Disclaimer : L'univers et les personnages d'Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling. Je ne suis qu'un bourreau parmi tant d'autres qui se plaît à tordre l'espace et le temps de ce monde, afin de dévier les protagonistes de leur droit chemin… Paix à leur vertu.

Rating : M

Couple : Harry/Drago

Avertissement : Slash / Yaoï / Scène adulte explicite (par précaution)

Périodicité : Toutes les deux semaines, 13 chapitres prévus (pour le moment)

Petit mot :

Bonjour à tous,

Désolée pour ce long retard... :(

Promis, je vais essayer au mieux d'être plus régulière jusqu'à la fin !

Bonne lecture !

Des bisous,

Malle-à-lys


Être fauché par la foudre.

Avoir été victime d'un sort de confusion.

Apprendre que tout était un canular.

Découvrir Malfoy en train de se foutre de sa gueule à son arrivée au ministère.

Réaliser qu'il ne s'appelait pas Harry, mais Henri, qu'il était un moldu comme les autres, à ceci près qu'il partageait son lieu de vie avec pléthore de gens (pensant pour la majorité être la réincarnation du petit Jésus.).

Oui, Harry aurait pu s'attendre à beaucoup de choses. Son imagination était plus que fertile.

Mais là, ça ? Ce qu'il était en train de vivre maintenant ?

Non jamais. Mais alors, jamais.

Pourtant, aux regards plus qu'insistants de ses amis à deux tables de la sienne, Harry ne pouvait plaider la folie.

Si ce n'était toujours pas suffisant pour le convaincre que sa réalité était bien tangible, il n'avait qu'à tourner la tête ; une nuée de globes oculaires curieux l'engluaient sur place…

Harry Potter était bien en train de manger en tête-à-tête avec Drago Malfoy.

En plein milieu du réfectoire du Ministère.

Tout va bien.

Se redressant sur sa chaise, il tritura le col de son uniforme d'Aurore.

Pourquoi ce fichu bout de tissu était-il si serré ?!

« Harry, tu vas bien ? Tu m'as l'air agité… »

Il osait vraiment lui demander ça ?

Comment pourrait-il aller bien quand il le regardait avec cet air emprunt d'inquiétude et de sollicitude ?

Lui.

Parmi tous les autres.

Devant tous les autres.

Quant à Malfoy, il avait l'air d'un poisson dans l'eau avec toute cette attention portée sur eux.

C'était d'un agaçant…

« Par pitié Malfoy, arrête de m'appeler Harry. » Lui asséna-t-il à voix basse, afin d'éviter d'être entendu par les oreilles indiscrètes.

« Pourquoi ça ? Je te rappelle Harry que c'est toi qui m'as demandé de t'appeler comme ça. »

Le susnommé grinça des dents.

« Et quand ça ? Si c'était vrai, je m'en souviendrais Malfoy. »

« Oh, mais il n'y a pas plus véridique ! C'est toi-même qui m'as demandé, non, je devrais dire ordonné de t'appeler Harry. Je m'en souviens encore, ça donnait à peu près… -Malfoy, » Commença-t-il avec une voix ridicule qu'il supposait être une imitation irritante de la sienne « je t'aime pas beaucoup tu sais et j'aime encore moins quand tu m'appelles Po-Po-Potter. Harry… Appelle-moi Harry !- Et juste après ça, tu m'as fait promettre de devenir ton ami avec tout autant d'éloquence. C'était charmant, vraiment. »

Harry passa de l'agacement à la honte d'un battement de cils.

À l'hypothétique scène jouée par Malfoy, qu'Harry n'avait pu s'empêcher d'imaginer dans sa tête avec mortification, s'ajoutait la réminiscence traumatique de la veille.

Parce que nous sommes amis maintenant, n'est-ce pas ?

C'était la phrase bien réelle qu'avait prononcée Malfoy à la suite de sa déclaration la veille.

Une phrase qui n'avait que très peu quitté son esprit ces dernières heures.

Une sentence précédée d'une déclaration qui, sans son consentement, avait fait battre son cœur, échauffer ses joues et tordre son ventre d'anticipation.

Une anticipation qui fut de courte durée, mais malheureusement pas assez brève pour lui épargner toute la honte d'avoir ressenti de telles émotions.

Amis.

Malfoy, il avait fait tout ce cinéma pour être son ami.

Harry avait beau ne plus savoir où il en était, ce qu'il ressentait, et encore moins faire la part des choses entre ce qui était de l'ordre du réel, ou d'une obscure magie ancestrale. Il n'empêche qu'il était sûr d'une chose.

Il n'avait jamais envisagé d'être ami avec Drago Malfoy.

Pas un seul instant.

C'était bien un sentiment constant qui datait de Poudlard. L'ex-serpentard, pourtant, ne voulait pas l'entendre de cette oreille.

C'était un vrai problème. Un gros problème même.

