Gaius était en train de mesurer avec précisions la quantité de liqueur d'achillée millefeuille qui lui serait nécessaire pour concocter son remède si efficace contre les douleurs abdominales dont étaient souvent prises les femmes de la cour, lorsque Merlin fit irruption dans la pièce. Il ne passa pas le pas de la porte, se tenant à cette dernière le temps de reprendre son souffle. Ses yeux transpiraient l'angoisse.

-Gaius… Le roi …

-Mais parle Merlin !

-C'est étrange… Il ne veut rien avaler, il dit que tout à un goût immonde.

-Et c'est pour ça que tu es dans un tel émoi ? Tu sais très bien que notre cantinière ne réussit pas toujours ses tourtes … Je veux dire tu en à fais l'expérience…

-Gaius je suis on ne peut plus sérieux. Je lui ai apporté pléthore de plats différents. Et je les ai tous goûtés. Ils étaient bons. Il n'a rien pû avaler, ne serait-ce qu'une pomme, sans risquer de dégobiller sur mes chaussures !

Les sourccils blanc et broussailleux de l'ancien mage se froncèrent.

-Laisse-moi prendre mes affaires, je vais l'examiner.

-Vous pensez que ça pourrait être dû à la magie ?

-Je ne saurais dire sans l'avoir auscultée … Mais un abcès dentaire donne aussi ces symptômes… Tranquillise toi ce n'est pas exclu que la cause soit tout à fait anodine.

Pour Merlin, le pas lent de Gaius dans les escaliers fût la pire des torture alors qu'il voulait rejoindre Arthur au plus vite. Malgré ce que disait le médecin de la cour, il avait un étrange et très mauvais pressentiment. Pour lui, il n'y avait aucun doute. Il s'agissait de magie. Il le sentait. Il la ressentait en Arthur.

-Majesté c'est Gaius. Puis-je entrer ?

-Oui, entrez, entrez. Tu vois Merlin, c'est comme ça qu'on agit devant son roi, on s'annonce.

-Foutaise ! Vous ne supportez déjà plus le son de ma voix passé le souper alors imaginez si je parlais à chaque fois que je devais entrer, au vu des allez retour que je fais en ces lieux, vous perderiez vite l'esprit.

-Ha ça chose sûr, je finirai par t'étrangler.

-Déjà je vois que votre majesté n'a pas perdu son répondant, m'autorisez vous à vous examiner ?

-Faites Gaius, faites. Si ça peut faire froncer les sourcils de Merlin. Je ne lui ai jamais vu un air sérieux aussi longtemps . Dépêchez vous, j'ai bien peur qu'il reste coincé avec ce visage.

Gaius ne releva pas les moqueries infligées à son protégé, après tout, c'était chose courante. Arthur ne pouvait s'empêcher de taquiner Merlin et ceux en toutes occasions, mais en cet instant, il était assez évident que ces boutades cachaient son appréhension. Le médecin lui fit ouvrir la bouche. Il prit son poul, tata ses côtes. Et son air sérieux sur le visage ne s'adoucit à aucun moment, bien au contraire.

-Ce n'est pas un abcès n'est ce pas ? Merlin, inquiet, avait les bras croisés sur le torse, l'ongle de son pouce porté à ses dents.

Gaius se contenta d'hocher négativement la tête.

-Depuis combien de temps ?

-Ce matin .

-Vraiment ? Et avant aviez vous bon appétit ?

-Il à dévoré deux cailles entières et un pigeon juste avant de se coucher hier.

-Il est vrai que.. j'avais grand appétit ces derniers temps …

-Vous avez toujours eu bon appétit…

Arthur fusilla Merlin du regard.

-Je ne comprends pas alors pourquoi vous êtes si maigre.

-Moi ? Maigre ? S'interrogea Arthur, presque content en tirant une langue vengeresse en direction de son serviteur.

-Ce n'est pas quelque chose dont il faut se réjouir majesté. On sent vos côtes. Arthur palpa ses côtés et, en effet, il n'avait jamais été dans un tel état de maigreur.

-Comment est-ce possible ? Hier encore j'avais quelques embonpoint…

-Je ne vois qu'une seule explication possible. C'est l'oeuvre d'une magie noir.

