Disclaimer : L'univers et les personnages d'Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling. Je ne suis qu'un bourreau parmi tant d'autres qui se plaît à tordre l'espace et le temps de ce monde, afin de dévier les protagonistes de leur droit chemin… Paix à leur vertu.

Rating : M

Couple : Harry/Drago

Avertissement : Slash / Yaoï / Scène adulte explicite (par précaution)

Périodicité : Toutes les deux semaines, 17 chapitres prévus (pour le moment)

Remerciement : Un grand merci à Imaginaction pour son travail de bêta ! Sans lui et ses corrections minutieuses cette histoire n'aurait pas la même saveur !

Petit mot :

Bonjour à tous,

Pour info, je vais profiter de cette publication, pour mettre à jour mes 3 premiers chapitres, revus et corrigés par Imaginaction (non, ce n'est pas l'upload de 4 nouveaux chapitres, désolée pour la fausse joie haha) !

Encre une fois merci à lui, il assure de ouf ! :D

Bonne lecture !

Des bisous,

Malle-à-lys


La cuisine de Malfoy faisait la taille de son salon. Peut-être était-elle même plus grande ?

Ce qui le surprit pourtant, ne fut ni les dimensions excessives, ni l'extrême modernité de la cuisine digne d'un chef étoilé moldu, ni même la petite table intimiste dressée sur un plan de travail éclairée aux chandelles -quoique ce détail était assez perturbant-, mais bien l'hôte lui-même.

Oui, ce qui le surprenait le plus c'était de voir Malfoy s'activer au fourneau. Seul.

Harry avait du mal à concilier dans sa tête Drago Malfoy et tâche ménagère. Pas que cela soit déplaisant en soit, au contraire, la vue était plutôt… Saisissante.

Chemise blanche, pantalon droit et tablier beige cintré à sa taille, Harry put profiter de la vision qui s'offrait à lui et qui, pour une fois, n'était pas dissimulée sous une robe de sorcier.

Son regard se promena de l'étroitesse de ses hanches, à la légère cambrure de son dos, pour remonter jusqu'à sa nuque, aussi belle et tentante qu'à son premier jour au ministère.

Harry avait déjà eu quelques flirts et baisers échangés avec des hommes moldus, mais cela n'avait jamais été bien plus loin que ça. Juste assez pour comprendre que le désir était bien là, qu'importe le sexe de son partenaire.

En cet instant, ce désir s'était transformé en certitude absolue.

« Tu veux goûter ? »

Harry se sentit rougir violemment quand Malfoy se retourna sans prévenir, une cuillère en bois dans la main, tendue innocemment dans sa direction.

N'osant pas croiser le regard de Malfoy et souhaitant dissiper sa gêne soudaine, Harry se pencha prestement sur le plan de travail qui les séparait pour atteindre l'ustensile de sa bouche.

L'explosion de saveur le prit au dépourvu. C'était doux, savoureux et juste assez relevé…

Hum

C'était excellent !

Voulant partager son bonheur gustatif avec celui qui en était la cause, Harry releva la tête avec entrain.

Noires et intenses.

Les pupilles de Malfoy étaient si dilatées que ses yeux paraissaient dénués d'iris.

Trop proche. Ils étaient beaucoup trop proches.

Harry pouvait entendre distinctement chacune de ses respirations sortir de sa bouche. Il pouvait presque les sentir, à seulement quelques centimètres de lui…

Harry rétablit rapidement une distance respectable entre eux.

Assis de nouveau derrière le comptoir, la posture droite, les ongles enfoncés profondément dans la chair de ses cuisses.

Il tenta tant bien que mal de juguler ce désir ardent et primitif qui l'avait pris. Les joues en feu et les pensées en désordre, il y parvint de justesse malgré le regard toujours incisif de Malfoy posé sur lui.

Ce qui l'aida partiellement, fut la vision du poing serré de Malfoy reposant contre son flanc.

Le signe flagrant d'une émotion forte et contenue face à cette intrusion dans son espace personnel. Une intrusion qui ne pouvait qu'être interprétée comme malvenue, songea-t-il.

Il était impératif pour Harry de canaliser l'humeur de son hôte.

