holybleu : Hey, contente de lire un nouveau pseudo ! Heureuse que l'histoire te plaise !
Je vais essayer de répondre sans trop spoiler : Oui, les choses vont s'arranger, et on peut donc dire que l'histoire "finit bien"... Une romance va - sans surprise, je pense - se mettre en place entre Drago et Harry, mais étant donné comment les choses ont commencé entre eux, rien de très sain si on analyse bien les choses, et plutôt un gros syndrome de Stockolm pour Drago...
Je pense que la fic sera très longue en terme de nombres de chapitres (plus d'une centaine, vu comment c'est lancé) mais pas tant que ça en terme de nombre de pages / de mots. J'ai une espèce de climax qui se rapproche, et je ne sais pas encore comment mon écriture va évoluer après ça : Jusqu'ici, il y a au moins un chapitre par jour, parfois jusqu'à cinq ou six... C'est seulement à partir de celui de demain que je me sens un peu plus capable de laisser des ellipses, et par conséquent, le rythme change un peu... Bref, j'ai un plan global, mais il ne m'indique pas grand chose XD


Drago reprit doucement sa respiration.

Sa mâchoire était engourdie, mais son mal de tête avait disparu. Il se caressa distraitement les lèvres, se demanda s'il n'avait pas rêvé.

Devant ses yeux, il vit Potter refermer son pantalon et se laisser glisser contre le mur pour se retrouver à son niveau. Il baissa le visage et fit mine de se masser le front. Il ne voulait pas croiser son regard.

Le silence dura un moment, avant que Potter ne demande enfin :

« Est-ce que ça va, maintenant ? »

Drago hésita. Il était évident qu'il se sentait mieux. Mais de là à se sentir bien, il y avait un fossé…

« Ça va aller, répondit-il enfin.

– Est-ce qu'on peut en parler ? »

Drago ricana nerveusement et se frotta le visage avec les deux mains.

« Malfoy… » Il sentit les bras de Potter se refermer sur ses épaules et l'attirer vers lui, dans une espèce de câlin chaste. Drago se blottit avec reconnaissance contre le corps chaud, reposa sa tête sur l'épaule accueillante et laissa retomber ses mains… Il sentit Potter lui caresser doucement les cheveux, et ferma les yeux.

« Dis-moi ce qu'il s'est passé, insista Potter au bout d'un moment. Je sais que t'es pas sorti et que personne n'est rentré ici... Je comprends pas... T'allais bien quand je suis parti tout à l'heure… En tout cas, tu avais l'air d'aller bien… »

Il parlait doucement, comme à un animal sauvage qu'il avait peur d'effrayer, et Drago se sentit bercé par ses mots.

« Désolé, Potter, marmonna-t-il enfin. J'ai clairement des problèmes de libido… Il faut croire que ma réputation de trainée n'est pas totalement infondée… »

La main sur ses cheveux s'immobilisa un moment avant de reprendre ses caresses rassurantes.

« Tu ne vas rien me dire…

– Je suis fatigué… »

Potter changea légèrement de position, inspira profondément contre son crâne et lui déposa un baiser sur le front…

Au bout de quelques minutes de silence, il reprit la parole :

« Je te poserais la question une seule fois, je voudrais que tu sois honnête. Est-ce que les choses auraient été différentes si je t'avais filé la décoction de sang de salamandre plutôt que de n'en faire qu'à ma tête et de soigner directement le gars ? »

Drago laissa échapper un bref éclat de rire qui ressemblait davantage à un jappement. Les choses auraient certainement été différentes, oui… Ackerley n'aurait reçu la potion que le lendemain, si et seulement si Rosier avait accepté de la lui transmettre sans l'avaler en premier. Rosier lui aurait-il tout de même remis le papier ? Peut-être, mais plus tard également. Forcément trop tard. Ils ne se seraient pas embrassés dans l'ascenseur. Il n'aurait pas connu ces quelques minutes de désir et de plaisir. Aurait-ce été une mauvaise chose ? Difficile à dire. La chute aurait-elle été moins brutale s'il était tombé de moins haut ? Probablement. Plus agréable ? Certainement pas.

« Oui. Des tas de choses auraient été différentes. » En mieux ? En pire ? Impossible à dire.

Potter soupira contre son crâne.

