Notes: Bonjour, bonsoir! Ça y est, je reprends ma fic chérie petit à petit. Je vous souhaite une bonne lecture.
Vingt huitième histoire: Et maintenant...?
Le soleil. Une éternité qu'il ne l'avait pas vu, et pourtant l'astre se réveillait au loin, tout comme Kanon et les autres chevaliers. Ils étaient de retour au Sanctuaire. Athéna les avait renvoyés à la surface, alors que le monde des Enfers était en proie à une série de séismes intenses, à la fin de cette Guerre contre Hadès.
Le chevalier des Gémeaux resta assis dans l'herbe un moment. Juste pour savourer ce calme entre la nuit qui s'en allait et le lever du jour. La jeune déesse ne les avait pas suivis, mais il avait confiance en elle, en ses futurs agissements.
Pour l'heure, il attendait que ses alliés reprennent leurs esprits. Ils passeraient tous ensemble la protection divine du domaine.
Aussi, le cœur du jeune homme se resserrait. Un mauvais pressentiment. Quelque chose qui l'empêchait de revenir apaisé de leur mission. Ce n'était pas une menace. Mais un impression plus triste, plus nostalgique.
Les premiers rayons lumineux avaient effacé les constellations dans le ciel pour laisser place à un doux bleu parsemé de nuages légers, alors que le vent soufflait doucement, atténuant la douleur causée par tant de contusions et de blessures au cours de ses combats. Sa blessure à la poitrine ne pulsait plus de rage.
Aiolos vint vers lui, les grandes ailes de son armure un brin écornées, suivi de Hyoga et Seiya qui soutenaient le jeune Dragon aux yeux brisés, tandis que Shaka, aidé des frères Shun et Ikki, rejoignait le groupe, en portant dans ses bras le corps inanimé du Verseau tombé au combat.
« Mes amis, rentrons chez nous », prononça Kanon simplement.
Sans dire un mot, ils passèrent la barrière de cosmos. L'absence de leur déesse se ressentait dans l'atmosphère, en plus de cette ambiance d'une tristesse indéfinissable. Le cœur du Gémeau se resserrait, et lui même refusait de libérer les larmes qui voilaient son regard à mesure qu'ils avançaient.
Le Sanctuaire, qui, avant qu'ils ne se rendent aux Enfers, respirait la joie, la passion, la solidarité, ressemblait désormais à un champ de ruines, où des combats avaient été menés çà et là, où de simples soldats reposaient après avoir tenté de repousser l'ennemi de leurs forces.
En chemin, l'espoir revenait en découvrant des chevaliers inconscients mais bien vivants. Misty du Lézard et Dante du Cerbère, grièvement blessés avaient dû mener une bataille difficile. Mais ils avaient survécu.
« Kanon, regarde... », suggéra le Sagittaire en montrant la lisière des bois. Des ombres furtives couraient, s'arrêtaient, et des gazouillis s'élevaient dans les airs. Les animaux sauvages étaient sortis de leurs tanières et leur instinct semblait dire que plus aucun danger se trouvait au sein du Sanctuaire. Que la paix était bien revenue.
Alors, pourquoi ce silence, pourquoi cette angoisse qui demeuraient dans le cœur du chevalier d'Or?
Probablement les craintes, l'attention qu'il avait du garder sans cesse, sans défaillir tout au long de son parcours dans le royaume d'Hadès. Cette peur de tomber dans des pièges, face à des Spectres ou de perdre Athéna et ses alliés. Cette résolution de garder tous ses sens en éveil en permanence et cette interdiction de ne pas baisser la garde quoiqu'il en coutait. Tout cela en... une nuit? Non, ils avaient du rester bien plus longtemps dans les Enfers. À moins que le temps ne s'écoulait pas de la même manière, que, comme lorsque lui même lançait une de ses attaques les plus puissantes, l'espace semblait plus vaste et les heures plus longues, comme dans une autre dimension.
La réalité revint sous ses yeux, alors qu'ils approchaient le hameau, le petit coin de vie normale du Sanctuaire où tous pouvaient profiter des produits locaux et discuter avec des gens innocents.