Il n'avait aucune envie d'être l'objet de la colère de Malfoy. Pas ce soir. Ni même jamais, s'il devait être honnête avec lui-même, qu'importe le bien de l'enquête…

Sentant encore la honte mordre ses joues, il n'avait aucune envie de faire front face à un rejet manifeste, ni de vivre l'humiliation de son dégoût exprimé à voix haute.

Il fallait qu'il le distraie, et vite.

« Euh… C'est très bon. J'en ai l'eau à la bouche maintenant ! »

« J'ai cru voir ça » lui répondit-il sourdement.

Mauvais sujet…

« Euh… Tu n'as pas d'elfe de maison ? »

« De quoi parles-tu Potter, bien sûr que j'en ai. Penses-tu réellement que j'ai le loisir d'entretenir cette grande propriété à moi seul ? »

« Non… Mais vu que tu fais la cuisine toi-même, tu vois, je me suis dit que… »

« Certes, la fortune des Malfoy n'est plus la même qu'avant. Pour autant, il en reste encore bien assez pour entretenir le manoir et la résidence secondaire en France où résident mes parents. Il en reste même encore pour payer les elfes de maison depuis la réforme de Granger. » Finit-il avec une pointe d'agacement

Harry souffla de soulagement.

L'émotion vive de Drago s'en était allée, ou plutôt, elle avait été redirigée sur un autre sujet de frustration.

« J'aime juste faire la cuisine » Changea-t-il de sujet « c'est un peu comme les potions. Il y a quelque chose de réconfortant et de relaxant dans sa pratique. »

« Réconfortant et relaxant ? Vraiment ? On a assisté aux mêmes cours de potion ? »

« Tu ne sais pas apprécier les bonnes choses de la vie. Tout n'a pas besoin d'être gagné à coup d'effort et de souffrance, la patience et l'excellence peuvent aussi apporter leur source de bonheur, tu sais. »

« Pardon, j'avais oublié un instant que les Serpentards étaient des peureux sophistiqués. »

« Et les Gryffondors, des idiots grossiers. »

« J'ai failli être un Serpentard. »

« Vraiment ? »

« J'ai demandé au Choixpeau de ne pas m'y envoyer. »

« C'est possible ça ? »

« Oui. »

« Tu ne connaissais encore rien au monde sorcier à l'époque, alors pourquoi as-tu… »

Malfoy ne fit pas sa phrase. Il n'en eut pas besoin, ils savaient tout deux pourquoi.

Une ombre passa sur son visage avant qu'il ne retournât à sa marmite.

Harry eut un pincement au cœur et se maudit d'avoir abordé ce sujet sans réfléchir. Il ne pouvait clairement pas laisser les choses ainsi.

L'idiot qu'il était fit le tour du comptoir pour s'approcher de lui et faire amende honorable.

« Tu sais, c'était avant de savoir que parmi les Serpentard il pouvait y avoir des hommes bons, profondément courageux, surprenants et dignes d'intérêt. »

« Oui, Rogue était quelqu'un de bien. »

« Et il n'est pas le seul. »

Malfoy tourna la tête vers lui, et Harry put y lire une pointe d'étonnement perçant la tristesse de son regard.

Gentiment, Harry lui sourit, essayant de faire passer avec ses yeux ce qu'il se sentait encore incapable d'exprimer avec des mots.

Une sensation aussi douce qu'une caresse le prit quand il sentit la main de Malfoy saisir doucement la sienne.

Sur son beau visage s'exprimaient le soulagement après la peur du rejet, la tristesse de la perdre d'un être cher et la gratitude du pardon accordé.

« Merci. »

Sa gorge se serra d'une émotion contenue. Incapable de répondre, il acquiesça et effectua en réponse une légère pression affectueuse sur les doigts qui le tenaient encore.

Drago s'en retourna à sa cuisson, non sans avoir arboré un petit sourire heureux qu'il ne put totalement cacher à Harry.

« Qu'est-ce que c'est ? »

« Un bœuf bourguignon. »

« Oh ! Ce serait pas un plan français ? »

« Si, c'est une recette de famille transmise de génération en génération. J'ai des ancêtres français, tu sais. »

Harry ne dit rien, et hocha simplement la tête.

