Chapitre 27 : Doutes…
Suite 88, Le Mark Hôtel, NY
Mlle Parker fut réveillée par les premiers rayons du soleil. C'était une magnifique journée comme elle n'en avait jamais vu auparavant. Elle jouissait de ce bonheur presque trop parfait. C'était la première nuit où la jeune femme n'avait pas fait de cauchemar, où elle avait l'air épanouie et en sécurité, elle éprouvait ce sentiment de légèreté. Mlle Parker se retourna pour voir si Jarod était toujours là, à ses côtés. La tête penchée, le sourire amoureux sur les lèvres, elle le contemplait avec admiration, le réveillant par de tendres caresses et de doux baisers, se remémorant sa nuit passée avec lui. Comme c'était agréable de ressentir à nouveau ce petit tourbillon dans son ventre. Une sensation que la Miss avait fini par oublier. Elle aurait aimé rester allongée là, tout près de lui, juste pour sentir son odeur, pour percevoir les battements de son cœur, pour l'écouter respirer, ou encore pour le regarder sourire dans son sommeil. Comme il était beau. Non, il était irrésistiblement beau ! Elle se redressa essayant de s'extirper hors du lit sans faire le moindre bruit, soudain elle entendit une voix familière derrière elle. C'était celle de Jarod.
« Bonjour, mon amour.
- Bonjour. Je suis désolée, Jarod, je ne voulais pas te réveiller.
- Je n'avais plus sommeil de toute façon. Tu ne veux pas rester encore un peu avec moi ?
- Si, bien sûr !
- Alors viens près de moi. Tu as bien dormi ?
- Je n'ai pas fait de cauchemar. Et toi ?
- Je n'ai pas vraiment eu le temps d'en faire, si tu vois ce que je veux dire.
- Je vois très bien ce que tu veux dire, Jarod.
- Tu as l'air un peu gêné, je me trompe ?
- Je me sens ridicule.
- Ridicule ? Moi, je t'ai trouvé extraordinaire.
- C'est la situation qui est ridicule.
- C'est-à-dire ?
- Jarod, regarde-nous. On vient de passer la nuit ensemble et au lieu d'être sur un petit nuage, on se sent gênés. Tu ne ressens aucune culpabilité, toi ?
- Parker, moi, je suis sur un petit nuage et je ne me sens ni gêné ni coupable de quoi que ce soit et surtout pas celui d'être heureux. Et tu n'as pas à l'être toi non plus !
Assise sur le lit, Mlle Parker, mal à l'aise, s'agita, se tortillant dans tous les sens. Elle baissa les yeux pour fuir le regard du caméléon. Il lui prit la main pour la calmer. Elle jeta un coup d'œil rapide sur son téléphone posé sur une table d'appoint près du lit, prétextant avoir reçu un message de Broots. Jarod la taquina sur le fait que l'informaticien savait très bien choisir son moment. Il avait réussi à lui décrocher un joli sourire. Alors qu'elle avait légèrement froid, il l'attira à lui, la tenant tout contre lui pour la réchauffer.
- C'est au sujet du petit ? Il a trouvé un indice qui puisse nous mettre sur la voie ?
- Il n'a rien dit à ce sujet. D'ailleurs, c'est étrange parce que son message ne disait rien.
- Hmmm, il n'avait rien à dire où peut-être, se doute-t-il de quelque chose.
- Jarod, je prends toutes les précautions, et ce, à chaque fois que l'on se voit. Je ne vois pas comment Broots pourrait être au courant. Et Sydney à promis de se taire.
- Tu n'es pas souvent au Centre ces temps-ci. Peut-être qu'il a fait le rapprochement entre nous. Entre tes absences répétées et le fait que je ne donne plus trop de mes nouvelles. Il n'est pas si idiot. S'il n'est pas au courant, il le sera très vite. Et puis je crois qu'il n'est pas le seul à avoir des soupçons sur nous deux.
- Explique-toi, Jarod ! Qui selon toi, pourrait être au courant ? Seuls Ethan et Sydney savent pour nous. N'est-ce pas ?
- On en parlera plus tard. Pour l'instant, j'aimerais qu'on prenne le temps de discuter de nous et de ce qui s'est passé cette nuit.
- N'est-ce pas ce que nous venions de faire ?
- J'ai quelque chose à te dire.