Quelle horreur!
Tant de maisons détruites, tant de toits éventrés... Un subtil parfum de rose s'insinua dans ses narines, sans danger. Aphrodite avait fait de son mieux pour protéger les habitants, en tout cas. Très peu de victimes innocentes avaient été touchées par les soldats d'Hadès.
Tout en avançant, il perçut un cosmos sombre, pourtant peu menaçant. Comme un chat errant dans les ruines. Rien d'important pour le moment. Tous se dirigeaient vers le point de rassemblement le plus évident pour tous les chevaliers d'Athéna depuis toujours: la grande arène. Là où se déroulaient les adoubements et bénédictions, là où tous juraient fidélité à leur déesse, là où une bulle de motivation et de solidarité se créait à chaque fois.
Là où venait de se dérouler la bataille la plus meurtrière de cette Guerre Sainte.
Sous les yeux de Kanon, Aiolos et les autres se dressait une vision de désolation. Si peu de leurs alliés debout, si peu essayant de se relever. Et à l'autre bout, gisant sur la terre battue...
« Pépé Shion, s'écria le Gémeau.
Enfin, sur le moment, il ne se considérait plus comme un grand chevalier. Mais comme un jeune homme courant vers celui qui l'avait élevé, qui lui avait tant enseigné, donné, et qui semblait endormi à même le sol, tout près de Dohko.
Ignorant tous ceux qui voulaient lui parler, il s'agenouilla pour espérer un petit miracle, juste un, juste un battement de cœur même timide... Une main se posa sur son épaule.
-... Kanon. Shion s'est bien battu. Son dernier combat a démontré toute la grandeur de cet homme exceptionnel.
-Vieux Maitre...
Sa voix tremblait. Et il ne voulait pas se reprendre. À quoi bon...
-Content que vous soyez rentrés, vous aussi.
Il se laissa tomber par terre, faisant soulever mollement des mèches vert pomme de l'ancien Grand Pope. Il semblait être emporté dans un autre monde, où tout lui échappait, où tout lui était étranger. Pépé Shion était...
-Athéna... Elle n'est pas rentrée.
-Non. On devait s'y attendre.
-Ca veut dire qu'elle nous abandonne? Qu'elle laisse son Sanctuaire comme ça? Que c'est moi, parce que je suis le nouveau Pope, qui dois tout remettre à neuf? Que...
L'esprit embrouillé de Kanon exprimait à haute voix ses craintes. Il n'était pas prêt. Il n'avait pas fini son apprentissage avec son Pépé. Il avait beau être un des plus puissants protecteurs d'Athéna, sans sa déesse auprès d'eux dans un tel moment de désespoir, sans une once de son cosmos, sans un miracle, il se sentait comme un orphelin laissé loin de tout.
Et Saga? Il était en vie lui au moins?
Il tenta de se relever, pour repartir loin de l'arène, fouiller tous les refuges pour s'assurer que son frère l'accueillerait les bras ouverts...
-Kanon, Athéna ne nous abandonnera jamais, affirma le chevalier de la Balance. J'ignore la suite mais sache que notre déesse, où qu'elle soit, veille sur nous. Malgré le choc de cette fin de guerre, nous devons lui faire confiance. Ce n'est pas vraiment le moment, je sais, mais je tiens à te dire qu'à la fin de la Guerre, il y a plus de deux cents ans, Shion et moi étions tout aussi perdus. Pourtant, on sentait qu'Athéna avait tout prévu pour nous et nos compagnons encore en vie.
-Que devons-nous faire, alors?
-Dans un premier temps, soigner les blessés. Ensuite, honorer ceux qui sont tombés au combat. Cela ne veut pas dire les enterrer tout de suite.
-La pièce au sous sol du Palais du Grand Pope?
-Oui, Kanon. Tu as pris connaissance de cette salle dans laquelle peu de personnes sont autorisées à entrer.
