Chapitre XXIV

Les semaines passèrent et la charge de travail s'intensifiait de plus en plus. Cependant, ce n'était pas ce qui préoccupait le plus Théodore, en ce jour. Assis dans un coin reculé de la salle commune avec son ami, il n'arrivait pas à se concentrer sur son livre d'Astronomie et semblait nerveux.

-Qu'est-ce qu'il y-a ? C'est Ombrage qui te fait cet effet-là ? se moqua Blaise, qui tentait vainement de commencer son devoir de Potions, malgré les soupirs incessants de son camarade.

Théodore leva vers lui ses prunelles bleues et murmura :

-Quelque chose me dérange chez elle…Puis qu'est-ce qu'elle me veut ?

Durant le petit déjeuner, le Professeur Rogue avait remis à tous les élèves de Serpentard un mot du professeur Ombrage avec une heure précise, à laquelle ils devraient un par un se rendre à son bureau. Cela n'avait cessé de tracasser le jeune homme qui attendait son tour…

-Comment tu veux que je le sache ? Je n'y suis pas encore allé non plus, puis tu n'es pas le seul dans ce cas, ça nous concerne tous, alors arrête un peu !

-Tu n'as rien entendu tout à l'heure lorsque tu étais avec les autres ? Malefoy n'est au courant de rien ? Il fait pourtant parti de sa stupide brigade inquisitoriale…

Son ami secoua négativement la tête, ce qui valut un énième soupir de la part du jeune Nott.

Théodore se trouvait devant la porte du professeur Ombrage et s'apprêtait à frapper. Faisant tout pour maîtriser son anxiété, il prit son courage à deux mains et frappa deux petits coups.

-Entrez ! lui répondit une voix mielleuse qui ne le rassura pas.

Pénétrant lentement dans la pièce, le jeune garçon resta stupéfait l'espace d'un instant. Les murs de la pièce étaient entièrement rose et des assiettes décoratives ornées de chaton s'y trouvaient.

-Asseyez-vous, je vous en prie, Monsieur Nott…

Théodore prit place sur le fauteuil que lui désignait le professeur Ombrage tandis que celle-ci lui demandait :

-Une tasse de thé ?

-Volontiers…répondit-il poliment.

Elle attendit que le jeune garçon eu avalé sa première gorgée avant de lui expliquer d'une voix doucereuse.

-Comme vous le savez si vous avez attentivement écouté mon discours au banquet de la rentrée, j'ai été recruté par le Ministère comme Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, mais également pour reprendre en main cette école…J'ai donc décidé de convoquer les élèves individuellement pour recueillir quelques informations.

Théodore se crispa et faillit s'étouffer avec son thé qui était extrêmement sucré. L'interrogatoire commença et concernait des choses banals sur le fonctionnement de l'école, les Professeurs et les cours…Il répondit du mieux qu'il le pouvait en se forçant à adopter une attitude neutre (ce qu'il commençait à réellement bien maîtriser).

-Une dernière petite question, Monsieur Nott…N'aimeriez-vous pas rentrer dans ma brigade inquisitoriale ? Je pense que vous connaissez son fonctionnement et si vous en faites partie vous en serez grandement récompensé…

Le jeune homme avala d'une traite le fond de sa tasse, pressé d'en finir et répondit :

-Je suis navré, mais je préfère me concentrer sur mon travail scolaire pour réussir au mieux mes BUSE.

-Comme vous voudrez…

Le professeur Ombrage n'insista pas et le laissa repartir.

Le soir, alors qu'il se trouvait au dortoir, il sursauta lorsque la porte s'ouvrit brusquement.

-Ce n'est que moi…c'est Ombrage qui t'as mis dans un état pareil ? Après c'est compréhensible, elle est vraiment dérangeante…J'ai failli exploser de rire en voyant la décoration de son bureau et je me suis à moitié étouffé avec son thé trop sucré…

-On est d'accord…murmura Théodore tout en pliant ses vêtements.

-Après il n'y avait rien de méchant dans ses questions…Elle est simplement en train de prendre le contrôle de l'école mais concrètement qu'est-ce que ça change pour nous ? Hormis le fait qu'on doit suivre toutes ses stupides règles…

-J'ai l'impression que c'est plus grave que ça, elle instrumentalise l'école à des fins politiques…

Blaise haussa les épaules et répondit :

-Le Ministère continue à nier son retour et je suis d'accord avec toi sur le fait que quelque chose se prépare, mais nous avons encore un peu de temps devant nous…

-Tu as probablement raison…murmura l'héritier Nott, en se couchant silencieusement.

