Bonne lecture !
Chapitre 3
Willoughby n'est pas, contrairement à ce qu'il pense, le plus beau garçon de Poudlard. Je dois dire que je trouve particulièrement agaçant la façon qu'il a d'être condescendant avec Marianne, comme si c'était lui qui lui faisait l'honneur d'être son petit ami. Je ne vais pas vous mentir, j'ai conscience qu'il est probablement l'un des garçons sur qui le plus de filles fantasment à Poudlard mais je trouve personnellement qu'il ne mérite pas Marianne. J'ai souvent la désagréable impression qu'il adresse des regards très suffisants à mon amie, comme s'il se moquait un peu d'elle et de son ingénu amour pour lui. Je sais bien qu'aux yeux de tout le monde ils forment un couple adorable, amoureux et glamour. Pour ma part, je ne doute pas des sentiments de Marianne, elle a certes de nombreux défauts mais elle est résolument honnête et sincère. Willoughby en revanche me laisse souvent dubitative, comme si c'était légèrement forcé. Marianne aurait pu avoir mieux, vraiment mieux qu'un Willoughby. C'est pour ça que je suis toujours déçue devant ce gâchis : Chris est sincèrement amoureux d'elle et il est quelqu'un de beaucoup plus adorable et gentil que Willoughby. Il la traiterait mille fois mieux. Mais évidemment elle en aime un autre.
Alors oui, sûrement qu'il n'est pas un canon à proprement parler. Il n'est pas une montagne de muscle et n'a pas les traits d'une statue grecque. Je le trouve pourtant vraiment très mignon, il a de très beaux yeux mordorés. Une chevelure d'un beau châtain clair. Et bien qu'il ne soit pas particulièrement porté sur le sport, je sais qu'il s'entretient assez pour ne pas avoir à rougir devant un Willoughby attrapeur de Serpentard. Je suis certaine que Christopher pourrait très bien avoir une fille jolie et loyale, désespérément amoureuse de lui. Mais évidemment il aime Marianne. J'ai l'impression qu'on aime toujours ceux qu'il ne faudrait pas. Un garçon qui ne vous traite pas à votre juste valeur, une fille qui ne vous aime pas en retour.
Ou alors un garçon qui ne vous a jamais adressé la parole en dehors des cours. Et qui n'a même pas daigné répondre à votre déclaration d'amour sincère et désintéressé. Je sais bien que je m'étais promis de ne m'attendre à rien mais je ne peux pas m'empêcher d'être déçue, déçue et frustrée. Et d'avoir cet horrible pincement au cœur. Parce qu'au moins, il aurait pu avoir le courage de me dire non. Il est à Gryffondor, quand même.
« C'est vraiment pas juste ! s'écrie Cath pour la énième fois.
- Slughorn n'a jamais prétendu être très juste, la console Chris, tu sais bien qu'il pense qu'à se faire bien voir de nos parents.-
- Et puis tu ne manqueras pas grand-chose, prometté-je, c'est très ennuyeux ces soirées privées tu sais…
- Vous allez rencontrer Nino Caravalo ! soupire-t-elle, un vrai loup garou !
- Nino Caravalo, le secrétaire du ministre de la magie ? froncé-je les sourcils étonnée avant de tourner mon regard incrédule vers Chris.
- Ça a jamais été prouvé… précise-t-il. Et puis je ne crois pas que Slug l'ai invité !
- Il est venu l'année dernière, je suis sûre qu'il va revenir ! se désole-t-elle. »
Je ris. Parce que c'est bien notre Cath ça, toujours à vouloir rencontrer les personnes les moins recommandables. Quoi que je ne doute pas qu'il soit un homme tout à fait respectable en tant que secrétaire privé de Nelson Monfar… mais un lycanthe n'est pas vraiment la personne avec qui j'aimerais passer une soirée en tête à tête à la pleine lune. Cath si.
« De toutes les façons il m'aime pas Slugh ! marmonne-t-elle, c'est parce que j'aime bien improviser, il laisse pas libre court à l'imagination !
- Avec une potion potentiellement mortelle… étonnant, sourit Chris.
- Je pourrai découvrir la première potion qui permettrait de devenir un centaure !
- T'as envie de devenir un centaure ?
- Non, si vraiment j'avais le choix Fred, réfléchit-elle, ça sera en vampire. C'est très sexy les vampires !
