INTRODUCTION
Un bruit de tintement de plusieurs verres se saluant délicatement entre eux se fit entendre, avant que chacun ne se fassent porter vers des lèvres souriantes radieusement.
Puis, après que les membres de cette petite assemblée se furent délecter d'une gorgée de whisky pure-feu, le membre masculin le plus âgé de ce groupe leva son verre plus haut, avant de proclamer d'une voix solennelle:
"Après un long épilogue de trois ans: voici que commence enfin une nouvelle histoire. À votre avenir mes enfants. Et sachez que je suis fier de chacun d'entre-vous. Aussi bien de mes enfants de sang que de cœur"
"Arrête Arthur - sanglota Molly Weasley le regard déjà complètement inondé. Tu vas faire pleurer tout le monde"
"Pour l'instant, il n'y a que toi Maman!" - ironisa Georges.
Ce qui fit rire tout le monde; mais les combla également comme à chaque fois que Georges souriait ou plaisantait franchement. Surtout que ça ne faisait pas si longtemps que ça qu'il s'en montrait de nouveau capable depuis la mort de son jumeaux durant la Bataille de la Victoire. Et Merlin seul savait à quel point Fred manquait terriblement à tout le monde.
"Alors le garçons - lança Fleur à l'égard de Harry et Ron. Vous n'êtes pas trop stressés pour votre première journée en tant qu'aurors lundi?"
Les deux interpellés affichèrent le même sourire crispé.
"Du tout - commença faiblement Ron, avant de continuer d'un air passablement horrifié: on est carrément flippés oui!"
Ce qui déclencha un nouveau rire général.
"Ne vous inquiétez pas! - les rassura le patriarche Weasley. Déjà côté accueil: vous êtes Harry Potter et Ronald Weasley. Donc, rien à craindre de ce côté là. Et puis, une fois que vous aurez trouvé vos marques et commencé à mieux connaître tout le monde, le reste se fera naturellement"
"Papa a raison! - les rasséréna à son tour Bill. Tout se passera bien! Détendez-vous, et profitez de votre dernier week-end de vraiment libre!"
"J'aurai pas dit mieux frangin! - psalmodia Georges en finissant son verre d'une traite. D'ailleurs, si on se mettait de la musique et se dandinait un peu!"
"Excellente idée mon chéri!" - approuva Molly en se dirigeant vers la platine vinyle que Hermione avait offerte à Arthur pour son dernier anniversaire en assurant que c'était redevenu tendance chez les moldus.
Et en parlant de la jeune sorcière, celle-ci en profita pour sortir prendre l'air dans le jardin du Terrier, après avoir rejeté plutôt froidement l'invitation à danser de Ron, et tout en ignorant le voile de tristesse qui recouvrir son regard, de même que la mine contrite de Harry.
Une fois qu'elle fut dehors, elle s'enveloppa de ses propres bras pour un peu se protéger du froid nocturne, tout en respirant un bon coup.
Cependant, elle dut se retenir de pousser un bon gros soupir blasé en entendant quelqu'un sortir de suite après elle de la maison. Elle se retourna légèrement s'attendant à voir Harry. Mais non! Apparemment, c'était au tour de Ginny de venir lui faire la leçon concernant Ron.
Bon, il était vrai qu'elle aurait pu être un peu plus chaleureuse avec lui. Cependant là, elle était claquée et n'avait pas l'énergie à faire des efforts.
"Tu as une mine affreuse - lui lança la rousse. Ça remonte à quel siècle la dernière fois que tu as fait une nuit complète?"
"Je ne sais pas. Rien que encore cette semaine ça a été la folie. C'est d'ailleurs probablement pour ça que je ne vais sûrement pas trop m'attarder. J'ai encore deux dissertations à rédiger pour lundi. Et j'aimerai justement dormir autant que possible avant de m'y mettre"
"Il faut vraiment que tu lèves un peu le pied Hermione. Tu vas finir à St-Mangouste si tu continues à ce rythme"
"Je ne peux pas me le permettre. Tu le sais bien" - s'agaça légèrement la brune.
"Alors entre tes études et ton boulot: choisis au moins un des deux à mettre en stand-by pendant un temps"
"Je ne peux encore moins me le permettre. Si d'un côté, je mets mes études en pause: je risque de prendre un retard irrattrapable, rater de ce fait mes examens, et me compliquer un peu plus la tâche pour la suite. Et si de l'autre côté, c'est mon boulot que je mets en suspens: je n'ai plus d'argent qui rentre. Et donc, je ne peux plus manger, ni payer mon loyer, ni mes études"
"Et si tu suivais l'idée de départ de Harry" - suggéra précautionneusement Ginny.
"Non! Il est hors de question que je vive à ses crochets!" - répliqua Hermione d'un ton implacable.
"Ce qu'elle peut être têtue", songea la rousse.
Après quoi, un silence pesant s'ensuivit, jusqu'à ce que la brune relance la "conversation":
"Vas-y! Maintenant que tu as craché le premier morceau: crache le second concernant ton frère qu'on en finisse!" - fit-elle passablement dépitée.
Ginny soupira avant de se lancer.
"Tu ne crois pas que ça suffit? Tu ne crois pas qu'il a été assez puni maintenant? Combien encore de remises en question il va devoir faire et d'excuses à présenter? Combien de temps encore il va devoir faire pénitence?"
