PARIS, France

Emily souffla et regarda la Tour Eiffel par la fenêtre de sa chambre. Elle se mit à ronger ses ongles et soupira lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle faisait. Elle s'ennuyait terriblement. Depuis que JJ et Hotch avait orchestré sa mort pour la protéger de Doyle, elle avait l'impression que sa vie n'avait plus de sens. Elle se sentait vide sans son métier. Profiler et arrêter des criminels c'était tout ce qu'elle avait, son essence. Et puis son équipe, sa famille lui manquait terriblement. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'ils faisaient et si ils étaient toujours en danger. Elle décida de contacter la seule personne qui pourrait l'aider.

Quelques jours plus tard, Emily se trouvait attablée dans un bar près de chez elle lorsqu'elle le vit entrer.

- Bonjour Emily, tu as perdu du poids, dit l'homme qui se tenait devant elle en fronçant des sourcils inquiets.

Emily lui sourit

- Bonjour, on ne vous a jamais dit de ne pas parler de poids à une femme.

- Pourquoi tu m'as appelé Emily ? Tu sais que c'est dangereux.

Emily soupira.

- Et vous allez toujours droit au but.

- Emily …

- Je suis désolée. Je me sens terriblement vide et seule. J'avais besoin de quelqu'un. Je sais que c'était dangereux de vous contacter mais je n'en pouvais plus.

- Ça ressemble au début d'un état dépressif.

- Ne me profilez pas, Hotch, s'il-vous-plaît.

- Qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ?

- J'ai seulement besoin de quelqu'un. Quelqu'un de ma famille. Quelqu'un que j'aime.

- Pourquoi moi ? Tu aurais pu contacter JJ.

- Je ne sais pas, j'avais besoin de vous.

- D'accord, dit Hotch en fronçant à nouveau les sourcils.

Emily lui sourit et ils discutèrent de tout et de rien pendant un long moment en buvant des cocktails. De l'équipe, de leurs affaires en cours et cela fit beaucoup de bien à Emily d'avoir des nouvelles.

- Merci, dit soudain Emily, rendue sentimentale par l'alcool qu'elle avait ingéré.

- Pour ?

- Merci d'être rester, d'avoir partager ce moment avec moi.

- Quand tu veux, Emily.

- Pas trop souvent, tout de même, non ?

- Emily, je serais là dès que tu en ressentiras le besoin, même si je dois prendre une fausse identité pour venir te voir. Et tu pourras m'appeler sur une ligne sécurisée dès que tu le voudras. Je ne vais pas te laisser t'enfoncer. Ce serait plus dangereux que Doyle lui-même.

- C'est gentil, dit Emily les larmes aux yeux.

- Je tiens énormément à toi.

- Moi aussi, je tiens à vous, murmura Emily.

Elle essuya une des larmes qui coula le long de sa joue. Hotch la regarda avec peine.

- Je vais te ramener chez toi.

- Vous n'êtes pas obligé.

- On a pas mal bu, je ne vais pas te laisser rentrer seule.

Emily acquiesça et se laissa reconduire après avoir régler ses consommations.

Ils marchèrent dans les rues de Paris afin d'atteindre l'appartement qu'Emily louait avec son nom d'emprunt. Elle inséra la clef dans la serrure et ouvrit la porte. L'agent Hotchner la laissa entrer en premier. Il regarda le petit appartement parisien dans lequel son ancienne collègue vivait et comprit aisément pourquoi Emily si sentait mal. Lui et les membres de son équipe étaient pareils. Ils avaient besoin d'action, d'arrêter les criminels les plus vils de ce monde afin de se sentir utile. Seule ici, Emily dépérissait.

- Vous avez un endroit où dormir ?

Hotch sursauta alors que la voix d'Emily interrompit ses réflexions.

- Non, mais je vais trouver un hôtel, ne t'en fais pas.

- Mais non, vous pouvez rester dormir.

- Je ne veux pas être de trop.

- C'est moi qui vous ait appelé, je vous rappelle.

- Oui c'est vrai.

- Je vous prête mon lit, je vais dormir sur le canapé.

- C'est absolument hors de question.

- Oh allez, Hotch ! Je suis bien plus légère, j'y dormirais mieux que vous.

- Je ne te laisserais jamais dormir sur le canapé.

- Je peux être très têtue, vous savez.

- J'en suis certain.

- On peut dormir à deux dans mon lit.

- Tu m'invites dans ton lit ? Sourit Hotch en haussant les sourcils.

- Oh, non, c'est pas ce que je voulais dire, bégaya Emily, gênée.

- Ne t'inquiète pas, tout va bien. Écoute, j'accepte de dormir avec toi si tu me promets un petit-déjeuner demain matin. Mon avion n'est qu'à 11h.

- Marché conclu !

