Fait partie de mon univers De meilleurs lendemains.

Ne peut pas se lire indépendamment de La valeur d'Opaline. Des références seront également faites à Malin Nilam et Laisser partir.

Chronologiquement, cette histoire se déroule entre Laisser partir et Mistinguette.


– C'est à mon tour ! geint Isaak en trépignant presque.

Il me fait rire quand il agit de la sorte. On ne dirait pas l'homme capable d'arrêter les plus grands sorciers et mages noirs du monde entier. Encore habillé de son uniforme d'Auror principalement constitué d'un lourd manteau noir que j'adore, il a pourtant davantage l'air d'un enfant insatisfait et capricieux qu'un redoutable justicier... On ne soupçonnerait même pas le brillant sorcier qu'il est en réalité et que je me réserve bien de complimenter, tant cela flatterait son ego. Je mordille ma lèvre.

– Opaline, tu m'écoutes ?

Les images de la veille me reviennent agréablement à l'esprit. Je lui ai volé ce manteau et il m'allait plutôt bien…

– Hum ?

Je sursaute, surprise dans ma rêverie.

– Je disais que c'était mon tour ! insiste Isaak.

Actuellement, le grand, l'illustre aîné de la famille Hartley ressemble tout simplement à un petit gamin tout nerveux, presque colérique.

– Mais Isaak… t'es un poissard ! je réponds sur le ton de l'évidence.

– N'importe quoi ! s'exclame-t-il. Et venant de toi franchement, c'est bas !

– Avec toi on va se retrouver en Papouasie, à errer dans une jungle pleine de snillusions, ou encore pire : en Antarctique, à se les geler ! T'as la poisse Hartley !

– T'adore les manchots. Et on pourra se réchauffer.

– Pingouins. Ce sont les pingouins qui vivent dans l'hémisphère nord, le corrigé-je. Je refuse de câliner un pauvre gars qui ne sait pas faire la différence !

– Pingouins, manchots, c'est pareil : ça glisse sur la glace et ça caquette.

– Les poules caquettent Isaak et les pingouins et les manchots ont...

– Oui, oui si tu veux, m'interrompt-il. Allez ! S'il-te-plaît ! implore-t-il en joignant ses deux mains en signe de prière.

Je m'esclaffe avant de lever les yeux au ciel et de céder face à son adorable moue. Il tourne le globe doré distraitement, admirant les continents, les océans agités par une belle magie, et les montagnes qui se dressent, donnant du relief à l'objet. Les nuages se dissipent par la force centrifuge. La brume disparaît de certains endroit dès qu'Isaak fait tourner l'objet et nous fermons les yeux pour garder la surprise jusqu'à la fin. Son doigt désigne une nouvelle destination.

Nous nous regardons. Je hausse les épaules. Il sourit.

– Alors ?

Il miniaturise le globe et je dépose un baiser sur ses lèvres.

– Partons à l'aventure !

Ma main glisse jusqu'à son menton puis je l'embrasse en souriant parce que je n'y résiste jamais trop longtemps. Je m'en vais faire ma valise. Dans la poche interne du bagage, bien caché, j'ai glissé un écrin avec une alliance à l'intérieur. Je ne sais pas combien de temps vont durer nos voyages. Isaak sera bientôt appelé pour une prochaine mission. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pu nous voir que certains weekend, et quelques jours, lors de ces congés. Nous avons emménagé ensemble dans mon appartement il y a six mois. Vivre avec lui, est une aventure quotidienne en soit… J'ai découvert un Isaak parfois fatigué et angoissé par son travail, j'ai dû apprendre à me résigner au fait que je ne pourrai pas toujours le consoler ou le rassurer, tout comme lui ne le peut parfois pas avec moi. J'ai dû comprendre que ma seule présence lui suffisait et que je n'avais qu'à attendre qu'il redevienne cette personne taquine et pleine d'esprit qu'il est toujours au fond de lui. Mais habiter avec lui, ce n'est jamais suffisant. Le voir le soir, un peu le matin quand je me montre brave et assez courageuse pour me lever en même temps que lui à des heures indécentes, entre deux bus qu'il prend seulement pour m'accompagner quand je vais en cours alors qu'il a le mal des transports… Ce n'est pas suffisant. Alors, nous avons décidé de partir en vacances, comme ça, à l'aveuglette, sans rien prévoir, juste lui et moi, sans personne d'autre. Isaak a demandé une permission de deux mois et maintenant que Nilam va mieux et batifole un peu avec Potter, je peux partir l'esprit tranquille et mener à bien ma mission.

Je sais déjà que cela passera vite. Nous avons soixante jours devant nous pour découvrir le monde et fuir un peu toute la cacophonie du monde des sorciers. J'ai deux mois. Deux mois pour trouver le courage de lui poser la question. Deux mois pour lui demander s'il veut m'épouser.