Merlin trembla encore un peu et finit par délicatement se retirer et se laisser tomber sur le côté de son roi. Ils restèrent ainsi quelques minutes, à reprendre leurs souffles tout en regardant fixement le drapé du baldaquin.
-Est ce que …
-Je ne veux pas en parler Merlin. Jamais. Aucune taquinerie sur ça je te pris.
Merlin regarda le visage d'Arthur ou pouvait se lire la confusion, le dégoût et la colère. La culpabilité l'envahit. Prenant possession de chaque parcelle de son âme.
-Je voulais seulement savoir si… Votre faim était moins grande.
C'est sans le regarder que le roi répondit.
-Je n'ai plus faim du tout.
Le soulagement se lisait sur le visage de Merlin qu'Arthur regardait en coin, sans pour autant dénier tourner la tête en sa direction.
-Tant mieux. Je ne perdrai pas ma tête pour rien alors.
Arthur ne démenti pas. Parce que même s'il n'avait pas pensé une seule seconde en arriver de façon réelle à cette extrémité avec Merlin, il se demandait si il avait vraiment le choix à présent car si quelqu'un savait, il ne pourrait plus prétendre être suzerain de Camelot. Tout son avenir tenait au fait de savoir si Merlin pouvait ou non tenir sa langue. Avant il aurait dit que non mais il avait si bien tû sa condition de magicien. Il ne connaissait même pas réellement l'homme pour qui pourtant il venait de se donner.
-Je vais vous préparer un bain.
-Je veux juste dormir.
-Hors de question, vous avez transpiré, il ne faut pas dormir ainsi.
-Je ne veux pas.
-Pourquoi? Parce que vous avez envie que je parte le plus vite possible ? Si ce n'est que ça … Merlin se redressa jusqu'à être assis et tandis la main devant lui. Le feu se raffermit, étendant ses grandes flammes dans la cheminée. La baignoire roula jusque devant l'âtre. Un filet d'eau, sortit de nul part commença à la remplir. Une fois cela fut fait, l'eau bouillit à grosse bulle puis plus rien. Toutes ces choses ne lui avaient pris qu'une minute à réaliser. Arthur était fou. Hier encore Merlin avait fait les aller retour difficiles alors qu'il était capable de faire ça.
-Voilà votre bain est prêt. Je vais y aller puisque ma présence vous est insupportable. Il resserra les lacets de ses bas et se leva pour partir.
-Attends.
Merlin se retourna, les yeux meurtris.
-J'en ai rien à faire que tu sois là ou non. Si je ne veux pas prendre de bain c'est parce que … On sentait que les mots qui allaient suivre étaient de nature honteuse car il peinait vraiment à les faire sortir de sa bouche. - Je ne me sens pas la force de marcher. Finit il tout de même par avouer, le regard ailleurs.
Merlin se radouci.
-Excusez-moi messire j'aurais dû y penser. Je vais vous aider. Merlin fit passer sa chemise par-dessus ses épaules et défit une nouvelle fois ces bas. Arthur le regarda faire, soucieux de le voir se dévêtir alors qu'il ne l'avait pas fait juste avant. Il ne savait pourquoi mais il avait chaud. Peut être l'air de la pièce était trop moite de tout ce qui s'y était passé. Une fois nu, Merlin l'aida à s'asseoir. Arthur grimaça.
-Je suis tellement désolé.
-Tu as fait ce qui te semblait juste pour l'intérêt de ton roi, n'en parlons plus.
Merlin eut un faible sourire tout en retirant les chaussettes, puis la chemise d'Arthur qu'il s'était contenter de relever sur son torse jusque là. Ils s'étaient vu nu nombre de fois. Mais au lumières de l'intimité qu'il venait de partager, leurs corps n'avait plus le même aspect naturel qu'avant. Il rappelait inévitablement le moment où ils ne faisaient plus qu'un. Arthur avait toujours vu Merlin comme un être faible à protéger. Quelqu'un sur qui il devait veiller et il ne savait plus comment le voir maintenant qu'il le soulevait, ses jambes d'un côté, sa tête de l'autre et que lui, le grand roi Arthur devait s'accrocher à ses épaules. Merlin entra dans l'eau dont la température était parfaite et il déposa Arthur avec douceur contre l'une des paroies. Il s'assit lui-même à l'opposé, les jambes replier vers son corps, prenant le moins de place possible. Faisant attention de ne pas toucher son maître. Conscient du trouble que représentait son image en son esprit.
-Merci …
-Je reste avec vous jusqu'à vous mettre au lit.
