Elle tentait de se maintenir droite et fière malgré la peur et la douleur qui montaient en elle. Son souffle était court et chaque mouvement lui faisaient mal. Son sensei, toujours en position de combat, la fixait avec le regard dur.
- Tu ne progresses pas assez vite… constata l'homme sévère.
- Gomen sensei, répondit l'enfant en rougissant de honte.
Il se rapprocha d'elle et l'agrippa par les cheveux, elle tenta de se débattre mais à chaque fois qu'elle essayait de bouger il resserrait davantage son emprise. Il se pencha en avant jusqu'à ce que son visage soit à quelques centimètres du sien.
- Il ne te reste que deux ans pour remplir toutes les qualités que l'on attend de toi. Ensuite, tu pourras prétendre à une vie plus confortable… Une plus grande chambre, de beaux vêtements, de la nourriture plus savoureuse… Ta formation changera, on t'apprendra de nouvelles choses. Pour le moment tu es trop jeune, tu dois te donner à 100% sur le fait de progresser en Ninjutsu et en Taïjutsu.
- Je vais progresser davantage sensei, je vous le promets !
La voix de l'enfant était tremblante et aigüe, sa peur était palpable. Son sensei soupira et la relâcha, agacé de la voir dans une position de supplication.
- Est-ce que tu sais ce qu'on t'apprendra dans deux ans ? demanda l'homme.
- Oui sensei, on m'apprendra à plaire aux garçons, bafouilla l'enfant.
Il se pencha à nouveau vers elle, un sourire pervers se dessina légèrement au coin de ses lèvres. Il scruta si profondément le regard de l'enfant terrifiée qu'elle eut l'impression qu'il voyait le fond de ses pensées.
- Non gamine, on t'apprendra à plaire aux hommes.
Il se délecta du mélange de peur et d'incompréhension qui ornait le visage de sa jeune élève. Il se releva et claque des doigts. Un garde s'approcha et la jeune fille compris qu'il était temps de regagner sa cellule. Elle marcha silencieusement aux côtés du garde jusqu'à ce qu'il lui ouvre la porte métallique de sa « chambre ». Silencieusement, elle laissa des larmes couler le long de ses joues. Elle se dirigea jusqu'au lavabo et entreprit de se laver tant bien que mal du sang séché qui recouvrait certaines parties de son corps. Elle remarqua trois nouveaux hématomes sur elle qui s'ajoutaient à une collection déjà conséquente. Epuisée et assommée par la douleur, elle tituba jusqu'à son matelas et s'effondra, les larmes continuant de couler silencieusement. Elle s'endormit rapidement, se demandant une fois de plus ce qu'il y avait au-delà de cette prison.
La nuit était tombée depuis plusieurs heures, l'enfant s'était réveillée lorsque son repas lui avait été amené : une soupe et un bol de riz. Elle avait tout englouti, affamée après tout le sport qu'elle avait pratiqué aujourd'hui. Elle était à nouveau allongée sur son matelas et essayait de lutter contre le froid. C'était l'hiver et ses vêtements abîmés ne suffisaient pas à la réchauffer. Si elle montrait des signes de progrès dans les prochains jours, elle pourra certainement demander à avoir un pull en cadeau, ou une meilleure couverture. C'était souvent comme cela que ça fonctionnait ici, au mérite.
Soudain, un bruit d'explosion retentit ! L'enfant sursauta violement et se mis immédiatement en position de combat. Son cerveau tournait à vive allure et elle tendit l'oreille afin de comprendre ce qui se passait. Elle entendit des bruits de combat, des cris…
C'est sûrement un autre exercice… Ils veulent encore me tester, pensa-t-elle.
Elle courut jusqu'à sa porte et tenta de l'ouvrir mais c'était impossible. Elle se hissa jusqu'à la minuscule fenêtre qu'elle avait et tenta de distinguer quelque chose dehors mais il faisait nuit noire. Les cris et les signes de combats se rapprochaient de plus en plus. L'enfant était terrorisée et tenta tant bien que mal de raisonner.
Il y a très peu de gardes en ce moment, même les senseis sont peu nombreux… Est-ce que ça pourrait être une vraie attaque ?
