3. Rêver
Ce n'était qu'un baiser, me dis-je lorsque nous nous séparâmes. Ce n'était guère plus qu'un effleurement des lèvres. Je m'en étais assurée en gardant mes dents fermement serrées. Je ne voulais pas lui laisser penser que j'étais enthousiaste malgré cela, James semblait fier de lui.
Pour montrer combien cela comptait réellement peu pour moi, j'inventais une raison bancale pour ne pas inviter James dans mon appartement. Malheureusement, il ne protesta pas, mais accepta simplement mon excuse. En lui tournant le dos, je jurais silencieusement. Maintenant je n'étais même plus sûre de combien ce baiser signifiait pour lui.
Je me précipitais à l'intérieur, repoussais les questions de Vicki, ignorais Simon et traversais l'appartement vers la salle de bain. Simon m'avait attendu dans ma chambre, mais il me poursuivit dans la salle de bain. Je l'ignorais simplement, le poussais dehors et verrouillais la porte.
Je pris une profonde inspiration pour me calmer les nerfs et regardais dans le miroir. Un coup d'œil confirma mes craintes. Mes cheveux étaient une horreur, je puais la piscine et je venais juste d'être embrassée par James Potter.
Je ne l'avais fait que pour énerver Simon et j'y étais parvenu. Il essayait de me parler à travers la porte de la salle de bain.
"Laisse-moi m'expliquer," commença-t-il.
"Prends juste tes affaires dans ma chambre et casse-toi !" criais-je.
Il commença à protester, j'allumais donc la radio et augmentais le volume. Grâce à Vicki, c'était BBC Radio 4, et la rediffusion du début de soirée de 'The Archers !', mais je ne pris pas la peine de changer de station.
Retirant mon t-shirt et ignorant les coups à la porte, je me lavais correctement. En me savonnant, je me demandais comment j'allais gérer Simon. J'avais été stupide. Il aurait été bien plus simple de laisser James entrer dans la maison.
Non, me dis-je, je n'allais pas compter sur James cela serait une erreur encore plus grande.
En temps normal, je me serais douchée et changée avant de sortir, mais la présence de Simon dans l'appartement rendrait cela difficile, je savais que je n'étais pas prête pour une nouvelle dispute avec lui. Je portais de vieux vêtements usés et je n'étais pas maquillée, mais j'allais seulement manger dans une pizzeria avec un vieil ami (que je n'avais embrassé qu'une seule fois, et c'était une tout petit baiser). Je n'avais pas besoin d'être élégante.
Ma décision prise, j'enfilais mon sweat et ne me regardais même pas dans le miroir. Ce n'était que James, et avec James il n'y avait pas besoin de faire d'histoires.
Simon m'attendait quand j'ouvris la porte.
"Je pensais t'avoir dit de récupérer tes affaires dans ma chambre," lui dis-je. "Je sors, Simon, et tu ferais mieux de ne plus être là quand je reviendrai."
Je le repoussais pour le dépasser, couru à travers la maison et dévalais les escaliers. Simon suivit, mais James était appuyé contre le mur juste devant la porte et Simon arrêta sa poursuite à l'instant où il le remarqua.
"Prête ?" demanda James, ignorant Simon.
Je hochais la tête. "Par ici," dis-je.
Je le guidais à travers un dédale de rues jusqu'à la Pizzeria Ticino. Nous ne parlâmes pas beaucoup James essaya, mais je n'étais pas d'humeur, il se tut donc et se contenta de suivre mon rythme. Il ne me harcela pas de questions et ne mentionna même pas ma sortie précipitée de mon appartement ou le fait que je n'avais pas changé de tenue.
Je n'étais pas revenue depuis très longtemps mais, dix minutes après que nous ayons commandé, James et moi fûmes repérés. Cela n'aurait pas dû me surprendre, car la nourriture était bonne et pas chère. Cela en faisait un repaire très populaire pour les étudiants.
Mes amis Brad et Corrine arrivèrent peu de temps après que nous ayons reçus nos entrées. Je pouvais les voir nous observer avec surprise. Ils ne m'avaient pas vu là depuis pas mal de temps, parce que la petite pizzeria familiale était un peu trop bas de gamme pour Simon. Il préférait des endroits plus exclusifs, ou bien l'une des grandes chaînes où le menu ne changeait jamais.
Ils avaient vu que je n'étais pas avec Simon et je pouvais voir la curiosité sur leurs visages. Comprenant que j'aurais à faire face aux rumeurs éventuellement, je fis signe à mes amis d'approcher et leur présentais James. Comme c'était le milieu de la semaine, l'endroit n'était pas très rempli. À nous deux, Brad et moi parvinrent à persuader le serveur de déplacer une table pour que nous puissions nous asseoir tous ensemble.
