Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien.
J'espère que je n'ai pas trop inquiété certains lecteurs avec mes notes de la semaine dernière... Mentalement ça va mieux, ma santé est toujours aussi bizarre et inquiétante. J'ai des tests à faire, des rendez-vous à prendre, une vie émotionnelle à surveiller, tout cela alors que j'ai un mémoire à bosser ! J'aimerais vraiment que l'année scolaire qui arrive soit plus sereine mais j'ai un master à boucler puis un travail à chercher par la suite...quand est-on enfin en paix dans la vie ^^" ?
Bref, je vous souhaite une bonne lecture !
Chapitre 9 : Fly high
Devenir ami avec Mary Nott opéra un véritable changement dans le trio de Lily, Hugo et Solange, formant désormais un quatuor, en l'espace de quelques semaines. D'une façon différente, chacun fut satisfait de cet ajout, même Solange. Elle restait néanmoins timide en sa présence, mais au moins, elle avait quelqu'un avec qui s'asseoir durant ses cours d'études des runes. Hugo fut sans doute le plus soulagé, il ne voyait plus Mary Nott en cachette et avait enfin trouvé une partenaire pour parler de Quidditch, au grand dam de Lily et Solange. Mary amenait un point de vue et des réactions différentes que Lily et les autres n'avaient pas forcément auparavant. Dorénavant, elle agissait comme une personne totalement transformée que celle entrevue depuis la première année. Mary les aidait également pour leurs devoirs et tandis que le trio d'origine n'hésitait aucunement à prêter leurs livres, étant donné que ceux de Mary étaient en partie fichus depuis l'épisode des toilettes.
Pourtant, les premiers jours furent délicats. Les trois vipères en voyant leur camarade Serpentard traîner avec Lily et son groupe ne se privèrent pas pour les rabaisser à qui voulait les écouter. Lily ne comptait plus le nombre de fois où elle entendit « traître à leur sang », que Mary était tombée bien bas, « la bande des minables » et constamment ces remarques identiques sur les cheveux de Lily, sur la timidité de Solange, sur le passé de la famille de Mary ou sur la mère d'Hugo. Ce dernier eut une sévère retenue lorsqu'il craqua et catapulta, en pleine classe de métamorphose, son poulet transformé en arrosoir sur la tête de Kimberley Drike, suite à une énième provocation. Hormis cet incident, les insultes de trois filles ne blessaient plus à force, mais leurs répétitions fatiguaient. Néanmoins, Mary reprit confiance et leur lançait des répliques sanglantes en compagnie d'Hugo quand elle perdait patience. Lily se contentait d'adresser des regards noirs et même Solange ne tournait plus autant le visage en leur présence.
Mais la fin du mois d'avril fit oublier au nouveau groupe les trois pestes qui devinrent le cadet de leurs soucis. Le beau temps était de retour, ce qui leur permettait de revenir au saule, mais les examens commençaient à se rapprocher. James, qui avait reçu à son plus grand malheur, une beuglante de Ginny après les vacances de Pâques, lui disant « de se bouger sérieusement pour ses ASPIC », avait dû mettre la main à la pâte à contrecœur et ralentir les séances d'entraînement, dont il confiait la supervision à Lucy. Il n'avait pas de projet fixe une fois les bancs de l'école quittés (« rien ne m'intéresse à part le Quidditch »), mais il ne se sentait pas capable de rechigner ses études, surtout avec la pression de Ginny Potter sur son dos. Rose de son côté, sous les conseils de sa mère, avait organisé un planning strict de révision pour ses BUSE et encourageait ses cousins à en faire de même, ce qu'Hugo et Lily finirent par effectuer quand une montagne de devoirs leur tomba dessus.
La dernière fois que Lily vit Albus et Scorpius en public, ce fut pour le précédent match des Serpentard, peu avant le mois de mai, contre Poufsouffle. L'équipe verte et argent gagna, cent quatre-vingt-dix à quatre-vingts, ce qui était pour Hugo, pas suffisant pour garantir leur victoire sur la coupe de Quidditch.
- Mais enfin, nous avons cinq-cent-soixante-dix points, perdit patience Mary qui expliquait de nouveau son raisonnement à Hugo et Louis, une fois l'affrontement fini. Nous sommes en tête du classement, suivis par les Poufsouffle avec trois-cent-quatre-vingts points, Gryffondor va jouer dans un mois, et a actuellement trois-cent-dix points seulement, contre Serdaigle qui n'a que quatre-vingt-dix points. Et donc malgré avec toute la volonté du monde, même si Serdaigle est une très mauvaise équipe, il est impossible pour les Gryffondor de vaincre les Serpentard !
- On ne sait jamais, répliqua Hugo. Relis L'almanach du Quidditch et tu verras tous les championnats qui ont connu un rebondissement incroyable alors que tout semblait perdu !
- Bon sang Hugo, il faudrait que Gryffondor, vif d'or inclus, fasse au minimum onze buts pour pouvoir nous dépasser !
- Rien n'est terminé tant que James veut montrer que c'est lui le meilleur, affirma Hugo avec une fierté parodique.
- Vous au moins, vous n'avez pas à croiser les doigts pour avoir des joueurs décents l'année prochaine, fit remarquer Louis, dépité.
- Laisse les vraies équipes débattre, Louis Weasley, c'est du sérieux ici, coupa Mary malicieusement.
Hugo éclata de rire et Louis donna un coup de coude à Mary, piqué mais plaisantin. Au grand soulagement de Lily, ni James ni ses cousins ne firent de commentaires sur l'ajout de Mary. Quelques-uns eurent un lever de sourcils le premier jour quand ils avaient aperçu le nouveau quatuor, mais les tensions s'estompèrent rapidement. Rose et Louis furent les premiers à tenter un pas vers elle, cela attendra sans doute plus longtemps pour James ou Roxanne, mais aucun n'eut à dire quoi que ce soit sur la fille aux cheveux blonds.
Lily pensait au fond d'elle-même qu'elle n'avait pas eue de chance de naître durant la première semaine de mai. En l'espace de plusieurs jours, les membres de sa famille passaient de la tristesse des hommages à la joie qui, en grandissant, lui paraissait simulée. Elle savait qu'elle n'était pas non plus tombée sur la pire date (Victoire en était le meilleur exemple), mais elle aurait aimé que son anniversaire soit un peu plus espacé de ces terribles évènements dont les adultes, en particulier son père, devaient se remémorer chaque année.
