Remus
Un sentiment de vide me réveilla, j'ouvris brusquement les yeux et constata que Nohela n'était plus allongée sur moi. Un coup d'œil sur ma gauche me confirma qu'elle n'était pas non plus à mes côtés. Je tendis l'oreille dans le but de la localiser. Je discernai assez rapidement le bruit de ses pas, ce qui me soulagea. Ma vue améliorée me permit de percevoir sa silhouette dans la pénombre. Elle était en train de contourner le lit pour se diriger vers sa salle de bain.
Soudain, le clapotement régulier de ses pas s'arrêta et je la vis chuter. Je me levai, affolé pour voir ce qui se passait. Dans ma précipitation, je me pris l'orteil dans le coin du lit.
— Putain de merde ! jurai-je en me tenant le pied de douleur.
J'éclipsai vite ma douleur au second plan et je rejoignis Nohela en boitant. Elle était assise par terre, couverte de sueur, le visage pâle, sans expression.
— Nohela, ça va ? demandai-je paniqué.
Aucune réponse.
Je m'accroupis et pris son visage entre mes mains. Je la scrutai attentivement, à la recherche d'un quelconque indice qui pourrait m'aider. Elle avait l'air d'être au bord de l'évanouissement. Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait et ça me faisait peur. Ses yeux étaient vitreux, son regard perdu dans le vague. Elle inspirait et expirait méthodiquement, ne prêtant aucune attention au monde qui l'entourait.
— Réponds-moi mon ange, tu me fais peur … tentai-je à nouveau.
Un coassement de douleur sortit de sa bouche, me chamboulant. J'étais complètement désemparé face à la situation. Moony me hurlait qu'elle souffrait, que je me devais de l'aider, de la protéger.
Mais je ne savais pas quoi faire.
Je laissai alors mon instinct prendre les devants, fortement aidés par Moony en arrière-plan. Je déposai un baiser sur son front moite de transpiration, puis je la pris dans mes bras telle une princesse et je nous remis au lit. Je l'allongeai sur le dos, tandis que je me positionnai à côté d'elle. Je posai de multiples baisers aussi légers que des papillons sur son visage, puis je plaçai une de mes mains brûlantes sur son bas-ventre. J'entrepris de masser délicatement la zone dans l'espoir de soulager sa douleur.
Au bout d'un moment, qui me parut une éternité, sa respiration devint plus profonde, elle s'était endormie.
Je laissai ma main où elle était, n'osant pas m'endormir à mon tour de peur qu'elle puisse souffrir dans mon sommeil. Je décidai alors sur un coup de tête de rester éveillé pour la surveiller.
Fixant un point au loin, la main toujours sur le ventre de Nohela, je ne pouvais m'empêcher de me dire que la situation m'échappait complètement. Jamais je n'aurais imaginé que des menstruations pouvaient se passer ainsi. Lily n'avait à ma connaissance aucun problème de ce style. Je ne savais vraiment pas comment m'y prendre et ça me frustrait. La voir souffrir sans rien pouvoir y faire était insupportable et flippant. J'essayais de me remémorer tout ce que mes amies ou même James m'avaient dit au sujet des règles. Soudain, une bribe de conversation sur le sujet avec Marlene me revint en tête.
Je posai ma tête sur le ventre de Nohela, puis embrassa la peau douce de son ventre que son tee-shirt avait découvert. En espérant que ce que m'avait raconté Marlène était vrai.
J'inspirai l'odeur que dégageait mon petit corbeau. Son parfum habituel si enivrant était mélangé à l'odeur de sang, mais je m'en fichais. Je fermai les yeux un instant, me concentrant sur son rythme cardiaque et sur sa respiration. Ils étaient réguliers et cela me rassurai, je soupirai de soulagement et me laissai aller à la quiétude du moment.
Les doigts qui glissaient et entortillaient mes cheveux me sortirent peu à peu de ma léthargie.
J'avais dû m'assoupir de fatigue.
