cela le surprenait, car Théodore le savait : Ils n'avaient pas l'air de voir ce que lui voyait de Fenrir et désiraient le Bêta d'une façon qui le gêna encore plus.

- Tu te rappelles ce que tu m'avais dit ?, dit subitement Théodore, Que je ne m'intéresse à toi que par désir ?

Fenrir écarquilla des yeux. Pourquoi ramenait-il ses paroles maintenant ? Le regard de Théodore s'était assombri tellement vite qu'il n'avait pas eu le temps de supposer les pensées qui l'avaient traversé. L'Omega le fixait, mais son esprit semblait réfléchir à tout autre chose.

- Le penses-tu toujours ?

Le loup ne réagit pas assez vite au goût de Théodore et ça, Fenrir le vit. Théodore n'était pas le seul à les entendre. Ces chuchotements et ces rumeurs. Leur proximité faisait froncer ou lever des sourcils. Rare étaient ceux qui avaient envie de voir ce qui allait arriver car la majorité surplombait le reste. Et Théodore, à cet instant, voulait savoir si lui aussi pensait de cette façon. Dans une tentative de consolation, le Bêta leva sa main en gage de paix.

- Si c'est à cause de l'autre jour…

- Il ne s'est rien passé l'autre jour, le coupa Théodore, n'est-ce pas ?

Non. Quelque chose s'était définitivement passé. Le Bêta le savait et L'Oméga aussi. Fenrir traînait cette frustration depuis leur dernière discussion et il ne savait pas comment la calmer. Voir le loup avait été la meilleure solution mais comment si ce n'était au gymnase ? Il essayait difficilement de rester distant, juste assez pour être amical, mais ils finissaient toujours par se retrouver dans une conversation ou une situation qui menaçait cette zone grise qu'il s'était efforcé à mettre en lui et Théodore. S'il restait distant en affirmant que rien ne s'était passé, il perdrait Théodore. S'il le rassurait, il penserait avoir enfin une chance avec lui. Par Gaïa, il ne pouvait pas gâcher une autre vie.

Doucement, Theodore vit Fenrir rabaisser sa main, se distançant un peu pour ne pas montrer un quelconque rapprochement avec lui. La souffrance était devenue une amie régulière et il l'accueillit à bras ouverts. Alors, comprenant encore une fois le message que lui montrait le Bêta, Théodore hocha un peu de la tête, un léger sourire amère, et se détourna de la foule.

Il ignora combien de temps il avait marché. Tant que cela pouvait l'éloigner de Fenrir et de cette situation étouffante. Le Bêta ne l'avait pas suivi, comme ayant compris sa demande. Les brouhaha du village se tarirent et les maisons laissèrent places à la forêt. Quand il n'entendit plus un bruit provenant du village, il se déshabilla et mit tous ses vêtements dans son sac.

Les cris de colères et de frustrations, les larmes, les pleurs, les arguments. Il voulait tout ressortit mais cette pression ; celle qu'il tentait de retenir sous peine de sombrer dans une folie dont il ignorerait les conséquences. Comment un loup avait-il réussi à le rendre comme ça ? Par Gaïa, il aimerait tant à présent retourner en arrière.

Sa résolution concernant Fenrir s'amenuisait, doucement, et il ne savait plus quoi faire. Il n'était pas assez pour le Bêta. Cette constatation lui coupa un instant sa respiration. Son loup se rebellait et voulait sortir. Alors il le laissa faire. L'Oméga s'accroupit au sol, et dans plusieurs gémissement, laissa la direction à son loup.

La jeune créature ne retourna pas au village, suivant sa pensée principale : rester loin de Fenrir. Grognant de rage, il choisit de courir prenant la direction des montagnes. Si les paroles et la confrontation ne permettaient pas de résoudre le problème, alors il devait extérioriser. Et s'il ne pouvait pas tout lâcher, alors il devait s'épuiser à en oublier son propre nom.

Le loup noir courut à pleine vitesse. Il ne s'arrêta pas tant qu'il ressentait encore cette colère qu'il avait en lui, tant qu'il pensait encore au Bêta. Il continua son ascension, passant des paysage qu'il n'avait encore jamais vu depuis le début de ses entraînements. Il pouvait voir qu'il était encore sur le territoire des Black. Doucement, sa colère diminua et laissa place à sa curiosité. Comment l'Alpha avait-il réussi à protéger un territoire aussi large ? Il n'était pratiquement jamais sorti du territoire de Serdaigle, mais il doutait fortement que son ancien village ait un territoire aussi grand. Théodore continua sa course et continua de découvrir chaque partie du territoire Black, oubliant même les premières raisons de sa course.

Quand il s'arrêta enfin, il pouvait sentir son souffle saccadé et sa langue pendre. Ses pensées étaient vides à nouveau. Un pincement dans sa poitrine persistait mais un sourire satisfait prônait sur sa gueule de loup. Qui aurait cru qu'il se serait réfugié dans les exercices physiques pour échapper aux tourmentes que lui préparaient ses pensées ? Il restait un loup de réflexion et pourtant, ses muscles semblaient se raviver sous le moindre exercice qu'il subissait. Comme si son sang se réveillait à l'idée d'une course ou d'une chasse. L'idée que sa mère lui ai fait raté tout ça lui traversa l'esprit avant qu'il ne la balaye. Sa mère avait eu ses raisons et il ne pouvait pas rester à se morfondre.

Son sourire diminua un peu à cette conclusion. Fenrir devait sûrement plus se morfondre que lui. Par Gaïa, il ne pouvait pas batailler avec une morte. Il avait déjà posé toutes ses cartes sur la table et malgré ça, il continuait de se pendre un mur par le Bêta.

- Je ne suis pas Andromeda, pesta-t-il.

Un bruit un peu plus en amont le fit se retourner, s'attendant à avoir été suivi. Il n'en fût pourtant rien. Et pourtant, à cet instant il aurait aimé avoir été suivi.

