Note d'auteur : Petit message à l'attention de Serdaigleman, félicitations pour ton mémoire ! Ton review m'a fait super plaisir et a contribué à me remotiver pour écrire, je suis moi-même aux prises avec mon propre mémoire qui aspire mon énergie vitale. J'aime beaucoup tes théories, ça m'aide à alimenter mes propres idées pour la suite ;)


11

LES DÉBOIRES DE HAGRID

La sixième année n'avait rien d'un long fleuve tranquille ponctué d'heures de temps libre comme aurait aimé le croire Ron. Les élèves étaient surchargés de devoirs, et la complexité des cours était sans précédent. Megan se satisfaisait d'une difficulté plus élevée, tendant à moins s'ennuyer en cours et regrettant ainsi moins d'être assise sur les bancs de l'école au lieu de se tenir aux côtés des membres de l'Ordre. Elle avait adressé un courrier à Bill pour lui indiquer que la seule nouveauté de l'année était le nouveau professeur Slughorn et lui demander s'il savait que Dumbledore avait prévu de confier à Snape les cours de Défense contre les forces du Mal, ainsi que des nouvelles de l'Ordre – dans la limite de ce qu'il était possible de mettre par écrit.

Dumbledore était d'ailleurs souvent absent aux repas, ce qui était chose nouvelle à Poudlard. Hagrid lui aussi se faisait plus rare : Megan, Ron, Hermione et Potter ne l'avaient plus vu depuis le soir de leur arrivée à Poudlard, et il avait cessé de venir manger dans la Grande Salle. Megan doutait que ces deux nouvelles habitudes soient liées, et craignait notamment que leur géant ami leur reproche d'avoir abandonné ses cours. Ils n'avaient cependant pas le temps d'aller lui rendre visite, croulant sous le travail et se couchant aussi tôt que possible le soir, épuisés.

Mandy Brocklehurst était revenue en classe d'Arithmancie dès le mardi, sa blessure ayant été guérie en un tour de bras par Madam Pomfrey, qui en avait vu d'autres. Assise au fond de la salle, elle consacrait la majeure partie de l'heure de cours à fixer Megan d'un air mauvais, mais ne s'était pas confrontée à elle à nouveau – pour le moment. La jeune fille avait le pressentiment que sa camarade n'allait pas facilement accepter qu'on ne pouvait pas lui tenir tête. Hermione avait cependant cessé de morigéner son amie à propos de son attitude supérieure, trop occupée à ronchonner au sujet de Potter et de son manuel griffonné. Le garçon avait en effet continué à suivre les instructions du propriétaire précédent du livre, et au bout de la quatrième leçon de la semaine, Slughorn ne tarissait plus d'éloges sur ses aptitudes, affirmant qu'il avait rarement vu un élève aussi doué. L'humeur de Hermione se détériorait tandis qu'elle constatait que les « instructions officielles » donnaient de moins bons résultats, et Ron lui-même commençait à s'agacer, ne parvenant pas à déchiffrer les pattes de mouche de celui qui avait signé ses annotations sous l'alias du Prince de Sang-Mêlé. Ce dernier semblait d'ailleurs avoir ajouté dans les marges des formules qui ressemblaient à des sorts qu'il aurait lui-même inventé.

- Lui-même ou elle-même, dit Hermione d'un ton irrité en entendant Potter en montrer quelques exemples à Ron.

C'était le samedi soir, dans la salle commune.

- Il se peut très bien qu'il s'agisse d'une fille. Son écriture est plus féminine que masculine.

- Il s'appelait le Prince de Sang-Mêlé, objecta Potter. Tu connais beaucoup de filles qui sont princes ?

Hermione ne sut que répondre. Elle se renfrogna et reprit d'un geste brusque sa dissertation sur « Les principes de rematérialisation » que Ron essayait de lire à l'envers. Potter consulta sa montre et rangea précipitamment dans son sac le vieil exemplaire du Manuel avancé de préparation des potions.

- Il est huit heures moins cinq. Il faut que j'y aille si je ne veux pas être en retard chez Dumbledore.

- Ooooh ! s'exclama Hermione en relevant la tête. Bonne chance ! On va t'attendre, on veut savoir ce qu'il te donne comme cours !

- J'espère que ça se passera bien, dit Ron, et tous deux regardèrent Potter sortir par l'ouverture du portrait.

Megan n'avait pas levé la tête de sa dissertation lors du départ du garçon. Un claquement contre la vitre de la fenêtre détourna cependant son attention.

- C'est Eleyna ! s'exclama Hermione. Des nouvelles de l'Ordre ? ajouta-t-elle à voix basse en jetant des coups d'œil en coin aux rares autres élèves qui s'étaient attardés dans la salle commune.

- Non, de Kevan, indiqua Megan en posant précautionneusement sa dissertation et son encrier devant la cheminée au pied de son fauteuil. J'ai écrit à Bill avec un hibou de l'école. Il vaut mieux varier les oiseaux pour éviter de risquer une interception, même si on n'écrit rien qui puisse être décrypté.

- Kevan ? répéta Ron. C'était cet élève plus âgé avec qui tu sortais, non ? Vous êtes toujours ensemble même s'il a quitté Poudlard ?

- C'est compliqué, marmonna Megan en ouvrant la fenêtre pour laisser entrer sa chouette.

Il pleuvait dehors, et le rapace s'empressa de voler jusqu'au fauteuil de Megan pour se sécher les plumes devant la cheminée dès que sa maîtresse eut récupéré le courrier qu'il transportait.

- Des informations intéressantes ?

- Ron ! protesta Hermione. Les correspondances de Megan et Kevan ne te regardent pas !

L'intéressée remercia intérieurement sa meilleure amie tandis qu'elle parcourait du regard la lettre. Il était vivant. Le ministère était devenu un véritable bunker depuis qu'elle s'y était introduite avec son aide, et son quotidien était plutôt morose. Ally Collins n'avait pas été renvoyée. Peu de bonnes nouvelles, donc. Il indiquait cependant qu'il n'avait toujours pas utilisé l'intégralité des « bons pour » qu'elle lui avait offert l'année précédente, et espérait pouvoir bientôt écouler son stock restant, ce qui arracha un sourire à Megan. Il y en avait quelques-uns qu'elle avait tout à fait envie qu'il invoque.

- J'espère que Dumbledore ne va pas prendre son temps, ronchonna-t-elle en pliant la lettre et en la rangeant dans une des poches de sa robe. Je n'ai pas envie d'attendre Potter toute la soirée, et j'ai terminé mes devoirs.

- Y compris la version numéro 4, en Runes ? sursauta Hermione. Tu peux me la montrer ? Je suis presque sûre que je me suis trompée au dix-neuvième paragraphe…

Tandis que Hermione consultait avec appréhension les parchemins de Megan, l'intéressée s'enfonça à nouveau dans son fauteuil devant le feu pour y rédiger une lettre à l'attention de Kevan. L'activité ne lui prit cependant qu'une quinzaine de minutes, puis son regard se perdit dans les flammes de la cheminée et son esprit vagabonda jusqu'à Voldemort, qui sévissait impunément hors des murs de l'école tandis qu'elle traduisait des recettes de cuisine en runes.

Il était vingt-deux heures lorsque Potter franchit à nouveau le trou du portrait, faisant sursauter Ron et Hermione. Megan le suivit des yeux d'un œil morne alors qu'il se laissait tomber sur une chaise à côté d'eux en se massant les tempes.

- Alors ? le pressa Ron. C'étaient quels genres de sorts ? Tu n'es pas blessé, au moins ?

- Laisse-le respirer ! le morigéna Hermione.

Mais elle-même dévisageait Potter avec insistance, penchée vers lui, les doigts crispés sur le bord de la table.