Tous les matins du deux mai, l'ensemble de l'école se rassemblait dans la grande cour pour le discours du souvenir et une minute de silence. La plaque commémorative de tous les malheureux décédés durant la bataille se situait sur un petit îlot créé à l'occasion, non loin de la tombe de Dumbledore. Les préfets étaient chargés d'aller la fleurir chaque année en empruntant les barques, l'accès était néanmoins interdit le reste de l'année. Tous les cinq ans, la journée devenait fériée et les anciens combattants ainsi que les victimes de guerre étaient invitées pour une commémoration nationale.
Lily n'en avait assisté qu'à une seule, pour les quinze ans, peu avant son dixième anniversaire. Elle avait ainsi pu découvrir Poudlard que par son parc, son hall et la grande salle pour la réception. À cette époque, Albus n'avait pas encore dévoilé qu'il était ami avec Scorpius et Rose était quelque peu méfiante à son égard. Victoire, Dominique et Fred étaient toujours à l'école, les Héritiers Noirs ne paraissaient pas comme une menace sérieuse… Étrangement, Lily aurait aimé être nostalgique de cette période, mais elle ressentait pourtant, un sentiment de malaise.
Au matin du sept mai, comme pour les deux fois précédentes depuis le début de sa scolarité à Poudlard, James lui sauta dessus en hurlant « Joyeux anniversaire Lily » avant de me donner son cadeau qu'il avait sans doute acheté durant un de leurs week-ends à Pré-au-lard, suivi plus calmement de Lucy, Roxanne, Rose et Louis. Ses amis attendirent que Lily ait remercié tout le monde, les rares félicitations d'élèves au hasard et qu'elle soit assise pour aller à sa rencontre, les bras chargés de lettres et de colis.
- On a tout récupéré avant ton arrivée vu que ça s'accumulait, raconta Hugo en posant sa pile sur la table. La mienne c'est la famille, celle de Solange ce sont les proches et les connaissances et Mary possède les nôtres.
- C'est gentil vous n'étiez pas obligés, rougit Lily qui ne savait pas par débuter.
En tant qu'enfant du survivant et étant du clan Weasley, il était ordinaire qu'elle reçoive un peu plus d'attention et cadeaux en comparaison avec ses camarades, mais ça la gênait à chaque fois de remarquer les regards curieux, voire jaloux et agacés autour d'elle. Elle s'empressa d'ouvrir rapidement les présents devant elles, gardant les lettres pour plus tard.
- Mary, il ne fallait pas, remercia Lily le souffle coupé en observant la broche luxueuse que la jeune fille lui avait offerte, restée emballée dans sa boîte d'origine venant d'une bijouterie où Lily n'oserait même pas mettre les pieds.
- Ce genre de trucs vous plaira bien plus qu'à moi, haussa les épaules Mary en s'efforçant de paraître détachée, mais dont les yeux trahissaient sa satisfaction.
Deux semaines plus tôt, à l'anniversaire de Solange, Mary, qui n'avait jamais préparé de cadeaux à qui que ce soit, fut horriblement gênée de s'être retrouvée les mains vides. Bien que Solange ait voulu la rassurer, Mary avait tenu à apporter sa boîte à bijoux et insista pour que la brune en prenne un. À la grande surprise de tous, Solange choisit un serre-tête en forme de diadème, peuplé de petites pierres, dont trois diamants, et le portait chaque week-end. La Serpentard leur avait assuré qu'elle ne touchait jamais ces présents offerts visiblement par sa mère et qu'elle ne s'y attachait aucunement. Lily soupçonnait Hugo d'avoir aidé Mary sur ce sujet, car même si Lily ne collectionnait pas de bijoux, elle avait été émerveillée par les ornements à foison de Mary, dont cette broche qui avait attiré en premier son attention.
- Et celui-là, c'est de qui ? demanda Lily une fois tous les cadeaux ouverts en scrutant une boîte blanche posée à côté d'un bouquet de fleurs.
- Euh…justement, on ne sait pas, prit une teinte pourpre Solange.
- Qu…comment ça ?
- C'est arrivé sans mot et en même temps donc on les a regroupés ensemble, affirma Hugo.
Á ce moment-là, Rose et James les rejoignirent auprès d'eux alors que la grande salle commençait à se vider de ses élèves. Tous les deux furent également confus par le dernier présent.
- On ne devrait pas le donner à Rusard avant ? proposa Rose en regardant avec méfiance le petit paquet.
- Et qu'elle attende trois semaines avant de le récupérer, laisse tomber ! grimaça James. Ouvre, si ça n'a pas déjà été confisqué par la douane de Pré-au-lard, c'est ce que c'est forcément inoffensif.
En effet, depuis l'ascension des Héritiers Noirs, tout colis passait en premier lieu par la poste du village et subissait quelques sorts de détection pour assurer qu'il n'était pas trafiqué ou qu'il contenait quelque chose de dangereux.
- Et les fleurs, vous êtes sûrs qu'il était livré avec ? reprit Rose. Il aurait pu venir de Dominique.
- J'ai déjà vu des esquisses de ce qu'elle composait, si elle devait m'en offrir, elle aurait fait quelque chose de plus sophistiqué, répondit Lily à sa cousine, en attrapant le bouquet.
L'assemblage était sommaire, élaboré uniquement avec cinq lys blancs peuplés de petites taches roses sur les pétales, enroulées dans de la végétation puis nouées dans un ruban jaune pâle. Difficile à croire qu'il ait été créé chez un fleuriste, pourtant le travail était soigné malgré sa simplicité. Lily porta les fleurs à son nez et ferma les paupières, l'odeur était pure et traversa ses narines, la floraison devait être récente. À contrecœur, elle dut laisser les lys de côté et s'attarda sur le paquet, pas plus gros que le poing de James. Son contenu fut à la fois, encore plus déstabilisant, mais aussi charmant que les fleurs.
- Qu'est-ce que c'est ? Un gâteau ? fronça les sourcils Hugo.
Il s'agissait d'une colombe en pâte à sucre, les ailes semblant surélevées, comme prêtes à s'envoler, posée sur un macaron vermillon.
- Wouah…on dirait qu'il sort tout juste de la boulangerie, remarqua James. Il a même réussi à garder sa forme malgré le voyage !
- Il existe des sortilèges de conservation pour ça, James, soupira Rose un peu agacée par son ignorance.
- Vous avez vu les détails ? fit Solange d'une faible voix en scrutant l'oiseau sous toutes les coutures. C'est si précis…et loin d'être amateur.
