Eddie porta son verre à ses lèvres et regardant Buck jouer avec les enfants.

Malgré tout ce qui s'était passé ces derniers mois, ces dernières semaines et même ses derniers jours, malgré son lot de coups durs et de déconvenues, il restait cette même boule d'énergie, toujours prêt à tout pour faire plaisir à tout le monde, pour offrir du bonheur à tous les membres de leur grande et drôle de famille.

C'était leur premier week-end où tout le monde était disponible et le soleil avait décidé d'être au rendez-vous. Ils avaient prévu cet après-midi sur la plage et il savait déjà qu'il allait devoir faire face à un monumental accident de sucre dans la soirée, autant de Christopher que de Buck, qui s'empiffrait de cupcakes, dès qu'il pensait que personne ne pouvait le voir.

Eddie savait qu'il ne devait pas mais il trouvait ses manières enfantines tellement adorables qu'il ne pouvait pas se résoudre à lui en vouloir.

Buck avait appris ce matin que Kameron respirait toute seule.

C'était une bonne nouvelle pour la jeune femme parce que même si elle était toujours dans le coma, elle continuait de se battre pour vivre et que les médecins ne pouvaient plus simplement la débrancher.

Buck était soulagé même s'il savait que la situation ne pouvait pas durer éternellement. Kameron allait devoir, ou se réveiller et récupérer son enfant, ou cesser de se battre et simplement lâcher prise.

Quelle que soit l'issue, Buck souffrirait et Eddie se détestait de ne pas savoir comment l'en préserver. Il voulait seulement que Buck soit heureux.

Il méritait tellement d'être enfin heureux.

Et dire qu'il aurait pu le perdre seulement quelques jours plus tôt dans ce maudit incendie. Eddie louait le ciel que Buck ait ce don inestimable de voir ce qui devrait normalement lui échapper. Le toit de la structure s'était effondré quelques secondes après qu'ils aient fait demi-tour et ils avaient été à quelques secondes de se le prendre sur la tête.

Heureusement, Buck avait trouvé une sortie plus sûre de l'autre côté du bâtiment.

Eddie avait pu voir son don à l'œuvre, en pleine conscience, et il avait été impressionné. Lorsqu'ils étaient sortis, Bobby leur avait passé un savon et Eddie s'était chargé de lui redonner un peu de bon sens, en lui rappelant que Buck était un pompier formidable, doué et beaucoup plus prudent qu'il ne l'imaginait et qu'ils ne s'en étaient sortis que grâce à son intelligence et à son sens de l'observation.

Il avait conclu, en lui demandant de mieux voir les compétences de son meilleur pompier et avait pris le pari de lui conseiller de s'appuyer également sur son sens de déduction très développé sans vraiment entrer dans les détails.

Bobby l'avait fusillé du regard mais il avait insisté en lui signalant au passage que Buck avait sa confiance totale et absolue et que pour sa part, il suivrait toujours son partenaire, les yeux fermés.

Après un long silence, fait de regards en chiens de faïence, prêts à se sauter à la gorge, Bobby avait finalement répondu qu'il l'avait entendu et qu'il allait y réfléchir, avant de le congédier.

Eddie n'en avait pas parler à Buck.

Il voulait laisser le temps à Bobby d'étudier comment son pompier, son fils de cœur, procédait. Il savait qu'il aimait Buck comme un fils et il avait tendance à le surprotéger sans le voir comme le pompier talentueux qu'il était.

Mais là où Eddie voyait de l'amour paternel et protecteur, Buck voyait un manque de confiance en ses compétences et Eddie voulait que Bobby se rende compte des qualités de Buck par lui-même, afin de pouvoir lui témoigner toute sa confiance.

Buck finirait bien par comprendre et par reprendre confiance en lui.

Eddie laissa son regard errer là où se trouvait Athena et Hen, tenant Junior dans leur bras en roucoulant, ce qui le fit sourire. Junior ressemblait énormément à Buck et tout le monde était déjà follement amoureux de lui. Il arborait les magnifiques yeux bleus de Buck et ses mèches blondes. Il avait également une petite tâche de naissance sur les fesses.

Il était bien le fils de son père, sans aucun doute.

– Alors ? demanda soudain la voix de Karen en s'installant à ses côtés.

– Alors ? répéta Eddie confus de son regard inquisiteur.

– Toi et Buck ? Depuis combien de temps, vous êtes un couple ?

– Je… Je ne sais pas de quoi tu parles, déglutit-il.

– Pas à moi Eddie, se moqua-t-elle. Ils ne l'ont pas remarqué parce qu'ils vous voient tous les jours mais moi j'ai vu à quel point tu lui fais les yeux du cœur.

– Je ne fais pas ça ! s'insurgea-t-il.

– Oh que si et tu n'es pas du tout discret, lui affirma-t-elle. Mais tu le fais depuis que vous vous êtes rencontré, je trouve seulement que c'est plus… flagrant. Donc ?

