Chapitre 6 : Une nouvelle fracassante (juillet 2001, Londres)

Depuis plusieurs jours, le calme absolu régnait dans la boutique de potions du chemin de Traverse. En ce début du mois d'août, personne ne songeait encore à acheter son matériel scolaire, l'influence arrive généralement aux alentours de la dernière semaine de vacances d'été, lui expliqua Mr Morton, le vieux propriétaire de l'établissement. Durant cette période, le travail de Drago consistait à étiqueter, ranger et trier les ingrédients de la boutique ce qui était une tâche quelque peu ennuyante, mais parfois, à l'arrière-boutique, il tombait sur de vieilles fioles contenant des ingrédients étranges et repoussants que même dans la classe de Rogue, il n'avait jamais eu l'occasion de voir de ses propres yeux. Une après-midi, alors qu'il était occupé à récurer des bocaux usagers, il trouva par hasard, caché entre deux caisses en bois empestant l'encens bon marché, un crâne de dodo authentique. Quelques fois, lorsqu'ils disposaient d'une période creuse avant la fermeture du magasin, il prenait plaisir à assister Mr Morton pour concocter des recettes de potions aussi intéressantes les unes que les autres. Il prenait note sur un carnet des précieux conseils de son patron, ce qui pouvait toujours lui servir une fois de retour à l'école, pensa-t-il.

Cependant, aujourd'hui, Drago n'avait pas la tête à la préparation de potions, machinalement, il continua d'écrire d'une écriture longue et fine les étiquettes destinées à répertorier les ingrédients qui figuraient la plupart du temps sur les listes des élèves de Poudlard. Depuis plusieurs jours, il repensait à sa rencontre avec Hermione au Mirage. Leur conversation avait été très tendue et étrange, comme lorsque deux inconnus se rencontrent pour une première fois dans une réception ou d'autres événements mondains dont on avait l'habitude d'organiser au manoir. Néanmoins, il ne pouvait ignorer d'avoir ressenti une immense bouffée d'oxygène, comme s'il se sentait revivre en sa présence. Depuis leur séparation, une partie de lui-même s'était brisée, anéantie, et jamais plus, il ne croyait se sentir aussi entier.

Avec agacement, il ne pouvait s'empêcher de constater qu'il n'était pas aussi détaché qu'il le pensait. Quand il se trouvait à Paris, il avait rarement le temps de penser à elle son acharnement porté à ses études, ses sorties ainsi que ses rendez-vous réguliers avec Hélène, lui accaparait la plupart de ses pensées si bien qu'au fur et à mesure du temps, après des semaines et mois d'acharnement, il avait poussé si loin ses limites en occlumensie qu'il avait cessé de penser à elle.

Pas si bien que ça, pensa-t-il furieusement en écrasant la pointe de sa plume si brusquement qu'il troua le parchemin. Il poussa un juron et recommença d'étiqueter le flacon sur un nouveau parchemin. Qu'est-ce qui cloche chez moi ?! Ne cessa-t-il de se demander alors que les heures défilaient à toute allure… Son poignet commença à chauffer, lui arrachant une grimace. Il ne s'en préoccupa pas et continua d'écrire de son écriture la plus soigneuse. Au moins, pensa-t-il, la douleur m'empêche de penser à elle.

Son père avait raison, se dit-il avec dédains, il n'est qu'un faible… incapable d'oublier une sang-de-bourbe… condamner à vivre dans la tourmente, à dépendre d'elle. Toute sa vie ressemblera-t-elle à ca ?! Être hanté par son souvenir, incapable d'aimer réellement à nouveau ? Serait-il capable de vivre en Angleterre sereinement ou est-il condamné à fuir son propre pays ?

Il se passa les mains dans les cheveux, en signe de fatigue. Il se sentait si lassé, exaspéré d'éprouver de tels sentiments, encore et toujours ! « Peut-être devrais-je rentrer à Paris… » se demanda-t-il, tourmenté.