Durant ma première année, comme presque tous les nouveaux étudiants, j'avais été placée dans un logement étudiant partagé à Endcliff Village. Brad (dont le nom était en réalité David Pitt), Corrine, Vicki, Phil le médecin, garçon-Alex, fille-Alex et George le végétarien fou avaient été mes colocataires aléatoirement sélectionnés. Malgré le hasard de notre rencontre, à l'exception de garçon-Alex (qui avait laissé tombé après sa première année), nous étions tous devenus – et restés – amis. Je leur présentais James, expliquais qui il était, puis racontais à Brad et Corrine ce qui s'était passé quand j'avais surpris Simon. Je fus surprise de découvrir que, grâce à une flopée de messages et à la page Facebook de Simon, ils en savaient déjà beaucoup. Simon avait essayé de présenter les événements sous un jour positif, mais comme Corrine le souligna acerbement, il est difficile de dire 'ma copine est entrée pendant que je baisais une autre fille' et d'en sortir avec le beau rôle. À la place apparemment, au cours des dernières minutes, il avait entamé une tentative pour me salir. Je fus surprise de découvrir à quel point j'étais une horrible salope.
À mon grand étonnement, je me découvris capable de parler de l'incident assez facilement. Malgré le fait que je n'en ai eu que d'infimes aperçus, je ne pus m'empêcher d'être mesquine sur l'apparence de la fille. Le temps que la soirée se termine – alors que Brad, Corrine et moi finissions le pichet d'un litre du rouge de la maison (James s'était cantonné à du jus d'orange) – elle s'était changée en affreuse mégère et était devenue la cible de nombreuses plaisanteries.
Brad et Corrine étaient toujours de bonne compagnie. Ils s'étaient mis ensemble au cours des premiers jours de notre rencontre. Nous avions été huit jeunes nouveaux étudiants, tous loin de la maison pour la première fois et nous avions été forcés à cohabiter. De toutes les relations de première année, eux seuls étaient toujours un couple deux ans plus tard.
Pendant que nous mangions et buvions, Brad – ce diabolique enfoiré – insista pour sortir son téléphone pour montrer à James certaines photos de notre première année. Il proposa même d'envoyer une copie de l'une des photos sur le téléphone de James. James fixa la photo, sourit et dit à Brad qu'il attendrait que je propose de la lui envoyer.
Nous avions été à une soirée sur le thème 'James Bond' sur le campus. J'avais perdu un pari avec Alex et, en conséquence, j'étais Honey Ryder. Les mecs portaient tous des smokings, Brad en avait loué un avec une veste blanche et il avait presque réussi à atteindre un style 'début Daniel Craig'. Ses cheveux avaient beaucoup aidé. Les autres filles étaient en robes de soirée, Corrine étant particulièrement splendide avec une robe fendue jusqu'à la cuisse. Cependant, à cause du pari, j'étais en bikini blanc avec une large ceinture de cuir et un pathétique couteau en plastique. Ce n'était que deux semaines après que nous huit nous soyons rencontrés pour la première fois. Ce fut aussi la soirée où Brad et Corrine se mirent ensemble, et ce fut la soirée où je fus jalousement protégée par George, béni soit-il.
À la fin du repas, James en savait bien plus sur mes exploits d'université que j'aurais aimé, il en savait certainement plus que Maman et Papa. Quand nous terminâmes, Brad et Corrine proposèrent que nous les suivions au pub je considérais l'offre mais, quand James déclina poliment la proposition, je décidais que je ne devais pas boire plus. À la place, je laissais James marcher avec moi une fois de plus jusqu'à mon appartement. En chemin, j'envoyais un texto à Vicki : Simon toujours là ?
Elle répondit immédiatement. Parti depuis longtemps. Où es-tu. Ça va ?
Très bien. En chemin. répondis-je.
Il n'était qu'à peine neuf heures du soir, mais j'étouffais un bâillement quand James s'arrêta devant ma porte pour la seconde fois ce jour-là. J'étais repue de pizza capricciosa et je me sentais un peu étourdie. Pendant que nous avions traversé les rues, James avait fait l'éloge de sa calzone et de mon choix de restaurant.
"Merci," dis-je en me tenant devant ma porte d'entrée. Je m'attendais à ce qu'il m'embrasse, mais il ne le fit pas.
"J'ai passé une excellente journée," me dit-il sincèrement. "Mais je ferais vraiment mieux d'y aller. J'étais censé retrouver Rosie il y a huit heures," me dit-il. "Et huit heures est un record de retard, même pour moi. Je devrais vraiment passer la voir avant qu'il ne soit trop tard, même si ce n'est que pour m'excuser."
J'essayais de paraître emplie de remords, mais n'y parvins pas.
"Tu aurais dû m'abandonner à mon triste sort à la place," dis-je.
James secoua fermement la tête. "Je peux voir Rosie n'importe quand, mais je ne t'ai pas vu depuis des années. Merci pour cette excellente journée. C'était l'une des meilleures pizza que j'aie jamais mangée. Et puis Brad et Corrine ont l'air d'être un couple sympa." Il se pencha en avant et effleure doucement ma joue du bout des doigts. "J'ai…" Il hésita et me regarda droit dans les yeux, un regard inquiet dans ses yeux noisette. Ses paroles suivantes, nerveuses, s'échappèrent à une vitesse surprenante. "J'ai aimé reprendre contact avec toi et, comme je l'ai dit, j'ai vraiment passé une très bonne journée. Est-ce que je pourrais te revoir demain ?"