Devant ses yeux, les babines débordant d'écumes, le regard doré aux pupilles dilatées, des wargs. Deux wargs noirs. Théodore se revit à nouveau au beau milieu de Serdaigle, en train d'échapper à ses créatures. Il s'était éloigné des remparts de Godric's Hollow et s'était trop rapproché des limites des protections dont lui avait parlé Severus et Fenrir. Les deux créatures étaient prêtes à lui trancher la gorge.

Un des wargs se rapprocha doucement, le faisant aussitôt réagir. Le jeune loup n'attendit pas et courut. Il courut aussi vite qu'il put afin d'atteindre les remparts de Godric's Hollow. Ce ne fût guère une chose facile à faire. Il était loin du village et prendrait du temps avant d'arriver à la première ligne de loups en poste de garde. Les deux wargs également ne lui facilitèrent pas la tâche. Ils semblaient agir intelligemment malgré leur état et ne semblaient pas un poil épuisé. Le seul avantage pour Théodore était bien sa rapidité. Étant plus léger, il n'hésita pas à puiser sur ses forces afin de mettre une distance entre eux et lui permettre de rejoindre Godric's Hollow. Quand il passa une ligne d'arbre, il se sentit rassuré : il se rapprochait. Cependant, sa joie fût de courte durée.

Quelques jappements le firent s'arrêter. Non loin de là, des jeunes loups avaient gambadé jusqu'à une zone du village. Quelques-uns étaient sous leurs formes lupines et d'autres avaient conservés leur forme humaine. Ils n'étaient pas élevés, pas sûrement avant 2 ou 3 ans. Que pourraient-ils faire contre des Wargs ? Ils se feraient massacrés. Ne cherchant pas plus loin, l'Oméga courut à leurs côtés. Quand ils le remarquèrent, les cris de joies ne se firent pas attendre.

- Professeur Nott !

- Rentrez immédiatement !

L'engouement de le voir fit aussitôt place à de l'étonnement. Ils n'avaient jamais vu le loup dans un tel état de panique. Une jeune louve que Théodore sembla reconnaître, se rapprocha un peu avant de se statufier immédiatement, humant l'air. Les uns après les autres, Théodore les vit écarquiller des yeux et se stopper net dans leurs mouvements. Le loup se tourna et vit que les Wargs les avaient rattrapés. Sans réfléchir, Théodore se mit entre les louveteaux et les Wargs, son dos gonflé et un grognement menaçant à l'encontre de ces derniers.

- Rentrez, tout de suite.

- Mais …

Un grognement de Théodore les empêcha d'en dire plus. L'Oméga avait encore plus gonflé son dos, défendant les Wargs de se rapprocher un peu plus qu'ils n'avaient commencé à le faire. Sans plus attendre, les jeunes se transformèrent, pour ceux qui ne l'étaient pas, et tous partirent en courant en direction du village.

Un des Wargs tenta de les suivre, mais Théodore lui barra la route. Il tenta une vaine attaque d'un coup de griffe mais le loup l'évite de justesse. Les deux wargs se concentrèrent sur lui et s'avancèrent vers lui. Le wargs le plus imposant n'attendit pas plus longtemps et fonça vers lui, la gueule grande ouverte. L'Oméga recula de justesse pour rendre un coup de griffe mais se fît aussitôt attaquer par le deuxième qui n'hésita pas à lui rentrer dedans.

Par Gaïa, il avait mal. Combattre des wargs n'étaient absolument pas dans ses objectifs de la journée et c'était bien trop pour lui. Il ne pouvait tout simplement pas revenir au village avec deux wargs sur le dos alors qu'il n'était même pas capable d'en blesser au moins un. Il avait agi comme un idiot inconscient aux jappements des louveteaux et se retrouvait à présent bien embêté. Par la force, il savait qu'il ne pourrait jamais les battre, mais il pourrait au moins les distancer en faisant un détour. Sans se donner le temps de revenir sur son idée, Théodore prit la direction opposée des jeunes loups et prit la direction d'une montée de la montagne.

Si les deux le suivirent, L'Oméga vit très bien que le plus petit semblait bien plus tenace, ce qui ne facilita pas la suite de la course. Il n'avait jamais eu à se battre contre deux personnes et son attention n'était pas assez aiguisée. L'environnement également ne l'arrangeait pas : cela l'empêchait de trouver de bons appuis en cas d'attaque.

Quand il se sût assez loin dans la montagne, Théodore tenta de les distancer mais c'était bien plus difficile qu'il ne l'avait pensé. Il avait trop couru et n'avait plus l'énergie de s'éloigner plus. Voyant cet instant de faiblesse, le plus gros Warg fit une légère accélération mais Théodore, en voulant l'éviter, ne vit pas le deuxième revenir à la charge et lui mordre sa patte. Dans l'action, Théodore perdit l'équilibre et glissa par-dessus une grosse racine qui donnait sur une descente. Les deux loups glissèrent, roulant un peu, et encaissèrent plusieurs chocs contre des pierres ou des racines.

Quand Théodore se stoppa, il rouvrit les yeux malgré sa tête bourdonnante et chercha les Wargs. Le plus robuste n'était plus dans son champ de vision mais le plus fin était à quelques mètres. Ce dernier s'ébroua un peu et huma un peu l'air avant de se tourner vers lui. Théodore fronça un peu des sourcils en remarquant quelques traits sur le pelage des pattes et du poitrail du Warg. Ce loup, il le connaissait. Ce pelage, il l'avait déjà vu quelque part.

Le Warg, n'ayant pas conscience de l'analyse de Théodore, prit appuie sur ses pattes et sauta à nouveau en direction de l'Oméga afin de l'achever.

- Théodore baisse-toi !

