Hello tout le monde !

Après avoir posté mon OS "Les chats errants n'aiment pas la pluie", j'ai eu des retours tellement adorables que ça m'a décidée à poster mes autres fanfics Miraculous. Je ne sais pas encore à quelle fréquence je vais pouvoir mettre cette histoire à jour car j'écris trèèès lentement. (Pour situer, j'ai commencé à imaginer cette fic au milieu de la saison 3 de Miraculous). Mais j'espère justement que commencer à poster cette fic me pousse à continuer d'écrire.


Petite note (mise à jour en août 2023) :

Cette fic est "canon" jusqu'au milieu de la saison 3. Pour ce qui est des divergences :

- Les épisodes Félix, Chat Blanc, Ladybug, et le final de la saison 3 n'ont pas eu lieu (ils n'étaient pas encore diffusés au moment où j'ai imaginé cette histoire). C'est aussi pourquoi Adrien n'a pas d'autres famille dans cette fanfiction, on ne connaissait pas encore l'existence de Félix et d'Amélie (et j'avoue que ça m'arrangeait bien pour mon histoire, vous comprendrez pourquoi assez rapidement :))

- Adrien n'est pas un sentiêtre (on en savait encore très peu sur le sujet à l'époque, aujourd'hui cette histoire a vraiment pris un chemin complètement différent quand on sait ce qui se passe dans les saisons 4 et 5, mais j'aime découvrir que certains passages sont malgré tout "canon" au fur et à mesure des nouvelles saisons).

- Maître Fu est toujours le Gardien des Miraculous et de la Miracle Box

- Aucun spoilers de la saison 4 ni de la saison 5

- Ils sont en terminale, donc 17 ans, bientôt 18


Bienvenue dans ma tête, et bonne lecture :)


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CHAPITRE 1

oOo

- Ladybug, je crois que j'ai découvert le repère du Papillon.

A l'autre bout du fil, le cœur de Ladybug manqua un battement.

Cela faisait presque quatre ans. Quatre ans que les deux super héros traquaient le Papillon sans relâche, qu'ils cherchaient à mettre leur ennemi juré hors d'état de nuire. Quatre ans qu'ils combattaient inlassablement les akumas que le Papillon leur envoyait, sans pour autant se rapprocher de leur but. Mais Ladybug n'avait jamais perdu espoir. Et le coup de fil inattendu de son coéquipier venait de lui provoquer une décharge d'adrénaline qui coulait à présent dans ses veines. Chat Noir avait trouvé la tanière de leur ennemi !

Sa joie fut de courte durée.

Le moment d'euphorie passé, Ladybug réalisa soudain que quelque chose clochait.

La voix de Chat Noir était neutre, dénuée de toute émotion.

Ladybug savait pourtant que c'était un moment que son partenaire attendait plus que tout. Ils en avaient souvent discuté tous les deux, et elle savait que battre enfin le Papillon était quelque chose qu'il désirait aussi ardemment qu'elle. Alors pourquoi la voix de son coéquipier lui paraissait si éteinte ?

Lorsque Chat Noir reprit la parole, les mots qu'il prononça lui glacèrent le sang.

- Viens le plus vite possible au manoir Agreste. Dépêche-toi, je t'en supplie.

Le Manoir Agreste ?

Ladybug en resta complètement sonnée.

Sa respiration s'emballa.

Que ferait le repère du Papillon au manoir de la famille Agreste ? A moins que...

« A moins que l'un des occupants de la maison ne soit le Papillon » pensa-t-elle avec horreur.

Ce qui signifiait que leur ennemi juré ne pouvait être que...

Le rythme cardiaque de Ladybug s'affola soudain. Un frisson de terreur parcourut sa colonne vertébrale, et elle sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque.

Oh non.

Tout mais pas ça.

Ses pensées se tournèrent instantanément vers Adrien. Si le Papillon était bien la personne à laquelle elle pensait, le dénouement de l'histoire se profilait bien plus sombre que prévu. Et cela signifiait également que Adrien était potentiellement en danger dans sa propre demeure.

Elle devait en avoir le cœur net.

- Chat Noir, je ne suis pas du tout à côté mais j'arrive le plus rapidement possible, s'entendit-elle répondre, le cœur battant à tout rompre. Attends-moi, je...

Un bip à l'autre bout de la ligne l'interrompit.

- Chat Noir ! Attends ! Chat Noir, réponds-moi !

Elle jeta un coup d'œil à l'écran de son communicateur qui affichait un cercle barré sur la photo de son coéquipier. La communication avait été coupée. Chat Noir avait raccroché. Cela ne laissait rien présager de bon. Elle essaya de le rappeler dans la foulée, mais son yo-yo sonnait désespérément dans le vide, et cette absence de réponse l'inquiétait au plus haut point.

