Chapitre 3 : Hésitation.
Sifflante est la vie aux oreilles de celui qui désire la quitter.
Harry en avait le bourdonnement constant de celui qui restait en vie malgré lui. Ses mains étaient liées à une condition qu'il ne désirait plus. Qu'importe l'espoir qui naissait, qu'importe la félicité qu'il vivait, pour lui le bonheur devait être court. Il ne savait faire autrement. Court. Simple. Harry était un jeune homme qui, si on lui avait laissé le choix, voulait vivre simplement.
« Hâtez-vous, Potter… »
La voix de son professeur était douce. Surprenante. L'homme tant haï devant lui le menait à travers le château, et le gryffondor suivait avec l'agréable idée de se laisser porter. La voix de Severus Snape l'avait à peine sorti de son apesanteur factice. Il se surprit à demander alors.
« Je préférais quand vous m'appeliez Harry… »
Il croisa son regard. Pas qu'Harry le cherchait, mais il ne put que soutenir les abysses de son professeur. Par affront ou par envie d'y sombrer, il n'aurait pu choisir. Harry, marchant à sa hauteur alors que l'homme avait ralenti, senti poindre en lui cette même arrogance que Snape détestait tant. C'était un sentiment qui l'avait fait vivre, bien des années avant, oserait-il se sentir vivant à nouveau ?
« Vous dites toujours mon nom avec dégoût. Quand vous avez dit mon prénom pour la première fois tout à l'heure…j'ai préféré. »
Une main se posa sur son épaule. Elle était hésitante. Lui même hésita à se dégager de sa chaleur. Il n'était pas habitué, et désirait encore moins l'être.
« Va pour Harry. »
La main se serra tendrement, plus assurée. Plus ferme. Et pourtant, les épaules du gryffondor se libérèrent d'une affreuse tension. Comme si mille ans venaient de s'évanouir là où son corps joignait celui de Snape. Harry vit à peine le mur se tordre en une immense ouverture. Peu lui importait face au vide que laissa la main de l'homme quittant son épaule.
« Tenez votre baguette, Harry. Nous ne sommes pas seuls. »
Harry regardait s'étendre devant lui l'infini. Les oubliettes de Poudlard avait cette fascinante allure du chaos en sommeil. Un chaos silencieux, où régnaient les souvenirs du château. Alors que Snape se mettait devant lui, il aperçu derrière une pile de livres et de meubles trois individus qu'il n'eut pas de mal à reconnaître.
« Snape ! Vous avez eu Potter ! »
« Draco… Puis-je savoir pourquoi vous et vos camarades n'avez pas suivi les serpentards et monsieur Rusard lors de l'évacuation ? »
Harry regarda d'instinct les trois serpentards qui se dressaient devant eux. Il n'y avait pas besoin de mettre Snape sous veritaserum pour comprendre ses intentions. Le corps de l'homme était dressé entre Harry et ses élèves. Malfoy, dont Harry n'avait jamais rationnellement douté de son intelligence, comprenait très bien ce qui se tramait à l'inverse des deux idiots qui l'avaient toujours secondé.
« Professeur, que faites-vous ici avec Potter ? » Draco, la transparence de son teint rivalisant avec les fantômes de l'école, évaluait ses adversaires avec une minutie toute serpentarde.
La baguette bien en main, Harry attendait. Regardant Snape de biais, émettant le soupçon d'un piège qu'il aurait pu lui tendre, la posture de l'homme le rassura bien vite. Severus Snape, dans son allure, ses gestes, son aura, montrait très clairement sa supériorité magique face aux trois apprentis mangemorts. Tout en lui respirait le guerrier sombre que deux guerres n'avaient pas épargné.
« Je fais ce que j'ai à faire, Draco. Partez vous mettre à l'abri maintenant et emmenez messieurs Goyle et Crabbe avec vous. Je ne désire perdre aucun élève ce soir. »
Et avant même que les deux lourdauds ne comprennent l'allégeance véritable de leur directeur, Snape fouetta l'air de sa baguette, les envoyants voler contre un mur de meubles derrière Malfoy. Harry regarda la magie fuir le corps et la baguette de son professeur avec une fascination évidente. Il lui sembla si agréable de laisser quelqu'un se battre pour soi. C'était tentant, et Harry hésitait encore à prendre ce que l'homme offrait. Draco aussi semblait en proie à une hésitation évidente.