Je n'avais cependant pas bougé pendant la nuit, à mon grand soulagement. J'étais encore installé entre ses jambes, la tête posée sur son ventre. Elle n'avait pas dû avoir de nouvelle crise de douleur. Compte tenu de ma position, un seul mouvement de sa part m'aurait réveillé.
Sans rouvrir les yeux, je humai son odeur puis déposai un baiser sur la bande de peau que son tee-shirt avait découvert, tandis que j'effleurai tendrement ses cuisses du bout de mes doigts. Mon baiser lui provoqua des frissons, ce qui gonfla mon cœur de fierté. Je sentis la chair de pouls que provoquaient mes caresses sur ses cuisses et grognai d'approbation.
J'adorais avoir cet effet sur elle, je ne m'en lasserais jamais.
Je recommençai, laissant pleuvoir sur sa peau une myriade de baisers. Elle gigota légèrement, puis empoigna mes cheveux pour guider ma tête vers la sienne. Elle écrasa ses lèvres contre les miennes. Je gémis à la sensation de sa bouche chaude contre la mienne. Je pris appui sur mes coudes pour ne pas l'écraser et pris le baiser en main. Je léchai le contour de ses lèvres et mordillai sa lèvre inférieure. Elle ouvrit la bouche, me permettant d'approfondir le baiser. Ma langue vint à la rencontre de la sienne, son goût unique envahit mes sens. Je grognai d'extase et continuai à l'embrasser plus férocement. Je le sentis se liquéfier dans mes bras et putain, que c'était bon.
— Décidément tu grognes beaucoup Lupin, haleta-t-elle.
Un nouveau grognement sortit de ma poitrine à sa remarque, la faisant glousser. Son excitation parvint à mes narines, ce qui me fit gémir. Un feu se réveilla en moi et consuma mon bas ventre.
Nohela se cambra et son bassin rencontra mon aine. Mon souffle se coupa à la sensation. La chaleur dévorante qui se logea dans mon bas-ventre m'étouffa.
Ses petites mains vinrent se poser sur mes flancs puis glissèrent dans le bas de mon dos. Elle appuya fortement contre mes reins m'obligeant à me rapprocher d'elle.
J'étais foutu, elle me rendait fou.
Fou d'elle…
Je devais calmer le jeu, sinon, je ne répondrais plus de rien et le programme que j'avais prévu pour elle n'impliquait aucunement des parties de jambes en l'air.
Je me séparai de ses lèvres à contrecœur dans un grognement. Elle gémit en retour et je vins tracer une ligne de baiser partant de derrière son oreille jusqu'à sa cicatrice. N'osant pas aller plus loin de peur que mes résolutions flanchent, je reculai mon visage pour plonger mon regard dans le sien. La couleur jade qui peuplait habituellement ses iris avait quasiment disparu. Ses pupilles étaient entièrement dilatées de désir.
J'embrassai le bout de son nez puis la commissure de ses lèvres avec amour. Elle inspira profondément, puis me poussa à m'allonger sur elle. Je devais peser une tonne, mais elle n'avait pas l'air de s'en soucier. Je transpirais le bonheur, elle était mon cœur, mon tout, je ne pouvais plus concevoir ma vie sans elle. Elle était mon ange gardien tombé du ciel après toute la merde que j'avais vécu.
Comme ma tête reposait sur sa poitrine, j'en profitai pour renifler comme un fou son parfum, tandis qu'elle jouait avec quelques mèches de mes cheveux. La sensation était agréable, je ronronnais de bien-être.
A moi, elle était à moi
— Merci, souffla-t-elle.
— Pourquoi, mon ange ? demandai-je confus.
— Pour hier soir, merci de m'avoir aidé à gérer ma douleur.
— Pas besoin de me remercier pour ça, mon petit corbeau. J'espère que je n'ai pas trop compressé ton petit ventre avec mon énorme tête.
— Non, c'était parfait, vraiment. J'ai pu dormir sans trop de douleur grâce à toi, c'était agréable.