Il était déjà au courant. Après tout, il n'avait pas étudié son arbre généalogique pour rien.

Armand Malfoy, l'ancêtre le plus lointain auquel il était arrivé à remonter.

Peut-être même le premier Vélane de la lignée ?

Après tout, il n'était pas rare à l'époque que les Vélanes se fassent passer pour des sorciers ou des moldus lambdas, afin d'échapper à la discrimination de leur espèce.

Ce qui était plus facile pour les Vélanes mâles d'ailleurs, ils avaient une propension plus forte à passer incognito, étant dépourvus des transformations physiques qui prenaient possession des femelles lors de leurs légendaires colères. Ils n'en restaient pas moins impressionnants dans ces moments-là, paraît-il.

Toujours est-il, qu'Harry s'était sérieusement demandé si c'était la cause principalement de l'expatriation de la famille Malfoy dans leurs terres du Wiltshire. Malheureusement, rien n'avait pu l'aider à affirmer cette théorie.

De source sûre, il y avait au moins un élément qui valait la peine d'être reconnu dans cet héritage, et il se matérialisait en ce moment même dans son assiette.

Ce plat était tout simplement délicieux !

Harry qui venait tout juste de terminer, se demandait avec gourmandise s'il y aurait un deuxième service, quand il avisa l'assiette pleine de Malfoy.

« Tu ne manges pas. »

« Te voir manger me suffit. »

Harry commença à rire.

Venant de Malfoy, cela ne pouvait qu'être sarcastique. Or, quand il vit le sérieux dans les yeux du blond, il avala de travers.

Au sens littéral du terme.

Il se mit à tousser violemment, incapable de calmer sa toux, la gorge en feu de ce mauvais transport.

Dans la précipitation, son hôte lui tendit un verre de vin.

Harry était à deux doigts de s'en saisir avec reconnaissance, quand une nouvelle quinte de toux le prit, plus violente que les autres, et le fit trembler de manière incontrôlable.

Le verre chavira dangereusement, et dans une tentative de sauver la chemise blanche de Malfoy, Harry essaya de rattraper le contenant en vol.

La seule chose qu'il arriva à faire, fut de le renverser entièrement sur la table et lui-même.

Son jean se para de pourpre et Harry se sentit désagréablement humide et atrocement gêné, pour la énième fois.

« Astucieuse façon de faire disparaître le vin, Potter. En effet, pas besoin d'être magicien pour ça. »

Trop miséreux pour goûter à son humeur, il se contenta d'éponger du mieux qu'il pouvait la tâche rouge qui commençait à imprégner le plan de travail en bois, tout en s'excusant vivement.

D'un coup de baguette magique et d'un sourcil haussé, Malfoy mis fin aux efforts d'Harry et fit disparaître la tâche sur la table, l'air de dire : mais qu'est-ce que tu fou bordel ? Agis comme un putain de sorcier !

Bon Ok, il ne l'aurait sûrement pas exprimé dans ces termes, mais l'esprit y était.

À la place, il enjoignit à le suivre pour lui prêter un change.

Harry voulut lui rétorquer, que s'il était un putain de sorcier digne de ce nom, il pouvait tout aussi bien faire disparaître le vin répandu sur lui d'un tour de magie.

Il n'en fit rien.

Après tout, quel intérêt d'avoir le dernier mot dans une conversation qui avait lieu dans sa tête seulement ?

Ne voulant pas aggraver son cas, il lui emboîta docilement le pas dans le dédale des couloirs et des escaliers qui n'en finissait plus. Sûr et certain que s'il devait retrouver le chemin de la sortie, il en aurait pour plusieurs heures, et ce, avec de la chance !

Quand ils arrivèrent à destination, Harry se stoppa net sur le seuil.

Pas n'importe quel seuil. Celui de la chambre de Malfoy.

Bien que le point de vue ne fût pas le même que ce fatidique matin, il ne reconnut que trop bien la pièce dans laquelle il se trouvait.