« Oh ce fameux soir… » Reprit Harry de manière sanglante « Laisse-moi deviner, en plus de t'avoir promis de manger avec toi chaque midi, d'être ton ami et de t'appeler Drago, je t'ai aussi demandé d'emménager avec moi dans les Highlands, d'élever une portée de Fléreur et de vivre d'amour et d'eau fraîche ? Ridicule. »

« On s'était plutôt mis d'accord sur l'Irlande du Nord, l'accent écossais est une horreur ! »

Harry ne répondit même pas et souffla d'exaspération, mais à l'air sérieux de Malfoy un brin de panique le prit.

Avait-il vraiment débité de telles âneries ?

De multiples pensées, questions, incertitudes se bousculèrent dans sa tête sans qu'il ne puisse en saisir aucune.

Le résultat était là lui.

Harry avait l'envie quasi-irrépressible de se cacher sous la table et d'oublier l'existence de ce monde, ou plutôt son existence dans ce monde.

À la place, il se sentit irradier de l'intérieur.

« Oh Merlin, Potter ! Ta crédulité me tue ! » S'esclaffa Malfoy.

« Putain, t'es vraiment con Malfoy ! »

Face à lui, le blond riait de plus belle. Impossible pour Harry de détourner le regard.

Il ne l'avait jamais vu comme ça.

La peau de son ami se teintait de belles couleurs, et ses fossettes étaient de sortie, venant souligner ses yeux pétillants de malice. Malgré son souffle laborieux, il tenta de parler, ce qui se transforma en charabia quasi-incompréhensible, dont Harry crut percevoir Fléreur, Trou paumé et Potter.

Il n'avait jamais songé que Malfoy pouvait rire, où plutôt rire comme ça.

Il l'avait déjà vu de nombreuses fois se moquer d'autrui, sourire avec connivence, rigoler avec élégance et retenue, mais jamais rire franchement.

Rire à s'en étouffer, s'esclaffer à postillonner, à s'empourprer et à s'en tordre de douleur.

Son éclat de voix était dissonant, hachuré et parfois strident comme un ampli défectueux dans un concert Moldu, mais aussi honnête, sincère, enfantin, libérateur et empli de bienveillance.

Harry ne l'avait jamais vu avec aussi peu de retenue, aussi imparfait, et il ne lui avait jamais paru aussi attirant qu'en cet instant.

Malfoy canalisa ses derniers soubresauts et sécha ses larmes. Doucement, tout redevint normal.

Sauf que plus rien n'était normal et Harry ne savait toujours pas comment gérer ce merdier. Il était toujours totalement dépassé par les événements.

« Malfoy, » Commença-il « sérieusement, oublions ce qui s'est passé cette nuit-là et passons à autre chose, d'accord ? »

« Hors de question. »

Toute trace d'amusement l'avait déserté.

« Écoute, je… »

« Je déteste me répéter, mais je vais le faire une dernière fois. Je ne te laisserais pas te défiler sous prétexte que tu as oublié. Une promesse, c'est une promesse et comme je te l'ai juré hier, tu peux compter sur moi pour t'aider à t'en souvenir. »

Harry se renfrogna.

La veille aussi, il avait essayé de botter en touche. Il avait pensé que le blond se moquait de lui, ou en tout cas, qu'il n'était pas bien sérieux.

Contre toute attente, Malfoy s'était avéré inflexible.

Si bien qu'il s'était pointé à son poste à midi, l'entraînant dans son sillage jusqu'à la cafétéria avec autorité, ne laissant aucune chance à Ron, ses collègues et lui-même de contester.

Pour autant, il se devait d'essayer à nouveau, mais face à la lueur butée et meurtrière dans les yeux de son nouvel ami auto-désigné, il doutait que la manière frontale fonctionne un jour…

« Ok, ok… » Concéda-t-il « Mais dis-moi au moins clairement ce qui s'est réellement passé en détails cette nuit-là ? »

Un sourire espiègle étira les lèvres de Drago.

« Voyons Harry, mon ami, ce serait beaucoup trop facile et moins amusant si je te disais tout maintenant. Tu ne penses pas ? »

« Y a que toi que ça fait rire de me tourner en ridicule. Si c'est ça l'amitié pour toi, alors tu devrais aller chercher ailleurs. Au passage, Ginny serait un très bon choix. »

« Sans façon. Je n'ai besoin que de toi. »

Pris de court, Harry ne sut que répondre et laissa glisser son regard autour de lui, à la recherche d'une échappatoire.

Drago quant à lui, laissa planer un silence avant de pouffer. Oui, Drago Malfoy pouffait, une main élégamment posée sur sa bouche.

« Malfoy » Gronda sourdement Harry qui commençait à en avoir marre d'être tourné en bourrique.

« Ta naïveté est rafraîchissante Potter, c'est ce que j'adore chez toi… »

Ne se laissant pas avoir de nouveau, Harry riposta du tac au tac.

« Alors comme ça, c'est Potter maintenant, pas très constant ! »

« Oh, il y a bien une chose qui reste constante Harry, mais ça, je te le dirai un autre jour. »

Sur un clin d'œil charmeur, le blond prit congé de lui avant qu'il n'ait pu répliquer, et débarrassa leurs assiettes.

Putain de Malfoy à la con.

Quand il revint à leur table, avec deux tasses de café dans les mains, Harry était toujours irrité.

