Chapitre 35 : Un nouveau chapitre
Suite 88, Le Mark Hôtel, NY
Au petit matin, les premières lueurs du soleil faisaient leur apparition, inondant la chambre d'une lumière dorée. Mlle Parker se réveilla dans un état de béatitude. Cette nuit avait été incroyablement magique, il n'y avait eu aucun nuage à l'horizon. Et Jarod était redevenu… Lui-même ! Rien ne pouvait la rendre plus heureuse. La jeune femme se sentait libérée de ce fardeau qu'avait été ces derniers jours. Jarod était toujours endormi près d'elle, il avait l'air plus serein. Elle se redressa pour contempler la vue depuis la fenêtre de la chambre, appréciant cette sensation de paix intérieure qui venait de l'envahir. La journée qui se profilait devant elle semblait être pleine de promesses. Elle se tourna vers Jarod et tout en pensant à lui, son sourire avait atteint ses yeux, si brillants et si lumineux. Il était le remède parfait à tous leurs maux. Elle avait donc décidé de mettre à profit son temps libre et sa disponibilité au service de son caméléon, se mettant en tête de préparer un petit-déjeuner romantique pour Jarod et elle. Elle se glissa doucement hors du lit sans tirer du sommeil son bel amant, enfila un peignoir en soie et alla ouvrir la fenêtre, ferma les yeux et prit une grande inspiration, respirant l'air frais du matin et le parfum délicat des fleurs qui emplissait ses poumons. Elle entendait le gazouillis des oiseaux et le bruissement des arbres au loin. Elle sortit de la pièce à pas feutrés se dirigeant en silence vers la cuisine.
Elle alluma la cafetière puis fouilla ensuite dans les placards et le réfrigérateur à la recherche de quelques ingrédients nécessaires pour préparer un petit-déjeuner gourmand. Elle savait que Sydney avait fait des courses, alors il ne devrait donc pas être si difficile de mettre la main sur de la nourriture. En réalité, la jeune femme ne savait pas ce dont elle avait besoin. Elle trouva des fruits frais, du pain et d'autres petites choses. Elle avait mis à chauffer une poêle et cassa des œufs avec précaution. Jusque-là, tout allait bien, sauf que la Miss n'avait pas fait attention aux nombreuses coquilles qu'elle avait laissé traîner ici et là. Elle fut rapidement distraite par un message sur son téléphone portable. Un message de Sydney. Lorsqu'elle se retourna pour voir l'état de la poêle, tout étaient déjà bien trop cuits. Pendant ce temps, les toasts qu'elle avait mis à griller étaient déjà presque noirs, totalement carbonisés. Un gros nuage de fumée se propagea dans la pièce, la jeune femme se précipita pour ouvrir les fenêtres en grand. Elle avait l'impression de s'étouffer. Elle avait pourtant ajusté la minuterie, mais il semblerait qu'elle l'avait mal réglé. Mlle Parker, épouvantée, était submergée par la panique. Elle tenta de rattraper le coup en raclant les œufs et en enlevant les parties les plus cramées des toasts, mais rien n'y faisait, tout avait un goût de charbon. Décidément, les choses ne se passaient jamais comme prévu ! Elle souffla, se tournant vers la table, les assiettes fumantes dans les mains. Elle avait tellement voulu faire plaisir à son amoureux, mais tout avait tourné au désastre. Elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Elle espérait que Jarod ne serait pas trop déçu et qu'ils pourraient passer outre cette mésaventure culinaire. Plaçant le tout sur un plateau, elle ajouta deux tasses de café et un bouquet de fleurs fraîches. La demoiselle grimaça en serrant les lèvres « Non, il n'y a vraiment rien de romantique dans ce petit-déjeuner ! Jarod ne mangera jamais ces horreurs ! » pensa la Miss. Elle appela donc le service d'étage. Un instant plus tard, sa commande était arrivée. Elle prit le plateau avec soin et retourna dans la chambre, le posant vers le fond du lit. Elle s'approcha doucement de Jarod se pencha vers lui et l'embrassa sur la joue puis sur les commissures pour finir sur ses lèvres. Il ouvrit ses paupières et tout en souriant, il l'amena jusqu'à lui, la prenant dans ses bras.