- Pas de sort, croassa le garçon. Il ne veut pas m'apprendre de la magie, il veut me parler du passé de Voldemort…

J'avais raison, pensa Megan. Mais qu'y avait-il d'intéressant à apprendre sur l'histoire du mage ? En quoi serait-ce utile ?

- Je ne sais pas vraiment où il veut en venir, poursuivit Potter, mais Dumbledore m'a dit que c'était lié à la prophétie, et que ça devait m'aider à survivre. Il a sorti la Pensine – vous savez, cette espèce de bassine de pierre dans laquelle on peut voir des pensées et des souvenirs – et il m'a emmené dans le souvenir d'un employé du ministère de la magie, Bob quelque chose. J'ai vu le grand-père de Voldemort, Marvolo Gaunt, et ses deux enfants.

Ron et Hermione écarquillèrent les yeux, fascinés.

- C'était un vieux fou consanguin, qui méprisait sa fille, Merope. Lui et son fils Morfin la harcelaient et la traitaient comme une moins que rien. Ils m'ont fait penser aux Dursley… Bref, j'ai découvert que la mère de Voldemort était une sorcière, qui était tombée amoureuse d'un Moldu du village, ce qui rendait sa famille folle de rage. Après que son père et son frère aient été emprisonnés à Azkaban, elle lui aurait fait ingérer un philtre d'amour et ce serait enfuie avec lui. C'est comme ça que Voldemort est né. Sauf que le Moldu, Tom Riddle Senior, a fini par échapper à l'emprise de Merope et l'a abandonnée avant la naissance du bébé.

- Dingue ! s'exclama Ron. On n'aurait jamais imaginé tout ça ! Mais je ne vois pas en quoi ça t'est utile ?

- Je ne sais pas trop non plus, avoua Potter. Mais Gaunt n'arrêtait pas d'agiter sa bague sous le nez de l'employé du ministère, il se vantait d'être les derniers descendants de Salazar Serpentard, et c'est Dumbledore qui a cette bague, maintenant. Il dit qu'il l'a obtenue à peu près au moment où il s'est blessé à la main.

- Tu penses que c'est la bague qui lui a fait ça ? souffla Hermione. Ce serait possible, si c'est un artefact magique…

- Aucune idée, il ne veut toujours rien me dire à ce sujet. Il n'arrête pas de dire qu'il me le racontera plus tard, s'agaça Potter. En tout cas vous devez tous garder ça pour vous.

Le regard du garçon se tourna brièvement vers Megan, qui l'avait écouté sans cesser de contempler le feu dans la cheminée.

- Dumbledore ne veut pas qu'on sache tout ce qu'il sait ou soupçonne au sujet de Voldemort.

- Promis, affirma Hermione en jetant des coups d'œil autour d'elle pour s'assurer qu'ils étaient bien seuls dans la salle commune.

Megan ne répondit pas, trop occupée à se demander ce qu'elle pouvait bien faire de ces informations. Voldemort était né sous l'influence d'un philtre d'amour. Cela expliquait son inhumanité. Mais avait-on réellement besoin de le savoir ? Ce n'était pas réversible. Ce n'était pas comme cela que Potter allait avoir une chance de sauver le monde des sorciers. À quoi jouait encore Dumbledore ?

Ron et Hermione consacrèrent une partie de leur dimanche à étudier avec Potter les éventuelles implications de sa leçon de la veille, et l'autre partie à préparer les cours de la semaine à venir. Ron ne cessait de répéter qu'ils travaillaient comme s'ils avaient des examens chaque jour et que ce n'était pas ainsi qu'il avait imaginé son année, et Hermione lui rappelait systématiquement qu'elle l'avait prévenu. Megan n'avait pas envie de participer à leurs conversations et s'estimait suffisamment préparée pour les prochains cours. En temps normal, elle aurait consacré sa journée aux jumeaux ou à Kevan, mais ils n'étaient plus là, et elle regretta d'autant plus leur absence. Les mains enfoncées dans les poches de sa robe, elle quitta la table de Gryffondor à la fin du déjeuner pour déambuler à travers le château, plongée dans ses pensées. Depuis les remparts est, battus par les vents, elle balaya du regard les élèves qui déambulaient à l'extérieur du château. Au milieu des robes noires, elle reconnut les cheveux blond platine de Draco, qui semblait se disputer avec Pansy Parkinson. Megan esquissa un sourire satisfait.

- Eh ! Il n'y aura plus de réunions de l'A.D ?

Megan se retourna. Cathy Davison s'approchait d'elle, jetant des regards inquiets vers le sol comme si elle craignait que les remparts s'effondrent soudainement.

- Même ici, on ne peut pas être tranquille ? s'agaça Megan.

- Plains-toi, d'habitude je suis toute seule ici, je n'y peux rien si tu as décidé d'être là, répliqua la jeune fille en croisant les bras.

Elle avait le même air revêche que Cal.

- Pourtant, tu as le vertige, objecta Megan.

- Justement. Je préfère être toute seule. Alors, l'A.D ?

- Ça ne sert plus à rien, maintenant qu'Umbridge est partie, répondit Megan en se retournant vers les remparts. On a de vrais cours cette année, même si c'est Snape.

- C'est dommage, c'était encore mieux que des cours, soupira Cathy. J'ai appris plein de trucs. J'espérais que ça existerait toujours jusqu'à mes BUSE, j'aurais eu de super notes en Défense contre les forces du Mal.

- Je ne sais même pas si Poudlard existera toujours quand tu passeras tes BUSE. Dans trois ans…

- Bonjour l'optimisme.

- Ça ne sert à rien de faire semblant, répondit Megan en haussant les épaules. Voldemort est officiellement revenu, et il a recommencé à tuer.

- Je sais. Je pense qu'il a tué mon frère.

Megan se retourna si vite vers Cathy qu'elle manqua de se cogner contre l'un des créneaux.

- Pourquoi tu dis ça ? aboya-t-elle, la gorge serrée, le cœur battant.

Cathy haussa les sourcils, offensée par la réaction vive de Megan.

- Parce qu'il a disparu, répondit-elle, sur la défensive. Il y a eu beaucoup de disparitions de Moldus, tu n'es pas au courant ? Mon frère est un Moldu. Je suis une Mutmag, si tu ne le savais pas. Et ça fait des mois qu'on a plus aucune nouvelle de lui. Une fille était venue le chercher, chez nous, et lui a proposé d'aller vivre en Angleterre pour tenir une librairie magique. J'ai trouvé ça super louche, mais mes parents m'ont dit que Dumbledore était avec elle, que c'était sûr. Alors il est parti en Angleterre, et je n'ai plus jamais entendu parler de la fille. Il est venu chez mes parents pour les vacances de Noël, et ensuite… plus rien. Papa est allé à l'appartement où il habitait, pour aller le chercher, et il y avait ses affaires mais ça se voyait qu'il était parti depuis longtemps. Il est allé à la librairie, aussi, mais elle était fermée depuis longtemps… Je sais qu'il avait une petite amie, mais on ne connaissait pas son nom. J'espère que ce n'était pas cette fille, c'est sa faute s'il est parti. S'il était resté chez mes parents, tout irait bien. Maintenant il a disparu, et il est sûrement mort. Voldemort me le paiera, ça c'est sûr.

Megan battit des cils, prise de court par la déclaration de l'adolescente. Cathy était visiblement convaincue d'avoir perdu Cal, mais elle n'était pas effondrée, elle était férocement déterminée. Du haut de ses treize ans, elle était prête à en découdre avec l'un des sorciers les plus puissants de l'Histoire, et Megan la comprenait. Elle était aussi rassurée : Cal n'avait pas vraiment disparu puisqu'elle l'avait elle-même mis à l'abri. L'espace d'un instant, elle avait craint que les Davison aient appris au sujet de Cal quelque chose qu'elle ignorait. Ils ne pouvaient pas savoir qu'elle avait fait tout cela pour lui. Elle l'avait envoyé à Stourbridge pour lui offrir une meilleure vie. Elle l'avait envoyé en France pour lui sauver la vie. Cathy détestait Demi, sans savoir que l'intéressée se tenait juste devant elle et qu'elle avait autant qu'elle les intérêts de Cal à cœur.

