Il en est hors de question.
Le dégoût se peignait sur le visage du roi car, attablé face à lui se tenait Merlin qui tendait vers lui une fraise moisie. Un épais duvet grisâtre et spongieux la recouvrait par endroit.
-Messire… Gaius a dit qu'il était tout à fait possible que Morgane vous ai changé en troll. Et c'est encore le moyen le plus rapide de le savoir.
-Je n'avalerai pas cette chose infâme. Et puis ça n'a aucun sens. Morgane veut mon trône. En quoi cela l'avencerai de me changer en monstre? Elle à réussit à faire infiltrer un serpent en ces lieux… Pourquoi ne pas avoir choisi une vipère ? Il y en a plein la campagne et je serais déjà mort à l'heure qu'il est.
-Je pensais comme vous majesté mais j'y ai beaucoup réfléchi. Nous savons que Morgane est jalouse de Guenièvre, qu'elle n'accepte pas que son ancienne servante lui ravisse la couronne… et votre mariage est prévu à la saison prochaine. On se souvient tous du mariage de votre père avec cette troll. Le déshonneur que cela serait pour Guenièvre de devoir épouser un monstre. Et puis les troll son cupide. Rappelez vous les impôts qu'avait mis en place Uther . Ainsi vous vous retrouverez sans reine. Lorgner d'un mauvais œil par vos chevaliers et haï de votre peuple à cause des taxes… Alors elle n'aura plus qu'à venir en sauveuse de Camelot et personne ne l'arrêterai.
Les yeux d'Arthur s'emplirent d'angoisses.
-Messire… Si il s'avérait que ma théorie soit exacte, Gaius et moi-même n'aurons pas de repos avant d'avoir levé le maléfice.
-Avec de la magie ?
-Il n'y à que la magie qui peut battre la magie. Et Gaius a sûrement encore quelques connaissances à l'extérieur du royaume.
Arthur soupira de lassitude et après avoir respiré un bon coup, se saisit rapidement de la fraise et y croqua. à peine quelques secondes après il tira la langue et tout ce qui se trouvait dans sa bouche tomba dans son assiette. Il toussa. Pris une rasade d'eau avant de la recracher aussi.
-Mais depuis combien de temps cette eau est-elle sur cette table ?
-Je l'ai puisé ce matin.
-Elle est croupie…
-Elle ne l'est pas. Mais qu'est ce qui avait plus mauvais goût entre l'eau et la fraise.
-Rassure toi Merlin, la pourriture à un goût aussi infecte que tout ce qui passe dans ma bouche depuis ce matin. Ni plus mais ni moins. Pourquoi diable fais- tu cette tête ? Je ne suis pas un troll ! Ce n'est pas une bonne nouvelle ?
Merlin soupira et s'adossa à sa chaise.
-Si, bien sûr, si. Mais …
-Mais ?
-Mais alors qu'êtes vous en train de devenir ?
Le silence cueillit cette question pleine de fatalisme. Les yeux d'Arthur étaient froids et ne laissaient transparaître aucune sorte d'émotion. Pourtant Merlin savait qu'il était terriblement inquiet.
-Si tout cela est une mauvaise blague de ta part Merlin et que j'apprends que tu as, je ne sais pas, recouvert tous mes aliments d'une chose immonde je te jure que …
-Oh vous devriez tenir votre langue majesté, vous me donnez des idées.
Ils se sourirent. Peut convaincu de cette vaine tentative d'apaiser un peu l'ambiance pesante. Au dehors, le ciel s'assombrissait. Arthur avait dormi une bonne partie du jour mais se sentait tout de même engourdi de fatigue.
-Merlin prépare moi un bain.
-J'y vais de ce pas messire.
Merlin sortit de derrière le rideau la large baignoire ronde qu'il installa près de la cheminée crépitante. Il se rendit ensuite en cuisine. Maudissant le fait qu'Arthur ne sorte pas de sa chambre et qu'il ne puisse donc pas faire bouillir l'eau à même le bain et qu'il doivent subir les aller retour jusqu'au fourneaux.
Demeuré seul dans sa chambre, Arthur se laissa aller à l'angoisse. Il plaqua une main contre sa bouche pour étouffer ses sanglots. Il n'y avait pas de courage sans peur et Arthur Pendragon était le plus courageux de tous les hommes. Mais il était aussi le plus facilement effrayé. Jamais il ne le laisserait paraître devant âme qui vive. Il s'était trop fait réprimandé petit de sa couardise et le souvenir des corrections, bien que son père ne soit plus là pour les infliger, lui passait toute envie de se laisser aller devant quiconque. Il sentait sa main se tremper de larmes. Les sanglots restaient coincés dans sa gorge lorsqu'il envisageait ce que Morgane aurait bien pû manigancer pour le détruire. Mais Merlin ne tarderai pas à revenir à présent alors il cessa. Il cessa de pleurer et de ressentir même. Il posa sur son visage ce masque de tranquille indifférence. De roi parfait. Attentif et calme. Il sécha ses joues et rit même lorsque Merlin entra dans la pièce, tout essoufflé de son voyage et des seaux qu'il portait.