« Bonjour. Tu as bien dormi ?
- Merveilleusement bien. Et toi, mon amour ?
- C'est la meilleure nuit que j'ai passée depuis longtemps.
- Tu dis ça après notre tout premier week-end passé ensemble, elle riait. Et ces jours-ci.
- Non. Notre première nuit restera la plus belle et la plus merveilleuse que l'on aura passée. Elle est inoubliable, il réfléchissait quelques secondes. Ai-je bien entendu ? Tu m'as appelé mon amour ? Je suis surpris, c'est la première fois que tu m'appelles ainsi depuis que l'on est ensemble.
- Euh, non, ce n'est pas la première fois, répondit-elle, gênée. Jarod, te rappelles-tu de ce que tu m'as dit l'autre soir sur le toit ? Tu le pensais vraiment ou… ?
- Que je suis amoureux de toi ? Oui, bien évidemment que je le pensais. Je suis très très amoureux. C'est comme ça, il va falloir que tu t'y fasses !
- C'est que je ne sais pas quoi te répondre.
- Non, écoute-moi Parker, je n'attends pas de toi que tu me dises la même chose. Je voulais juste que tu le saches. Alors, Parker, te sens-tu plus intelligente où plus heureuse ?
- Heureuse, oui. En revanche, je ne me sens pas plus intelligente.
- Ah ? Je suppose que nous allons devoir pratiquer et nous y appliquer davantage.
- Oui, je suis d'accord sur le principe.
- Seulement sur le principe ? Et es-tu d'accord sur la méthode à employer ?
- C'est la méthode que je préfère !
- Moi aussi. Tiens, tu as fait monter le petit-déjeuner ? Justement, j'ai besoin de reprendre quelques forces.
- Il est vrai que cette nuit, nous avons énormément dépensé d'énergie et que…
- Sniff… Sniff… Tu sens ? Qu'est-ce que c'est d'après toi ? C'est quoi cette odeur ? On dirait comme de la fumée, il poussa le plateau, se releva brusquement du lit.
- Oh, ce n'est rien, Jarod. Juste un tout petit incident, rien de grave. Ça va se dissiper dans quelques minutes. Tiens, tu veux un croissant ? Un café peut-être ? Un verre de jus d'orange ? C'est plein de vitamines, embarrassée, elle lui tendit une viennoiserie ainsi que le verre, essayant de détourner son attention.
- Parker, ça sent vraiment le brûlé. Je suis presque sûr que ça vient d'ici. Qu'est-ce qui s'est passé exactement ?
- Rassure-toi, tout va bien, elle fuyait son regard, cherchant une réponse qui ne trahirait pas sa maladresse en cuisine.
- Viens ! Sortons d'ici ! Il la tira par le bras.
- Non, Jarod. C'est moi. Ne me regarde pas comme ça. J'ai voulu te faire plaisir, je voulais nous préparer un petit-déjeuner romantique, pour nous deux. Mais euh, le résultat n'était pas celui escompté. Disons que ça ne s'est pas tout à fait passé comme prévu. J'ai un peu laissé les choses sur le feu un peu trop longtemps, et... Voilà. C'est définitif, je ne suis pas faite pour la cuisine.
- Parker, tu as voulu jouer les chefs cuisiniers ? Un petit-déjeuner romantique ? Et que nous avais-tu préparé de bon ?
- Des œufs, des toasts. Tu vois même les choses les plus basiques…
- Apporte-moi ton plat !
- Jarod, tu n'es pas sérieux, tout à brûlé.
- Apporte-le-moi, insista-t-il, mon amour, tu t'es donné tant de mal, la moindre des choses c'est que j'y fasse honneur.
- Puisque tu insistes, mais attention Jarod, je te préviens ce n'est pas du gourmet ! »
Mlle Parker pouvait sentir sa gêne grandir à mesure que la fumée se répandait jusque dans la chambre. Elle s'avança vers lui presque à reculons. Jarod, lui, gardait son calme face à la situation, comprenant que la jeune femme avait voulu lui faire plaisir et il était touché par ce geste. Il prit le plateau qu'elle lui tendait et examina les toasts et les œufs avec réjouissance. « Bon, on dirait que c'est un peu croustillant. Mais je suis sûr que ça a très bon goût. » avait-il dit avec un large sourire encourageant, remuant ses sourcils. Mlle Parker ne put s'empêcher de rire en voyant l'air résolu de Jarod. Elle tomba sur le lit en le regardant manger avec un appétit feint.
