Les chapitres sont courts. Ils exultent seulement mes frustrations.

Bonne lecture :D

Chapitre 1 : Fascination.

La chaleur froide du meurtre lui accapare l'âme. Il la sent gronder. Vibrer. Elle tord les parois de son crâne. Elle fait mal. Et il aime ça.

Lui ? Non. Quelque chose d'autre aime ça. Quelque chose d'autre assurément…

Le désarroi le prend. Avec panache, les tourments se mêlent à la folie de son acte. Il tuerait Severus Snape avec les poings s'il le fallait. Il le tuerait avec les dents. Tout ce qui est tranchant. Il cisaillerait son âme à la force de ses doigts, de ses ongles.

« Bordel, Potter ! »

Le sournois pare la mort avec élégance, mais le bête lion s'élance déjà. Il devient fou, ça y est. Avec une vigueur qu'il ne se connait pas, sentant son âme se déchirer en mille, Harry s'arrache à la vue du vilain, frondant sur celui qui méritait de mourir de ses coups. Son poing s'élance. McGonagal n'avait pas abaissé son art au poing nu. Pourtant, la main exulte et répare. Le poing pourfend et soudoie. Et il désirait ardemment soumettre cet immonde traitre à ses coups. Son âme à lui aussi se fendrait de douleur. Et ce ne serait que justice. Une justice élémentaire.

Son poing caresse l'air, les muscles le tirent avec la force de sa colère. Il tombe à la renverse au pied de celui qu'il désirait tuer. D'un désir ardent. D'un désir qui détruit. Fasciné par sa propre douleur, il sent le col de son pull tirer sur son cou. Ainsi Snape voulait le pendre, tuer l'enfant en le privant de l'air qui venait déjà à manquer. Tuer l'enfant qui, il lui semblait maintenant, n'avait jamais vraiment respiré.

« Calmez vous, crétin ! »

Si tôt sa gorge libérée, Harry fouette l'air de son bras, où git une baguette qui ne l'écoute déjà plus. L'air chaud qui se déverse sur la trajectoire de son mouvement brûle le traître. Parfait. Ce dernier recule sous la douleur, et se décide enfin à sortir l'arme qui le tuera, il en est certain.

Une fois de plus, le lion s'élance, mue par une force qui ne lui appartient pas. Son crâne se fend, son âme s'expose. Quelque chose le tire vers la mort. Quelque chose tire encore…

Le vil n'a le temps que d'un bouclier hâtif où s'écrase son corps tendu. Projeté en arrière, n'atteignant son but que du bout des doigts tandis que la violence qu'il met dans ses gestes demande terriblement plus, il hurle de colère. Le traître mourra.

Le traître hurle, il hurle avec colère et désespoir, mais Harry n'entend pas. Il n'entend plus. Une partie de son âme s'est détachée. C'est elle qui commande maintenant. C'est elle qui désire tuer. La vie de l'homme qui lui fait face est une douce récompense pour la haine qu'il nourrit. La mort sera toujours récompensée. Mais pour ça il faut tuer.

Frapper. Avant d'être tué à son tour. Sa baguette lui brûle les doigts. Elle combat. Mais ce n'est pas le traître qu'elle combat, c'est lui.

« POTTER ! »

Il n'en fallait pas plus pour raviver une douleur plus grande que quelques doigts brûlés. La douleur du mensonge. La perfidie du traître. Harry se jette. La baguette craquant sous ses doigts, tandis qu'un deuxième éclair vert pourfend l'air, le lion se jette sur sa proie.

Le bouclier n'arrêtera pas sa rage. Le traître le sait. Alors que l'éclair s'envole, s'écrasant contre le mur, le traître se jette de biais. Parfait. Le lion est déjà là. Un poing vif siffle l'air et frappe au visage. L'homme est grand, mais cela ne l'empêche pas de se plier sous la douleur du coup.

Son âme ne se satisfera pas de quelques os. Non, il lui faut tout briser. L'os, l'âme, le coeur, le crâne. Le traître est au sol, il lui suffit de s'y jeter. Calant ses genoux sur le torse, appuyant d'un poids qu'il n'a pas, il espère l'étouffer. C'est un spectacle dont il se repait tandis que son poing, de nouveau, s'en va s'abreuver de sang.