-Oui, Pépé Shion m'en avait parlé avant que ne commence la Guerre. C'est là bas que l'on amène les chevaliers tombés dans une bataille pour Athéna. Elle serait remplie de son cosmos divin pour préserver ceux des morts.
-En effet. Ce sera une tâche difficile, autant pour nos corps blessés que pour le moral de chacun, mais notre déesse n'a pas disparu. Elle reviendra à coup sur, car elle n'a pas terminé son rôle sur terre dans notre époque.
Une goutte d'espoir perlait des yeux du chevalier des Gémeaux.
-Préserver nos amis dans cette salle est un des plus beaux cadeaux qu'elle nous offre, ajouta Dohko.
-Ils pourront revivre?
-Tout dépend de tant d'éléments. Je suis désolé, Kanon, mais je n'ai eu que cela comme instructions au travers de Shion, avant la bataille contre Thanatos. Les époques et les intentions d'Athéna diffèrent selon les époques. Et même, si nous devions laisser nos compagnons reposer à tout jamais, pour l'heure, c'est impossible. Tu as du te rendre compte toi même de l'état des Enfers...
-Oui. Il n'y plus ni dieu, ni Juges, ni guides pour les morts.
-Je sais que c'est une épreuve de plus pour nous, qui souhaitons juste nous réveiller de ce cauchemar, mais faisons confiance aux dieux. L'ordre des choses sera rétabli sous peu, j'en suis sur. Profite autant que tu peux pour retrouver tes amis. Dans ces moments là, la plus petite joie peut nous réchauffer le cœur autant que la présence d'Athéna à nos côtés. »
Le Vieux Maitre avait raison. Au cœur de cette arène qui avait connu son combat le plus destructeur, des accolades des câlins, des larmes et des sourires se créaient. Même infime, la vie reprenait un peu son cours.
Dohko partit serrer dans ses bras son disciple, Shiryu. Un large sourire se forma sur le visage du chevalier d'Or, comme fier de retrouver le jeune Dragon. Ce dernier laissait échapper des pleurs de ses yeux blessés, mais il semblait lui aussi sourire, comme rassuré par les paroles de son maitre.
Un peu plus loin, assis sur des marches encore intactes dans les tribunes, Shaka et Hyoga avaient rejoint Mu et Aldébaran. Devant eux, en contrebas, enveloppé d'une cape déchirée, le corps du Verseau. Le chevalier du Cygne ne retenait plus ses larmes, à présent. Épuisé, il se laissa aller, pleurant la mort de son maitre, soutenu par une main puissante de bonté de la part du Taureau. Tandis que Bélier et Vierge restaient silencieux, observant les mouvements de leurs alliés dans l'arène.
Allongé à même le sol, incapable de bouger, Aiolia reprenait petit à petit conscience. Il avait survécu. Syd, son ami aussi était-il encore vivant? En tout cas, il percevait son cosmos au milieu de tant d'autres tout autour. Ils avaient gagné. Ils avaient vaincu Thanatos.
Le Lion murmura pour lui même:
« Quand Aiolos sera rentré, je lui raconterai cette bataille folle...
-Je serai ravi d'entendre tes exploits, petit frère, répondit une voix qu'il connaissait si bien.
-Aio...
Le plus jeune voulut se redresser mais ses muscles refusaient, trop endoloris. Le Sagittaire s'assit tout près de lui, lui prenant la main:
-Ca a du être terrible, mais je sais que je peux être fier de toi, Aiolia.
-Tu es vivant, toi aussi? Comment tu fais pour être encore en pleine forme?
-C'est l'idée de nous retrouver, je pense. À vrai dire, mon corps me fait affreusement mal, mais je suis bien plus heureux de te revoir. Seiya aussi est revenu. Mais avant qu'on se raconte tout, il va falloir se soigner et nous reposer.
-Oui... Tu as raison », soupira Aiolia, avant de se rendormir apaisé, sourire aux lèvres.
De son côté, le chevalier Pégase tomba dans une accolade franche et amicale de Jabu.
« Seiya, fit la Licorne, je suis vraiment content que tu sois en vie. Je t'aurais tué sinon!
