Buck se réveilla avant le réveil.
Il se redressa pour regarder l'heure mais Eddie resserra son étreinte sur lui, en grognant que ce n'était pas l'heure. Il eut envie de rire de son air bougon du matin mais se contenta d'apprécier le câlin.
Eddie était tellement mignon.
Il déposa un baiser sur ses cheveux et Eddie fondit contre sa poitrine, en relâchant un peu son étreinte. Il joua avec ses cheveux en pensant à sa vie, à son bonheur. Il avait sa routine maintenant et il était heureux. Même s'il y avait toujours cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, il n'y pensait pas vraiment comme un problème. C'était juste là en latence comme faisant partie intégrante de son quotidien.
Le réveil sonna et il se dégagea pour l'éteindre, un Eddie tout ébouriffé entre ses bras, refusant de le lâcher.
– Aller, mon ours mal léché, c'est l'heure.
– Connard, grogna-t-il.
– Je t'aime aussi, s'amusa-t-il en l'embrassant.
Il se leva et alla réveiller leurs garçons, laissant le temps à Eddie d'émerger.
Buck savait depuis des années qu'il n'était pas du matin et il avait appris à lui laisser du temps. Christopher s'attabla rapidement à son petit déjeuner et Junior dévorait déjà son biberon quand Eddie fit son apparition, pas encore tout à fait l'air humain mais Buck adorait son air chiffonné du matin.
– B'jour, marmonna-t-il en se dirigeant tout droit vers « la machine à café de l'enfer » comme il l'appelait.
C'était une blague de Buck pour souligner sa réticence à utiliser la technologie mais Buck l'avait programmé pour que le café d'Eddie soit prêt au moment exact où il entrait dans la cuisine.
Eddie le récupéra et s'installa à table en soupirant.
Buck le trouvait vraiment adorable à vivre au quotidien et il profitait de cette vue autant que possible car dès qu'il aurait finit son café, Eddie redeviendrait un être humain de bonne humeur et rangerait l'ours au placard jusqu'à son prochain réveil.
Junior termina son biberon et commença à remuer.
Buck le prit dans ses bras pour le câliner. Il croisa le regard d'Eddie qui l'observait en silence avec un air amoureux sur le visage et Buck se sentit rougir. Il rougissait à chaque fois qu'Eddie le regardait de cette façon, ce qui revenait à dire, à un peu près tout le temps.
C'était un miracle que personne dans leur entourage n'est encore comprit ce qui se passait entre eux. Pas que Buck ne souhaitait pas le dire à tout le monde mais leur relation était encore jeune et il ne voulait pas se mettre une pression inutile en étant scruté par tout le monde.
– Je dois prendre une douche, se contenta-t-il de dire.
– Je m'occupe des enfants, affirma Eddie en tendant les bras pour récupérer Junior.
Buck se leva et lui remit son fils.
Eddie le serra contre lui et agrippa son t-shirt le faisant redescendre sur ses lèvres pour un baiser. Buck fondit dans le baiser quelques secondes en souriant comme un idiot, il en était sûr, mais il ne pourrait plus jamais se passer de toutes ces petites marques d'affection qu'il recevait au quotidien.
Qui aurait pu deviner qu'Eddie soit aussi câlin et tactile ?
– Beurk, vous êtes dégoutant, s'exclama Christopher, les faisant se séparer.
– Non, ce n'est pas dégoutant, s'insurgea Buck. Ton père n'a rien de dégoutant.
– Je préfère qu'il pense que c'est dégoutant, se moqua Eddie. Il est trop jeune pour trouver ça normal.
Buck eut envie de rire en voyant la grimace d'Eddie. Il était persuadé qu'il venait d'imaginer Christopher en train d'embrasser quelqu'un de cette façon, et ça n'avait clairement pas l'air de lui plaire. Buck devait admettre que cette idée ne lui plaisait pas non plus, en fait.
Il prit une douche éclair et vit que Christopher et Junior étaient déjà habillé et prêts à partir.
– Je… Je voulais passer voir Kam avant…
– Je dépose Chris à l'école et Junior à la garderie, le coupa Eddie. Prends ton temps. On se retrouve au 118 ?
– Ouais, souffla Buck. Je t'aime.
– Je t'aime aussi.
Il l'embrassa, ébouriffa les cheveux de Christopher, qui râla parce qu'il l'avait décoiffé, et déposa un baiser sur le sommet du crâne de Junior, avant de quitter la maison.
Le trajet jusqu'à l'hôpital était lui aussi routinier et se fit rapidement.