Mais Severus Snape reste un tueur. Un tueur de vieillard. Un lâche. Un mangemort aux pouvoirs démesurés, et à la force bien supérieur au lion se sentant lionceau sous la menace de ses yeux noirs. Il sent son corps tomber à la renverse, alors que le poing plus fort, plus puissant, du traitre ne se referme sur son poignet. Sa baguette roule déjà loin de lui. La mort ne peut-elle avoir le goût plus âpre encore que celui de la honte ? Non. Il doit se battre. Il doit tuer. Avant d'être tué.

« HARRY ! CALME TOI ! »

Son corps se roule sous le poids de l'homme qui le renverse sur lui, emprisonnant ses bras dans les siens alors qu'il frappe et frappe encore de tout ce qui est libre de se mouvoir. La proximité de leur corps le fait souffrir. Si proche, et pourtant si loin de pouvoir l'atteindre. Ses jambes se propulsent afin d'asséner des coups qui n'atteignent jamais leur cible. Il se sent faible. Impuissant. Devait-il mourir ainsi ?

Le souffle du traître dans ses oreilles, l'odeur de leur sueur enivrant ses sens, lui donnant envie de vomir. Faible. Il se sent faible. Son âme le sent faible. Il se déçoit. Si le traître ne meurt pas, lui le devait. Il se dégoûtait. Et dans sa folie, il reconnait ce désir instable et soudain, qui lui prend les tripes tous les matins depuis des mois. La mort est douce pour celui qui l'accepte. La mort est douce. La mort est efficace là où tout échoue. Il s'arrête. Se débattre ne sert à rien. Qu'il meurt dans les bras du traître, pour ce qu'il en avait à faire désormais…

« Tuez moi. » crache-t-il, des spasmes le prenant.

Fermer les yeux, et attendre la mort. Il ne voulait pas regarder la pierre froide de Poudlard, ni entendre le souffle erratique de celui qui lui donnerait la mort.

« Et pourquoi vous tuerais-je, quand je ne cherche qu'à vous sauver… »

Ce n'est qu'un murmure. Le murmure du mensonge. Un mensonge qui sonne pourtant terriblement vrai à son oreille. Quelque chose s'accroche à cette affirmation. Son âme, s'il est possible, se scinde davantage. Les bras de Snape s'accrochent encore aux siens pourtant inertes. Le souffle de l'homme est toujours rude, Harry suppose que le genou sur ses côtes avait eu l'effet escompté, il s'en félicita.

« Vous êtes un menteur et un lâche, Snape. Tuez moi.»

Voilà sa vérité. Sa fatalité. Son destin. Alors qu'il sent le torse de l'homme se soulever pour les assoir tous les deux, des larmes se mettent à couler sur ses joues. Le lion laisse place au lionceau. Faible et défié par la vie. Il ne désire que la mort, à défaut d'avoir pu prendre celle de l'autre.

Des bras en étau, ceux du traitre, se renferment en étreinte. Faible, maladroite, douce…

« Taisez vous, et écoutez-moi… »

Le souffle du traître se fait fort contre sa peau. Le visage de l'homme est, il le sait, au dessus de son crâne. Son âme lui murmure qu'il ne suffirait que d'un coup pour se libérer de son emprise et lui donner le coup fatale. Celui de la rage qui l'habitait encore.

La main qui vint calmer sa respiration, le bras qui prenait son corps en un étau doux…N'était-ce pas tout ce qu'il avait espéré de la vie ? Douceur et réconfort ? Dans les bras du traître ? La vie était bien idiote quelque fois. Il ferma les yeux. S'abandonnant… Faible. Il était faible…

« Je vous écoute… »

C'était un murmure. Un murmure simple. Sa voix n'avait jamais eut la clarté et l'espérance d'aujourd'hui. Il mourrait d'envie d'être surpris, autant que les bras du traître étaient surprenant. Fasciné par la mort, fasciné par la sienne, fasciné par la haine. Harry Potter se laissa fasciner par Severus Snape...