Merci pour vos reviews. Je les lis et les chéris tendrement. Je vous laisse la suite. Cette fiction aura des chapitres beaucoup plus courts que ceux de A chaque poisson son requin. Mais je fais les choses au feeling. Il est donc fort probable que la fiction soit plus longue que prévue au final. Mais aux chapitres bien plus courts. Mais peut être, si c'est possible et vous me direz si c'est le cas, plus intenses. Ou en tous cas plus forts sur un instant donné : la bataille de Poudlard.
Chapitre 2 : Tentation.
Don't throw stones at me
Don't tell anybody
Trouble finds me
All the noise of this
Has made me lose my belief
I'm going back to my roots
Another day, another door
Another high, another low
Il lui avait offert de sa langue d'acier tous les maux du monde. Tous les mots qui lui passaient à l'esprit.
Insolent, ridicule, violent, sans manières, à l'esprit pas plus éclairé que celui de son père…
Il l'avait traité plus bas qu'aucun de ses élèves tant il l'avait détesté au premier regard. Au premier regard, il avait exécré les yeux verts d'un amour perdu, qui démarquaient tant de ce visage poupin et effronté. Il avait haï chacun de ses gestes, chacune de ses paroles.
Harry Potter avait été son plus grand rejet, et aussi paradoxal que la situation pouvait l'être, Harry Potter avait été sa plus grande responsabilité. Albus et ses manigances. Severus et ses paradoxes.
Comme Lily devait rire de lui. Rire ? Non. Il savait, s'il avait la chance de la revoir de l'autre côté, qu'elle n'aurait que du mépris pour l'homme qui avait fait de la vie de son fils l'enfer qu'ils connaissaient. Pour quoi ? Un peu d'égo mal placé. Et une grande dose de regrets. De bonheur envolé. N'avait-il pas vécu pour l'amour à sens unique qu'il éprouvait depuis toujours, consumant son âme avec la violence qu'il dégageait dans ses actes, ses mots, son quotidien.
« Je vous écoute… »
Quelle douce ironie, lui qui serrait le corps tendu et sensible de l'être qu'il protégeait avec la rage d'un homme à bout, donnant dans les derniers mètres de sa vie une dernière grande élancée. La ligne d'arrivée, annonçant la fin de sa course folle, se profilait au loin…
Mais il restait tant à faire. Tant à dire. Il devait faire cet effort, et assurer la victoire au grand projet d'Albus Dumbledore. « Laisser l'enfant mourir » avait-il dit. Comme son âme se déchirait à cette fatalité. Une fatalité que Potter semblait déjà éprouver.
Le gamin était suicidaire.
Il l'avait vu dans ce regard fou qu'il lui avait jeté en frappant d'une force qu'il ne lui aurait pas connu s'il ne l'avait pas reçue en plein visage.
Il était suicidaire…Comment ne pouvait-il pas l'être ? Et comment lui, sachant le dernier objectif à atteindre pour le garçon, pouvait lui annoncer qu'il serait bon, en effet, de se laisser mourir… Severus avait bien trop de morts sur sa conscience pour laisser celle de ce garçon épris par le malheur arriver.
Alors qu'il tentait de calmer la respiration saccadé de son élève qui s'affaissait toujours un peu plus contre lui, il pesa le pour et le contre de la dernière mission qui devait s'achever, ici, dans le couloir désert menant à la salle-sur-demande.
« Je ne suis pas votre ennemi, Harry. Je ne l'ai jamais été… »
C'était décidé. Lui mourrait, mais hors de question que Potter fasse de même. Le Survivant survivrait. Maintenant que Severus était libre de choisir, il choisirait le choix qui lui paraissait le plus humain. Le bon choix…
« Albus Dumbledore était mourant quand… »
Le gamin sembla reprendre une consistance qu'il n'eut pas la force d'arrêter. Potter se jeta sur lui, convaincu surement d'un énième mensonge de sa part.
« MENTEUR ! VOUS L'AVEZ ASSASSINÉ ! »
Le gamin se jeta, reprit de folie, et Severus n'eut d'autre choix que de le repousser violemment au sol avant qu'il ne se fasse lui même écraser sous le poids de Potter. Le gamin, à plat ventre, rampa vers sa baguette que Severus s'empressa de récupérer d'un accio informulé.
« Harry, laissez moi finir ! » gronda-t-il, sentant une patience qu'il ne pensait pas avoir, voyant le garçon pleurer de rage.
