Défi "Pick a card" de la Gazette des bonbons au citron. Seven of Hearts : écrivez une fanfiction sur la confiance.

Drago Malefoy avait eu beaucoup de rêves dans sa vie, beaucoup d'espoirs, mais jamais il n'aurait pensé devenir un jour Auror. Il n'aurait jamais pensé non plus qu'il serait un jour le coéquipier du célèbre Harry Potter, et qu'il l'apprécierait.
Pire encore, il l'appréciait, il aimait travailler avec lui et il avait totalement confiance en lui.

Bien sûr, le fait qu'il l'ait sauvé lors d'une mission avait grandement joué. Ou plus exactement, il s'était d'autant plus attaché au Survivant.

Mais s'il voulait être honnête, il avait confiance en Harry depuis le premier jour de leur collaboration. Depuis que cet idiot s'était jeté tête première face au danger remettant sa vie entre ses mains.

Ils n'avaient jamais parlé de ce qui s'était passé. Ils n'étaient pas vraiment doués pour parler de leurs sentiments tous les deux. Mais c'était implicite qu'ils se faisaient mutuellement confiance pour se couvrir l'un et l'autre.

Drago était devenu Auror un peu par obligation. Après son procès, il avait voulu prouver qu'il n'était pas le Mangemort que tout le monde imaginait. Il avait supporté les brimades pendant sa formation en serrant les dents, se répétant qu'il leur prouverait à tous qu'ils avaient torts.

Quand il avait été convoqué pour son affectation, il s'était rendu compte que Gawain Robards ne l'aimait pas et qu'il ne savait pas quoi faire de lui. Un bref instant, il avait caressé l'idée d'abandonner... Mais il s'était rebellé de toutes ses forces.

Quand l'homme avait décidé de le mettre en équipe avec Potter, il avait hurlé intérieurement. Mais quand Robards les avait menacés de les mettre à la paperasse s'ils ne travaillaient pas ensemble, il avait senti qu'il y avait anguille sous roche.

Il avait surpris des paris sur la durée de leur collaboration, et avait compris qu'il y avait un problème avec son nouvel équipier.

Découvrir que Potter était une fichue tête brûlée ne l'avait pas vraiment surpris. Il avait été en colère et il avait voulu se convaincre que c'était parce que l'idiot balafré était irresponsable... Mais il avait eu peur, vraiment peur lors de leur première mission.

Ils se hurlaient dessus, souvent. Ils s'insultaient parfois. Leurs collègues les évitaient et semblaient penser qu'ils allaient finir par s'entretuer. Mais ils fonctionnaient comme ça tous les deux. Ils avaient toujours fonctionné comme ça.

Au final, ils en arrivaient à s'apprécier. Ils étaient habitués l'un à l'autre maintenant. Ils étaient coéquipiers depuis quelques mois et Drago savait qu'il ne voulait travailler avec personne d'autre. De la même manière, Potter avait refusé de travailler avec un autre auror pendant son absence après son kidnapping.

Ils avaient été ennemis à Poudlard, ils s'étaient battus sans se faire de cadeaux. Aujourd'hui, Drago confiait sa vie à Potter et Potter lui confiait sa vie. Le grand Harry Potter, l'élu, le Sauveur avait confiance en lui, ancien Mangemort.

Il sourit lorsque l'objet de ses pensées entra dans le bureau un dossier à la main. Il se recula dans son siège et croisa les bras sur sa poitrine.
- Une nouvelle affaire, Potter ?
- Ouep.

Il haussa un sourcil en voyant que le brun ne semblait pas décidé à développer sa réponse.
- Mais encore ?

Potter haussa les épaules.
- Trafic d'artefacts de magie noire.

Drago tendit la main et attrapa le dossier. Comme il s'y était attendu, il y avait très peu d'informations. Un informateur anonyme avait signalé avoir été témoin d'une transaction impliquant des artefacts liés à la magie noire et plus particulièrement au règne de terreur de Voldemort.
Une enquête avait été diligentée bien entendu, mais elle n'avait rien donné.
Forcément, comme à chaque fois que le nom de Voldemort apparaissait, le dossier atterrissait sur leur bureau...

- Potter... C'est pas une affaire ça ! C'est à peine une rumeur.
- Je ne sais pas. J'ai un mauvais pressentiment.

Drago plissa les yeux en observant soigneusement son équipier. Il connaissait suffisamment Potter maintenant pour le prendre au sérieux quand il parlait d'un mauvais pressentiment. Ce fichu balafré attirait les ennuis comme un aimant.
Et justement, l'air étrangement distant et préoccupé de Potter lui indiquait qu'il y avait un élément qui n'était pas le dossier.