- Chez les moldus, sûrement ! »
Il faut sûrement venir éclairer quelques lanternes, Slughorn notre professeur de Potions tient, depuis qu'il a obtenu ce poste, un club très sélect, très UP : le club de Slug. Qui donne des soirées mondaines très privées, qui rassemblent le gratin de Poudlard. En tant que fille fortunée j'y suis bien évidemment invitée, tout comme Chris parce que son père est le chef du département des aurors depuis dix ans au ministère de la magie et a été récompensé plusieurs fois lors de ses traques aux mangemorts. Je crois même qu'il a eu droit à la Légion de la paix. Marianne est aussi une des invitées, en raison de sa popularité et de son talent en tant que poursuiveuse. Henry Tilney y est également, parce que son père est un ancien élève de Slughorn. Et Réginald parce qu'il est indéniablement le premier en Potion de l'école et de fait, l'élève préféré, le modèle sur lequel chacun de nous devrait prendre exemple en cette année d'examen décisif… C'est vrai qu'il a beaucoup de talent en Potions. Je rougis avant de baisser la tête.
Je n'aime pas ces soirées. Comme je l'ai déjà dit précédemment, je ne suis pas une mondaine dans l'âme et je ne sais pas tenir une conversation avec de parfaits inconnus. Je me souviens de la première fois que j'y suis allée, j'étais tellement mal et rouge que Slug n'a pas cessé d'être aux petits soins avec moi, me mettant au centre de toutes les attentions. Certains ont dit plus tard que j'en avais trop fait, que ça n'avait pas paru naturel cette façon de devenir le centre de la soirée. J'en ai été mortifiée pendant des semaines, je ne suis pas allée d'ailleurs à la soirée suivante. Heureusement qu'il y a Chris.
« Promis Cath, fait-il avec un sourire gentil, je t'inviterai comme ma cavalière à la soirée du club de Slug !
- Chris ! s'écrit-elle en l'enlaçant brusquement, je t'adore ! »
Face à ce tableau, je ne peux m'empêcher de sourire d'aise. Parce que je me sens bien quand nous sommes tous les trois, je ne rougis pas pour un rien. Je n'ai pas l'impression d'être mal à l'aise. Moi qui suis assez timide, ils arrivent à me désinhiber sans vraiment le faire exprès. C'est sûrement à ça qu'on reconnait ses vrais amis.
OoOoOo
« Cathy ! s'exclame soudain une voix. »
Je relève la tête de mes poèmes de Pouchkine. Henry penché au dessus de la tête de ma meilleure amie a attrapé le roman noir qu'elle était en train de lire. Elle pousse un petit cri de surprise avant de se retourner sur sa chaise en croisant les bras. Une petite moue agacée sur son joli visage.
« Qu'est-ce que tu veux Henry ? Rends le moi !
Sérieusement qu'est-ce que tu nous lis là Cathy ! s'esclaffe-t-il avant de faire la lecture à voix haute, la lame luisait sous les rayons de la lune, le pourpre coulait lentement le long de son bras et on n'entendait plus que les derniers gémissements de Sarah dans un gargouillement de sang… »
Je grimace, il continue de lire sur la jouissance sexuelle que procure le meurtre de Sarah avant de relever les yeux sur Cath. Un sourire narquois.
« Dis donc c'est pas très catholique tout ça comme lecture Miss Morland !
- Ya rien de porno ! se défend-t-elle. Rends le moi !
- C'est quand même légèrement tordu ton truc… On se demande pourquoi t'as pas viré Hannibal Lecteur ! lui tend-t-il le bouquin.
- J'ai pas encore lu le livre, répond-t-elle.
- Tout s'explique ! »
Il s'assoit en face d'elle tandis que je me replonge dans les vers d'Alexandre avec délectation. Rien de plus beau que la poésie. Mais qui lit encore de la poésie aujourd'hui ? Personne. La poésie c'est dépassée ! Démodée ! Une pratique d'un autre temps pour plaire et éblouir. Poussiéreuse et incompréhensible pour l'homme « moderne »… Finis les vers de Baudelaire, adieu à Starverson et Rimbaud, oubliés Dickinson et Blake, éradiqué Pouchkine ! La poésie est vieille, la poésie est élitiste, la poésie est sectaire. C'est ce que tout le monde pense, je passe surement pour une pédante richarde qui fait mine d'avoir une culture supérieure à ne parler à personne en lisant des livres vieux de deux siècle. Quoique la plupart de mes camarades ne connaissent même pas les poètes moldus. La poésie pourtant… la poésie est intemporelle. Des vers tels que « l'habitude est un don du ciel, qui fait office de bonheur » ont une mélancolie intemporelle, universelle. La poésie ne meurt jamais, ne prendra pas la poussière. Parce qu'elle parle à tout le monde. Même si tout le monde fait la sourde oreille…
« Y parait que Nino Caravelo sera à la soirée de Slug ! fait Henry brusquement.