-Je sais, Jabu. Sache que j'ai tout fait pour protéger Saori-san, mais...
-... Elle est une déesse puissante, douce et bienveillante pour tous les humains. Même si elle n'est pas de retour parmi nous, je pense qu'on peut lui faire confiance, non? Je n'y connais rien, mais moi, j'ai envie d'y croire en tout cas.
-Jabu, tu... tu t'es renforcé au cours de cette guerre.
-Qu'est-ce que tu crois? Par contre, va voir ton maitre, ajouta la Licorne, effaçant le sourire qu'il arborait. Elle n'est pas bien du tout. Beaucoup de chevaliers d'Argent ont péri face à Thanatos, c'est difficile pour elle.
-J'y vais de ce pas. Merci à toi. »
Seiya partit alors à l'encontre de Marin, assise par terre et recouverte d'une cape blanche, probablement cédée par un chevalier d'Or. Elle avait la tête baissée. À son chevet, il reconnut Shaina qui, dépourvue de son masque, lui adressa un regard à la fois triste et soulagé.
« Shaina-san, Marin-san...
L'Aigle releva la tête, à visage découvert en larmes.
-Seiya, tu es revenu.
Le jeune homme s'accroupit à leurs côtés, mais détourna le regard.
-Pardon, j'ai vu vos visages, alors qu'il ne faut pas...
-Ce n'est pas grave, assura l'Ophiucus. On a tous perdu quelque chose dans cette bataille. Mais te savoir vivant, c'est bien plus important. J'ai cru en toi, Seiya. »
Ce dernier lui répondit par un doux sourire. Pas besoin de mots. Tout le monde était fatigué et avait besoin de temps pour reprendre des forces. Alors il s'assit auprès de Marin et s'étonna de la sentir poser sa tête sur son épaule. Son maitre, si intransigeante, si inflexible aussi avait besoin de se relâcher un peu. Au creux de sa main, Seiya sentit aussi des doigts se faufiler. Il ne refusa pas non plus un brin de tendresse de la part de Shaina...
Un peu plus loin, Shun tentait de consoler Nachi. Ce dernier avait perdu tant de précieux amis au cours de cette guerre: Fenrir avec qui il avait créé des liens forts mais pendant si peu de temps en Asgard, et là, au cours de cette nuit meurtrière, c'était Ichi, Ban et Geki qui étaient tombés. Le jeune Loup s'en voulait presque d'être resté en vie. C'était si dur pour lui. Pourtant, Andromède restait là, à l'écouter, déverser tout son chagrin...
« … Je... Désolé, Shun. Toi aussi, tu as du connaître l'horreur aux Enfers.
-Oui, mais on ne peut pas comparer nos deux batailles, même si je n'ose imaginer ce que tu as pu éprouver sur le moment. Ce n'est pas grand chose, et je me doute que cela ne te consolera pas, mais vivons pour ceux qui ne sont plus là. Pour qu'ils puissent observer la paix de là où ils reposeront.
-... J'ai besoin de temps pour cela.
-On se soutiendra, on ne t'abandonnera pas.
Le ton doux et apaisant d'Andromède semblait presque calmer les sanglots de Nachi, malgré la fatigue qui prenait le dessus. Cependant, il fallait lui annoncer une bonne nouvelle:
-Tu sais, ton amie, June. Je sais qu'elle est vivante. Elle patrouillait près des refuges, et elle n'est pas venue ici nous rejoindre pour battre Thanatos. Je suis certain qu'elle a assuré à son poste.
-Me voilà rassuré, Nachi. Merci à toi. Permets-moi de rester un peu avec toi, et j'irai la rejoindre.
-Tu n'en auras pas besoin Shun, fit Ikki qui était tout proche. Regarde qui arrive. »
Andromède se leva et un sourire s'affichait sur son visage dès l'apparition d'une femme chevalier blonde criant son prénom. Elle avait du se défendre dans sa zone, au vu de sa tunique lardée d'entailles, mais elle semblait en forme et bien vivante. Et voir seulement les deux amis se serrer dans les bras d'une manière si chaleureuse faisait du bien au cœur du jeune Loup. Il leva ses yeux en larmes vers le ciel bleu, remerciant Athéna pour ce miracle, et la priant pour un avenir toujours plus heureux pour tout le monde.
