Disclaimer : L'univers et les personnages d'Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling. Je ne suis qu'un bourreau parmi tant d'autres qui se plaît à tordre l'espace et le temps de ce monde, afin de dévier les protagonistes de leur droit chemin… Paix à leur vertu.

Rating : M

Couple : Harry/Drago

Avertissement : Slash / Yaoï / Scène adulte explicite (par précaution)

Périodicité : Toutes les deux semaines, 13 chapitres prévus (pour le moment)

Petit mot :

Bonjour à tous,

Je suis désolée pour ce retard !

Malheureusement, c'est un peu compliqué ces temps-ci (et pas prêt de s'arranger), la vie quoi

Du coup, je compte me rendre à la réalité et espacer un peu plus mes publications.

Je vais non plus publier toutes les semaines, mais toutes les deux semaines ! Merci pour votre compréhension :)

Pour me faire pardonner, voici un chapitre un peu plus long que d'habitude

Bonne lecture !

Des bisous,

Malle-à-lys


L'homme en face de lui était en train d'insérer de la monnaie dans un distributeur de boissons chaudes à une station de métro avec un naturel désarçonnant.

« Thé ou café ? »

Harry ne savait pas ce qui était le plus perturbant dans cette scène : un Malfoy en train d'utiliser une technologie non-sorcière sans broncher, ou un Malfoy s'adressant à lui avec une expression d'amitié sincère.

Non décidément, Harry n'était pas prêt pour faire face…

« Harry ? Ça va ? » L'interpella-t-il en posant une main sur son épaule, son attention de nouveau dirigée sur lui seul.

Ça. Harry n'était pas prêt à faire face à ça.

Totalement démuni, Harry ne put que répondre par un hochement de tête.

Un hochement de tête qui parut détendre les traits de Malfoy, qui jusque-là, nota Harry, avaient revêtu une inquiétude peu coutume.

« Alors, tu préfères quoi ? Thé ou café ? C'est moi qui offre ! »

Harry hocha la tête de nouveau.

Hochement de tête qui déclencha chez Malfoy un petit rire amusé, révélant une mignonne fossette et illuminant ces traits de cette aura éblouissante qui faisait toujours douter Harry sur ses origines.

« Ok, j'ai compris ! »

Il le regarda s'activer sur la machine, pas bien sûr de ce qu'il avait compris.

Mais une chose est certaine, Harry aurait bien aimé comprendre lui aussi.

Parce que pour l'instant, c'était le flou total. Il avait beau faire le focus, rien. C'était comme regarder par le prisme d'un kaléidoscope, il était incapable de rassembler les morceaux pour en faire une image cohérente.

Pourtant, il avait déjà retourner encore et encore les événements de la veille dans sa tête, mais ça lui échappait toujours…

•••

Lourde et tapante, l'étau qui enserrait sa boîte crânienne contrastait avec la sensation de douceur et de confort qui enveloppait son corps.

Il avait l'impression d'être un athlète courbaturé, qui avait atterri miraculeusement au paradis. Sauf qu'au lieu de sport, c'était de l'alcool qu'il avait descendu à toute vitesse.

Laborieusement, Harry ouvrit un œil et tâta la zone de flou à côté de son lit.

Cela lui prit un certain temps avant de mettre la main sur sa table de chevet, qui manifestement s'était fait la malle pendant la nuit, et un temps encore plus long pour attraper ses lunettes.

Se redressant, la tête légèrement résonnante, il posa enfin sur son nez le poids de son acuité visuelle.

Acuité qu'il abandonna aussi sec. Le cœur battant.

Pas que la lumière soit trop vive, non. La luminosité était parfaite, juste ce qu'il fallait pour lui révéler les contours d'une grande chambre décorée avec goût, où un feu de cheminée ronflait en sourdine et éclairait un coin boudoir.

Non vraiment, tout était parfait, mais surtout parfaitement inconnu.

Harry essuya ses lunettes, plissa, frotta et étira ses yeux, mais rien n'y fit. Il fallait qu'il se rende à l'évidence : il avait passé la nuit chez un inconnu.

Encore heureux, il était seul dans l'immense lit qu'il occupait, et partiellement vêtu d'un T-shirt, d'un boxer et libre de tout mouvement.

