Eddie avait les larmes aux yeux et Buck détestait être celui qui le mettait dans cet état.

– Et tu n'as pas le droit de nous abandonner, tu n'as pas le droit...

– Hey Eds, je n'abandonne personne, ok ? tenta-t-il de la rassurer en lâchant son téléphone pour lui prendre la main. J'essaie seulement de faire ce qui est juste.

– Ce qui est juste, c'est que tu rentres à la maison à la fin de chaque service. Je ne veux plus jamais te voir dans un lit d'hôpital, en me demandant si tu vas t'en sortir.

– Je ne peux pas te le promettre, Eds, et tu le sais. Mais je te promets en revanche de faire plus attention et de faire le maximum pour rentrer à la maison. Ok ?

– Ne te sacrifie plus parce que tu te penses seul, c'est tout ce que je te demande.

– Je ne suis plus seul, lui sourit-il.

Il jeta un œil à son fils toujours paisiblement endormi.

Eddie dégagea sa main de la sienne et Buck reprit sa main pour lui. Il essayait de rester nonchalant mais la main d'Eddie dans la sienne était une chose rare et si précieuse. Il ne comprenait toujours pas pourquoi Eddie avait cet effet là sur lui mais il était certain que sa vie prendrait sens s'il se liait à lui.

Malheureusement, Eddie n'avait pas reparlé de sa demande et Buck se demandait s'ils étaient toujours fiancés ou si le fait qu'il ait la garde de Junior, même temporairement, avait tout changé pour eux.

Il se secoua.

Eddie n'avait proposé que pour l'aider à avoir un enfant et maintenant que c'était fait, il n'avait aucune raison de continuer cette mascarade. Il devait arrêter de penser à Eddie et Christopher comme étant à lui, même Junior ne lui appartenait pas.

Cette situation était temporaire et c'était tellement merdique.

– Je suis désolé, souffla soudain Eddie. Je sais que je n'ai pas le droit de te faire ça. La vérité c'est que je suis un hypocrite. A ta place, j'aurais fait la même chose pour te protéger. Si j'avais eu une meilleure conscience des risques, j'aurais pris ta place...

– Eds...

– Je suis seulement égoïste parce que je préfère mille fois me retrouver dans un lit d'hôpital que de t'y voir, toi. C'est tellement compliqué d'être impuissant, de ne rien pouvoir faire malgré mon envie d'agir. C'est perturbant et ça fait mal.

– Je te jure que je ne prendrai plus aucun risque ne me donnant que très peu de chance de survie.

– Tu sais bien que tu ne pourras pas t'en empêcher. Quand tu t'es porté au secours de Junior... ce que tu as fait...

– Je n'avais pas le choix, admit-il.

– Sans harnais, Buck, lui rappela-t-il. C'était de la folie.

– Junior pouvait basculer dans le vide à tout moment. C'était déjà un miracle qu'il ne soit pas tomber plus bas. Ses chances de survie n'étaient que de quinze pour cent mais le temps de récupérer un harnais et elles tombaient à quatre.

– Et tes chances à toi ? lâcha-t-il en déglutissant. Elles étaient à combien sans harnais ?

– Je devais le tenter.

– C'était combien Buck ? Trente ? Vingt-cinq ? Vingt ?

– Treize, admit-il en le voyant se figer. Mais j'avais oublié un paramètre qui a faussé le calcul.

– Je ne suis pas sûr de vouloir savoir combien de risques supplémentaires tu as pris.

– Ecoute-moi, Eddie ! Ce truc dans ma tête, ça ne s'arrête jamais. Je veux dire, mon cerveau ne se contente pas de me donner un chiffre, il réévalue en permanence et tout s'ajuste continuellement. Ce jour-là, comme à chaque fois qu'on bosse ensemble, ta présence a réhaussé mes chances de plus de soixante pour cent.

– Quoi ?

– J'étais complètement focalisé sur Junior et je n'ai pas pris en compte ta présence, et ton soutien correctement, lui expliqua-t-il. Ça n'arrive pour ainsi dire jamais mais je crois que j'avais trop peur de ce qui pourrait lui arriver pour être vraiment concentré. Le fait est que lorsque je t'ai senti m'agripper j'ai su que je pouvais tenter un gros coup à moindre risque.

Buck vit dans les yeux d'Eddie qu'il comprenait ce qu'il était en train de lui expliquer.