- Je…je ne connais personne qui pourrait…balbutia Lily, ne pouvant plus détacher du regard ce présent.
- Qu'est-ce que tu en fais, tu le manges ? proposa Hugo.
- Hugo, il pourrait être empoisonné ! s'exclama Rose.
- Et bien testons ça tout de suite, aux grands mots les grands moyens ! trancha James.
Sans attendre la réaction des autres, il découpa un bout de l'aile gauche et fourra le morceau de sa bouche. Le groupe fixait le garçon en silence, le souffle retenu, les yeux exorbités pour Rose. James dégusta sa bouchée et une fois le tout avalé, il déclara avec un sourire ;
- C'est super bon ! C'est ok Lily, ce n'est pas dangereux !
- CRÉTIN ! C'était stupide, ça aurait pu être mortel ! gronda Rose en lui donnant un coup sur l'épaule.
- Tu crois vraiment que quelqu'un aurait pris le risque d'envoyer ça à Lily avec la marque du concepteur sur la boîte ? ricana James. Je vais voir Albus, aux dernières nouvelles, il ne s'est pas manifesté pour l'anniversaire de ma petite sœur, c'est inacceptable.
- Oh pitié, ne joue pas les grands frères protecteurs quand ça t'arrange ! lui lança Rose, mais il était trop loin pour l'entendre. Mary en profita pour saisir le paquet et l'observait sur tous les coins.
- En effet, je reconnais ces armoiries, ça vient d'une boutique de pâtisserie de luxe française, ma mère a le catalogue à la maison.
- Donc si quelqu'un avait empoisonné le gâteau, il aurait suffi de remonter sur les dernières commandes de l'entreprise pour trouver le coupable ! conclut Hugo.
- Il n'empêche que ce n'était pas très prudent, grogna Rose qui se força à se détendre. Mange-le tranquillement dans le parc Lily si tu veux, il fait beau dehors. Je vais rejoindre les garçons avant que James ne pique son scandale devant eux, profite bien de ta journée.
Le quatuor réunit les cadeaux et lettres de Lily qu'Hugo se chargea, avec l'aide de Roxanne qui louchait avidement sur les présents, de ramener à la salle commune. Lily, Mary et Solange l'attendirent ainsi au saule, emportant le gâteau avec elles.
- Tu n'as aucune idée de qui ça pourrait être ? interrogea Mary qui ne cessait de fixer la boîte comme les deux filles, une fois assises dans l'herbe.
- Pas du tout, secoua la tête Lily. J'espère juste que ce n'est pas une mauvaise blague.
- Ce serait vraiment idiot, fit Solange en prenant une mine dégoûtée.
Lily coupa un morceau avec le bâton que Mary avait métamorphosé en couvert. La colombe croquait à l'extérieur et contenait une douce mousse à l'intérieur. Le macaron de son côté, était à la framboise sauvage, légèrement parfumé à la rose et possédait une crème vanillée. Pour la première fois de sa vie, Lily en avait des frissons à chaque cuillérée. Solange et Mary eurent également une petite part et toutes les deux furent conquises.
- Je ne suis pas très fan des desserts, mais alors celui-là…divin, commenta Mary qui se léchait discrètement les lèvres.
- Peut-être est-ce un admirateur secret, comme dans les livres ? rêva Solange en s'appuyant contre le tronc, les yeux fermés.
- Un admirateur je ne sais pas…murmura Lily en pensant un instant à Wilhem avant de sursauter soudainement. Attendez ! Je crois que…oui l'année dernière…et à ma première année…j'ai déjà vécu ça !
- Vraiment, comment ça ? s'exclamèrent d'une même voix Mary et Solange.
- Je vous le jure ! Vers mes treize ans, le mois de mai avait été un des plus froids enregistré si bien que je suis tombée malade la veille de mon anniversaire ! J'ai passé la nuit à l'infirmerie et quand je me suis réveillé…tous mes cadeaux étaient là et au pied du lit, il y avait…un plaid violet et…c'est ça, aussi un bouquet de lys ! Pas un mot non plus, mais je croyais qu'il s'était perdu à l'époque donc je n'ai pas fait attention, sachant que Mrs Pomfresh était incapable de se souvenir de tous les visiteurs qui étaient venus pour l'occasion. Et deux ans plus tôt…c'était une chouette qui m'a livré directement par la fenêtre de la tour de Gryffondor ! Elle m'avait déposé également un bouquet de lys, plus petit si je me rappelle bien, ainsi qu'une bougie !
- Une…bougie ? répéta Mary, circonspecte.
- Oui c'est vrai maintenant que tu le dis, reprit Solange. Celle dont l'odeur apaiserait la nervosité et les maux de tête ? On s'en servait en période d'examen, Hugo nous prenait pour des folles de nous fier à ça… Tu penses que…ce serait le même expéditeur ?
- Visiblement, conclut Lily dont le cœur battait à tout rompre. Mais…comme il n'y avait aucune signature, ni carte ni quoi que ce soit, j'ai toujours cru à des coïncidences…
Il y eut un silence, on n'entendit plus que les autres élèves s'amuser au loin sous les rayons du soleil. Mary fut la première à réagir de nouveau et grimaça :
- C'est soit la personne la plus affreusement romantique, soit la plus gênante et glauque possible ! C'est quoi la prochaine étape ? Un balai de marque ? Les clés d'une maison ? Une bague de fiançailles ?!
- Ne lui porte pas la poisse Mary, défendit timidement Solange. Qui sait, ça pourrait être juste un élève bienveillant, il ne semble pas vouloir de mal à Lily avec ce qu'il lui offre. Néanmoins, avoir un bouquet de lys chaque année… Demande peut-être à ta cousine Dominique ce que ça peut signifier, ça cache peut-être un secret ?
- « Je suis un vieux sorcier seul et complètement fou, j'aspire à vous confectionner, à chacun de vos anniversaires, de mystérieux présents en espérant que vous m'aimerez en retour » ?
- Mary !
- De plus ce n'est pas la première fois qu'un inconnu m'offre des cadeaux, reprit Lily après un gloussement discret tout en pliant la boîte, ne pouvant se résoudre à la jeter. C'est juste que cette fois, mes parents ne peuvent plus les rejeter à ma place et les détruire. Tout le monde sait que je suis à Poudlard, c'est facile de me trouver, mais ce ne sera plus le cas quand j'aurai…mon propre chez-moi par exemple.