- Rien ne prouve que ton frère est mort, objecta plus doucement Megan. Il a peut-être juste dû se cacher. Peut-être qu'il reviendra quand la guerre sera finie.

- J'en doute. Je ne veux pas me faire de faux espoirs.

- Tu as raison. Et tu devrais continuer à t'entraîner, comme avec l'A.D. Tous les jours. Garde en tête tout ce que tu as appris. Ça te sauvera peut-être la vie. Entraîne-toi avec le petit Barish, qui faisait partie de l'A.D. avec toi.

- Pourquoi lui particulièrement ? s'étonna Cathy.

- Il en a besoin, lui aussi. Une longue histoire. Peut-être que vous auriez des choses à vous dire. Lui, il est orphelin. Voldemort a tué ses parents il y a deux ans.

Cathy hocha la tête, convaincue. Une bonne chose de faite, estima Megan avant de sauter du haut du rempart et d'atterrir souplement au pied du château à l'aide d'un sortilège de Coussinage sous le cri de surprise mêlé d'horreur de la collégienne.


Le lundi, Megan reçut enfin la réponse de Bill à sa dernière lettre. Le hibou grand-duc qu'elle avait emprunté à l'école atterrit sans cérémonie dans ses céréales au cours du petit-déjeuner.

- Ces sales bêtes me feraient regretter Errol, grogna Megan en sauvant de justesse la lettre du bol rempli de lait. Aller, dégage, oiseau de malheur, ajouta-t-elle en secouant les mains tandis que le hibou s'extirpait à grand renforts de plumes humides.

- Tu n'es pas obligée d'être aussi désagréable, la sermonna Hermione en attrapant le rapace pour l'aider à reprendre son envol.

Toutes les personnes assises autour d'elles reçurent des gouttelettes de lait dans les cheveux lorsqu'il décolla avec un ululement sonore. Megan secoua la tête avec agacement.

- Alors ? souffla Ron, impatient. Quelles sont les nouvelles ?

Megan déplia la lettre sans un mot et la parcourut des yeux. La nomination de Snape au poste de professeur de Défense contre les forces du Mal n'était pas connue de l'Ordre. Bill trouvait la nouvelle surprenante mais assurait qu'il n'y avait pas lieu de s'en inquiéter : l'ex-Mangemort s'était repenti et les décisions de Dumbledore n'arrivaient jamais par hasard. C'était bien ce qui inquiétait Megan.

- Ce n'est pas lui qui doit écouter ce vieux corbeau lui raconter avec joie les effets du sortilège Doloris, marmonna Ron, qui lisait par-dessus l'épaule de Megan.

Bill ne pouvait donner d'informations importantes par écrit, par prudence. Il indiquait qu'aucun changement majeur n'était à signaler mais que les meurtres et les disparitions inquiétantes se poursuivaient. Il les incitait à respecter scrupuleusement les règles de sécurité en vigueur à Poudlard. Rien d'intéressant, donc.

La semaine commença, plus difficile encore que la précédente. Les cours exigeaient plus d'attention que jamais. Les regards de Ron et Potter indiquaient que, comme une grande partie de la classe, ils ne comprenaient pas la moitié de ce qui leur était expliqué par les professeurs. Hermione elle-même dû demander une ou deux fois à McGonagall de répéter certaines instructions. En revanche, les cours de potions étaient devenus un régal pour Potter, aussi incroyable que cela puisse paraître, et au grand dépit de Hermione. Megan, qui était raisonnablement douée en la matière, s'agaçait de voir le garçon s'attribuer les mérites du Prince de Sang-mêlé, qui qu'il soit, mais se satisfaisait de voir son camarade échouer dans les autres cours. Les sortilèges informulés représentaient l'une des plus grandes difficultés qu'affrontaient les élèves de sixième année, exigés non seulement en cours de Défense contre les forces du Mal, mais également en Sortilèges et en Métamorphose. Megan voyait fréquemment des élèves s'entraîner au cours des repas ou des heures de temps libre, le visage violacé à force de se retenir de prononcer l'incantation, tandis que cette pratique était pour elle naturelle. Ron n'avait jamais été aussi heureux d'aller en cours de botanique : là, au moins, il avait le droit de jurer haut et fort si les plantes plus dangereuses les unes que les autres qu'ils étudiaient tentaient de s'en prendre à eux, telle la Tentacula Vénéneuse qui attrapa le garçon par derrière le vendredi matin.

- Quelle grossièreté, commenta Hermione en libérant son meilleur ami de quelques coups de baguette.

Les tentacules de la plante vindicative se rétractèrent dans un couinement outragé, et Ron fusilla son assaillante du regard.

- Rappelez-moi pourquoi je continue cette matière ? grogna-t-il.

Avant que ses amis aient pu répondre, la porte de la serre s'ouvrit sur le professeur McGonagall. En cinq ans d'études, Megan ne se rappelait pas avoir déjà vu la directrice adjointe de Poudlard dans les serres. McGonagall murmura quelque chose à l'oreille du professeur Sprout, dont les yeux s'écarquillèrent d'horreur.

- Hannah Abbott ? appela la petite sorcière d'une voix peu assurée. Ahem ! Hannah Abbott ?

L'intéressée était en train de plaisanter avec Ernie MacMillan, et n'avait même pas remarqué l'arrivée de McGonagall. Neville, qui se trouvait non loin d'elle, lui donna un coup de coude, puis lui désigna les deux enseignantes, qui l'observaient d'un air étrange.

- Oh ! sursauta la jeune fille, un sourire toujours flottant sur les lèvres. Oui, professeur ?

- Venez me voir, s'il vous plaît.

La voix de McGonagall était anormalement douce. Megan posa son sécateur, attrapa un arrosoir déjà plein et se glissa prestement jusqu'aux robinets qui se trouvaient à l'entrée de la serre. Elle ouvrit l'un d'eux, plaça son arrosoir au-dessous et tourna légèrement la tête pour écouter ce qu'il se disait à côté d'elle. Sous les regards surpris de ses camarades, Abbott avait traversé la serre et rejoint McGonagall, se demandant visiblement quel mauvais comportement allait lui valoir une sanction. La préfète de Poufsouffle ne s'était jamais attiré d'ennuis, hormis sa participation à l'A.D l'année précédente.

- Est-ce que j'ai particulièrement raté mon dernier devoir ? bafouilla-t-elle tandis que Sprout faisait signe aux autres élèves de se remettre au travail.

- Non, non, votre dernier devoir n'était pas mauvais, répondit McGonagall à voix basse. J'ai malheureusement une très mauvaise nouvelle à vous annoncer. Venez dans mon bureau, Abbott.

- Quoi ? Non, quoi comme nouvelle ?

- Nous serons plus à l'aise hors de –

- Quoi comme nouvelle ?

Megan, dont l'arrosoir débordait depuis plusieurs secondes déjà, était surprise de la vigueur avec laquelle l'élève discrète avait interrompu McGonagall. Le regard de la directrice de Gryffondor ne devint cependant pas froid et sévère comme il l'aurait dû.

- Je viens de recevoir un hibou du ministère, dit-elle à regret. Des Aurors ont été appelés au domicile de vos parents. Il semblerait qu'une attaque de Mangemorts ait été perpétrée.

Il y eut un silence entre les deux femmes, uniquement rompu par le lointain bavardage innocent des autres élèves et le clapotement de l'eau qui dégoulinait sur les chaussures de Megan.

- Votre mère n'a pas survécu.

Un bruit étrange s'échappa des lèvres entrouvertes d'Abbott. Son corps se mit à trembler et elle se serait écroulée si Neville n'était pas passé derrière elle à cet instant pour la rattraper.