Quand bien même sa bouche se tordait de rage, le blond n'avait encore rien dit. Il n'avait pas même daigné regarder l'état de ses camarades, tant la colère qu'il jetait de ses yeux ne pouvait quitter ceux de Snape.
« Sale traître ! » Le mot résonna avec faiblesse, même Harry le perçu avec difficulté.
« Il faut bien que je sois le traître d'un camp… » le sombre directeur se permit un sourire triste alors qu'il avançait vers Draco, tenant Harry de le suivre de son autre main. « Baissez votre baguette Draco, et allez vous mettre à l'abri. »
« N'AVANCEZ PAS ! »
Il n'eut pas le temps de regarder la riposte de Snape que la baguette d'emprunt de Malfoy volait déjà vers l'homme. L'expelliarmus informulé avait suffit pour désarmer le serpentard et le faire tomber à la renverse. La poussière qui se souleva le fit tousser, et Harry eut de la peine pour celui qui fut son rivale. L'humiliation pointait sur les joues de Malfoy et dans le gris de ses iris. Harry savait que si le blond l'avait pu, il aurait tué Snape ici et maintenant. Il lisait dans ses yeux le même désir qui avait parcouru son corps quelques minutes auparavant. La vengeance, la haine. Malfoy était animé par une volonté tout aussi sombre que celle qui le faisait marcher actuellement. Et pourtant… il y lisait étrangement ce soulagement qui l'envahissait lui aussi dans ce chaos silencieux où les masques tombaient sans bruits, dévoilant les véritables allégeances.
« Draco, il ne tient qu'à vous de faire le bon choix ce soir. Prenez vos deux amis et mettez vous à l'abri. Il est trop tard pour Pré-Au-Lard… vous savez où sont mes appartements, donnez le mot de passe Zephyr, et le tableau vous laissera entrer. Allez-y. »
Snape tendit la baguette qu'il avait récupéré à celui qu'il avait désarmé. Harry voulu lui crier qu'il était idiot, mais Draco, résigné, se releva, faible et tremblant, avant d'attraper la baguette tendue par Severus. Tandis que le blond regardait ses pieds, contrit, ils le virent léviter Crabbe et Goyle dans sa direction, entreprenant de les dépasser pour rejoindre la sortie. Harry et Severus crurent tous deux qu'il partirait sans rien ajouter, pourtant, entourés de ses deux amis assommés, il grogna quelque chose.
« 'promettez d'épargner ma mère ? »
Le blond transperçait du regard Severus, il pouvait se battre de nouveau s'il le fallait, mais il n'en aurait pas besoin. Tous trois le savaient.
« Je ne tuerai personne d'autre que lui ce soir, Draco. Soyez rassuré. »
Le blond pesa le pour et le contre, apaisé par la réponse de Snape.
« Merci. » le blond se détourna d'eux, et ils eurent plus de mal encore à comprendre ce qu'il rajouta. « Si vous cherchez le diadème, il se trouve sur la troisième pile sur votre gauche… »
Le serpentard n'attendit pas plus, et se hâta de sortir. Laissant Severus et Harry dans un silence étourdit par la nuit et les quelques créatures qui demeuraient actives en cette étrange soirée.
« Malfoy voulait vous tuer. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait ?
« Parce que Draco est encore désireux de vivre. Prenez donc exemple, Harry, voulez-vous. »
Le ton de la conversation semblait pourtant si léger, alors qu'ils escaladaient la pile d'objets à la recherche du diadème de Serdaigle que leur avait promis Draco.
« Il aurait pu vous tuer avant que vous ne le blessiez… »
Snape s'arrêta dans son ascension, le sourcil levé alors qu'il regardait en contrebas là où se trouvait Harry, bien plus agile qu'il ne l'aurait cru.