Le ciel commença à s'obscurcir, annonçant bientôt la tombée de la nuit. Rien ne l'obligeait à rester si tard au magasin, après tout, Mr Morton lui avait bien précisé, dès son premier jour de travail, qu'il ne comptait pas lui payer la moindre minute supplémentaire. Cependant, il éprouvait un réel plaisir à se trouver dans la petite boutique de potion et il désirait à tout prix, éviter le plus possible son père. Alors que la vieille pendule à coucou annonça dix heures du soir, Drago décida qu'il était temps pour lui de rentrer. Au moment où il ferma la porte de la boutique d'un coup de baguette magique, il prit la décision qu'il devait se ressaisir. Ce soir, pensa-t-il d'une manière réconfortante, il s'installerait paisiblement dans son lit et pratiquera quelques exercices d'occlumencie pour se vider la tête. Oui, pensa-t-il, voilà ce qu'il me faut… vider mon esprit… enlever ses pensées parasites… Granger de ma tête.

Il rentra chez lui, plus confiant que jamais, sans se douter qu'il sera mis à l'épreuve dès le lendemain.

Dès qu'il revint à la boutique le lendemain matin aux alentours de huit heures, Mr Morton le félicita pour son travail consciencieux, ce qui le mit de bonne humeur jusqu'à la fin de la matinée. Vers midi, son patron lui annonça qu'il partait déjeuner au chaudron baveur et qu'à son retour, Drago pourra prendre sa pause de quinze minutes.

-À tout à l'heure, annonça Mr Morton en revêtant son vieux chapeau marron.

Drago se trouvait dans l'arrière-boutique quand il entendit son patron parler avec un client.

-Pour une préparation ? Voyez avec mon jeune employé, il se trouve dans l'ancienne réserve. Bonne journée.

Drago quitta sa tâche de rangement de flacons et se dirigea dans la boutique quand il s'arrêta net, tombant nez à nez avec Granger, qui se trouvait planté en plein milieu de la boutique.

-Granger ? Qu'est-ce que tu fais là ?

- Et bien, si c'est de cette manière que vous accueillez les clients dans cette boutique, tenta-t-elle de plaisanter.

Il ne réagit pas à sa remarque et d'un ton plus bourru qu'il ne l'aurait souhaité demanda :

-Qu'est-ce que tu veux ?

-Il me faudrait une potion repousse-gnome, c'est une véritable invasion, ils détruisent tout ce qui pousse dans le jardin.

-Pourquoi ne pas la préparer toi-même ? Ça ne devrait pas être un problème pour tes compétences.

-Ce sont tes techniques de vente ? Rétorqua Hermione, qui semblait se vexer de plus en plus.

-Bien sûre que non, je dois avoir de la poudre de mandragore quelque part, mélangé à un peu d'orties séchées et de la bave de limace à corne, cela devrait les repousser assez loin, car l'odeur de la poudre de mandragore les assomme. Je vais te préparer un échantillon dans l'atelier.

Sans attendre de réponse, Drago se hâta de quitter la pièce et s'appliqua à sa préparation. Il hacha les feuilles d'ortie séchées, les jeta dans l'eau bouillante qui reposait dans le vieux chaudron en étain, tourna trois fois dans le sens des aiguilles d'une montre avant d'y ajouter la poudre de mandragore et enfin, il termina la préparation avec trois gouttes de bave de licorne à corde. Il connaissait la recette de cette potion par cœur, il ne pouvait imaginer le nombre de sorciers et sorcières envahis par les gnomes de jardin, particulièrement à cette époque de l'année, mais en cet instant, il faillit se tromper dans le sens de rotation, ses gestes étaient beaucoup plus hésitants, ses mains tremblaient… bref, elle lui faisait perdre ses moyens ! Ce qu'il détestait par-dessus tout ! Oui, il sentait la colère monter en lui à son égard. Une sorte de rancune qui le faisait bouillonner dans ses tripes. En l'espace d'une minute, il eut l'impression de redevenir Drago Malefoy, l'élève détestable de Serpentard qui nourrissait une haine envers Granger, la sang-de-bourbe. Il la maudissait le matin, elle et sa bande de Gryffondor, mais quand arrivait la nuit, il ne pouvait s'empêcher de penser à elle, comme une véritable obsession. Aujourd'hui, bien des années plus tard, il ressentait toujours ce sentiment paradoxal, comme perdu au milieu d'un désert… ne sachant quelle direction prendre pour atteindre le village le plus proche… un désert australien, pensa-t-il, nostalgique. Il termina sa préparation, la versa dans une petite fiole en verre destinée aux clients.