« Parker, c'est… Je ne trouve pas les mots.
- C'est si épouvantable que ça ? Oh, je m'en doutais, tu sais. Tu peux me le dire ! Il est inutile que tu te rendes malade.
- Une fois qu'on enlève les coquilles d'œufs sur le blanc et le grillé des toasts ce n'est pas si mauvais. Bon, c'est sûr, je ne vais pas te mentir, ce n'est pas de la haute gastronomie, mais ce n'est pas si mauvais.
- Tu peux te moquer, tu en meurs d'envie, je le vois dans tes yeux.
- Parker, tu pourrais me donner une tartine de pain sec que cela suffirait à me combler de bonheur. C'est une très belle attention. Je suis impressionné, merci. Cela dit, peut-être que la prochaine fois, tu pourrais faire cela avec un professionnel. Un professionnel comme moi.
- Oh non Jarod, il n'y aura pas de prochaines fois. Il faut se faire une raison. Je suis plus douée pour manier une arme à feu que pour casser un œuf ! »
Salle de sport, Le Mark Hôtel, NY
Un peu plus tard dans la matinée, Jarod se décida à continuer son entraînement, laissant la jeune femme seule dans leur suite. Il se dirigea d'un pas assuré vers la salle de sport de l'établissement. L'excitation de la nuit passée en sa compagnie, le poussait à se défouler et à se remettre en forme. En entrant dans la pièce, il fut accueilli par l'odeur de la sueur et des poids en métal, qui, bizarrement, avait un effet rassurant sur lui. Il balaya celle-ci du regard, repérant les équipements qui l'intéressaient. Il s'orienta vers le banc de musculation qu'il régla à sa convenance et chargea la barre avec des poids, avec un entrain sans limite. Les muscles de ses bras et de ses jambes étaient encore un peu endoloris, mais il se força à poursuivre l'effort, et ce, de manière assidue et intensive. Alors qu'il accumula le nombre d'exercices, Jarod ne cessait de penser à Mlle Parker, à leur tout premier week-end, à ces derniers jours qu'elle avait passé à ses côtés, à leur nuit, à sa famille tout lui revenait en mémoire. Et plus il y pensait, et plus il s'acharnait sur la barre d'haltère. Il prolongea son entraînement avec d'autres machines jusqu'à ce que ses muscles soient bien sollicités. Sans oublier de faire quelques pauses afin de se réhydrater. Puis, il remarqua que la salle s'était vidée de ses autres clients.
Suite 88, Le Mark Hôtel, NY
En l'absence de Jarod, Mlle Parker s'était emparée de la valise grise métallisée du caméléon. Elle avait entrepris de fouiller à l'intérieur de celle-ci. Son regard se posa sur ces petits disques contenant principalement les fragments de la vie de Jarod. Elle était consciente que les DSA qu'elle était en train de manipuler renfermaient des informations d'une grande valeur. Toutefois, son objectif était tout autre, elle cherchait désespérément un disque en particulier. Malgré son inconfort, sa curiosité inextinguible l'emportait sur ses craintes. Bien installée confortablement sur le canapé, un coussin serré dans ses bras, elle inséra le premier disque dans le lecteur et visionna les images montrant un jeune garçon si innocent dont la voix était mélodieuse, pure et si insouciante, ses yeux d'un brun brillant étaient remplis de tristesse alors que son cœur était plein d'espoir. Les traits de la jeune femme s'adoucissaient, elle esquissa un sourire malgré son regard peiné en le voyant effectuer une de ses simulations visiblement sans se soucier des enjeux que cela impliquait réellement ou encore des véritables conséquences. Au fil des enregistrements, la jeune femme pouvait suivre l'évolution de Jarod, depuis son enfance jusqu'à son âge adulte. Elle redécouvrait des aspects de sa personnalité qu'elle avait oubliés, des talents insoupçonnés et des expériences incroyables qui l'avaient formé en l'homme qu'il était devenu aujourd'hui.
