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LE RÈGNE DE LA TERREUR

Megan, je viens de voir l'article dans le journal sur cette attaque de Mangemorts à Manchester, ça ne peut pas être une coïncidence ! Est-ce que tu vas bien ? Où es-tu ? Ron m'a dit que tu n'étais toujours pas venue le rejoindre au Terrier, dis-moi ce qu'il se passe !

La missive était expéditive et débordait d'inquiétude. L'auteur en avait oublié de signer sa lettre. Patiemment, Megan sortit une feuille de parchemin du bureau et entreprit de rédiger une réponse à l'attention de sa meilleure amie.

Hermione, je vais bien. Je suis avec Fred et George, sur le Chemin de Traverse (c'est pourquoi je ne peux pas t'envoyer cette réponse par hibou, je ne peux pas risquer qu'elle soit interceptée). Je ne sais pas quand j'irai au Terrier, je vais peut-être passer l'été ici, je te le dirai si je change d'avis. On se verra à Poudlard, fais attention à toi. M.

Après avoir plié et scellé le morceau de parchemin à l'aide d'un bâton de cire et d'une bougie, Megan se rendit dans le salon de l'appartement qui se trouvait au-dessus de la boutique des jumeaux, où elle vivait désormais. Comme elle s'y attendait, Charlie était levé et préparait le petit-déjeuner dans la cuisine ouverte.

- Est-ce que tu pourras transmettre ça à Hermione Granger quand tu iras voir tes parents ? demanda-t-elle en déposant la lettre sur son vieux sac abîmé parsemé de traces de brûlure. Tu en profiteras pour leur expliquer que je ne vais pas venir tout de suite chez eux, voire pas du tout.

- Bonjour, Megan, répondit le jeune homme en poussant devant elle une assiette remplie d'œufs et de lard.

La jeune fille leva les yeux au ciel avant de se mettre à avaler le savoureux repas.

Fred et George avaient été ravis de la retrouver après trois jours d'absence inexpliquée – ils n'avaient pas osé avouer à leurs parents qu'ils l'avaient perdue quelques heures après s'être engagés à veiller sur elle – mais n'avaient pu la recevoir convenablement, débordés par leurs clients toujours plus nombreux. C'était l'un de leurs frères aînés, Charlie, venu rendre visite à sa famille pour laquelle il s'inquiétait en cette période sombre, qui l'avait accueillie dans l'appartement. C'était une agréable surprise de tomber sur le deuxième fils des Weasley, qui entretenait des relations amicales avec Megan. La surprise était d'autant plus agréable que le spectacle qu'offrait le torse nu du dresseur de dragons au petit-déjeuner était inclus.

- Granger, c'est la fille avec qui toi, Ron et Harry êtes très amis, c'est ça ? Ron me parle souvent d'elle dans ses lettres, commenta Charlie en venant s'asseoir face à Megan avec sa propre assiette.

- Ah bon ?

Si une chose était parfaitement sortie de l'esprit de Megan, c'étaient ses suspicions quant aux sentiments que pourraient ressentir Ron et Hermione l'un pour l'autre.

- Oh, oui. Enfin bon, c'est pas mes affaires. Je donnerai ta lettre à mon père, il a tout ce qu'il faut pour communiquer de manière sécurisée avec les Moldus. Mais maman va être furieuse que tu ne veuilles pas venir à la maison avec moi.

- Et je m'en fiche complètement. De toute façon tu es mal placé pour me faire la leçon, toi aussi tu veux leur échapper, sinon tu serais allé t'installer au Terrier pour ton séjour en Angleterre, pas ici.

- Tu marques un point.

Charlie et Megan avaient ceci en commun qu'ils ne souhaitaient pas se retrouver au milieu d'une famille affectueuse et étouffante. L'un dans l'autre, ils étaient parfaitement faits pour s'entendre, et la cohabitation n'allait certainement pas être difficile.

- Dans sa lettre, Hermione parle d'une attaque de Mangemorts à Manchester, qu'est-ce que dit la Gazette là-dessus ? demanda-t-elle d'un ton badin en se servant des tomates à la provençale.

Qui eut cru que le Dragonologiste était aussi un parfait cuisinier ?

- Ah oui, j'ai vu ça, répondit Charlie, la bouche pleine d'œuf.

Il déglutit puis déplia d'un geste vif de la main l'exemplaire du journal posé à côté de lui.

- Un type qui vit seul s'est fait attaquer hier matin. En plein jour ! Et en plein cœur de Manchester. Deux Mangemorts ont mis le feu à sa maison. Heureusement, il a réussi s'en tirer, et il a envoyé ses deux assaillants au tapis. L'article dit que c'est un sorcier ordinaire et qu'ils ne comprennent pas trop pourquoi il a été pris pour cible. En tout cas, les deux Mangemorts ont été arrêtés par les Aurors. Bon boulot pour un vieux, commenta Charlie en reposant la Gazette du Sorcier.

- Oui, je me demande comment il a réussi ça tout seul, répondit Megan avec ironie. D'autres trucs intéressants ?