- Ça ne t'a pas plu ? Tu as été déçu ? Je t'ai déçu. Oh, Jarod, je croyais que tu avais…
- Déçu ? Non, au contraire. La nuit dernière a été phénoménale. Tu as été incroyablement merveilleuse, mon amour.
- Toi aussi, Jarod, tu as été merveilleux, tu es si merveilleux. C'était d'une intensité si intense. D'ailleurs, excuse-moi de t'avoir fait mal… Tu sais… Les marques dans ton dos.
- Oh, ces marques-là ! Ce sont les marques de notre amour. J'en suis plutôt fier !
- Ah oui ? Tu en es fier à quel point ?
- Tu le sauras bien assez tôt. Parker, je n'avais jamais vécu ça avant toi.
- Jarod, vu la nuit que l'on vient de passer, j'ai du mal à le croire.
- Eh bien, il va falloir que tu le crois parce que c'est la vérité. Tu sais que je n'ai pas pour habitude de te mentir. Parker, rien de ce que j'ai vécu jusqu'ici ne peut être comparable à cette nuit.
- Moi aussi, il faut que je te dise. Tu es adorable, Jarod. Beau et adorable. En ce qui me concerne, j'ai le sentiment d'avoir gâché nos vies. Nous avons perdu tellement d'années de notre existence. Nous avons perdu tellement qu'aujourd'hui je déplore le fait que nous n'ayons pas eu droit à notre part de bonheur avant ce jour. Et de me retrouver là, blottie dans tes bras ne me fait pas regretter une seule seconde d'avoir passé la nuit avec toi. J'ai l'impression de découvrir l'amour pour la toute première fois. Pourquoi avons-nous tant attendu pour être de nouveau réunis ? Jarod, je crois que je… »
Il resserra son étreinte, et sans lui montrer aucune résistance, elle répondit à son baiser avec ferveur. La gêne et la culpabilité par lesquelles elle était tantôt envahie s'envolèrent.
Le Centre, Blue cove, Delaware
Lyle, furieux et exaspéré entra dans le bureau de simulation retrouvant Broots et Sydney. Il parcoura la pièce d'un regard furtif mais néanmoins sévère. Il était à moitié débraillé, les cheveux en bataille. Sa barbe de trois jours indiquait qu'il ne s'était pas rasé ces jours-ci. Et vu l'odeur qu'il dégageait, il était évident qu'il n'avait pas pris de douche. Broots et Sydney se lancèrent des regards étonnés. Si Mlle Parker était là, elle aussi n'aurait pas hésité à se moquer de son frère jumeau. Il n'y avait aucun doute. Frustré, Lyle, écrasa sur le bureau sa bouteille d'eau vide qu'il tenait à la main.
« Sydney, vous avez vu ma sœur ? Et vous ? grogna-t-il.
- Bonjour, M. Lyle. Vous êtes de retour ? Que vous est-il arrivé ? Vous êtes dans un drôle d'état, questionna Broots.
- C'est une très longue histoire. Et je n'ai pas envie d'en parler.
- Mais enfin, cela fait plus de 48 heures que l'on se démène pour vous retrouver, insista le psychiatre pour avoir quelques réponses.
- Je suis sûr que Monsieur Broots saura très bien vous résumer la situation.
- Mais Monsieur Lyle, j'ignore moi-même, ce qui vous est arrivé.
- Ce qui compte Broots, c'est que Monsieur Lyle soit revenu sain et sauf, n'est-ce pas ?
- Dites-moi, Mlle Parker n'est pas dans son bureau, vous savez où elle est ?
- Non, je ne l'ai pas encore vu ce matin. Et d'ailleurs, j'ignore si elle viendra aujourd'hui.
- Je parie qu'elle est encore en train de batifoler. Prévenez-moi quand elle sera de retour de sa petite escapade romantique.
Lyle tourna les talons et quitta la pièce, Sydney remarqua que le frère de la Miss boitait. Son pantalon, taché de sang, était déchiré au niveau de la jambe. Il avait dû passer un sale quart d'heure. Ses mauvaises actions avaient été récompensées d'une bien drôle de manière. Broots, le visage crispé, s'interrogea sur les dernières paroles de Lyle. Mlle Parker, côtoyait-elle un homme ? Avec tous ces derniers événements, comment trouvait-elle le temps de sortir ou même d'avoir une relation… Amoureuse ?