Salle de sport, Le Mark Hôtel, NY
Pendant ce temps, Jarod avait fini sa séance de sport et avant de quitter la salle, il pratiqua quelques étirements afin d'éviter toutes douleurs dû à un déchirement musculaire. Il se sentait revigoré et malgré la fatigue qui le gagnait peu à peu, il ressentait une énergie nouvelle, prêt à affronter le monde. Il retourna à la suite pour retrouver Mlle Parker, espérant qu'elle avait apprécié son moment de détente et prêt à lui offrir toute son attention pour le reste de la journée. Alors qu'elle regardait les disques les uns après les autres, elle faisait abstraction des bruits de pas dans le couloir ignorant de ce fait que Jarod n'allait pas tarder à franchir le seuil. Soudain, la porte s'ouvrit brusquement et ce dernier entra dans la pièce. La jeune femme, prise en flagrant délit, releva la tête, les DSA dans chacune de ses jolies mains. Elle ne savait pas pourquoi, mais, à cet instant précis, elle avait cette impression que ses oreilles devenaient rouges. Jarod fixa intensément, un bref instant, Mlle Parker, qui mal à l'aise sous son regard tenta de se justifier. Il sourit.
Suite 88, Le Mark Hôtel, NY
« On farfouille Chère Mlle Parker ?
- Tu… Tu es déjà… Revenu ?
- Ça fait plus d'une heure que je m'entraîne.
- Ah ? Comment ça s'est passé ?
- C'était intensif, enfin, pas autant que la nuit dernière. Et toi, je vois que tu as été très occupée. Tu veux m'emprunter quelques-uns de ces disques ?
- Non ne sois pas ridicule. Ce n'est pas ce que tu crois, Jarod.
- Je peux peut-être t'aider.
- C'est tout ? Tu n'es pas en colère, fâché, où même déçu ?
- Non Parker, tu sais bien que je n'ai rien à cacher et que j'ai confiance en toi. Alors dis-moi, qu'espérais-tu y trouver ?
- Pour tout te dire, je cherche un disque. Un disque que ma mère m'aurait laissé. Tu sais celui où elle me révèle son plan, son projet et la vraie nature du Centre.
- Parker, j'ai toujours coopéré avec toi quand il s'agissait de ta mère. Je ne t'aurais jamais caché ce disque volontairement.
- Je sais, Jarod, ce n'est pas toi qui l'as. Je voulais juste en avoir la certitude. Je crois savoir qui est en possession de ce DSA.
- Tu penses à qui ?
- À ta mère, Jarod. C'est elle qui l'a ! J'ai l'intime conviction que Margaret à ce disque. »
Jarod s'assis à côté d'elle. Mlle Parker, était nourrie par un soupçon envers Margaret, la mère de Jarod. Elle était convaincue que celle-ci détenait le précieux DSA. Pourtant, cette dernière restait introuvable à ce jour tout comme le disque. Il lui avoua qu'il s'en était douté. Il se souvient alors de la discussion qu'il avait eue avec elle à Paris. Qu'elle voulait rencontrer Mlle Parker. Que Margaret avait quelque chose à lui remettre. C'était le petit cd-rom. Il en était certain ! S'il avait su plus tôt, il aurait demandé à sa mère. Il la prit dans ses bras, ses mains si nobles frôlèrent ses bras. L'attraction qu'il exerçait sur elle était si forte que ça en était alarmant. Dans un moment d'audace, il l'embrassa avec une passion contenue, lui faisant perdre tous ses moyens. Elle ferma ses beaux et grands yeux, s'abandonnant à leur étreinte. Tout en elle était en émoi, se soumettant à ses inestimables attouchements. Elle huma son parfum, une fragrance si habituelle et pourtant si enivrante. Dans cet échange amoureux, elle aurait pu le contempler pendant de longues heures, complètement fascinée. Cependant, l'odeur de la sueur ne pouvait être ignorée. Bien qu'elle la trouvait apaisante, comme un lien intime qui les rapprochait encore plus, Jarod, lui préférait s'en débarrasser. Leur baiser se prolongea, doux et langoureux.
« Tu sens bon.
- Je devrais aller prendre une douche.
- Reste encore un peu. On est bien, non ?