- Encore un article sur les Mangemorts qui vous ont attaqués au ministère, toi, Ron et les autres. Les journalistes continuent de parler de ce qu'il s'est passé avec beaucoup trop de détails, ils disent maintenant qu'une prophétie désignerait Harry comme l'Élu. J'aimerais bien mettre la main sur celui qui leur donne toutes ces infos !

- L'Élu ? répéta Megan.

- Oui, celui qui va débarrasser le monde de Tu-Sais-Qui. C'est le nouveau refrain préféré de la Gazette du Sorcier. Après avoir passé une année entière à le prendre pour un fou furieux en manque d'attention, maintenant il est leur Sauveur tant attendu !

Megan hocha la tête. Elle faisait partie des rares personnes à connaître la vérité sur Potter et le contenu de la prophétie qui avait coûté la vie à Sirius deux semaines plus tôt. Elle ne savait pas comment les journalistes avaient eu accès à cette information, mais ce n'était pas bon signe. Voldemort était déjà suffisamment virulent, il était inutile de faire tout ce foin autour de Potter et de son destin.

- Sinon toujours les mêmes conneries sur les mesures de sécurité à prendre pour se protéger… On a reçu des brochures du ministère, qui disent la même chose que les affiches collées un peu partout dans la rue, indiqua Charlie en désignant la fenêtre du salon, qui donnait sur la rue principale du Chemin de Traverse. La paranoïa est vraiment en train de s'installer.

- C'est pareil en Roumanie, ou est-ce que c'est seulement au Royaume-Uni ?

- Chez moi, les gens prennent à peine conscience de ce qu'il se passe, déplora Charlie en nettoyant les assiettes vides d'un coup de baguette et en les envoyant se ranger toutes seules dans les placards. Je passe le mot autant que je peux, et j'ai réuni un bon groupe de résistants, mais la grande majorité des gens ne se rend compte de rien. Je ne sais pas ce qui est pire : être complètement aveugle sur les risques qu'on court tous, ou être devenus tellement parano qu'on peut agresser son voisin à tout moment si on le soupçonne d'être soumis à l'Imperium. C'est la même histoire qu'il y a seize ans.

Charlie n'était que rarement aussi prolixe. Il semblait véritablement crispé par le contexte politique et des rides soucieuses barraient toujours son front lorsqu'il partit pour le Terrier en fin de matinée. Après avoir confié à Eleyna, heureuse de retrouver sa maîtresse, une lettre destinée à Kevan où elle ne donnait aucune information sensible mais l'appelait à être plus prudent que jamais, Megan revêtit la perruque châtain que lui avait acheté Fred, enfila une robe à manches longues pour dissimuler la Marque des Ténèbres gravée sur son bras gauche puis descendit au rez-de-chaussée pour profiter du calme temporaire de la matinée. Elle n'avait pas l'intention de rester les bras croisés dans le salon des jumeaux tout l'été, aussi elle avait décidé de reprendre ses fonctions de superviseur de leurs produits.


- Tu comptes enfin nous dire où tu étais passée ? insista George alors qu'elle étudiait la composition de leurs Marque des Ténèbres comestibles entre deux bouchées d'un sandwich au poulet rôti. Sans rire, Meggie, tu as disparu pendant trois jours.

- Et je suis revenue un seul morceau, non ? Je pense qu'il faudrait ajouter des feuilles de rhubarbe dans la prochaine série. Bon, en trop grande quantité ça peut plonger les gens dans le coma, donc il faudra faire attention au dosage mais ça rendrait vraiment malade comme vous le voulez.

- Megan, je suis très sérieux. Depuis quand tu ne nous fais pas confiance ?

- Ce n'est pas un problème de confiance, George, c'est une histoire de confidentialité. Je ne peux pas t'expliquer ce que je faisais, donc je ne le ferai pas. Maintenant passes-moi le bocal de noyaux d'abricots, je vais essayer de vous faire une nouvelle préparation avec un peu d'acide cyanogène.

Contrairement à son frère jumeau, Fred avait renoncé d'office à interroger Megan sur ses vagabondages des jours précédents et préféra la bombarder de questions tout au long de l'après-midi sur les combinaisons de produits susceptibles d'améliorer leurs ventes, ce qui présenta l'avantage de lui changer les idées et de lui faire passer une véritable bonne journée entre potions et moqueries, ce qui lui avait manqué.

Les jumeaux et Megan avaient terminé leur journée de travail à la boutique et s'installaient devant des assiettes remplies pour le dîner lorsque Charlie passa de nouveau la porte de l'appartement, arborant une mine sinistre.

- Maman a été si oppressante que ça ? le charria George. Je pensais que tu resterais dîner là-bas !

- Moi aussi, mais elle a commencé à me demander pourquoi je n'avais toujours pas de petite amie et si je comptais rester célibataire toute ma vie, et entre ça et les nouvelles déprimantes de papa, j'ai préféré rentrer.