Au bout d'un moment, Potter s'agita, vérifia sa montre. Drago devina que le Directeur avait du travail, et il s'éloigna pour le laisser se relever. Une fois debout, Potter tendit une main vers lui, mais Drago ne se sentait pas faible au point d'avoir besoin d'aide pour se remettre sur pied. Il se redressa tranquillement, lissa sa robe et ses cheveux.

« Est-ce que tu accepterais de faire une sieste, si tu es si fatigué ? » demanda Potter avec une vieille trace de ressentiment dans la voix.

Drago haussa les épaules. Il laissa Potter le guider vers la chambre, et lui ouvrir les draps. Il se coucha en ayant la vague impression de faire une infidélité à son petit lit adoré. Potter le recouvrit de la couette, puis s'allongea dans son dos. Drago fronça les sourcils et le regarda par-dessus son épaule.

« Tu comptes rester ?

– Ça te dérange ?

– Non » répondit-il après une hésitation.

Il se recoucha et ferma les yeux, appréciant la présence chaude, lourde et réconfortante derrière lui.

La nuit n'était pas encore tombée lorsqu'il se réveilla.

Son premier réflexe fut de se tendre en arrière à la recherche de la masse qui lui avait réchauffé le dos, mais il réalisa bien vite qu'il était seul dans le lit. Il se redressa, se recoiffa avec les doigts, et prit un moment pour se rappeler l'après-midi qui venait de se dérouler…

Il savait qu'il aurait dû se sentir mortifié de son comportement avec Potter et angoissé par la lettre de son père, mais il ne ressentait rien, si ce n'était une sorte de léthargie… C'était comme s'il avait traversé un océan déchaîné de sentiments, et qu'il venait d'atterrir sur l'île désolée mais calme d'Azakaban, avec ses plages inhospitalières de roches noires. Il se sentait vide.

Il se leva, et ouvrit timidement la porte de la chambre pour jeter un œil au salon. Aussitôt, il entendit une voix, mais qui n'était pas celle de Potter :

« Et tu sais quoi ? En fait, et ben, le panda roux, tu sais comment qu'il marque son territoire, en fait ? »

Une voix aigüe, presque agaçante et pourtant adorable : La voix d'un petit enfant. Moins de 5 ans, probablement. Drago entra dans le salon en tâchant d'être discret, et découvrit Potter agenouillé devant la cheminée. Ce dernier le remarqua, lui sourit d'un air penaud et reprit sa discussion de Cheminette :

« Non, dis-moi comment il fait ?

– Et ben en fait, uhuhuh, tu devineras jamais, uhuhuh, il fait comme des prouts sur les arbres ! » Et le gamin d'éclater du rire franc de celui qui n'a jamais rien entendu d'aussi drôle.

Il était difficile de se faire une idée précise du visage de quelqu'un en partant du substitut de cendre et de tisons qu'offrait la poudre de Cheminette. Mais le visage dans la cheminée était celui d'un petit garçon de 3 ou 4 ans, avec des yeux étonnamment grands, et à l'expression de bonheur permanent.

Il discutait avec Potter d'une journée qu'il avait passé au zoo, à la façon des enfants, en se focalisant sur les détails les plus absurdes et insignifiants : La glace qu'il avait mangée, les flatulences des animaux, les déjections des oiseaux… L'adulte, patient, faisait mine de s'intéresser et de s'extasier sur ces descriptions passionnantes, posait des questions, encourageait le gamin à continuer sur sa lancée… Il avait cet air des hommes qui ont connu la guerre et qui espèrent que leurs enfants ne la connaîtraient jamais.

Au bout d'un moment vint l'heure de couper la communication, de prendre son repas, de se laver les dents, et d'aller au lit avec une bonne histoire, et le petit garçon piailla aussitôt qu'il voulait être celui à éteindre la cheminée. Potter fit mine de se vexer devant la hâte du bambin à le quitter, mais se fit rassurer par une promesse de le recontacter très vite. L'enfant suivit attentivement les instructions dictées par Potter, et une gerbe de flammes turquoise envahit la cheminée avant que le feu ne reprenne son train-train habituel…

La masse qui enserrait le cœur de Drago semblait avoir légèrement fondu.

« Désolé, marmonna Potter. On t'a réveillé ?