- Je sais ! fait Cath avec fierté, je vais enfin le rencontrer !
- Comment ça ? fronce-t-il les sourcils.
- Oui, j'ai été invité. Je vais pouvoir vous prouver à tous qui se cache derrière le masque public, il cache surement des secrets super glauques ! Je me demande comment il est devenu un loup-garou… »
Et tandis qu'elle se perd dans des conjectures plus folles les unes que les autres, Henry se renfrogne et perd de sa bonne humeur. Il se lève soudainement et s'en va rejoindre James au rayon Histoire de la Magie dans l'Antiquité. Intriguée je le suis des yeux. Cath n'a rien vu et continu à parler, tournée vers moi. Très excitée.
« Si ça se trouve c'était enfant, il s'est fait mordre pendant son sommeil par une bête qui a tué ses parent… t'imagines le sang Fred ? ça a dû être affreux !
- Ah ça, sûrement ! sourié-je gentiment, mais si ça trouve c'était pas du tout ça tu sais…
- Je sais ! m'assure-t-elle, c'est pour ça qu'il faut toujours remonter à la source !
- Tu comptes lui demander s'il est un loup garou devant tout le monde ?
- Bien sûr ! s'exclame-t-elle étonnée, pourquoi ? Il aura honte ? »
Cath en tant que née-moldue trouve toujours le monde sorcier fascinant et excitant. Je suis sûre que pas une enfant n'a été aussi emballée qu'elle de découvrir que la magie et surtout les fantômes et toutes les créatures les plus maléfiques ou monstrueuses existaient pour de vrai. Moi-même je me souviens ne pas vraiment avoir ressenti une émotion particulière mis à part une angoisse à l'idée de devoir quitter mon école où j'avais déjà quelques amis pour un internat au fin fond de l'Ecosse. Je secoue la tête, je suis sûre de bien rire au moins à cette soirée.
OoOoOo
« Il est incroyable ce shampoing ! s'enthousiasme Marianne, en plus il sent super bon la violette… Hum ! J'adore !
- Il fait des cheveux très doux ! hoché-je la tête. Je vais sûrement en acheter !
- Tu peux emprunter le mien si tu veux hein ! fait-elle finissant de se coiffer. Allez viens que je te coiffe Freddy ! »
Je m'assieds sur le lit tandis qu'elle s'active autour de mes cheveux. J'observe sa tenue alors qu'elle remonte mes cheveux en un chignon lâche. Elle est vêtue d'une robe bustier dorée, longue et fluide qui la rend absolument éblouissante. Ses lourdes boucles blondes sont restées libres pour entourer son visage maquillé légèrement et avec goût. Marianne a toujours été quelqu'un qui sait se mettre en valeur sans tomber dans le vulgaire comme le font la plupart des filles trop sûres d'elles de cette école. Dans cette tenue, on ne pourra voir qu'elle à la soirée, songé-je en ayant une pensée un peu triste pour Chris. Lui et moi allons devoir essuyer le spectacle de voir ceux qu'on aime nous éblouir encore plus. Être encore plus désirable. C'est une vraie torture parfois de regarder Réginald rire dans son costume… tellement beau à la lumière tamisée des chandelles du lustre de cristal. Tellement beau, confiant. Inaccessible.
Et quoi que fasse Marianne avec mes cheveux, il le restera. Je la regarde admirer son travail avant de froncer les sourcils puis courir farfouiller dans sa boîte à bijoux. Et revenir avec un bijou de tête très simple et discret, serti de petites perles nacrées. Elle le pose délicatement sur ma tête avant de sourire très satisfaite.