- Escapade romantique ? Mais Sydney de quoi parle-t-il ? demanda Broots, suspicieux.
- Aucune idée. Ce que dit Lyle n'a aucun sens ni aucun intérêt.
- Que se passe-t-il avec Mlle Parker ?
- Mlle Parker ne se sentait pas très bien, ce matin. Elle ne viendra pas. » répondit naturellement Sydney. Il ne pouvait pas se permettre de trahir la confession et la confiance de la jeune femme ainsi que celles de Jarod.
Suite 88, Le Mark Hôtel, NY
Face à lui, la jeune femme plongea ses yeux profonds dans ceux du caméléon caressant sa joue, son front, son cou, son torse. Elle avait le visage qui s'était adouci. Elle voulait se montrer totalement honnête et transparente avec lui.
« Alors tu ne regrettes pas, Parker ?
- Non Jarod, je ne regrette pas. Pas un seul instant. J'étais sincère cette nuit et je le suis encore. Je me souviendrais toujours de ce sentiment indescriptible que j'ai ressenti quand nous avions fait l'amour. Jamais je n'avais ressenti ça. C'est la première fois. Oui, c'était comme si j'avais fait l'amour pour la première fois. Pour rien au monde, je ne voudrais effacer notre nuit de ma mémoire, lui avoua-t-elle.
- Mais ?
- Mais nous deux… C'est complètement dingue.
- Dingue ? C'est vrai qu'on a un petit peu perdu le sens de la réalité, mais…
- Oh non, crois-moi, Jarod, c'était bien réel. Et je ne me suis jamais sentie aussi vivante qu'à cette heure où je te parle. Mais je ne faisais pas allusion au fait qu'on ait fait l'amour. Aurais-tu oublié la malédiction des Parker ?
- Je n'y crois pas à cette histoire de malédiction, et tu ne devrais pas y croire, toi non plus. Écoute-moi. Tu devrais abandonner tes peurs si tu veux voir ton amour s'épanouir, un jour. Je sais que ce n'est pas facile, mais c'est faisable quand on est conscient de ce que l'on veut. Tu y arriveras. Et sache que tu ne devrais jamais avoir peur de te confier à moi si tu en éprouves le besoin parce que je veux être avec toi. Je te veux, toi, Parker.
- Moi aussi, je veux être avec toi, son enthousiasme transparaissait dans sa voix. Tu vois, je me suis toujours demandé comment se serait de passer la nuit avec un caméléon et jusqu'à là, Jarod, tu m'as comblé. Je suis aux anges.
- Hum, c'est drôle ce que tu me dis parce que moi aussi, je me demandais comment se serait de passer la nuit avec ma chasseresse préférée et jusqu'à là, tu as été au-delà de toutes mes espérances.
Elle appuya sa tête contre sa poitrine, elle paraissait plus sereine. Dans ses bras, elle éprouvait moins de crainte. La jeune femme adorait passer du temps avec le caméléon. Elle leva ses yeux vers lui et rapprocha sa tête de celle de Jarod afin de pouvoir mieux captiver son regard, leurs deux visages se touchaient. Sans se soucier du temps passé, ils restaient longtemps en se regardant, avant de commencer à s'embrasser tendrement, amoureusement, passionnément.
- Alors comme ça, tu me trouves adorable et beau ? Ce sont des mots qui mériteraient d'être gravés dans un lingot d'or !
- Oui, mais Jarod, ne prends pas l'habitude d'en entendre davantage et ne t'attends pas à ce je te fasse des compliments tous les jours. Ce n'est pas mon genre.
- Je me contenterai d'un compliment de temps en à autre. Ça te dit mon amour de renouveler cette fabuleuse expérience avec moi ?
- Je n'osais pas te le proposer ! »
Le Centre, Blue cove, Delaware
Broots, la bougeotte et le nez collé à son écran d'ordinateur, tapota les touches de son clavier. Il soupira se posant de nombreuses questions. Son sourcil se releva en signe d'interrogation. Il repensait à ces jours-ci, tout s'était déroulé si vite depuis ces derniers mois que finalement plus rien n'avait de sens à ses yeux. Est-ce lui ou le monde qui devenait fou ? C'était incompréhensible ! C'était à ne plus rien y comprendre ! Calme et silencieux, il jeta vite fait des coups d'œil en direction du psychiatre étudiant le comportement de ce dernier. Un comportement qui lui paraissait bien trop suspect à son goût.