— Tu as mal comme ça souvent ? m'inquiétai-je.
— Non, seulement le premier jour et surtout la première nuit, le lendemain j'ai un peu mal, mais c'est supportable, m'expliqua-t-elle.
Je hochai la tête tandis qu'elle continuait à entortiller mes cheveux autour de ses doigts. Elle soupira puis se tortilla sous moi, n'y tenant plus je la pris dans mes bras et me retournai.
Elle était à présent étendue sur moi. Elle gloussa puis se redressa. Elle s'assit à califourchon sur moi puis embrassa chastement mon front. Ses mains se mirent à parcourir mon torse. Elle commença par mes pectoraux puis descendit jusqu'à mes abdominaux. Elle se mordit la lèvre inférieure puis déposa un doux baiser au-dessus de mon cœur. Celui-ci se gonfla d'amour en réponse et fit une embardée.
Sans réfléchir, comme mue par une force invisible, je posai mes mains sur ses hanches. J'écartai mes doigts pour taquiner la peau de ses fesses. Elle gémit au contact, sa plainte m'embourba dans le plaisir.
Mauvaise idée, Lupin, très mauvaise.
Je remontai vite mes mains pour les laisser reposer sur sa taille, mes doigts pianotant au niveau de la courbure de ses reins. Je soupirai de frustration et cette traitresse ne trouva rien de mieux à faire que de venir mordre la peau de mon pectoral, mettant à rude épreuve le peu de bon sens qui me restait.
— Arrête ça mon ange, tu repousses mes limites, la suppliai-je.
Elle se redressa et un sourire triomphant vint se loger sur son visage.
— C'est justement ce que j'essaye de faire Lunard, imploser tes limites, dit-elle malicieusement.
Putain !
Je grognai, l'entendre parler français, qui plus est, en évoquant mon loup me m'était en émoi.
— Tu joues à un jeu dangereux, Nohé, grommelai-je, ma voix emplit de désir.
— Je prends le risque, me répondit-elle avec détermination.
Elle passa ses mains sur mes cheveux, puis pris mon visage en coupe, elle baissa sa tête vers la mienne. Je me dégageai vivement de son emprise avant qu'elle ne m'embrasse. Si ses lèvres se posaient une fois de plus sur les miennes, mon cerveau allait court-circuiter. Ça faisait bien trop longtemps que je n'avais pas été avec une femme et je n'avais pas autant de contrôle que je ne le voudrais.
Je sortis du lit en vitesse. Elle geignit de désapprobation, puis s'assit en tailleur pour me détailler. Son regard émeraude balaya mon corps de haut en bas et un sourire en coin apparut sur son beau visage.
— Que tu es beau … dire que tu es à moi. J'en ai de la chance pardi, souffla-t-elle.
Ses yeux étaient emplis d'envies, mais je n'étais pas encore prêt à me donner entièrement à elle. J'avais encore bien trop peur que l'on me l'arrache, et je ne pourrais pas survivre à cette éventualité.
— Tout doux, mon ange, j'avais prévu autre chose pour aujourd'hui, dis-je avec amour.
Elle haussa les sourcils puis inclina la tête, m'incitant à continuer.
— Film et bouffe, ça te dit ?
Elle sauta du lit dans un cri de joie et percuta mon corps pour me donner un câlin. Sa spontanéité me fit rire.
Je fermai mes bras autour d'elle, puis embrassai le haut de sa tête.
— Je prends ça pour un oui, m'esclaffai-je
Elle hocha vigoureusement la tête contre ma poitrine, ce qui me fit de nouveau glousser.
Installé sur son canapé pour notre journée film, un Marty McFly apparut sur son skateboard sur l'écran. J'avais réussi à bidouiller un sort lors de mes années Poudlard, pour qu'on puisse regarder des films avec mes colocataires de chambre. Les technologies moldus ne fonctionnant pas dans l'enceinte de Poudlard, il était donc compliqué de diffusait quoique ce soit. J'étais bien content que le sort marche encore. Nohela était à fond dans le film.