Tandis que le Phénix se déplaçait aussi vers le petit groupe qui entrait dans l'arène. Il ne le montrait pas, mais quel soulagement de savoir que ce couple de rescapés de Death Queen Island ait encore survécu à une catastrophe, bien plus importante. L'ancien Dragon Noir, Zack, avait une démarche étrange, boiteuse. Il avait du protéger son Esméralda de toutes ses forces, malgré ce dégout qu'il avait pour le combat. Ikki les accompagna jusqu'au pied d'une tribune afin qu'ils puissent s'assoir et profiter de la lumière du jour.
Courant loin devant Cassios, un petit garçonnet roux se précipitait pas loin, dans les bras du chevalier du Bélier. Le disciple avait retrouvé son maitre, et le tailleur de pierre bâtisseur sentait sa blessure à l'oreille moins douloureuse qu'au cours de cette nuit. Il n'éprouvait aucune hostilité en voyant Seiya si proche de son ancien maitre à lui, Shaina. Il prenait soin d'elle, assurément.
Alors que l'astre montait de plus en plus dans le ciel, éclairant le Sanctuaire de sa lumière chaleureuse, Kanon observait tout ce monde réuni dans l'arène. Il n'avait pas quitté le chevet du Grand Pope, et restait là, sans rien dire. Milo était venu tout près pour lui apporter autant de soutient qu'il le pouvait et avait senti un brin d'inquiétude dans les yeux bleus de son ainé. Inquiétude qui allait disparaître bien vite.
« Kanon, va, je prends le relais auprès du Grand Pope, déclara le Scorpion en faisant un signe de tête en direction du groupe de civils qui entrait. Parmi eux Elisa, la prêtresse en chef, mais aussi...
-Saga! »
Le Gémeau était blessé de tout son être, choqué du retour au Sanctuaire, mais enfin heureux! Son grand frère, son jumeau était bien là, en vie, en entier.
手紙
La vie n'avait pas repris son cours normal, au lendemain de cette Guerre. Pour le moment, les retrouvailles entre vivants et les soins aux blessés les plus graves étaient la priorité. Ainsi l'avait décrété Kanon, suite aux conseils du Vieux Maitre. Les chevaliers les plus valides étaient réquisitionnés pour apporter ceux tombés dans la salle se trouvant sous le Palais du Grand Pope.
Le chevalier des Gémeaux avait découvert ce matin même l'accès, et dès l'ouverture des portes, une douce vague de cosmos divin l'envahit. Un souffle de vie de leur déesse conservé ici bas qui permettrait de garder leurs compagnons dans un coma, préservant leurs corps, le temps d'avoir des nouvelles d'Athéna. Ou même son retour espéré.
Pendant des heures, pendant tant d'aller retour de la grande arène jusqu'au Palais, passant par des souterrains et des raccourcis, l'on amena ces guerriers en silence, comme un respect muet à leurs mémoires, malgré des larmes qui perlaient parfois.
Tout le monde avait sa couche ou presque.
L'inquiétude se faisait en ce qui concernait Asterion changé en pierre et en morceaux. Par chance, on put retrouver chaque fragment dans l'arène et des médecins aidèrent à le reconstituer. Son ami, Algol avait supervisé cette opération délicate, mais ne put le changer à nouveau en être humain, affaibli et culpabilisant de sa maladresse sur le champ de bataille. Mais restant à ses côtés, se proposant gardien de la salle pour les deux jours à venir. Ensuite, un autre viendrait le remplacer.
Malheureusement, on ne put mettre la main sur trois chevaliers qui s'étaient trouvés au cimetière, Ichi de l'Hydre, Belinda du Poisson Volant et Sirius du grand chien, ayant péri dans un incendie. Et le corps de Shura du Capricorne était resté en Asgard.