« Ne me mentez pas Snape ! Tuez moi comme vous l'avez tué lui…"
Le gamin souffrait. Il souffrait de voir le bâtard des cachots, debout devant lui, le tenant à sa merci. Et Severus, se sentant poussé par son instinct, fit la seule chose qui lui paraissait judicieuse. S'accroupissant, il murmura :
« Spero Patronum… »
Une biche argentée apparu avec la douceur des souvenirs qui la nourrissaient. Elle était belle, gracieuse. Grande, élancée, promettant chaleur et réconfort, la biche hypnotisa le jeune homme, comme absorbé par des souvenirs qu'il ne pouvait qu'imaginer. Severus savait que le garçon savait.
Le soulagement, mêlé à une douleur sourde et insidieuse, se mêla au regard vert et noir. Et ils prirent ensemble le pli de jouer la même partition à des accords différents.
« Vous… ce patronus…c'était vous ? »
Il sentit le garçon se tordre au sol, alors que lui même accroupi se relevait, les yeux fixés sur la biche aux éclats d'argent. Qu'il aimait son patronus. Qu'il chérissait ses souvenirs.
« Votre mère comptez beaucoup pour moi… Lily Evans a été l'unique amour de ma vie. Ce patronus est le sien… Et je chéris sa mémoire à travers tous les actes que j'ai posés depuis sa mort. Mort dont, vous le savez, je suis responsable… »
Il s'était entendu révélé le secret le plus précieux de sa vie avec une voix bien moins détachée que ce qu'il aurait aimé.
Le garçon, qui avait compris la provenance de la prophétie et la félonie du professeur, ne semblait plus avoir la force de rien. Si ce n'est de caresser d'un regard triste et vaincu le patronus tant aimé.
La biche s'approcha de Potter, mue par une force vive et tendre que Severus ne maîtrisait pas… plus. Elle se coucha près du garçon, et même si elle n'était palpable pour aucun homme, Severus vit dans le regard larmoyant du garçon ce qu'il n'aurait jamais pu penser voir dans ce regard vert qu'il haïssait d'un amour gâché mais éternel.
De l'amour, de la tendresse, du désespoir.
Comme un enfant seul, enfermé dans son malheur, où une chaleur réconfortante s'offrait à lui généreusement, un amour maternelle dont il n'avait qu'espéré rêver un jour, Harry Potter serra d'une main tremblante sa poitrine alors qu'il tentait de couvrir son corps de la chaleur que lui prodiguait l'animal.
Severus eu son coeur qui explosa en mille morceaux. Ses barrières mentales, fragiles depuis ce soir, se brisèrent sous l'effort qu'il eut à retenir ses larmes. Pourtant, ce visage de marbre et cette expression qu'il voulait sereine ne s'effaça pas. Sa voix, elle, tremblait. Et il espérait que le gamin n'observerait pas sa faiblesse d'un oeil critique, il doutait de pouvoir supporter une telle complaisance.
« Harry… Je regrette. Vraiment. Je regrette tout ce mal qui vous colle à la peau depuis votre naissance. Je regrette de n'avoir eu la force d'avouer l'inavouable. Je regrette ce qui vous arrive, et croyez le : je suis votre allié. Je ne souhaite que vous aider… Laissez moi vous aider… »
Il avait ce ton entre le supplice et la suffisance qui fit grimacer le garçon. Ce dernier ne put que relever un regard craintif et apeuré vers lui. Il semblait dans un état second, alors que sa main s'agrippait à l'endroit où la biche avait posé sa tête sur les genoux recroquevillés du gryffondor.
« Snape…infâme menteur… »
Ses murmures étaient moins virulents, plus désespérés ; il savait que ce que le professeur venait de lui avouer était la pure vérité. Il l'avait compris dès le moment où la biche était apparue à eux. Severus s'accroupit à nouveau, plus proche du garçon encore, gardant une distance sécurisée entre eux tandis qu'il sentait Potter peu enclin à le laisser entrer un peu plus dans l'espace vitale qu'il semblait vouloir garder à la force de ses sanglots.
« Harry… » il lui tendit sa baguette, la main assurée, alors que le garçon évitait ses yeux, focalisé sur la biche qui les regardait avec sagesse. « Prenez la… Battez-vous à mes côtés. Je vous promets de vous protéger. Pour Lily. Pour vous. Il me reste tant à vous dire. »
Il ne s'attendit pas à la peur qu'il lu dans les yeux du garçon.
« J'ai peur Snape… j'ai si peur de mourir. »
Cet aveu, écrit dans un murmure à la force du hurlement, ébranla l'homme. Lui qui avait vu la mort dans les yeux de son élève, lui qui avait lu sa résignation, sa résilience, ne put accepter cet aveu qu'avec la force tendre qu'il se découvrait.