« Sydney, je peux vous poser une question ?
- Bien sûr ! De quoi s'agit-il, Broots ?
- En fait, c'est plus un constat qu'une question.
- Je vous écoute, allez-y !
- Depuis quelque temps, plus rien ne va ici. Lyle et Raines qui mijotent, je ne sais quoi. Mlle Parker qui disparaît quasiment tous les jours sans dire où elle va. Et vous…
- Moi ?
- Oui, Sydney, vous ! Vous me cachez des choses tout comme Mlle Parker. Tenez, par exemple, tous les deux aussitôt que j'apparais, vous arrêtez de parler. Je sais que ça ne me regarde pas, mais je croyais pourtant qu'on était amis.
- Broots, vous êtes un très bon ami. Mais Mlle Parker traverse une période assez difficile. Nos échanges sont tout aussi confidentiels que vos conversations lors de nos séances. Vous comprenez, j'en suis sûr.
- Et que se passe-t-il avec Jarod ?
- Comment ça ? Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Ah non ? Alors pourquoi être retourné précipitamment à New-York dans le même hôtel où Jarod avait séjourné quelques jours plutôt ?
- Comment vous savez ?
- Vous agissiez de façon bizarre, et vous ne vouliez rien me dire comme aujourd'hui, alors je vous ai suivi. Je suis désolé, Sydney. »
Suite 88, Le Mark Hôtel, NY
L'un à côté de l'autre, Jarod et Mlle Parker, détendus, profitaient pleinement d'un moment agréable. Le visage rayonnant, elle riait de bon cœur à ses plaisanteries. Assis sur le lit, ils partageaient un copieux petit-déjeuner. Alors que Jarod déposait le plateau au pied du lit, la jeune femme, elle venait se lover dans ses bras, elle voulait avoir le plaisir d'être plus proche de lui. Être en symbiose avec lui. Ne faire qu'un avec lui. Elle ressentait ce lien affectif si fort entre eux, qu'ils ne pouvaient se passer l'un de l'autre sans en souffrir. Avec ses doigts, elle tâtait le corps bien robuste de son homme, palpant toutes ses formes. Elle releva sa tête et commença par lui donner tout d'abord de tout petits baisers, effleurant furtivement sa bouche puis elle joua doucement, mais sûrement à embrasser tour à tour les lèvres supérieures et inférieures du caméléon. Il s'allongea sur la jeune femme et se remit à l'embrasser sans réserve. Ses baisers devenaient de plus en plus insistants plus approfondis et sans en décoller ses lèvres de sa peau, sa bouche descendait, sa langue se promenait d'un endroit à l'autre. Une sonnerie retentit. C'était le portable de la Miss. Elle prit son téléphone sous l'oeil dubitatif de Jarod.
« Non, Parker, ne répond pas. Laisse-le sonner, je t'en prie, implora-t-il.
- Je n'avais pas l'intention de répondre, avait-elle rétorqué en éteignant son téléphone. Jarod, pourquoi ne pourrait-on pas rester ici jusqu'à la fin des temps ?
- On pourrait.
- Il n'y aurait que nous deux, ici. On pourrait faire ce qu'on voudrait, dire ce qu'on voudrait, faire l'amour quand on le voudrait.
- Oh, ce serait fabuleux. Je nous y vois déjà. On passerait toutes nos journées au lit, a faire l'amour. Ce serait divin.
- Oui. Ce que je veux dire, c'est qu'être ici, avec toi me donne la sensation d'être libre et d'être enfin moi-même. Quand je suis au Centre, c'est mon identité que je perds. Je dois oublier qui je suis, ce que je suis, mes sentiments… C'est l'enfer alors qu'ici, avec toi, c'est le paradis.
- Je ressens la même chose que toi. Tu sais ce que je voudrais ? Je voudrais t'offrir une vie normale.
- Ce que tu m'offres me suffit. Le fait de te savoir près de moi me satisfait pleinement.
- Tu es si belle et si incroyable. Tu es vraiment étonnante.
- Tu n'as pas toujours dit ça.