-Voilà, dit-il en lui tendant la fiole, cela fait deux Mornilles.

-Merci, répondit-elle en lui saisissant la fiole.

A ce moment, leurs doigts s'effleurèrent. Très brièvement, mais assez longtemps pour que tous deux ressentent la tension électrique qui parcourra leur corps à ce contact, comme un sortilège de fourmillement. Tous deux se raidirent, conscients qu'ils se touchaient pour la première fois depuis presque deux ans. Leurs regards se croisèrent, plongés l'un dans l'autre. Il pouvait y lire l'effarement de ce simple geste, innocent, mais bouleversant à la fois aussi, une flamme qui anima aussitôt ses yeux noisettes. Après quelques secondes qui lui semblaient aussi longues que des minutes, leurs doigts se détachèrent, elle rangea précipitamment le flacon dans son sac tandis qu'il porta son attention – de manière trop ostentatoire- à son bureau.

-Autre chose ? demanda-t-il sèchement.

- Heu non… enfin… à vrai dire, je suis venue ici pour autre chose… je ne sais pas si… non ce n'est rien, tu sais quoi, oublie ça.

Même sans occlumencie, il pouvait facilement deviner que ce prétexte idiot de potion repousse-gnome n'était qu'une excuse pour lui parler dans la boutique. Elle ne changera jamais, constata-t-il.

-Où veux-tu en venir ?

-Je voulais te dire quelque chose d'important que je n'ai pas eu l'occasion de te dire l'autre jour quand on s'est vu au Mirage… je ne sais pas par où commencer, ni pourquoi je dois te le dire, mais je tenais absolument que tu sach…

-Granger, la coupa-t-il aussitôt, exaspéré, je sais où tu veux en venir.

-Vraiment ?

-Oui, tu peux garder ta compassion pour toi, merci. Grâce à toi, j'ai une vie passionnante ! Je vis dans une ville extraordinaire, pour la première fois j'étudie des cours passionnants, j'ai des amis intéressants et une petite amie dévouée, lâcha-t-il de manière puérile en insistant sur ce dernier mot. Il n'éprouva aucune culpabilité à l'idée d'exagérer volontairement cet aspect de sa vie privée, au contraire, il savoura l'effet sur son visage qu'elle tentait de masquer malgré ses traits qui la trahissaient. Et tout ça, grâce à toi, Granger ! Alors comme je te l'ai dit, tu peux garder ta pitié, tes remords à la noise, ou je ne sais quoi et rentre chez toi t'occuper de tes gnomes !

-Tu débloques, Malefoy ?! répliqua-t-elle sur un ton où la compassion n'était plus au rendez-vous. Pour quelle raison éprouverais-je des remords ?! Je n'ai rien à me reprocher !

-Ah oui ?! Tu es certaine ? Peut-être la culpabilité de m'avoir laissé tomber ! D'avoir fui la conversation, mes lettres ! Ah non j'oubliais tu m'as écrit une dernière lettre, c'est vrai !

-Je te rappelle que c'est toi qui aies pris la décision de partir ! S'écria-t-elle. Tu as voulu penser à toi !