- OK. Développe.

Harry sourit, amusé malgré lui par la complicité qu'ils avaient développé à travailler ensemble.

- J'ai rendu une visite à la nouvelle boutique de Barjow et Beurk.
- Seul ?
- Voyons, Malefoy, je suis un grand garçon...

Drago soupira en secouant la tête. Il se demandait vraiment comment Potter avait pu survivre aussi longtemps en étant une telle tête brûlée.

- Bien. Comme je te disais, j'ai rendu visite à Barjow et Beurk. Sous polynectar. Il semblerait qu'il y ait effectivement un énorme marché pour les... trucs en rapport avec Voldemort.
- Potter... Il y a et il y aura toujours des dingues qui seront fascinés par ce genre de choses.
- hum... Oui. Mais...

Drago se redressa aux aguets. Voir l'ancien Gryffondor mal à l'aise et essayant de détourner son attention était définitivement le signe qu'il se passait quelque chose d'anormal.
- Mais ?
- Ma cicatrice... Elle me fait mal.
- Qu...Quoi ?
- Avant, quand ma cicatrice me faisait mal, c'était en rapport avec Voldemort.

Drago le regarda un instant, yeux ronds.
- Mais il est mort ! Tu l'as bien tué non ?
- Bien entendu qu'il est mort. Je suppose que c'est juste en rapport avec la magie noire. Ce qui me fait penser qu'il y a réellement une affaire. Tu as le droit de...
- Laisse tomber Potter. Je te fais confiance.

Ignorant le regard émeraude stupéfait, il se replongea dans le dossier.

Il fallut aux deux enquêteurs près de deux semaines avant de trouver leur première preuve. Ils étaient revenus à plusieurs reprises dans la boutique sombre qui avait repris du service après l'arrestation de Goyle.
Leur dernière visite, Harry était à peine entré qu'il gémit sourdement en portant une main à son front.
Le propriétaire, Barjow, Beurk ou un de leurs descendants - Drago n'avait jamais réussi à les différencier - s'avança avec un sourire mielleux. Quand il reconnut Harry Potter, il se rembrunit et perdit toute sa politesse obséquieuse.

- Messieurs ?

Drago eut un sourire froid.
- Nous voudrions voir vos objets en rapport avec la magie noire.
- Ce magasin est respectable.

Harry ricana. La boutique crasseuse pouvait être qualifiée de bien des façons mais certainement pas de boutique respectable.

Harry commença à inspecter la marchandise présente dans le magasin tandis qu'il entendait Drago interroger le propriétaire. Son coéquipier parlait d'une voix traînante, ce ton particulièrement exaspérant qu'il prenait quand il espérait faire craquer son interlocuteur.

Le jeune homme s'approcha d'un présentoir exposant des dagues quand il entendit un cri.
- Potter, baisse toi !

Il ne se posa aucune question, et obéit aveuglément à son coéquipier. Un sort le frôla mais, grâce à ses réflexes et à sa confiance aveugle en Malefoy, le manqua.
Quand il se redressa, Malefoy tenait en respect le propriétaire de la boutique. Harry envoya un Patronus au Ministère pour avoir des renforts et récupéra les dagues.

Quelques minutes plus tard, la boutique grouillait d'Aurors.
Harry et Drago se penchèrent sur les dagues qui avaient attiré l'attention du brun. Au milieux des couteaux, une dague retint leur attention. Noire et brillante, elle était gravée de symboles étranges et son manche était décorés de gravures de serpents.

- C'est clairement un truc pas net.
- Brillante déduction Potter. Et tu te bases sur... ?
- La réaction de ton nouvel ami ? L'aspect louche de ce truc ? Mon instinct ? Choisi ce qui te plaît le plus.

Ils quittèrent la boutique en se chamaillant sous le regard blasé de leurs collègues.

Après la découverte de la dague, les rumeurs de trafic disparurent complètement. Cependant, loin de se décourager, Harry et Drago continuèrent leurs recherches.

Au fur et à mesure que l'enquête piétinait, l'humeur d'Harry s'assombrissait. Les disputes avec Drago devenaient de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes.
Robards en était arrivé au point de s'arracher les cheveux, ne sachant pas s'il devait les séparer ou au contraire les laisser s'entretuer pour avoir la paix.

Le Ministre de la Magie débarquait régulièrement dans son service pour exiger des explications sur ce qui ce passait.