– Non, sourit Drago. Ne me dis pas que tu as un enfant, Potter ? »

Le Sorcier partit d'un grand rire et se leva. « Merlin m'en préserve ! Non, c'est mon filleul.

– Le fils de Granger et Weasley ? » s'étonna Drago. Le gamin ne semblait pas leur ressembler le moins du monde…

« Encore une fois, je rends grâce à Merlin, ils n'en sont pas encore là. Non, Teddy était le fils de Lupin.

– C'est le fils de Nymphadora ?! » L'information était encore plus bizarre.

« Tu connaissais Tonks ? s'étonna Harry.

– Nymphadora Tonks, confirma Drago. C'était ma cousine. »

Potter resta interdit pendant un moment avant de se frapper le front. « Merde, oui, j'oublie tout le temps ! Mais du coup, tu n'as jamais connu Teddy ? Si Tonks était ta cousine… calcula Harry, Teddy est ton… Neveu ?

– Plutôt un petit cousin, ou un cousin issu germain, le corrigea Drago. Non, j'avais entendu parler d'une naissance, mais je ne savais pas que l'enfant avait survécu. Je pensais qu'il était mort avec ses parents. »

Potter lui raconta tout ce qu'il y avait à dire sur l'enfant, sur ses pouvoirs de Métamorphomage, sur ses jeux préférés, sur la vie avec sa grand-mère, sur la façon qu'il avait de courir et qui était, s'il fallait le croire, absolument hilarante et différente de celle des autres personnes…

C'était étonnant d'avoir des nouvelles d'un membre de sa famille, même éloigné. Une part de Drago avait envie de rencontrer l'enfant, de lui servir d'oncle de substitution, de le voir grandir, de l'aider à grandir. Il savait cependant que l'idée était ridicule et insultante et l'envie égoïste. Le geste le plus altruiste qu'il pouvait effectuer pour Teddy Lupin était de le laisser évoluer loin de lui, de ses erreurs et de ses perversions, sous la protection d'une grand-mère aimante et d'un parrain d'exception.

Ils mangèrent ensemble après que Potter se soit à nouveau plaint que leurs assiettes n'étaient pas assorties, et discutèrent – ou plutôt, Potter discuta et Drago l'écouta – des bêtises d'enfance et d'adolescence. Comme souvent, Potter présenta une version de l'histoire que Drago ne connaissait pas et où il était absolument innocent de tout comportement problématique : Il avait d'excellentes raisons de traîner dans les couloirs la nuit, de se promener à Pré-au-Lard sans autorisation, de conduire une voiture volante… Drago secoua la tête avec indulgence devant ces élucubrations. Il n'avait pas l'énergie de débattre du sujet de la pertinence et du respect des règlements. Il continuait de penser à Ackerley et à l'ordre de son père.

Le soir venu, Potter raccompagna Drago à sa cellule, et voulut l'aider à ranger ses nouvelles affaires. Avec sa baguette, il creusa une niche dans le mur tiède les séparant des cuisines afin de ranger le livre moldu et l'étendoir à linge. Drago se sentit frissonner. Il ne voulait pas que les lieux changent davantage.

« Tu veux que je mette un clou quelque part pour accrocher ta lampe ?

– Non, je pensais la poser sur la table basse.

– La table basse ? »

Drago trouva cette fois l'énergie pour lutter contre un Potter hilare : Il était hors de question que le sorcier ne métamorphose sa souche en table basse ordinaire et sans histoire ! Non, les étagères en cartons ne devaient pas être modifiées non plus, elles étaient parfaites comme ça ! Il faillit pleurer à nouveau. En tout cas, sa voix se brisa. Potter finit par demander sérieusement à Drago s'il lui fallait également lui rendre son ancien petit lit sans rideau.

« Ne touche juste plus à rien ! J'aime les choses telles qu'elles sont ! » s'écria Drago.

Potter bouda tout de même un moment en prétendant vouloir « simplement faire plaisir ».