- Avant, j'étais idiot. J'étais aveugle et obsédé par le fait de retrouver ma famille. J'ignorais jusqu'à là que la seule personne dont j'avais réellement besoin, c'était de toi.
- Et aujourd'hui, je suis là. Je suis là si tu as besoin de moi. Je serai toujours là.
- J'ai besoin de toi mon amour.
- Je suis là, Jarod.
- Dis-moi, tu es heureuse Parker ?
- Uniquement, quand je suis dans tes bras. Et c'est ça qui est le pire. Parce qu'à la fin de ce week-end, quand tu partiras, tu seras loin de moi.
- Non, je serai toujours là mon amour.
- Et toi, dis-moi, tu es heureux, Jarod ?
- Je ne pouvais pas être plus heureux. Je suis fou d'amour pour toi.
- Prouve-le ! »
Il l'entendit pousser un long soupir à la fois de soulagement et de contentement. Il dessina du bout de ses doigts le contour de ses lèvres avant de recommencer à l'embrasser de plus belle. Elle ferma ses yeux pour en savourer chacun de ses baisers. Elle l'avait dans la peau. Quant à lui, il n'en avait jamais assez. Il était désespérément assoiffé d'amour et de tendresse. Elle aussi !
Le Centre, Blue cove, Delaware
Sydney, debout, se tenait droit comme un piquet devant l'informaticien. Son expression témoignait de son sérieux. Il savait que le petit homme dégarni attendait des réponses de sa part. Il se dirigea vers la sortie, esquivant de ce fait la discussion, mais Broots, la main posée sur le bras de son ami, l'empêcha de franchir le seuil de la porte.
« Attendez !
- Je dois y aller. On m'attend.
- Non. Sydney ! il referma la porte avant de poursuivre, ils attendront. Vous savez que je vous respecte, vous et Mlle Parker. Et je crois savoir qu'on est ami.
- Alors pourquoi m'avoir suivi ? Vous n'avez pas confiance en moi, Broots ?
- C'est à moi de vous poser cette question !
- Où voulez-vous en venir ?
- Je travaille ici, j'ai vendu mon âme pour le Centre. Je vous ai prouvé plus d'une fois ma loyauté. Je risque ma vie tous les jours. S'il y a un problème quel qu'il soit, je suis en droit de le savoir. Je vais vous poser une question et j'aimerais que vous soyez honnête avec moi. Que se passe-t-il avec Mlle Parker ? »
Suite 88, Le Mark Hôtel, NY
Enroulée dans une serviette de bain qui recouvrait une petite partie de sa silhouette, la Miss s'apprêtait à prendre une douche. Faire l'amour lui procurait beaucoup de joie et de plaisir et il allait de soi que cela était assez sportif, mais à l'inverse de Jarod, elle n'avait pas prévu de passer la journée dans la chambre. Elle s'avança vers le jeune homme qui lui appréciait le choix de rester à se prélasser dans le lit avec elle, de préférence. Près de lui, elle se baissa pour se mettre à sa hauteur et lui murmura à l'oreille. « Je vais prendre ma douche. Tu te joins à moi ? » Devant l'expression mitigée du caméléon, elle ouvrit sa serviette de bain, celle-ci glissa sur sa peau pour tomber au sol, dévoilant ainsi son intimité. Ce geste tout aussi volontaire que sexy avait pour effet de réveiller tous les sens du caméléon et de le mettre en appétit. Elle inclina légèrement la tête sur le côté, le demi-sourire affiché sur ses lèvres, l'air malicieux, elle lui tendait ses mains, l'incitant à venir le rejoindre. Le visage radieux, il l'attrapa par les poignets, elle tomba directement sur les draps encore plissés de leur nuit…
Plus tard dans la journée. Enlacés sur le canapé, dans les bras, l'un de l'autre, Mlle Parker, vêtue d'un peignoir de bain, le regard totalement éloigné, songeait à la conversation qu'elle avait eu tantôt dans la matinée avec Jarod. Il avait raison, comme toujours. La jeune femme savait que sa peur, à la fois instinctive et conditionnée, prenait parfois le dessus, influençant ses prises de décisions, ses sentiments, ses émotions. Elle s'inquiétait surtout de la tournure que prenaient les événements. Quoiqu'il en soit, il était évident que peu importe ce qu'elle déciderait dans les jours à venir, cela influencerait forcément ses choix. Elle espérait devoir ne pas a prendre de décision de façon trop hâtive dans les jours qui suivent ou du moins les retarder le plus longtemps possible. Elle avait la tête parasitée par diverses pensées qui nécessitaient absolument des réponses. Jarod remarqua son absence alors que la jeune Miss tergiversait tout en remuant ses doigts de pieds. Il prit la parole rompant le silence.