Hermione avait été envoyée pour tenter d'amadouer Harry. Le résultat en avait été une dispute mémorable entre les trois anciens camarades de Poudlard, au point de faire trembler le Ministère. Certains avaient juré que le monde moldu avait entendu des échos de la dispute.
C'est une Hermione folle de rage qui avait ensuite débarqué dans le bureau du Ministre, lui jurant qu'il pouvait la virer mais que plus jamais elle n'irait jouer les messagers pour lui.

Aussi, lorsque Harry et Drago partirent en mission brusquement et que le Ministère retrouva son calme, tout le monde souffla durant l'accalmie.

Harry et Drago étaient partis perquisitionner le domicile des McNair. Walden McNair, qui avait été le bourreau du Ministère, avait été envoyé à Azkaban après la bataille de Poudlard. Il n'avait pas de famille en vie, aussi ses biens étaient restés en l'état.
C'était le nom qui était ressorti des registres de la boutique de Barjow et Beurk, et ils avaient trouvé la coïncidence troublante, suffisamment pour qu'ils prennent la peine d'inspecter l'endroit.
En entrant de le Manoir, la première chose qu'ils remarquèrent était que l'endroit était lugubre.
Puis, Drago nota un fait étrange.
- Potter ? Tu remarques que l'endroit est...
- Propre ? Oui. Un peu trop.

Baguettes sorties, ils progressèrent en silence, dos à dos, se couvrant mutuellement.

Le rez-de-chaussée et les étages du Manoir étaient déserts, tout en montrant des traces d'occupation. Cependant, les squatteurs n'étaient plus présents et ne semblaient pas avoir laissé la moindre trace pouvant les identifier.

Drago attrapa le poignet de son équipier et l'attira à l'écart. Il lui montra un escalier qui descendait et Harry comprit immédiatement que le Manoir McNair - comme la plupart des autres maisons appartenant à des sang purs - possédait des cachots.

Les deux hommes descendirent silencieusement, jusqu'à arriver dans un réseau de souterrain. L'endroit était sinistre.

Une faible lueur tremblotante prouvait une présence humaine, ou tout du moins un éclairage à la bougie. Un seul regard leur suffit pour se comprendre et se mettre en marche.
Harry dût se mordre la langue pour étouffer un gémissement, gêné par la douleur que sa cicatrice lui causait.

Finalement, ils arrivèrent dans ce qui semblait être une pièce creusée dans la roche composant le sous-sol.

Quelques bougies éclairaient chichement une silhouette. La personne leur tournait le dos et semblait être en train de lire. Drago montra du doigt une table dans un coin couverte d'objets pour le moins suspects. Dagues, médaillons, coupes et autres bric-à-brac.

Avant qu'ils n'aient le temps de faire quoi que ce soit, un sort fusa et Harry poussa Drago hors de la trajectoire in extremis. A eux deux, ils eurent vite fait de stopper les deux trafiquants.

Une fois les deux hommes ligotés, Harry examina les objets et grimaça en constatant qu'il s'agissait de possessions d'anciens Mangemorts. Certains avaient probablement appartenu à Voldemort lui même.

Une fois encore, un Patronus fit venir leurs collègues.
Quelques heures plus tard, ils étaient de retour au Ministère, heureux d'avoir enfin le fin mot de l'histoire.

Les deux hommes n'étaient que deux sorciers malhonnêtes ayant subitement eut l'idée de vendre des objets de "collection". Même si Voldemort était mort et que son règne de terreur était terminé, il existait un marché parallèle. Certains sorciers trouvaient "chic" de détenir des objets de celui qui fut le plus grand mage noir depuis Grindelwald. Aussitôt, les deux idiots avaient commencé à fouiller les maisons de Mangemorts avérés pour alimenter leur petit commerce illégal.

La dague trouvée chez Barjow et Beurk avait été une de leurs idées pour se faire plus d'or. Ils avaient pensé qu'avec l'appui d'une boutique connue pour avoir des clients adeptes de Magie Noire, il pourraient plus facilement vendre tout ce qu'ils récupéraient.

Leur coup de filet leur valut les félicitations - à contre cœur - de Robards. Le Ministre de la Magie grommela un "Bien joué" d'un air maussade.
Harry puis Drago rendirent visite à Hermione avec leur plus beau sourire et des livres rares pour se faire pardonner et la jeune femme les fusilla du regard avant de leur promettre le pire si elle se retrouvait à nouveau mêlée à leurs disputes.

La tranquillité revint dans les couloirs du Ministère... Tout du moins jusqu'à la prochaine enquête des meilleurs Aurors que le département ait eu depuis des années.

Une petite review ? ... Merci !