« Tu es magnifique Freddy ! »
Je rougis, mal à l'aise. Je lisse consciencieusement ma longue robe noire. Elle a de fines bretelles, un petit décolleté. Mais reste très ouverte dans le dos. Assez moulante mais tant pis, c'est la plus sobre qu'il doit y avoir dans mon armoire. Ma mère adore m'acheter des robes… malheureusement nous n'avons pas la même conception de ce qui va me plaire ou non… Pas qu'elle ait mauvais goût, loin de là même. Mais elle a tendance à vouloir mettre très en avant mes « atouts » et comme vous le savez je ne suis guère le genre… « très en avant » dirons-nous.
« C'est… tourné-je sur moi-même. Pas trop mal.
- Parfait ! me coupe Marianne, tu es superbe et très élégante.
- Et puis à côté de toi c'est sûr que je serais très discrète… sourié-je.
- Ne me remercie pas ! rit-elle avec un clin d'œil, enfile tes chaussures Cendrillon, ya mon prince qui nous attend ! »
Je soupire, enfilant mes escarpins vernis alors qu'elle m'assure qu'elle connait un garçon qui ne va pas manquer de remarquer combien je suis belle ce soir. S'il avait dû me remarquer, sûrement qu'il l'aurait déjà fait depuis longtemps… Mais comment dire ça à Marianne qui a la tête pleine de ses scènes de bal dans les romans du XIXe siècle où Andrei Bolkanski découvre toute la beauté d'une Natasha Rostov à la lumière des pierreries de l'Ermitage. Bien qu'elle n'a pas lu Guerre et Paix mais vous avez saisi l'image.
OoOoOo
« Cathy mais c'est une appellation au viol cette robe ! s'exclame Henry moqueur. »
Je rougis à sa place, essayant de tourner mon regard autre part que sur la scène qui se déroule à côté de moi. C'est vrai que Cath est adorable dans sa petite robe en velours rouge très près du corps, chaussée dans des escarpins assez vertigineux – mais elle a toujours eu un complexe sur sa taille qui est pourtant tout à fait dans la moyenne.
« Tu trouves ?! s'enflamme-t-elle, je l'ai acheté parce que c'est presque la même que celle de Miss Elizza dans « Soirées à Longbourn » ! Elle se fait violé dans le bouquin mais après se venge en versant de l'acide chlorhydrique dans les verres de vin de ses violeurs qu'elle a invité à un festin ! »
Je m'esclaffe bruyamment et plaque ma main sur mes lèvres pour contenir mon hilarité avant de me retourner vers eux. Cath continue de lui expliquer combien ce roman est juste un petit bijou, ce qu'on fait de mieux dans le genre vengeance et victime devant meurtrier. Et qu'il faut absolument qu'il le lise. Henry affiche une mine consternée et soupire je ne sais quoi en avalant une gorgée de sa flûte de Champagne. Puis glisse un coup d'œil à la mine réjouie de Cath avant de rire lui aussi.
« Okay, quand j'aurais le temps va ! C'est bien pour te faire plaisir !»
Ravie Cath n'a pas le temps de répondre que Chris revient vers nous avec nos flûtes. Il me fait un sourire faussement joyeux en déclarant avec ironie.
« Devine qui arrive ?
- Ah ! Miss Vernon ! Vous êtes d'une élégance vraiment ! Ah je l'ai toujours dit que les gens qui côtoient la bonne Société avait un goût très raffiné oui, tout à fait ! »
Je rougis jusqu'à la racine de mes cheveux, attrapant la flûte que me tend Chris pour cacher mon embarras en faisant mine de boire.
« Miss Morland, très jolie oui, oui… hoche-t-il vaguement la tête avant de se tourner vers Christopher, je parlais justement avec Nino Caravelo tout à l'heure du travail exceptionnel que fait votre père en ce moment, vraiment exceptionnel… Être le fils d'un tel homme doit être une immense fierté ! »
Christopher ne sourit plus et se contente d'hocher à peine la tête aux doucereux compliments que nous susurre Slughorn. Il n'a jamais pu s'entendre avec son père qui l'a toujours traité comme une pâle reproduction de sa propre gloire, de son propre talent. Devon Brandon est un personnage imbu de sa personne, qui exècre tout ce qui peut entraver son image et sa carrière. Il a décidé sur je ne sais quels critères nébuleux que son fils n'était pas digne de sa considération encore moins de son affection tant qu'il n'avait pas prouvé être le digne descendant de la lignée d'auror des Brandon. Chris nous a confié qu'il a la ferme intention de ne pas devenir auror. Je ne sais pas vraiment si c'est un pied au nez de son père ou par réelle conviction. Je lui glisse un regard compatissant.