- Tu as raison, murmura Jarod en s'installant plus confortablement contre le dossier du canapé. Un peu plus de temps ne peut pas nous faire de mal.
- Même avec la sueur, tu es irrésistible, chuchota-t-elle d'une voix tendre en posant sa tête sur l'épaule de Jarod.
- Mais sérieusement, je devrais aller me doucher, avait-il dit en laissant échapper un petit rire. Je ne peux pas rester collant et transpirant indéfiniment.
- Je préfère te garder juste comme ça, peu importe la sueur. C'est un rappel que tu es réel, que tu es ici avec moi.
- Eh bien, je suppose que je peux rester encore un peu, ses lèvres trouvaient celles de Mlle Parker dans un baiser interminable. Je suis bien là où je suis. »
Quelques minutes plus tard, elle se mit à rassembler les disques avec la même minutie qu'elle aurait pu avoir à cueillir les fleurs dans un jardin. Chacun de ces DSA était un trésor inestimable à ses yeux. Elle ne pouvait se permettre de perdre, ne serait-ce qu'une infime partie de lui-même, et encore moins de ses souvenirs. Subitement, une force irrépressible, voire magnétique, l'attira vers la salle de bain, là où le liquide translucide se répandait sur le beau caméléon, détendant ses muscles, révélant son intimité. Le souffle court, elle avança lentement vers la douche, s'approchant silencieusement de lui, hypnotisée par le son de l'eau qui s'écoulait en chute sur la musculature lisse de son amant. À chacun de ses pas, sa poitrine se soulevait au rythme des battements de son cœur tandis qu'elle rejoignit le jeune homme, sans un mot. Aussitôt, il se retourna, réjoui de la présence de celle qu'il adorait. Son regard rencontrait celui de la Miss qui touchait affectueusement du bout de ses doigts, sa peau comme pour le réchauffer. Leurs corps nus, enveloppés dans une vapeur épaisse, se pressèrent l'un contre l'autre, transportés par une émotion inexprimable. Leurs lèvres se ralliaient dans un baiser fougueux, presque déchirant quand Jarod poussa doucement la jeune femme contre la paroi de la douche, caressant lentement l'une de ses cuisses remontant jusque vers ses hanches pour finalement plaquer les paumes de ses mains au-dessus d'elle. Encerclée, elle se dégagea de ses bras.
« Dis-moi, tu voulais me dire quelque chose ?
- Oui, j'ai un jeu à te proposer ! répondit-elle avec un sourire coquin.
- Un jeu ? Je suis curieux ! Quel est le principe ?
- C'est très simple. Tu fermes les yeux et tu me laisses faire tout ce que je veux pendant 10 longues minutes. Pas de tricherie, hein !
- Hmm, ça me paraît risqué comme jeu, mais je suis partant. Et qu'est-ce que tu comptes faire de moi pendant ces 10 minutes ?
- Oh, tu verras bien, fit-elle en lui faisant un clin d'œil espiègle.
- Ai-je droit à un joker ?
- Laisse-toi faire.
- Tu veux que je sois tout à toi, c'est ça ?
- Mais Jarod, tu es déjà tout à moi.
- Dangereuse et dominatrice. Je savais que tu étais une femme de caractère Parker, mais jouer avec moi comme tu le fais ça à un côté plutôt pervers, non ?
- Allez, ferme les yeux et décompte. » sa voix était envoûtante, défiant Jarod de se perdre dans les délices de leur jeu sensuel.