Emily se dirigea vers sa salle de bain pour prendre une douche et se changer pour la nuit. Elle se regarda dans le miroir, observa ses cernes et soupira. Hotch avait raison, elle a perdu beaucoup de poids durant ces quelques mois. Elle s'était laissée sombrer et elle avait appelé Hotch à l'aide juste avant de basculer pour de bon. Elle laissa glisser quelques larmes. Hotch l'appela du salon, elle sortit de la salle de bain dans son pyjama habituel.

- Oui ?

- Tout va bien ? Demanda-t-il en remarquant ses yeux humides, oubliant sa question initiale.

- Ça va, ne vous en faîtes pas.

- Emily … Parle moi.

- C'est juste que j'ai l'impression que Doyle a gagné. Il a réussi à me voler ma vie, mon boulot, ma famille.

- On aura Doyle, Emily, je te le promets. Et quand ce sera le cas, tu récupéreras tout ça.

- Je me sens tellement seule, ici.

- Tu ne seras plus jamais seule, Emily, c'est promis.

Il la prit doucement dans ses bras et elle sanglota. Elle se laissa doucement aller à cette étreinte réconfortante. Elle se sentait en sécurité pour la première fois depuis des mois, voire des années. Puis Hotch l'allongea doucement sur le lit et ils s'endormirent.

Plusieurs heures plus tard, Hotch fut réveillé en sursaut par les cris d'Emily.

- Ian, non ne fais pas ça ! Non !

- Emily, Emily, Emily…

Hotch l'appela encore et encore en la secouant. Et son amie finit par ouvrir de grands yeux paniqués.

- Emily, tout va bien. Je suis là, ce n'était qu'un cauchemar.

- Hotch, oh mon dieu, je suis désolée.

- Ne sois pas désolée, tout va bien. Tu veux en parler ?

- Je ne m'en rappelle pas vraiment.

Hotch soupira longuement.

- D'accord Emily, je vais faire comme si je te croyais mais un jour tu devras parler de ce qui te hante. Je vais aller préparer un petit-déjeuner.

- Ah non ! C'est à moi de le faire, c'était le deal.

- D'accord, sourit Hotch, je peux emprunter la douche.

- Bien sûr !

Lorsqu'Hotch sortit de sa douche bien chaude, une alléchante odeur de pancake emplissait l'appartement. Il sourit et retrouva Prentiss dans la cuisine.

- J'avais entendu parler de tes piètres talents en cuisine. Pourtant cela sent très bon.

- On fait de l'humour, agent Hotchner ?

- Peut-être que j'essaie de te rendre ton sourire.

- Eh bien, ça fonctionne, lui sourit Emily.

Emily se mit à rougir et détourna les yeux.

- Oh mon dieu, est-ce que je viens de flirter avec mon patron ? Murmura-t-elle pour elle-même.

- Techniquement, je ne suis plus ton patron, sourit Hotch.

- C'est exact, sourit Emily, gênée. Et si on mangeait ?

- J'ai hâte de goûter ce qui sent si bon.

Après avoir déguster tranquillement les pancakes préparés par son ancienne collègue, Hotch décida qu'il était l'heure de préparer ses bagages pour rentrer à Washington. Emily était en train de faire la vaisselle dans la cuisine lorsqu'il arriva avec son sac.

- Je vais y aller.

- Oui, il va être l'heure. Merci infiniment d'être venu !

Emily se dirigea vers l'entrée. Elle regarda Hotch enfiler son manteau. Elle se dit alors que c'était le moment ou jamais et se rapprocha doucement avant d'embrasser délicatement Aaron, mais celui-ci recula.

- Hotch, je suis désolée. Je ne voulais pas …

- Oh non Emily, crois moi je serais parfaitement ravi de … Mais je ne veux pas profiter de toi.

- Je ne comprends pas.

- Tu ne vas pas bien. Tu te jettes sur moi alors que je vais partir et tu te sens seule ici donc ce n'est pas difficile de faire le lien.

- Vous recommencez à me profiler.

- Ça n'a rien à voir. Écoute Emily, tu es une femme exceptionnelle, très belle et si forte. Je ne veux juste pas profiter de toi dans un moment de fragilité.

- Vous êtes quelqu'un de bien, Aaron Hotchner.

- Je veux que tu te sentes libre d'envoyer des messages ou de m'appeler pour n'importe quoi quand tu veux. Est-ce clair ?

- Oui, je le ferais, c'est promis.

- Tu as intérêt à respecter cette promesse.

- C'est une menace ça, Monsieur Hotchner ?

- Oui, je pourrais débarquer ici si tu ne la respectais pas.

Emily lui sourit.

- Merci encore d'avoir été là.

- Quand tu veux. Et tu peux me tutoyer Emily.

Elle lui sourit doucement. Hotch s'approcha d'elle et déposa un baiser sur son front.

- Je tiens à toi Emily, je te le répète.

Puis il referma la porte et Emily le vit s'éloigner dans la rue à travers sa fenêtre. Hotch était vraiment inquiet pour la jeune femme et il se promit de tout faire pour qu'elle se sente mieux.