Lorsqu'il arriva dans la chambre de Kameron, il déposa un baiser sur son front, comme d'habitude et lui parla des progrès de Junior. Lorsque l'heure de partir arriva, il lui promit de revenir avec son fils la prochaine fois et il quitta la chambre pour voir le médecin venir vers lui.
– Content de vous voir monsieur Buckley, je voulais vous parler de l'état de votre amie.
– Une amélioration ?
– Non, justement. Je suis désolé, monsieur Buckley mais nous avons décidé de la débrancher.
– Que… ? Quoi ? Mais attendez, elle a encore une activité cérébrale, vous ne pouvez pas faire ça.
– Son activité est minimale et est sûrement dû à l'état de mi-vie dans lequel nous la maintenons.
– Vous ne pouvez pas faire ça, son fils a besoin de sa mère, plaida-t-il.
– Je suis désolé mais votre amie n'est déjà plus là.
– Je vous interdit de faire ça, gronda-t-il.
– Vous ne pouvez pas, lui rappela-t-il. Vous n'êtes pas son contact d'urgence et son mari est mort dans cet accident.
Buck sentit sa mâchoire grincer au rappel de la perte de son ami.
– Ecoutez, je sais que c'est dur mais vous devez la laisser partir, s'adoucit le médecin. Ce n'est pas sain, ni pour vous, ni pour l'enfant de la maintenir ici. Cet espoir est vain monsieur Buckley.
Ce médecin n'avait aucun tact et son cerveau le lui criait.
Mais il avait raison. Les chances étaient minces et Buck savait qu'il s'accrochait à un espoir très petit. Il était de ceux qui ne lâchait rien, même s'il restait une chance sur un million, il espérerait.
Mais le médecin savait où appuyer et Junior était encore à un âge précoce où il ne se souviendra pas de sa mère. Le manque serait peut-être moins dur pour lui. Junior, c'était son bien être qui comptait maintenant, pas sa culpabilité de ne pas avoir pu les sauver tous les deux.
– Est-ce que… Je peux revenir demain avec le petit, pour lui dire au revoir ?
– Bien sûr, lui sourit le médecin.
Il quitta l'hôpital encore hébété.
Il arriva à la caserne et se changea rapidement en silence. Il sentit soudain la présence d'Eddie dans la pièce et il pouvait ressentir son inquiétude de là où il se trouvait sans même le regarder.
– Qu'est-ce qui se passe ? souffla-t-il au bout de quelques minutes de silence.
– Ils vont la débrancher.
– Oh !
– Ils disent qu'elle n'est plus là et qu'il ne faut pas s'acharner. Qu'il faut se laisser la chance de faire son deuil, que ce n'est pas sain pour Junior cette situation.
– Et toi ? demanda Eddie en venant le rejoindre. Tu en penses quoi ?
– Je trouve ça injuste parce qu'ils le voulaient tellement ce bébé, affirma-t-il en se tournant vers lui. Et en même temps, je suis soulagé parce que ça veut dire que Junior va rester avec moi. J'ai l'impression d'être une personne horrible.
– Ça fait juste de toi quelqu'un d'humain, Buck, juste quelqu'un d'humain. C'est la situation qui est horrible, pas toi. Toi, tu es extraordinaire et je sais que tu n'aimes pas ça mais je te le redirais autant de fois qu'il faudra pour qu'enfin tu puisses y croire. Tu es un être exceptionnel et je t'aime.
Buck lui sourit parce qu'Eddie savait comment l'aider à se sentir mieux comme personne ne savait le faire.
Il sursauta quand l'alarme se déclencha et suivi son petit-ami. Le trajet fut court et comme d'habitude, il se préparèrent à entrer dans le bâtiment.
Le feu était brûlant et sa densité ne faisait que s'accentuer.
Ils vérifièrent chaque étage mais Bobby leur demanda de sortir de toute urgence. Il suivit donc Eddie alors que son cerveau se mit en alerte. Il attrapa instantanément la main d'Eddie pour le forcer à s'arrêter.
– Buck ? demanda Eddie en se tournant vers lui alors qu'il regardait en tout sens cherchant où était le danger qu'il avait perçu sans en avoir conscience.
Eddie se rapprocha de lui ignorant la voix hurlante de Bobby dans sa radio et lui prit les mains.
– Dis-moi juste par où nous devons aller et je te suivrai, lui affirma-t-il en toute confiance.
Buck se contenta de sourire dans son masque à oxygène, et lui fit signe de le suivre vers un chemin plus sécurisé, sans se douter que, encore une fois, son don venait de leur sauver la vie.