- J'espère de tout cœur qu'il n'a pas foncé tête baissée ! Quelle tête brûlée ce Chat Noir, c'est pas possible ! soupira-t-elle, un brin énervée.

Cette pensée fut immédiatement remplacée par une autre, beaucoup plus alarmante, qu'elle regretta instantanément : et s'il lui était arrivé quelque chose ?

Sans plus attendre, elle lança son yo-yo droit devant elle et s'envola en direction de la Place du Châtelet, l'esprit brumeux et le sang cognant dans ses tempes.

.oOo.

Lorsque Chat Noir raccrocha, il prit une profonde inspiration ; ce coup de fil à Ladybug avait été bien plus éprouvant qu'il ne l'aurait cru. Peut-être que le fait d'avoir été contraint de mettre des mots sur sa découverte afin de prévenir sa partenaire l'avait forcé à affronter la réalité en face. Cette brutale réalité que son cerveau refusait de reconnaître et d'intégrer depuis qu'il avait surpris son père activer un passage secret aux pieds du portrait de sa mère dans son bureau.

Saisi par un mauvais pressentiment, Adrien s'était transformé et l'avait suivi dans les tréfonds du manoir dont il ignorait complètement l'existence. Les yeux écarquillés de stupeur, il s'était retrouvé dans une immense salle aux allures de cathédrale souterraine, emplie de verdure.

Un léger bruissement permanent parvenait à son ouïe aiguisée, et, lorsqu'il scruta les alentours, il aperçut des dizaines de papillons d'un blanc immaculé qui flottaient dans tout l'espace de la pièce. L'estomac noué, il s'approcha le plus silencieusement possible, son cœur battant de façon complètement anarchique : ces papillons blancs lui étaient beaucoup trop familiers. L'image de Ladybug relâchant l'un de ces coléoptères de son yo-yo juste après avoir purifié un akuma lui donna soudain la nausée. Que se passait-il dans sa propre demeure ?

Il observait du coin de l'œil la silhouette de son père traverser la passerelle en se posant mille questions.

Dans le silence pesant de ce sanctuaire, il craignait que les battements affolés de son cœur ne parviennent jusqu'aux oreilles de son géniteur. Ce n'était clairement pas le moment d'être découvert.

Retenant son souffle, il vit son père s'arrêter à côté d'une sorte de capsule.

Gabriel Agreste retira soudain le foulard qui ne quittait jamais son cou, et étendit ses bras avec un sourire qui ne laissait rien présager de bon. Le sang de Chat Noir se figea lorsque les mots que prononcèrent son père résonnèrent dans l'antre.

- Nooroo, transforme-moi !

Ces mots frappèrent Chat Noir avec plus de violence que s'il avait été mis au tapis par un uppercut. Des centaines de coléoptères devenus violets s'agglutinèrent autour de la silhouette de son père, et lorsqu'ils s'éloignèrent, celui-ci avait disparu. Et à sa place se tenait à présent...

Le Papillon.

Non, ce n'était pas possible.

Son père était...

Chat Noir secoua vigoureusement la tête, comme si ce geste allait effacer de sa mémoire la scène à laquelle il venait d'assister. Mais il avait beau refuser catégoriquement de voir la réalité en face, il devait bien se rendre à l'évidence : Gabriel Agreste, son propre père, était le Papillon.

Tout son corps fut parcouru d'un frisson d'horreur.

Non. Son père ne pouvait pas être leur ennemi juré. Cela n'avait aucun sens.

Et pourtant, il venait d'en avoir la preuve sous les yeux.

Soudain nauséeux, il eut besoin de prendre l'air. Il remonta hors de la caverne le plus rapidement possible et se précipita d'un bond jusqu'à sa chambre, retenant sa respiration.

C'était un véritable cauchemar.

Un mal de crâne lui tenaillait les tempes, et il ne pouvait s'empêcher de faire les cent pas dans sa chambre, le souffle court.

Sans s'y attendre, sa transformation s'évanouit soudain dans un flash de lumière verte et Plagg apparut. Adrien en resta stupéfait. Il n'avait pourtant pas demandé à Plagg de se détransformer. Comment était-ce possible ?

Plagg voleta au niveau de son visage, et au regard qu'il lui lança, Adrien comprit qu'il avait rompu la transformation de lui-même.

- Calme-toi Adrien ! Ce n'est pas le moment de paniquer !

- Mais tu étais au courant ? demanda Adrien, d'un ton plus accusateur qu'il ne l'aurait voulu.

- Bien sûr que non ! s'exclama Plagg d'un air outré en faisait de grands gestes pour appuyer son discours. Je n'étais absolument pas au courant, je te le jure ! Jamais je n'aurais pu te cacher une information pareille !