« Tu es bien silencieuse. À quoi penses-tu ?
- Je réfléchissais à certaines choses.
- Comme quoi ?
- Comme certaines décisions que je serai obligées de prendre à mon retour au Centre.
- Des décisions ? De quels genres ? Tu veux quitter le Centre, Parker ?
- Oh Jarod, si tu savais à quel point j'en rêve. Partir, tout quitter et laisser le Centre derrière moi. Tourner la page définitivement. Vivre pleinement notre histoire.
- Parker, si tu venais à quitter le Centre, ce serait un tout nouveau départ pour nous deux.
- Jarod, ne t'emballe pas. Je n'ai jamais dit que j'allais quitter le Centre.
- Mais tu y penses, n'est-ce pas ? Parker, regarde-moi, tu n'es pas obligée de rester là-bas si tu ne le souhaites pas. Tu n'es pas obligée de t'infliger cette torture mentale. Tu peux redevenir libre.
- Jarod, j'ai renoncé à ma liberté, le jour où je me suis éprise de toi.
- Éprise ?
- Oui. J'ai toujours su qu'il y avait un choix à faire. Et jusqu'à la nuit dernière, je ne savais pas que je l'avais déjà fait.
- Ah ? Quel est ce choix que tu as fait ?
- Celui d'être là, avec toi. De passer le week-end en ta compagnie
- Tu sais, ma proposition tient toujours. Viens avec moi. Pars avec moi, Parker ! »
Le Centre, Blue cove, Delaware
Sydney observa l'informaticien et pour mettre fin au soupçon justifié de Broots, il décida de ne partager avec lui que certaines des informations sans pour autant trahir le jeune couple. Il essaya de choisir ses mots avec le plus grand soin.
« Broots, comme vous le savez, ces derniers mois ont été très pénibles pour tout le monde. Jarod, Mlle Parker, vous, moi. Et d'autres personnes ne s'en sont pas sorties indemnes de cette histoire.
- Je sais tout ça, Sydney. Et vous savez que si je peux aider, je le ferai sans hésiter. Vous savez également que je ne trahirai jamais votre confiance ou celle de Mlle Parker. D'ailleurs où est-elle ? Et ne me dites pas qu'elle est chez elle ou que vous ne savez pas où elle est. Ce serait un manque de respect à mon égard.
- Vous avez raison. Venez Broots, sortons ! Ici, quelqu'un pourrait nous entendre.
Ils se dirigeaient vers les jardins du Centre. Ces derniers temps, c'était devenu le lieu des confidences, et à juste titre. C'était le seul endroit où ils pouvaient parler encore librement et sans être épié ou entendu. Sydney était face au petit homme qui s'agitait par petits mouvements rapides comme un poisson qui frétillait dans son aquarium.
- Je suppose que si on est ici ce n'est pas par pur plaisir.
- Avec tout ce qui est arrivé ces derniers temps, il vaut mieux éviter qu'on nous surprenne en train de parler de Jarod.
- Qu'est-ce qui se passe, Sydney ? Et d'abord où est Mlle Parker ?
- Mlle Parker est à New-York. Dans cet hôtel… Elle avait besoin de réfléchir et surtout de s'éloigner du Centre.
- Et Jarod ? Qu'a-t-il à y avoir là-dedans ?
- Il est avec elle.
- Avec Mlle Parker ? Dans ce même hôtel ? Ensemble ? Vous vous moquez de moi, tous les deux ? N'est-ce pas ?
- Non, Broots, personne ne se moque de vous.
- Qu'est-ce que vous essayez de me dire, Sydney ? Que depuis des mois Mlle Parker…
- Calmez-vous Broots. Elle a juste fait appel à lui pour l'aider à retrouver le petit garçon.
- Ah. Elle me trouve si incompétent qu'elle demande à Jarod de lui venir en aide ? À l'homme que l'on essaye d'attraper depuis cinq ans ? Elle sait pourtant que je fais mon maximum.