Personne n'était en vue dans la pièce non plus.

Après ses premières vérifications, Harry tenta de juguler sa panique et de respirer calmement.

Il avait son leitmotiv : trouver sa baguette et se tirer fissa !

Il ne fallait pas traîner, le manque de preuves que l'hôte avait des intentions malveillantes à son égard, n'excluaient pas leurs existences potentielles. Et « même si », il n'avait pas envie de tenter le diable et de rencontrer un psychopathe étourdi.

Du coin de l'œil, il aperçut sur l'un des fauteuils une pile de vêtements pliés avec soin et sa baguette magique trônant au sommet.

Harry sortit du lit et s'avança d'un pas qu'il voulait léger et alerte.

« Hum… »

Hum ?

Harry franchit la courte distance qui le séparait encore de sa baguette d'un bond, et dans un enchaînement fluide que seule l'expérience avait pu lui conférer, il la saisit et la braqua contre la menace.

Expérience, qui paradoxalement, lui manquait cruellement pour faire face à cette espèce de menace.

En effet, sous ses yeux ébahis, s'étendait un corps alangui sur le canapé. Un corps qui n'était nul autre que celui de Malfoy.

Un Malfoy profondément endormi, serein, paisible et d'une beauté inexprimable.

Comme un animal surpris par des phares en pleine nuit, Harry ne pouvait que contempler apeuré et paniqué la vue éblouissante qui s'offrait à lui, avec la certitude que la sentence de mort allait s'en suivre.

Sentant une soudaine tension montée de manière insoutenable, Harry suivit son instinct et transplana chez lui.

Quand il reprit contenance, il était face à sa porte d'entrée.

Au vent froid qui lui glaçait les jambes, il comprit qu'il était parti en laissant derrière lui sa veste, sa paire de jean et sa dignité.

Heureusement, le jour était jeune, et aucune personne du voisinage n'avait dû le voir dans cet accoutrement. Il s'empressa quand même d'enfiler un pantalon, et se dirigea d'un pas colérique à son salon, poudre de cheminette en main.

Ginny loge !

Harry n'attendit pas d'être complètement sorti des flammes avant d'exploser de rage.

« Ginny ! Réveille-toi et explique-toi avant que je te tue ! »

« Hum, charmant… »

Harry, qui avait commencé à gravir les escaliers, dans l'intention de tirer cette traîtresse de son sommeil, vit ses espoirs de vengeances déçus.

« … et toujours en vie à ce que je vois. »

La jeune femme, déjà habillée et tout sauf endormie, le narguait depuis le comptoir de sa cuisine un café à la maison.

« Thé ou café ? »

« Des explications. »

« Hum, déjà bien excité l'ami. Partons plutôt pour un thé alors. »

Estomaqué, Harry garda le silence un moment, observant le dos de Ginny s'activer pour lui préparer une tasse de Darjeeling.

Harry ne savait pas trop bien à quoi s'attendre en venant ici, il n'avait pas forcément pris le temps d'y réfléchir. Se sentant trahi, il avait suivi son impulsion et était venu demander des comptes.

Il ne s'attendait pas forcément à de la culpabilité venant de Ginny.

Non, sûrement pas, mais quand même...

Tout comme lui, Ginny avait évolué dans un chemin de traverse, s'extirpant des diktats de sa famille et de la société.

La jeune fille douce et téméraire de son enfance s'était rebellée, et avait laissé place à une femme forte, tenace, avec un fort désir de vivre enfin pleinement. Loin des contraintes, loin de la pauvreté et loin de la guerre.

D'un commun accord, ils avaient mis fin à leur chapitre à deux. Depuis, elle était devenue capricieuse, un volage, un peu peste et surtout beaucoup plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été, et lui… Lui était devenu ce qu'il était devenu. Peut-être pas beaucoup plus heureux, pas moins non plus, mais certainement plus en paix avec lui-même.

Harry qui l'avait aimé comme une sœur, puis comme une femme et maintenant comme sa plus proche amie, n'avait jamais douté de la constance de son bon cœur, de son affection et de sa loyauté.