- Quelles nouvelles ? s'enquit aussitôt Megan.

- Vous-Savez-Qui menace Fudge de tuer des Moldus s'il ne s'écarte pas de son chemin, notamment, annonça Charlie en se laissant tomber sur sa chaise, qui craqua sous sa montagne de muscles. Il lui a ordonné de démissionner, sous peine d'un massacre. C'est une info confidentielle bien sûr, mais l'Ordre a tout de suite été informé, je leur ai dis que je vous passerai le mot.

- Ce n'est pas franchement une surprise, fit remarquer Megan, soulagée de ne pas apprendre la mort de quelqu'un qu'elle connaissait. Tu veux du ragoût ? Fred en a fait assez pour nourrir toute votre famille.

- Qu'est-ce que Fudge compte faire ? s'enquit George tandis que Charlie tendait son assiette avec envie.

- Oh, il ne va pas démissionner, affirma le jeune homme. Ce serait se soumettre ouvertement à Vous-Savez-Qui. Fudge n'est pas un type solide, mais il ne sera jamais dans le camp des Mangemorts. Il va essayer de faire face, et Dumbledore est derrière lui. Mais on va vers de sales moments.

La règle selon laquelle il était interdit de consacrer plus de quinze minutes à un sujet sérieux et triste sous le toit des jumeaux était scrupuleusement respectée par le quatuor. La menace de Voldemort fut rapidement écartée des esprits, et Megan et les trois frères Weasley s'engagèrent rapidement dans un débat vif sur les pires matches de Quidditch auxquels ils aient assisté. Charlie impressionna les trois autres en leur révélant que lui et ses collègues de la réserve s'étaient déjà livrés à des parties de vol au milieu de certains de leurs dragons et qu'il y avait quelque chose d'intensément satisfaisant à parvenir à lancer le Souafle à travers un anneau après avoir évité deux jets de flammes et un enthousiaste coup de queue hérissée de pointes. Bien sûr, ils ne pratiquaient ce sport de haute voltige qu'avec leurs dragons les plus dociles, mais tous trois savaient pertinemment que même le plus doux des cracheurs de feu pouvait tuer sans effort un joueur un peu trop sûr de lui. Megan observa Charlie avec passion tandis qu'il leur racontait ses aventures roumaines et elle s'aperçut qu'elle était prête à tout abandonner pour rentrer avec lui dans son pays, oublier Voldemort et ses angoisses pour voler et se sentir vivante au milieu de créatures destructrices qui ne cherchaient pourtant pas inlassablement à tuer et torturer tous ceux qu'elle aimait.

Comme pour lui rappeler qu'un tel projet était irréaliste, la nouvelle de la mort d'Emeline Vance les frappa dès le lendemain. Il était difficile de déterminer ce qui était le pire : qu'un membre de l'Ordre du Phénix ait été tué, ou qu'il l'ait été dans le jardin du premier ministre moldu. Son meurtre, deux jours après celui d'Amelia Bones, était un coup fort porté à la communauté magique et à la résistance. Vance était l'une des rares membres de l'Ordre du Phénix originaire à avoir survécu à la première guerre des sorciers. L'Ordre ne put se réunir pour ses funérailles : il leur était désormais interdit de se trouver tous au même endroit, de peur qu'un attentat ne les fasse tous disparaître d'une traite. Charlie, qui ne la connaissait pourtant pas, se rendit sur les lieux pour représenter les Weasley. À mesure que les jours passaient, il plaisantait de moins en moins, parlait de moins en moins.

Le lendemain de la mort de Vance, Voldemort mis sa menace à exécution : à Londres, le pont de Brockdale s'effondra en fin d'après-midi, précipitant une douzaine de voitures moldues dans le fleuve, causant la mort d'une vingtaine de personnes. Les experts moldus consacrèrent les mois suivants à étudier les causes probables d'un tel drame, le pont n'ayant été construit que moins de dix ans auparavant et n'ayant présenté aucune faille, tandis que les sorciers commentaient avec crainte et colère le travail des Mangemorts. Dans un communiqué de presse le soir-même, Fudge maintint son refus de plier sous la menace terroriste et de démissionner. Le jour qui suivit, un ouragan exceptionnel dévasta l'ouest de l'Angleterre, déracinant les arbres, arrachant les toitures, démolissant des façades, balayant les voitures, tordant les réverbères, brisant les os des victimes, arrachant des têtes ou des membres. Bien que la majeure partie des milliers de victimes furent moldues, des sorciers furent également tués, et ceux qui en réchappèrent témoignèrent : malgré une météo difficile, c'étaient en réalité des Mangemorts guidant des géants déchaînés qui avaient perpétré ce massacre.