Chaque semaine qui avançait les rapprochaient de la fin de l'année et des examens tant redoutés, ce qui ne rassurait pas Théodore. Celui-ci commençait à être rattrapé par ses vieux démons. Il passait tout son temps libre à la bibliothèque à travailler, se montrait désagréable avec quiconque osait le déranger durant ses révisions et avait pris la très mauvaise habitude de sauter quelques repas, ce qui avait alarmé son ami.

-C'est vraiment n'importe quoi, tu vas finir par tomber malade !

Levant à peine les yeux de son livre, Théodore marmonna en guise de réponse :

-C'est mon problème, pas le tien…

-Peut-être, mais crois le ou non, j'en ai assez de voir ta santé se dégrader au fil du temps. Regarde-toi ! Je suis certain que tu as perdu du poids alors que tu n'en as vraiment pas besoin et en plus ça t'empêche de dormir…

Théodore poussa un soupir agacé et répondit sèchement :

-Je n'ai pas besoin de tes conseils pour m'occuper de moi-même, alors maintenant fiche-moi la paix !

-Tu sais quoi Nott ? Je croyais que tu étais différent des autres, mais apparemment ce n'est pas le cas ! Tu penses toujours mieux savoir que tout le monde et tu es franchement odieux ! Lui lança Blaise avant de quitter la table de la salle commune, sur laquelle ils travaillaient tous les deux.

Le jeune garçon était vexé par les paroles de son ami, même si au fond il n'avait pas entièrement tort…Cependant, Théodore n'eut pas le courage de lui faire ses excuses et ils restèrent en froid pendant une bonne semaine.

Le lundi matin, le jeune garçon marcha seul en direction des serres de botaniques dans lesquelles il avait cours avec ses camarades. Il aperçut au loin son ami, en compagnie de Malefoy et des autres et eut un petit pincement au cœur. Il aurait aimé que tout redevienne comme avant et savait que cela ne dépendait que de lui, mais sa fierté l'en empêchait.

Quand ils pénétrèrent dans la serre numéro 5, le Professeur Chourave les mit en garde :

-Aujourd'hui nous allons manipuler des plantes particulièrement dangereuses, les Tentacula Vénéneuses.

Après leur avoir fait quelques recommandations et apports théoriques, elle les laissa s'occuper des plantes. Avec mauvaise humeur, comme souvent en ces temps-ci, Théodore attrapa sa Tentacula comme le Professeur Chourave leur avait montré et entreprit de récolter le venin au fond de la gorge de celle-ci. Alors qu'il s'apprêtait à faire de même avec une seconde plante, un éclat de rire retentit au fond de la serre, le distrayant. Sans s'en rendre compte il desserra sa prise sur la plante, qui se dégagea avec une extrême rapidité et le mordit à la main droite.

Le jeune Nott poussa un hurlement de surprise et de douleur faisant cesser les rires. Le Professeur Chourave se précipita vers lui et lui demanda :

-Que s'est-il passé ? Elle vous a mordu ?

Encore en état de choc, soutenant son membre blessé, Théodore hocha piteusement la tête. Après avoir jeté un coup d'œil à la morsure, le Professeur Chourave lui dit :

-Je suis désolée, mais il vous faudra aller à l'infirmerie…Voulez-vous que quelqu'un vous accompagne ?

-Non, ça ira…murmura-t-il faiblement, en retenant ses larmes.

Il traversa le parc dans un état second, puis une fois à l'infirmerie, il fut accueilli par Madame Pomfresh.

-Rassurez-vous, Monsieur Nott, soigné à temps, ce n'est pas bien grave même si les morsures sont douloureuses…l'avait rassuré l'infirmière en le faisant asseoir.

Après avoir fouillé un moment dans ses étagères, Théodore la vit revenir près du lit où il était assis avec un petit flacon, quelques bandages et compresses ainsi qu'un petit bol.

Elle lui fit avaler le contenu du flacon en lui expliquant qu'il s'agissait de l'antidote, qui empêcherait le venin de se propager dans tout son corps. Elle examina ensuite délicatement sa main qui avait enflée et le chauffait douloureusement. Après avoir imbibé une compresse avec le liquide qui se trouvait dans le bol, elle l'appliqua sur le membre blessé et enroula celle-ci d'un bandage pour la faire tenir.

Théodore poussa un petit gémissement de douleur. Le liquide le démangeait douloureusement.

-Cela vous brûlera un peu au début…l'avertit Madame Pomfresh, en lui tendant un des pyjamas de l'école.

Comprenant ce que cela signifiait, le jeune Nott tenta de négocier.