Mary ne semblait nullement convaincue, mais la conversation en resta là. Hugo était réapparu et n'allait pas tarder à les rejoindre, Lily refusait qu'il sache de leurs dernières conclusions, il serait capable de la harceler jusqu'à ce qu'elle en parle à un professeur ou à ses parents et cela jaserait. Hors de question qu'on s'attaque à son expéditeur, aussi effrayant ou touchant qu'il puisse être.
J'ai peur.
Scott est né au crépuscule du lundi seize mai deux-mille-vingt-deux. Il pèse trois kilos vingt-deux pour quarante-cinq centimètres. Il possède des légers cheveux blonds et en ouvrant ses yeux si minuscules, sa maman et moi avons reconnu la couleur que j'ai héritée également de mon propre père.
À l'origine, je voulais lui écrire une lettre lui racontant sa mise au monde, lui disant à quel point je l'aime et essayer de lui faire comprendre tout ce que je ressens en tant que jeune papa. Aucune phrase ne sort, tout me paraît niais, artificiel et puéril. Mon fils n'a même pas un jour et je me sens déjà mauvais comme parent.
Depuis ce matin, nous avons eu de nombreuses visites. Andromeda n'a cessé de renifler après l'avoir vu, Molly refusait de le lâcher une fois dans ses bras et Arthur lui offrait dès lors sa première peluche. Bill et Fleur sont venus le midi, accompagnés de Louis, qui a quitté l'école spécialement pour l'occasion. Fleur parle de passer quelques jours à la maison et j'admets secrètement en être soulagé, j'ai l'impression d'être fatigué en permanence et je n'imagine même pas l'état de Victoire. Mon beau-père a été heureux d'avoir son surnom comme deuxième prénom pour notre fils. Notre Scott Bill Lupin.
Scott, c'est Vicky qui a fini par avoir le dernier mot dessus. Pendant tout ce temps, j'étais persuadé que ce serait une fille, mais finalement, sa maman avait vu juste, c'était bien un petit garçon bien agité dans son ventre. Tant de sentiments m'ont submergé la première fois que je l'ai porté. Jamais je ne serais capable d'aimer quelqu'un aussi fort que cet enfant, arrivé sans crier gare dans ma vie. Il est en excellente santé, pas de don de métamorphage détecté alors pourquoi, pourquoi je me sens si effrayé par ce qu'il se passe ?
J'ai pourtant eu presque cinq mois à me préparer à devenir père, j'ai même demandé des conseils à Harry. Lui, Ginny et les jeunes sont venus durant l'après-midi, il n'a pas hésité à annuler une de ses interventions à Poudlard comme professeur de défense contre les forces du Mal juste pour l'occasion. J'ai pu annoncer en face à face à James qu'il était le parrain. Il fut si ému à cette nouvelle, quelque chose changea dans son regard la première fois qu'il prit mon fils. Victoire avait eu des doutes quand je lui ai proposé cette idée, mais en le voyant parler à Scott et lui promettre d'être là pour lui, j'ai su qu'il était prêt. Ce n'est pas non plus impossible que je regrette cet avis par la suite si ce dernier ne lui apprend que des bêtises, mais…il m'a semblé plus mûr, confiant. Pour la première fois de ma vie, je l'enviais.
J'ai passé le reste dans la visite à errer comme un fantôme. Je me souviens que Ginny avait acheté des fleurs, au moins le sixième bouquet de la journée. J'avais eu la réflexion que j'attendais celui de Dominique, étant donné son métier il devrait être exceptionnel, mais c'est à peine si j'ai des nouvelles d'elle depuis l'année dernière. Elle me manque… Je me rappelle également que Lily avait eu les larmes aux yeux, répétant à quel point Scott était petit, suppliant d'être la marraine du prochain avant d'être réprimandé par Albus pour être trop bruyante et intrusive. Cela ne m'a pas gêné, elle serait merveilleuse dans ce rôle et elle est tout autant déjà gaga du bébé, c'est attendrissant.
Je suis censé rentrer à la maison et me reposer un peu, voilà vingt-quatre heures que je n'ai pas dormi et je dois me rendre au ministère au plus tôt pour déclarer Scott et avoir mes congés paternité. Que deux semaines, c'est trop peu, à la fois pour mon fils et pour moi. Je suis déjà épuisé mentalement alors que je n'ai été que spectateur la majorité de l'accouchement. Je n'imagine même pas ce que cela donnera chez Victoire pour gérer la situation. Elle paraît bien plus positive que moi, mais je sais qu'elle est également nerveuse. Je pense néanmoins qu'elle s'occupera bien du bébé, car contrairement à moi, elle ne doit pas ménager ses heures au travail pour l'élever. Mais parfois, elle me semble bien trop confiante sur la responsabilité que cela engendre d'être parent… De mon côté, j'ai essayé de multiplier les heures supplémentaires au début de la grossesse et d'arranger mes horaires pour ne pas rentrer trop tard une fois que Victoire aura accouché. Mais avec le métier que j'ai et mon statut, à moins de mettre à mi-temps, il est très compliqué d'avoir une véritable vie de famille.
Tout ceci me paraît encore si nouveau. Comment bien élever mon fils, comment lui apprendre tout ce qu'il faut ? Comment trouvera-t-il sa place ? J'espère de tout mon cœur que les Héritiers Noirs seront vaincus quand il deviendra conscient de ce qu'il se passe autour de lui. Qu'il ne vivra pas dans la crainte dans une terre chaotique qui s'autodétruit. Á ma naissance, je représentais l'espoir malgré le sacrifice de mes parents, un meilleur monde devait être construit. De nos jours, il ne cesse de se fragiliser, une nouvelle guerre serait catastrophique pour les sorciers. Nous restons en décalage tout en éprouvant de la méfiance envers les Moldus, que ce soient leurs dirigeants ou la quantité d'attaques qu'ils subissent par notre faute. Je me bats tous les jours pour que ces misères ne soient plus que des mauvais souvenirs, que Scott étudiera uniquement dans tes grimoires d'école. Mais est-ce suffisant ? Ferais-je un bon père malgré tout ? Et Victoire, s'en sortira-t-elle ?