La dernière semaine de juin se poursuivit ainsi, entre meurtres, disparitions et tueries de masse, tandis qu'une brume sinistre recouvrait lentement le pays, répandue par les Détraqueurs désormais libres de leurs mouvements, qui attaquaient moldus et sorciers sans distinction au hasard de leurs vagabondages à travers le Royaume-Uni, se multipliant à une vitesse alarmante. Bien que le ministère ait envoyé des Aurors se charger de sécuriser la prison d'Azkaban, désertée par ses gardiens, quelques Mangemorts parvinrent à s'en échapper, dont les Carrow, ce qui mit Megan hors d'elle sans pouvoir l'expliquer à ses colocataires, qui s'étaient résignés à vivre dans un monde sans système carcéral. Le dimanche, il n'y avait plus un sorcier dans les rues du pays, chacun s'étant retranché chez soi derrière les maigres protections que permettaient ses capacités magiques, craignant d'être le prochain nom sur la liste toujours plus longue des victimes de la terreur qui régnait dorénavant.

Megan travaillait désormais tous les jours à la boutique avec Fred et George pour tenter de repousser l'humeur sinistre qui se répandait sur leur communauté. Tandis qu'elle guettait avec angoisse le retour des lettres qu'elle échangeait avec Kevan chaque jour afin de s'assurer qu'il était toujours vivant, elle élaborait avec les jumeaux des produits destinés à protéger leurs clients. Fred et George avaient trouvé amusante l'idée d'un Chapeau Bouclier, qui détournerait les sorts mineurs ou modérés lancés sur celui qui le coifferait, et avaient été surpris de recevoir une commande de cinq-cents exemplaires de la part du ministère de la magie, rapidement suivie par une ruée de clients. Megan était consternée de découvrir combien de personnes s'avéraient incapables de lancer correctement un Charme du Bouclier par eux-mêmes et se sentaient rassurés de disposer d'un tel artefact, pourtant conçu pour farcer lors d'un duel amical. L'engouement pour ce produit lui avait cependant donné l'idée d'en proposer une gamme complète, idée qui ravit les jumeaux. Ils consacrèrent donc leur temps libre à élaborer des Capes Boucliers, Gants Boucliers, Echarpes Boucliers, Chaussettes Boucliers… avec l'aide théorique de Megan. Cette dernière était plus que frustrée de ne pouvoir recourir à la magie pour renforcer l'efficacité des produits, mais les jumeaux lui promettaient que ses conseils leur étaient précieux et qu'ils n'avaient plus que quelques mois à attendre avant qu'elle n'atteigne la majorité et soit enfin autorisée à se servir de sa baguette hors de Poudlard.

Tandis qu'ils créaient ainsi une collection Défense contre les forces du mal, Charlie continuait d'œuvrer activement pour l'Ordre du Phénix, se déplaçant de villes en villes pour rencontrer des membres ou des sympathisants, recueillant des informations, tissant un réseau fiable et solide à travers le pays. Il était également leur lien avec la famille Weasley et leurs proches, les jumeaux ne pouvant quitter leur boutique toujours plus remplie et Megan ne pouvant quitter la sécurité des lieux.

- J'ai deux nouvelles qui vont vous intéresser, annonça-t-il en rentrant le dimanche soir après un dîner particulièrement long au Terrier.

Fred et George étaient penchés depuis plus d'une heure sur une Cape Bouclier récalcitrante que Megan aurait pu dompter en quelques minutes, et cette dernière rédigeait une réponse succincte à la dernière lettre de Kevan. Tous trois jetèrent un coup d'œil inquiet à Charlie qui déposait son sac élimé sur le comptoir de la cuisine.

- Quelqu'un qu'on n'aimait pas est mort ?

- Non, pas que je sache, mais le testament de Sirius Black a été découvert.

Le jeune homme avait annoncé la nouvelle sans émoi, lui qui n'avait jamais connu le prisonnier évadé, mais Megan, Fred et George sursautèrent comme s'ils venaient de s'électrocuter. Une douleur familière et cuisante emplit la jeune fille comme un poison qui se répandrait dans ses veines.

- Où ça ? Qu'est-ce qu'il dit ? Pourquoi on a mis si longtemps à le retrouver ? demandèrent-ils en parlant tous trois en même temps.

- Je n'ai pas beaucoup d'infos là-dessus, répondit Charlie en levant les mains pour calmer leurs ardeurs. Je sais juste qu'il a tout légué à Harry. Tout : son elfe de maison, son hippogriffe, le peu d'argent qui lui restait, et surtout le 12, Square Grimmaurd.

- Il lui a légué Kreacher ? répéta Megan d'un ton suintant de mépris et de haine.

- Disons qu'il fait partie du package. D'après Dumbledore, c'est une bonne chose. On avait peur que ce soit Bellatrix Lestrange qui ait hérité du Quartier Général, vous vous souvenez ? Si Harry est vraiment le nouveau propriétaire, ça veut dire qu'on va pouvoir réimplanter le Q.G. au Square Grimmaurd et surtout qu'elle ne va pas pouvoir mettre la main sur toutes les informations qu'a l'elfe sur nous.

Cela voulait dire également que Megan allait pouvoir facilement faire main basse sur Kreacher et lui faire payer au prix fort sa trahison qui avait causé la mort de Sirius. Le cœur battant, les yeux brûlants, elle savoura de sentir sa vengeance s'approcher enfin.