- Hannah ! s'exclama-t-il, surpris.

- Mr Longbottom, je vais vous demander d'accompagner avec moi Miss Abbott à l'infirmerie, dit McGonagall d'une voix égale. MacMillan ! Veuillez m'amener les affaires de Miss Abbott.

Megan ferma le robinet et laissa son arrosoir là où il se trouvait pour rejoindre Ron et Hermione. A l'instar des autres élèves de la classe, ils observaient la scène d'un air inquiet et curieux, chuchotant entre eux pour essayer de déterminer ce qu'il se passait.

- La mère d'Abbott vient d'être retrouvée morte, leur indiqua Megan à voix basse en les rejoignant.

Hermione poussa un cri et plaqua ses mains sur sa bouche, tandis que les yeux de Ron et Potter s'écarquillaient. McGonagall leur adressa un regard sévère puis quitta la serre derrière Neville, qui peinait à faire avancer sa camarade paralysée. Les yeux des autres élèves se tournèrent vers eux, intrigués. La nouvelle allait se répandre bien assez vite, pensa Megan en se saisissant de son sécateur pour reprendre la taille à laquelle elle s'affairait quelques minutes plus tôt. Et Abbott ne serait pas la dernière élève orpheline.


Au terme de la semaine, ils n'avaient toujours pas pu discuter avec Hagrid. Ils l'avaient croisé ponctuellement dans les couloirs ou dans le parc, mais le professeur de Soins aux créatures magiques avait mystérieusement ignoré leur présence ou leurs saluts.

- Bon, ça suffit ce cirque, on va aller le voir et s'expliquer, lança Megan le samedi en regardant l'immense chaise vide de Hagrid à la table des professeurs.

- On a les essais de Quidditch, ce matin ! fit remarquer Ron. Et on est censés s'entraîner au sortilège de l'Aguamenti pour Flitwick ! De toute façon, qu'est-ce qu'i expliquer ? Comment lui dire qu'on détestait sa stupide matière ?

- On ne la détestait pas ! protesta Hermione.

- Parle pour toi, répliqua Ron, la mine sombre. Je n'ai pas oublié les Scroutts. Et maintenant, je peux te le dire, on l'a échappé belle. Tu ne l'as pas entendu dans ses grands discours sur son crétin de frère – si on était restés à ses cours, on aurait fini par apprendre à Grawp comment faire un nœud à ses lacets.

- On a arrêté à temps, c'est sûr, acquiesça Megan.

- Ça ne me plaît pas du tout d'être en froid avec Hagrid, dit Hermione qui paraissait bouleversée.

- On ira le voir après le Quidditch, lui assura Potter. Mais les essais vont peut-être durer toute la matinée, étant donné le nombre de candidats, ajouta-t-il d'un air un peu inquiet.

- L'équipe a un sacré succès, cette année, commenta Megan.

- Oui, tout le monde meure d'envie de subir les cris et les insultes de Meganna Buckley, c'est fou, répondit Ron d'un ton sarcastique.

- Je n'ai jamais dit que je coacherai l'équipe cette année. Et puis, sans mes cris et mes insultes, tu crois que vous auriez remporté la Coupe l'année dernière ?

Ron ouvrit la bouche pour protester mais Hermione, agacée, fut plus rapide :

- Allons, ce n'est pas le Quidditch qui a du succès, c'est toi, Harry ! Tu n'as jamais été aussi intéressant et, franchement, jamais aussi attirant.

Megan écarquilla les yeux et Ron s'étrangla en avalant un gros morceau de hareng fumé. Hermione gratifia ce dernierd'un regard dédaigneux avant de se tourner à nouveau vers Potter.

- Ils savent tous désormais que tu disais la vérité, non ? Le monde de la sorcellerie tout entier a dû reconnaître que tu avais raison quand tu déclarais que Voldemort était de retour, que tu l'avais combattu à deux reprises au cours des deux dernières années et que tu avais réussi à lui échapper les deux fois.

- Megan aussi n'a pas arrêté de le dire et a dû l'affronter, intervint Ron, dont les oreilles avaient rougi. Tu la trouves particulièrement intéressante et attirante, elle aussi ?

- Désormais, ils t'appellent l'Élu, poursuivit Hermione en ignorant sa remarque. Tu comprends pourquoi tu fascines les gens ? Et puis, il y a eu toute cette persécution du ministère qui essayait de te présenter comme un menteur et un instable. On voit toujours les marques, là où cette horrible bonne femme t'obligeait à écrire avec ton propre sang, mais tu n'as jamais dévié de ton récit pour autant…

- Sur moi aussi, on voit les marques, là où les cerveaux ont enroulé leurs tentacules, au ministère, dit Ron en secouant les bras pour remonter ses manches.

Megan leva les yeux au ciel devant tant de puérilité.

- Enfin, le fait que tu aies pris trente centimètres pendant l'été ne gâche rien, conclut Hermione sans prêter attention à Ron.

- Moi aussi, je suis grand, fit observer Ron, en passant.

Ron en avait-il toujours aussi évidemment pincé pour Hermione ? Megan ne comprenait pas qu'elle ait réalisé si tardivement qu'il y avait entre ses deux meilleurs amis quelque chose qu'il n'y avait pas entre elle et Ron. Ginny avait eu raison de lui faire ouvrir les yeux.

Les hiboux postaux arrivèrent, s'engouffrant par les fenêtres aux carreaux tachetés de pluie, éclaboussant tout le monde de gouttes d'eau. La plupart des élèves recevaient davantage de courrier qu'à l'ordinaire. Les parents anxieux avaient hâte d'avoir des nouvelles de leurs enfants et voulaient à leur tour les rassurer en leur écrivant que tout allait bien à la maison. Megan regretta de ne pas voir Eleyna lui apporter une réponse de Kevan, et regarda d'un œil morne Hedwig et Pigwidgeon apporter à Ron et à Potter deux gros paquets rectangulaires.

- Ah !

Potter ouvrit son colis qui contenait un exemplaire tout neuf du Manuel avancé de préparation des potions, envoyé par Fleury et Bott.

- Très bien, se réjouit Hermione. Maintenant, tu vas pouvoir rendre celui qui est couvert de graffiti.

- Tu es folle ? protesta son ami. Je le garde ! Regarde, j'y avais pensé…

Il sortit de son sac son vieil exemplaire du manuel et tapota la couverture avec sa baguette en murmurant : « Diffindo ! » (il n'était toujours pas capable de lancer des sortilèges informulés). La couverture se détacha aussitôt. Il répéta l'opération avec le livre neuf (ce qui scandalisa Hermione), puis intervertit les couvertures sur lesquelles il donna un nouveau coup de baguette en prononçant la formule : « Reparo ! » L'exemplaire du Prince avait à présent l'apparence d'un livre neuf tandis que celui envoyé par Fleury et Bott semblait complètement défraîchi.

- Je rendrai le nouveau à Slughorn. Il ne pourra pas se plaindre, il m'a coûté neuf Gallions.

Hermione serra les lèvres, l'air courroucé et réprobateur, mais elle fut distraite par un troisième hibou qui se posa devant elle avec le dernier numéro de La Gazette du sorcier qu'elle se hâta de déplier pour en parcourir la première page.

- Est-ce que quelqu'un qu'on connaît est mort ? demanda Ron d'un ton qu'il voulait désinvolte.

Il posait la même question chaque fois qu'Hermione ouvrait son journal.

- Non, mais il y a eu de nouvelles attaques de Détraqueurs, répondit-elle. Et une arrestation.

- Parfait, qui ça ? demanda Potter.

- Stan Shunpike, dit Hermione.

- Quoi ? sursautèrent Megan et Potter.