L'Oméga ne réfléchit pas et se baissa à l'ordre qui coula sur sa peau. Harry. La seconde d'après, un loup sauta par-dessus et fonça vers le Warg. C'était Ron. Quelques secondes après, Harry, également sous forme lupine, s'ajouta dans le combat. Théodore soupira de soulagement en voyant les deux loups le protéger. Mais son cerveau l'alerta sur autre chose. Où était le deuxième Warg? Il l'ignorait et cela l'inquiéta. Un bruit à leur gauche lui permit de se rappeler et il se tourna aussitôt vers Harry.

- Attention il y a un autre !

Le deuxième Warg grogna et sauta de son petit monticule pour tenter de toucher Harry ou Ron. Le Bêta sans demander son reste, délaissa le plus petit à Ron et contra le deuxième Warg qui venait d'intervenir. Sous les yeux de l'Oméga se réalisèrent deux combats. Et ce que se douta Théodore se confirma : il n'aurait jamais tenu contre les deux Wargs. Les deux combats s'éternisèrent, l'un attaquant l'autre avec ténacité et sans se relâcher. Les deux loups de Godric's durent plusieurs fois interchangé afin de déboussolé les deux Wargs, mais ces deux derniers semblaient s'y connaître. Le plus robuste, huma un instant vers Harry et s'enragea encore plus sous des attaques plus vicieuses.

Un détail attira pourtant l'attention de Théodore qui avait fini par reprendre sa forme humaine. Les deux Wargs lui semblèrent familiers et l'idée ne voulait pas le quitter. Ce pelage pourtant noir, lui rappelait quelqu'un. L'étoile marron sur la gorge accompagnée des pattes grise. Ces odeurs qui commençaient à prendre place autour d'eux au fur et à mesure que le combat s'éternisait. Ces loups étaient incroyablement agiles et ne semblaient pas essoufflés de se battre contre deux loups du clan Black. Harry et Ron, par quelques stratégies, finirent par avoir le dessus et acculèrent les deux Wargs. Le plus costaud, ne se laissant pas abattre tenta encore une attaque qu'Harry tenta de contrer à son tour. Mais Théodore pouvait le voir. Il voyait enfin qui était ce Warg et risquait d'être abattu par Harry.

- Non, Harry ! Ne le tue pas !

Harry se stoppa et évita l'attaque du loup. Ron en profita pour le repousser assez fortement contre un arbre, sonnant un peu le Warg. Le deuxième Warg recula sous la violence du Gamma et alla rejoindre son partenaire. Doucement, le Warg se releva et chacun ne quitta pas son ennemi des yeux. Théodore eut un léger soubresaut en voyant qui il avait en face de lui.

- C'est Rodolphus, souffla l'Oméga.

- Rodolphus Lestrange ?, s'étonna le Gamma.

- Oui, gémit-il en les pointant du doigt, Rodolphus Lestrange et Walden Mc Nair. Ce sont des guerriers de Serdaigle.

Théodore tenta de se rapprocher, malgré sa blessure mais un grognement des Wargs le défendit d'en faire plus. Ron et Harry se mirent devant lui, s'apprêtant à de nouveau se battre mais les deux Wargs firent autrement et rebroussèrent chemin.

- Par Gaïa, c'est quoi cette histoire encore ?, grogna Ron.

Le Bêta fronça des sourcils mais ne dit rien. Son regard ne lâchait pas le dernier endroit où se trouvait Rodolphus Lestrange. C'était lui. Pourquoi ces loups étaient à présent des Wargs ? Harry se tourna vers l'Oméga qui ne semblait pas se remettre de sa vision. Il avait vraiment reconnu Rodolphus Lestrange et Walden Mc Nair. Il se rapprocha de l'Oméga et passa son museau un peu sur lui, l'inspectant avant de voir la blessure à sa jambe.

- Tu montes sur moi. Tu n'es pas en état de marcher.

Le ton ne donnait rien d'un ordre mais Théodore savait qu'il n'avait pas le choix. Ron vint derrière lui et le poussa à s'avancer vers le dos de Harry. Quand il fût installé, Théodore se sentit coupable. Il avait l'impression d'avoir ajouté un nouveau problème.

- Je suis désolé.

- Tu n'as pas à l'être, jappa légèrement Ron, Tu as protégé le village d'une possible localisation.

- Les louveteaux ?

- Saufs, grogna Harry, Ils nous ont alerté des Wargs et de ce que tu avais fait pour les protéger.

Théodore se rendit compte de tout ce qu'il venait de faire. Sans qu'il ne se rende compte, il se pencha sur le dos du loup, cachant ses larmes naissantes dans le pelage noir. Un gémissement, puis une deuxième avant que finalement ils n'entendirent que des pleurs.

- J'ai eu tellement peur.

Ron jeta un léger coup d'œil inquiet à l'Oméga avant de regarder Harry. Le loup ne semblait pas énervé ou triste. Il compatissait à la frayeur qu'ils venaient tous d'avoir. Ron était dans le même état : Ils avaient bien failli perdre Théodore. Accompagnés des pleurs du jeune loups, les deux dominants se chargèrent avec douceur de le ramener au village, loin de ce souvenir.

Quand ils arrivèrent au village, Théodore était amorphe et ces pleurs calmés. Une grande partie des guerriers en postes attendaient, prêts à l'attaque. Quelques habitants furent présents et discutaient entre eux, l'air inquiet.

- Comment va-t-il ?

- Est-il blessé ?

Des questions fusaient à tout va. Chacun s'inquiétant de l'état de l'Oméga. Comme s'en douta Harry, Fenrir apparût rapidement dans le champs de vision, le regard élargi. Un des guerriers avaient sûrement dû le mettre au courant. Harry plissa du regard, observant le dominant qui venait de se rapprocher. En entendant les reniflements de Théodore dans son dos, Harry abdiqua et se coucha au sol.

- Fenrir est là.

L'Oméga s'immobilisa et avec beaucoup de réticence, il se redressa pour lever son regard vers le Bêta. En voyant son état larmoyant, Fenrir ne put rester en place et vint aussitôt prendre Théodore en coupe.

- Comment te sens-tu ? As-tu des blessures ?