- Pourquoi « si Harry est vraiment le nouveau propriétaire » ? s'enquit Fred. Tu ne viens pas de dire que c'est écrit dans le testament de Sirius ?

- Oui, mais les Black étaient des sorciers très « traditionnalistes » et plutôt doués en magie, donc il y a un risque que le testament ne suffise pas à opérer la transmission, et qu'ils aient lancé un sortilège qui empêcherait la maison (et l'elfe) d'appartenir à quelqu'un qui ne soit pas de sang-pur.

- Potter est un sang-mêlé, acquiesça Megan. Alors comment être sûr qu'il est bien l'héritier de Sirius ?

Prononcer ces mots lui fut douloureux. Sirius était mort. Sirius avait tout légué à Potter. À celui qui avait participé à sa mort en les entraînant tous au ministère de la magie se jeter dans le piège tendu par Voldemort.

- Il suffit de voir si Kreacher accepte de lui obéir. S'il est bien son maître, il sera forcé de le faire, et ça signifiera qu'il est aussi le propriétaire de la maison.

- Et si ça ne marche pas ? demanda Megan.

- Alors on verra comment empêcher l'elfe de tomber entre les mains de sa propriétaire…

- … en le tuant, par exemple.

Les trois frères Weasley dévisagèrent la jeune fille.

- N'allez pas me faire croire que vous allez défendre cette vermine, répliqua Megan. Il a trahi Sirius, il l'a manipulé sur les ordres des Malfoy, vous vous souvenez ? S'il appartient à Bellatrix maintenant, la meilleure chose à faire, c'est de se débarrasser de lui.

- Et quand est-ce qu'on saura s'il appartient à Bellatrix ou à Harry ? s'enquit George d'une voix hésitante, désireux de couper court aux sinistres idées de son amie.

- Dumbledore doit aller chercher Harry la semaine prochaine pour l'emmener à la maison, indiqua Charlie. Je pense qu'il en profitera pour vérifier.

- Potter va aller au Terrier ?

Une raison de plus de ne surtout pas aller y passer l'été. Il n'avait pas besoin de la protection de Megan pour le moment, il était entre les mains des membres de l'Ordre du Phénix, elle pourrait ne reprendre sa mission de le garder en vie qu'une fois rentrés à Poudlard, dans deux mois.

- Oui, on a sécurisé la maison autant que possible et il sera mieux là-bas que chez son oncle et sa tante.

- Chouette, il pourra venir voir la boutique ! se réjouit Fred. J'ai trop hâte de lui montrer tout ce qu'on a pu faire grâce à son argent.

Megan leva les yeux au ciel, peu encline à écouter les jumeaux chanter les louanges de Potter sous prétexte qu'il s'était débarrassé des Gallions entachés par le sang de Cedric, qu'il était de toute manière suffisamment riche pour pouvoir refuser.

- Tu as dit que tu avais deux nouvelles ? demanda-t-elle en se retournant vers Charlie.

- Oui, et l'autre est beaucoup plus joyeuse ! Ils sont désolés de ne pas pouvoir vous l'annoncer eux-mêmes, donc ils m'ont chargé de le faire pour eux. Bill et Fleur ont emménagé chez papa et maman –

- Ah, quelle joie, commenta Fred.

- Quel Billywig les a piqués ? hoqueta George.

- Bill croule sous le travail à Gringotts, avec le contexte ils ont multiplié par dix leurs mesures de sécurité (il faut près de quatre heures de queue maintenant pour récupérer son or !), et entre ça et les missions pour l'Ordre il est débordé, donc il s'inquiétait que Fleur se sente seule – elle travaille à Gringotts mais seulement à mi-temps, pour améliorer son anglais – donc il s'est dit qu'elle serait mieux entourée au Terrier, et comme ça elle peut apprendre à mieux nous connaître…

- C'est plutôt chouette, commenta Megan, qui gardait un bon souvenir de la championne de Beauxbâtons, bien plus féroce que le laissaient croire sa beauté et sa grâce de Vélane.

- C'était d'autant plus chouette qu'ils vont se marier.

Il y eut un silence surpris, puis Fred laissa échapper un rire étrange.

- Bill va se marier ! répéta-t-il, mi-horrifié, mi-réjoui.