- « Stan Shunpike, contrôleur du Magicobus, ce moyen de transport très apprécié des sorciers, a été arrêté hier en fin de soirée. On le soupçonne d'avoir mené des activités de Mangemort. À la suite d'une descente de police à son domicile de Clapham, Mr Shunpike, 21 ans, a été placé en garde à vue… »

- Stan Shunpike, un Mangemort ? s'indigna Potter. Certainement pas !

- Peut-être qu'il était soumis au sortilège de l'Imperium ? suggéra Ron, avec bon sens. On ne peut jamais savoir.

- Apparemment pas, dit Hermione qui continuait de lire. L'article raconte qu'il a été arrêté parce qu'on l'avait entendu parler dans un pub des plans secrets des Mangemorts.

Elle releva la tête d'un air songeur.

- S'il avait subi le sortilège de l'Imperium, il ne serait pas allé bavarder de leurs projets dans un pub, j'imagine ?

- Il a surtout voulu jouer au plus malin, dit Megan d'un air dédaigneux.

Elle avait souvent eu affaire à Shunpike à bord du Magicobus lors de ses escapades secrètes. S'il avait été un Mangemort, les choses auraient tourné autrement.

- Vous vous souvenez à la Coupe du monde ? poursuivit-elle. Il essayait de séduire une Vélane en disant qu'il allait devenir le plus jeune ministre de la magie alors qu'il nettoie le vomi de ses passagers dans le Magicobus. Comment ils ont pu le prendre au sérieux ? C'est ridicule.

- Ils veulent sans doute donner l'impression qu'ils font quelque chose, répondit Hermione, les sourcils froncés. Les gens sont terrifiés – vous êtes au courant que les parents des sœurs Patil veulent qu'elles reviennent à la maison ? Et Éloïse Midgen est déjà rentrée chez elle. Son père est venu la chercher hier soir.

- Quoi ! s'écria Ron qui regarda Hermione avec des yeux ronds. Mais Poudlard est beaucoup plus sûr que leurs maisons, forcément ! Nous avons des Aurors et tout un tas de sortilèges de protection, et puis on a Dumbledore !

- Dumbledore, pas toujours, objecta Megan à voix basse. Sa chaise était aussi vide que celle de Hagrid la semaine dernière.

Les trois autres regardèrent en direction de la table des professeurs. La chaise du directeur était vide, en effet.

- Je pense qu'il a quitté l'école pour travailler avec l'Ordre, dit Hermione, toujours à voix basse. Il faut dire… ça paraît grave tout ça, non ?

Ils ne répondirent pas, mais tous les quatre pensaient à Hannah Abbott, qu'ils n'avaient pas revue depuis la veille. Ron, Hermione et Potter avaient été particulièrement ébranlés par la nouvelle, et Neville encore plus. Ce n'était pas le cas de Megan. Il n'y avait aucune surprise, elle n'avait cessé de répéter que ce genre de choses allait se produire, et qu'ils allaient tous être touchés de près. Et au fond d'elle-même, elle se disait que, enfin, elle n'était plus la seule à souffrir.

Lorsqu'ils quittèrent la table de Gryffondor, cinq minutes plus tard, pour se rendre sur le terrain de Quidditch, ils passèrent devant Lavender Brown et Parvati Patil, qui chuchotaient d'un air affligé, échangeant probablement au sujet du souhait de la famille de la seconde de lui faire quitter Poudlard. Leur humeur changea cependant lorsque le groupe arriva à leur hauteur : Patil donna un coup de coude soudain à Brown, qui se retourna et adressa un large sourire à Ron. Celui-ci la regarda, cligna des yeux puis sourit à son tour, l'air incertain, sa démarche se transformant instantanément en un pas de parade. Megan ne se priva pas de ricaner et Hermione parut froide et distante sur le chemin du stade. Elle marcha en silence sous une petite pluie fraîche et brumeuse et partit chercher une place dans les tribunes sans souhaiter bonne chance à Ron – ce dont Megan se chargea :

- Tu gardes en tête tout ce que je t'ai appris l'année dernière, d'accord ? Les autres candidats n'ont pas eu la chance de se faire crier dessus et insulter par moi donc tu pars avec un avantage non-négligeable, et puis c'est toi qui as gagné la Coupe l'année dernière. Concentre-toi là-dessus.

Megan ne savait pas s'il s'agissait de ses paroles d'encouragement ou de l'attitude de Brown, mais Ron parut bien plus sûr de lui que d'ordinaire lorsqu'il se dirigea vers le centre du terrain pour rejoindre les autres candidats tandis que son amie allait rejoindre Hermione dans la première rangée des tribunes.

- Il a l'air parfaitement con, commenta Hermione d'un ton qui n'appelait pas de réponse.

Les épreuves de sélection occupèrent effectivement la plus grande partie de la matinée. On aurait dit que la moitié des élèves de Gryffondor étaient venus s'y présenter, depuis les première année qui se cramponnaient nerveusement aux horribles vieux balais de l'école, jusqu'aux septième année qui dominaient les autres en se donnant des airs intimidants et décontractés. Potter commença par les tests de base. Il demanda aux candidats de se répartir en groupes de dix et de faire une fois le tour du terrain sur leurs balais. Megan dut admettre qu'il s'agissait d'une bonne initiative : le premier groupe était composé de première année qui, de toute évidence, n'avaient quasiment jamais volé. Seul un des élèves parvint à rester en l'air plus de quelques secondes et personne ne fut surpris de le voir s'écraser contre l'un des poteaux de but. Le deuxième groupe comprenait dix filles particulièrement stupides. Au coup de sifflet de Potter, elles tombèrent en gloussant de rire et en se raccrochant les unes aux autres. Megan crut reconnaître parmi elle Romilda Vane, l'adolescente au menton proéminent qui avait proposé à Potter de rejoindre son compartiment dans le Poudlard Express. Lorsque le capitaine de l'équipe leur demanda de quitter le terrain, elles s'exécutèrent joyeusement et allèrent s'asseoir dans les tribunes pour lancer des quolibets aux autres. La tentative du troisième groupe se termina par un carambolage à mi-parcours et la plupart des candidats du quatrième groupe étaient venus sans balais. Le cinquième était composé d'élèves de Poufsouffle.

- S'il y en a d'autres qui ne sont pas de Gryffondor, rugit Potter qui commençait visiblement à s'énerver sérieusement, qu'ils partent tout de suite, s'il vous plaît !

Il y eut un moment de silence puis deux petits Serdaigle s'enfuirent du terrain en pouffant de rire. Megan haussa un sourcil. Y avait-il déjà eu des sélections aussi pitoyables ?

Après deux heures d'essais, de nombreuses protestations, diverses crises de rage, dont l'une à propos d'un Comète 260 fracassé, et plusieurs dents cassées, Potter avait trouvé trois poursuiveurs, dont Megan était satisfaite : Katie Bell, qui réintégrait l'équipe après d'excellents essais, une nouvelle du nom de Demelza Robins, particulièrement douée pour éviter les Cognards, et Ginny.

- Mouais, c'est bien pratique d'être la sœur du meilleur ami du capitaine, commenta une voix masculine railleuse.

Outrée, Megan se pencha par-dessus la balustrade de la tribune, timidement imitée par Hermione. Au-dessous se trouvaient les candidats attendant leur tour. Ron s'était éloigné du groupe, visiblement stressé, et la voix était celle d'un garçon massif aux cheveux drus qui souriait aux autres d'un air vantard.

- Tu as besoin d'un sort pour y voir clair, peut-être ? lança sèchement Megan. Ginny a fait le meilleur essai de tous les candidats confondus, et elle a marqué dix-sept buts. Attends qu'on regarde tes essais pour rire un peu.

L'intéressé leva un regard surpris vers Megan, qui l'observait froidement.

- Pardon ?

La jeune fille lui adressa un geste de la main que Molly aurait sévèrement désapprouvé et se rassit afin d'observer Potter, qui livrait une bataille sonore face aux batteurs refusés.