Elle se tapit dans un coin, essayant de disparaître dans l'ombre de sa cellule, le cœur battant à tout rompre.
S'ils arrivent jusqu'à ma cellule, c'est que les gardes et les senseis seront morts, ça voudra dire que je n'aurai aucune chance face à eux. Je ne peux pas sortir d'ici, il faut que je reste calme et que je prie pour qu'on ne me voit pas.
Elle resta ainsi immobile et apeurée pendant plusieurs heures, à l'affut de chaque cri et bruit d'armes qui s'entrechoquent. Au bout d'un moment qui sembla lui durer toute la nuit, elle entendit des bruits de conversation et de pas. Avec horreur, elle se rendit compte qu'ils fouillaient les cellules.
Que faire ? Se tapir dans l'ombre ou les prendre par surprise ?
Elle se rappela qu'ils n'étaient plus que trois enfants en ce moment car ils avaient amené les autres dans un nouveau bâtiment.
Soudain, elle entendit un bruit de clé dans la serrure. Horrifiée, elle se recroquevilla du mieux qu'elle put et couvrit sa bouche avec ses mains. Du coin de l'œil, elle vit la porte s'ouvrir et un homme pénétrer dans sa cellule. Il tenait une lampe à la main et ne tarda pas à la trouver. Il s'approcha lentement d'elle. Son cœur battait si fort de peur que c'était comme s'il tapait dans ses côtes. Comme elle l'avait appris si souvent, elle se releva et se mis en position de combat, revêtant une expression neutre qui tentait tant bien que mal de camoufler sa terreur. Doucement, l'homme posa sa lampe et releva les bras, les mains grandes ouvertes.
- Ne t'inquiète pas, tu peux me faire confiance, dit-il.
Sa voix grave et rassurante sonna comme une mélodie aux oreilles de la jeune fille qui ne laissa pas tomber sa méfiance pour autant. L'homme devant elle avait les cheveux argentés, il était grand et musclé, un masque recouvrait la moitié inférieure de son visage et une cicatrice entourait son œil gauche. Lentement, il enleva sa veste. La jeune fille comprit alors ce qu'il faisait là et voulu se plaquer au mur.
- V… Vous faites erreur, murmura-t-elle. Les filles qui font ça sont dans une autre école et son plus grandes que moi.
L'homme fut si surpris par sa réponse qu'il s'immobilisa, si son expression resta neutre, son estomac se tordit de douleur et il espéra de tout cœur mal comprendre. Traitant l'information, il reprit ses mouvements et se dirigea vers l'enfant avec tellement de délicatesse qu'elle ne pensa même pas à se défendre. Lorsqu'il fut juste devant elle, il posa sa veste sur les épaules de la jeune fille qui ne revêtait qu'un pull trop petit et déchiré. Elle fut si secouée par cet acte de gentillesse que son souffle se coupa. Elle fixa l'homme avec d'immenses yeux écarquillés tandis que lui, respectueusement, se recula de quelques pas.
- Les filles qui font quoi ? demanda-t-il avec une voix qu'il voulait la plus neutre possible.
Ses yeux souriaient, il détailla l'enfant qui ne devait pas avoir plus de 12 ans. Ses cheveux blonds étaient en bataille, ses grands yeux étaient d'un bleu azur. Il constata avec étonnement que parmi toute sa chevelure blonde, une longue mèche de couleur rouge encadrait la partie droite de son visage. Elle pencha la tête sur le côté et lui répondit comme si c'était évident.
- Celles qui font plaisir aux hommes, répondit la jeune fille avec un regard innocent.
Le sang du ninja se glaça, il fit de son mieux pour contenir la colère qui bouillait dans ses veines. Il continua de sourire avec bienveillance à travers son masque.
- Ne t'inquiète pas, je suis venu ici avec des collègues pour vous libérer, toi et les autres enfants.
- Nous libérer ?
La jeune fille sentit sa poitrine se gonfler d'un sentiment qu'elle n'avait encore jamais connu : l'espoir. La situation semblait tellement inespérée qu'elle s'interdit d'y croire instantanément.
- Oui, vous libérer. Vous sortir d'ici, vous rendre à vos villages d'origine, à vos familles. Vous n'avez rien à faire ici dans cette prison.