« Comment les gens peuvent penser que tu es un type sympa ? Ça me dépasse. »

« Tu fais quoi ce soir ? » Lui répondit le blond, ignorant délibérément sa pique.

« Je suis occupé. »

« À quoi ? »

« Je sors avec Ginny. »

« Ah, si ce n'est que ça. »

Harry n'eut pas le temps d'interpréter ce qu'il entendait par là que Malfoy se tournait déjà sur sa chaise, lui présentant son dos.

« Ginerva Weasley ? »

« Drago Malfoy ? »

« Harry n'est pas disponible ce soir, il a déjà un plan prévu avec moi. Un problème avec ça ? »

« Qui suis-je pour m'y opposer ? Harry, tu m'en devras une ! »

« Parfait. » Conclua Malfoy, avant de prendre la fuite. « À ce soir Harry ! »

Harry eut beau l'interpeller, le blond était déjà parti loin.

Il aurait pu le poursuivre, mais à la seconde où Malfoy s'enfuit, une main de fer se posa sur son épaule, le maintenant en place.

« Reste là mon pote. Faut qu'on parle. »

Une seconde plus tard, ce fut la sœur qui rentra dans son champ de vision.

« Alors Harry, chez toi ou chez lui ? »

« Quoi ? »

Ginny leva les yeux au ciel d'exaspération.

« L'autre soir, t'as passé la nuit où ? Chez toi ou chez lui ? »

C'était bien elle ça, pourquoi s'embarrasser d'un bonjour et de formule de politesse quand elle pouvait le faire chier d'entrée de jeu.

Harry ne voulait même pas prendre la peine de lui répondre.

« Pas grave, je peux lui demander moi-même. Ça tombe bien, il est encore là ! »

Effectivement, Harry constata que la retraite de Malfoy avait été ralentie par Brenda et un autre de ses collègues.

« Ok, ok. » Reprit-il sur le qui-vive.

Il connaissait parfaitement le sans-gêne de son amie et n'avait pas envie de tenter le diable.

« Chez lui. »

« Mais encore ? »

« Rien. »

« On aurait pas dit. »

« Putain Ginny, fous-moi la paix, ok ? »

Cette dernière leva ses mains en signe de reddition.

« D'accord, d'accord… Je me demandais juste si t'avais avancé dans ton enquête, je ne veux qu'aider moi… »

« Sois pas ridicule Ginny, » La coupa Hermione « Harry n'a jamais vraiment était sérieux au sujet de cette soi-disant enquête. »

« Attendez ! La personne qu'aime Harry en fait, c'est Malfoy? » Lâcha Seamus comme un cheveu sur la soupe.

« Tu t'en aperçois que maintenant ? » Lui répondit Ron, qui avait gardé encore un fond de rancune envers son coéquipier.

Sentant la moutarde monter, Harry se leva brusquement de table, prêt à partir, mais non sans clarifier certains points.

« Non Hermione, ce n'est pas une blague, c'est très sérieux et plus j'avance plus je suis sûr de moi. Ron, toi, fermes-là un peu bon sang et arrête de débiter des conneries ! Et toi Seamus l'écoute pas aussi ! Quant à toi Ginny, il n'y a RIEN à dire et ça sert à rien de me tirer les vers du nez plus tard, je ne me souviens de rien. NADA. J'en ai déjà bien assez d'un Malfoy qui a décidé de me coller aux basques pour me rendre fou, alors fichez-moi la paix ! Ok ? »

« Tout doux Harry, je suis dans ton camp moi ! Je t'ai même laissé champ libre ce soir pour aller à ton rencard ! »

« Ce n'est pas un - oh, puis merde ! »

Harry se leva et partit.

Cela ne servait à rien de discuter.

En passant à côté de Malfoy toujours en grande conversation, le blond lui fit un sourire éblouissant, auquel Harry répondit en grommelant les sourcils froncés.

Ce n'eut pour seul effet d'agrandir le rictus du son interlocuteur.

Il n'en avait pas un pour rattraper l'autre !

Harry leva les yeux au ciel et secoua la tête dépitée, mais aussi légèrement amusé s'il devait être honnête avec lui-même.

Ce ne fut que bien plus loin, dans l'aile la plus sombre de la bâtisse, qu'Harry eut une révélation.

Malfoy l'avait agacé, tourmenté et taquiné, mais au final, il avait fini par se sentir à l'aise en sa présence.

Sans aucun filtre, sans faux-semblant. Il était resté fidèle à lui-même.

Le blond avait cette capacité de le faire sortir de ses gonds et de réduire le périmètre de son monde visible, jusqu'à lui faire oublier le stress et la pression du monde extérieur. D'un revers de main, d'une tournure de phrase, il avait su balayer de son esprit les regards oppressants et les murmures parasites qui conditionnaient sa vie en société.

Oui, pendant un court instant, il avait tout oublié. Seulement focalisé sur l'insupportable présence de Drago Malfoy.

Et cela lui avait fait un bien fou.

Merde.

Peut-être étaient-ils déjà bien plus proches qu'il ne se l'était imaginé ?


A suivre...