J'étais sur le point de dire oui, mais une soudaine sensation d'être observée me fit lever les yeux. Je pouvais voir un rideau bouger à la fenêtre au-dessus de la porte d'entrée. Ma colocataire m'observait.
La vue du visage de Vicki me remit les pieds sur terre dans un soubresaut. J'avais passé une journée entière, ou du moins plus de dix heures, avec James Potter et ça avait été merveilleux. Malgré tout, je me rappelais fermement que j'étais toujours émotionnelle et très fatiguée. Mon côté raisonnable peina à faire entendre sa voix : tu as besoin de temps pour réfléchir, du temps pour faire le point, me rappela-t-il. Pour une fois, je l'écoutais.
"Pas demain," lui dis-je fermement. "J'ai beaucoup à faire."
Son visage se renfrogna en déception et je pris pitié de lui.
"Samedi," proposais-je. "Si ça te convient. J'ai juste besoin de temps pour faire le point sur certains trucs, d'accord ?"
"À quelle heure samedi, et où ?" demanda-t-il.
Je haussais les épaules. Je n'avais pas réfléchi à quand j'avais simplement voulu dire oui. "L'après midi," suggérais-je, repoussant l'idée de le retrouver le matin dans un coin de ma tête et continuant d'essayer de la jouer cool, de sembler posée et distante.
"Midi cinq. C'est après midi," dit-il prestement, trahissant un enthousiasme auquel je ne m'attendais pas mais qui me fit chaud au cœur.
J'essayais de masquer mon allégresse. "D'accord," lui dis-je.
"Je… euh… J'ai une moto," dit-il prudemment. "On pourrait aller faire un tour, si…"
"Seulement si tu as un casque supplémentaire," lui dis-je, alors que mon cœur manquait un battement. "Le mien est à la maison."
"Tu as ton propre casque ?" demanda-t-il, essayant de sourire plus grand que le chat d'Alice au Pays des merveilles. "Waouh ! C'est génial. Tu sais… tu sais piloter une moto ?"
"J'ai passé mon permis," dis-je. "Mais je ne possède même pas un scooter."
"Parfait, ouais, euh, super, excellent. Samedi, après midi, je n'oublierai pas," promit-il, trépignant avec excitation d'un pied sur l'autre. "Je viendrais directement ici, d'accord ?"
"Ouais, ce sera super. Est-ce que tu veux mon numéro de portable ?" demandais-je. Tout en parlant, mon esprit revint au seul appel qu'il avait passé ce jour-là. "Ça me fait penser, quel genre de téléphone tu as ? Il a l'air bizarre, plus comme un miroir encadré de bois qu'un smartphone. Tu pourrais aussi me donner ton numéro, juste au cas où quelque chose advenait."
Pour une raison inconnue, ma demande l'inquiéta. "Samedi," dit-il évasivement. "Je te donnerais mon numéro samedi."
J'étais sur le point de protester, mais il m'attrapa les poignets et me tira contre lui pour un baiser si passionné qu'il dissipa toutes mes inquiétudes. Toute pensée insidieuse concernant sa réticence à me donner son numéro ou au tourbillon qu'avait été cette journée s'évanouirent de mon cerveau. Il était bien trop occupé à traiter la sensation d'être dans ses bras.
Quand il me relâcha enfin, nous étions tous les deux à bout de souffle. Le baiser avait presque fait taire mon côté raisonnable et j'étais très tentée de l'inviter dans l'appartement. Une petite, mais rapidement croissante, partie de mon esprit voulait lui demander de passer la nuit. Ce fut probablement heureux que, avant que je ne puisse reprendre suffisamment mon souffle pour parler, il se retourne et s'éloigne dans la rue. Il me fit un signe joyeux et lança : "À samedi, Annabel-Anna-Annie."
Je parvins à peine à hoqueter :"Salut James," avant qu'il ne descende rapidement la rue, tourne dans la rue principale et disparaisse hors de vue.
En regardant l'angle où il avait disparu, mon esprit commença à surchauffer. En l'espace d'à peine plus de vingt-quatre heures, mon monde avait basculé. En fixant le bas de la rue, je réalisais que je ne savais presque rien de James. Il savait où je vivais et ce que je faisais à l'université. Que savais-je ? Je pourrais probablement retrouver sa cousine Rosie, mais en dehors de ça, je n'avais ni adresse, ni numéro de téléphone, rien. S'il ne venait pas samedi, je pourrais ne jamais le revoir.
Cette pensée m'alarma bien plus qu'elle n'aurait dû.
Je regardais toujours anxieusement dans sa direction, me demandant si je devais lui courir après quand ma porte d'entrée s'ouvrit, et Vicki m'observait.
"Qui était-ce ?" demanda-t-elle.
"C'était James Sirius Potter," lui dis-je.
"Sirius ?" s'enquit-elle. "Quel genre de personne s'appelle Sirius ?"