Une vague de tristesse envahit la jeune fille qui baissa la tête.
- C'est gentil monsieur mais… Je ne connais pas mes origines.
Elle espéra de tout cœur que malgré tout ils la laisseraient s'enfuir d'ici, errer dans la nature jusqu'à trouver un endroit où elle pourrait vivre.
- Tu ne sais peut-être pas où aller mais moi je connais un endroit où tu te sentirais à ta place, répondit l'homme masqué.
Elle releva la tête vivement, le regard empli d'une deuxième vague d'espoir.
- Où ça monsieur ?
- Dans mon village, à Konoha.
Le ninja tendit prudemment sa main vers la jeune fille, l'invitant à le suivre. Elle s'approcha et l'attrapa timidement, sous l'effet de tant d'émotions qu'elle se laissa complètement guider. Il l'entraîna dans le couloir, puis jusqu'à la porte principale du bâtiment qui était défoncée. Elle n'était jamais sortie d'ici, ne savait rien du monde extérieur. Telle un animal domestiqué, elle se stoppa nette au moment où l'homme l'entraîna dehors. Il se retourna, surpris, et vit la peur qui se dessinait face à l'inconnu. Il se mis face à elle et se pencha pour être à sa hauteur.
- Ne t'inquiète pas, je suis là pour te protéger, tout va bien se passer.
Puis il lui ébouriffa les cheveux et l'entraîna doucement vers l'extérieur. L'enfant ne se retourna même pas pour voir une dernière fois la terrible bâtisse dans laquelle, aussi longtemps qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours vécu. Ils rejoignirent un groupe avec d'autres adultes qui portaient le même bandeau que son sauveur. Il y avait un homme avec une coupe au bol et des gros sourcils, un homme avec les cheveux noirs qui était en train de fumer une cigarette, et une femme magnifique avec les cheveux noirs et les yeux rouges. Chaque adulte avait un enfant avec lui. Elle les reconnu immédiatement comme ceux qui étaient prisonniers avec elle. Elle ne leur avait jamais parlé car elle ne sortait de sa cellule que pour s'entraîner avec les senseis mais elle les avait déjà aperçus de loin.
- Tu en as mis du temps Kakashi ! dit l'homme à la coupe au bol.
- Quel est le topo ? demanda celui-ci, ignorant la remarque de son collègue.
- Ces trois-là se souviennent d'où ils viennent, je propose qu'on se sépare et que chacun ramène un enfant à son village, proposa l'homme qui fumait.
- Celle-ci rentrera à Konoha avec moi, dit Kakashi en tapotant la tête de la jeune fille.
Ils s'organisèrent ainsi au travers d'une discussion rapide et efficace. Comprenant qu'ils allaient se séparer, la jeune fille fit un signe de tête aux autres enfants en guise d'au revoir. Elle ne les connaissait pas mais ne pouvait que se sentir liée à eux de par leur emprisonnement commun. Ils se sourirent silencieusement, encore trop secoués pour être capables de parler.
Très vite, la jeune fille se retrouva à nouveau seule avec son sauveur. Il lui posa une main bienveillante sur l'épaule afin d'attirer son attention. Elle leva ses grands yeux azur vers lui, il constata avec inquiétude qu'elle pleurait.
- Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il.
Elle tenta tant bien que mal de stopper ses larmes qui coulaient de façon incontrôlables.
- Si monsieur, tout va bien ! Tout va très bien même !
Elle se mit à rire tout en continuant de sécher les larmes qui coulaient sans s'arrêter. Il comprit alors que la jeune fille était tout simplement heureuse et qu'elle n'avait pas l'habitude de gérer cette émotion.
- Comment tu t'appelles ? demanda Kakashi.
- Ils m'ont toujours appelé Mina monsieur, je ne sais pas si c'est mon vrai prénom.
- Je peux t'appeler Mina alors ?
Elle acquiesça et fit un franc sourire à son sauveur. Elle n'avait pas l'habitude de sourire et ce simple geste lui fit un bien fou. Elle se mit à rire à nouveau tandis qu'il lui pris la main et l'entraîna avec lui