- Tout ce temps... murmura Adrien, l'estomac noué. Tout ce temps il était là, à quelques mètres de moi, sous le même toit... Et je ne m'en suis jamais rendu compte...

Le peu de couleur qui restait sur son visage disparut. Il semblait à deux doigts de vomir.

- Adrien, appela Plagg, tentant désespérément de recentrer l'attention de son porteur. Je comprends que tu sois choqué, mais il faut absolument que Ladybug et Chat Noir règlent le problème à présent, tu dois te calmer et te reprendre.

- Mais comment est-ce que tu veux que je me calme Plagg ? coupa Adrien avec colère. Mon père est le Papillon ! MON PÈRE EST LE PAPILLON !

Cette idée lui paraissait de plus en plus ridicule à mesure que les minutes passaient, et pourtant, elle commençait à s'ancrer plus profondément dans son esprit : son père était bel et bien l'homme qui terrorisait Paris depuis presque quatre ans et contre qui Ladybug et lui se battaient depuis le début. Il venait d'en avoir la preuve formelle.

Lorsqu'il sentit Plagg poser une patte contre sa tempe, il fut brutalement arraché aux pensées qui le tourmentaient. Il lança un regard incertain à son kwami, et lorsqu'il décela une lueur d'inquiétude dans ses yeux verts habituellement facétieux, il réalisa qu'il tremblait des pieds à la tête. Il devait se ressaisir. Il inspira un grand coup, et le regard qu'il adressa à Plagg cette fois-ci était déterminé.

- Ladybug, dit-il sans autre explication.

Plagg acquiesça sans un mot, soulagé de voir Adrien enfin réagir.

- Plagg, prends des forces, annonça Adrien en ouvrant le placard qui dissimulait sa réserve de camembert. Tu vas en avoir besoin.

Le visage d'Adrien s'était fait dur ; ses yeux verts, habituellement doux et bienveillants, semblaient à présent aussi froids et tranchants que de l'acier.

Plagg s'empressa d'engloutir un camembert entier et voleta énergiquement autour d'Adrien, comme pour lui faire comprendre silencieusement qu'il était prêt, et surtout, qu'il était avec lui quoi qu'il arrive.

Adrien étendit son bras d'un mouvement sec. Il était temps d'en finir avec tout ça.

- Plagg, transforme-moi !

.oOo.

Chat Noir n'était pas fier d'avoir raccroché au nez de Ladybug. La connaissant, il savait qu'elle devait se faire un sang d'encre à présent. Mais il était beaucoup trop fébrile pour avoir cette conversation avec elle au téléphone.

Il avait réellement hâte qu'elle arrive : dans l'état dans lequel il se trouvait, seule sa Lady avait le pouvoir de le rassurer, et de lui redonner l'espoir et la force de se battre.

Il n'avait pas le choix. Il allait devoir affronter son propre père.

Et cette idée ne l'enchantait guère.

Les dents serrées, il ressortit prudemment de sa chambre, tous ses sens en alerte. Il esquiva son garde du corps qui se dirigeait vers le garage et chercha des yeux un endroit à l'abri des regards. Il lui fallait trouver une bonne cachette, depuis laquelle il aurait la possibilité d'observer ce qu'il se passait dans la maison le temps que Ladybug le rejoigne. Il était hors de question de tomber sur son père au détour d'un couloir. Il devait être celui qui le surprendrait, et non l'inverse.

Mu par une soudaine inspiration, il décida de se poster à l'étage, caché derrière la balustrade qui faisait face au bureau de son père afin de pouvoir épier ses allées et venues. Le cœur battant à tout rompre, il cherchait par tous les moyens de se vider l'esprit en attendant Ladybug ; il n'était pas question de céder à la panique, il se devait de garder la tête froide.

.oOo.

Au bout d'une dizaine de minutes d'attente, un mouvement en contrebas le fit sursauter malgré lui : son père venait de sortir de son bureau. Chat Noir le vit se diriger vers la porte d'entrée et aperçut le Gorille approcher la voiture dans la cour. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : son père avait un rendez-vous à l'extérieur.

Il le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il monte dans sa voiture, et un long soupir lui échappa lorsque le portail se referma derrière la limousine, réalisant qu'il avait retenu sa respiration tout du long.

A présent que son père était parti, il mourait d'envie de redescendre dans l'antre. Cette capsule qu'il avait aperçu de loin l'intriguait au plus au point, et il avait la sensation que l'explication à toute cette folle histoire se trouvait en bas.

« Dépêche-toi Ladybug », pensa-t-il anxieusement en lançant un regard tendu vers la porte fermée du bureau de son père.

Sa raison lui dictait d'attendre sagement l'arrivée de sa coéquipière : une fois tous les deux sur place, ils pourraient monter un plan stratégique pour devancer et contrer le Papillon.