Au bout de longues minutes de labeur, le bain fût prêt. Sans un mot, tellement tout cela, au fil des années, était devenu naturel, Merlin déchaussa son prince, à genoux devant lui. Il fit ensuite passer sa tunique par-dessus ses épaules et ceci jusqu' à le déshabiller entièrement. Lorsqu'Arthur s'apprêta à rentrer dans l'eau, Merlin détourna pudiquement le regard. Préparant la tenue de nuit pour son roi.
-Merlin… J'ai l'impression que mes côtes sont plus apparentes que ce matin.
-C'est impossible…
-Viens.
Merlin se dirigea vers le bain et dès qu'il fut à sa hauteur, Arthur attrapa sa main et vint directement la poser sur son côté. Merlin fut plus que surpris de ce contact. Mais il voyait pertinemment dans quel trouble se trouvait Arthur.
-En effet, vos côtes sont saillantes … Arthur ? Pourquoi vous ne me lachez pas à présent.
Arthur posa dans ceux de Merlin des yeux troublés.
-Tu sens bon.
-P…Plaît-il ?
-Tu sens comme quelque chose que j'aimerai manger.
Merlin resta coit face à cette révélation tandis qu'Arthur avait porté la main qu'il tenait toujours jusqu'à son visage pour la sentir.
-Qu'as- tu mis sur tes mains ?
-Mais rien … Lâchez- moi Messire…
Arthur se rendant compte d'à quel point son comportement était déplacé, lâcha son serviteur aussi vivement que s'il s'était brûlé.
-Excuse-moi …
Ce n'est rien … En fait… N'y a t'il que mes mains qui ont cette odeur?
-Quoi ?
Merlin se pencha sur Arthur, prenant appuie sur les rebords de la baignoire. Offrant son cou face à son visage. Arthur voulut protester mais il était vrai que de là aussi se dégageait une odeur terriblement alléchante. Merlin se redressa et lorsqu'il vit les yeux troublés de son roi, il n'eut rien à demander.
-Peut être messire, et ce n'est qu'une hypothèse. Si vous me trouvez une odeur appétissante c'est que c'est d'humain que vous devez vous repaitre ?
Arthur le regarda, terrifié.
-Peut être êtes vous un vampire …
-Les vampires n'existent pas …
-Et jusqu'à il n'y a pas si longtemps, je pensais que le troll et les farfadets étaient des légendes pour effrayer les enfants.
Le silence du roi lui donna raison. Merlin tandis de nouveau son bras face au visage d'Arthur.
-Goutez.
-Tu veux que je te morde ? Jusqu'au sang ? N'es tu pas fou ? Je ne te ferai pas le moindre mal Merlin et tu n'as pas besoin de faire une telle chose pour prouver ta loyauté.
-Je le fais car je veux savoir au plus vite ce que vous avez pour pouvoir vous soigner. C'est mon rôle de prendre soin de vous. Allez… vous m'empêchez de faire mon travail.
-Je ne te mordrai point.
-Très bien.
à grande enjambé Merlin se dirigea vers l'âtre de la cheminée où trônait une épée. Il piqua la paume de sa main sur son embout.
-Merlin es tu fou ?
Merlin revint vers Arthur et lui présenta le creux de sa main d'où perlait une goutte de sang.
-Arthur, je vous en conjure.
Arthur déglutit difficilement. Fasciné à chaque fois de voir jusqu'où aller la loyauté de Merlin. Il prit le poignet de son serviteur en main et se laissant happer par l'odeur irrésistible qu'il dégageait, passa une langue avide sur toute la largeur de sa main. Face à ce spectacle, de son roi, les yeux fermés, léchant une partie de lui, Merlin crut défaillir. ô certe ce n'était pas la première fois qu'il trouvait Arthur empli de beauté, déjà à leur première rencontre alors qu'il se comportait avec lui comme le pire des goujats. Mais ça n'avait aucune commune mesure avec l'émotion qui le transportait en l'instant et qui échauffait tout son corps.
-Le sang à un goût de sang. Âpre et métallique. Rien à voir avec l'odeur que je sentais.
-Je … Je vois. Bégaya Merlin en retirant sa main. Au moins nous aurons essayé et c'est une bonne chose que vous ne soyez pas un vampire.
-Oui, il vaut mieux pour toi. Sinon je t'aurais sans aucun doute dévoré. Sourit il. Merlin ça va ? Tu es bien rouge ?
-Ho oui, nous sommes un peu trop près de la cheminée pour moi. J'ai terriblement chaud.
-Tu devrais aller voir Gaius pour soigner ta main.
-Ho ce n'est rien qu'une égratignure.
-Je ne voudrais pas que ça s'infecte Merlin. Fais vite. Je t'attendrai pour sortir de l'eau.
-Bien, votre majesté, alors, excusez moi.
Lorsque Merlin se retrouva dans le couloir, froid et sombre, son trouble ne se calma pas. Il avait toujours réussi à maîtriser ses attirances. Toujours. il n'avait pas d'autre choix. Pourquoi était-il si troublé. Pourquoi Arthur dégageait cette aura de beauté malgré sa pâleur et sa maigreur nouvelle. Il fallait qu'il en parle à Gaius, quitte à mourir de honte. Pour le bien d'Arthur.