"Tu dis ça comme si je l'avais complètement rayé de ma vie" - grommela Hermione.
"Certes, tu lui adresses de nouveau la parole. Mais le moins possible. Et quand c'est le cas, c'est toujours très condensé, et la plupart du temps de manière sèche ou froide. Sans compter qu'à chaque fois qu'il vient gentiment vers toi, tu trouves toujours une excuse pour t'en éloigner, comme tu viens de le faire il n'y a pas dix minutes. Je sais que son moment d'égarement avec Lavande pendant que tu faisais ta dernière année à Poudlard t'a fait beaucoup de mal. Mais c'est tout ce que c'était. Un simple moment d'égarement. Moi aussi je lui en ai voulu. D'ailleurs, tout le monde lui en a voulu. Et sans pour autant l'excuser, on a tous plus ou moins compris comment il était en arrivé à retourner vers son ex. À ce moment-là, c'était déjà très tendu entre vous. Vous étiez loin l'un de l'autre. Tu ne répondais jamais à ces lettres. Puis la guerre, la mort de Fred et des autres étaient encore très fraîches… Enfin bref, tout ça pour dire qu'à cette époque, mon frère était émotionnellement très instable, et qu'il a juste perdu un temps son chemin. Mais il l'a aussi très vite retrouvé. Il a rapidement compris qu'il avait fait une grosse connerie. Même Lavande t'a présenté des excuses, alors que personne ne lui avait rien demandé. Quand à celles qu'il y a depuis que tu as rompu, il s'arrange toujours pour que ça ne soit jamais très sérieux; car au fond, il garde bon espoir que tu lui pardonnes entièrement et que tu lui reviennes un jour"
Hermione l'avait écouté sans l'interrompre dans la mesure où elle connaissait déjà ce discours par cœur. C'était toujours plus ou moins le même sermon qu'on lui prêchait depuis deux ans et demi à chaque fois qu'on essayait de la faire retomber dans les bras de Ron. À quelques nuances près cependant. Chacun y allait de sa petite touche personnelle.
"Que je lui revienne un jour - lâcha-t-elle lentement et blasée. Vois-tu Ginny, le problème avec toi et les autres c'est que vous restés bloqués sur son "petit égarement" comme si c'était le pire que j'avais à lui reprocher"
La rousse fut un moment perplexe, avant de reprendre:
"Après je me doute qu'il y a peut-être aussi une accumulation de tout un tas de choses. Je suis consciente que mon frère n'a pas toujours fait preuve de tact et de délicatesse…"
"Mais bon sang Ginny! Il ne s'agit pas de ça! - la coupa vivement Hermione. Ce n'est pas de tout ce qu'il y a eu durant notre scolarité dont je te parle! Non là, c'est de Malefoy dont il est question!"
La benjamine de la fratrie Weasley en resta interdite. Apparemment, il n'y avait pas qu'elle et les autres qui demeuraient bloqués sur un élément bien précis.
"Hermione, ne me dis pas que tu en es encore là" - lui lança-t-elle avec une certaine prudence dans le ton employé cependant.
"Si j'en suis encore là? - répéta la brune estomaquée. Ginny, je ne sais pas si tu réalises la gravité des paroles de Ron quand il a dit que…"
"Je sais parfaitement ce que mon frère a dit les deux dernières fois où le sujet de Drago Malefoy a été mis sur le tapis entre vous. Et je te donne toujours entièrement raison d'en avoir collé une à Ron à chaque fois. Il le méritait. D'ailleurs, si j'avais été là, je lui aurais probablement fait l'autre joue. Mais là aussi , toujours sans l'excuser, il a su se remettre en question et reconnaître le mal qu'il a fait. Sérieusement! Tu crois vraiment qu'il n'est pas sincère quand il dit qu'il est désolé pour ça aussi? Tu penses réellement que ce sont des paroles en l'air pour uniquement t'apaiser? Qu'il n'est nullement conscient que ce qu'il a dit était indécent et cruel? Et bien laisse-moi te dire que ça l'a drôlement fait réfléchir et mûrir. Il s'en est énormément voulu, et s'en veut encore. D'ailleurs, ne dit-on pas faute avouée faute à moitié pardonnée"
Hermione ne répondit pas tout de suite. À la place, elle se contenta de détourner son regard de son amie pour le reporter sur le ciel particulièrement étoilé ce soir-là.
"Je le sais bien - finit-t-elle par admettre plus calme. J'ai bien réussi à lui pardonner à moitié pour Lavande. Mais sans que je ne sache pourquoi: dès que j'essaye de le faire pour Malefoy ça coince. Je n'y arrive pas. Faut croire qu'il m'a tellement choquée, dégoûtée et déçue que même après tout ce temps je ne parviens toujours pas à décolérer"
"Écoute-moi - fit doucement Ginny avec bienveillance. Je ne sais pas ce qui peut bien se passer dans ta tête pour que tu t'accroches à Drago Malefoy comme tu le fais. Mais dis-toi ceci: Ça fait trois ans à présent! Trois ans! Et comme mon père l'a si bien déclamé ce soir: une histoire se termine, et une autre commence. Il faut que tu tournes la page Hermione. Si tu ne le fais pas ni pour toi ni pour Ron, fais-le au moins par respect pour Malefoy. Tu dois le laisser partir maintenant. Tu dois laisser Drago Malefoy reposer en paix"
…à suivre