Jarod, les yeux clos, commença à compter lentement, très lentement de façon à prolonger cet instant si étourdissant. Elle s'approcha de lui, avec enthousiasme, vibrante d'exaltation. Il se sentait à la fois excité et un peu intimidé, ne sachant pas ce qu'elle allait faire de lui. Malgré le fait qu'il avait confiance en elle et en sa créativité, il était prêt à se laisser surprendre. Tout d'abord, elle lui susurra des mots tendres à l'oreille, lui donnant de petits baisers aériens comme une douce caresse, un effleurement, un souffle, sur ses paupières puis son nez, sa bouche prenant le chemin vers le cou pour terminer par ses épaules, faisant naître en lui, sous l'effet de la surprise, un mouvement brusque mais néanmoins involontaire du buste vers le haut. Puis glissa ses mains chaudes, où son sang s'y déplaça impétueusement, tout le long de son corps, explorant chaque recoin avec une malice joueuse. Elle sentait son désir d'en vouloir davantage. La situation devenait insoutenable pour le caméléon alors que le regard de la Miss s'arrêta à la hauteur de son torse, légèrement plus bas. Et tout en se frottant contre son organe, elle surveillait la moindre de ses réactions tandis qu'il extériorisait les avants-goûts d'un plaisir étouffé par quelques soupirs. Après les dix minutes écoulées, il rouvrit les yeux. Les sons de l'eau et de leur respiration s'etaient entremêlés dans une entente parfaitement érotique s'adonnant à l'extase du moment présent. Heureux, ils n'avaient jamais ressenti une réelle osmose entre eux.
« Alors, c'était comment ? Tu as apprécié ?
- Oh, c'était... Intéressant. Je crois que j'ai encore quelques idées pour la prochaine fois.
- Toujours aussi insatiable, toi !
- C'est ce qui rend notre relation aussi excitante, non ? On ne sait jamais à quoi s'attendre avec l'autre.
- C'est vrai, admit-il en passant une main dans ses cheveux mouillés. Dis-moi, tu es vraiment doué dans ce domaine, comment fais-tu pour être aussi inventive ?
- C'est un secret, mais je suis contente que ça t'ai plu.
- Tu ne peux pas savoir à quel point. Et tu sais comme je suis gourmand de toi ! On devrait peut-être sortir de la douche ? suggéra-t-il avec un sourire.
- Attends Jarod. » elle le provoquait du regard passant ses bras autour de son cou.
Il éclata de rire, ravi de la voir si vive et pleine d'énergie, il se pencha pour l'embrasser fugacement. Ensuite, vint pour eux, le temps de sortir de la salle de bain, se séchant, s'habillant, sans se hâter, comme s'ils voulaient prolonger cet instant de pur bonheur. L'estomac du caméléon cria famine, il était l'heure pour lui de se restaurer. Jarod prit le téléphone de la chambre et composa le numéro du service d'étage. Une voix aimable lui répondit à l'autre bout de la ligne, il commanda un déjeuner pour deux personnes tout en passant en revue les plats proposés sur le menu, demandant des suggestions et des recommandations pour s'assurer de faire un choix qui plairait à sa compagne. Le tout agrémenté d'un vin léger pour accompagner ce copieux repas, avant de raccrocher, il donna le numéro de la suite. Jarod se tourna vers Mlle Parker et l'invita à le rejoindre sur le sofa en attendant. La jeune Miss aborda un sujet ultrasensible.
« Jarod, il faut que l'on parle. C'est au sujet d'Ethan. Il m'a raconté, elle utilisa un ton calme mais sérieux alors que son visage devenait plus grave.
- Ah ! Il t'a dit que je lui avais cassé la figure. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je sais que je n'aurai pas dû faire ça. Il doit m'en vouloir. Tout comme le reste de ma famille, d'ailleurs.
- Non, il ne t'en veut pas. En réalité, il s'inquiète pour toi. Tu devrais l'appeler pour le rassurer, lui expliquer ce qui t'es arrivé.
- J'ai agi de manière impulsive. Vraiment, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Si tu savais comme je m'en veux, penché en avant, les coudes sur les genoux, il se tenait la tête dans ses mains.
- Ce n'est rien, Jarod, ça va aller. Maintenant, parlons de ta famille en général. Pourquoi penses-tu qu'ils t'en veulent ?
- Je crois que je ne me suis pas très bien comporté avec eux. En particulier avec Emily.
- Emily, ta sœur ? Que s'est-il passé entre vous ?