- Ma décision est irrévocable et si vous ne libérez pas le terrain pour laisser jouer les gardiens, je laisse Meganna Buckley vous jeter un sort, hurla-t-il.

Megan haussa un sourcil : elle n'avait pas pour habitude d'agir sur commande de Potter. La menace eut cependant l'effet escompté et les candidats ayant échoué aux sélections quittèrent les lieux en grognant. Ceux qui avaient été retenus n'arrivaient pas à la cheville de Fred et George. Jimmy Peakes, était un petit élève de troisième année, bien bâti, qui avait cependant eu le mérite de faire une bosse de la taille d'un œuf sur l'occiput de Potter avec un Cognard férocement expédié. L'autre, Ritchie Coote, très bien mais était maigrichon. Ils rejoignirent Katie, Demelza et Ginny dans les tribunes pour assister à la sélection de leur dernier coéquipier.

- Tu crois que Harry a fait exprès de garder les essais des gardiens pour la fin ?

Hermione semblait avoir enfin pardonné à Ron d'avoir fait le malin devant Brown, et observait son ami d'un air soucieux.

- Il espérait peut-être qu'il y aurait moins de monde, acquiesça Megan. Mais c'est raté, Ron va avoir tout un public.

En effet, tous les candidats refusés et de nombreux élèves venus assister à la séance après un long petit déjeuner s'étaient joints à la foule déjà présente et les tribunes étaient plus remplies que jamais. Chaque fois qu'un gardien prenait sa place devant les buts, les spectateurs l'acclamaient ou le conspuaient en proportions égales. Le visage de Ron avait pris une délicate teinte verdâtre.

Aucun des cinq premiers candidats ne parvint à bloquer plus de deux tirs chacun. Vint le tour du garçon massif.

- McLaggen, à toi ! l'appela Potter d'une voix qui commençait à fatiguer.

Megan observa furieusement le candidat s'avancer sur le terrain d'un air assuré, enfourcher son balai et s'envoler jusqu'aux anneaux.

- J'espère qu'il va tomber de son balai.

Malheureusement, il était aussi bon qu'il souhaitait le faire croire. Megan ferma les yeux d'un air consterné lorsqu'il arrêta son quatrième penalty. Encore un, et il aurait fait un sans-fautes – elle ne voulait pas voir ça. Des exclamations moqueuses et déçues lui firent cependant rouvrir les yeux. Au grand étonnement de tous, McLaggen s'était précipité dans la mauvaise direction et avait manqué le dernier penalty. La foule des spectateurs éclata de rire, le siffla, et le garçon revint au sol les dents serrées. Megan se retourna vers Hermione pour partager son agréable surprise, mais eut la stupéfaction de voir son amie ranger précipitamment sa baguette dans sa manche, les joues roses.

- Tu as fait ce que je crois que tu as fait ?

- Ça dépend de ce que tu crois, murmura Hermione en dissimulant péniblement un sourire.

Megan éclata de rire et se retourna vers le terrain. Ron semblait près de s'évanouir en enfourchant son Brossdur.

- Regardez-moi ce guignol, on sait très bien ce qu'il vaut, railla à nouveau la voix de McLaggen.

- Oh ! sursauta Hermione, choquée.

Furieuse, Megan se leva à nouveau et lança au garçon un sortilège informulé qui le fit sursauter, comme électrocuté.

- Sale garce ! s'écria-t-il en se retournant vers Megan.

Il n'avait cependant pas pris sa baguette avec lui, et ne pouvait pas faire grand-chose contre la jeune fille qui se tenait plusieurs mètres au-dessus de lui. Avec un regard de mépris, Megan reprit sa place pour observer les essais de Ron.

- Bonne chance ! s'écria une voix.

Megan et Hermione tournèrent un regard méprisant vers Lavender Brown, qui se cacha la tête dans les mains dès que les penalties commencèrent. Il n'y avait aucune raison de s'inquiéter, cependant : Ron arrêta un, deux, trois, quatre, cinq tirs d'affilée. Hermione poussa des cris de joie dignes des plus grands matches, et Megan se joignit à la foule pour l'applaudir chaleureusement. Il n'avait pas volé sa place. Il atterrit avec un immense sourire et fut accueilli en fanfare par les autres membres de sa nouvelle équipe.

- Viens, on va aller le féliciter, dit Megan en se levant.

- Attends, regarde !

Hermione désignait Potter, qui faisait face à McLaggen. Le garçon massif leur tournait le dos, mais son attitude était visiblement menaçante. Potter recula d'un pas. Les filles ne pouvaient entendre leurs échanges distinctement, mais le ton était froid et sec. Le candidat n'acceptait visiblement pas son élimination.

- Tu crois qu'ils vont se battre ? s'horrifia Hermione. Oh mon Dieu, tu crois qu'il sait que j'ai-

- Personne d'autre que moi ne t'a vue, la rassura Megan. Viens, on descend.

Elle ne s'inquiétait pas que McLaggen s'en prenne à Potter, mais elle serait ravie d'avoir une bonne raison de lui lancer un autre sort. Lorsqu'elles arrivèrent sur le terrain cependant, McLaggen s'éloignait en marmonnant ce qui devaient être de puériles menaces. Potter se retourna vers sa nouvelle équipe, rayonnante.

- Bravo, dit-il d'une voix rauque. Vous avez très bien joué…

- Tu as été brillant, Ron !

Hermione courut vers eux, suivie plus lentement par Megan. D'un coup d'œil par-dessus son épaule, elle vit Brown quitter le terrain bras dessus bras dessous avec Patil, l'air grognon. Ron ne s'en était cependant pas aperçu, adressant ses plus beaux sourires à l'équipe et à ses amies.

- Est-ce que tu vas nous coacher encore cette année, Megan ? demanda Katie avec enthousiasme.

- Ça dépend si la nouvelle équipe est aussi mauvaise que la précédente, répondit la jeune fille avec un sourire en coin.

La réputation des entraînements sévères de Megan s'était répandue dans Poudlard en fin d'année précédente, et les nouvelles recrues de l'équipe pâlirent à l'idée de devoir en souffrir à leur tour.

- Je vais essayer de nous épargner ça à tous, ajouta Potter.

Après avoir fixé la date de leur première séance d'entraînement au jeudi suivant, Megan, Ron, Hermione et Potter prirent congé des autres joueurs et se dirigèrent vers la cabane de Hagrid. Un soleil humide essayait à présent de percer les nuages. La bruine avait enfin cessé.

- J'ai cru que je n'arriverais pas à arrêter le quatrième penalty, disait Ron d'un ton joyeux. Le tir de Demelza était dur à bloquer, vous avez vu, elle a donné de l'effet…

- Oui, oui, tu as été magnifique, assura Hermione, amusée.

- De toute façon, j'étais meilleur que McLaggen, poursuivit Ron d'un ton avantageux. Vous l'avez vu foncer dans la mauvaise direction au cinquième tir ? On aurait dit qu'il avait subi un sortilège de Confusion…

À la grande consternation de Megan, le teint d'Hermione prit une couleur rose vif. Ron, lui, ne remarqua rien, trop occupé à décrire amoureusement la façon dont il avait arrêté chacun des autres penalties.

Buck, le grand hippogriffe aux ailes grises, était attaché à l'entrée de la cabane de Hagrid. En les voyant arriver, il fit claquer son bec tranchant comme un rasoir et tourna vers eux son énorme tête.

- Mon Dieu, dit Hermione, mal à l'aise. Il fait toujours un peu peur, vous ne trouvez pas ?

- Arrête, tu es montée sur lui, non ? lui rappela Ron.

Potter s'avança et s'inclina profondément devant l'hippogriffe sans le quitter des yeux et sans ciller. Quelques instants plus tard, Buck s'inclina à son tour. Le garçon s'approcha pour lui caresser la tête.

- Hé ! dit une voix sonore.