"Son frère s'appelle Albus," dis-je. "Albus S… s… quelque-chose, je ne crois pas que j'ai jamais su ce que le S signifiait. Et leur sœur s'appelle Lily-Luna le Luna vient du fait qu'elle est nommée en honneur d'une lunatique – Luna-tique, tu l'as ? Est-ce que ça va, Vicki ? Tu as l'air inquiète."
"Simon est revenu, il y a environ une heure, pendant que toi et… James… étiez chez Ticino," me dit-elle. Ma colocataire était incapable de me regarder dans les yeux, elle fixait donc mes genoux en parlant. "Il est reparti, mais il est arrivé avec un gros sac poubelle noir. Il a dit… Il a dit qu'il avait toutes tes affaires dedans et qu'il n'y avait pas besoin que tu passes chez lui pour récupérer quoi que ce soit."
Je haussais les épaules. J'avais laissé quelques vêtements et certaines de mes notes de cours chez Simon s'il me les avait rapportés, alors je n'aurais pas besoin de le revoir avant que nos cours de troisième année ne débutent dans quatre semaines.
"Qu'est-ce qu'il a dit ?" demandais-je.
"Il t'a appelé… Il t'a traité de noms très insultants et il n'était pas non plus très poli envers James."
"De quoi, exactement, est-ce qu'il nous a traité, James et moi ?" demandais-je.
La tête de Vicki s'abaissa encore plus et sa voix devint un chuchotement. "Il a dit que James était un Don Juan obséquieux qui…" elle baissa la voix. "… qui essaye de finir entre tes cuisses."
"Je l'aurais probablement laissé y venir, s'il avait essayé," dis-je, surprenant à la fois Vicki et moi-même avec cette confession. "Et sur moi ?"
"Il, euh, il t'a traité de salope infidèle," dit-elle à mes pieds.
Je ris, alarmant Vicki, et me surpris moi-même. Mon rire lui fit lever la tête et je vis l'anxiété sur son visage. Elle pensait que j'allais redevenir hystérique, mais je n'étais étrangement perturbée en rien par ce qu'elle m'avait dit.
"Cette remarque montre simplement à quel point c'est un enfoiré hypocrite," dis-je. "Putain de merde, Vicki, il y a vingt-quatre heures j'ai surpris Simon le serpent – l'homme avec qui j'étais depuis plus d'un an – en train de baiser une autre fille. Ce matin, j'ai rencontré un garçon que je n'avais pas revu depuis que j'avais onze ans et il a été assez gentil pour me laisser me passer les nerfs sur lui. Et il m'a écouté râler et jurer et me plaindre de mon connard d'hypocrite d'ex-petit-copain. D'accord, j'ai donné à James un baiser ou deux, mais je n'ai rien fait de plus que ça. Mais même si je l'avais fait, Simon l'a fait le premier." Je m'arrêtais, parce que je réalisais que mes protestations n'étaient pas nécessaires et commençaient à ressembler à de l'auto-justification.
Vicky m'observait attentivement et un peu de suspicieusement. "Tu as l'air bien plus heureuse et plus détendue que tu ne l'étais quand tu es partie ce matin," me dit-elle. "J'en suis heureuse, Anna, parce que j'étais inquiète pour toi. Si tu n'avais pas… je veux dire, que diable toi et ce James Potter avez bien pu faire ?"
"Parlé, et écouté," dis-je. Je souris quand Vicki continua de paraître sceptique. "Je n'ai pas passé la journée dans une chambre d'hôtel avec lui, si c'est ce que Simon a insinué," soupirais-je, baillant et m'étirant. "J'ai pas la moindre putain d'idée de ce qu'il dira aux gens, mais pour le moment je m'en fout. Je pense que j'ai besoin d'une tasse de thé."
"Est-ce que je peux lancer la bouilloire ?" demanda Vicki. "Je suis quand même capable de la remplir d'eau froide. Ou est-ce que tu préfères que je te laisse même cette tâche ?"
"Tu peux lancer la bouilloire pendant que je file aux toilettes, Vicki," dis-je. "Mais je préparerai le thé. Le moment est bon pour un Pekoe Orange de Ceylan, je pense. Est-ce que ça te dit de te joindre à moi ?"
"Oui, s'il te plaît," dit-elle. "Est-ce que tu veux parler ?"
"Je pense que oui," lui dis-je en la suivant à l'étage dans notre appartement. "Je devrais vraiment raconter à quelqu'un ma version des événements." Nous traversâmes le salon rempli de fleurs jusqu'à la cuisine. Je la laissais ouvrir le robinet pendant que je me dirigeais vers la salle de bain.
Le temps que j'aie terminé mes ablutions, la bouilloire approchait de sa seconde ébullition.
"J'ai rincé la théière une fois déjà et elle est pleine d'eau bouillante," dit nerveusement Vicki. Elle savait à quel point j'étais pointilleuse sur mon thé. Elle sortit la bonne boîte à thé et plaça également deux tasses en porcelaine sur le plateau.
"Merci Vicki," dis-je. "Parfait, en fait."