C'était doux et chaleureux et s'il ne savait pas mieux il aurait même pu lire de l'amour au fond de ce regard chocolat. Avant qu'il ne comprenne vraiment, les lèvres d'Eddie étaient sur les siennes et plus rien n'avait d'importance. Là où tout était chaos et tumulte, se tenait à prenant néant et silence.

Eddie se dégagea soudain et Buck reprit conscience du poids sur son épaule.

Junior dormait, toujours inconscient du raz-de marée, que ce simple baiser avait provoqué en lui. Eddie semblait sur le point de défaillir alors qu'il se rendait compte de ce qui venait de se passer entre eux.

Buck ne pouvait pas faire ça maintenant et il se leva sous les yeux de son meilleur ami.

Fiancé ?

Il quitta le salon avec un « je reviens » et se dirigea tout droit dans leur chambre pour déposer son bébé dans son berceau. Il l'embrassa sur le front, s'assura qu'il respirait correctement, en passant son doigt sous son nez. Puis, il quitta silencieusement la pièce avant de retourner vers Eddie.

A son approche, Eddie se leva l'air complètement dévasté. Il était livide et sur le point de pleurer.

– Je suis désolé, s'excusa-t-il immédiatement. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je te promets que...

Buck ne le laissa pas terminer sa phrase et agrippa son visage pour planter ses lèvres sur les siennes. Eddie se pressa immédiatement contre lui, ployant dans ses bras et Buck lui demanda accès à sa bouche qu'il lui accorda instantanément.

– Si tu savais depuis combien de temps j'attends ça, souffla-t-il en quittant ses lèvres pour parcourir la peau de son cou de petits baisers.

Eddie pencha la tête en arrière, les yeux fermés, complètement offert à lui.

– Combien de temps ? haleta-t-il.

– Beaucoup trop.

Il captura de nouveau ses lèvres.

Il ne pourrait plus jamais se passer de leur goût et du sentiment d'apaisement qu'elles lui procuraient. Son cœur battait frénétiquement dans sa poitrine et il était sûr que son rythme était irrégulier mais il aimait tellement ça.

– Tellement envie de toi, souffla-t-il.

– Moi aussi, admit Eddie.

– Mais je dois faire des recherches avant, tu sais... Je n'ai jamais... avec un homme.

– Moi non plus.

– On va y arriver, lui sourit-il. C'est sûr... à cent pour cent.

– C'est le genre de statistique que j'aime, lui sourit-il.

Buck l'embrassa de nouveau le plaquant contre le mur.

Il sentit Eddie haleter dans le baiser lorsque qu'il broya son érection contre la sienne. Il intensifia la cadence en rythme avec les gémissements d'Eddie, ou les siens peut-être. Certainement les deux leurs, mais il n'y pensait plus. Seul comptait le plaisir qu'il ressentait et surtout celui qu'il donnait à Eddie.

Il accrocha ses lèvres à son cou, lui suçotant quelques marques au passage.

– Buck, je... Je vais...

– Moi aussi, souffla-t-il d'une voix rauque accentuant le mouvement.

Il se répandit dans son short alors qu'Eddie gémissait son propre orgasme à son oreille. Buck posa son front sur l'épaule de son partenaire reprenant son souffle. Il entendait la respiration rapide d'Eddie, sentait son souffle erratique contre sa peau, il pouvait presque compter les battements frénétiques de son cœur sous ses doigts.

Toute son attention était focalisée sur lui, plus rien d'autre ne comptait, à ce moment précis, que Eddie et son bien-être. Tout le reste restait en sourdine comme absent de son esprit.

Jamais aucun partenaire, sexuel ou non, ne l'avait fait se sentir aussi en paix avec lui-même et ils n'avaient rien fait d'autre que de se frotter l'un contre l'autre comme deux adolescents. Buck n'osait imaginer dans quel état il serait quand ils pourraient avoir de vraies relations sexuelles.

Tout était inconnu avec Eddie mais tellement mieux que ce qu'il avait pu imaginer.

– Je vais faire des recherches, lui promit-il lorsqu'enfin il releva les yeux sur lui. Je vais faire mieux que ça.

– Je suis déjà comblé, souffla Eddie en capturant ses lèvres.

– Tu mérites mieux que ça et je veux tout tester avec toi.

– Je suis sérieux, Buck. Cette séance de broyage était plus intense que tout ce que j'ai connu jusqu'à présent.

– Pour moi aussi, lui sourit-il niaisement.

– Alors pas de pression, à notre rythme.

– A notre rythme.

– Oh et au cas où ce n'était pas assez clair : je t'aime.

– Je t'aime aussi.