S'il essayait de métamorphoser l'étagère de cartons, il découvrirait forcément l'existence du compartiment secret et du couteau interdit. Drago avait déjà suffisamment d'ennuis. Impossible toutefois d'expliquer les raisons de son obstination à Potter… Il s'assit sur le lit, croisa les jambes et referma nerveusement ses bras autours de son ventre. Sans le regarder, il débita :

« Très bien. Tu demandes toujours l'autorisation pour te donner bonne conscience, mais tu n'en fais au final qu'à ta tête… Si tu tiens à ce point à tout faire comme tu le veux, fais-le ! Je ne pourrais pas m'y opposer, de toute façon. Mais n'attends pas de moi que j'en sois satisfait.

– D'accord, je n'insiste pas plus ! râla Potter à son tour. Mais ne viens pas réclamer quand tu auras changé d'avis, parce que je me ferais un plaisir de te rappeler cette conversation !

– Bien !

– Je reviens sur ce que je viens de dire : Réclame autant que tu veux, je m'exécuterai immédiatement ! Mais je te rappellerai quand-même cette conversation. »

Drago ne put retenir un sourire de lui échapper. Il était très difficile de résister à Potter quand celui-ci se plaçait de lui-même dans une position aussi ridicule. Il s'étonna toutefois que cette pitrerie ait suffit à détourner brièvement le cours de ses pensées. « Bien », répéta-t-il. Il avait voulu teinter sa voix de sarcasme et d'agressivité, mais il n'entendit que les notes soulagées et soumises.

« Est-ce que je peux suggérer un dernier truc avant de me faire dégager comme un malpropre ? »

Drago ferma les yeux sans cesser de sourire. Un prêté pour un rendu. Si Potter faisait l'effort de demander, il lui fallait faire l'effort d'accepter.

« Tu peux suggérer tout ce que tu veux. »

Potter s'assit sur la table basse, se retrouvant une bonne quinzaine de centimètres plus bas que Drago, qui se donna l'impression d'être un professeur sévère devant un élève en faute. La sensation s'accentua quand Potter se recroquevilla légèrement en cherchant ses mots.

« Je me demandais, fit enfin Potter en parlant lentement comme s'il avait peur de dire une bêtise, ce que tu penserais du fait que je modifie le sortilège de ta cellule pour qu'elle s'ouvre une heure plus tôt…

– Pour quoi faire ? s'étonna Drago après un temps de silence.

– Pour que ça te permette… » Le même ton diplomate et craintif… Drago décroisa les bras et les jambes dans un effort pour paraître moins fermé. « Que ça te permette de passer prendre ton chariot avant que les cuisiniers arrivent. »

Drago cligna des yeux et resta muet devant la proposition. Il voyait bien pourquoi Potter lui soumettait cet arrangement : Il avait avoué ne pas aimer la relation qu'il avait avec Rosier – comment l'en blâmer – et devait se douter que les soins d'Ackerley ne découlaient pas d'une entente cordiale… Potter désirait que Drago entretienne le moins de rapports possibles avec les autres détenus.

Il était toutefois surprenant qu'il propose une solution aussi laxiste : Il aurait été tout aussi simple d'enchanter le chariot de ménage pour qu'il suive ceux de service, ou de le déplacer à un autre endroit, ou de décaler tout le service ménager de Drago dans l'après-midi, quand les cuisiniers n'étaient pas de service…

Non, cette proposition n'avait pas pour but de l'empêcher de fréquenter les cuisiniers, mais de lui donner la possibilité de le faire. Drago commençait à connaître le personnage, et il était improbable que l'idée lui soit venue grâce à cette petite dispute concernant le mobilier. Il avait certainement réfléchi à la chose un bon moment avant de se lancer. Plus tôt ce jour-là, il avait déjà récupéré la clochette d'or et examiné le système du monte-charge afin que Drago puisse promener son chariot à l'heure de son choix. Avait-il déjà envisagé ce cadeau, avant même de rencontrer les prisonniers des cuisines ?

Si Drago pouvait échapper à Ackerley…

Les conséquences étaient trop vertigineuses à imaginer… Mais c'était là, tout l'intérêt de la chose, n'est-ce-pas ? Il aurait le choix de lui échapper ou non. Il n'avait absolument rien à perdre, et réellement tout à y gagner.

« Je suppose, répondit-il sur le même rythme lent et hésitant, que ça ne coûte rien… »


Alors ? A votre avis, est-ce que Drago va désobéir à son père ou aura-t-il trop peur des conséquences possibles pour cela ?