Pour les premiers, Dohko se chargerait de consulter des ouvrages en compagnie de Mu, dans l'espoir de faire renaitre les armures dans un premier temps et les corps de leurs propriétaires ensuite. Quand bien même le Vieux Maitre avait exprimé ses doutes sur une légende datant de plusieurs siècles, dont il n'existait aucune trace écrite...
Quant à Shura, Syd de Mizar devrait rentrer dans son royaume sous peu et informerait Hilda de Polaris de la situation. À priori, rien ne s'opposait au retour du Capricorne au Sanctuaire.
Au moins ça...
Kanon se sentait étrange, fatigué et surtout dépassé par tout cela. Pourtant, il savait ce qui l'attendait après la Guerre, que son rôle de Grand Pope lui serait attribué quasiment de suite et que ce serait à lui de prendre toutes les décisions. Cela ne lui faisait pas peur. Cependant diriger un groupe de chevaliers en mission et tout un domaine sacré étaient deux choses différentes. Surtout quand on était seul ou presque. Bien sur le Vieux Maitre l'épaulait dans ses choix, Aiolos aussi en tant que bras droit et désormais chef de l'armée, et évidemment Saga était là à ses côtés. Pourtant, celui qui aurait été d'un grand secours depuis ces presque trois jours était en train de reposer dans la salle sous le Palais, ses cheveux vert pomme flottant au gré du cosmos divin, ses yeux plissés par le temps clos, comme s'il dormait.
« Tu sais, Shion a du reconstruire le Sanctuaire presque tout seul, quand on est revenu de la Guerre, avait confié le chevalier de la Balance. J'avais vraiment souhaité être à ses côtés, mais les choses étaient différentes. Notre combat contre Hadès n'était pas le même, ni les circonstances de notre retour. Tu as de la chance, Kanon, d'être aussi bien entouré. Tu n'es pas seul, et c'est avec cette confiance en toi que Shion a pu se battre contre Thanatos et lui donner le coup fatal. Tu es un homme fort, et malgré la dureté du moment, tu sauras y arriver. »
Le Vieux Maitre était celui qui connaissait Shion bien mieux que Kanon et Saga. Le Gémeau en était convaincu. Et il avait besoin de ses conseils pour aller de l'avant. Aussi, il obéit quand son ainé lui suggéra de s'éloigner un peu de la paperasse et d'aller s'aérer l'esprit seul ou avec un de ses proches.
Le jeune homme sut tout de suite où aller, préférant laisser son frère et Aiolos se retrouver en amoureux. Et, sans réfléchir, il passa au delà des frontières du Sanctuaire pour se réfugier à l'ombre de l'olivier de sa plage cachée proche du Cap Sounion, ce petit carré de sable et d'eau qui n'appartenait ni à Poséidon, ni à la déesse de la Guerre. Il ne songeait pas à nager, encore trop meurtri de ses blessures contre Hadès ou même Rhadamanthe. Son but était simplement de s'allonger, fermer les yeux et trouver la paix en écoutant le bruit des vagues entrecoupé des chants d'oiseaux. Chasser autant que possible ses mauvaises pensées, atténuer son chagrin et rentrer le cœur moins serré et l'esprit déterminé à accomplir la nouvelle mission de sa vie.
Pourtant, un étrange cosmos se manifesta, alors qu'il approchait le grand arbre sous lequel il voulait s'installer. Un ennemi? Un chevalier? Non, l'aura était bien plus puissante. Comme divine.
Kanon s'approcha et découvrit, perchée sur une branche qui s'était brisée, une chouette de petite taille. Se frottant les yeux et vérifiant autour de lui, le jeune homme conclut qu'ils étaient les seuls êtres vivants dans les alentours et qu'en effet, c'était bien de l'oiseau qu'émanait cette force.
Une chouette, un des symboles d'Athéna. Une manifestation de sa déesse.
Le Vieux Maitre avait raison, elle ne les avait pas abandonnés.
