Disclamer : L'univers et les personnages de cette fic appartiennent naturellement à JK Rowling.

Notes de l'auteur : Bienvenue dans cette fic qui constitue le deuxième tome du « Journal de Severus Rogue » (du même auteur) qui doit être lue auparavant pour une bonne compréhension de l'histoire !

Les quatre premiers chapitres seront publiés successivement en l'espace de quatre jours. Ensuite, j'essaierai de poster un ou deux chapitres chaque samedi.

N'hésitez pas à commenter, ça fait vraiment plaisir !

Chapitre 1 : Au manoir des Prince

« Je croyais que nous partions à la plage, Albus. Où est passé Scorpius ? » demandai-je à mon petit-fils qui arrivait en dérapant dans le hall de notre manoir familial après avoir volé dans la cage d'escalier depuis le deuxième étage, des acrobaties que je tolérais d'autant plus facilement que je savais à quel point cela exaspérait le portrait de mon grand-père que j'entendais grommeler depuis le salon.

Scorpius Malefoy, le meilleur ami d'Albus, nous avait rejoint le matin même pour passer la journée avec nous au manoir des Prince. Je m'étonnais donc de voir Albus redescendre seul de sa chambre, alors que les deux garçons avaient planifié d'aller pique-niquer à la plage. Malgré mon peu de goût pour les sandwichs au sable, je n'avais pas voulu contrarier leur projet. Albus et moi avions à cœur de distraire Scorpius, lorsqu'il venait nous rendre visite, pour lui faire oublier quelques heures durant la peine que lui causait la maladie de sa mère.

« Il a reçu un hibou et il a absolument voulu écrire une réponse avant de partir à la plage. » me répondit Albus en haussant les épaules pour bien montrer à quel point cet empressement lui paraissait ridicule « Il la confie à Uraeus et descend nous rejoindre. »

Uraeus était le nom qu'Albus avait donné à la petite chouette rayée que je lui avais offerte pour son anniversaire. Un nom qui en disait long sur le fait qu'il aurait préféré avoir un serpent, mais j'avais une fois de plus réussi à renvoyer à plus tard la question du serpent. La chouette était autrement plus pratique pour le courrier et nettement mieux tolérée à Poudlard qu'un serpent même non venimeux.

« Mais à qui répond-il avec autant de hâte ? » m'étonnai-je

« A Rose, bien entendu ! » s'exclama-t-il avec un petit sourire narquois

« Quelle surprise ! Mais comment s'explique ce rapprochement inattendu entre Scorpius et ta cousine ? » demandai-je, car j'en étais resté à l'idée que l'admiration que nourrissait Scorpius Malefoy pour Rose Granger-Weasley, la fille de notre vénérée Ministre de la Magie, n'était pas payée de retour

« En réfléchissant, j'ai réalisé que Scorpius et Rose avaient quand même pas mal de choses en commun, qu'il fallait peut-être juste trouver une occasion pour que Rose s'en aperçoive. » expliqua-t-il d'un ton un peu suffisant « Alors, pendant que j'étais au Terrier en même temps que Rose, j'ai expliqué à ma grand-mère Molly à quel point Scorpius était seul et triste à cause de l'état de santé de sa mère. Bien qu'elle n'aime pas trop les Malefoy, elle a fini par me proposer de l'inviter. Vous connaissez Scorpius, quand il est venu chez elle ma grand-mère a tout de suite trouvé qu'il était « tellement mignon, le pauvre chéri, et tellement courageux malgré tout ce qui lui arrive ». Bref, elle l'a adoré. L'avis de ma grand-mère compte beaucoup pour Rose qui s'est donc autorisée à parler avec Scorpius. Evidemment, ça a bien collé entre eux : ils aiment les mêmes bouquins barbants que personne à part eux ne regarde jamais dans la bibliothèque de l'école, genre « L'histoire de Poudlard ». Ils pouvaient en parler pendant des heures. »

« Tu as osé profiter de la situation de la mère de Scorpius pour jouer les entremetteurs ! » me récriai-je sidéré

« Bien sûr que oui. Je suis un serpentard. » asséna-t-il sur un ton définitif

Certes, tellement …

« De toutes façons, Scorpius en a remis une couche de son côté pour être sûr de lui plaire. » poursuivit-il « Il a même joué au Quidditch dans le jardin avec Rose, son petit frère Hugo et Victoire. Et il a fait semblant d'être ravi, alors qu'il déteste ça presque autant que moi. Tant d'efforts pour une fille, ça me dépasse ! »

Voilà une phrase que je ne manquerais pas de lui resservir un jour ou l'autre.