George se mit lui aussi à rire et les trois frères échangèrent bientôt des accolades viriles comme pour se féliciter que leur aîné soit parvenu à passer la bague au doigt de la plus jolie fille qu'ils connaissaient. Megan était partagée : elle appréciait beaucoup Bill et Fleur et ne doutait pas qu'ils soient un couple solide, mais un événement aussi joyeux et familial qu'un mariage en ces temps troublés lui paraissait saugrenu et elle ne parvenait pas à s'en réjouir. Elle se contenta donc d'un sourire poli puis écouta les trois frères rivaliser de compliments et de remarques peu élégantes sur le physique avantageux de leur future belle-sœur. La fête était prévue pour l'été suivant, au Terrier, et Fleur espérait que sa famille pourrait venir de France pour l'événement. Fred et George charrièrent Charlie sur l'opportunité que présentait la venue de la petite sœur de la future mariée, Gabrielle, dont les atouts charmes étaient proches de ceux de son aînée. Le deuxième fils des Weasley avait effectivement une réputation solide de célibataire endurci pourtant très populaire auprès de la gent féminine, ce que Megan comprenait parfaitement. Son physique musculeux associé à un sourire charmeur, son métier de dresseur de dragons et son attitude confiante et rassurante avaient tout pour plaire. La jeune fille ne doutait d'ailleurs pas que les soirées où il n'était pas rentré dormir sur le Chemin de Traverse ne s'étaient pas toutes terminées au Terrier. Megan mit cependant un terme à la conversation lorsqu'elle rappela aux trois mâles enthousiastes que la cadette des Delacour n'avait qu'une dizaine d'années.


SCRIMGEOUR SUCCÈDE À FUDGE

Rufus Scrimgeour, ancien directeur du Bureau des Aurors au Département de la justice magique, a succédé à Cornelius Fudge comme ministre de la Magie. Cette nomination a été accueillie avec enthousiasme par la communauté des sorciers, bien que des rumeurs de désaccord entre le nouveau ministre et Albus Dumbledore, récemment rétabli à son poste de président-sorcier du Magenmagot, aient commencé à se répandre quelques heures seulement après l'entrée en fonction de Scrimgeour. Les représentants de Scrimgeour ont reconnu qu'il avait rencontré Dumbledore tout de suite après la passation de pouvoirs mais n'ont pas voulu révéler les sujets abordés au cours de leur conversation.

Megan termina la lecture à voix haute de l'article à Fred, George et Charlie, qui avaient exceptionnellement été tirés de leur torpeur du matin par autre chose que du café. Eleyna, fière d'avoir été celle qui avait apporté la nouvelle, ulula d'un air digne.

- Moi, je fais partie des enthousiastes, indiqua Charlie, j'ai voté pour lui. Scrimgeour est un drôle de type, papa m'a déjà parlé de lui, mais il a les épaules solides et je ne vois pas qui serait mieux placé qu'un Auror pour diriger le pays en ce moment – à part Dumbledore, bien sûr.

- Il est forcément mieux que Fudge, acquiesça Fred. Lui au moins ne va pas se faire destituer de ses fonctions… C'était déjà arrivé ça ?

- Oh, oui, acquiesça Megan, frustrée de n'avoir pas pu participer aux élections qui s'étaient précipitamment déroulées la veille par correspondance après que Fudge ait été contraint à démissionner sous la pression des protestations de la communauté magique. Par exemple, Hector Fawley a dû organiser des élections anticipées quand Grindelwald a commencé à semer la terreur en Europe et qu'on lui a reproché de n'avoir pas pris au sérieux la menace qu'il représentait. C'était un peu le Voldemort de l'époque.

Fred, George et Charlie frissonnèrent mais ne protestèrent pas contre l'emploi du nom maudit. S'ils n'en étaient pas encore capables, ils respectaient le peu de crainte que celui-ci inspirait à Megan.

L'article était accompagné d'une grande photo en noir et blanc d'un homme aux cheveux épais comme une crinière de lion et au visage marqué. La photo bougeait : on voyait l'homme agiter la main vers le plafond. En plus petit figurait un portrait de Fudge. L'ex-premier ministre était plus mince, plus chauve et son visage plus creusé que la dernière fois que Megan l'avait vu, seulement trois semaines plus tôt. Les circonstances extrêmes l'avaient visiblement éprouvé physiquement et mentalement. Il ne quittait cependant pas le ministère, demeurant auprès de son successeur en tant que consultant.

- Tant qu'on en parle, j'ai appris que Kingsley avait été affecté par le ministère à la protection du premier ministre moldu, indiqua Charlie. C'est une position de choix, on a maintenant un homme au sein du gouvernement moldu, c'est vraiment une bonne nouvelle. Les choses commencent enfin à tourner à notre avantage.

- Je ne serais pas aussi optimiste, dit Megan.

Les tueries et les disparitions inquiétantes n'avaient pas cessé pour autant. Depuis la veille, des éventaires miteux s'étaient installés sur le Chemin de Traverse, proposant amulettes, potions, artefacts et sortilèges douteux pour se protéger des diverses menaces qui guettaient désormais les sorciers. La terreur continuait de se répandre et la paranoïa grimpait en flèche.

Tandis que Fred et George descendaient pour ouvrir la boutique aux premiers clients de la matinée et que Charlie s'apprêtait à entamer une nouvelle journée de travail pour l'Ordre, Megan déplia un des journaux qu'elle n'avait pas encore pris le temps de lire, parmi tous ceux que leur amenaient leurs hiboux. Encore une fois, sa mésaventure au ministère faisait les gros titres, mais cette fois les projecteurs étaient tout particulièrement braqués sur Potter :

HARRY POTTER : L'ÉLU ?