Théodore n'eut pas l'occasion de répondre à ses questions qu'il fondit à nouveau en larme, serrant la taille de Fenrir. Ce dernier ne se fit pas prier et prit le jeune homme dans ses bras. D'un geste habile, il glissa son bras sous ses jambes et l'autre dans son dos avant de le retirer du dos du loup noir. Toujours en pleurs, Théodore s'accrocha à son cou. Le Bêta se tourna vers les deux loups, quémandant la réponse qu'il attendait.

- Tu devrais l'emmener chez le docteur Curie, dit Ron, L'une de ses jambes est salement amochée.

Fenrir serra sa poigne sur la jambe et la taille de l'Oméga. Si seulement il l'avait laissé tranquille, il ne serait pas allé dans la forêt.

- Vas-y Fenrir, dit Harry, Nous allons chercher Sirius et Severus.

- Il y a un problème ?

Le loup noir glissa un regard vers l'Oméga avant de soupirer fortement.

- Un peu. Des loups de Serdaigle sont devenus des Wargs.

Fenrir ferma ses yeux fortement, tentant d'accepter cette éventualité. Théodore commença à tressauter, ce rappel des Wargs dont il connaissait l'identité redéclencha quelques larmes de sa part. Le Bêta resserra sa poigne dans une signe de réconfort et posa sa tête contre la sienne, son nez humant ses cheveux qui laissait dégager cette légère odeur de menthe. Après quelques formalités, Fenrir prit la direction du cabinet du Docteur Curie, quelques habitants sur ses pas. Son pouce caressa légèrement la peau de Théodore, le réconfortant du mieux qu'il pouvait.

- Tu es en sécurité à présent, souffla Fenrir, Je ne te lâche pas.

Théodore hocha da la tête et resserra sa poigne autour du cou de Fenrir : il n'était plus en danger.

O ~ O ~ O ~ O

Ils étaient mal. La grande chasse touchait à sa fin et ils avaient eu beaucoup plus de mal à rattraper leurs pertes dû aux attaques des harpies. Plus que trois jours et ils devraient retourner au village. La majorité d'entre eux était revenu bredouille de leur mission. Trois équipes n'étaient pas encore revenue et ils appréhendaient le résultat. Les loups avaient vaqué à leurs occupation mais la plupart restait près des chefs qui avaient décidé de trouver une solution. Draco qui n'était pas bien loin, s'était posé près de son sac, un des carnets de la grand-mère de Potter sur ses jambes.

Sa matinée, contrairement aux autres avait été de rester au camp. Pas que ça l'avait dérangé mais il avait eu beaucoup plus de mal à lire le deuxième carnet et n'avait eu guère de temps à y consacrer. Peut-être que c'était l'engouement d'être en pleine chasse ou peut-être que c'était la fatigue qui l'avait démotivé à y toucher. Donc, profitant que Hagrid et les autres n'aient plus eu besoin de son aide, il en avait profité de cette journée pour avancer sa lecture. Cependant, la discussion des chefs, au fur et à mesure qu'elle s'était faite urgente, avait attisé sa curiosité. Sa concentration avait complètement changé de cap.

- On pourrait aller un peu plus au nord, supposa Jean.

- Avec l'hiver déjà bien installé dans les montagnes ? Regarde la neige qu'on s'est pris les deux derniers jours, dit Remus.

- On ne peut pas retourner non plus avec ce qu'on a, expliqua un chef Gamma.

- Si on monte un peu plus, on prendra beaucoup plus de risque avec des proies sur le dos, claqua Bellatrix.

Quelques grognements retentirent au loin annonçant le retour d'une équipe. Il s'agissait de l'équipe de Charlie et de Dean. Tous transformés, l'équipe se dirigea aussitôt vers les chars pour y déposer leurs proies. Les deux chefs donnèrent leurs consignes et s'approchèrent du groupe de chefs qui étaient déjà rassemblé. Malgré leur transformation, on pouvait voir leur frustration et la gravité dans leurs yeux : leur chasse ne s'était pas passé comme prévu.

Arrivés près des chefs, les deux loups se transformèrent et s'habillèrent aussitôt. Les uns après les autres, chacun partagea son appréhension quant à la marche à suivre. Charlie marmonna quelques paroles qui firent pâlir certains mais Draco ne sut vraiment le sujet, le reste des loups s'amassant dans une cacophonie insupportable. Une autre équipe revint mais cette dernière avec encore moins de proies que celle de Dean et Charlie. Les chefs responsables accoururent près des autres et marmonnèrent quelque chose qui fit rager Dean qui shoota dans son sac. Les mains sur les hanches, il dit quelque chose qui eut diverses réactions. Les jumeaux semblèrent intéressés avec quelques compères. Bellatrix et Jean, ainsi qu'une partie, le regardèrent avec suspicions et le reste épouvanté par la proposition.

- Draco.

Le blond se tourna vers Blaise qui venait d'arriver, le coupant de son attention vers les chefs. Un sourire avenant, le blond s'enquit de la journée de son ami.

- Alors cette chasse ?

- Ça a été.

Le loup ne se changea même pas pour reprendre forme humaine, amenant un léger rire chez le blond. La neige encore présente n'avait pas été plaisante pour Blaise qui ne supportait pas le froid. Quand il avait vu que certains guerriers avaient choisi de rester sous forme lupine pour supporter le froid, Blaise en avait fait de même. Ce dernier vint s'installer à ses côtés et s'emmitoufla dans un tas de couvertures que les jumeaux avaient préparé pour lui. Il ressortit sa tête et se tourna vers Draco.

- Que fais-tu ?

- Je lis les carnets de la grand-mère de Potter.