Elle s'était allongée entre mes jambes, sa tête reposant sur mon torse tandis que j'avais passé mes bras autour d'elle, mes mains posées à plat sur son ventre, tel un étau protecteur.
Elle tenait un paquet de pop-corn dans ses mains, et mangeait avec gourmandise, me montrant qu'elle avait repris du poil de la bête.
Une Nohela qui mangeait était une Nohela en bonne santé, foi de Lupin.
J'embrassai ses cheveux avec tendresse et me reconcentrai sur le film. Ayant tous deux un de nos parents moldus, nous avions une culture moldu assez développée, le panel de film à voir fut donc assez large. Après une longue réflexion, Nohela décréta vouloir regarder la trilogie Retour vers le Futur en entier aujourd'hui. Face à ses yeux de cocker, je n'avais pas pu refuser. J'étais un faible en sa présence. J'avais juste espérer ne pas m'endormir en cours de route. J'avais vraiment du mal à me concentrais aussi longtemps sur un écran.
Vers le milieu du deuxième volet, je me mis à somnoler. Je piquais plusieurs fois du nez, la fatigue commençait à l'emporter sur ma concentration. J'étais à deux doigts de sombrer quand j'entendis Nohela souffler quelque chose qui me déplut instantanément.
— Il est beau Marty quand même.
Un sentiment douloureux de jalousie s'installa au plus profond de mon cœur, me réveillant complètement. Je redirigeai mon attention sur le film et étudiai un peu mieux le personnage. En effet, il était pas mal, jeune, riche, en bonne santé. Le sentiment de ne pas être assez bien pour elle me comprima la poitrine. Mes mains tremblaient, je ne voulais pas, je ne pouvais pas la perdre.
Elle se retourna précipitamment entre mes bras et prit mon visage dans ses mains, m'obligeant à la regarder. Ses pouces chassèrent les larmes sur mes joues. Je ne m'étais même pas aperçu que je pleurais.
— Remus, calme-toi, je blaguai, il n'y a que toi dans mon cœur. Je te le promets. Je n'ai pas besoin d'un super héros. Juste quelqu'un sur qui comptait, quelqu'un à qui je peux manquer, quelqu'un que je peux embrasser. Et tu es cette personne Remus. Tu es mien Remus Lupin et je suis tienne, me rassura-t-elle d'une voix douce.
Je savais très bien que ma réaction était disproportionnée voire maladive, mais rien n'était rationnel dans mon cas. La guerre m'avait bien plus traumatisé que je ne voulais bien l'admettre.
Je l'embrassais pour calmer mon syndrome de l'imposteur. Une bouffée d'amour m'étreignit, calmant mes peurs. Ses lèvres chaudes sur les miennes anesthésièrent mes craintes. Sa chaleur, son odeur, sa douceur m'ancrèrent dans le moment présent.
A bout de souffle, elle se sépara de moi. Elle nicha sa joue dans mon cou, y déposant un baiser au passage, me coupant le souffle. Je la serrai contre moi, craignant qu'elle m'échappe.
Elle recula au bout d'un moment, prit une de mes mains dans les siennes et plaça ma paume contre son cœur. Ses battements étaient forts et désordonnés.
— C'est l'effet que tu me fais Remus, mon cœur est à toi, murmura-t-elle.
J'expirai de soulagement.
Elle était à moi, elle était mienne.
Je glissai sur le canapé pour m'allonger. Nohela posa sa tête sur ma poitrine et se tourna pour regarder la fin du film. Mes bras entouraient ses épaules, mes doigts toujours sur sa poitrine, pour sentir les pulsations de son cœur. Je me concentrai sur le bruit que faisait son cœur tandis que je fermai les paupières. Un sentiment de plénitude m'enveloppa, puis je m'assoupis, ma semi-crise de panique m'ayant éreinté.
Pour me faire pardonner de ma longue absence ;)