« T'attends quoi, Harry ? Tu veux que je te porte dans mes bras comme une princesse, encore une fois ? »

« Ha ha, très drôle. T'espères toujours que je vais croire tout ce qui sort de ta bouche ? Sache Drago, que c'est trop gros pour être vrai ! Me porter, toi, avec ton poids plume ? Comme si t'en étais capable ! »

Malfoy, qui s'était avancé vers son armoire, fit demi-tour aussi sec, un regard de défi que son sourire espiègle ne pouvait que rendre suspect.

« Non, non ! Malfoy, n'y pense même pas ! »

Toute véhémence ne lui servit à rien.

En deux coups de cuillère à pot, Malfoy avait fondu sur lui et l'avait soulevé dans ses bras avec une facilité déconcertante, et quelque peu agaçante.

Où avait-il donc caché ses muscles ? Pouvait-on être aussi fort avec un corps aussi svelte et élancé ?

S'il devait être honnête, Harry n'était pas bien sûr de pouvoir porter Drago à bout de bras avec la même aisance, et ce, malgré son entraînement d'Auror qui lui avait donné une physionomie plus proche d'un rugbyman amateur, que d'un danseur étoile.

Il n'eut pas le temps de se remettre de sa surprise, que le blond l'avait déjà reposé sur ses pieds pile devant l'armoire.

Ses bras lui manquaient déjà… Merde.

Décidément, ce soir, plus rien n'allait !

Comment pouvait-il penser une chose pareille ? Il avait besoin de se rafraîchir les idées.

Prenant les affaires que Malfoy lui tendit, il s'engouffra derrière la porte qu'il lui indiqua comme était sa salle de bain, mais qui ressemblait davantage à un putain de SPA privatif.

Harry se déshabilla et prit une douche rapide dans la cabine de douche qui lui paraissait la moins intimidante, même si l'on pouvait en rentrer quatre comme lui dedans.

Il tenta d'éloigner toute pensée intrusive et indésirable de sa tête. Pourtant, il ne put s'empêcher de rougir tout en revêtant les habits de Malfoy.

Ils avaient son odeur, douce et envoûtante.

Harry avait l'impression qu'elle imprégnait sa peau et l'enveloppait chaleureusement, bien que ce soit impossible.

Bizarrement, il se sentait à l'aise dedans, comme s'ils étaient parfaitement à sa taille. Il aurait pu croire que c'étaient ses propres vêtements, si l'on omettait la coupe ajustée et la qualité du tissu qui étaient signées Drago Malfoy.

Quand il sortit de la salle de bain, il vit que Malfoy avait fait apporter un thé dans son espace salon, et qu'il l'attendait, négligemment installé dans un fauteuil.

Harry traversa la salle sous ses yeux inquisiteurs, se sentant soudainement gauche et disgracieux, regrettant ses vêtements amples qui camouflaient ses contours, le rendant flou et insignifiant au reste du monde.

Il avait l'impression que ces habits, trop ajustés pour lui, le mettaient à nu.

Pourquoi cette pièce était-elle aussi grande ?

Bien heureusement, il atteignit un jour le canapé et put s'installer, toujours sous le regard scrutateur de son hôte.

« Tu peux les garder si tu veux, ils te vont bien. Tu devrais t'habiller plus souvent de cette façon. »

« Euh, merci, mais c'est pas vraiment mon style. Je suis pas assez… Enfin, tu sais. »

« Non, je ne sais pas Harry, éclaire-moi. »

Encore une fois, cette atmosphère.

Harry se sentit frémir, et des nœuds d'anticipation tordirent son ventre délicieusement. Les yeux de Malfoy étaient de nouveau noirs et intenses.

Il se sentit de nouveau irrémédiablement attiré par lui, comme hypnotisé.

Cette fois-ci, il ne pouvait croire que c'était de la colère, mais ça ne pouvait pas être ça.

Jamais Drago…

Parce que…

« Je ne suis pas quelqu'un de… Beau. Et c'est pas en parant un Gobelin avec de jolis atours que ça le rendra plus séduisant. Au mieux, ça le rendra ridicule. »

« Tu es loin d'être moche Harry, tu es tout sauf ça. Avec ou sans vêtements d'ailleurs… Je suis bien placé pour le savoir, j'ai déjà été aux premières loges. »

Harry eut un hoquet de peur, avant de rire nerveusement.

Décidément, il s'était encore fait avoir pendant une seconde !