Le fait que Chat Noir ait découvert son identité leur donnait un avantage non négligeable qu'ils ne pouvaient se permettre de gâcher. Mais malgré tout, le jeune homme n'était pas tranquille : il ne connaissait pas l'emploi du temps de son père, et le temps que Ladybug n'arrive, ils n'auraient peut-être plus l'occasion d'agir.

Chat Noir lança un dernier regard en direction du hall désert et prit soudain une décision : d'un bond souple, il combla la distance qui le séparait du bureau de son père et atterrit devant la porte. Il se glissa dans la pièce sans un bruit, prenant bien soin de refermer le lourd battant derrière lui.

Lentement, il s'avança vers le portrait de sa mère inspiré d'un tableau de Klimt, comme s'il s'efforçait de ne pas faire craquer sous ses pas un parquet imaginaire. Le sang bouillonnait dans ses tempes, et son ouïe décuplée par ses pouvoirs lui donnait la sensation qu'un bourdonnement sourd résonnait en continu dans ses oreilles. L'estomac noué, il contempla un instant le visage de sa mère. Ce portrait qui avait toujours été pour lui le seul élément rassurant de la pièce lui provoquait à présent des sueurs froides. Il se ressaisit rapidement et lança un regard déterminé en direction du tableau. Imitant son père quelques instants plus tôt, il leva les bras et effleura la surface du portrait de ses doigts gantés. Trois détails lui apparurent un peu plus en relief que les autres et il les pressa d'un seul geste, la gorge sèche. La trappe s'ouvrit sous ses pieds, et il se laissa emmener jusque dans les tréfonds du manoir.

.oOo.

Un silence assourdissant régnait dans cet endroit. Le cœur de Chat Noir battait tellement fort qu'il avait l'impression de l'entendre résonner dans toute la cathédrale de verdure. L'hiver était déjà bien avancé en ce début d'année, et pourtant, il faisait étonnamment doux dans la caverne. Comment son père faisait-il pour maintenir cet endroit à une telle température ?

« Wow, ta maison a une puissance électrique énorme Adrien, vous rivalisez avec une centrale nucléaire ! ». Cette phrase que Max avait prononcée le jour où il était venu chez lui lui revint soudain en mémoire. Cette remarque lui avait paru complètement anodine à l'époque, mais elle prenait à présent tout son sens. Quels autres mystères renfermait sa propre demeure ?

Chat Noir n'eut pas le loisir de se poser plus de questions : son attention s'était focalisée sur l'étrange capsule qui se trouvait sur la plateforme en face à lui. Il s'avança lentement, un très mauvais pressentiment lui tenaillant le ventre. A mesure qu'il approchait, il distinguait un peu mieux l'objet. La capsule semblait renfermer quelque chose.

Lorsqu'il fut suffisamment proche pour en apercevoir le contenu, son cœur s'arrêta net.

Cette silhouette.

Ce visage.

Un froid polaire lui glaça soudain les entrailles.

Il combla d'un bond la distance qui le séparait de la capsule et plaqua nerveusement ses mains sur la vitre, tremblant de tout son être.

- Maman... ?

Adrien était paralysé.

Paralysé de stupeur.

De douleur.

De colère.

De peur.

Il s'était attendu à tout.

A tout, sauf à trouver sa mère ici, dans le sous-sol de sa maison, enfermée dans un cercueil de verre.

La pièce se mit soudain à tanguer autour de lui.

Pour lui, sa mère était partie. Disparue sans laisser de traces il y avait déjà presque quatre ans de cela. Il avait dû faire son deuil, seul, dans cette immense demeure aux allures de prison, ne pouvant même pas compter sur le soutien de son père froid et absent.

Jamais Adrien n'aurait cru que sa mère était en réalité si proche de lui, là, sous ses pieds. De la découvrir ainsi, enfermée dans un cercueil de verre, seule dans cet endroit lugubre qui avait tout à coup pris des allures de mausolée, il se sentit perdre pied. Que lui était-il arrivé ? Était-elle toujours vivante ? Pourquoi son père lui avait-il dit qu'elle avait disparu ? Pourquoi gardait-il son corps ici ? Et surtout, cette question qui lui glaçait le sang : que lui avait-il fait pour qu'elle soit dans cet état ?

Quelque chose se brisa en lui et lorsqu'il se pencha au-dessus de la capsule, des larmes de douleur s'écrasèrent en cascade sur la vitre.

.oOo.

Il ne sut pas combien de temps il resta dans cette position, le cœur meurtri, se posant mille questions. Son corps entier refusait de bouger, comme pétrifié. Ce n'est que lorsqu'il entendit une voix grave et froide résonner dans l'antre qu'il fut tiré de son état de transe.