« Draco n'a pas eu peur de moi si c'est ce que vous pensiez. Il préfère seulement vivre que de gâcher sa vie à tenter de me tuer pour une cause en laquelle il ne croit pas. C'est une leçon que je travaille avec lui depuis le début d'année. Disons que la dernière leçon pratique devait être ce soir. »
« Vous avez aidé Malfoy ? »
« Aussi étonnant que celui puisse paraître, j'essaye d'empêcher tout élève ayant l'idée de faire les mêmes erreurs que moi. S'aliéner au Seigneur des Ténèbres en fait partie. »
Harry ne désirait pas continuer cette conversation, il comprit que cette année n'avait pas été de tout repos pour quiconque, et il avait bien assez à faire de ce qu'il avait à comprendre de sa propre expérience pour pouvoir se laisser envahir par celle d'un autre. Encore moins celle de Malfoy. Il reprit son ascension, sentant son âme se tordre de nouveau à mesure qu'il grimpait.
Ils arrivèrent tous deux devant un petit coffret d'où le son strident caractéristique des horcruxes sifflait.
« Je n'ai pas de quoi le détruire. J'ai laissé l'épée de Gryffondor à Neville.» Se résigna Harry, l'évidence de cette erreur lui paraissant tel un horrible poignard.
« J'ai ce qu'il faut. »
Ils prirent le diadème sifflant et dont le bruit se faisait plus strident, puis descendirent à la base de leur mont d'infortune où l'escalade demeurait périlleuse. Severus sortit de ses robes un petit flacon, où une potion reposait doucement, sombre et délicate, dont la transparence laissée entrevoir les quelques faibles rayons de lumière que les Oubliettes offraient à ses rares occupants.
Harry, curieux, et dont la fatigue manquait à tout moment de le faire trébucher, s'approcha.
« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il, comme s'il était en cours.
« Vous vous intéressez aux potions à un bien étrange moment Harry. » le rire du professeur Snape réchauffa l'atmosphère.
Ainsi le bonheur pouvait être simple. Harry hésitait encore à y plonger, Snape riant de lui sans méchanceté demeurait si subtile, si étonnant, détonant. Il s'écarta de l'homme, conscient de mettre une distance qu'il appréciait garder vers ce qui pouvait le tenter. Le bonheur en faisait partie, le bonheur fugace d'un instant. La douceur d'une conversation légère.
Snape le dévisagea avant d'attraper le coffret que tenait encore Harry et où le diadème semblait crier d'une voix humaine, tordue dans le silence de la boite ouvragée.
« Ecartez-vous Harry. La potion est un dérivé du venin du basilic et d'un feudeymon sous état liquide. C'est un procédé dangereux qu'il est difficile de créer, maîtriser, et appliquer. »
Il déposa le coffret au sol, et le petit flacon à côté, et entreprit de les éloigner tous les deux des objets qui les mettraient en danger.
« Attendez, vous voulez que je le verse ? » demanda Harry, se dégageant de l'entreprise de l'adulte.
« Et puis quoi encore. Laissez-moi faire. »
Harry regarda Severus l'écarter du lieu de manipulation. Il était tenté. Harry regarda Severus défaire le coffret et le flacon tout à la fois. Il était tenté. Harry regarda Severus verser le contenu sur le diadème hurlant. Il était tenté. Harry regarda Severus dresser devant eux un dôme protego tandis qu'une immense fumée noire les submergeait, couvrant le bruit assourdissant de l'horcruxe mourant. Il était tenté. Harry regarda Severus dont le visage sombre et affirmé avait cette force qu'il espérait. Il était tenté. Rien ne lui paraissait impossible. Tenté de croire. Rien ne lui semblait insurmontable. Tenté de vivre.
« Harry ? »
Les yeux sombres de son professeur vinrent se poser sur lui alors qu'il se laissait faire. Tout entier.
« Tout à l'air simple avec vous. »
C'était une affirmation dont le ton qu'il employait n'avait rien d'une remarque bonne ou mauvaise. Elle avait le mérite d'exprimer un ressenti qu'il voulait neutre. Il ne savait pas comment l'autre le prendrait, et il n'en avait pas grand chose à faire à vrai dire.