Des rumeurs continuent de circuler au sujet des incidents survenus récemment au ministère de la Magie et au cours desquels Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a été vu une nouvelle fois.

« Ne me demandez rien, nous ne sommes pas autorisés à en parler », nous a déclaré hier soir, au moment où il quittait le ministère, un Oubliator très agité qui a refusé de nous donner son nom. Cependant, des sources bien informées dans les hautes sphères du ministère ont confirmé que ces incidents avaient eu pour origine la légendaire salle des Prophéties. Bien que les sorciers de presse du ministère aient jusqu'à présent refusé ne serait-ce que de confirmer l'existence d'un tel lieu, les membres de la communauté magique sont de plus en plus nombreux à croire que les Mangemorts actuellement en prison à Azkaban pour effraction et tentative de vol avaient essayé de s'emparer d'une prophétie. La nature de celle-ci reste mystérieuse mais on pense généralement qu'elle concernerait Harry Potter, la seule personne à avoir jamais survécu au sortilège de la Mort, et dont on sait également qu'il se trouvait au ministère au cours de la nuit en question. Certains vont jusqu'à surnommer Potter « l'Élu », pensant que la prophétie le désigne comme le seul qui sera jamais capable de nous débarrasser de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. On ignore où se trouve actuellement cette prophétie, si toutefois elle existe, bien que (suite en page 2, cinquième colonne)

Megan poussa un soupir et replia le journal. Il n'y avait rien de nouveau dans l'article, et elle n'avait pas envie de penser à Potter. Ses pensées se dirigèrent à nouveau vers Sirius. Elle n'arrivait désormais plus à enterrer au fond d'elle-même les souvenirs douloureux de cet homme pour qui elle avait eu tant d'affection, alors qu'ils étaient toujours dans l'attente de savoir si son filleul avait ou non hérité de ses biens. Sa mort n'avait été que brièvement mentionnée dans les articles consacrés à la bataille qui avait eu lieu au ministère, les circonstances de celle-ci étant difficiles à établir en l'absence de corps, et la communauté magique s'étant parfaitement désintéressée de celui qui avait pourtant fait les gros titres pendant de longs mois, qu'ils s'agissent des meurtres dont il avait été accusé à tort ou de son évasion spectaculaire. Sirius s'était d'ailleurs particulièrement vanté de tout l'intérêt qui lui avait été porté après sa fuite d'Azkaban. Megan pouvait encore l'entendre affirmer d'un air réjoui : « Tu sais que tu as percé quand tu vois ton portrait affiché absolument où que tu ailles » et Remus lui répondre d'une voix lasse qu'il n'y avait pas de quoi être fier de figurer sur les avis de recherche criminels du ministère.

Ces souvenirs cruellement douloureux lui arrachèrent un triste sourire, et elle regretta que le monde entier n'ait pas su combien Sirius était drôle, faussement imbu de lui-même, ridiculement dramatique, loyal et foncièrement bon. En baissant les yeux sur l'article consacré à Potter, Megan s'aperçut qu'il y avait pourtant un moyen d'y remédier. Comme une flamme ravivée, elle s'empressa de se saisir d'un long rouleau de parchemin, d'une plume et d'un encrier plein, puis se mit au travail :

Barnabas Cuffe,

Vous connaissiez mes parents adoptifs, Emily et Roger Boyd. Votre amitié ne vous a pas empêché de faire publier l'article de cette truie de Rita Skeeter au sujet de mes parents biologiques et de leur histoire, incomplète et erronée.

Vous avez traîné Potter et Dumbledore dans la boue quand on s'est efforcés d'enlever la bouse de dragon que vous aviez dans les yeux pour vous prévenir que Voldemort était de retour. Vous avez consciencieusement léché les bottes de Fudge quand il vous a payé pour ne raconter que ce qui lui plaisait plutôt que de remplir votre mission de chien de garde de la démocratie magique.

Vous avez sali le nom de Sirius Black en faisant de lui un bouc émissaire après l'évasion des Mangemorts l'année dernière, plutôt que de dénoncer la perte de contrôle du ministère sur les Détraqueurs.

Aujourd'hui, nous payons tous le prix de votre aveuglement, et Sirius a été tué par ces mêmes Mangemorts. Vous avez une dette envers moi, et vous avez une dette envers lui, et aujourd'hui vous allez la payer. Vous allez publier l'article ci-joint, à la une, avec une belle photo de lui, et vous allez lui présenter vos excuses.