- Chat Noir, que me vaut l'honneur de cette visite ?

Chat Noir se retourna vivement.

Devant lui se tenait le Papillon.

Son propre père.

Son ton était sec mais laissait pointer une note d'amusement et de sarcasme ; il semblait ravi de le trouver ici.

- Lorsque l'alarme de mon bureau a retenti, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir sur la vidéo de surveillance que l'un des plus célèbres super héros de Paris s'était introduit chez moi. Je suppose que Ladybug n'est pas loin ?

Ne constatant aucune réaction de la part de Chat Noir, le Papillon continua de s'avancer tranquillement vers lui, un sourire malfaisant suspendu à ses lèvres.

- Tu es venu m'apporter ton Miraculous en personne ? C'est vraiment très généreux de ta part Chat Noir.

Mais Chat Noir ne l'écoutait pas. La terreur glaçante qu'il ressentait jusqu'à présent se mua en une colère sourde qui le prit aux tripes. Brûlant d'une rage à peine contenue, il serrait les poings si fort que ses griffes s'enfonçaient douloureusement dans ses paumes.

- Qu'est-ce qu'elle fait ici ? feula-t-il d'une voix menaçante en désignant la capsule. Qu'est-ce que vous lui avez fait ?

Le Papillon sembla surpris par la question.

- Cela ne te regarde pas, lâcha-t-il en haussant un sourcil derrière son masque, visiblement agacé.

- Bien sûr que si ça me regarde ! cracha Chat Noir.

Il tentait tant bien que mal de se maîtriser.

- Vous m'aviez dit qu'elle avait disparu ! Je la croyais morte ! Que fait Maman ici dans ce sous-sol dont j'ignorais complètement l'existence ? Qu'est-ce que vous lui avez fait ? Ça suffit les mensonges, répondez-moi !

Chat Noir réalisa trop tard qu'en demandant ainsi des comptes à son père, il venait malgré lui de révéler son identité à son pire ennemi. Tant pis pour le secret. La seule chose qui lui importait à présent était de savoir ce qui était arrivé à sa mère.

Le Papillon resta un instant interdit.

Sa... mère ?

Ses yeux s'arrondirent de surprise.

Adrien.

Son propre fils était Chat Noir.

Quelle ironie.

Tout ce temps, le Miraculous du Chat Noir se trouvait sous son propre toit et il n'en avait pas la moindre idée.

Il avait pourtant déjà eu des soupçons par le passé, mais ces soupçons s'étaient rapidement dissipés. Dire qu'il avait écumé tout Paris avec ses akumas alors que le bijou était en fait à portée de main...

Un sourire de triomphe illumina le visage du Papillon.

- Adrien, dit-il d'un ton neutre, plus pour lui-même que pour citer l'évidence. Si j'avais su...

- Pourquoi faites-vous cela, Père ? Pourquoi voulez-vous nos Miraculous ?

La voix de Chat Noir tremblait légèrement.

- Je fais tout ça pour la ramener, Adrien.

Une lueur d'humanité sembla passer dans le regard du Papillon l'espace d'un instant.

- Avec les Miraculous du Chat Noir et de la Coccinelle, je vais pouvoir faire le vœu qui permettra de la faire revenir. Nous serons à nouveau réunis, nous allons à nouveau pouvoir former une famille !

Si le Papillon s'attendait à une réaction positive de la part de son fils, Chat Noir resta impassible, essayant d'intégrer les informations que son père venait de lui donner.

- Alors c'est pour ça que vous avez mis la ville à feu et à sang pendant ces quatre dernières années ? C'est pour ça que vous avez risqué la vie de milliers d'innocents ? Que vous avez blessé mes amis, que vous avez essayé de me tuer et avez attaqué les gens que j'aime ? Pour ramener Maman ? cria-t-il, une colère sourde montant en lui.

- Adrien, commença le Papillon en faisant un pas en avant, l'air sévère. Si tu ne t'étais pas amusé à jouer les justiciers, il ne te serait absolument rien arrivé. Ce n'est pas pour rien que je t'ai protégé, tu n'as...

- C'est n'importe quoi et vous le savez très bien ! le coupa Chat Noir.

Il contenait sa colère avec difficulté ; le Papillon avait akumatisé ses amis tellement de fois, ainsi que les gens autour de lui. Il avait visé le collège, puis le lycée où il se rendait tous les jours un nombre incalculable de fois. Chat Noir s'était même retrouvé plusieurs fois pris pour cible par un akuma sous sa forme civile, s'en tirant parfois de justesse, et souvent grâce à Ladybug. De savoir à présent que c'était son père qui était derrière tout ça lui donnait la nausée.