Le rire de Morgane en ces souvenirs vrilla la tempe d'Arthur si bien qu'il en perdit l'équilibre. Comme pris de vertige. Il se retint de justesse contre le bureau. Merlin vint le soutenir et l'aida à s'allonger sur le lit.

-Qu'est ce qu'il se passe ?

-Il est sûrement anémié…

-Mais que faire s'il refuse de manger?

-Morgane. La voix d'Arthur n'avait été qu'un murmure mais elle avait fait cesser la discussion du médecin et de son apprenti.

-Hier… J'ai entendu la voix de Morgane dans ma tête … Et il y avait.. Cette douleur dans ma cheville… Comment est-ce que j'ai pû oublier…

Merlin se hâta de découvrir la cheville de son prince. Deux minces points rouge s'y trouvait.

-Un serpent ? demanda Merlin anxieux.

-Ça m'en a tout l'air… Il y a peu de sortilèges qui se transmettent par la morsure d'un serpent. Je trouverai vite.

-Surtout si je vous aide.

-Non Merlin, reste à son chevet.

-Je crois que Guenièvre serait bien meilleur que moi à cette tâche.

-Je ne tiens pas vraiment .. à ce qu'elle me voit dans cet état Merlin …

En effet Arthur était d'une pâleur extrême d'un coup, et depuis son lever, on aurait dit que ces joues s'étaient creusées.

-Vous êtes bien bête de cela, vous savez que Guenièvre ne vous jugera point.

-Mais je veux être un homme fort en son esprit… S'il te plaît. Merlin…

-Bien, bien. Je reste. Gaius faites moi mander si … Il vous faut de l'aide. Le plus discrètement possible et dans un angle dans lequel Arthur ne pouvait rien voir, il fit scintiller ses yeux une seconde, signifiant plus précisément quel genre d'aide il pourrait apporter à Gaius.

Le médecin quitta la pièce et Merlin se saisit d'une chaise qu'il ramena vers le lit. Il y prit place, ses coudes posés sur ses genoux, ses mains en prière devant son visage penseur.

-Merlin, pensent à demander à messire Léon comment s'en ai sorti Gauvin à l'entraînement de ce matin, j'étais censé le faire travailler sur son flanc gauche … Il y a toujours une faiblesse dans sa défense de ce coté là..

-Je le ferai, Arthur, mais ne pensez pas à tout ça. Reposez vous.

-Comment le pourrais-je alors que la faim me tiraille le ventre.

-Lorsque Gaius aura trouvé le remède…

-S'il le trouve.

-Il le trouvera. Alors quand il l'aura trouvé, que voudriez-vous manger ? N'importe quoi, j'irai vous en chercher. Après tout, vous n'allez pas à avoir à penser à votre ligne pendant un moment.

Arthur fusilla Merlin du regard.

-Il y a bien certaines choses que je n'ai pas mangé depuis de nombreuses années…

-Je sens que vous allez m'envoyer chercher des choses impossible à trouver …

-Non… Rien de si extravagant je t'assure… De la confiture de groseille, de la compote de rhubarbe et du caramel.

-Vous savez messire, il y a toutes ses choses en cuisine. Si vous voulez je vous en apporte tout de suite.

-Non. Je n'ai vraiment pas envie d'entacher le souvenir que j'ai avec l'affreux goût que j'ai dans la bouche.

-Puis-je vous demander pourquoi vous avez arrêté d'en manger ?

Arthur détourna le regard.

-Tu n'es pas le seul Merlin à me trouver trop gras. Lorsque j'étais petit, mon père m'a instauré un régime. Pour lui, un bon combattant ne se gavait pas de sucre.

Merlin se mordit la lèvre inférieure.

-Depuis toutes ces années.. J'étais persuadé que vous n'aimiez pas les choses sucrées. Mais Arthur … Si je vous taquine sur votre poid c'est avant tout parce qu'il me plait de manger le reste de l'assiette que vous touchez à peine tant vous êtes contrarié.

-Quoi ?! Si j'avais la force Merlin je te rouerais de coup!

-Je n'en doute pas. Mais je ne vous ai jamais trouvé gras Majesté. Alors peut être, lorsque vous serez guérit, pourrais-je accompagner vos petit déjeuner de confiture de groseille.

-Peut être oui. De temps à autre. Arthur eut un faible sourire et se tourna sur son flanc gauche. - Je suis las.

-Reposez vous messire. Je reste à vos côtés.