Alors que je vidais la théière, ouvrais difficilement la boîte à thé et mesurais soigneusement les feuilles aromatiques, j'offris à Vicki un sourire fatigué, mais reconnaissant. Je venais juste de mettre une dose de feuilles dans la théière quand la bouilloire siffla. Versant l'eau sur les feuilles, j'inhalais les arômes et plaçais le couvercle sur le pot. Quand je soulevais le plateau, Vicki me précéda et ouvrit la porte du salon. La pièce n'était pas grande et elle était encore plus réduite par le fait que chaque surface plane était couverte de fleurs.
"Ça semblait être dommage de les laisser se perdre," me dit Vicki. "Mais je les jetterai si tu veux."
Je secouais la tête. Ma colocataire avait visiblement été très occupée avec l'énorme bouquet que Simon m'avait envoyé ce matin-là.
"Pas besoin. Les fleurs montrent simplement à quel point c'est un connard obséquieux," dis-je. "Qu'est-ce qu'il croyait qu'il allait se passer ?" Je baissais la voix et essayais d'imiter l'accent du sud de Simon. "Ma copine est revenue un jour plus tôt et elle m'a chopé en flagrant délit. Je sais ce que je vais faire : je vais lui envoyer des fleurs et tout sera de nouveau comme avant." Je repris ma voix normale. "C'est un branleur fini. Mais ce sont de belles fleurs et j'aime bien les nouveaux vases. Beau travail, Vicki."
Nous ne possédions que deux vases, et le nombre impressionnant de fleurs que Simon m'avait envoyé était suffisant pour – je comptais les vases improvisés – neuf. Il semblait que Vicki avait utilisé tous les récipients qu'elle avait pu trouver. Il y avait un mug à café rouge dont l'anse s'était brisée quelques jours avant que je reparte à la maison, un pot de café soluble et divers bocaux de sauces préparées qui avaient dû être sauvées de notre poubelle de recyclage.
"Merci Anna," dit Vicki en souriant. "Je n'étais pas certaine si tu voulais que je les garde ou que je les jette. Quand tu es partie en trombe ce matin…"
"Ce matin j'étais toujours en pétard contre Simon et j'ai à peine dormi la nuit dernière," dis-je. Je baillais de nouveau ma nuit blanche et une longue journée me tombait finalement dessus. "Maintenant, je me fous bien de ce connard. Mais je vais garder ses fleurs."
"Tu ne devrais vraiment pas jurer autant, Anna," me dit Vicki.
"Tu as probablement raison," admis-je, prenant une gorgée du thé absolument bouillant. "James n'aime pas vraiment ça non plus."
"Qui est-il ?" demanda Vicki. "Tu as dit que tu ne l'avais pas revu depuis que tu avais onze ans. Quand est-ce que tu l'as rencontré, et comment tu l'as reconnu ?"
"Le reconnaître était facile, il a quelques années de plus que moi, il devait avoir treize ou quatorze ans la dernière fois que je l'ai vu," dis-je. "Il n'a pas beaucoup changé, pas vraiment. Il ressemble vraiment à ce dont il avait l'air la dernière fois que je l'ai vu : beau garçon, l'esprit vif, pas tout à fait roux, avec de beaux yeux et un sens exacerbé de sa propre importance."
"Oh," dit Vicki. C'est pas vraiment bon, Anna. À part pour les cheveux roux, c'est la façon dont tu as décrit…"
"Simon ! Merde, c'est vrai, hein ?" dis-je, agacé contre moi-même de n'avoir pas réalisé. "J'allais te dire qu'il n'est en rien comme Simon. Mais j'ai tort. Merde, chié, bordel et saloperie."
Je regardais mon amie, mal à l'aise, soudainement incertaine de ce que je faisais. James était soudainement réapparu dans ma vie et il avait occupé ma journée entière. Il m'avait remonté le moral quand j'étais mal. Mais alors que je me souvenais de nouveau de l'horrible tour qu'il m'avait joué à mon onzième anniversaire, mon anxiété monta. Ça avait été un garçon tellement agaçant.
"C'est raté pour moins jurer," dit Vicki, me réprimandant gentiment. "Est-ce que tu veux parler de James, d'aujourd'hui ? Quand est-ce que tu l'as rencontré pour la première fois ?"
"Quand ? Il y a vraiment très longtemps, tellement longtemps que je ne m'en souviens pas vraiment," admis-je. "Ce qui n'a rien de surprenant, j'avais probablement seulement deux ou trois ans quand je l'ai rencontré pour la première fois. On a grandi ensemble." Je souris aux souvenirs.
"Tu n'as pas besoin de m'en parler," dit Vicki avec une insincérité flagrante. Il était évident qu'elle mourait d'envie d'en savoir plus.
"Il était une fois," commençais-je d'une voix chantante, "dans le tout petit village d'Alwinton, dans le haut de la vallée de la Coquet, tout au nord de l'Angleterre, vivait une petite fille nommée Annabel May Charlton. Tout le monde l'appelait Annie et elle avait un frère nommé Henry Michael, que tout le monde appelait Hen."
"J'ai rencontré ton grand frère, souviens-toi," dit Vicki. "Il est passé te chercher à C7 pendant notre première année. À Noël."