– D'accord, ça fait quelques temps déjà, admit-il en rougissant.

– J'en étais sûre, sourit-elle. Pourquoi vous le cachez ?

– On voulait seulement, tu sais… voir si ça fonctionnait avant… de tout exposer.

– Bien sûr que ça fonctionne. Eddie, vous êtes un couple depuis presque le premier jour.

– Je ne sais pas si Hen te l'a dit, grimaça-t-il. Mais Buck me détestait le premier jour. Il m'a même clairement dit que je dérangeais dans son environnement immédiat.

– Elle m'a dit que Buck était assez méfiant, en effet. Elle était aussi persuadée que tu parviendrais à briser sa carapace et tu l'as fait. Je comprends votre réserve mais je sais que tout le monde se doute plus ou moins qu'un jour vous vous installerez ensemble alors c'est dommage de vous cacher.

– Chim va nous chambrer jusqu'à la fin des temps, n'est-ce pas ?

– C'est Chim, il est juste parfois terriblement idiot, et il est bien trop occupé à avec la préparation de son futur mariage pour passer plus de quelques minutes à lancer des piques.

– Pas faux.

– Je sais.

– Et tu sais que quelque part, tu m'énerves ?

– Parce que j'ai deviné ? s'amusa-t-elle.

– Parce que Buck et moi avions prévu de l'annoncer aujourd'hui.

Karen éclata de rire et Eddie se joignit à elle.

– Je préfère penser que j'ai un excellent timing.

– Une jolie façon de voir les choses, admit-il. Merci, de tout ce que tu as dit. Ça aide de se sentir soutenu.

– Dans notre famille, vous le serez toujours.

Elle le quitta et Eddie observa tour à tour chaque membre de leur famille, en jouant avec la petite boite dans sa poche. Il était fou, fou amoureux et c'était vraiment le moment idéal.

Buck dû lire dans ses pensées car il le rejoignit avec un petit sourire et une question muette dans les yeux. Eddie hocha la tête sous son sourire éclatant et se leva alors que son petit-ami réclamait l'attention de leur famille.

– Bien alors, commença-t-il. Comme vous le savez tous depuis que Junior fait partie de ma vie, j'ai emménagé chez Eddie et Christopher parce que, et bien disons le carrément, mon loft n'est absolument pas fait pour accueillir un bébé, rit-il.

Eddie qui était resté un peu en arrière en profita pour sortir l'écrin de sa poche et poser un genou à terre.

– Eddie est mon meilleur ami, mon partenaire dans le travail et depuis peu…

Buck se coupa lorsqu'il se rendit compte que tout le monde retenait son souffle, en réaction à ce qu'il venait de faire. Il était certain qu'il fronçait les sourcils cherchant à comprendre leur réaction.

– Buck, l'appela-t-il avec un sourire alors qu'il se tournait vers lui.

Il vit le choc, puis la réalisation le frapper de plein fouet et ses yeux s'humidifièrent.

– Tu es mon meilleur ami, mon partenaire dans le travail et dans la vie, se lança-t-il. Tu es mon amour, mon tout et je ne peux plus me passer de toi. Vivre sans toi est inconcevable, je refuse ne serait-ce de l'imaginer. Je veux tout partager avec toi, notre toit, nos enfants…

– Votre lit ! s'exclama Chimney avant de se prendre une tape derrière la tête de Karen qui lui fit un clin d'œil.

– Aussi, admit-il en riant. Je veux partager ma vie entière avec toi, pour toujours.

– Oui, lâcha Buck s'en pouvoir s'en empêcher.

– Laisse-le poser la question Buck, le réprimanda Maddie, les larmes aux yeux.

– Pardon, oui, s'excusa-t-il. Vas-y pose-moi la question !

– Est-ce que tu veux m'épouser ?

– Oui, répéta-t-il en venant le rejoindre sur le sol.

Eddie glissa la bague à son doigt et Buck l'embrassa avec passion. Eddie pouvait le sentir vibrer d'excitation alors que tout le monde applaudissait.

– Je voulais le faire correctement cette fois, souffla-t-il sur ses lèvres.

– Tu l'as fait correctement, lui confirma-t-il radieux. A cent pour cent.

Ils s'embrassèrent de nouveau.

Puis, ils se levèrent et laissèrent tout le monde les féliciter à grand renfort de câlins. Eddie vit du coin de l'œil Buck prendre un appel téléphonique en fronçant les sourcils. Il se dégagea complètement de l'étreinte de Maddie, qui commençait son discours de sœur protectrice, lorsqu'il vit Buck blêmir.

Il alla le rejoindre inquiet, alors que tout le monde se taisait et semblait comprendre que quelque chose était arrivé.

– Buck ? souffla-t-il. Qu'est-ce que c'est ?

– L'hôpital, admit-il perturbé. C'est Kam. Elle vient de se réveiller.