Arthur hocha la tête et il laissa ses muscles se détendre au contacte de l'eau chaude. Il se sentait épuisé, maintenant que la faim ne lui tiraillait plus le ventre il pouvait enfin se détendre.
-La magie … C'est vraiment étrange… Il existe un sort pour jouir autant ?
Merlin rit.
-Non, j'ai dû l'inventer. Ça n'a pas été facile d'ailleur, ça m'as pris la matinée…
-C'était donc ce que tu faisais… Comment ?
-Hé bien disons… En essayant. Et en recommençant jusqu'à ce que ça marche. Mais je suis soulagé, j'y suis arrivé, ça vaut bien une tendinite. Sourit-il en se massant le poignet.
-Ça explique que tu tiennes aussi longtemps…
-Serais-ce de la jalousie que j'entend dans votre voix? Le taquina Merlin.
Arthur l'éclaboussa avec un sourire espiègle.
-Hé bien oui, imagine que moi, j'ai moins d'endurance que toi, un serviteur…
Merlin secoua la tête. Riant à demi de l'égo toujours si vif de son roi.
-Croyez-moi je me serai bien gardé de tenir aussi longtemps… Le frottement la rendu toute rouge… Soupira Merlin, dépita en jetant un regard désespéré à son entrejambe.
-Bien fait. Si moi je ne peux plus marcher par ta faute il faut bien que tu en souffre aussi.
-Comme vous êtes... Merlin leva les yeux au ciel pour appuyer sa moquerie mais après un petit silence serein, il rajouta d'une voix plus douce. - J'aurais préféré que ce soit l'inverse. Que vous soyez un incube ainsi ce n'est pas vous qui aurait eu mal.
-Si je l'avais été tu te serais donné ?
-Bien sûr.
Arthur était troublé des réponses de Merlin dans lesquelles il n'y avait de place pour la moindre hésitation.
-Vu l'appétit des incubes, c'est toi qui n'aurait plus su marcher.
-Mieux vaut moi que vous.
-Je t'aurai laver aussi. Si tu ne pouvais plus marcher. Je l'aurais fait.
Cette simple phrase fit que le cœur de Merlin battit à l'envers. De la part d'un roi, il n'y avait pas gage plus grand d'amitié que de s'abaisser à une tâche aussi peu noble. Un silence s'installa. Pas étouffant mais l'on voyait bien que les deux jeunes hommes étaient plongés dans leurs esprits. Au bout d'un moment, Arthur s'entendit prononcer les mots qui lui piquait la langue depuis un moment déjà.
-L'avais tu déjà fait ?
Merlin fut un peu surpris de la question mais il se devait d'être honnête.
- À deux reprises seulement. Elle s'appelait Freya et je l'aimais.
-Tu l'aimais ? Tu ne l'aime donc plus ?
-Elle est morte dans mes bras, elle avait été maudite. La magie me l'a enlevé. Notre amour fut bref.
-Je suis désolé.
Merlin haussa les épaules.
-C'était il y a longtemps maintenant.
Arthur avait une profonde peine pour lui. Parce qu'il lisait la tristesse dans ses yeux. Mais il était bizarrement soulagé qu'il n'aima plus personne pour le moment. Avec ce qu'il venait de faire, il aurait en plus la culpabilité de trahir celle qu'il aimait et ça Arthur savait à quel point c'était horrible car il ne pouvait que s'empêcher de penser à Guenièvre sous peine de s'en vouloir.
-Alors ce que tu m'as fait .. Avec ta bouche… Te l'avais-t-elle fait aussi ?
-Je croyais que vous ne vouliez pas en parler ….
-Je veux juste savoir d'où tu connais toutes ses choses. Rougit Arthur.
Merlin avait une boule dans la gorge. S'il disait la vérité, Arthur le trouverai sans doute dégoûtant mais … maintenant qu'il savait pour sa magie, rien ne lui coûtait de paraître anormal encore une fois. Et puis il était fatigué de mentir.
-Ce n'est pas Freya qui m'a appris ces choses. Ce que je vous ai fais.. Je l'avais déjà fait auparavant … Pour un homme.
-Qui …? Balbutia Arthur, visiblement très choqué.
-Je … J'avais seize ans et j'avais un ami dont j'étais très proche dans mon village natal. à part ma mère, il était le seul à savoir pour ma magie. Je lui faisais confiance. Un jour on s'est saoulé à l'hydromel et… C'est lui qui m'a appris à faire ce genre de choses. En échange, il ne révélerai pas mon secret.
-C'est affreux.