Il s'accroupit tout près d'elle et tendit son bras sur lequel elle vient se poser maladroitement. Comme déséquilibrée par la petite bourse accrochée à son cou et le parchemin qu'elle tenait entre les serres d'une de ses pattes.
Délicatement, il la libéra de ces objets, et posa une main deux fois plus grosse sur la tête de l'animal en signe de remerciement et d'affection. La chouette se retira du bras et partit se percher à nouveau sur la branche morte, ses grands yeux ronds fixant Kanon.
Ce dernier délia le parchemin de la ficelle qui l'entourait et lut la lettre manuscrite:
''Kanon, mon fidèle chevalier,
Je te présente mes excuses de n'avoir pu vous accompagner à la surface, loin des Enfers. Mais mon but premier était de vous ramener au Sanctuaire une fois la Guerre terminée. Je comprends ton inquiétude, mais elle n'a pas lieu d'être.
Pour le moment, je ne peux te donner trop de détails, mais je suis montée vers l'Olympe pour un conseil des Dieux. Cette Guerre Sainte contre Hadès s'est passée de manière anormale, j'ai pu moi même le ressentir. Tous les Dieux l'ont ressenti et actuellement les Enfers menacent d'être anéantis. Ce qui troublerait l'ordre naturel des choses.
Actuellement, je ne puis t'en dire plus, mais pour un temps qui j'espère vous sera court, je vous confie la Terre. Tout comme Poséidon a confié les mers et océans à son armée. Tout comme Hadès souhaite retrouver son royaume et accueillir les défunts.
Tout ce que je peux te promettre, à toi et aux autres chevaliers, c'est que je vous dirai tout quand je reviendrai. Pour l'heure, encore trop d'éléments restent inconnus.
Et parce que cette Guerre ne fut pas normale, à savoir, un affrontement entre Chevaliers et Spectres, entre moi Athéna et Hadès exclusivement, parce qu'elle a causé trop de pertes insensées dans les deux camps, les autres Dieux ont autorisé le retour à la vie des guerriers.
Voici la mission sur laquelle tu dois te concentrer désormais, Kanon: dans le petit sac, tu trouveras un onguent divin qui permettra la résurrection des chevaliers morts dans cette bataille. Confie le aux médecins et aux maitres des plantes, ils sauront comment procéder. Le réveil de chacun se fera progressivement par la puissance de leurs cosmos. Malheureusement, je suis profondément désolée et attristée si des civils innocents vivants dans le Sanctuaire ont été tués. Ils ne pourront en bénéficier. Je compte sur toi pour leur offrir un bel hommage.
Ne perds pas espoir, Kanon. Tu as été élu pour me représenter sur Terre quand je suis absente. Je te fais confiance. Tu sauras prendre les bonnes décisions pour notre Sanctuaire.
Je ne te demande pas de m'attendre. Reprenez la vie là où elle s'est arrêtée, et à mon tour, lorsque tout sera terminé auprès des autres Dieux, je rentrerai parmi vous.
Courage, Kanon.
Athéna''
Dans sa poitrine, le cœur du Gémeau battait à tout rompre, et ses mains tremblaient. Le miracle qu'il attendait sans savoir quand et s'il allait venir. Sa déesse ne les avait pas oubliés. Une bouffée d'espoir pénétra le corps du chevalier, et désormais, il était prêt à se montrer digne de celle qu'il protégeait... non, de tous les habitants de ce domaine qu'il protègerait à l'avenir.
Il se sentait mieux, prêt à tout affronter, à tout reconstruire.
Il passa une autre main sur la tête de la chouette, pour la remercier à nouveau, en espérant transmettre à Athéna sa volonté de repartir vers l'avant. L'oiseau s'envola aussitôt et disparut dans le ciel. Vers l'Olympe et les Dieux.
Kanon observait la mer devant lui et les vagues timides. Il avait envie de nager, là tout de suite. Se perdre dans l'eau une bonne heure et rentrer au Sanctuaire pour informer tout le monde de ces grandes nouvelles.
Cependant, alors qu'il voulut se relever trop brusquement, ses muscles le lâchèrent, ses douleurs se réveillèrent. Foutues blessures qu'il allait devoir soigner au plus vite.