« Je vous protégerai Potter. Je ne vous laisserai pas mourir. Ne me parlez pas de votre mort. Celle de Voldemort, ce soir, est imminente. La votre, je l'interdis. » gronda-t-il.
Le petit rire d'Harry le déstabilisa plus encore.
« Comment comptez vous l'empêcher, vous qui m'avez tant de fois déçu et trahi… je dois mourir. Je le sais. Vous ne pourrez rien y faire. »
Severus s'immobilisa, sentant la haine que l'enfant le couvrait avec la force d'une vague puissante et inébranlable. Quel homme immonde avait-il été. Avoir bafoué la mémoire de la femme qu'il avait aimé lui donnait envie de vomir.
« Je le sais. Mais laissez ma force et mon savoir vous aider Potter. L'homme que j'ai été pour vous n'a pas changé, et ne changera jamais dans votre regard je le sais. Et je ne cherche pas à me racheter auprès de vous. Mais laissez moi vous protéger une dernière fois avant…de partir. »
Severus empêcherait la mort de Potter. A tous prix…
Mais pas la sienne. Ce soir serait sa dernière nuit à Poudlard et sur Terre. Il le savait. Mais cette nuit devait être victorieuse, il ne supporterait pas l'inverse.
Harry le regarda avec une étincelle d'espoir que Severus désespérait voir. Il s'y accrocha. Bien décidé à entretenir l'infime valeurs que Potter donnait à sa propre vie, sa propre existence. Oh non Harry Potter ne mourrait pas ce soir.
S'approchant davantage, sous le regard doux de la biche qu'il caressa de la main alors qu'il la tendait vers le fils de Lily, il agrippa de sa main libre, sa baguette dans ses robes, l'épaule du survivant. Potter le laissa faire, leurs yeux toujours rivés l'un sur l'autre.
« Vous ne pouvez rien pour me sauver, Snape… » murmura Harry d'une voix tremblante mais ferme, où Severus perçu un soupçon d'hésitation.
Il s'y accrocha.
« Si. J'ai encore autre chose à vous donner. Ma vie. » Et il le tira à lui, le remettant sur ses pieds.
Harry, se sentant décoller du sol, s'agrippa en vain à la biche puis aux bras forts de l'homme qui le tirait de son état léthargique. Ils se retrouvèrent coller l'un à l'autre dans un couloir où la froideur de la bataille pas encore commencé les fit perdre pied.
Le coeur battant à tout rompre, la tête écrasée contre le torse d'un homme qu'il haïssait, Harry s'entendit dire avec résilience.
« Je refuse que quiconque donne sa vie pour moi… »
« Et je refuse que vous donniez la votre pour nous. La chose est réglée, maintenant suivez moi. »
Snape le repoussa avec une gentillesse sobre et le prit par le bras. Il le lâcha, alors qu'il s'en allait vers la salle sur demande où il savait trouver le diadème de Serdaigle. L'un des deux - trois - derniers horcruxes à défaire ce soir. Désormais il ne serait plus mangemort, aussi encrée soit la marque qui gisait telle une malédiction sur son bras. Désormais il était Severus Snape. Directeur de Poudlard. Protecteur d'Harry Potter.
Il avança, sans regard en arrière, attendant d'entendre les pas du plus jeune.
…
Harry, tenté par la protection que lui offrait l'homme qu'il haïssait et qui l'intriguait tout à la fois, regarda les éternelles robes de Snape dansaient autour de l'homme en une chorégraphie affolante de justesse et de puissance.
Il était si tenté de vivre. Si tenté de survivre. Si tenté par cette protection que lui offrait Severus Snape, qui s'offrait à lui en gardien de ses peurs. Gardien de sa vie.
Sans y réfléchir plus longuement, il s'échappa de ses tourmentes, et emboita le pas de son professeur. Respirant à nouveau à pleins poumons. Sentant la vie battre à nouveau dans ses veines avec le rythme d'une vie, aussi courte soit-elle, sans regrets.
Severus Snape était une tentation à lui seule. Une tentation à vivre enfin, et à laisser derrière lui l'adolescent apeuré, afin de devenir homme sous la protection d'un adulte. Un adulte qui se proposait à lui avec une tendre ironie…
Fin de ce chapitre, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire si besoin est, et sinon j'espère que vous avez apprécié la lecture. Aussi courte soit-elle. Je vous laisse à ce moment, et vous dit à très vite. J'essaye de faire un à deux chapitres par semaine pour ma fiction principale : celle de A chaque poisson son requin. Mais celle-ci aura un rythme moins défini : un ou deux chapitres par semaine me semble raisonnable cependant. Et tout à fait jouable. ;)
Des bisous.
Petit Lardon.