« N'empêche que ça a super bien marché. Depuis, ils s'écrivent presque tous les jours. » conclut-il d'un ton satisfait

Un bruit de porte à l'étage interrompit notre discussion, Scorpius descendait.

Après le déjeuner, je m'installai sur un rocher pour surveiller les deux garçons qui avaient décidé de tenter une baignade en dépit de la fraicheur de l'eau. A observer Scorpius, je ne pouvais m'empêcher de songer à son père, Drago, à qui il ressemblait presque trait pour trait au même âge. Depuis quelques semaines, mon filleul m'écrivait souvent lui aussi. C'était lié à la dégradation de l'état de santé de sa femme Astoria, la mère de Scorpius, qui dormait maintenant la plus grande partie de la journée. Drago consacrait donc une partie du temps qu'il passait à ses côtés à m'écrire des lettres dont le ton ne manquait pas de m'inquiéter. Tous ses propos étaient tournés vers le passé. Il me faisait le bilan de sa vie, comme si c'était lui, et non son épouse, qui allait mourir. En retour, je lui parlais de tout autre chose, je lui racontais des anecdotes concernant Scorpius, et donc Scorpius et Albus, puisque les deux garçons étaient inséparables à l'école, histoire d'orienter ses pensées vers l'avenir plutôt que le passé. Dans ces conditions, notre échange de courrier ressemblait davantage à deux monologues parallèles qu'à une vraie conversation.

Dans le bilan que Drago Malefoy faisait de sa vie Harry Potter tenait une grande place. Beaucoup plus grande sans doute que celle de Drago dans l'existence de Harry. Tout y passait depuis leur rencontre dans le Poudlard Express jusqu'à leur sauvetage à lui et Gregory Goyle par les jeunes gryffondors au cours de la bataille de Pourlard, alors qu'ils étaient piégés au milieu du Feuydemon allumé et non maîtrisé par Vincent Crabbe. Derrière la description des querelles et des coups-fourrés réciproques dont je me demandais comment il pouvait simplement s'en souvenir avec autant de précisions, je me rendais compte combien Drago avait envié Harry. Objectivement, c'était pourtant Harry qui aurait eu beaucoup de raisons d'envier Drago qui avait des parents, des parents qui, quels que soient les défauts de son père, avaient toujours été présents pour lui à une époque de leur vie où Harry lui était seul.

Aujourd'hui, Harry Potter n'était plus seul. Il avait une famille lui aussi, une femme, Ginny Weasley, et trois enfants, James, Albus et Lily. Il avait même retrouvé son père depuis peu. Bon, cet aspect-là n'était pas le plus positif de sa vie, puisque le père en question, c'était moi. Même s'il avait du mal à me pardonner de lui avoir cacher notre lien plus de trente années durant, Harry avait une très bonne raison de faire des efforts pour me supporter : son fils Albus. Albus qui avait compris que j'étais son grand-père, Albus qui avait souhaité me réintégrer dans sa généalogie et dans sa vie. Evidemment, cela devait pour le moment rester discret, car cette révision de l'histoire familiale n'était pas forcément souhaitable pour tout le monde, et notamment pour les frère et sœur d'Albus. C'est donc en toute discrétion qu'Harry et Ginny étaient venus au début des vacances passer quelques jours au manoir des Prince.

Rien n'avait été simple pour Harry pendant ce séjour. Je me remémorais le jour où Ginny avait demandé à voir les photos de Lily, la mère d'Harry, dont lui avait parlé Albus. Tout y était passé les photos de notre enfance et de notre adolescence à Lily et moi, les photos de notre mariage et les photos de Harry bébé dans les bras de sa mère. Ces dernières étaient annotées de la main même de Lily pour me permettre de connaître un peu de leur vie à une époque où j'en étais exclu du fait de mon rôle d'espion dans la guerre contre Voldemort. Harry les avait examinées sans rien dire dans une telle confusion de sentiments que tout se mélangeait dans son esprit qui était encore plus mal fermé que d'habitude sous le coup de l'émotion. C'est en surprenant les regards étonnés qu'Albus lançait à son père que je compris que je n'étais pas le seul à percevoir certaines des pensées de ce dernier. C'était assez logique au demeurant, car les occlumens de la qualité du gamin étaient toujours de bons legilimens.