-Je suis vraiment obligé de rester à l'infirmerie ? J'ai beaucoup de travail, les BUSE à préparer et ça ne me fait pas aussi mal que ça…

-Vous êtes un très mauvais menteur, Monsieur Nott, il est évident que vous souffrez ! Pour répondre à votre question, il est nécessaire que vous restiez ici une petite semaine, les morsures de Tentacula Vénéneuse ne sont pas à prendre à la légère ! Puis l'antidote peut avoir quelques effets secondaires…

-Une semaine c'est beaucoup trop ! Je vais rater trop de cours ! répondit-il au bord de l'hystérie.

-Je suis navrée, mais ce n'est pas négociable ! Maintenant reposez-vous, moins vous vous agiterez, plus vite vous guérirez…

Théodore fini par obéir et après avoir enfilé le pyjama, il se coucha en ronchonnant. Décidemment il n'avait pas de chance avec les plantes. Il grimaça en se rappelant la morsure qu'il avait subit à la nuque il y avait quelques années de ça, de la part des plantes grimpantes qui infestaient l'extérieur du manoir…

-Inutile de râler ainsi, Monsieur Nott…

Jetant un regard noir à l'infirmière, il fini par se tourner sur le côté, en boudant. Cependant, le jeune garçon n'était pas au bout de ses peines et au bout de quelques heures alors qu'il somnolait, les effets secondaires de l'antidote se firent ressentir. Prise de violentes nausées, il se retrouva penché sur le côté de son lit, à vomir tripes et boyaux.

-Ce n'est pas très grave, cela se dissipera vite…lui dit doucement l'infirmière après avoir nettoyer le sol d'un coup de baguette.

Posant une main sur son front elle déclara :

-Vous n'êtes pas fiévreux, c'est le plus important…

A bout de nerf, le jeune Nott demanda d'une voix remplie de sanglots :

-Vous n'avez rien pour me soulager ? ça me brûle vraiment et les nausées sont atroces…

-Je suis vraiment désolée, mais si je vous donne de quoi soulager vos nausées ou la douleur de votre main, cela risque d'annuler l'effet de l'antidote et je ne suis pas sûr qu'il ait agi correctement pour l'instant, il est préférable d'attendre quelques jours. Tout ce que je peux vous donner, c'est ceci…dit-elle en lui tendant un linge rempli de glaçon.

Cela rendit Théodore encore plus morose. L'adolescent avait fini par se résigner et avait passé la fin de l'après-midi à dormir. La poche de glace que lui avait donné l'infirmière le soulageait légèrement mais les nausées étaient toujours présente…

Le dîner fut un véritable calvaire. Il avait tout d'abord refusé net d'avaler ne serait-ce qu'une bouchée de son repas, jusqu'à ce que Madame Pomfresh hausse le ton sur lui (ce qu'il détestait vraiment) et daigne prendre quelques cuillérées.

La nuit fut tout aussi pénible. La morsure avait recommencé à le faire souffrir et de douloureuses crampes d'estomac le pliait en deux. Cauchemardant à moitié, il se réveilla en gémissant, faisant accourir l'infirmière à son chevet.

-Je vous avez prévenu que ce serait pénible et douloureux…lui murmura-t-elle en lui passant un linge humide sur le visage, ce qui pour effet de l'aider à se calmer.

Le jeune Nott ne s'endormit qu'au lever du jour. Lorsqu'il se réveilla, il se sentit toujours nauséeux même s'il n'avait pas vomi depuis la veille et la morsure le brûlait et le démangeait toujours. Tout en s'étirant, il constata que deux plateaux de nourritures se trouvaient sur sa table de chevet. Théodore n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait bien être et se força à avaler une gorgée de jus de citrouille.

Alors qu'il grignotait un toast, l'infirmière s'approcha pour lui changer sa compresse et son bandage.

-Quelle heure est-il ? Questionna-t-il, en se laissant sagement examiner.

-Presque 14h…Je ne savais pas ce qui vous ferez envie à votre réveil, alors j'ai déposé sur votre table de chevet votre petit déjeuner et votre déjeuner. Comment vous sentez-vous ?

-J'ai toujours mal au ventre…gémit-il.

Il la vit froncer les sourcils et après avoir fini de s'occuper de sa main elle lui demanda :

-Vous permettez ?

Sur la réserve, il marmonna une réponse positive mais ne put s'empêcher de se crisper quand elle glissa ses mains sous son haut de pyjama, pour palper son estomac douloureux.

-Détendez-vous, je n'en ai pas pour longtemps…

Théodore n'eut aucune réaction quand elle appuya un peu fort sur son ventre, ce qui sembla rassurer l'infirmière.

-Ce n'est rien de très grave…c'est probablement l'acidité de l'antidote qui doit vous faire un peu mal. Pour éviter cela, il faut manger…Lui dit-elle en lui jetant un regard plein de sous-entendus, faisant référence à la comédie qu'il avait fait la veille au soir, refusant catégoriquement de se nourrir.