Le regard de Blaise se rétrécit un peu mais le loup ne dit rien de plus. Le Sigma recula sa tête, la remettant sous les couettes pour couper la conversation. Le sourire de Draco s'amenuisa un peu face à l'attitude de son ami. Son comportement avait changé depuis cette histoire avec Dean. Blaise, après s'être excusé auprès des chefs, n'avait plus fait d'esclandres et suivait les consignes qu'on lui demandait. Cela avait calmé les chefs et surtout Dean qui n'avait pas hésité à le reprendre dans son équipe à plusieurs reprises. Les deux semblaient s'être compris mais ne se parlaient pas forcément. En revanche, Blaise parlait s'il s'agissait des frères Weasley et coopérait plus facilement. Cela devait être sûrement aussi pourquoi Dean avait toujours un Weasley avec lui : Blaise communiquait à ces moments. Draco avait l'impression qu'un fossé s'était creusé entre lui et son ami et il n'aimait pas ça.

Ce n'était pas la première fois qu'il abordait un sujet touchant Potter mais à chaque fois, Blaise se détournait de la conversation, comme si tout cela ne le concernait plus.

- Ça ne t'intéresse pas ?

- Pas vraiment, grogna le loup sous son tas de couette.

Le ton n'était pas vindicatif et cela irrita un peu Draco, qui continua de parler des carnets. S'il ne voulait pas s'y intéresser, il lui rentrerait les informations de force.

- Tu savais que les loups blancs ne sont devenus blancs qu'à cause de ce contact avec la magie d'Hélios ? Durant leur découverte des terres hivernales, ils sont tellement montés au nord que les rayons de Gaïa ne pouvaient les atteindre et elle demanda l'aide d'Hélios. Avec la magie qui devint naturelle chez eux, les loups blancs ont pu survivre pendant plusieurs siècles sur ces terres.

Blaise grogna son mécontentement, montrant encore plus son désaccord face à la conversation forcé que lui infligeait le blond. Les couettes bougèrent encore un peu mais pas une seule visibilité sur la tête de Blaise.

- Mais contrairement aux Lovegood, elle dit que les loups noirs faisaient également partie de cette civilisation.

Les couettes bougèrent un peu, mais toujours pas de signes. Piqué au vif par tant de mauvaise foi de son ami, Draco se releva et vint s'appuyer contre l'amas de couette. En voyant que Blaise ne réagissait pas, Draco sourit un peu et se couvrit d'une des couettes avant de continuer. Il ne parlerait pas mais l'écoutait. C'était déjà plus rassurant.

- Apparemment, les loups noirs auraient un contrôle plus difficile de leur magie car ils auraient poussé leur curiosité un peu trop loin. Du coup, pour éviter cela, ils ont décidé de redescendre pour se mélanger aux loups afin de minimiser le coup de cette magie.

Draco feuilleta le premier carnet, relatant certains faits sur l'histoire des loups blancs et des loups noirs. Blaise ne bougea toujours pas, mais le blond savait qu'il avait son attention.

- Mais il y a eu un conflit d'intérêts pour certains clans, continua Draco, dont les Potter. Apparemment, certains chefs de ce clan avaient refusé tout lien avec d'autres loups que des loups blancs ou noirs. Mais la magie des loups noire étant plus agressive, le gène du loup noir a persisté avant qu'ils ne deviennent un clan composé que de loups noirs.

Draco revint sur une page qui l'avait marqué et relu une passage à son ami.

- Cependant, un loup blanc finit par naître dans ce clan, sautant parfoi générations.

- Que fais-tu Draco ?

Le Sigma releva sa tête et vit Dean lui faire face, perplexe de le voir affalé sur le tas de couette dont il se doutait que Blaise s'y trouvait. Le Delta portait plusieurs rondins de bois et faisait tranquillement sa tournée des différents feux qu'il avait vu Draco discuter au tas de couette. Le blond, peu perturbé fit une geste de la main vers les couettes.

- Je discute avec Blaise.

- Ça m'a l'air d'être une discussion à sens unique, rigola Dean en se posant près d'eux, après avoir ajouté du bois dans le feux à proximité.

- Il écoute, c'est déjà ça.

Dean hocha de la tête et fit un sifflement près d'un loup et lui héla de leur ramener plusieurs bols de soupe bien chaude. Quand le loup revint avec les dits bols, Dean l'en remercia et en tendit un à Draco. Un troisième bol était présent, visiblement pour Blaise. Dean le posa près du tas de couette et bougea un peu les couettes.

- Blaise, vient manger, souffla Dean.

Les couettes bougèrent un peu avant qu'on y voit la tête de Blaise sous forme humaine sortir. Le mâte tendit son bras et prit le bol après un hochement de tête en remerciement.

- Alors ?, dit Dean, Tu lisais les carnets ? Je croyais que tu les avais laissé à Godric's Hollow.

- Non, je voulais avoir la possibilité de me renseigner malgré la chasse.

- Harry est au courant que tu les a pris avec toi ?

- Oui, il m'a dit qu'on en discutera au retour.

Dean hocha de la tête, assimilant les nouvelles informations.

- Tu savais que la famille Potter avait des loups blancs ?

- Non pas vraiment, grimaça le jeune homme, Harry est très secret sur sa famille.

- Pourquoi ? Vous êtes ses amis pourtant.

- Harry a cette manie de penser que mêler ses proches à son passé ou ses histoires va leur causer aussi des problèmes.

Ce fût au tour du blond de grimacer. Il n'avait pas tout à fait tort. Le brun donnait cette impression, à chaque fois qu'on communiquait avec lui, d'amener son lot de problèmes.

- Mais il y a une chose dont on était tous au courant, peur ceux venant de l'Ordre.

- C'est véridique ? Pas que je doute mais l'Ordre venant de Dumbledore, est-ce que je peux m'appuyer sur ce que tu vas dire.

- C'est toi qui aviseras selon mes dires.

Draco hocha de la tête.

- Quand Harry était dans l'Ordre, presque personne ne s'approchait de lui.

- Et toi ?

- Je connaissais déjà Harry, sourit Dean, Je n'allais pas m'arrêter à cause de racontars. Quoi qu'il en soit, les gens l'évitait car on disait que la famille Potter était connue comme le clan maudit.

- Le clan maudit ?