Elle s'est enfin endormie, je ne l'ai jamais vu aussi épuisée. Elle profite du peu de répit que Scott lui laisse, car il ne tardera pas à avoir faim. Demain, je reviendrai et nous partirons pour la maison en fin de journée. Cette si grande maison. Au fond de moi, j'espère que les cousins de Vic viendront nous rendre visite durant l'été, il y a trop de pièces vides à combler. Victoire se plaint régulièrement de la quantité de ménage et à quel point notre balai ensorcelé fait mal son travail. J'appréhende qu'elle ne soit bientôt submergée par son rôle de maman et que ses soirées adolescentes lui manquent. Elle ne cesse de répéter que tout ira bien une fois le bébé parmi nous, pourtant elle tournait comme un lion en cage ces trois derniers mois.
Peut-être que Scott l'occupera suffisamment pour qu'elle oublie ses récents maux ? À moins qu'il ne s'agisse d'une nouvelle excuse pour les fuir ? Non, je ne peux pas penser ça, ce serait affreux, pour elle, pour moi et pour Scott. Cela sera mieux quand on aura pris un rythme et je ferais de mon maximum en tant que père. Je l'ai promis à Scott, Victoire compte sur moi, ma famille en attend le meilleur. Tout finira par s'arranger. Je m'en convaincrais jusqu'au bout.
- Tu ne devrais pas trop tarder à filer Lily, à mon avis, la pluie ne risque pas de s'arrêter tout de suite.
Lily hocha discrètement la tête, les yeux scrutant le carrelage des serres dont les gouttes d'eau tombaient sauvagement contre le toit. Non loin, le professeur Londubat effectuait quelques coups de baguette pour nettoyer les divers dégâts que ces si peu attentionnés étudiants de troisième année, accordaient à ses plantes.
Le dernier cours de la journée de Lily avait été un cauchemar. Non seulement l'exercice fut difficile, car les élèves devaient se préparer pour les examens, mais en plus, Kimberley Drike, à la fin de la séance, en avait profité durant un aller-retour de Lily, pour lui donner un petit croche-pied, entraînant dans sa chute une étagère remplie de pots, d'ustensiles et de transplantoirs. L'incident, heureusement, n'avait pas échappé à Neville qui enleva cinquante points d'un coup à Serpentard. Pourtant, Lily fut effroyablement mal à l'aise à cause des regards noirs que lui envoyèrent la plupart de ses camarades de la maison verte, comme si c'était de sa faute, mais par-dessus tout, elle insista pour rester ranger la serre avec le professeur Londubat. Solange, Mary et Hugo avaient finalement filé à l'apparition des premières gouttes une fois le cours terminé et désormais s'écoulait une pluie torrentielle.
- Il n'y a plus rien à nettoyer ? demanda Lily timidement.
- Ne t'inquiète pas, cela va plus vite avec la magie et ce n'est pas grand-chose, répondit chaleureusement Neville. Si tu savais tout ce que j'ai pu faire tomber à ton âge durant mes cours…
Lily eut un petit sourire et retira sa blouse et ses gants pour enfiler sa cape qu'elle boutonna jusqu'au col.
- Mais dis-moi Lily, c'est fréquent que Mlle Drike, ou quelqu'un d'autre, te cherche des noises ? Que ce soit en cours ou ailleurs ? questionna soudainement son professeur de botanique.
Figée, Lily fuit son visage tout en tentant de paraître surprise face à ce qui lui semblait être un interrogatoire déguisé.
- Oh, mais non Nev…Monsieur, pas du tout. Du moins…ce…c'est rare…et il ne m'arrive rien, ni à personne que je connaisse !
Elle vit du coin de l'œil un léger haussement de sourcils du parrain d'Albus et Lily déglutit. Que se passerait-il s'il savait tout ce qu'elle subissait de la part des trois pestes, voire pire, ce que sa propre fille vivait depuis sa première année ?
- Très bien, répondit-il finalement au grand soulagement de Lily. Mais si jamais il arrive de nouveau quelque chose de ce genre à toi, ou à Solange, et même Hugo, n'hésite pas à m'en parler. Je suis ton directeur de maison, mais aussi un ami de ta famille, tu n'as pas à craindre de te confier à moi.
- Je sais professeur, hocha la tête Lily encore un peu nerveuse, merci et au revoir.
Elle fila rapidement et s'appuya quelques instants pour les murs de la serre pour reprendre son souffle, restant perturbée de par la tournure qu'avait prise la discussion. Les gouttes de pluie rebondissaient contre les flaques et une immense gadoue peuplée de traces de pas, faisaient office de chemin jusqu'au château.
- Génial, maugréa Lily en regardant le déluge qu'elle devait affronter avant de s'élancer en trottinant.
Elle se retrouva très vite trempée et presque aveuglée par toute cette eau. Cette sensation d'humidité et d'être frigorifiée lui rappela l'épisode du lac gelé et elle ne voulait pas s'attarder davantage. Pourtant, malgré le vacarme de la pluie, elle entendit une voix l'appeler au loin.
- Hé, Potter !
Lily s'arrêta brusquement et plissa les yeux pour essayer d'apercevoir les silhouettes qui s'étaient réfugiées derrière les arbres et avançaient d'un pas pressé vers elle. Elle reconnut bien trop tard les trois vipères qui l'encerclèrent rapidement.
- À cause de toi, on a cinquante points de moins ! rugit Milly Samson, furieuse.
- Je n'ai rien fait ! protesta Lily qui s'apprêtait à s'enfuir, mais Madison Moore la bloqua d'un geste en se tenant devant elle. C'est de la faute de Drike si on vous en a retiré, pas la mienne !
- Ma faute ?! rit cette dernière dans le dos de Lily. Mais tu n'avais qu'à ne pas être dans le passage, toi et ta puanteur ! C'est dommage que cette étagère ne t'ait pas écrasé, on aurait eu une traîtresse à son sang en moins.
- FERME-LA !
Le cri de Lily résonna un faible instant aux alentours. Bouillonnante de rage, Lily ne put contenir plus longtemps sa colère. Des mois de brimades, d'injures envers elle et les autres, aujourd'hui fut la goutte de trop. Elle se retourna face à Kimberley Drike et la fixa avec une telle haine que cette dernière fit un pas en arrière.
- Je t'interdis de m'insulter ! Que ce soit moi, Solange, Hugo ou Mary ! Fiche-nous la paix, sale chienne ! Toi et les grognasses qui te servent d'amies !
Et sans plus aucune retenue, la main de Lily partit brusquement sur la joue de Kimberley. Sous le choc, Drike lâcha une exclamation furieuse et avant que Moore et Samson ne réagissent, elle poussa violemment Lily qui bascula sur le sol inondé et gadoueux.