« Tu as définitivement gagné Drago, je promets de ne plus jamais croire un seul mot venant de toi ! »

« C'est fâcheux. Qu'est-ce que je peux faire pour te convaincre de mon honnêteté ? »

« Absolument rien. À partir de maintenant, seuls les actes comptent ! »

Harry qui continuait à rire, masquant l'arrière-goût d'amertume qui restait encore coincé dans sa gorge, s'arrêta finalement.

Drago Malfoy n'avait pas émis un son. Ni moquerie, ni sarcasme, ni acquiescement. Rien.

Il le regardait seulement, les pupilles toujours aussi dilatées, sauf qu'à présent, il avait l'air d'être passé de -il ne savait pas trop quoi- à cette colère contenue.

Encore.

« Harry, si tu es incapable de me croire, alors laisse-moi te montrer une chose qui ne s'est jamais passée, mais que je meurs d'envie de faire depuis bien trop longtemps pour être avouée. »

Joignant le geste à la parole, Drago se leva de son fauteuil et s'avança vers lui à pas de velours.

On aurait dit une panthère des neiges s'approchant lentement de sa proie. Gracieux, majestueux, imposant et terriblement beau.

Toute l'eau de son corps l'avait comme subitement déserté.

Sa gorge devint si sèche qu'il se mit à déglutir plusieurs fois bruyamment. Il se sentait si tendu et nerveux qu'il pensait pouvoir soit se briser, soit prendre feu comme un brin de paille, à la moindre inflexion.

Si bien qu'il ne bougea plus d'un pouce, c'était à peine s'il s'autorisait à respirer.

Même quand Malfoy posa une main à côté de sa tête sur le dossier du canapé.

Même quand il lui saisit gentiment son menton pour incliner sa tête vers la sienne.

Il ne bougea pas d'un pouce. Silencieux et attentif.

Quand Malfoy fut si proche de lui qu'il pouvait sentir son souffle humide s'échouer sur sa peau, Harry laissa ses lèvres s'entrouvrir, sans émettre aucune protestation.

Toute eau était bonne à prendre.

« J'ai terriblement envie de t'embrasser. Je peux ? »

Harry dépassa sa peur de se rompre en deux au premier mouvement et hocha la tête sans attendre.

Un sourire carnassier orna les lèvres de Malfoy, et Harry crut qu'il se moquait encore de lui.

Son sourire disparut bien vite cependant.

Déposé sur sa bouche avec légèreté.

Doux, caressant et apaisant.

Drago Malfoy embrassait avec lenteur, avec langueur, comme l'on savoure un mets délicieux duquel on se délecte lentement, pour faire durer le plaisir aussi longtemps que possible, de peur que tout ne prenne fin trop vite.

Harry se sentit fondre, le cœur aux lèvres, les lèvres tout contre les siennes. Il se sentait intensément vivant.

Qui aurait cru qu'embrasser quelqu'un pouvait être aussi intense ?

Toutes les bonnes choses ont une fin.

Et ce fut avec cette même douce détermination qu'il était venu, qu'il s'écarta de lui.

Là où Harry avait le souffle court, Malfoy avait l'air serein. Seule la légère coloration de sa peau trahissait son trouble.

Il retourna à sa place et leur servit du thé.

Interdit, Harry le regarda faire, sans mot dire.

« Je suis déjà allé au cinéma une fois. » Commença le blond d'un ton badin, « C'était bizarre, y avait des moldus qui bougeaient comme sur nos photos, mais en beaucoup plus grand. Il y avait aussi du son et les scènes étaient nettement plus longues. Ça reste toujours incompréhensible pour moi… Pourquoi conserver des personnages dans une toile, s'ils ne peuvent même pas répondre et s'exprimer avec le monde extérieur ? C'est insensé ! »

Malfoy continua de parler et de l'entretenir, se répondant à lui-même le temps nécessaire pour qu'Harry reprenne pied sur terre.

Comme si de rien n'était.

De ce qu'il en savait, c'était peut-être le cas tellement ça lui paraissait insensé. Avait-il rêvé ?

Harry était perturbé et troublé. Non, ce n'était pas encore assez fort pour exprimer ce qu'il ressentait vraiment.

