Merlin entra dans la pièce en catimini. Inconscient de si, oui, ou non, Arthur dormait toujours. Il le vit accoudé à la fenêtre. Regardant l'extérieur avec une étrange mélancolie.
-Où étais tu ? Demanda Arthur qui l'avait entendu entrer.
-J'étais avec vos gens, Gaius leurs as dit que vous aviez une maladie qui faisait se sentir mal quiconque s'approchait du malade. Nous avons aussi dit que j'avais eu cette maladie plus jeune et qu'elle n'avait donc plus d'effet sur moi. Ainsi je serai votre messager.
-Que pensent t'ils dire à mon peuple.
-Guenièvre est d'avis de ne rien dire pour l'instant car un mois est une période trop longue. Pour elle, plus le peuple l'apprend tard, mieux c'est mais elle est tout de même pour dire à votre garde que vous êtes souffrant sans que votre vie ne soit pour autant en danger.
Arthur sourit.
-J'ai bien choisi ma reine. Faites donc ce qu'elle préconise.
-Bien je ferai passer le mot.
-Tu aurai pû me prévenir de tes projets à toi et à Gaius ce matin.
-C'était dans mon intention messire mais vous dormiez enfin sans tourment, je voulais pour vous du repos.
Arthur fronça les sourcils et se retourna enfin. Il détailla Merlin, droit et mal à l'aise à quelques mètres de lui.
-Comment sais tu que mon repos n'a pas été troublé ? Tu devais partir dès que je me serais endormi Merlin. Est tu resté une fois de plus à mon chevet ?
Merlin se mordit la lèvre, incapable de démentir.
-Nous savons maintenant ce qui m'habite, et que je n'en mourrai pas dans la nuit. Tu n'avais pas besoin de faire cela. Ton corps aussi à besoin de repos.
-J'ai dormi. Un peu.
-Ha oui et où ça ?
-Là, sur le sol..
Le roi lui lança un regard désapprobateur.
-Je dormirai ce soir dans mon lit, je vous le promets. Mais dites moi plutôt ce qui vous rendait si triste à l'instant.
-Triste ? Non seulement pensif. Dehors le printemps éclot. Et ça ne fait pas une semaine que je suis dans cette chambre et je me languis déjà de la nature. Je crains que ce mois ne soit un calvaire. Mais rien ne pourra être pire que de n'avoir que toi pour seul compagnie tout durant et c'est pour cela à mon avis que je devrai m'inquiéter.
Merlin lui lança un regard canaille. Leur petit jeu d'espièglerie et de douce méchanceté habituelle n'était pas mort lui.
-Je sais que le printemps est la saison que vous aimez le plus. Je suis désolé que vous en soyez privé. Enfin. Que vous soyez privé de chasse car c'est bien là tout ce qui vous plaît.
-Détrompe toi. Contredit il sereinement tout en regardant de nouveau au loin la forêt qui se couvrait d'un vert tendre au fil des jours. - Le soleil et le chant des oiseaux autant que les prairies fleuris me manquent. J'aime tout particulièrement les pensées. Ce violet sombre dans l'herbe tendre.
-Que de confidence vous me faites là … Me direz vous bientôt que vous plait aussi les poèmes d'amour tragique ? Se moqua Merlin tout en refaisant le lit. Sans utiliser sa magie. Par habitude sans doute.
-Et si tu ose en parler à qui que ce soit, je te tue, et ceux de mes propres mains. Est-ce clair ?
-Limpide. Déglutit difficilement Merlin. Se souvenant que c'était peut être le dernier printemps qu'il verrait si Arthur ne voulait pas souffrir de sa présence et des secrets si intimes dont il était le gardien, alors il devrait le faire pendre. De plus, il voyait encore la magie comme un objet de maléfice et rien d'autre. Peut être, qu'avant de mourir, il pouvait lui faire prendre conscience que la magie ne servait pas uniquement le mal. Après tout, c'était son destin d'emmener Arthur à être le roi de l'acceptance et de la paix. Il était prêt à le suivre.
-Comment … Va votre faim aujourd'hui messire ?
-Je n'ai pas faim. S'empressa de répondre Arthur que son ventre trahi en cet instant. Le gargouillement de son estomac empli la pièce et Merlin ne pû s'empêcher de sourire en sa direction.
-Je … C'est supportable, je ne veux pas …. "manger".
-D'accord … C'est votre corps et si vous voulez jeûner aujourd'hui ce ne sont pas mes affaires mais demain peut être… n'est ce pas ? Par cette question bien maladroite, Merlin voulait s'assurer qu'il ne devrait pas une fois de plus se battre et user de magie pour nourrir son roi mais surtout qu'il ne se laisserait plus affaiblir comme il l'avait été.