"Ah, oui," dis-je, reprenant ma voix normale. "J'avais oublié, désolée." Je souris à mon amie et poursuivis.
"Henry est rentré à la maternelle en septembre juste avant son cinquième anniversaire. C'était une petite école rurale et il n'y avait qu'un seul autre nouveau venu, un autre petit garçon. Cet autre garçon s'appelait James Potter. Henry et James ont accroché tout de suite, du moins c'est ce que Maman et Papa m'ont toujours dit. Et Maman et Papa sont devenus amis avec les Potter. Maman et Ginny – c'est Mme Potter – étaient très proches, et Maman et moi étions des visiteuses régulières de Drakeshaugh – c'est la maison où vivaient les Potter.
James avait – a – un frère et une sœur. Al était dans la classe au-dessus de moi à l'école et Lily était dans la classe en dessous. Lintzgarth – la maison de mes parents – est super, mais la maison des Potter était mieux. Elle était grande et étrange et elle se dressait au milieu d'environ huit hectares de forêt. C'était un endroit formidable pour des enfants et nous étions une bande." Je fermais les yeux et me perdais dans les souvenirs.
"Nous avons passé de très bons moments. Nous jouions dans le bois de Drakeshaugh et pataugions dans le Burn de Drakeshaugh. Nous… ça paraît idiot, je sais, mais c'était une enfance idyllique," dis-je nostalgiquement. "Nous étions des pirates, nous étions des explorateurs, nous étions des sorcières et des sorciers, nous combattions des dragons nous avons fait toutes sortes de choses dans la maison et les bois. Et nous allions nager presque tous les samedis et avons même fait des compétitions quand nous étions plus grands. Henry et James nous faisaient toujours, moi, Al et Lily, avoir des problèmes.
Les cousins des Potter étaient aussi souvent là. Il y avait des tas de cousins, mais Rosie et Hugo étaient ceux qui venaient les voir le plus souvent. Ils étaient toujours là pendant les vacances et ils étaient aussi dans la bande."
Je marquais un temps.
"Tu sais que j'étais un peu méfiante envers toi quand nous nous sommes rencontré la première fois à l'appartement d'Endcliffe ? C'est parce que tu t'es présentée comme Vicki et que la seule Vicki que j'aie jamais rencontré était une des cousines Potter. C'était Victoire, en fait – elle avait une mère française– et elle était toujours 'So Chic'. Même à onze ans, je ne l'aimais pas." Je souris d'un air d'excuse à Vicki, fermais les yeux et une fois de plus me perdis dans mes souvenirs. "Durant l'été nous escaladions les arbres et construisions des barrages, l'hiver nous faisons de la luge et des bonhommes de neige, et nous avons vécu des moments formidables. Une fois, j'ai même rencontré le père Noël."
"Quoi ?" demanda Vicki.
Je peinais à rouvrir les yeux. "Je te jure, Vicki. C'est arrivé quand j'avais quatre ou cinq ans. J'étais dans le salon des Potter et cet homme est apparu dans la cheminée et est sorti du feu. Je peux encore m'en souvenir clairement. Évidemment, j'étais certaine que c'était le papa Noël. Je n'ai aucune idée de ce que j'ai vraiment vu. Mon frère me dit que j'ai inventé toute cette histoire, mais ce n'est pas le cas. L'homme que j'ai vu était clairement réel, parce que je l'ai revu plusieurs autres fois au cours des années. Il était gigantesque je pense qu'il s'appelait Hagard, ou quelque chose comme ça. Drakeshaugh était ce genre d'endroit, il semblait presque magique. Nous avions nos repaires secrets et nos balançoires et…"
Vicki était intéressée, mais je réalisais que je pourrais raconter des histoires de mon enfance pendant des heures et mes clignements d'yeux devenaient de plus en plus longs. Je m'arrêtais, bus encore un peu de thé et réfléchis à ce que j'essayais de lui dire.
"Et nous avons grandi," dis-je tristement, étouffant un autre bâillement. "Je suppose que j'ai toujours su que les Potter avaient plus d'argent que nous. Maman et Papa ne sont pas pauvres, mais nous n'avons certainement pas une seconde propriété à Londres, et mes parents ne pourraient certainement pas se permettre de payer pour nous envoyer dans un collège privé. Mais quand James a eu onze ans – en fait, il en avait presque douze – il n'est pas allé au Collège après les vacances d'été. À la place, ses parents l'ont envoyé dans une école huppée. C'était quelque part en Écosse. L'année d'après, le frère de James, Al, est parti lui aussi. Il ne restait que Lily, et mon frère s'était fait de nouveaux amis.
Les Potter revenaient toujours pendant les vacances d'été, mais ce n'était plus pareil et, quand James m'a fait une farce vraiment cruelle à mon onzième anniversaire, ce fut terminé. Je revoyais toujours Lily à l'école et j'étais toujours à peu près amie avec elle, mais seulement à peu près, parce que je savais qu'elle partirait aussi dans cette école. Nous nous sommes donc doucement éloignées."