- Je pensais que vous aviez besoin de temps après la disparition de maman, dit-il d'une voix rauque, gorgée de douleur. J'étais tellement triste. C'était dur, mais je ne voulais pas être un poids pour vous. Alors j'ai pris sur moi. J'ai supporté tout ça en silence, et j'ai fait tout ce que vous me demandiez. Mais en réalité, vous n'en avez vraiment rien à faire de moi. Qu'est-ce que j'ai pu être stupide.

- Adrien, il faut que tu comprennes que tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour nous, pour toi. J'ai fait tout ça pour réunir à nouveau notre famille.

Chat Noir recula d'un pas, un air de dégoût peint sur le visage. Son père semblait vraiment croire que ses actes étaient pardonnables, que tout allait redevenir comme avant une fois le vœu ultime prononcé. Il ne semblait pas réaliser qu'il avait été beaucoup trop loin.

Adrien rêvait de retrouver sa mère, c'était son souhait le plus cher depuis qu'elle avait disparu. Mais pas de cette façon. Pas après l'avoir découverte ainsi dans le sous-sol de sa propre maison, pas après que son père lui ait menti pendant toutes ces années. D'autant plus que le prix à payer en échange d'un tel vœu serait très lourd de conséquences.

« Maman n'aurait jamais approuvé tout ça », pensa-t-il le cœur serré. « Elle n'aurait jamais voulu que mon père devienne l'ennemi public numéro 1 uniquement dans le but de la sortir du coma, ça n'a aucun sens. »

- Adrien, reprit le Papillon, sortant Chat Noir de ses réflexions. Il n'est pas trop tard pour nous rejoindre. Pense à la joie que tu auras de retrouver ta mère ! Je sais bien à quel point elle te manque.

Au lieu d'avancer vers la main que lui tendait son père, Chat Noir recula encore et attrapa son bâton, se mettant en position de défense.

- Vous êtes complètement malade, lui asséna-t-il, la mâchoire contractée.

A cette réponse inattendue, son père se raidit, le visage dur.

- Comment oses-tu me répondre et me manquer de respect ainsi ? gronda-t-il d'un air sévère.

Le Papillon s'avança vers lui d'un air menaçant, cet air qu'Adrien connaissait si bien et devant lequel il avait maintes fois été contraint de baisser les yeux par le passé. Mais cette fois-ci, Adrien soutint son regard. Il en avait assez de courber l'échine devant son père.

- Je n'ai plus aucun respect pour vous après tout ce que vous avez fait. Vous me dégoûtez.

Le Papillon perdit soudain patience.

- Ça suffit maintenant, dit-il d'un ton sec. Tu arrêtes de discuter et tu me donnes ton Miraculous.

- Il en est hors de question, répondit-il froidement en levant son bâton.

- Obéis, gronda le Papillon d'un regard menaçant.

Sans un mot de plus, Chat Noir bondit soudainement sur son père toutes griffes dehors, comptant sur l'effet de surprise. Mais le Papillon ayant visiblement anticipé ses gestes, il lui assena un violent coup dans le ventre avec sa canne, lui coupant la respiration. Le vol plané que fit Chat Noir l'envoya mordre la poussière quelques mètres plus loin. Haletant, il voulut se redresser rapidement, mais son père fut plus rapide : alors qu'il tentait de se relever, il le plaqua au sol, le bout de sa canne mauve appuyé contre sa trachée.

- Adrien, je sais à quel point tu veux la revoir. Pense à la joie que tu auras lorsqu'elle sera enfin réveillée.

- Ne faites pas comme si vous en aviez quelque chose à faire de ce que je ressens, répliqua Chat Noir entre ses dents, le regard dur.

Ainsi allongé sur la passerelle à la merci du Papillon, Chat Noir ne pouvait plus bouger. Il ne lui restait plus qu'une seule solution. Soutenant le regard de son père qui le toisait de toute sa hauteur, il plaqua la paume de sa main sur le sol, une lueur de défi dans les yeux, et hurla :

- CATACLYSME !

Une sensation familière pulsa dans son bras, et il sentit la passerelle se désintégrer sous leurs pieds. Son père perdit momentanément l'équilibre mais il réussit à se rétablir rapidement et il s'écarta avant que le sol ne se soit complètement effondré. Chat Noir se redressa d'un bond avant de tomber et se percha sur ce qu'il restait de la balustrade, passablement énervé que son plan n'ait pas fonctionné. Il y avait à présent un trou béant calciné au beau milieu de la passerelle, mais la plateforme sur laquelle se trouvait le cercueil de verre de sa mère ne semblait pas avoir souffert de l'action du cataclysme, au grand soulagement d'Adrien.

Un sourire perfide apparut sur les lèvres du Papillon.

- Puisque tu refuses de me donner ton Miraculous, je n'ai plus qu'à attendre que tu sois détransformé pour te le prendre.