-Ce n'était pas quelqu'un de mauvais en réalité.Il était juste amoureux de moi et il ne voulait pas que je parte. Mais un jour je suis parti quand même, pour Camelot. Et il n'a rien dit à personne. Jamais. Même à vous.
-Je le connais ?
-Je ne sais pas si vous vous souvenez lorsque vous m'avez aidé avec Morgane et Guenièvre à défendre mon village d'enfance. Il y avait un garçon qui n'était pas d'accord avec le fait de se battre.
-Je m'en souviens oui. Il avait finalement décidé de nous aider et est mort ce jour-là.
-Il s'appelait William. Et s' il ne voulait pas se battre c'est parce qu'il était désespérément jaloux de vous. J'ai eu beau lui dire que c'était ridicule, il était persuadé qu'il y avait quelque chose entre nous.
-Hé bien qui aurait cru qu'un jour, il aurait raison ? En tout cas, et ne le prends pas mal car je sais qu'il demeurait ton ami malgré ça mais.. Tu mérites bien plus beau que lui.
Merlin rit. Le ventre un peu brassé de tous ses souvenirs.
-Est ce que vous… l'avez fait …
Pourquoi ça l'obsedait tellement de savoir si oui ou non il était le premier homme que Merlin avait touché de cette manière. Rien que de l'imaginer avec ce William lui donnait la rage au cœur.
-Non, rien de plus que ce que je vous ai dit.
-Alors… Tu ne l'avais jamais fait avec un homme ?
-Non, jusqu'à maintenant ce n'était jamais arrivé. Au grand damne de messire Gauvain.
-Plait il ?
Merlin rit.
-C'est une chose sur votre chevalier que vous ignoriez je suis sûr. Mais depuis notre rencontre c'est très souvent que Gauvin me supplie de me donner à lui. Encore la semaine dernière il m'attendait dans ma chambre, entièrement nu, une rose entre les dents. J'ai dû le chasser à grand coup de balai.
-Tu mens … Il aime tellement les femmes.
-Oui, il aime presque toutes les femmes et comme si cela ne suffisait pas presque tous les hommes aussi. Messire Gauvain est amoureux du concept même d'intimité partagé.
-J'en reste sans voix …
-Et vous Arthur ? Quelques expériences sexuelles à votre actif ? Railla Merlin.
-Vous savez nous les nobles n'avons pas le loisir de papillonner vainement et de succomber à nos bas instincts…
-Donc jamais ? Je suis votre premier ?
-Homme ? Oui et le dernier soit en sûr ! Mais les gens de la chevalerie ont une tradition, le jour de leurs sacre, leurs équipiers leurs paie une passe dans un bordel. Pour être un homme tout à fait.
-Mais vous avez été le plus jeune à être sacré chevalier depuis plus de six décennies. Vous aviez quoi … Treize ans ?
-Ouais, et cette femme était d'experience. C'est une chose qui m'a rendu vraiment mal à l'aise et depuis, disons que j'ai mis mon énergie ailleurs que dans les femmes.
"Pauvre Guenièvre" pensa alors Merlin. Mais il pouvait comprendre. Son expérience avec William n'avait pas été horrible mais depuis il avait peur que les hommes profite de sa gentillesse, comme il l'avait fait lui. C'était d'ailleur pour ça qu'il n'avait eu de cesse de repousser les avance de Gauvin parce qu'on ne pouvait pas dire qu'il n'était pas attirant pour sûr. Mais tellement, tellement moins qu'Arthur. En comparaison de lui, tout paraissait fade.
-J'arrive à le comprendre. Il y a un temps pour toute chose.
Arthur ne répondit rien, il commença à se laver et Merlin ne put que l'observer. Il le trouvait beau à cet instant. à en mourir.
-Merlin ! s'exclama Arthur avant de venir saisir la main de son serviteur et de venir la poser sur ses côtes, l'entrainant vers lui.
-Ne sont elles pas moins saillantes.
Merlin le tata un peu puis observa son visage. Voilà ce qui le rendait si beau, ses joues n'étaient plus creuses, son teint, lumineux.
-Si… Vos joues aussi ne sont plus creuses. C'est une bonne chose.
Arthur regarda le sourire resplendissant de Merlin, mais sa mine à lui, restait inquiète. Une douloureuse angoisse prenait place dans sa poitrine. Il n'avait plus le sentiment de satiété qu'il avait il y a quelques minutes. La faim revenait de façon inlassable. Il en était terrifié. Il ne voulait pas la revivre. Il ne voulait pas revivre deux jours d'enfers comme ceux passés. Il ne voulait plus laisser le temps entre ses repas l'affaiblir.