Avant même de pouvoir se défendre, elle reçut une multitude de coups de pied. Aux jambes, au ventre qui lui coupa la respiration et un coup finit aussi par s'abattre sur son front si bien que Lily se sentit étourdie avec en prime une effroyable douleur à la tête. Quelqu'un lui tira les cheveux et la força à se redresser à moitié la tête puis fit plonger son visage dans la boue pendant de longues secondes si bien que la gadoue s'infiltra dans son nez et dans sa bouche. Lily tenta de se débattre, mais cela n'avait eu que pour résultat de maintenir, voire frotter davantage sa tête contre le sol. Lorsque son châtiment prit fin, elle crut s'évanouir. Elle voyait trouble et toussa de nombreuses fois pour retrouver un semblant de respiration, mais put entendre la voix de Madison qui s'en allait au loin :
- Reste dans la boue Potter, comme le petit déchet que tu es ! Tu mérites de crever là-dedans, toi et ta maudite famille !
Il s'écoula d'interminables minutes où Lily fut incapable de bouger, écroulée dans la terre humide. Ses jambes lui faisaient atrocement mal, son ventre était parsemé de crampes, une horrible douleur lui transperçait le genou où une tache rouge grandissait sous son collant. Cherchant toujours son souffle, Lily ne pouvait même pas pleurer de souffrance ou d'injustice. Les mains tremblantes, elle s'essuya la figure et essaya difficilement de se redresser.
La pluie n'avait pas cessé et chaque parcelle de son corps était sale et trempée. Une fois ses expirations de retour à un rythme régulier, les membres frémissants et endoloris, Lily parvint à se relever et récupéra son sac à ses pieds. Lui aussi semblait avoir été traîné sur le sol, mais heureusement, aucune de ses affaires n'avait été répandue par terre. À pas lourds et les articulations torturées, avec un début de bleu se développant sur son deuxième genou, Lily remonta péniblement le sentier jusqu'au hall, fouettée par le déluge.
La pluie et la fin des cours avaient vidé le lieu de ses élèves. Lily laissa d'horribles traces de pas derrière elle qui seraient capables d'achever le concierge. À peine grimpa-t-elle le grand escalier qu'elle glissa et trébucha. Son genou blessé cogna une des marches et saigna davantage tandis que Lily fit s'échapper un cri de douleur avant de finalement fondre en larmes.
- Je n'en peux plus…lâcha-t-elle à bout de nerfs. J'en ai marre, marre !
- Lily ?
Comble de l'ironie et du malheur, Malefoy se tenait sur le perron un peu plus haut.
- Oh pitié ! gémit Lily en serrant les dents. Pourquoi dois-je tomber à chaque fois sur toi au mauvais moment !?
- Ravi de te voir également, grogna Scorpius en s'approchant vers elle. Qu'est-ce que tu fais par terre et couverte de boue ? reprit-il en fronçant les sourcils.
- Je vis ma meilleure vie, ça ne se voit pas ? Je…AIE !
Lily ne put retenir une douloureuse plainte en tentant de se redresser. Son genou ensanglanté lui faisait horriblement mal depuis sa deuxième chute et elle n'arrivait pas à se remettre pleinement debout. Scorpius se précipita vers elle et l'aida à tenir sur ses pieds en saisissant son bras gauche pour le déposer sur ses épaules.
- Par Merlin, tu t'es battu ou quoi ? questionna-t-il alors que Lily se relevait difficilement avec sa jambe boiteuse, agrippée à Scorpius.
- Longue histoire…grimaça de douleur Lily. Et toi, que fais-tu tout seul ?
- Je redescendais dans ma salle commune, Rose nous faisait réviser à la bibliothèque pour nos BUSE…mais toi que faisais-tu dehors ? Les cours sont finis depuis presque une heure et le professeur Hagrid n'est pas assez fou pour vous donner classe sous la pluie.
- Pour l'amour de la magie Scorpius, s'il te plaît ce n'est pas le moment de poser des questions ! s'enflamma furieusement Lily qui mourrait de honte d'être vu dans cet état.
- D'accord, d'accord, capitula le jeune homme. On va à l'infirmerie, tu m'expliqueras.
- Surtout pas ! Écoute, je n'ai rien de grave, j'ai les genoux en compote c'est tout…je dois revenir dans ma salle commune avant que…
- Avant que quoi ? Que ta famille ne se rende compte que tu ressembles à une blessée de guerre !? Tu as une bosse sur le front, tu n'arrives même pas à marcher, tu saignes, tu dégoulines de boues et tu te tiens le ventre ! Si je ne te connaissais pas, j'aurais juré que tu es tombée d'un balai !
Il paraissait presque furieux si bien que Lily n'osa pas répliquer et céda rapidement.
- Ok tu as gagné, accompagne-moi à l'infirmerie pour au moins me désinfecter, consentit-elle. Mais hors de question que tu me portes comme la dernière fois !
- Lily, tu boites, je ne peux pas te laisser comme ça…
- Et moi je ne veux pas que des élèves me revoient sur ton dos !
- Si ça t'amuse de jouer l'infirme et de perdre du temps…grinça Scorpius en se redressant pour que Lily s'appuie correctement contre lui. Et tu as intérêt à me raconter ce qu'il se passe !
Légèrement décontenancée, Lily se tut durant le reste du trajet. Malgré la lenteur de leur avancée, Scorpius fut extrêmement patient et l'aida le mieux que possible à grimper marche par marche les escaliers. C'était la deuxième fois cette année qu'il la ramenait à l'infirmerie, à force ils connaîtraient la route les yeux fermés si elle continuait à avoir des ennuis quand Scorpius était dans le coin.
Après leur longue montée, Scorpius fit asseoir Lily dans le premier lit venu avant d'aller chercher Mrs Pomfresh. Lily s'efforça de ne pas grelotter devant l'infirmière qui la soigna en rouspétant, craignant qu'elle ne la force une fois de plus à dormir sur place.
- Si vous n'attrapez pas de pneumonie, vous êtes sacrément chanceuse Mlle Potter ! Revenez me voir si vous vous sentez fiévreuse demain matin. En attendant, vous n'avez rien, un pansement, un peu de crème pour vos hématomes et c'est tout ! Restez assise encore plusieurs minutes et vous pouvez repartir.
- Et son genou ? demanda malgré tout Scorpius qui accepta volontiers la tasse de chocolat que lui proposa une assistante.
- Il est juste sous le choc, mais elle peut marcher avec, ne vous inquiétez pas Monsieur Malefoy.