Non, jamais il n'avait douté d'elle et de ses intentions.

Au fond de lui, même dans l'abîme de sa colère la plus noire, il savait que Ginny devait avoir une bonne raison pour l'avoir abandonné à son sort.

Elle le connaissait par cœur, lui et sa faible tolérance à l'alcool qui flirtait bien trop souvent avec le black-out pour en faire une exception. Néanmoins, il l'accompagnait dans ses soirées de beuveries, compagnon d'infortune pour elle, moment d'abandon et de lâcher prise pour lui.

Harry s'était toujours su entre de bonnes mains, garanti de rentrer sain et sauf à la maison.

C'était un accord tacite entre eux, de ceux qu'il croyait inaliénable.

Pourtant, à cet instant, il y avait un je ne sais quoi dans son ton, dans sa posture… Il n'était plus sûr de rien et cette réalisation l'ébranla.

« Ginny, arrête de jouer au con avec moi ! » Reprit-il, tentant de cacher ses inquiétudes sous des mots durs « Qu'est-ce qui c'est passé hier bon sang ? T'as intérêt à avoir une bonne raison pour m'avoir planté ! »

« Sérieusement ? Tu me demandes vraiment ? »

Douché par son ton ironique, Harry sentit une pointe d'angoisse se loger dans sa poitrine. Il y avait manifestement quelque chose qu'elle lui cachait, mais quoi ?

Profitant de ce nouveau silence, la jeune femme invoqua un patronus qui, comprit-il au message qu'elle lui fit délivrer, était là pour presser Hermione et Ron à les rejoindre.

Harry, qui tentait de déceler des réponses à ses doutes sur le visage de son amie, vit ce dont il n'avait pas prêté attention au début. La jeune femme portait encore les vêtements de la veille et sous ses yeux fatigués -quoique brillants de malice- de belles cernes avaient fleuri.

Au moment où des crépitements caractéristiques se firent entendre, un mauvais pressentiment le prit.

« Harry James Potter ! Es-tu totalement dénué de bon sens ?! Mais où étais-tu passé ! » S'exclama Hermione qui venait de débouler dans la pièce comme une tornade.

Elle continua de l'incendier, et même de le traiter de quelques noms d'oiseaux que son étreinte inquiète -dans laquelle elle l'avait contraint- contredisait ses propos.

Totalement perdu, Harry la serrant dans ses bras en retour pour la consoler, consultant Ron du regard.

« On t'a cherché une bonne partie de la nuit, mais tu étais introuvable. »

« Mais… Comment… »

« Je me suis absentée 5 minutes, le temps d'une pause technique, » Expliqua Ginny « et t'en as profité pour filer. Y avait déjà plus grand monde au bar, en tout cas, personne qui t'a vu partir. »

« Alors Ginny nous a prévenus et on t'a cherché une bonne partie de la nuit, mais t'étais où bon sang ?! On s'est fait un sang d'encre ! » Fit Hermione qui, maintenant rassurée de sa bonne santé, avait repris sa posture roide et son ton autoritaire.

Un sentiment de soulagement coupable le prit à la réalisation que Ginny ne l'avait pas trahi et qu'il l'avait accusé à tort.

Par contre, cela ne lui donnait aucune explication sur comment il en était arrivé à se réveiller chez Malfoy…

Les trois paires d'yeux inquisiteurs braqués sur lui ne l'aidèrent pas à mobiliser sa mémoire défaillante.

Tou ce qui lui venait à l'esprit, c'était l'image suave de Malfoy endormi, du pli adorable de sa bouche, de ses longs cils blonds posés sur ses joues, de ses mèches de cheveux une peu folle qui dessinaient une auréole autour de sa tête, de…

Merde, c'est pas le moment de penser à ça ! Se rouspéta-t-il intérieurement, espérant que la chaleur qui l'avait envahi ne lui était pas montée à la tête.

« Alors ? » Relança Ginny qui l'analysait attentivement, les yeux plissés en de minces fentes aussi aiguisées que des lames de rasoir « On a découché ? On a fait des folies de son corps ? »

« Quoi ? Non ! »

« Voyez-vous ça… On dit que les roux rougissent facilement, mais avec toi Harry, la concurrence est rude. »

« Harry ? C'est vrai ? » Lui demanda Hermione.