Hagrid venait d'apparaître à l'angle de sa cabane, portant un grand tablier à fleurs et un sac de pommes de terre. Fang, son énorme molosse, marchait à côté de lui. Le chien lança un aboiement tonitruant et bondit en avant.

- Écartez-vous ! Il va vous mordre les doigts – ah, c'est vous.

Fang sauta autour de Ron et d'Hermione en essayant de leur lécher les oreilles. Hagrid s'arrêta et les regarda pendant une fraction de seconde, puis tourna les talons et rentra dans sa cabane en claquant la porte derrière lui.

- Oh, non ! s'exclama Hermione, catastrophée.

- Ne t'inquiète pas, dit Potter, la mine résolue.

Il s'approcha et cogna vigoureusement à la porte.

- Hagrid ! Ouvrez, nous voulons vous parler !

Il n'y eut pas de réponse.

- Si vous n'ouvrez pas, je fais sauter la porte ! menaça Megan en sortant sa baguette.

- Megan ! protesta Hermione, choquée. Tu ne peux quand même pas…

- Bien sûr que si ! Reculez-vous…

Mais avant qu'elle ait pu ajouter un mot, la porte s'ouvrit à la volée et Hagrid apparut en lui lançant de toute sa hauteur un regard noir. Malgré son tablier à fleurs, il paraissait singulièrement impressionnant. Heureusement, Megan n'était pas quelqu'un de facilement impressionnable.

- Je suis professeur ! rugit-il. Professeur, Buckley ! Comment osez-vous menacer de faire sauter ma porte ?

- Nous sommes désolés, monsieur, répondit Potter.

Hagrid parut stupéfait en se tournant vers le garçon.

- Depuis quand m'appelles-tu « monsieur » ?

- Depuis quand nous appelez-vous « Buckley » et depuis quand nous vouvoyez-vous ? répliqua le garçon avec insolence.

- Oh, très spirituel, grogna Hagrid, très amusant. C'est toi qui as le dernier mot, pas vrai ? Très bien, entrez donc, bande de petits ingrats…

Bougonnant d'un air sombre, il recula pour les laisser passer. Hermione, effrayée, se précipita derrière Potter.

- Alors ? dit Hagrid d'un ton grincheux lorsque le quatuor se fut assis autour de l'immense table de bois.

Fang posa aussitôt sa tête sur le genou de Potter et se mit à baver sur sa robe. Megan eut une grimace de dégoût.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Vous vous faites du souci pour moi ? Vous croyez que je me sens seul, peut-être ?

- Pas du tout, répliqua Potter. On voulait vous voir, tout simplement.

- Vous nous avez manqué, ajouta Hermione, tremblante.

- Je vous ai manqué, ah oui ? dit Hagrid dans un grognement. Tiens donc.

Il s'affaira, le pas lourd, préparant du thé dans son énorme bouilloire de cuivre sans cesser de marmonner. Enfin il posa violemment devant eux quatre chopes de la taille d'un seau, remplies d'un thé couleur acajou, et une assiette de gâteaux en forme de rochers qu'il avait confectionnés lui-même. Potter en prit un de suite. Megan n'avait jamais eu confiance dans cette cuisine et préféra ignorer les pâtisseries.

- Oh, ça suffit, Hagrid, dit-elle d'un air agacé lorsqu'il vint s'asseoir avec eux. On sait que vous nous en voulez d'avoir arrêté les cours de Soins aux créatures magiques.

Il se mit à éplucher des pommes de terre avec des gestes brutaux, comme si chacun des tubercules l'avait gravement offensé.

- Vous savez, on aurait bien voulu continuer, dit Hermione d'une voix timide.

À nouveau, Hagrid poussa un grognement en soufflant par le nez d'un air dédaigneux. Megan crut voir quelque chose tomber de ses narines sur les pommes de terre et se félicita intérieurement de n'avoir pas touché aux gâteaux.

- C'est vrai ! affirma Hermione. Mais on n'arrivait pas à les faire tenir dans notre emploi du temps.

- Tiens donc, répéta Hagrid.

Il y eut alors un étrange bruit de succion et tous les quatre se retournèrent : Hermione laissa échapper un petit cri et Ron, bondissant de sa chaise, courut autour de la table pour s'éloigner le plus possible du grand tonneau qui se trouvait dans un coin de la pièce et qu'ils venaient tout juste de remarquer. Megan eut un nouveau rictus de dégoût. Le tonneau était rempli de ce qui ressemblait à des vers de trente centimètres de long, visqueux, blanchâtres, grouillants.

- Qu'est-ce que c'est, Hagrid ? demanda Potter, qui s'efforçait d'avoir l'air intéressé mais était suffisamment dégoûté pour reposer son gâteau sur la table.

- Oh, simplement des asticots géants, répondit Hagrid.

- Et quand ils grandissent, ils se transforment en…, dit Ron avec appréhension.

- Ils se transforment en rien du tout. Ils me servent à nourrir Aragog.

Et tout à coup, il fondit en larmes. Megan haussa les sourcils, consternée.

- Hagrid ! s'écria Hermione.

Elle se leva d'un bond, se hâta de contourner la table en choisissant le côté le plus long pour éviter le tonneau d'asticots et passa un bras autour des épaules de Hagrid secoué de sanglots.

- Que se passe-t-il ?

- C'est… lui…, balbutia Hagrid, ses yeux d'un noir de scarabée ruisselant de larmes tandis qu'il s'essuyait le visage avec son tablier. C'est… Aragog… Je crois qu'il est en train de mourir… Il est tombé malade cet été et ça ne va pas mieux… Je ne sais pas ce que je ferai si… S'il… Je le connais depuis tellement longtemps…

Hermione tapota l'épaule de Hagrid en paraissant incapable de dire quoi que ce soit. Comment devait-on consoler quelqu'un de la mort imminente d'une araignée géante amatrice de chair humaine, qui au surplus avait tenté de tuer Megan, Ron et Potter quatre ans auparavant ?

- Est-ce que… est-ce qu'on peut faire quelque chose ? demanda Hermione sans prêter attention aux grimaces et aux hochements de tête frénétiques de Ron.

- Je ne crois pas, Hermione, sanglota Hagrid en essayant de contenir le flot de ses larmes. Tu sais, le reste de la tribu… la famille d'Aragog… ils deviennent un peu bizarres maintenant qu'il est malade… un peu agités…

- Oui, je crois qu'on avait déjà remarqué cet aspect de leur personnalité, dit Ron à mi-voix.

- Je pense qu'il ne serait pas prudent pour quelqu'un d'autre que moi de s'approcher d'eux en ce moment, conclut Hagrid.

Ron poussa un soupir de soulagement que Megan ne put qu'approuver. Malgré toute son amitié pour Hagrid, elle n'avait pas envie de consacrer son temps libre à des araignées vindicatives. Ce dernier se moucha bruyamment dans son tablier et releva la tête.

- Mais merci quand même de me l'avoir proposé, Hermione… Ça me touche beaucoup…

L'atmosphère se détendit considérablement : Hagrid semblait considérer que Megan, Ron, Hermione et Potter auraient été ravis d'apporter avec lui des asticots géants à une monstrueuse araignée sanguinaire, et il redevint alors tel qu'il était d'habitude.

- Oh, j'ai toujours su que vous n'arriveriez pas à me glisser dans votre emploi du temps, lança-t-il d'un ton bourru en leur versant une nouvelle tasse de thé. Même si vous aviez demandé des Retourneurs de Temps.

- Oh, ça aurait été avec plaisir, ironisa Megan, mais nous avons réduit en miettes tout le stock du ministère lorsque nous étions là-bas cet été. C'était même dans La Gazette.

- C'est vraiment dommage ! renchérit Ron avec des intonations dramatiques.