« Vous savez tout aussi bien que moi que rien n'est simple dans cette histoire. Suivez-moi. Nous avons beaucoup de choses à voir ensemble. »
La fumée dissipée, le horcruxe mort, le hurlement dans ses entrailles ne disparaissait pas, il s'amplifiait. Alors que Severus faisait tomber la protection, les objets autour d'eux ayant volés dans une direction toute chaotique et aléatoire, ils entreprirent de sortir des Oubliettes et Harry suivit, sans demander son reste, le professeur qui le menait vers la tour du directeur.
« La défense du château s'organise. Je dois retrouver Hermione et Ron et les membres de l'Ordre… » murmura Harry, le doute le prenant tandis qu'il regardait par les vitraux les forces armées des armures de Poudlard se masser sur le pont et devant les entrées stratégiques du château. Levant les yeux, il observa le dôme immense de protection enveloppant les cieux noircis par la nuit. L'atmosphère était chaude, dense, mais la brise était douce.
La nuit parfaite pour mourir se dit-il.
« Vous retournerez auprès de vos amis incessamment sous peu, je dois m'assurer de quelque chose avant. »
Severus et lui atteignirent la gargouille qui gardait le bureau. Celle-ci, aussi étonnant que cela puisse paraître, regarda le directeur et avec une révérence, fit tendre les escaliers avant de quitter son socle et de s'envoler par la fenêtre du couloir, rejoignant la pierre de Poudlard partie défendre son château. Harry regarda la scène comme fasciné.
« Entrez… »
Dans le bureau, dont rien n'avait semble-t-il changé à ceci près qu'il manquait le perchoir d'un phénix et les babioles étranges d'un directeur excentrique, Harry regarda le professeur Snape s'avancer avec une préciosité toute étrangère à l'attitude dominante de l'homme. Severus Snape n'avait jamais considéré ce bureau comme véritablement le sien, et avait gardé en mémoire celui de son prédécesseur.
Severus s'avançait vers le fond du bureau où se mêlaient ouvrages, potions, objets dont Harry ne pouvait résolument nommer. Il enjoignit Harry à l'attendre près du bureau, où l'ancien carnet de Tom Jedusor et la bague des Gaunt détruite demeuraient. La pierre n'était pas là. Harry, sans comprendre pourquoi, porta la main à sa poche où se tenait le vif d'or offert pas Albus Dumbledore. Il n'eut pas le temps de le sortir que Snape revenait avec une fiole dont le contenu demeurait semblable à celle qu'il avait utilisé pour l'horcruxe enfermé dans le diadème de Serdaigle.
« Il ne reste que Nagini… » énonça Harry, regardant la fiole avec intérêt. Se posant la question étrange de savoir comme asperger un énorme serpent d'une potion si petite. Le jeter peut-être ?
« Harry. » L'homme posa la potion à portée, et s'assit derrière le bureau où Harry n'avait vu qu'un seul homme s'asseoir. « Cette potion est pour vous. Gardez là. »
Harry tomba sur sa chaise. Ses jambes avaient décidé de s'écrouler avant lui. Le monde autour de lui s'assombrit. Son corps comprenait plus vite que son esprit, pourtant il sut.
« Cette potion va me tuer donc. »
Il s'étonna d'être si léger, il ne remit pourtant pas en question la volonté de Severus de le protéger, il se dit juste que la tentation avait été si grande qu'il avait bien fait de ne pas se laisser persuader de vivre. Il était un monstre en fin de compte. Une chimère que l'oncle Vernon avait eu raison d'insulter. S'il avait su, Harry se serait peut être insulté lui même.
« Pas du tout. Après tout cela croyez-vous que je décide de vous tuer aussi douce soit la méthode ? Non. Cette potion est en effet un dérivé de celle que j'ai utilisé tout à l'heure. Vous êtes un horcruxe Harry, et après deux ans intensives de recherches, me voilà arrivée à la formule que je cherchais. Elle vous enlèvera ce que vous gardez à l'intérieur de vous depuis votre première rencontre avec le Seigneur des Ténèbres. »
Ils prirent l'instant pour réfléchir, entendant les premiers bombardements provenant du Parc. Ils se gardèrent bien de lui donner crédit, Harry voulait comprendre, se fermant un peu plus à la noirceur de la révélation.