- Parce que vous croyez vraiment que je vais me laisser faire ? gronda Chat Noir dans un feulement sourd, dévoilant des canines acérées.

Son regard était fixé sur la broche en forme de papillon épinglée au col de son père : il fallait absolument qu'il s'en empare pour pouvoir le mettre hors d'état de nuire.

Le sourire de triomphe qu'affichait le Papillon l'agaçait au plus haut point. Pourquoi avait-il l'air aussi réjoui ? Le poing serré autour de son bâton, Chat Noir bondit à nouveau sur lui, mais avant qu'il n'ait pu l'atteindre, quelqu'un l'en empêcha. Le bras de son assaillant encercla ses épaules pour l'immobiliser dans son mouvement, et une clé de bras douloureuse doublée d'un croche-pieds le projeta à terre, face contre le sol. Il tenta de se redresser mais la personne qui le maintenait au sol avait l'avantage. Chat Noir tourna la tête pour découvrir le visage de son agresseur et ses yeux s'agrandirent de surprise.

- Mayura, lâcha-t-il dans un souffle.

Sa respiration s'emballa. Toutes les pièces du puzzle s'assemblèrent soudain, et lorsqu'il lui adressa un deuxième regard, il comprit qui se cachait derrière le Miraculous du Paon.

- Nathalie ! s'écria-t-il en se débattant de plus belle. J'aurais dû m'en douter !

Une lueur indéfinissable passa dans le regard de Mayura qui semblait prise de court d'avoir été ainsi démasquée. Pour toute réponse, elle tordit un peu plus fort le bras de Chat Noir qu'elle tenait plaqué dans son dos, l'obligeant ainsi à rester à terre.

Son Miraculous bipait depuis un bon moment, et Chat Noir craignait de se détransformer avant d'avoir pu les mettre hors d'état de nuire. Si seulement Ladybug était là ! Il regrettait amèrement de ne pas avoir attendu sa coéquipière. Pourquoi avait-il été si impulsif ? Il s'était jeté lui-même dans la gueule du loup comme un idiot, et Ladybug n'avait aucun moyen de le rejoindre car elle ne connaissait pas l'existence du passage secret.

Chat Noir se débattit à nouveau, tentant désespérément de se libérer de l'emprise de Mayura, mais celle-ci le maintenait fermement au sol. Le Papillon s'approcha, esquissant un sourire carnassier.

- Alors, qu'en dis-tu Adrien ? Est-ce que tu te rends ?

Mayura se figea soudain.

- Adrien ?

Confuse, elle regardait tour à tour Chat Noir et le Papillon.

Adrien était Chat Noir ? Comment était-ce possible ? Et surtout, comment ne s'en était-elle pas rendue compte ?

« Cela voudrait dire que Gabriel se battait contre son propre fils depuis le début ? » réalisa-t-elle avec horreur.

La gorge de Mayura se serra.

Nathalie avait vu ce jeune homme grandir. Elle l'avait connu heureux, rayonnant de bonheur lorsque sa mère faisait encore partie de sa vie. Puis elle l'avait vu se renfermer sur lui-même après la disparition d'Emilie Agreste, se pliant docilement aux exigences d'un père devenu plus froid et distant. En tant que fils de son employeur, elle prenait soin de garder une attitude professionnelle en sa présence, mais elle avait toujours eu beaucoup d'affection pour lui malgré tout.

Cette découverte semblait l'avoir ébranlée. Mais elle se devait d'aider Gabriel. C'était son but depuis le début, et ce, même si elle devait en souffrir. Elle savait qu'il faisait tout cela pour sa famille. Gabriel allait retrouver sa femme, et Adrien, sa mère. Et seuls les Miraculous pouvaient exaucer ce souhait.

- Adrien, il te reste une chance de nous rejoindre avant que je ne te prenne ton Miraculous de force.

Le Papillon exultait d'être si proche du but. Chat Noir lui lança un regard meurtrier.

- Jamais, cracha-t-il, les oreilles dressées, ses grands yeux verts lançant des éclairs.

Le dernier bip de son Miraculous résonna dans l'antre. Sa transformation disparut dans un éclair de lumière, laissant apparaître Plagg, visiblement épuisé. Le Papillon s'agenouilla devant Adrien qui serra son poing le plus fort possible, les jointures de ses doigts devenues blanches sous la tension qu'il leur infligeait. C'était peine perdue : son père lui écrasa la main pour l'obliger à relâcher la pression et lui arracha son Miraculous du doigt sans aucune délicatesse. Plagg lança un regard désolé à Adrien avant de disparaître dans un tourbillon.

- PLAGG ! cria Adrien, de désespoir.

Son père referma sa main sur le bijou d'un air satisfait.