Lily prit également une boisson chaude et préféra le boire une fois ses mains nettoyées. Mrs Pomfresh l'avait débarbouillé le visage et les jambes pour la soigner, mais une partie de son corps et ses vêtements restaient crasseux. Lily craignait de tacher la couverture dont elle tripotait nerveusement un des trous.
- Quelle plaie, marmonna-t-elle en scrutant l'état de ses cheveux.
- Quoi, qu'est-ce que tu dis ? dit Scorpius qui avait fini sa boisson en quelques gorgées.
- Rien, j'en ai marre, j'en ai juste marre ! répliqua sèchement Lily. Tout part en suçacide maintenant et je n'en peux plus, rien ne va ! Regarde-moi ! J'ai de la boue partout, j'ai mal aux genoux, mon ventre me rappelle mes mauvais jours, j'ai une bosse ridicule sur le front, j'ai honte de moi et je suis trempée ! C'est génial, j'adore ma vie, elle est devenue un enfer avec…tous ces changements ! Avec le mariage, les cours, les Héritiers Noirs, Kimberley et compagnie…
- Hein quoi ? la coupa Scorpius. C'est quoi ce problème de Kimberley ?
- Euh...
Lily hésita. Que devait-elle répondre ? Lui dire la vérité ? Et s'il se moquait d'elle ?
- La chouette appelle Lily Potter, qui est Kimberley ? recommença Scorpius avec sérieux.
- Personne, ça ne te concerne pas, grogna la jeune fille en reprenant une gorgée de sa boisson.
- Que tu le veuilles ou non, je suis désormais impliqué dans cette affaire à l'instant même où je t'ai trouvé sur les marches. Que ça te plaise ou non, on partage des petits secrets toi et moi, tu te souviens ? Le lac, nos discussions à l'infirmerie, dans les escaliers, la volière… Tu es la sœur et la cousine de mes amis les plus proches, que tu sois contente ou non, nous ne sommes plus des figurants pour chacun d'entre nous alors arrête d'être aussi agaçante et raconte-moi ce qu'il se passe !
Lily se figea, confuse par sa réaction. Pourquoi insistait-il autant alors qu'elle avait été une nouvelle fois odieuse avec lui ? N'importe qui l'aurait ignoré depuis longtemps face à cette attitude et pourtant…Scorpius revenait d'une manière ou d'une autre. Ce garçon était un mystère et Lily avait beau culpabiliser à chaque mauvais comportement qu'elle abordait en sa présence, elle ne pouvait s'empêcher de se méfier dès qu'il semblait s'immiscer dans sa vie. Néanmoins, Scorpius avait raison, malgré elle, ils avaient tissé comme un lien étrange et il était de plus en plus difficile de repousser Malefoy quand ce dernier faisait des efforts incommensurables pour bien s'entendre avec elle.
- Tu ne me dois rien…bredouilla Lily, les yeux visés à l'intérieur de sa tasse à moitié bue. Tu n'as pas à te sentir obligé de te plier en quatre avec moi ou…être comme ça.
- Je ne les fais pas par pitié ou pour rentrer dans tes bonnes grâces Lily. Tu as oublié ce que je t'ai dit au mariage ? Je peux faire d'honnêteté, même si ça ne plaît pas toujours, assura Scorpius.
- Quand bien même…ce que tu fais doit te sembler vain avec une fille comme moi, murmura Lily en ramenant ses genoux contre elle.
- Ne sois pas si dramatique, mon monde ne tourne pas autour de toi, souffla du nez Scorpius. Des butés, j'en vois tous les jours, à force je m'y habituerai au bout d'un moment, c'est tout. Je pense néanmoins que tu te cogites suffisamment bien toute seule une fois que je t'ai remis les idées en place, ajouta-t-il avec une pointe d'ironie.
-Dégonfle ta tête un peu, ce n'est pas comme si je te lançais des fleurs, marmonna Lily, pincée.
- On s'éloigne du sujet, tu veux bien me dire ce qu'il se passe, s'il te plaît ? Qui est cette fille ? reprit Scorpius avec obstination.
Lily préféra finir son chocolat, tourner une dizaine de fois ses index autour de ses pouces et se mordre longuement les lèvres avant de trouver le courage de lui répondre.
- Hum…elle est de mon année...à Serpentard...
- Et ? l'invita à poursuivre Scorpius.
- Et disons qu'elle...et deux filles...s'amusent à me...m'embêter.
- Depuis combien de temps ?
- Oh ça dépend…mais c'est plus récurrent depuis…depuis le mois d'octobre, avoua Lily les joues cramoisies, ne pouvant plus retourner en arrière.
Scorpius resta muet quelques instants. Lily remarqua que ses poings se crispèrent, mais il semblait étrangement calme quand il s'adressa de nouveau à elle.
- Mais pourquoi ne m'as-tu rien dit ? Tu sais que moi aussi ça m'arrive… Tu aurais pu…plusieurs fois…
- Oui j'aurais pu le dire, en parler à mes parents, à Neville ou n'importe qui d'autre, mais j'ai préféré me taire ! craqua Lily. Parce que j'avais honte ! Parce que je voulais m'en sortir toute seule ! Parce que ce n'était pas grand-chose, à part des moqueries au tout début ! Et puis pourquoi te l'aurais-je dit ? On n'est même pas amis et en plus, à côté de ce que tu dois subir, ça ne doit pas être grand-chose… Et puis tu comprends, je viens d'une grande famille célèbre, qui aurait compati à ce que je me fasse harceler, c'est le retour du bâton, non ?
Lily sentit des larmes couler sur ses joues et se dit qu'elle devait être ridicule à pleurer sur son sort, devant Scorpius qui plus est. Le souvenir de Mary dans les toilettes lui revint également, rendant selon elle, sa jérémiade bien moins légitime.
- Tu as fini de dire des bêtises ? reprit Scorpius en lui donnant une tape sur l'épaule qui la fit sursauter. Ce n'est pas parce que tu es la fille d'Harry Potter que tu n'as pas le droit de te plaindre quand il t'arrive quelque chose comme ça. Qui t'a mis ça dans la tête pour raisonner ainsi ?
- Moi-même…renifla Lily. C'est juste la conclusion que j'en ai tirée depuis un moment…ça et…ce qui vous avez vécu Mary et toi.
- Comment ça ? Il y a eu quoi avec Mary ?