"Pourquoi est-ce qu'il était ici ?" demanda Vicki. "Qu'est-ce qu'il fait à Sheffield ?"
"Sa cousine est ici, elle est à l'Université." Je baillais de nouveau. "Tu pourrais même la connaître, Vicki. C'est une geek des nombres comme toi. Elle vient juste d'arriver. Elle commence un Doctorat en maths."
"Donc elle a probablement dû arriver à Ranmoor le week-end dernier. Comment elle s'appelle ?" demanda Vicki.
"Rosie quelque chose…" Je baillais de nouveau. "C'était un nom étrange, comme celui d'un acteur… Wally… Wesley, non, Weasley, c'est ça, Rosie Weasley."
Pendant que nous discutions, Vicki avait commencé à tapoter et à faire glisser son doigt d'une page à l'autre sur sa tablette. Il y avait une étincelle dans ses yeux.
"C'est elle, c'est ça ?" demanda Vicki. Elle tourna sa tablette et me présenta une photo. Il y avait deux personnes au premier plan. L'un était un homme maigre d'âge moyen qui portait ce qui avait dû un jour être un costume onéreux il était démodé, froissé et de deux tailles trop grand pour lui. Il serrait la main d'une grande fille dégingandée avec un long nez droit et des cheveux roux coupés courts. En arrière-plan, quatre étudiants regardaient.
"C'est elle," dis-je, clignant des yeux et me frottant les yeux en scrutant la photo. "À moins que ce type ne soit vraiment petit, Rosie est plus grande que moi et je ne suis pas naine." Je repensais aux différentes fêtes auxquelles j'avais participé enfant. "Son père était grand et mince et il avait les cheveux de la même couleur. Elle a aussi son nez. Comment tu l'as su ? Où est-ce que tu as trouvé la photo ?"
"C'est sur la page web de S.I.N.U.S.", dit Vicki. Il fallut à mon esprit somnolent quelques minutes pour me souvenir que S.I.N.U.S. signifiait Société d'Investigation Numérale de l'Université de Sheffield. "C'est la dernière arrivée dans le Groupe des Cordes Quantiques du Professeur Van Seidel," dit Vicki. Elle semblait très impressionnée. "Tout le monde les appelle 'Les Impossibles' ils font partie des plus brillants mathématiciens du pays. Ils travaillent avec des Physiciens Théoriques sur quelque chose qui a à voir avec les théories des cordes, l'imaginaire, l'irréel et les nombres impossibles. C'est largement au-delà des capacités de mon cerveau statistique c'est de la théorie des maths de pointe, à propos de…"
Le soleil d'été était à son zénith et il nous écrasait d'une intensité presque tropicale. Les oiseaux gazouillaient dans les arbres alors que nous nous précipitions hors de Drakeshaugh. Nous étions tous en shorts et en t-shirts et une seule chose se dressait entre nous et le bois. C'était grand et noir et brillant.
"S'que tu veux t'assoir dessus, Henry ?" demanda James. Mon frère secoua précautionneusement la tête. Al et Lily se regardaient nerveusement, se demandant s'ils oseraient.
"Je le fais," dis-je. Je me précipitais en direction de la moto, mis le pied sur le repose-pied et lançais ma jambe par-dessus la selle. La moto du père de James était immense et, une fois à califourchon sur la selle, mes pieds pendaient simplement de part et d'autre du moteur. La moto était restée en plein soleil des heures durant et la selle noire était si chaude qu'elle me brûlait les jambes. J'ignorais mon inconfort. Je ne voulais pas que mes amis pensent que j'étais une trouillarde. Je me penchais en avant et, les bras tendus, j'agrippais le guidon. "Vroum, vroum," dis-je, tournant l'accélérateur.
"Elle peut aussi voler," frima James.
"Sois pas bête," lui dis-je. "Les motos ne peuvent pas voler."
"Celle-ci peut," dit James. "Elle est…"
"James Potter," cria la mère de James à travers la cour dans sa direction. "Combien de fois je te l'ai répété ? Si tu continues comme ça, on va devoir dire à Henry et Annie de ne plus venir ici."
"Désolé maman, pardon Annie," dit James. "Je suis juste un peu bête. Allons jouer dans les bois."
Tout le monde s'égaya et je peinais à descendre de la moto. Le temps que j'atteigne l'orée du bois, les autres avaient disparu et le sol était couvert de neige. Je portais des bottes à pois rouges et un duffle-coat rouge vif.
Quand j'arrivais dans la grande clairière où se trouvait la balançoire de corde, les autres faisaient un bonhomme de neige. À un certain moment, Rose aussi était arrivée. C'était un gigantesque bonhomme de neige et nous avions rapidement utilisé toute la neige de la clairière, mais James avait une idée.
Malgré les protestations d'Al et Rosie, il escalada un if et monta sur une branche. Une fois là, il commença à sauter dessus. Il était à près de dix mètres dans les airs et la neige tombait des rameaux, emportant la plus grande partie de la neige sur les branches plus basses avec elle et créant un énorme tas sur le sol. Malheureusement, cela entraîna également la neige de plus haut et cela le fit tomber de son perchoir précaire. En le voyant tomber, je hurlais. Mais il sembla ralentir et il flotta vers le sol à peine plus vite qu'un flocon de neige.
