Chapitre 8 hôpital
Lorsque Carlos reprit conscience, il sut qu'il était à l'hôpital avant même d'ouvrir les yeux. L'air aseptisé, les bips réguliers, l'impression de flotter et les mains qui tenaient les siennes étaient de bons indices, et puis il y était, par le passé, resté si longtemps au chevet de TK qu'il les reconnaissait sans hésiter.
Il lui fallut un peu plus de temps pour réaliser qu'il y avait aussi une main qui passait dans ses cheveux avec tendresse. Avec précaution, il ouvrit les yeux et son regard tomba sur la plus belle vision qu'il pouvait voir à ce jour : le visage de TK qui lui sourit avec bonheur en le voyant éveillé. Il se demanda un moment s'il rêvait, mais l'expression de joie de sa mère qui partait appeler un médecin lui confirma que non, son fiancé était bien éveillé et à ses côtés.
Cependant ses parents et le jeune homme furent poussés dehors par les infirmiers et médecins qui vérifièrent son état et l'installèrent dans une position plus confortable avant de laisser à nouveau la place à sa famille. Carlos accepta volontiers un verre d'eau et demanda d'une voix cassée ce qu'il c'était passé, tout en serrant la main de TK dans la sienne. Sa question n'était pas très précise, elle ne traduisait pas tout ce qu'il voulait savoir, mais il avait encore du mal à bien formuler ses pensées.
"Quand TK s'est réveillé hier après-midi," débuta son père.
Carlos se sentit mal en apprenant qu'il n'avait pas été prévenu du réveil de son fiancé, mais il ne se posa par trop de questions, il avait encore du mal à se concentrer sur les mots et il était rassuré par la présence du jeune homme à ses côtés, à sa main dans la sienne et à ses doigts qui passaient dans ses cheveux. Il se concentra sur ce que son père lui disait plutôt que sur ses états d'âme.
"Il a pu être interrogé par Makula et Washington presque tout de suite et leur a donné le nom de son agresseur."
Carlos tourna son regard vers TK en comprenant que ce dernier connaissait l'homme qui l'avait attaqué chez eux.
"Il s'appelait Adam, je l'ai fréquenté à New York pendant la période où je prenais le plus de drogue. Après ma cure de désintox, j'ai vu à quel point il n'était pas bon pour moi et je lui ai dit que je ne voulais plus le revoir. Il a protesté, mais je ne l'ai jamais revu après ça jusqu'au jour où…"
Carlos réalisa qu'il ignorait toujours beaucoup de choses sur son fiancé et surtout sur la période où il était un drogué. Il comprenait que le secouriste ne souhaitait pas en parler ou se replonger dans les souvenirs de cette période, mais il se dit tout de même que ce serait bien qu'il en sache plus.
"Makula a découvert qu'il avait été emprisonné pour trafic de drogue, il est sorti il y a trois mois et a vite retrouvé TK. Une semaine après sa sortie, il était à Austin, ajouta Gabriel.
- Il est passé dans ma chambre, après le départ des inspecteurs, habillé en infirmier. J'ai cru qu'il allait me tuer, mais j'ai crié et il s'est enfui.
- Il t'a ensuite attaqué ce soir, je t'ai entendu m'appeler, puis le bazar venant de ta chambre. Le temps de prendre mon arme, tu étais déjà dans les vapes.
- Il est…? essaya de demander le policier.
- Mort. C'était lui ou toi."
Carlos remercia son père avant de fermer les yeux, ça faisait beaucoup d'informations à intégrer, mais une question se forma dans son esprit et il eut besoin de connaître la réponse.
"Combien de temps je suis…?
- Trois heures, la dose qu'il t'a donné n'était pas très forte et je suis arrivé avant qu'il ne t'amoche trop."
Carlos acquiesça et regarda sa mère, il voyait sur son visage qu'elle s'était fait un sang d'encre. Il se saisit de sa main et la serra dans un geste de réconfort avant de demander ce qu'il avait.
"Tu as trois côtes cassées et de nombreux hématomes, mais rien d'autre, ton père ne lui a pas laissé le temps de te faire plus de mal. Quand je pense qu'il est entré chez nous sans qu'on le remarque…
- Mama, estoy bien ahora, estamos bien.
- Oh mi hijo, te quiero tanto.
- Te quiero tambien.
- Viens Andrea, laissons-les seuls un petit peu, ils en ont besoin."
Carlos fut soulagé que son père le lui propose, il n'avait qu'une envie, celle de se retrouver seul avec TK. Gabriel lui serra l'épaule avec un regard appuyé et Carlos comprit, il comprit que son père avait eu peur pour lui et qu'il l'aimait. Le jeune homme lui sourit en retour et le regarda prendre sa mère par la taille pour l'accompagner à l'extérieur de la chambre.
TK se laissa aller contre lui dès qu'ils furent seuls, il cala sa tête dans le cou bronzé et, tout en faisant attention à ne pas toucher aux côtés cassées, posa son bras sur le torse de Carlos. Ce dernier mit sa main celle de son fiancé et caressa sa peau, il pencha légèrement sa tête pour la reposer sur celle de TK et souffla de bien être. Il avait beau être hospitalisé, avoir été attaqué chez ses parents et n'être pas certain de sa situation professionnelle, il était le plus heureux des hommes en ayant son amour réveillé et assis contre lui.
"Pardon." souffla le Latino au bout d'un moment à se reconnecter.
TK se releva assez pour le regarder dans les yeux et s'y perdit un long moment, perplexe devant ces excuses.
"Rien n'est de ta faute, il aurait attendu le temps qu'il fallait pour mettre son plan à exécution… et tu as beau être super musclé, super protecteur et un super policier, tu n'es pas super puissant pour autant. Tu es un homme bon, prévenant, attentionné et surtout tu es mon homme. Je t'aime Carlos et je suis désolé que mon père ait douté de toi, mais sache que quoi qu'il ait pu pensé, je serai toujours là pour toi et avec toi."
Carlos se noya un moment dans le regard débordant d'amour de TK, touché par sa déclaration et par les émotions qu'il lisait. Il réalisa qu'en plus d'avoir eu peur que son fiancé ne se réveille jamais, d'être envoyé en prison pour quelque chose qu'il n'avait pas fait, il avait surtout été terrifié par l'idée que TK se réveille et le repousse. Un immense soulagement l'envahit et il put répondre par trois petits mots à celui qu'il aimait de tout son cœur et avec qui il voulait finir sa vie.