- Dans ce cas, vous n'auriez jamais pu y arriver, déclara Hagrid. Je suis désolé d'avoir été… vous comprenez… Je m'inquiète pour Aragog… et je me suis demandé… si jamais c'était le professeur Grubbly-Plank qui vous avait donné les cours…

Tous les quatre affirmèrent aussitôt, d'un ton catégorique et en toute mauvaise foi, que le professeur Grubbly-Plank, qui avait remplacé Hagrid de temps à autre, était une épouvantable enseignante. Le résultat fut que Hagrid paraissait d'excellente humeur lorsqu'ils prirent congé de lui à la tombée du jour.

- Je suis affamé, dit Potter tandis qu'ils traversaient à la hâte le parc sombre et désert après que la porte de la cabane se fut refermée derrière eux.

Ils n'avaient en effet rien avalé depuis le petit-déjeuner. Même Potter avait fini par renoncer aux gâteaux de Hagrid à la suite du craquement inquiétant qu'avait émis l'une de ses molaires.

- En plus, j'ai ma retenue avec Snape, ce soir. Je n'aurai pas beaucoup le temps de dîner…

À leur retour dans le château, ils aperçurent Cormac McLaggen qui entrait dans la Grande Salle. Il dut s'y reprendre à deux fois pour passer les portes. À la première tentative, il s'était cogné et avait rebondi contre le chambranle. Ron éclata d'un grand rire réjoui et lui emboîta le pas en dissertant avec Megan sur le terrible gardien qu'il aurait fait. Tous d'eux ne s'aperçurent pas tout de suite que Hermione et Potter étaient restés en retrait.

Tandis que Megan allait prendre place à la table de Gryffondor, Ron revint sur ses pas d'un air soupçonneux pour aller retrouver les deux autres. Lorsqu'ils réapparurent tous trois dans la Grande Salle, ils furent presqu'aussitôt alpagués par le professeur Slughorn. Megan observa leur conversation depuis sa place sur le banc, piochant à intervalle régulier dans le bol de chips qu'elle avait fait léviter depuis l'autre bout de la table, sans prêter attention aux protestations de Parvati Patil, qui s'apprêtait alors à s'en servir une portion. Slughorn s'adressait à Potter, mais Megan le vit s'incliner légèrement devant Hermione. Il se comportait comme si Ron n'était même pas là. Sombre crétin, s'agaça Megan, il ne se rendait pas compte que meilleur ami son meilleur valait cent fois plus que les stupides fils à papa qu'il réunissait dans son « club de Slug ».

Au bout de quelques minutes, Slughorn prit congé, l'air affairé, et les trois autres rejoignirent Megan à table.

- Qu'est-ce qu'il voulait ? demanda la jeune fille. Te céder son poste de maître des potions, Potter ?

- Nous inviter à dîner, répondit Hermione avant que le garçon ne trouve à répliquer. Mais Harry lui a dit qu'il avait sa retenue avec Snape. Il pense pouvoir le convaincre de décaler, mais on sait bien qu'il ne va pas y arriver.

- Quel dommage, ironisa Megan. Tu veux du poulet, Ron ?

L'air grognon, le garçon acquiesça. Sa mauvaise humeur persista tout au long du repas, et il était toujours renfrogné lorsqu'ils retournèrent dans la tour de Gryffondor après le dîner. La salle commune était bondée, la plupart des élèves ayant fini de dîner, mais ils parvinrent quand même à trouver une table libre où ils purent s'asseoir. Ron croisa les bras et regarda le plafond d'un air renfrogné. Hermione prit un numéro de La Gazette du sorcier que quelqu'un avait abandonné sur un fauteuil.

- Il y a du nouveau ? demanda Potter.

- Pas vraiment…

Hermione avait ouvert le journal et parcourait les pages intérieures.

- Oh, regarde, on parle de ton père, Ron – il va très bien ! ajouta-t-elle précipitamment en voyant Ron se tourner vers elle d'un air inquiet. Ils disent simplement qu'il est allé faire un tour dans la maison des Malfoy.

Megan s'assit face à Hermione en fronçant les sourcils. Pourquoi Arthur se frottait-il à nouveau à Lucius, celui-ci étant déjà emprisonné à Azkaban ?

- « Cette deuxième perquisition au domicile du Mangemort ne semble pas avoir donné de résultat. Arthur Weasley, du Bureau de détection et de confiscation des faux sortilèges de défense et objets de protection, a déclaré que son équipe avait agi sur la foi d'un renseignement fourni par une source confidentielle ».

- C'était moi, la source ! précisa Potter. À la gare de King's Cross, je lui ai parlé de Malfoy et de la chose qu'il a demandé à Borgin de réparer !

- C'est une blague ? sursauta Megan en posant bruyamment sur la table le manuel d'Arithmancie qu'elle avait à la main.

- Quoi ? C'était la meilleure chose à faire, non ?

- Tu ne peux jamais t'empêcher d'aller lui chercher des emmerdes, hein ? Sauf que, surprise, ils n'ont rien trouvé, parce qu'il n'y a rien à trouver, Draco n'est pas un Mangemort, c'est clair dans ta tête de binoclard, maintenant ?

- Mais je ne t'ai pas demandé ton avis, alors garde tes remarques pour toi ! répliqua Potter, piqué au vif. Et si elle ne se trouve pas chez eux, il a dû l'apporter avec lui à Poudlard !

- Mais comment aurait-il pu y parvenir, Harry ? s'étonna Hermione en reposant le journal. Nous avons tous été fouillés à notre arrivée, non ?

- Ah bon ? dit Potter, interloqué. Pas moi !

- Non, pas toi, bien sûr, j'avais oublié que tu étais arrivé en retard… En tout cas, Filch nous a tous fait passer au Capteur de Dissimulation quand nous étions dans le hall d'entrée. Tout objet ayant un rapport quelconque avec la magie noire aurait été découvert. J'ai vu Crabbe se faire confisquer une tête réduite. Alors, tu vois, Malfoy ne pouvait rien apporter de dangereux !

Megan posa sur Potter un regard de défi, impatiente d'entendre ce qu'il aurait à répondre à cela. L'air un peu embarrassé, le garçon fixa Ginny, qui jouait avec son Boursouflet, puis se retourna vers Megan et Hermione.

- Quelqu'un a dû le lui envoyer par hibou. Sa mère ou je ne sais qui.

- Tous les hiboux sont également contrôlés, répliqua Megan.

- Oui, Filch nous l'a dit pendant qu'il nous enfonçait ses Capteurs de Dissimulation un peu partout, acquiesça Hermione.

À court d'argument, cette fois, Potter fut incapable de répondre. Il tourna les yeux vers Ron, qui était toujours assis les bras croisés et fixait Lavender Brown.

- Tu ne vois pas comment Malfoy aurait pu…

- Oh, laisse tomber, Harry, dit-il.

- Écoute, ce n'est pas ma faute si Slughorn nous a invités, Hermione et moi, à sa stupide soirée ! On n'a pas envie d'y aller, ni l'un ni l'autre ! répliqua Potter, irrité.

- Eh bien, moi, puisque je ne suis convié à aucune soirée, je crois que je vais aller me coucher, annonça Ron en se levant.

Il se dirigea d'un pas pesant vers la porte du dortoir des garçons, Megan, Hermione et Potter le suivant du regard.

- Harry ? dit alors Demelza Robins, la nouvelle poursuiveuse, qui venait d'apparaître derrière lui. J'ai un message pour toi.

- Du professeur Slughorn ? demanda Potter en se redressant, plein d'espoir.

- Non… du professeur Snape, répondit Demelza. Il dit que tu dois venir dans son bureau ce soir à huit heures et demie pour ta retenue… heu… quel que soit le nombre de soirées auxquelles tu seras invité. Et il te fait savoir que ton travail consistera à trier des Veracrasses. Tu devras enlever ceux qui sont pourris et garder les bons pour les cours de potions. Il a dit aussi qu'il était inutile d'apporter des gants de protection.

Megan ne put retenir un éclat de rire.