« Nino Caravelo est ici ? le coupe excitée Cath.
- Mais bien entendu Miss Morland, fait-il avec suffisance, c'est de mes amis personnels voyez vous…
- Parce qu'il existe des amis qui ne lui sont pas personnels, glissé-je à Chris. »
S'il ne rit pas, ça a eu moins le mérite de le dérider.
« Bien sûr, je me ferais un plaisir de vous le présenter, c'est un tel honneur, oui oui un honneur Miss Morland, de l'avoir avec nous ici ce soir. Quel dommage que Nelson n'ai pu se déplacer… Oui vraiment… Mais vous savez tous quelles nombreuses obligations incombent à un homme de sa prestance, n'est-ce pas ? »
Cath ne l'écoute déjà plus, m'ayant attrapé la main pour nous précipiter vers le fameux Nino Caravelo. Elle bouscule un peu un vieil homme aux cheveux poire et sel hirsutes avant de se planter devant le secrétaire. Un homme d'une cinquantaine d'années, légèrement bedonnant et à la moustache aussi fournie que son crâne est chauve. Je rougis et baisse les yeux en sentant les regards désapprobateurs se posaient sur nous. Rivant mon regard dans ma flûte de Champagne je fais mine de ne pas entendre les réflexions désobligeantes à notre égard. Cath, imperturbable, sourit avec effusion à Nino Caravelo avant de s'écrier haut et fort.
« C'est très étonnant que vous ayez pu venir à quelques jours de la pleine lune Mr Caravelo ! Celui qui vous fait votre Tue-loup est très doué ! Vraiment ! »
OoOoOo
« Qu'est-ce qu'elle peut être insupportable ! grogne Marianne en me rejoignant près de la fenêtre, cette fille me sort par les yeux, je ne vois vraiment pas ce qu'il peut lui trouver ! Tu aurais dû quel faux-cul elle a été en complimentant ma robe ! »
Je détourne les yeux du parc endormi de Poudlard pour les porter sur le sujet de tout l'agacement de Marianne, Susan. Elle est vêtue d'une robe courte et blanche et discute avec aisance avec toutes les personnalités que Slughorn a invitées. Le bras nonchalamment enroulé autour de celui de Réginald qui échange un regard de connivence avec elle avant de rire brusquement. Je me sens soudain mal, le ventre écrasé. J'ai conscience qu'il est amoureux d'elle. Je sais très bien que je n'ai jamais eu la moindre chance. Pourtant je ne peux m'empêcher d'être blessée.
« Allez, viens, me presse Marianne, on va voir George et les oublier complètement ! S'il ne t'a même pas répondu Fred c'est qu'il est bien trop insensible et crétin ! »
S'il ne m'a pas répondu c'est sûrement que je l'ai embarrassé. Je suppose que rejeter quelqu'un quand on a un minimum de compassion est assez dur. Il n'a probablement pas eu le courage de le faire. Le silence en dit bien assez long lui-même.
« Non ça va, lui assuré-je, je suis bien là.
- Toute seule ? fronce-t-elle les sourcils. T'es sûre ?
- Tu sais moi et les conversations pour faire « connaissance »…
- C'est que George, contre-t-elle, reste pas là à…
- A me morfondre ? continué-je pour lui éviter de me décrire comme une pauvre âme en peine errant près des tapisseries, ce n'est pas ça, promis. Je suis très bien là, Slughorn ne m'a pas encore repéré.
- Je comprends ! se moque-t-elle avant de m'embrasser la joue et de filer. »
Je la regarde s'éloigner avant d'embrasser toute la salle du regard. Oui, évidemment j'ai fui. Slug a bondi sur Cath pour empêcher une catastrophe imminente et m'a assommé de paroles en voulant absolument nous présenter à tout le monde. Alors bien entendu, j'ai fui. Cath est avec Chris, je n'ai donc pas de remords à avoir. Et ma flûte de Champagne suffisamment pleine pour que je ne me dessèche pas. Je m'appuis sur le rebord de la fenêtre, me détendant enfin.