Mais il y réfléchirait plus tard, dans l'intimité. Là, maintenant, il savait qu'il était beaucoup trop tôt pour faire face au tumulte qui se bousculait en lui.

Pour la dernière fois de la soirée, il rentra dans son jeu et suivit la voie tracée par son hôte.

Harry se mit donc à répondre à Malfoy, entretenant une conversation banale et insignifiante dont il ne gardera aucun souvenir, si ce n'est une vague de sensations : celle de son cœur se refermant sur une douleur insidieuse, de son esprit se vidant de toute pensée, de toute émotion, et de son corps vibrant de toutes ces choses contenues qui tentaient désespérément de rugir hors de lui.

Puis enfin le calme. Un silence intérieur, froid et distant.

Au bout d'un moment, ses jambes ne tremblèrent plus, elles avaient récupéré assez de vigueur pour le porter loin d'ici. Loin de ce cauchemar qu'il avait l'impression de vivre.

Harry se leva. Sans appel.

« Malfoy, il est temps que je rentre chez moi. »

L'homme grimaça à l'entente de son nom, mais ne lui fit aucun reproche.

« Laisse-moi te raccompagner alors. »

Harry n'émit aucune objection et le suivit dans un état second.

Ils arrivèrent à la porte d'entrée, dans un laps temps qu'il n'aurait su quantifier. Sans hésiter, Harry franchit la porte ouverte, sans penser un instant à se retourner pour le saluer.

Pourtant, sous l'impulsion d'une main qui était venue saisir la sienne, il fut contraint de faire volte-face.

« Harry… »

C'était la première fois que Malfoy le regardait à nouveau dans les yeux depuis qu'ils s'étaient embrassés.

« Je sens que tu es fâché. »

Non, c'était faux.

Il ne se sentait pas fâché, il ne se sentait pas grand-chose il fallait dire.

À part peut-être, légèrement en colère…Légèrement en colère contre lui d'avoir était aussi con.

Il était vraiment le pire des idiots de s'être oublié ainsi. Il n'avait aucune excuse.

Quant à Drago, il n'avait jamais caché sa nature lunatique et imprévisible. Fidèle à lui-même, joueur, diaboliquement beau et hors de portée.

Fallait pas être futé pour croire un seul instant que ça pouvait signifier quelque chose pour lui, si ce n'est, à la rigueur, le défi d'un instant.

« Je ne suis pas fâché. » Finit-il par dire. Désireux de faire taire le léger trouble anxieux qu'il pouvait voir dans les yeux de Malfoy, « Je veux juste rentrer chez moi, tout ça n'a aucune importance, ne t'inquiète pas. Oublions ce qui s'est passé. »

Sa main redevint froide. Soudainement privée du contact de sa peau.

« C'est vrai, suis-je bête ! Merci de me remettre les idées en place Potter, pendant un moment, j'ai cru que j'avais une quelconque importance pour toi. Mais bien sûr, rien de ce que je puisse faire ne peut avoir un semblant d'impact sur Monsieur l'élu, le sauveur du monde sorcier et j'en passe… La liste est trop longue pour continuer, tu m'excuseras. »

D'anxieux, Malfoy était passé au petit con sarcastique. Pas la version préférée d'Harry, mais au moins celle-ci, il la connaissait bien.

Il savait gérer.

« Encore heureux que tu t'en aperçoives. Au passage, la prochaine fois abstiens-toi, rien que d'y penser, j'en ai encore la nausée. »

« En effet, il serait bête de gaspiller un si bon bœuf bourguignon. »

Après ça, Harry ne se souvint plus de son trajet de retour. Tout avait été englouti par le trou noir qui avait pris possession de son esprit.

Ce ne fut qu'une fois dans l'obscurité de sa chambre, enveloppé dans le réconfort de ses draps, qu'il se permit de ressentir à nouveau.

Depuis, il n'avait plus qu'une seule envie. Éteindre son cerveau qui tournait en boucle.

Fuir.

Tomber dans un coma prolongé.

Disparaître de la surface de la terre.

Tout oublier.

Puis recommencer, encore.

Se sentir de nouveau vivant, enfin.

Aimer, malgré lui.


A suivre...