Alors qu'une odeur alléchante emplissait le couloir, le bruit discret d'un plateau roulant annonçait l'arrivée du déjeuner. Des coups retentissaient à travers la porte. Jarod se précipita pour accueillir le serveur. « Merci beaucoup. Vous pouvez les déposer ici, s'il vous plaît. » Le serveur s'exécuta, disposant les plats avec précaution sur le bar de la cuisine. Le caméléon souriait poliment, remerciant l'employé pour le service rapide, avec un généreux pourboire, il referma la porte derrière lui. Une fois celui-ci parti, il se dirigea vers la jeune femme, galant et attentionné, il tira la chaise pour la Miss. « Permets-moi de t'aider à t'asseoir, Parker. »
- Où en étions-nous ? Emily. Oui, je n'ai pas été très gentil avec elle. J'ai été distant, insensible à ses problèmes et à ses besoins. Je me suis tellement focalisé sur notre histoire et la vérité ou encore les retrouvailles avec ma mère que j'ai négligé ma relation avec elle. Elle avait besoin de moi, et je n'ai pas su être là pour elle.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu peux tout me dire, tu le sais. Jamais je ne te jugerais.
- Je me suis énervé contre eux. Je les ai repoussés. Parker, j'ai prononcé des paroles si blessantes que j'en ai honte. Je ne sais pas si j'aurai le courage d'affronter leurs regards à nouveau. De savoir qu'ils me détestent… Je ne sais pas si je pourrais le supporter.
- Tu dois leur parler, Jarod. Tu ne peux pas garder tout cela pour toi. C'est ta famille, je suis sûre qu'elle comprendra que tu es un peu perdu la boussole, elle posa une main réconfortante sur son bras. Et crois-moi, personne ne te déteste.
- Parker. Je suis supposé être le caméléon parfait, le fils irréprochable, le frère idéal. Mais je suis loin de l'être. Je me sens comme un imposteur, comme si j'étais en train de vivre la vie de quelqu'un d'autre. Et quelle vie ? Je ne sais même plus qui je suis. Je ne l'ai jamais su. Et je crois que je ne le saurais jamais, il secoua la tête.
- Tu es Jarod, elle s'était levée et agenouillée devant lui, ses doigts posés sur la joue, un être humain qui a le droit de ressentir toutes sortes d'émotions, de la souffrance, de la confusion, et de la vulnérabilité, elle lui prit le visage entre ses mains. Tu es celui qui est toujours présent quand j'en ai besoin. Tu es celui qui me fait rire et pleurer. Tu es celui pour qui je me lève le matin. Tu n'as pas besoin d'être parfait pour être apprécié à ta juste valeur. Personne ne l'est. Nous sommes tous des êtres façonnés par nos expériences et nos émotions. C'est justement cette complexité qui nous rend si exceptionnelle.
- Je sais, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Je suis tellement perdu, Parker.
- Jarod, tu m'as toujours impressionnée. Depuis que nous nous sommes rencontrés, tu as fait preuve d'une force et d'une compassion incroyable. Tu as consacré ces dernières années à aider les autres, à rendre justice à ceux qui en avaient besoin. Et dans tout cela, tu as touché mon cœur d'une manière que je ne peux expliquer. Peut-être que je n'ai pas toujours su exprimer mes sentiments. Mais cela ne signifie pas que je ne les ressens pas. Je suis fière de ce que tu es, de la personne que tu as choisi d'être. Tu es bien plus qu'un caméléon à mes yeux. Tu es mon meilleur ami. Tu es celui avec qui je veux être. Tu es une personne extraordinaire, avec toutes tes forces et tes faiblesses, tes doutes et tes rêves. Et je crois en toi, Jarod.
- Je ne savais pas que tu pensais ça de moi.
- Jarod, il est temps de laisser de côté, les attentes et les jugements. Tu n'as pas besoin de te cacher derrière une image idéalisée de toi-même. Et si tu me le permets, nous pourrions peut-être découvrir ensemble qui tu es vraiment. Je veux dire qui tu es là-dedans, elle toucha sa poitrine.
- Je ne sais pas par où commencer.
- Commence déjà par passer du temps avec ta famille. Laisse-les t'aider. Ouvre-leur ton cœur, mais sache que je serai toujours là si tu as besoin de moi, quoiqu'il arrive. Tu pourras toujours compter sur moi.
- J'irai les voir. Merci, Parker.
- Il y a autre chose, n'est-ce pas ?
- J'ai essayé de parler à ma famille de notre relation, de nous deux, mais j' ai l'impression qu'ils ne réalisent pas le lien si fort qu'il y a entre nous.