« Non, je… Je suis vraiment désolée de vous avoir inquiété et que vous ayez dû me chercher… Mes souvenirs sont flous, mais une chose est sûre : je n'ai pas fait de folie de mon corps » Insista-t-il en regardant Ginny, avant de se tourner vers Hermione « et je me suis réveillé ce matin en sécurité. Il n'y a pas lieu de s'alarmer, d'accord ? »

« Ça répond pas à la question, » Relança Ron qui jusque-là s'était tenu discret « tu devrais nous dire où tu as passé la nuit. Aujourd'hui tu n'as rien, mais qui sait ce qui arrivera demain ? On est jamais trop prudent, après tout, tu restes Harry Potter ! Des détraqués à ta poursuite t'en as à chaque coin de rue. Dis-nous, ok ? Comme ça, on saura où chercher en priorité au besoin. »

« Ron à raison Harry, tu sais qu'on ne veut pas s'immiscer dans ta vie privée, mais c'est une question de sécurité ! »

Harry éluda la question, prétextant qu'il était bientôt l'heure d'embaucher et qu'avec ses bêtises, il les avait déjà assez mis en retard. Après quelques insistances, il arriva à couper court à l'interrogatoire.

Il pensait réellement qu'il était préférable de taire l'identité de son hôte d'une nuit. Surtout qu'Harry avait l'espoir hasardeux que Malfoy soit tout aussi amnésique, ou désireux de l'être que lui, auquel cas il s'en sortirait indemne. Et si par malchance, Malfoy supportait l'alcool mieux que lui, alors… Alors il aurait tout le temps d'aviser le moment venu !

Chaque chose en son temps, rien ne servait de les inquiéter outre mesure.

•••

Ce fut avec cet état d'esprit qu'Harry s'était rendu au travail.

L'espoir fou qu'il entretenait à l'égard de la mémoire, ou plutôt de la perte de mémoire de Malfoy, n'était pas assez fou pour qu'il rechercha sa société.

Au contraire, jamais auparavant il n'avait aussi bien raser les murs, au sens littéral du terme.

Tout ce qu'il espérait, s'était sortir vivant de cette journée avec un minimum de dignité, et comme dégât collatéral, la perte irrémédiable de sa paire de jean préférée.

Malheureusement pour lui, son espoir fut de courte durée…

Au retour de la pause déjeuner, particulièrement fier de lui -il s'était débrouillé pour ne croiser âme qui vive- il trouva une pile de vêtements sur son bureau.

Vêtements propres et sagement pliés, qui laissaient dépasser d'un pli de tissu souple, une note. Une note signée DM.

Heureusement, celle-ci n'avait pas attiré l'œil de ses collègues au premier abord. Ce qui ne les empêcha pas de le charrier ensuite, le harcelant de questions auxquelles ils répondirent eux-mêmes avec des hypothèses plus farfelues les unes que les autres.

Harry, quant à lui, ne tenta ni de se défendre, ni de rentrer dans leur jeu. Il avait déjà bien trop de mal à canaliser la tempête qui faisait rage en lui à la lecture de ces quelques mots.

Merci pour hier soir, à très vite. DM

Plus tard, il croisa Malfoy dans un couloir.

À sa vue, le blond lui adressa son sourire Colgate et le salua de loin. Harry fit mine de n'avoir rien vu et accéléra le pas sans pouvoir sans empêcher.

Quelques heures s'écoulèrent, où Harry retrouva sa calme insouciance et occulta les événements récents, mais c'était sans compter sur Malfoy. À la sortie de son bureau, il lui tendit une embuscade.

Les yeux brillants et les joues rosées par l'exercice -il avait dû monter les étages afin d'éviter l'embouteillage des ascenseurs à la débauche- Malfoy l'attendait.

« Salut Harry »

Harry resta bêtement figé.

Un certain temps s'écoula, temps que mit à profit Malfoy pour passer une main paresseuse dans ses cheveux aériens.

Tels des fils de soie, ses mèches de cheveux glissaient sur la tête avec voluptés, captant et renvoyant avec brillance les lumières chaudes de ce début de soirée.