- Oui, affirma Dean, C'est rare de n'avoir que des loups noirs sur des générations. Maintenant que l'on sait que ce n'était pas vraiment le cas ça rend la rumeur inutile mais à cette époque on disait que ce clan était maudit et que c'était cette malédiction qui avait couru ce clan à sa perte.

- Et que penses-tu que cette malédiction soit ?

Le loup sembla réfléchir sérieusement à cette question.

- Pleines de choses mais je ne suis pas l'expert. L'Alpha Krum semblait savoir.

- Viktor ?

- Oui. Harry lui a fait facilement confiance, comme s'ils s'étaient compris. Harry ne fait jamais ça.

Draco lut une partie qui avait parlé des difficultés de certains loups chez les loups noirs et tenta de comprendre ce qui était écrit. Avec les explications de Dean, certaines parties était plus faciles à assimiler. Un autre sujet beaucoup plus complexe l'intéressait et il ne voulait pas attendre son retour au village.

- Tu manipules la magie comme Harry, n'est-ce pas ?

- On peut dire ça, dit le Delta suspicieux.

- Pourrais-tu m'apprendre ?

Blaise et Dean relevèrent les yeux vers lui, demandant plus de précisions. Blaise soupira et finit son plat avant de se retransformer et retourner sous son amas de couette.

- Je ne suis pas sûr de pouvoir t'aider ?

- Je ne vois personne d'autre à cet instant.

- Harry pourrait t'aider.

Draco fit une grimace qui suffit à faire comprendre au loup que Potter n'était pas une solution. Il avait l'impression que s'il demandait de l'aide à Potter, il confirmerait qu'un énorme fossé se trouvait entre eux : leur niveau de magie. Il voulait au moins se former avant d'envisager une avancée dans leur relation.

- Tu ne sembles pas convaincu.

- Je ne veux pas dépendre de lui pour apprendre tout ça. Je suis déjà bien assez faible comparé à lui.

- Tu n'es pas faible, Draco, rigola Dean, Dois-je te rappeler ce que tu as fait sur le village quand Ginny a fait des siennes.

- Je parlais surtout de nos magies respectives.

- Après c'est tout à fait normal, dit le dominant en se grattant la joue, Harry a été formé pour la manipuler. Toi, on t'a juste laissé dans l'ignorance. J'ignore si je pourrais t'aider Harry est quand même celui qui m'a aidé.

Bien que surpris, Draco hocha de la tête et récupéra le deuxième carnet. C'était celui-ci qui parlait plus de la magie, surtout celle tournant autour de la guérison des Wargs.

- Apparemment, nous avons chacun un élément dominant. Potter c'est le feu, mais j'ignore comment savoir quel est le mien. Comment tu as fait pour connaître le tiens ?

- J'ai pensé à ce qui m'intéressait le plus dans ma vie.

Draco zieuta vers les carnets mais ne semblait pas voir d'informations à ce propos. En voyant son interrogation, Dean consentit à développer.

- Pour faire plus simple, Harry a vu que je fonctionnais par l'excitation comme la chasse, l'exercice ou le sexe.

- C'est une blague ?

- Pas du tout, rigola Dean.

Le loup resta un instant à réfléchir, n'hésitant pas relater différents entraînement qu'ils avaient dû faire. Draco fronça des sourcils, doutant un peu plus de l'efficacité de l'Ordre. Par Gaïa, mais qui poussait ses élèves dans une arène afin de les aider à trouver leur éléments ?

- Par Gaïa, mais oui ! La méditation !, dit subitement le Delta.

- Je ne vois pas en quoi ça m'aiderait.

- Ton loup, quand tu communiques avec lui, tu te visualises comment ?

- Ce n'est pas forcément une pensée que je visualise. Je me laisse juste aller à la sensation qu'il prenne le dessus.

- Alors peut-être que tu devrais travailler là-dessus, afin de voir quel élément semble plus vous plaire.

- Je ne pense pas vraiment que ça serait …

Des grognements féroces retentirent sur le campement, surprenant plusieurs personnes qui se retournèrent, dont Draco et Dean. Il s'agissait du dernier groupe de chasse, l'équipe de Neville et de son père. Ce qui surprit ce fût de voir Neville et quelques loups revenir sur d'autres loups, dans un état souffrant. Un loup vint interpeler Dean qui dû s'éloigner alors que Draco se relevait déjà pour se rapprocher de la masse de monde qui s'était acculé autour du dernier groupe. Quand il les vit, le blond écarquilla des yeux en voyant les Londubat s'approcher de l'équipe de soin, Neville, le bras ensanglanté. Angelina vint rapidement avec une trousse de soin et s'occupa de soigner Neville alors que d'autres s'occupèrent des autres.

- Que s'est-il passé ?, demanda Angelina.

- Les créatures sont de plus en plus nombreuses, grogna le Gamma, Un nid d'Accromentula s'est rapproché et des Harpies ont tenté de nous volé nos proies fraichement chassées.

Draco coula un regard vers les proies de Neville et fût épaté de voir qu'une nouvelle fois, il revenait avec la plus grosse prise.

- Tu devrais faire attention, Neville, soupira Angelina.

- J'ai vu pire, sourit le Gamma.

- Ce n'est pas une raison de faire n'importe quoi, soumit Draco.

Neville le regarda avec un sourire un peu défait, comme comprenant la réaction du blond.

- Ce n'est pas uniquement par volonté, Draco. Avec l'hiver à présent installé, on ne peut pas revenir avec moins de proie. Il en va de la survie du village.

- N'empêche que tu auras droit à quelques points de sutures vu ton état.

Les loups se retournèrent vers Dean qui revenaient vers eux. Au sourire du loup, ils surent qu'il y avait une bonne nouvelle mais pas forcément bonne pour eux.

- Alors vieux frère ? Encore à revenir avec la plus grosse prise mais tu t'inquiètes de ne pas avoir assez ?

- Arrête de faire l'intéressant Dean, grimaça Neville, Tu penses la même chose que moi.