Megan BUCKLEY

De longues heures durant, Megan ratura, barra, effaça et corrigea le plus beau texte qu'elle écrivit jamais. Avec une passion dont elle ne serait pas crue capable, elle relata l'enfance de Sirius au sein d'une famille résolument convaincue de la supériorité des Sang-Pur, admirative de la vision de Voldemort du monde magique, jusqu'à lui donner leur fils cadet, Regulus. Elle fit appel à tous les souvenirs de ses conversations avec le fugitif au cours de l'été passé pour illustrer la sévérité de Walburga, la froideur d'Orion et la fierté de Regulus, détaillant de son mieux les souffrances de Sirius, premier Gryffondor depuis des générations de Black, capable de voir le meilleur des gens, convaincu que le sang n'était pas gage de grandeur. Elle brossa un portrait flatteur de James Potter, ce Sang-Pur blagueur et rebelle, et de Remus Lupin, ce garçon brillant mais timide, qui avaient partagé son dortoir puis sa vie. Elle relata avec joie leurs années de gloire à Poudlard, eux le groupe d'amis le plus populaire de l'école, qui s'attiraient la sympathie de leurs camarades par leurs blagues et leurs farces, les talents de James au Quidditch, la main secourable de Remus et la générosité de Sirius, tout en impressionnant leurs professeurs par leur prouesses magiques. Elle espéra avoir les lecteurs ayant partagé leur vie à l'époque par les sentiments en évoquant leur célèbre rivalité avec l'autre duo le plus populaire de l'école, ce couple surprenant, dramatique et pourtant solide que formaient Marlene McKinnon et Dorcas Meadows. Leurs joutes avaient été suivies avec passion par les occupants de Poudlard, qui avaient accueilli avec une forme de soulagement mêlé de jalousie l'amitié qui avait fini par se nouer entre eux avec les années. Megan dressa ensuite la liste de leurs honneurs en soulignant que Sirius, à l'instar de Remus, James et Lily, la femme de ce dernier et proche amie du héros de l'article, avait rejoint l'Ordre du Phénix dès la fin de ses études. À ce titre, il avait joué un rôle majeur dans la lutte contre Voldemort lors de la première guerre des sorciers, protégeant au péril de sa vie des Sang-mêlés, des Mutmags, des Cracmols et des Moldus avec tout le panache, le courage et l'enthousiasme qui le caractérisaient. Puis, férocement, Megan aborda le sujet de Peter Pettigrew, l'homme discret et peureux qui avait été aux côtés de Sirius et de ses amis dès leur première année à Poudlard, qui avait gagné leur affection et leur confiance, puis les avait trahis pour Voldemort en révélant à ce dernier la cachette des Potter, entraînant leur célèbre assassinat et faisant de leur fils Harry un orphelin. Laissant de côté le récit trop connu de la défaite du mage noir face à l'enfant, elle insista sur la misérable mise en scène par laquelle Pettigrew avait tué une douzaine de Moldus, s'était coupé un doigt et avait simulé sa propre mort afin de faire accuser Sirius, l'un de ses meilleurs amis. Elle rappela alors les treize longues années que cet homme, brisé par le chagrin d'avoir perdu son meilleur ami, avait passées à Azkaban, haï par la communauté magique pour un meurtre qu'il n'aurait jamais commis, rejeté par Remus lui-même. Accusatrice, Megan relata le choix du ministère de l'enfermer sans procès, l'absence d'enquête de l'époque et la facilité avec laquelle le monde entier s'était détourné d'un de ceux qui aurait préféré mourir plutôt que de laisser un innocent souffrir, espérant que tous ceux qui liraient ces mots ressentiraient toute la culpabilité et le remords qu'ils méritaient. Sa plume ne s'adoucit pas lorsqu'elle vanta les mérites de la première évasion de la prison d'Azkaban, suivie d'une année entière passée caché, contraint à se nourrir de rats, tandis que le pays entier le recherchait en espérant qu'un Détraqueur parviendrait à aspirer son âme déjà meurtrie. Puis elle souligna avec véhémence que lorsque le retour de Voldemort avait été révélé, Sirius Black avait à nouveau rejoint l'Ordre du Phénix sans la moindre hésitation, pendant que ceux qui le considéraient comme un tueur préféraient se bercer d'illusions en traitant Harry Potter, Albus Dumbledore et Meganna Buckley de fous manipulateurs. Et enfin, elle en arriva au passage le plus douloureux, le récit de sa mort. Peu importait que le ministère refuse de dire la vérité au public sur ce qu'il s'était passé à la fin de l'année scolaire dans ses locaux, elle n'allait pas laisser leur honte dissimuler la vérité sur les derniers instants de Sirius Black. Elle témoigna alors du piège qu'avait élaboré Voldemort pour attirer Harry Potter au ministère de la magie pour le contraindre à lui délivrer la prophétie à leur sujet que gardait secrètement le gouvernement. Elle raconta comment Potter et ses amis avaient affronté seuls les Mangemorts qui les y attendaient, sans aucune aide du ministère laissé à l'abandon, puis l'arrivée des membres de l'Ordre du Phénix, Sirius en tête, venus à leur secours. Des larmes brûlantes dans les yeux, elle décrivit le courage et la force avec lesquels il s'était battu pour tenter de les protéger, jusqu'à ce que sa propre cousine, Bellatrix Lestrange, le précipite dans la mort. Il était temps pour le monde magique de connaître la vérité sur sa vie et sur son meurtre.