-Parce que tu as choisi de rester ! Est-ce que je dois énumérer le nombre de tes fausses promesses ?!

-Tu ne m'as pas laissé le choix ! Tu avais pris ta décision de me laisser !

-Tu vois, c'est exactement ce que je te disais il y'a deux ans, si tu hésitais, alors c'est que ton choix était déjà fait ! Comme toujours, je passe après !

-Arrête tout de suite ton complexe de persécution veux-tu ?!

-Ose me dire que c'est faux alors ?!

-JE N'AI RIEN A TE DIRE !

-C'EST TOI QUI ES VENUE JUSQU'ICI POUR ME PARLER ! ALORS VA-T-EN SI TU N'AS RIEN A ME DIRE !

Sans comprendre pourquoi, le ton avait rapidement monté dans la boutique si bien que leur voix raisonnait dans toute la pièce. Brusquement, Hermione fit demi-tour et sortit en trombe de la pièce, bousculant au passage Mr Morton qui revenait de sa pause déjeuner.

À son tour, Drago sortit comme un furibond de la boutique, profitant de sa pause pour prendre l'air, bien qu'il ne ressentait nullement la faim après cette entrevue catastrophique.

Il passa le restant de la journée plongé dans le travail, son seul moyen d'échapper à ses pensées. Même Mr Morton remarqua son changement d'humeur, mais préféra, visiblement, ignorer son employé.

Le soir même, il s'était donné rendez-vous avec Potter, proposant de se rejoindre aux trois balais autour d'une bonne bierraubeurre. Aussi étonnant que cela ait pu paraître quelques années plus tôt, Drago était impatient de retrouver son ancien meilleur ennemi et lorsqu'il le retrouva installé à une table au fond du pub, ils se saluèrent chaleureusement comme de vieux copains.

Ils discutèrent durant plusieurs heures, leur conversation animée leur fit perdre la notion du temps. Potter lui expliqua son travail d'Auror, ses enquêtes tandis que Drago racontait dans les moindres détails sa vie à Paris. Ils parlèrent ensuite de Quidditch, match de la saison ou encore de la coupe du monde à laquelle ils avaient tous deux assisté étant adolescent – en prenant soin de ne pas mentionner les méfaits de son père cette nuit là- puis de plusieurs souvenirs de Poudlard, des dernières nouvelles de leurs anciens camarades – Seamus Fennigan s'était fiancé à une moldue. Enfin, alors qu'ils entamaient leur dernière bouteille de bierraubeurre et que les tables autour d'eux commençaient à se vider, Drago se lança enfin dans le sujet qui le perturbait tant… mais à sa grande surprise, Potter lui tandis une perche.

-Je suis étonné, je pensais que tu aurais voulu parler… d'elle.

-A vrai dire, répondit Drago en toute sincérité, j'attendais le bon moment pour aborder ce sujet. J'ignore si Granger t'en a parlé, mais elle est passée cet après-midi à la boutique.

Drago lui confia la conversation tumultueuse qu'ils avaient eue dans la boutique et contre toute attente, Potter semblait mal à l'aise.

-Je ne sais pas ce qu'elle tenait absolument à me dire, mais je peux facilement imaginer qu'elle cherchait à se justifier de m'avoir laissé tomber à la gare, qu'elle était obligée de faire ce qu'elle avait à faire ou d'autres jérémiades dont elle a le secret…

-Malefoy…

-Ou alors peut-être qu'elle espère quelque chose de mon retour, poursuit-il d'une oreille sourde, le fait de m'avoir vu au Mirage, elle espère peut-être que je reste en Angleterre auprès d'elle…

-Malefoy, je crois savoir ce qu'Hermione essayait de te dire.

-Elle n'a pas accepté que cette fois-ci je prenne ma décision seul, elle espérait que je rentre au bercail pour elle… c'est certainement de l'orgueil avec un soupçon de mélodrame, mais…

-Elle va se marier !