Harry eut l'envie irrépressible de glisser ses doigts sur son cuir chevelu pour décoller ses cheveux de la racine, les froisser, les caresser, les modeler de manière chaotique et les saisir à pleines mains, afin d'imposer à ce visage onirique la courbe de son désir…

Il n'en fit rien. Bien sûr.

À la place, il se mordit fortement la langue pour se sortir de cet envoûtement, et dans un état second, il écouta le blond lui proposer de faire un tour. Ce qu'il accepta sans vraiment savoir pourquoi.

La suite, vous la connaissez déjà.

Il était maintenant dans de beaux draps.

De beaux draps qui prenaient l'aspect d'une rue passante moldu, animée par le passage incessant des véhicules et des gens. Un coin de ville que venait couvrir de sa voie Malfoy, qui baigné dans la lumière du soir, brillait de mille feux.

Comme s'il avait besoin de ça…

Un thé lyophilisé à la main, Harry l'écoutait, plus qu'il ne voulait l'admettre, lui parler de lui. De comment il en était venu à apprécier l'agitation des villes moldus ; cette vie qui fourmille, les couleurs vibrantes des pubs, des bus et des taxis qui venaient accrocher ses yeux habitués au gris des bâtisses, et par-dessus tout, cette sensation d'anonymat.

Harry se laissa bercer, berner et ébranler par ses mots qui lui firent écho. Pourtant, une part de lui résistait encore.

Une petite voix qui lui criait pourquoi.

Pourquoi Malfoy avait recherché sa compagnie pour lui parler de ça ?

Pourquoi il s'adressait à lui de cette manière- ?

Et aussi, pourquoi se sentait-il si… ?

De cela, du moins, il pensait avoir la réponse.

Ses émotions et ses interrogations, accumulées au fil des heures, atteignit le trop-plein.

« Malfoy, pourquoi ? »

C'était sorti. Sans prévenir. Sans contexte.

C'était plus fort que lui, et sans plus explication Harry attendit.

Quoi ?

Il ne savait pas trop. Mais justement, il attendait quoi.

Il attendait de comprendre ce changement soudain de perspective, le cœur battant.

Harry était persuadé qu'il y avait quelque chose.

Quelque chose qui se cachait derrière le comportement soudainement attentionné et amical de Malfoy. Quelque chose tapie derrière son sourire et ses yeux qui n'arrivaient pas à masquer complètement leurs inquiétudes, mais justement… Quoi ?

Quel était ce nouveau quoi entre eux ? Qu'est-ce que ses souvenirs perdus recelaient de réponses à ce quoi ?

Il ne saurait dire.

Malfoy, quant à lui, ne pipa mot. Lui, il savait quoi, et il n'eut pas besoin de lui demander.

Il prit un temps pour lever son visage vers la lumière du soleil couchant, nimbant sa peau telle une toile vierge des plus belles couleurs du ciel, et expira doucement.

« Tu sais Harry, j'aime beaucoup cette place, » Commença-t-il à voix basse « tu l'auras compris. J'aime m'y retrouver seul, boire un thé infect et observer en silence cette vie bouillonnante. »

Harry n'arrivait plus à détacher ses yeux du profil de Malfoy. Il était comme hypnotisé, captif de sa beauté, de sa voix et de chacun des mots qui sortaient de sa bouche.

Il se rendit compte qu'il l'attendait depuis ce matin.

Cette sentence.

Celle qu'il avait perçue dans l'ombre projetée de ses cils blonds. Celle nichée derrière le lobe tendre de son oreille, reposant à la commissure de ses lèvres, à la naissance de son cou… Celle qu'il avait fuie le matin même.

Le voilà à nouveau face à elle.

Il espérait bêtement que le couperet ne lui ferait pas perdre la tête.

Il avait déjà perdu ses repères dans ce monde. Son monde qui n'obéissait plus aux mêmes règles.

Et il y avait maintenant ce je ne sais quoi indéfinissable.

« Et pourtant, ce n'est toujours pas suffisant. Maintenant, je désire plus. Sais-tu ce que je désire Harry ? »

Quoi.

« Partager ces moments avec toi. »


A suivre...