"Qu'est-ce qui c'est passé ?" demanda le géant en se précipitant dans la clairière. Son nom, me souvins-je, n'était pas Hagard, mais Hagrid. Il n'était pas aussi haut qu'un bus à impériale. Il n'était pas aussi large qu'un bus non plus, parce que cela serait impossible, n'est-ce pas ?
"James est tombé de l'arbre," dit Rosie.
"Mais je vais bien," dit James. "J'ai, euh, j'ai dû atterrir dans la neige profonde. C'était de la chance, hein ?"
"Tu vas bien, je crois," dit Hagrid, brossant la neige du dos de James d'une main plus large qu'une pelle à neige. "Temps de rentrer à l'intérieur, les enfants. Le repas est prêt, un vrai Festin d'Halloween. Suivez-moi."
Alors qu'il se retournait et qu'il dirigeait le groupe à travers le bois, je me hissais sur mes pieds et brossais les feuilles d'automne de mon duffle-coat noir. Hagrid tenait deux poteaux de bois, un dans chaque main. Pendues par un fil à la fin des poteaux se trouvaient les plus grosses citrouilles que j'aie jamais vues. Chacune avait un visage finement sculpté et elles luisaient orange. Il y avait une bougie impossiblement brillante à l'intérieur de chacune. Nous bavardâmes et rîmes en suivant des citrouilles dansantes à travers les arbres jusqu'à revenir à Drakeshaugh et au 'Somputeux festin', ainsi que l'appelaient James et Henry.
Les fêtes d'Halloween des Potter étaient toujours fantastiques, nourriture excellente et feux d'artifices incroyables garantis. Il me fut proposé du chocolat chaud ou du jus de citrouille, une chose que seuls les Potter buvaient. Je refusais les deux et demandais du thé à la place. Nous étions dans l'immense salon et je fixais les visages des citrouilles, qui pendaient maintenant du plafond. Des ombres chancelantes tressautaient sur les murs tandis que les citrouilles dansaient au rythme de la musique.
"Tu dois vraiment aller à cette école ?" demandais-je à Lily. "Comment elle s'appelle ?"
"Oui, je le dois, désolée. Salut Annie," dit tristement Lily. Elle se hissa sur le dos d'un immense cochon et s'assit derrière ses frères. "Je vais à l'école."
J'essayais d'attraper la queue du cochon, mais je la manquais et tombais par terre.
Je me réveillais en sursaut et la sensation que je tombais.
Complètement désorientée par un rêve constitué de souvenirs confus et à moitié oubliés de mon enfance, j'ouvris prudemment les yeux. La pièce était dans le noir et je ne voyais presque rien. Mon cou était raide et douloureux et mes bras et mes jambes aussi me faisaient mal. J'avais été nager, et marcher, me souvins-je. J'avais puni mon corps. J'avais, cependant, chaud j'avais très chaud. Vicki m'avait enveloppée dans une couverture. Je la repoussais par terre, titubais vers le couloir et cherchais l'interrupteur de la lumière.
Tout en cillant sous la lumière non familière, je regardais autour de la pièce et essayais de me souvenir ce qui s'était passé. L'horloge au mur m'indiqua qu'il était presque quatre heures du matin. Je m'étais endormie sur le canapé pendant que Vicki me parlait. Elle avait emporté les tasses et la théière. Je vérifiais la cuisine et découvris qu'elle avait rincé la théière et lavé les tasses.
Je baillais de nouveau. Je n'avais pratiquement pas dormi la nuit d'avant et j'étais toujours carrément épuisée. Attrapant ma couverture sur le sol, je me dirigeais dans le couloir vers ma chambre. Malgré le fait que j'étais à peine réveillée, je remarquais le morceau de papier sur le paillasson. Curieuse, je titubais vers le bas des escaliers et le pris, espérant qu'il ne vienne pas de Simon.
Ce n'était pas le cas il venait de James. Les yeux mi-clos, je le lus.
Annie, j'aurais dû te donner ça quand tu me l'as demandé. Désolé. Juste au cas où tu en aurais besoin ou que tu aies besoin de moi avant samedi, voilà mon numéro : 52637 768837. Je sais qu'il ne ressemble à aucun numéro que tu as vu, mais il est correct, crois-moi. Merci encore pour une super journée. À très bientôt.
James.
X.
"James, baiser," dis-je pour moi-même à moitié endormie en entrant dans ma chambre. Après avoir tiré mon débardeur et mon caleçon de sous mon oreiller, je poussais le billet au même endroit. Je me déshabillais, enfilais ma tenue de nuit et m'effondrais sur le lit, entraînant ma couverture avec moi.
Journée épique, Annie, pensais-je tout en me tournant dans une position plus confortable. Annie, le nom, comme James, faisait partie de mon passé. Je n'avais pas repensé à Annie depuis des années. J'avais été Anna depuis que j'étais entrée au lycée mais maintenant, à cause de James, j'étais à nouveau Annie.