Sur cette nouvelle, Drago laissa tomber sa bierraubeurre sur sa table qui déversa tout son contenu, répandant sur la table cette odeur chaleureuse et gourmande qu'il affectionnait tant lorsqu'il était élève à Poudlard. Se marier… se marier… les mots résonnaient dans sa tête sans réellement comprendre leur signification, comme un écho très lointain ou une langue étrangère. Ce ne pouvait être réel, se dit-il pour s'en convaincre.

-Je suis désolé, vieux, ajouta Potter d'un air mal à l'aise, voyant que Drago ne répondait pas.

Il gardait les yeux fixés sur sa bierraubeurre qui s'écoulait sur la table et ne s'aperçut même pas qu'à coup de baguette magique, Potter nettoyait la table.

-Tout va bien ? demanda Madame Rosemertta qui déambulait entre les tables vides.

-Très bien, nous pourrions reprendre une bierraubeurre ?

-Une dernière précisa celle-ci, je ferme dans trente minutes.

-Parfait.

Il semblait que tout était lointain… il percevait les voix, les bruits autour de lui, mais c'était une sensation très semblable comme lorsque l'on est sous l'eau.

-Elle… elle va se marier ?! réussit-il à dire. Chaque mot qu'il venait de prononcer était aussi perçant qu'une lame. A… avec qui ?! Il redouta plus que tout la réponse…

-Malefoy… à quoi ça sert… balbutia-t-il, mal à l'aise.

-Dis-moi qui, Potter ! C'est lui, c'est ça ! C'est Weasley ?!

Il ne répondit pas, ce qui l'énerva davantage.

-Oui… oui c'est lui, avoua Potter à voix basse.

Il se laissa emporter et tapa violemment du poing sur la table, oubliant toutes les promesses qu'il s'était faites de ne plus penser à elle, ses innombrables séances d'occlumencie toutes les nuits d'insomnies, ses années de travail acharné pour l'oublier, les filles qu'il avait rencontrées et qui ne signifiaient rien pour lui, toute sa rancune envers elle pour l'avoir laissé tomber…

-Espèce de petit enfoi…

-Malefoy ! Garde ton sang-froid, je t'en prie.

-Ah oui, c'est vrai, cracha-t-il au visage, les trois inséparables de Gryffondor sont à nouveau réunis ! Comme au bon vieux temps avant que le vilain Serpentard ne les sépare ! Toi et Ginny, Weasmoche et Granger, quelle parfaite histoire d'amour, vraiment ! PARFAITE ! cria-t-il en bousculant sa chaise à terre avant de partir du pub d'un pas furieux.

Il eut le temps d'entendre les derniers clients qui restaient lancer des exclamations scandalisées à son sujet tout en le dévisageant d'un œil noir.

-Enfin, s'écria Madame Rosemertta, c'est un établissement convenable ici !

-Malefoy, l'interpella Potter avant qu'il ne ferme la porte derrière lui.

Il accéléra le pas, toujours emporté par la colère, cette haine aveugle comme il n'en avait plus ressenti depuis des années, depuis l'époque où ils les haïssaient tous les trois… il se souvint de ses actions méprisables qu'il avait pu commettre à Poudlard à leur égard… la tentative de renvoi de ce gros balourd de Hagrid, ses remarques et insultes… ses moqueries… comme il les détestait, tous les trois ! Il souhaitait revenir en arrière et ne jamais avoir à les fréquenter de nouveau ! Ils se sont bien moqués de lui, tous les trois ! Cette idée l'enragea davantage.

-Malefoy ! Attends ! Entendit-il crier Potter derrière lui, ce qui l'énerva encore plus.