« Je suis un horcruxe. »
« Involontaire. Mais oui. Le professeur Dumbledore m'a chargé de vous tenir au courant. Il avait une méthode bien à lui pour éradiquer ce morceau d'âme, mais j'ai jugé bon de travailler sur une autre. Cela peut vous paraître dangereux, et vous seriez obligé de me croire sur parole. Mais cette potion reste la garantie de vous savoir intègre et sauf tout en éradiquant une âme en trop dans votre enveloppe. »
Cela paraissait bien trop scientifique et violent à la fois pour Harry, la jointure de ses poings blanchissant à vue d'oeil tandis qu'il se crispait sur sa chaise. Il regardait, amorphe, le petit flacon au liquide onyx et souple, plus dense que sa soeur désormais vide.
« Donnez la moi, qu'on en finisse. »
Severus attrapa le flacon mais ne lui tendit pas pour autant.
« Je voulais vous voir avant que tout ceci n'arrive car j'aurai souhaité vous transmettre plusieurs messages. Malheureusement nous n'avons pas le temps. » En effet la tempête magique grondait et les cris se faisaient d'un coup plus perçant. « Prenez ceci » il lui tendit la fiole « et cela. » une autre, plus petite, où vivaient à l'intérieur des filaments argentés dansèrent devant ses yeux. « Lorsque tout ceci se terminera ce soir, vous disposerez de tout cela à votre guise, et aurez à loisir de vivre avec. Je vous demanderai juste de…ne me jugez pas trop sévèrement d'accord ? »
L'homme par dessus le bureau le regarda et il crut voir un instant le même regard insondable d'un homme sage offrant à un adolescent les marques d'émancipations qu'il pouvait offrir à une vie adulte en attente. On lui laissait enfin le choix. Le choix de vivre, le choix de croire, le choix d'exister. Le choix de choisir. C'était donc cela. D'être.
Harry s'agrippa à ce que Severus lui tendait, comme à ce choix unique qu'on lui offrait depuis bien longtemps. Semble-t-il depuis jamais. Severus Snape venait de lui offrir pour la première fois de sa vie une décision si impérieuse sur ce qu'il voulait faire, non pas pour le monde entier, non pas pour la victoire du bien, non pas pour le bon côté, non. Ce qu'il voulait faire pour lui. Lui et lui seul. Un acte égoïste mais sincère qu'il prit comme ce qu'il était, une véritable bouffée de liberté.
Un air qu'il respirait une bonne fois, remplissant ses poumons d'un douce brise d'été.
« Merci… »
« De rien. »
Cet échange banal, sur fond d'incidence magique et de guerre, finissait de sceller à jamais la tentation timide d'un jeune Harry voué à croire qu'il pouvait être bien plus que ce qu'il espérait. Comment avait-il fallut qu'il attende ce soir pour laisser son esprit s'aérer à d'autres pensées que celles qui le hantaient depuis des mois. Il était ainsi fait. Severus Snape n'avait fait que rectifier le tire. La nouvelle du Horcruxe enfoui dans son âme paraissait se dissiper à mesure que la fiole qui se glissait dans ses poches teintait contre le vif d'or. Il sortit la petite balle, et regarda Severus qui ne cessait de le regarder, peu certains encore de ce que le gryffondor allait faire.
Harry avait à coeur de tout prendre depuis qu'il avait à coeur de comprendre la vérité. Severus aidant, il s'accrocha à l'espoir naissant, attrapant sa baguette.
« Je suis prêt. »
« A quoi Harry ? »
« A vivre. »
Le sorcier, derrière son bureau, le dos légèrement courbé sous la fatigue et la tension qui clairsemait ses épaules, offrit un hochement de tête convaincu à Harry Potter, qui, debout, se tenait droit en défi, les poches pleines de promesses.
« A la bonne heure. Allons-y. »
Si Harry hésitait, l'hésitation avait fondu comme neige face au printemps. Il n'hésiterait plus à vivre. Il l'avait convaincu.