Dean hocha de la tête, acquiesçant aux paroles de son ami. Mais son sourire ne le quitta pas pour autant. Contrairement à avant où le Delta rageait de ne pas avoir assez de proies, on aurait dit que cette fois une aubaine venait de se présenter à lui.

- Un de mes éclaireurs a aperçu des cerfs blancs.

Un silence prit place dans l'attroupement. Et comme ils s'en doutèrent, comme de la poudre, le mot se transmit aux autres très rapidement. Draco craqua son cou en entendant un loup le gueuler pour attirer l'attention d'autres loups. Les chefs d'équipes arrivèrent assez vite, ne semblant pas croire à cette information.

- Ne me dis pas que tu y penses vraiment ?, se plaint Angelina.

- Vous parliez à l'instant d'un manque de proies, se justifia le Delta, En voilà une qui se présente.

- Regarde l'état de nos hommes. On a déjà du mal à repousser les autre prédateurs, argumenta-t-elle.

- Un cerf blanc adulte fait l'équivalent de sept sangliers adultes, ajouta Dean, Si on réussit à en attraper au moins quelques-uns, plus besoin de se préoccuper du quota.

- Tu oublies que ce sont des créatures bien trop imprévisibles, s'immisça Remus, Angelina a raison sur ce point : on ne peut pas aller chasser cet animal et protéger les reste des proies.

Un grognement vint rapidement de la part de Jean. Le loup avait les bras croisés, les yeux fermés et une moue mitigée. Le loup semblait embêté quant à la démarche à suivre. Il ouvrit ses yeux et resta à observer le campement.

- À quoi penses-tu, Jean ?, claqua Bellatrix.

- À la même chose que toi, sourit le loup.

Draco vit sa tante se retourner pour aller rejoindre une partie de son équipe mais cela ne sembla pas rassurer le reste des chefs d'équipe. Dean se releva, tapotant légèrement les épaules de Neville qui grimaça sous la douleur, puis s'en alla rejoindre quelques hommes qui semblaient attendre une directive de sa part. Les jumeaux foncèrent vers un de leurs chars et s'activèrent pour préparer différents objets dont ils ignoraient encore l'effet. Draco plissa son regard, tentant de comprendre ce qu'il se passait, mais un clappement de mains de la part de Jean redirigea toute l'attention sur lui.

- On devrait faire un petit festin.

- Tu n'y pense pas ?, s'inquiéta Draco, Vous disiez il n'y a même pas un moment qu'il vous fallait plus de proies.

- Regarde les loups, Draco, souffla Jean.

Le loup n'eut pas besoin de les observer longtemps, il le voyait déjà depuis deux jours. Certains n'étaient plus aussi motivés. Quelques loups soumettaient l'idée de rentrer un peu plus tôt au village.

- Jean, dit Remus, Je sais que l'idée vous semble tentante mais pensez surtout aux dégâts.

- On y pense Remus, grogna Jean légèrement boudeur, C'est pour ça que nous allons nous reposer pour ce soir et profiter. Demain nous n'irons pas chasser.

- Tu n'es pas sérieux ? Pardon ?, s'élevèrent plusieurs voix.

Jean ferma les yeux et leva les mains pour leur intimer de se calmer. Ce fût une chose très difficile car il se trouvait à présent à devoir calmer plusieurs chefs. Draco sentit un museau lui toucher la main, el faisant sursauter. Quand il se tourna, il y vit Blaise qui avait quitté ses couettes pour savoir ce qu'il se passait.

- Alors ?

- Des cerfs blancs ont été aperçus, souffla Draco, Mais les chefs sont en désaccord.

Le loup noir fit une légère moquerie mais ne dit rien de plus, regardant Jean qui semblait avoir réussi à calmer ses confrères.

- Je sais que pour vous cela semble une idée suicidaire.

- Et c'est le cas, dit un chef Gamma.

- C'est pour ça que nous ne chasserons pas demain. Nous allons tenter de nous reposer, physiquement et mentalement. Les éclaireurs continueront de les pister et nous tiendront au courant. Nous aviserons à chaque instant afin de voir le moment propice.

Les loups ne semblèrent pas convaincus de cette solution mais furent rassurés par la méthode de Jean. Plus calmement, chacun alla récupérer des vivres afin de commencer leur petit festin. Draco fût quelque peu surprit du changement d'ambiance du campement. Ce n'était que minime mais l'idée d'un petit festin entre eux avait ravivé l'humeur de certains. C'était léger mais l'effet papillon se voyait déjà : la cacophonie n'était plus anxieuse mais enjouée.

D'un seul homme le campement se mit aux préparatifs. Les chefs, afin d'éviter une attaque surprise, revirent l'aménagement du camp et placèrent l'ensemble des proies, minutieusement bien préservées par le froid, au centre du campement. Les loups, quant à eux, avaient fini par faire plusieurs groupements autour des proies déjà chassées. Draco s'était retrouvés, avec Blaise, dans un groupement de plusieurs loups dont les jumeaux Weasley et Neville. Dean et Jean n'avaient plus été vus pendant le reste de l'après-midi et ne revinrent en compagnie d'Hagrid et Charlie qu'au début des festivités. Dean et Charlie vinrent aussitôt près d'eux et se servirent à boire et à manger sans attendre une minute de plus. Quand il vit les jumeaux accaparer l'attention de Blaise, au grand damne de ce dernier, Draco se rapprocha de Dean. Le loup, la bouche pleine, l'observa calmement s'installer près de lui, un sourcil haussé.

- Y-a-t-il quelque chose de si important chez ces cerfs que cela te motive autant ?

Le Delta releva son regard, son regard brillant de détermination. Il prit le temps d'avaler sa bouchée et but un peu avant de se tourner vers le blond, un sourire énigmatique.

- Si une occasion comme celle-ci se présenterait, tu serais vraiment capable d'y tourner le dos ?

- Si le risque est grand oui.