- Elle le sait oui, mais pour elle les choses ne vont pas assez vite.
- Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais sont-ils ensemble ?
- Broots, je ne suis pas en mesure de vous répondre. Si vous avez des questions un peu plus personnelles, je vous conseille d'en parler directement avec Mlle Parker. Mais au moins maintenant, vous savez.
- Je ne suis pas sûr que vous me disiez toute la vérité, Sydney, pour l'instant, je vais me contenter de ça !
- Merci Broots. »
Suite 88, Le Mark Hôtel, NY
« Pars avec moi, Parker !
- Pour aller où, Jarod ?
- Là où tu voudras. On pourrait partir en Europe, en France, à Paris, sur une île déserte ou ailleurs. Peu importe, ce que je veux, c'est t'emmener très loin aussi loin qu'on puisse aller.
- Jarod, tu es un grand rêveur, mais soyons réalistes, c'est quelque chose qui ne se fera jamais.
- Pourquoi pas ? On pourrait être si heureux.
- Parce que Jarod, il y aura des répercussions.
- Et ça te fait peur ?
- Ce qui me fait peur, c'est de te perdre.
- Non, non non, ça n'arrivera jamais.
- Jarod, on ne peut pas tout prévoir. C'est toi-même qui l'a dit. Tu te souviens ? Et malheureusement c'est une possibilité qu'il faut envisager.
- Je refuse d'y penser ! Et tu ne devrais pas m'écouter ! C'est vrai, ce que je dis n'est pas toujours juste.
- Ah, vraiment ? Alors je suppose que je ne dois plus t'écouter quand tu me dis que je suis belle et que tu prétends être fou d'amour pour moi ?
- Ça n'a rien avoir. C'est complètement différent.
- Détends-toi, petit génie, je plaisantais !
Toujours calée sur le canapé avec Jarod près d'elle, Mlle Parker tenta d'oublier ses priorités et ses responsabilités, du moins pour quelques heures. Bien que Jarod l'encouragea à réfléchir à sa proposition, elle essaya de trouver une solution pour améliorer leur situation et à l'impact que ça pourrait déclencher. Au diable ! Elle pensera aux conséquences plus tard… Beaucoup plus tard. Soudain, intéressée et besoin d'être rassurée, Mlle Parker le questionna :
- Dis-moi, Jarod, qu'est-ce qui te plaît en moi.
- Qu'est-ce que c'est que cette question ? Mlle Parker, douterais-tu de moi ?
- Non, c'est juste que je me demandais ce qu'il pouvait bien t'attirer chez moi. C'est vrai regarde-moi, je suis une personne méprisable, froide, certains me trouvent même méchante, voire cruelle, je suis obstinée, imprévisible, manipulatrice…
- Eh bien, ces personnes-là, je te conseille de ne plus les fréquenter. En ce qui me concerne, je te trouve intelligemment belle, douce, gentille, généreuse, et dévouée même si tu ne le montre pas toujours.
- Ah oui ? Mais encore ?
- J'adore tout de toi. Ton sourire, c'est un rayon de soleil qui illumine mes journées.… Tes yeux, parce que j'y vois l'amour et l'innocence que tu as encore en toi… La douceur de ta peau, qui me brûle les doigts à chacune de mes caresses… J'adore sentir tes lèvres contre les miennes, elles ont le goût du paradis… Et quand je respire ton parfum, c'est le bonheur que je respire, répondit Jarod en lui déposant de petits baisers ici et là à chaque description qu'il faisait d'elle. En se retournant vers lui, elle déclara :
- Qui a-t-il en moi que tu refuses de voir ou de croire, Jarod ?
- Tu as une belle âme, Parker. Je connais tout de toi, j'ai vu ton côté obscur, mais aussi ce feu qui brûle en toi… Et je ne te changerais pour rien au monde.
- Depuis que nous nous sommes retrouvés, toi et moi, je sais que j'ai changé... Tu m'as changée. Jarod, tu m'inspires à devenir une meilleure personne.
- Je ne veux pas que tu changes, Parker, je veux que tu restes toi-même.
- C'est trop tard ! » annonça la jeune femme.
Elle l'embrassa à pleine bouche alors qu'il la renversait doucement en arrière sur le canapé.