- Parfait. Maintenant il nous suffit d'attendre Ladybug et de lui prendre son Miraculous, et enfin, Emilie se réveillera !

Adrien posa son front sur le sol un instant, comme pour tenter de reprendre ses esprits. Il était complètement choqué des agissements de son père. Mais une chose était sûre : il refusait de le laisser gagner. Il devait récupérer son Miraculous coûte que coûte.

De plus en plus agité, il se débattit à nouveau mais Mayura le tenait toujours fermement et ne semblait pas vouloir le relâcher. La position de son bras replié de force dans son dos commençait à être très douloureuse.

Mayura se redressa et lança un regard incertain au Papillon.

- Que va-t-on faire de lui ? demanda-t-elle sans pouvoir cacher son inquiétude, avant d'être prise d'une violente quinte de toux.

Adrien ne laissa pas le temps à son père de répondre : profitant de la distraction de Mayura qui avait légèrement relâché son bras, il donna un coup de rein et roula sur lui-même, se libérant ainsi de son emprise. Bien décidé à récupérer son Miraculous, il se jeta d'un bond sur son père et le déséquilibra en lui saisissant le poignet. Le Papillon étouffa un juron et referma rapidement sa main pour empêcher son fils de lui reprendre la bague. Adrien était à deux doigts de lui arracher le bijou des mains, mais c'était sans compter sur Mayura qui rattrapa le jeune homme in extremis, le ceinturant de ses deux bras pour l'immobiliser. Adrien fut à nouveau plaqué au sol, et laissa échapper un grognement de frustration et de douleur lorsqu'il entra plutôt durement en contact avec la passerelle.

Mayura lui lança un regard désolé.

- Adrien, ne résistez pas, cela vaudra mieux. C'est pour votre bien.

- Mais comment vous pouvez dire que c'est pour mon bien ? Nathalie, lâchez-moi ! Il faut l'arrêter, je vous en prie !

Mayura se tut et détourna le regard.

- Mayura, dit le Papillon d'un ton qui ne souffrait d'aucune réplique. Nous ne devons prendre aucun risque. Neutralisez-le le temps qu'on réussisse à récupérer le Miraculous de Ladybug.

Mayura acquiesça sans un mot. Elle attacha les poignets d'Adrien dans son dos pour éviter une nouvelle tentative d'évasion de la part du jeune homme et elle le releva d'une poigne ferme. Adrien lançait des regards furieux à son père qui le toisait d'un air insondable.

Mayura pressa un bouton au niveau de la balustrade, et une deuxième capsule de verre semblable à celle où était enfermée Emilie Agreste sortit du sol. Elle fit avancer Adrien vers la capsule, et celui-ci comprit avec horreur quel sort lui était réservé. Une boule d'angoisse se forma dans le fond de sa gorge et il se débattit à nouveau, sans succès. Mayura avait l'avantage. Un peu à contrecœur, elle le poussa dans la capsule et referma le couvercle de verre avant qu'il n'ait pu s'en échapper.

Adrien crut devenir fou : sous l'impulsion de la hargne qu'il éprouvait envers son père couplée à son angoisse face à cet enfermement forcé, il se démena violemment, frappant du pied contre la vitre en hurlant à s'en déchirer les cordes vocales, mais c'était peine perdue. Il se retrouvait prisonnier, séquestré par son propre père dans cet endroit dont personne ne connaissait l'existence. Son estomac se noua douloureusement à cette pensée, et il fusilla son géniteur du regard alors qu'il s'approchait de la capsule.

- Adrien, un jour tu comprendras pourquoi j'ai fait tout ça.

- Jamais je cautionnerai ce que vous avez fait ! Je vous hais ! JE VOUS HAIS ! hurla Adrien, le son de sa voix étouffé par la capsule. LAISSEZ-MOI SORTIR !

Gabriel ne sembla pas plus affecté que cela par les paroles de son fils.

- Nous réglerons cela plus tard. Tout va rentrer dans l'ordre Adrien, je te le promets. Nous serons bientôt réunis, dit-il d'une voix sans émotion.

Le Papillon confia le Miraculous d'Adrien à Mayura qui le glissa dans son costume. Il lança un dernier regard à sa femme endormie avant de tourner les talons, Mayura dans son sillage.

Des sanglots montèrent à la gorge d'Adrien et des larmes de rage se mirent à couler le long de ses joues alors qu'il voyait son père et son assistante s'éloigner et ressortir de l'antre.

Il tourna la tête et contempla sa mère, les yeux emplis de désespoir.

- Maman... sanglota-t-il.


... et je ne suis même pas désolée de vous laisser sur ce cliffhanger.

Dites-moi ce que vous avez pensé de ce premier chapitre, j'espère pouvoir poster la suite bientôt :)

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