Ce qu'il désirait, c'était rentrer chez lui, se défouler, crier, hurler, tout casser ! Il voulait à tout prix éviter Saint Potter et ses paroles de fausses compassions hypocrites ! Dire qu'il y avait à peine quelques minutes, il le considérait comme un ami ! Il s'était bien moqué de le lui dire…

-Malefoy, écoute s'il te plait !

Il était arrivé à sa hauteur, bien que Drago presse le pas pour le fuir.

-Qu'est-ce que tu veux me dire d'autres, Potter ? Tu veux peut-être me donner les détails de leur histoire d'amour c'est ça ?!

-Non ! Ce n'est pas du tout ce qu'il s'est passé… quand tu es parti…

-C'est pour lui qu'elle est restée !

-Non ! Tu le sais très bien !

-ARRETE DE ME MENTIR, POTTER ! NE ME PRENDS PAS POUR UN CRACMOL !

Il venait d'hurler cette dernière phrase, libérant toute la colère et la haine qui bouillonnait en lui ! Heureusement, la rue principale de pré-au-lard était calme, les boutiques fermées et tous les habitants dormaient déjà, les volets de leurs habitations fermées à double tour. Peut-être certains s'étaient réveillés en entendant ses cris, mais il s'en souciait le moins du monde. Tout ce qu'il comptait, c'était de refouler cette colère.

Comme un lion en cache, il faisait les cents pas, cherchant quelque chose à lancer loin… très loin… sous le regard de Potter qui ne semblait pas savoir comment agir. Enfin, les battements de son cœur se calmèrent, il sentait la colère et le choc à l'annonce de ses fiançailles le quitter pour laisser place à un sentiment encore plus douloureux : le chagrin.

Ce sentiment qu'il connaissait que trop bien d'avoir le cœur brisé en mille morceaux, tombant dans ce trou béant qui semblait sans fond. Cette impression que jamais plus il ne trouverait le bonheur… le bonheur d'être à ses côtés… le bonheur de l'aimer… d'être avec elle. À présent elle est avec Weasley et cette pensée le déchira encore plus.

-Quand tu es parti, expliqua Potter d'une voix amicale, voyant que Drago s'était enfin calmé, elle était anéantie… je ne l'avais jamais vue dans cet état, tu peux me le croire ! Il lui a fallu beaucoup de temps pour s'en remettre… Ron et moi nous étions là, puis une chose en entraînant une autre… ils se sont rapprochés et…

-C'est bon, répondit Drago, écœuré. Je ne tiens pas à avoir tous les détails. Au fond, ajouta-t-il d'une voix pleine de rancœur comme lorsqu'il était élève, il a enfin obtenu ce qu'il voulait, Weasley ! Il n'attendait que ça le moment où elle serait vulnérable pour que le serpent sorte de son trou et l'encercle autour de sa taille. Elle l'a toujours nié, elle a toujours voulu prendre sa défense ! Tu sais Potter, au fond je l'ai toujours su qu'ils termineraient ensemble ces deux-là, c'est peut-être pour cette raison que je vous détestais à Poudlard ! Je vous méprisais avec votre amitié si parfaite ! Vous deux, autour d'elle… Weasley toujours dans ses pattes et moi à vous observer de si loin… Je ne le savais pas, mais au fond de moi, je voulais être près d'elle… humer l'odeur de ses cheveux… lui parler normalement ! Et maintenant… c'est Wesley qui la tient dans ses bras !

-Malefoy… Je ne sais pas quoi te dire.

-Il n'y a rien à dire ! Hermione a pris cette décision quand elle est restée ! Quand elle l'a choisi… elle n'a même pas pris la peine de tenir ses promesses… elle m'avait dit qu'elle viendrait…

Il fut incapable de continuer, sa gorge se noua et ce gout amer, familier, lui donnait l'envie de s'effondrer. Avant que cela se produise devant Potter – ce qu'il voulait à tout prix éviter- il se hâta de transplaner, le décor de pré-au-lard s'évanouissant derrière lui dans un tourbillon.