Les joues de Lily s'empourprèrent de nouveau. Elle pensait que Mary avait finalement parlé à son cousin ce qui s'était passé avec les trois pestes, mais elle s'était visiblement trompée… Misère, elle était la moins placée pour lui en faire part ! Mais les gros yeux de Scorpius l'avaient pris au piège et elle raconta à contrecœur :
- Elle a aussi…des remarques…mais pas plus que Solange, ajouta Lily très vite pour atténuer la situation, ou moi !
- Elles se font également frapper ?! s'écria Scorpius hors de lui.
- Non, non, paniqua Lily. Enfin…je n'ai rien vu qui confirmait ça…
Mais elle se maudit d'en avoir trop dit, car Scorpius était désormais rouge de colère.
- Qui a fait ça ?
- Scorpius, ça ne sert à rien, pourquoi tu veux savoir ?
- Bon sang Lily, tu as été tabassée comme une malpropre, ce n'est même pas une dispute qui a dégénéré, c'est carrément un harcèlement de longue date ! De plus, je viens d'apprendre que ma cousine subit des trucs de son côté que j'ignore et maintenant je comprends mieux pourquoi Solange est si craintive ! Bon sang…et PERSONNE N'A REMARQUÉ ?! Et Hugo, lui ? On l'insulte aussi ?
- Il arrive à se défendre, mais j'imagine que Rose se fait également traiter de traîtresse-à-son-sang donc ce n'est pas nouveau… Même Hugo ne peut pas régler grand-chose…il essaye déjà de nous aider comme il peut, mais…
- Et tes frères ? Et le professeur Londubat ? Et tes parents ? coupa Scorpius.
- Parce que ton père est au courant de tout ce que tu subis ? rétorqua Lily sur la défensive.
- Ce n'est pas pareil…marmonna Scorpius. Mon cas est plus complexe…
- Mary m'a dit quelque chose de similaire et ce n'est pas une raison, argumenta Lily plus calmement.
Avant que Scorpius ne puisse répliquer, l'infirmière les chassa, prétextant que son genou devait pouvoir la soutenir, mais Lily avait plutôt l'impression que Mrs Pomfresh les renvoyait à cause du bruit qu'ils faisaient. Lily, qui avait presque perdu ses frissons, put marcher sur ses deux pieds, bien que légèrement boiteuse. Scorpius insista néanmoins pour la raccompagner jusqu'à la tour de Gryffondor.
- Et du coup, à part cette Kimberley Drike, qui d'autre vous martyrise ? revint à la charge Scorpius une fois les escaliers grimpés.
- Madison Moore et Milly Samson, ses copines, avoua piteusement Lily, croyant qu'il avait lâché l'affaire face au silence qu'il abordait auparavant. On a parfois des remarques venant de certains élèves, mais je n'ai pas retenu leurs noms. Solange, c'est encore plus compliqué, on se moque d'elle aussi dans sa maison.
- Ça s'arrêtera, je te le promets, répondit Scorpius d'un ton rassurant.
- Oh tu sais, ça arrive qu'elles se lassent donc on peut être tranquille… se justifia Lily avec détachement. Mais avec la gifle que j'ai donnée à Kimberley, ça ne va pas calmer les choses entre nous… Ne t'en mêle pas surtout ! recommanda-t-elle précipitamment. Et ne dis rien à Albus ou à Rose, ça risquerait de prendre de trop grandes proportions !
Scorpius acquiesça discrètement sans un mot, la tête ailleurs. Lily ne préféra ne rien ajouter de plus. Ils étaient désormais devant le tableau de la Grosse Dame, Scorpius lui redonna son sac qu'il avait porté à chaque trajet sur ses épaules et fit face à Lily.
- Hé Lily ? reprit-il avec prudence. Ne laisse plus quiconque te traiter comme le font ses filles. C'est intolérable ce qui t'arrive...à toi, Mary et Solange.
- Á toi non plus…tu n'as pas mérité ça.
Lily fut la première surprise de ses propres mots et roussit de nouveau. Scorpius lui, la dévisagea, un peu sous le choc.
- Hé bien dis donc ! Tu es si reconnaissante que je t'ai aidé que tu me flattes ?
- La ferme, répondit Lily le visage rubicond. Pas besoin d'exagérer, c'est la vérité.
- Tu rigoles ? Où est passée la Lily Potter anti-Malefoy que je connais ?
Lily sourit malgré elle et tripota une mèche de cheveux, les yeux rivés sur ses chaussures.
- J'aimerais te demander pardon… avoua-t-elle. Pour toutes ces fois-là où j'ai été… Tu es quelqu'un de bien au fond et…je t'ai mal jugé.
- Des excuses et des compliments de Lily Potter, pincez-moi je rêve, Noël est de retour ?
-…mais ce n'est pas pour autant que je t'apprécie comme un ami Malefoy, reprit aussitôt la jeune fille, intraitable.
-…j'imagine que c'est mieux que rien, conclut Scorpius avec un haussement des épaules, gardant néanmoins son petit sourire avant de tourner les talons.
Toujours gênée, Lily attendit qu'il soit hors de portée pour prononcer le mot de passe et se faufiler dans la tour. Elle avait grandement besoin d'une douche chaude avant de s'emmitoufler dans la couverture offerte à ses treize ans pour se réchauffer davantage. Sa chaleur l'empêchait d'attraper froid, peu importe les températures, il pouvait être un meilleur allié que sa propre baguette. Lily resta si longtemps sous l'eau qu'elle en ressortit la peau en correspondance avec la teinte de ses cheveux. Ce n'était pas par frilosité qu'elle avait séjourné aussi longuement, c'était son échange et ses excuses inattendues envers Scorpius qui l'avaient fait perdre la notion de l'heure. Quelque chose avait changé en cette journée et elle en fut d'autant plus convaincue lorsqu'elle s'endormit ce soir-là.
Et Lily avait eu en partie raison. Car depuis ce jour, plus jamais ses amis et elle ne se firent directement insulter par Madison Moore, Milly Samson et Kimberley Drike, et ce, jusqu'à la fin de leur scolarité.
J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu. J'adore écrire les scènes entre Lily et Scorpius, les aimez-vous aussi ?
Le prochain chapitre sera le 10ème (youpi, un nombre à deux chiffres !) et on arrive sur la moitié de ce premier tome. J'écris le tome 2 en même temps mais il faut que je me dépêche sinon vous allez pas mal attendre...
Á la semaine prochaine pour le prochain chapitre Sleep Walking !