- Jarod, ma famille non plus ne comprendrait pas, ne l'accepterait sûrement pas. Je m'en fiche ! Seulement, pour toi, c'est différent. Leurs opinions comptent et malheureusement, tu ne peux pas les ignorer.
- Tu comptes bien plus à mes yeux. Tu es la seule pour qui mon cœur bat. Tu es la lumière qui éclaire ma vie, ne te l'ai-je pas déjà dit ? il déposa un baiser sur ses lèvres.
- Peut-être devrais-tu leur parler franchement, leur expliquer tes sentiments, tes choix de vie. Ils finiront bien par comprendre.
- C'est ce que je ferais. Compte sur moi !
- De mon côté, j'ai quelque chose à te dire. Broots est au courant de notre liaison. Je lui ai tout avoué. Je n'ai pas pu lui mentir plus longtemps. Rassure-toi, il gardera notre secret.
- Comment a-t-il réagi ?
- Surpris, bien sûr. Il ne s'attendait pas à ça. Mais je crois qu'il est content pour nous, au fond.
- C'était inévitable. Je sais que l'on peut y arriver, Parker. On se montrera discrets.
- Et si quelqu'un d'autre au Centre apprenait la vérité ?
- Si jamais quelqu'un apprend la vérité, on assumera notre relation. Ensemble, toi et moi. »
C'est alors que la Miss retournant à sa chaise changea de sujet en évoquant le bébé Parker. Elle expliqua à Jarod que lorsqu'elle était arrivée en Virginie, elle avait découvert la maison vide. Il n'y avait personne. Ni Lyle, ni Nettoyeurs, ni bébé. Ils avaient tous disparu. C'était une piste qui l'avait mené tout droit vers un cul-de-sac. Jarod était abasourdi. Il ne pouvait pas croire que ce psychopathe avait une fois de plus réussi à les devancer. Elle lui fit part également de son inquiétude. Sydney avait chargé Sam de suivre son frère, mais à ce jour, elle n'avait aucune nouvelle. C'était silence radio ! Il prit l'initiative de s'installer devant son ordinateur se connectant à internet. Il avait entreprit des recherches plus spécifiques piratant les comptes du Centre et d'autres sites Web liés à l'organisation pour obtenir des informations plus que juteuses. Alors qu'il établissait la liaison au réseau informatique de l'entreprise, il commença à naviguer à travers les différents fichiers, dossiers et systèmes pour trouver des informations pertinentes, se montrant prudent pour ne pas être détecté par les systèmes de sécurité de la société. Les heures passées et ses recherches ne donnaient rien.
« On ne peut pas abandonner comme ça. Il y a forcément une piste quelque part.
- Broots continue de chercher de son côté. Toutefois, j'ignore si un jour, on le retrouvera.
- Bien sûr que si. Peu importe le temps que ça prendra, que ce soit trois mois ou un an. Je te le ramènerai, sois en certaine !
- Je ne te le dis pas assez souvent, mais merci pour tout ce que tu fais pour moi.
- Il n'y a rien que je ne ferai pas pour toi. »
Jarod s'était plongé dans une immense concentration, les yeux rivés sur l'ordinateur, il intensifiait ses recherches en fouillant les bases de données du Centre. Soudain, une alerte sonna, faisant sursauter la jeune femme. Il fixa cette dernière avec une expression déconcerté, captivé par ce qu'ils venaient de découvrir. Mlle Parker s'approcha de lui, s'asseyant à côté de lui, regardant par-dessus son épaule alors qu'il tapait sur le clavier. Elle vit les données s'afficher à l'écran et se figea en réalisant l'importance de ce qu'elle voyait. Une autre sonnerie se faisait entendre.
« C'était quoi cette sonnerie ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Il y a du nouveau, tu sais que j'ai pénétré le réseau du Centre. Regarde ça ! Il y a du mouvement. Jarod ouvrit un document. Sur celui-ci s'affichait une photo d'un bébé souriant.
- C'est-à-dire ? Tu as trouvé quelque chose ?
- Tu vas être contente mon amour.
- Dis-moi. Ne me fais pas attendre !
- J'ai trouvé une information de taille.
- Jarod, est-ce que c'est bien ce que je crois que c'est ? Oh, toi, tu es un vrai petit génie !
- Parker, prépare tes bagages, on quitte New-York ! »