- Sais-tu ce que représente cet animal, Draco ?

Le blond réfléchit un instant. Il lui avait semblé, qu'à Serdaigle, que Théodore les avait tanné avec cet animal du fait de sa dangerosité et les symboles qu'il portait pour les clans.

- Théodore avait parlé de prospérité et de chance pour un clan.

- Oui, affirma Dean, C'est aussi le symbole d'un grand changement.

- Tu parles encore de ça ?, se lamenta Neville sa boisson en main, Par Gaïa, tu es plus dangereux que Harry quand il s'agit de découverte, marmonna-t-il dans son mug.

Dean rigola un peu et leva son verre en direction de son ami qui en fit de même, accompagné de quelques loups.

- Je n'ai pas de raison personnelle que celle-ci, sourit Dean, Mais si cet animal peut déjà compensé notre perte et amener cette vague d'espoir dans notre clan, alors je tente ma chance.

- Attends-tu des changements dans le clan ?

Dean grimaça un peu mais ne dit rien pendant un moment. Le loup continua de manger alors que son regard vagabondait sur les différents loups du campement.

- J'aimerais un clan prospère et sans conflits.

- Vous n'avez pas l'air d'être en conflits, si ce n'est depuis toutes ces histoires avec le conseil.

Le Delta secoua sa tête, faisant comprendre à Draco qu'il avait tort. Ce dernier resta quelques secondes à observer le loup et ce qu'il vit lui pinça le cœur. Le loup semblait souffrir énormément. Quelque chose le rongeait mais il ne saurait dire quoi.

- Notre discussion de la dernière fois m'a fait penser à beaucoup de choses. Beaucoup de loups sont encore exploités par certains sorciers, comme l'était Seamus et les autres. La guerre approche et on ignore si on passera les prochaines années.

- Mais ça ne veut pas dire que cela se passe mal à Godric's.

Dean but un peu de sa boisson et pointa dans une direction. Draco suivit le geste et vit qu'il désignait un groupe. Le blond acéra son regard et vit un homme alterner des regards vers eux alors qu'il continuait de festoyer avec ses confrères. Il se rappelait cet homme. Lors de son premier entrainement, c'était le dominant qui avait cherché un conflit avec lui.

- Tu sais qui il est ?

- Mc Donald, c'est ça ?

- Oui. Il a l'air tranquille comme ça ? Et pourtant il cherche à t'atteindre depuis le début du voyage parce qu'il sait que Harry tient à toi. Tout ça à cause de l'incident avec sa sœur.

Dean fit un léger geste de la tête vers un autre groupement où se trouvait sa tante et Remus.

- Ta tante et Remus tente depuis des années de faire un petit mais ils n'y arrivent pas à cause des crises de folie de Remus. Ces crises deviennent si dangereuses que les habitants ont déjà demandé que Remus soit muselé pendant la pleine lune, de peur qu'il attaque les louveteaux.

- Ses crises ne sont pas sa faute, non ?

- On le sait tous mais c'est une peur qui a du mal à partir.

- Cette peur est inutile même si on peut comprendre.

- En effet, affirma le loup, Mais c'est également cette même crainte qui fait les sorciers nous attaquer depuis des siècles. La peur de l'inconnu fait réaliser des choses horribles.

- Mais vous êtes protégés contre les sorciers, argumenta Draco, Vous n'avez aucune crainte d'être trouvé.

- Sirius est de plus en plus épuisé par les protections qu'il met autour du village et plus la zone est grande, plus il s'épuise. De plus, nous sommes des créatures qui bougent beaucoup. Tu te vois rester terré dans ton village ?

Non. C'était évident que si on lui donnait le choix, il ferait le tour du monde. Dean le fixa, son sourire en coin qui lui prouva qu'il avait raison.

- Tu comprends pourquoi j'ai besoin de ces changements ?

- Le comprendre ne veut pas dire que je suivrai chaque idée sans peser le pour et le contre, Dean.

Le Delta haussa des épaules et finit son repas, clôturant leur conversation. Draco fût cependant quelque peu frustré par la conversation. Dean n'était pas le seul à espérer un changement mais il ne pensait pas que la chasse d'une espèce spécifique serait signe de changement. Ils étaient leur propre maître dans chaque changement qu'ils provoquaient. Sa relation avec Potter était l'exemple type. Leur conflit avait réussi à changer leur cour de certaines prophéties. Le Sigma ne put retenir la grimace. Leur attitude avait changé la situation mais ne l'avait pas arrangé : ce n'était pas un exemple à suivre, selon lui. Peut-être que des changements ne serait pas de trop mais si pour cela il fallait chasser ce cerf pour prouver que ces changements sont utiles alors que Gaïa les aides.

- Faisons une équipe spéciale, dit-il subitement.

Le petit groupe s'arrêta de festoyer, surpris par la proposition. Draco vit Blaise relever son regard vers lui, les sourcils froncés. Neville bien plus calme que tout à l'heure intervint.

- Et si tu t'expliquais ?

Draco se tourna vers le groupe et croisa ses doigts.

- Combien de loups aguerris faudrait-il pour abattre un grand cerf ?

- Cinq à six loups, dit Neville.

- Alors choisissez les meilleurs parmi ceux qui veulent participer.

- Nous ne sommes pas les seuls décisionnaires, dit George.

- Jean a dit qu'ils restent à l'affût. Rien ne nous coûteras de motiver quelques-uns d'entre nous à tenter le coup. Si on est bien préparé, on pourra réussir à en ramener.

Dean, silencieux, le regarda avec un léger froncement. Il ignorait ce qui lui avait fait changer d'avis et cela le rendit perplexe. Il n'était pas prêt à affronter les courroux de Harry s'il arrivait quelque chose à Draco. Ce dernier se tourna vers lui et lui fit un sourire en coin, presque défiant.

- On va miser sur tes changements.

- Pardon ?

- Ton cerf, on va le ramener à Godric's Hollow.

O ~ O ~ O ~ O

À Suivre.