-Demain peut être. Sûrement. Répondit Arthur, baissant les yeux. Merlin fût soulagé.
-Si je vous demande cela, ce n'est pas pour vous être inconvenant où vous rendre mal à l'aise messire. Seulement pour savoir si je devais économiser mon énergie ou non. La magie m'en prend beaucoup et si il avait fallu … Et bien je n'aurai pas pû faire ce que je m'apprête à faire.
-Et que t'apprêtes- tu donc à faire ? Arthur était méfiant.
-Fermez les yeux.
-Ha ça non. Jamais.
-Fermez les yeux mon seigneur. Faites moi un peu confiance. Pensez vous réellement que je pourrai vous faire le moindre mal ?
Arthur respira fort avant de se résoudre à clore ses paupières.
-Ne trichez pas.
-Bien ! s'impatienta le roi. Puis-je ouvrir les yeux à présent ?
-Un instant encore !
Arthur se posa mille et une questions sur ce que pouvait bien faire son serviteur encore comme chose totalement inattendue. Soudain il sentit un souffle échouer sur son coup et il en frémit.
-C'est bon, ouvrez les yeux.
Arthur fut subjugué. Comme un enfant devant un panier de fraises, il ne pû s'empêcher de sourire au éclat. Sa chambre… N'avait plus rien d'une chambre. De l'herbe avait poussé partout sous ses pieds. Des groupes de pensée s'éparpillaient ici et là, au milieu des narcisses et des renouee bistorte. Le lierre avait couru sur ses meubles et son lit à baldaquin n'était que feuillage tendre. Le soleil filtrant par les fenêtres rendait le tableau encore plus saisissant. Il avait l'impression de se trouver dans une prairie.
-Puisque vous ne pouvez aller à la rencontre du printemps, je l'ai amené à vous.
Arthur se tourna vers lui.
-Alors.. Tu peux faire ça, tu peux créer la vie ?
-Oui. Ce sort là est éphémère, il s'estompera dans quelques jours, je ne pense pas que vous voudriez vivre pour toujours dans les champs. Mais oui… Autant que la mort, la magie peut porter la vie. Merlin ferma son poing et le mit juste en dessous du nez d'Arthur. Il souffla délicatement dessus et ses yeux brillèrent. Lorsqu'il rouvrit la main, une flopée de papillons s'en échappa au visage d'Arthur, totalement émerveillé. Un sourire illuminait le visage de Merlin qui pouvait enfin montrer à son maître qu'il n'était pas un incapable. Il referma la main et offrit une pensée à son roi.
-Elle est … Comme une vraie. Il détailla la fleur, violette sombre et blanche en son centre. Celle qu'il préférait par-dessus toutes. Lorsqu'il releva la tête, Merlin avait un doigt tendu vers lui. Il ne compris pas tout de suite jusqu'a ce qu'il apercoive le petit insecte rouge à point noir se balader dessus.
-Faites un vœux. Et surtout ne m'en dites rien.
Arthur regarda Merlin sourire de son habituel mais de plus en plus rare, sourire niais. Une joie infaillible dans les yeux. Plus les années passaient, plus ce visage apparaissait moins souvent. L'innocence de l'enfance s'étiolant face au danger toujours plus grand que représentait Morgane. Il se pencha un peu et souffla sur la coccinelle qui avait atteint le bout de son doigt. Il était soulagé que la coutume veuille qu'on ne révèla pas un vœu car jamais il n'aurait pû lui dire sans que ce sourire magnifique ne s'efface. Alors c'est intérieurement qu'il récita " faites qu'il y ai un moyen, une solution qui fait que je ne dois pas exécuter Merlin à la fin du mois. S'il vous plaît, faites qu'il puisse vivre auprès de moi malgré tout ça." La coccinelle s'envola et passa par la fenêtre ouverte, ils eurent beau ne pas la quitter des yeux, bientôt elle devint invisible à l'œil nu.
-Je vais faire part de votre décision aux autres concernant votre état. Lorsque je reviendrai, il nous faudra rédiger une lettre pour déplacer la venue du roi calogrenant au palais et continuer à rédiger le traité de paix que vous lui ferez signer.
-Je n'ai pas besoin de toi pour ça.
-Vraiment ? Interrogea Merlin, un sourcil arc-bouté et un petit sourire en coin.
-Tu pourras toujours me relire si cela te fait plaisir.
Merlin étouffa un rire. Et après un dernier regard en coin à Arthur, il franchit la porte. Se trouvant seul à présent, il s'accroupit et carraissa l'herbe du bout des doigts. Elle était réelle. Tout ça était trop réel.