« Vous disiez que ces photos étaient presque toujours restées au manoir, Severus, mais n'était-ce pas un danger pour vous et pour Harry à l'époque de Voldemort ? Elles auraient pu être découvertes et éventer votre secret. » me demanda Ginny

« Non, il aurait été impossible d'accéder jusqu'à elles. » expliquai-je « Vous savez, Ginny, le manoir est protégé par des barrières magiques très anciennes et, jusqu'à preuve du contraire, infranchissables par tout indésirable. C'est au contraire quand nous avons sorti des photos Lily et moi que nous nous sommes mis en danger. Lily en gardait même quelques-unes à Godric's Hollow, malgré les recommandations pour ne pas dire les ordres de Dumbeldore. »

Cette dernière phrase fit réagir Harry :

« Où sont passées les photos que ma mère conservait avec elle? »

« Je les ai récupérées dans les décombres de la maison après l'attaque de Voldemort. » me forçai-je à répondre posément sans traduire dans mon ton les émotions qui m'étreignaient en pensant à ce soir-là, en même temps que je verrouillais mon esprit pour ne pas servir de sujet d'expérimentation à Albus.

Harry continuait à lire les mots tracés par sa mère au dos des photos, je sentais son esprit tourner de la tristesse à la colère sans en comprendre la raison.

« Pourquoi n'y allez-vous jamais ? » attaqua-t-il soudain

« Où ça ? » m'étonnai-je

« A Godric's Hollow ! Puisque vous teniez à ma mère, pourquoi n'y retournez-vous jamais ? » demanda-t-il toujours incisif avant de préciser « Je me suis renseigné, vous savez. Personne ne nous y a jamais vu. »

« Mais qu'est-ce que j'irais faire là-bas ? » interrogeai-je ne voyant toujours pas où il venait en venir, car seule de la colère émanait clairement de son esprit

« Eh bien, ça se fait d'aller sur la tombe des gens qu'on aimait ! » asséna-t-il

« Mais, ça n'aurait aucun sens que j'aille là-bas, Lily est enterrée ici au manoir, pas à Godric's Hollow. » me défendis-je

« QUOI ? » hurla-t-il « Mais vous auriez quand même pu me demander mon avis ! »

Sans le vouloir, j'avais réussi à le choquer une fois de plus. J'essayais la logique pour me justifier :

« Vous n'aviez qu'un an au moment de sa mort, j'étais le seul à pouvoir prendre une décision. Dumbledore s'est occupé de faire ramener son corps en toute discrétion, il me devait bien ça. »

« Mais alors, mon pè… James Potter est enterré là-bas tout seul. » s'inquiéta-t-il

« Euh, non, James est dans la crypte des Potter avec ses parents. » complétai-je

« Alors le monument de Godric's Hollow est vide. Ce n'est qu'un leurre ! » s'écria-t-il

« Pas du tout, c'est un hommage à leur courage et à leur sacrifice, même si ça n'est pas leur tombe. » tentai-je d'expliquer

« Mais j'avais quand même le droit de savoir où était vraiment enterré ma mère ! » s'énerva-t-il

Oui, il avait le droit. Mais comment le lui aurais-je dit ? J'avais l'impression que toutes les choses qu'il apprenait allongeaient la liste des griefs qu'Harry avait à mon encontre au lieu d'améliorer nos relations. C'était sans doute de ma faute, car je ne savais vraiment pas comment m'y prendre avec lui.

Albus avait également été à l'origine de quelques tensions entre Harry et moi. Albus qui se sentait autant chez lui au manoir des Prince qu'Harry s'y sentait étranger. Albus qui y utilisait sa magie beaucoup plus tranquillement qu'ailleurs, et notamment sa magie en Fourchelang. Le gamin s'y entrainait avec une application digne d'éloge. Suspicieux, son père s'était inquiété de l'origine de tous ces sorts que je n'avais pas pu lui apprendre n'étant pas Fourchelang moi-même. Nos explications laborieuses à Albus et moi où il était notamment question d'une momie et de Salazar Serpentard, n'avaient pas été très bien reçues, le mot est faible, par Harry.

En plus de quoi, le gamin m'appelait « Grand-père » avec le plus grand naturel, alors qu'Harry peinait à utiliser mon prénom. Heureusement pour la sérénité d'Harry ou ce qu'il en restait, le gamin n'était pas du genre très démonstratif, pas plus avec moi qu'avec les autres, et il continuait à me vouvoyer. Si j'avais préféré qu'il en soit ainsi pour le moment, ce n'était pas pour préserver la susceptibilité de son père, et encore moins pour respecter les usages de mes crétins d'ancêtres, mais pour faciliter notre retour à Poudlard où nous devrions conserver des relations assez formelles pour que personne de non averti ne soupçonne notre lien familial. Mieux valait donc qu'il n'y ait pas trop à ajuster à ce moment-là.

Albus et Scorpius sortant de la mer bleuis par la froideur de l'eau me tirèrent de mes pensées. Je jetais un sort de réchauffement autour d'eux pendant qu'ils se séchaient.