Un rire qu'il connaissait que trop bien résonna alors:
« Le sac à patates! Il est beau le chevalier des Gémeaux
-Milo... Vas-y fous toi de moi. Quand je serai en meilleure forme, je te noierai.
-Je ne suis pas mieux loti, tu sais. Thanatos ne nous a pas ratés, mais on est là, fit le Scorpion en rejoignant Kanon sous l'arbre. Tu as l'air d'aller un peu mieux en tout cas.
-Un peu, oui.
-Tous les chevaliers morts reposent dans la salle, ça y est. J'étais venu te l'annoncer.
-Tu as l'air épuisé toi aussi.
-C'est dur de voir... tout ça...
Des mèches bleu violet tombèrent sur l'épaule du Gémeau tandis qu'il laissait son ami y reposer sa tête.
-On peut y arriver, Milo.
-Tu crois? Même sans Athéna ni sa grande statue qui nous protège?
-Elle reviendra, assura Kanon. En arrivant ici, un message de sa part m'attendait. On peut sauver nos compagnons et reconstruire sans elle. »
Il laissa Milo lire la lettre et le Scorpion revint tout contre son torse, les larmes aux yeux. Seuls les oiseaux chantaient, apportant un peu de sérénité dans le cœur des chevaliers.
Tous deux s'étaient retrouvés, avaient tenu cette promesse de rester en vie. Et, pendant un moment, trop court, ils restèrent là, à fixer les vagues danser sur le sable.
Puis quelqu'un vint à leur rencontre. Vêtu d'une armure d'un orange doré, des cheveux bleu vert coupés court et un cosmos différent et pourtant familier.
Kanon se releva avec difficulté, mais sourit en revoyant cet ami venant de loin: Bud, le Dragon des Mers, Général de Poséidon.
« Cela fait longtemps, fit le chevalier.
-En effet. Heureux de te savoir en vie.
-Que fais-tu hors de ton sanctuaire sous marin?
-Mon dieu m'a envoyé ici, au large du Cap Sounion, pour protéger la partie en surface de son domaine en son absence. Et surveiller les abords du vôtre, qui a dû être saccagé à cause de cette Guerre.
-Oui, nous avons beaucoup à faire, pour le retour de notre déesse.
-Je suis également mandaté par mon dieu, en gage d'alliance avec vous, si vous avez besoin de mon aide. N'hésite vraiment pas, je suis au manoir des Solos si nécessaire. Est-ce un ami à toi, demanda Bud d'un coup, voyant le Scorpion qui l'observait avec de grands yeux abasourdis.
-Oui, un ami très cher, Milo, chevalier d'Or du Scorpion, confirma Kanon tout le en pinçant légèrement pour le réveiller de son étrange torpeur.
-Aïeuh! Ça va pas?
-Présente-toi au Général de Poséidon, rit le Gémeau.
-Oui, pardon. Mais, commença Milo à chuchoter, c'est la copie conforme de Syd. Désolé, c'est troublant... »
Il avait raison, Bud et Syd étaient jumeaux, séparés à l'enfance au cours d'une période sombre du royaume d'Asgard. La confusion était tout à fait normale.
D'autant plus que le Guerrier Divin de Mizar descendait à ce moment là, la petite pente vers la plage à leur rencontre...
notes de fin: Merci d'avoir lu. Le retour fut dur autant pour mes personnages que pour moi. Mais je ne perds pas non plus espoir de continuer cette histoire. Elle avance petit à petit, et je mets au point chaque petit détail pour la suite. Cela dit, ça fait vachement bizarre de ne pas faire de scène de combat (j'ai appris à aimer les écrire mine de rien mdr), mais Saint Kanon n'est pas fait que de batailles. C'est avant tout l'histoire de notre Gémeau.
Je continue à y travailler, la suite viendra encore en temps voulu.
Les kanji d'interlude c'est tegami, lettre. Pour ce point ô combien important du chapitre.
Je vous dis à la prochaine. Des bisous
